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Belle année


_Wesh Ishii, c'quand qu'on arrive, m'faut du groove moi, et c'est qu'de la saoul, là...
_Kiki en a mare de voir que ce miss muscle, la naine et sa copine comme paire de seins...
_Je m'ennuie...
_Hmm... Patience, mes amis, patience.

Trois semaines, peut être trois jours. Plus sûrement trois mois. Trois mois que ce groupe d'étranges énergumènes, tous aussi fous, aussi burlesques et aussi atypiques voguaient au gré du vent. Au gré, aussi, du non vent. De ces journées où la coque ne bougeait pas d'un yota. Où pas une seule brise ne voulait se prendre dans les larges voiles toutes déployées. Où le gréement restait silencieusement calme. Ces journées là étaient les pires pour le pauvre monstre servant de capitaine à cet étrange coque. La faim commençait peu à peu à gagner les troupes ne rêvant plus que de viande, de fruits et de terre. Oh le Monstre savait pêcher, oui, et chaque jours comme celui ci sa tête plongeait dans le vaste océan pour y trouver de quoi nourrir les troupes, mais rien y faisait. Les hommes ne pouvaient plus supporter cette coque. De voir à perte de vue, à bâbord, à tribord, derrière la poupe, derrière la proue, toujours cet immense bac bleu qui venait narguer les regards. Et les bandages qui se faisaient rares pour guérir les dernières blessures.

Alors pour oublier ça, la borne avait le remède magique ; une grosse caisse, des sons de cuivres, une guitare plein de groove et surtout, oh oui surtout, des paroles pleines d'amour. Elle se mit à danser, à brailler des mots que le cachalot n'avait jamais entendu, la vieille mère voulu même l'accompagner, mais un pas de trop à gauche, et c'était la chute. Et trois cotes d’abîmées, et encore du travail pour la sainte, de mère, qui commençait à fatiguer.

Une mouette piaillait haut dans le ciel, fleurtant avec les gros nuages noirs annonceurs d'une future tempête. Son bec pointait une étrange chose vers la barque et s'ouvrit pour faire tomber un bout de papier sur le Pont. Le journal, quelques pages pour apprendre qu'une nouvelle année commençait.

_Wesh zy va l'moustachu, faut fêter ça.
_Hmm... Tout l'alcool à été utilisé pour désinfecter les blessures.
_Kiki et moi, on a une idée ! On a qu'à allé faire un tour sur l'navire, là bas ! Je suis sûre qu'il y a des paires de seins à peloter !
_Olé !
_Et y'aura sûr'ment du bif à s'faire, ouech.

Les regards pointèrent vers le nord, ou ce qui ressemblait au nord, vers une coque à plusieurs miles, puis vers le mat du Bel Espoir, où la vigie, encore une fois, ronflait à point fermé. Les neurones se mirent en marches et surtout, se dirent, que s'ils avaient croisé la terre, ce n'aurait pas été lui le crieur au miracle.

_Euh, sinon, il a beau être plus prêt des nuages, comment fait il pour avancer si vite ?
_Hmm ? Des rames ?

Le monstre prit la longue vue, pointa la barque.

_Hmm... Beaucoup de rames. Jackie, prépare les canons, Lucio, prépare ton arme si tu ne dors pas ! Shishou, Iwa, soyez prêts à manœuvrer ! Blake, s'il te plait, restes calme. Pas de grabuge, pour une fois.

A grande vitesse, les rames de l'immense rafiot brisèrent l'écume toutes voiles sorties vers le Bel Espoir. De loin, les étrangers purent entendre battre le tambour et souffler les cœurs des rameurs. Le rythme était parfait, la vitesse terrible et de près, malgré son calme, malgré sa moustache toute épilée et son cigare tranquillement fumant, on aurait presque pu voir une ride d'appréhension sur le front du monstre. Mais non, le cachalot n'était pas comme ça. Il se serait trouvé en face d'un amiral prêt à le tuer qu'il aurait gardé cet air impassible. Il était ainsi, l'Ishii.

Alors lorsque l'immense navire frappa la coque du Bel, le dépassant de plus d'une dizaine de mètre, l'Ishii parla à ses hommes.

_Hmm... Si je ne suis pas ici dans cinq minutes avec de quoi fêter la belle année, venez me chercher.

Et l'Ishii sauta
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Et de près, il est encore plus gros, le titanesque trirème. À un tel point qu'il fait dangereusement tanguer le Bel Espoir sur l'océan couvert de légères vaguelettes. Rapidement, comme un puissant bovidé déjoué par un habile toréro, l'immense navire à rames frôle votre coque et continue sa course, c'est à peine si le géant des mers a aperçu le Bel, dont l'équipage réalise rapidement l'absence de leur capitaine.
Et le voilà le capitaine, lourdement debout sur la rambarde, brisant de par son effrayante apparition la mélopée continue du percussionniste qui ne peut retenir un cri de surprise à ton apparition. Cri qui attire avec succès l'attention de la cinquantaine d'hommes, torse nu, efflanqués, qui serrent dans leurs mains calleuses les rames qu'ils lâchent en apercevant ta pomme. Un espèce de brouhaha paniqué s'installe sur le pont, sans qu'un seul instant une quelconque mesure de défense face à ton abordage ne soit mise au point.

La seule chose que tu remarques en balayant l'endroit d'un œil impassible et ferme, ce sont les bancs qui parsèment le pont sur lesquels les rameurs sont assis. Tu réalises aussi que, contrairement aux rameurs, le percussionniste est ventru, costaud même. Il semble bien nourri contrairement à ces derniers. Et alors qu'une panique grandissante gagne les troupes, non seulement celles du pont, mais celles des deux autres cales où tu te doutes bien que d'autre cinquantaines de rameurs doivent résider, une voix autoritaire perce le vacarme.

-Bon sang! Que c'passe-t-il?! Pourquoi les esclaves sont-ils debout?! Qu'est-ce que c'est que ce bordel!?

Belle année 208029scientifiquebyJJJcube

Un vieillard dépareillé, vêtu d'un sarreau sale de diverses substances, arborant une coiffure électrisée et un œil inspirant légèrement la folie domine la foule, du pont supérieur.

À l'instant où sa voix geignarde tranche l'orchestre de cris paniqués, tous les esclaves, terrorisés, reprennent leur siège et baissent piteusement la tête. Tu te doutes rapidement que ce doit être lui le chef, ici. Tu te doutes aussi, que si les esclaves se comportent aussi docilement, ça ne doit pas être parce qu'ils ont le scientifique en grande estime.

-Oh!!! Mais qu'est-ce qui nous arrive là! On dirait bien un Homme-Poisson de type Cachalot!

Il te jauge avec l'œil d'un expert analysant un joyau plutôt que d'un humain rencontrant un membre de ta race. C'est alors qu'un large sourire étire ses lèvres.

-Il me le faut… Il me le fauut! Il me le fauuuuuuuut! jubile-t-il en trépignant sur place. Youbi! Youbi! Sors de là!

Une voix de basse faisant compétition à la tienne traverse les tréfonds des calles pour répondre aux hurlements sévères du scientifique.

-Huh?

-Allez! Debout! Attrape-moi ce bestiau! Commande impérieusement le scientifique.

-Agah. Répond piteusement la voix.

Alors, des tréfonds du navire s'élève un tremblement. Et d'une immense porte donnant sur les calles du trirème, une tête de gros reptile, dans le genre préhistorique, émerge des tréfonds du navire.
Et se rue vers toi.
    Il est sympa le Ishii. Avec lui, on crêve pas de faim. Il nous apporte le poisson. C'est bon pour la santé, le poisson. Même si pour d'autres, c'est plus la boisson qui les fait vivre. Y a aussi Monster qui pêche. Shishou et Iwa ? Moins. Et pour Jouvence ? Vaut mieux pas qu'elle aide. Elle fait suffisamment de bêtises toute seule. On a mangé, c'est bien. Mais dépendre pendant trois mois d'eux, c'est pas top pour l'honneur personnel. Alors, du coup, avec l'ami Jevta, on pêche. Pas de surprise, on aura aussi du poisson. Mais au moins, on sera fier d'apporter à manger. Foutu vent quand même. Trois mois … Trois putains de mois qu'on bouge pas ! Enfin, on a surement bougé. Au début de Grandline, on a pas mal tracé. Rah. Ne pas y penser. J'vois encore le bateau ; le simulacre de bateau plutôt ; qui stationnait en bas. Ce fut fugace, mais j'ai cru voir la bouille de l'ami Sören. Le blondinet, Rydd, m'a dit plus tard que c'était des chasseurs de primes commandés par un ange complètement cinglé. Pour qu'on commence à les connaître, c'est qu'ils doivent en faire, du boulot. Qu'est ce que ça sera quand je croiserai à nouveau Sören ? Moi et ma prime. Moi et mon équipage. On se foutra sur la gueule alors qu'on a mis tellement de temps à pactiser ? Et tout ce qu'on a vécu ensemble, ça passera au second plan parce que les chasseurs, ça chope les pirates ? Ça me désole d'avance. J'aimerais bien croire en Sören, mais j'suis pas sûre que son équipage le laisse faire ce qu'il veut. Ça craint. C'pour ça qu'il faut pas que j'y pense.

    Et puis, on a fini par se perdre sur cette mer de tout les périls. Il paraitrait qu'il faut une boussole spéciale pour voguer sur cette mer. Le robot bizarre, il a dit qu'il en avait un. J'crois qu'il est foutu de notre gueule. Je me souviens encore de quand il l'a dit … non. Ne pas y penser. Ça craint. Et si seulement on avait eu du vent. On aurait pu trouver de l'aide. Non, on l'a perdu. Encore plus calme que sur Calm Belt. À se demander si on est pas dessus. Ça serait comique dans un sens, un peu moins si les légendes au sujet des monstres marins qui peuplent cette partie du monde sont vraies. Pas vu en tout cas. Ou alors, l'Ishii a pactisé avec eux et ne le dit pas, histoire de pas nous inquiéter. Le brave. Et puis, il y a la nuit que j'ai passé avec des membres de mon ordre. Rah. Un sale mauvais souvenir. Je devais m'y attendre avec ma prime, mais j'y pensais pas. Connerie. J'aurais pu avoir la tête coupée, mais j'm'en suis sorti avec un sursis. Je zieute derrière moi tandis que Jevta semble s'approcher de l'état probable de Lucio, à la vigie. Je fouille le pont des yeux à la recherche de cette ombre. J'finis par le débusquer. Il me fixe. Lui, le père Franz. Celui qui est chargé de me surveiller. De son avis dépendra ma survie. Si je suis une traitresse à l'ordre, il le dira. Et ça en sera fini de moi. J'ai beau avoir confiance dans les Étrangers, je doute qu'ils puissent tenir tête à un commando de l'ordre chargé de me trucider. Ouai. Même pas emprisonner. Ça sert à rien, la prison. Ne pas y penser. Ça craint.

    Et j'reviens sur ma canne à pêche de fortune. C'est vrai, c'est pas top pour pêcher. On a rien pour attirer le poisson. Bah ouai, sinon, on l'aurait mangé. Faut pas se voiler la face non plus. J'me fixe davantage sur ma canne pour ne pas penser plutôt que pour avoir à bouffer. Si j'pense, j'pense à ce qu'il m'est arrivé. Et ça, ça me déprime. Ouai, ma canne à pêche, c'est un bon sujet pour me sortir les idées de la tête. J'la connais bien avec tous ces petits défauts. Sacrée canne.

    Ouai … Jevta ?

    Ah merde. Faudrait l'écouter. Il parle de ce qui nous arrive ? Nan, finalement, j'vais pas t'écouter. J'détourne le regard pour zieuter un truc qui se passe sur le pont. Une mouette ? Des journaux ? Des informations ? C'est cool ça. J'abandonne ma canne et sans faire gaffe, il plonge dans l'eau, comme attiré par une force invisible. Tu le devines le poisson à l'autre bout ? Foutue malchance. J'm'approche de la petite bande qui essaie de se frayer un petit coin sur le journal. Avec la masse d'Ishii, c'est difficile. Heureusement que Jouvence est pas là. J'me pointe sans tenter de faire le forcing et j'apprends la nouvelle année. Fêter ça ? J'suis un poil songeur. Ça reste un convention. Pas de quoi en faire un plat. Et ça fait juste confirmer qu'on a bien passé trois mois à rien faire. Ça se fête ? Pas vraiment. J'suis un peu désabusée, mais avec l'épée de Damoclès que j'ai sur les épaules avec l'autre père d'élite, j'suis pas d'avis de faire la fête. Alors qu'ils s'éloignent, parlant d'un bateau, Ishii abandonne le journal. J'en profite pour le récupérer et voir ce qui se dit en feuilletant rapidement. Des trucs inintéressants d'abord, puis des trucs un peu plus spéciaux. Le Tahar qu'est tombé face à un corsaire et qui se trouve à Impel Down ? La vache. Et dire que j'ai sauvé la vie à ce type. C'est devenu une sacrée brute alors qu'il a failli se noyer. Plutôt comique comme coup du destin. D'autres nouvelles. D'autres pirates que je connais pas. Ou pas. Shoma … Shoma ? Il me semble que Crow faisait partie de son équipage. Encore des noms que je connais. C'est fou comme je peux être reliée à des grands noms. Si Franz le sait, il va s’imaginer des trucs. Et clic, plus de tête pour moi. Évitons. Évitons.

    Certains passages me font oublier le monde extérieur. En même temps, qu'est-ce qui pourrait se passer au milieu de nulle part ? Rien. Toujours rien. J'finis par arriver à une page plutôt intéressante. Des nouvelles primes. Et là, je bloque sévère. J'en ai la mâchoire qui se décroche. Ils sont tous là. Le Ishii. Jackie. Monster. Blake. Même Jevta. Et moi aussi.

    Trente-neuf millions pour ma tête.

    Le temps s'écoule un peu. J'en crois pas mes yeux. Faut que les autres l'apprennent. Et pas juste la mienne. J'suis pas égocentrique.

    Hé ? Vous avez vu les nouvelles prim … ?


    Et j'ai levé les yeux pour voir l'engin qui s'apprête à nous percuter. Je saute à plat ventre d'instinct tandis qu'il fait tanguer le bel Espoir. C'est seulement quand il nous dépasse que je me relève. Le capitaine ? Où est le capitaine ?

    Y'est où Ishii ?


    Il a sauté ? Faut l'attendre cinq minutes. Il va avoir besoin d'aide ! Mais euh non, en fait. On parle d'un gus primé à trente et un millions de berrys. C'pas rien. Cool. J'dois pas non plus m'en réjouir. Les primes, c'est le mal. Tout ça à cause de Callelongue ? On a été gentil, en plus. Quelques instants passent et on attend le retour triomphal d'Ishii. J'en oublie presque d'annoncer les primes. C'est seulement quand j'y pense qu'un grondement se fait entendre et ça met tout le monde sur le qui-vive. À la vigie, j'parie que Lucio a encore rien capté. On a pas dépassé le seuil critique. C'est bien. Mon avis est que c'est pas forcément gagner pour le capitaine.

    Attendre cinq minutes qu'il a dit ? On a attendu trois mois, on va pas attendre encore plus longtemps !

    Wesh. Jackie est motivée. C'est parti pour l'abordage. J'la saisis par les pieds et j'tournoie sur moi même. Vitesse au max et j'lâche. Une Jackie en partance pour le bon. De leur côté, les hommes poissons plongent. J'envoie valdinguer les autres jusqu'à Blake, le dernier. Il commence à sortir un soutif pour le mettre sur sa tête, histoire de lui donner du courage. J'le prends par les pieds et je tourne. Je tourne et je cogite. Mais c'est mon soutif !! Il me l'a encore piqué ! Je lâche et c'est vers la flotte que Blake part. Ouai, je sais, c'est pas la bonne direction. Et j'm'en fous !
    Plus que moi à monter. Je plonge vers le bateau. Direct la flotte, certes, mais faut que le Ishii et les autres tiennent quelque temps avant que je puisse les rejoindre. Y a pas à craindre trop d'un pirate à trente et un millions de berrys.
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    Le monstre était pourtant arrivé paisiblement, armé de sa seule force tranquille, de son cigare et de ses mots. Mais non. Parce que les étrangers étaient ainsi, et qu'à eux, ne pouvait se mettre en travers du chemin que des fous ; le Monstre était encore tombé au pays des délurés. Le genre d'étrange homme, qui plutôt que de saluer le cachalot, préféra gesticuler en tous sens, brailler des ordres incompréhensibles et appeler à l'inconnu.

    -Il me le faut… Il me le fauut! Il me le fauuuuuuuut! . Youbi! Youbi! Sors de là! 

    _Hmm... J'étais venu parler.

    L'Ishii finissait à peine sa phrase qu'il comprit. Ses yeux se perdirent à droite, puis à gauche. Tombèrent sur une meute d'hommes aussi dénudés que dégarnis. Et sa mémoire d'éléphant plus que de poisson, elle, revint à un temps lointain, celui où il fut l'égal du rien. L'égal de l'homme. Alors l'Ishii voulu crier à ses hommes de monter, hurler à Blake de venir faire ce qu'il savait mieux le faire. Tout renverser et mettre bordel à foison jusqu'à ce que plus rien ne tienne debout. Mais il n'eut pas besoin, oh non, et déjà une Jacky arrivait tonitruante, perturbante, le cul en avant et la tête en arrière pour venir se fracasser sur le ponton. Puis suivit Chan, de la même manière aussi brutale. Puis Jevta, puis même Lucio dont le cachalot cru, au comble du bonheur, voir un œil à demi ouvert.

    Alors lorsqu'une boule toute étrange vint à percuter le plat de l'épée du monstre plus tout à fait seul dans son horreur, celui ci prit le temps d'arracher une phrase de son immense bec.

    _Alors, vous voulez la guerre ?

    Mais la phrase n'eut pas le temps de trouver réponse, excepté peut être un « Agah ». Mais l'Ishii n'était pas sûr. Vraiment pas. Peut être même était-ce un « Hagu », ou bien un « Ouagha ». Mais une chose était certaine, ça sortait bel et bien de là .

    Image hébergée par servimg.com

    Imaginez en plus de cette immonde image, des yeux révulsés par la peur, une bave jaunâtre dégoulinante, et une haleine mélangeant le fruit de mer ouvert depuis trop longtemps, le steak de viande laissé chauffé au soleil durant une semaine et une chaussette d'Adrienne après ses exercices matinaux. Alors à ce moment là, et seulement à ce moment là, vous arriverez à comprendre le visage écœuré que fit le cachalot. Le visage écœuré mais aussi rempli de pitié et de compréhension pour ce pauvre être. Parce qu'il est ainsi,l'Ishii. Mais il récupéra vite son visage impassible, son cigare fumant et le manche de son épée.

    _Hmm... Jackie. Lucio. Chan. Jevta. Animons ce navire. Amusez vous avec ce pauvre être. Mais ne lui faites pas de mal, je vous en prie. Je discuterai avec le vieillard.
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    Aussitôt que la voix de votre capitaine gronde l’abordage, c’est la débandade. Non seulement une énorme bête verdâtre et écaillée vous fonce dessus, mais tous les esclaves présents laissent tomber leur matériel pour se ruer en hurlant de peur et de panique vers des lieux d’escapades salvateurs. Certains plongent simplement à la flotte, tandis que d’autres tentent de se frayer un chemin vers les cales, là où le branle-bas de combat est aussi présent.
    Parmi la foule éperdue et bordélique surgissent une dizaine de gardes armés de lances et de fouets, tous portant une large barbe et un épais turban leur recouvrant le crâne. Même que d’un même cri de concert, ils se mettent tous à pousser de puissantes prières en sonnant la charge directement vers vous.

    -ALLAH OUH AKBAAAAR! INCH ALLAH!

    Le scientifique, quant à lui, tire de sa veste un objet hétéroclite qui ressemble plus ou moins à un flingue, si on considère qu’un flingue peut être rose fluo, vert et bleuâtre tout en évoquant plutôt une tondeuse miniature sertie d’un arrosoir. Néanmoins, l’arme en question a la capcité de faire feu. Et cette capacité, le scientifique n’hésite pas à l’utiliser. Tout en ponctuant son attaque d’un puissant cri geignard qui rivalise avec le panthéon du ridicule.

    -RAAAAYOOOOOOON LAAAAAAAAAZEEEEER!!!!

    Et voilà le pétoire arc-en-ciel qui crache un faisceau roseâtre qui brille de mille feux sur en survolant le pont du navire avant de percuter le large Youbi qui est comme foudroyé par le tir. Foudroyé, puis soudainement saisi de convulsions brusques qui sont ponctuées par la brillance des yeux et de la gueule du dinosaure. Et à nouveau, de la gorge du scientifique, toujours positionné sur le pont supérieur, un cri chevaliersdezodiaquesque s’élève, annonçant un problème supplémentaire pour votre joyeuse équipe.

    -TRANSFORMAAAAAATIOOOOOON!! MOOOOOODE GOOOOODZILLAAAAAAAA!!

    Exit le petit Youbi un peu timide et intimidé, place à un monstre qui grossit en taille et en férocité à vue d’œil , comme encouragé par les jubilations incessantes du scientifique qui semble lui aussi impressionné par les effets de son invention.

    -Craignez ma puissance! Je suis le prefesseur Marcus Pillar!

    Et appuyant l’agressant discours de l’esclavagiste, un Youbi ayant doublé de taille rugit bestialement avant de continuer son avancé conquérante vers vous. Accompagné des gardes enturbannés.
      Des humains volants, un navire révélant un probable gros complexe concernant la taille phallique de son propriétaire, un rayon laser multicolore. Manifestement, cette journée si particulière pour les humains, à savoir le nouvel an, se présente sous des augures forts intéressantes du point de vu comportemental humain.

      Regardez, par exemple, est-ce normal d'envoyer ses camarades d'équipages sur le pont d'un autre navire comme le fait l'humanoïde bodybuilder que les autres membres de l'équipage semblent appeler "Adrienne" ? Ce fameux cris dans une langue non enregistrer dans ma base de donnée est-il un salut étrange à l'attention de l'être sumotorique fumeur de cigare que je suis sensé nommé capitaine ? Quelle est la réponse à la grande question sur le sens de la vie de l'univers et de tout ce qui est ? Si au lieu de Mushi Mushi, les humains répondaient "allo" les escargophones s'appelleraient-ils Den Den Allo ?

      Toutes ces question allaient surement trouver une réponse. Après tout, cela faisait précisément 1 minute 21 que le capitaine nous avait dit de le rejoindre dans 5 minutes, ce qui me laissait clairement la possibilité d'étudier en toute liberté l'environnement maritime ou nous opérions, et ce sans me voir forcer par les règles de la hiérarchie à me lancer dans une action martiale de confrontation à caractère conflictuelle.

      Attendez...

      Je viens de me rendre compte d'une donnée non prévue au moment de la mise en œuvre de mes calculs.

      Revenons à au commencement de mon essai...

      +Des humains volants, un navire révélant un probable gros complexe concernant la taille phallique de son propriétaire, un rayon laser multicolore. Manifestement, cette journée si particulière pour les humains, à savoir le nouvel an, se présente sous des augures forts intéressantes du point de vu comportemental humain.+

      Oui voilà !

      Si vous lisez attentivement, j'ai fait mention d'un rayon laser multicolore, synonyme d'activités belliqueuses, ou de soirée privée de la gay pride, dans un zone de proximité située entre 1000 et 1 mètre. N'ayant été informé par le journal d'une telle soirée, j'en déduis que c'est la première possibilité qui est à considérée.

      En temps que cyborg protocolaire de combat anti-pacifista, je me sens forcé par une force que vous humains nommez volonté divine d'apporter ma modeste contribution à cette petite échauffourée.

      J'envoie illico la commande au distributeurs de cartes pour qu'il me fournisse le spécimen Judge-C modèle punisher, qui entre toutes mes personnalités, est le plus adapté à une situation de violence navale telle que celle-ci. Je plie les jambes durant cette opération. Un bond bien ajuster devrait me permettre d'atteindre le véhicule de transport naval, et ainsi d'intervenir sur ce que j'appellerais modestement "le champ de bataille".

      +Tension des propulsions postérieures au maximum+

      +Estimation de la distance franchissable, 15 mètres+

      +Cible acquise+

      +Disquette de programme Judge-C Punisher à disposition, demande d'insertion pour lecture+

      Je bondis.

      Direction le pont du navire adverse, qui semble avoir vu s'ajouter à son équipage un être apparenté à la famille des Saurianidés. Toujours par soucis de clarté, je l'appellerais humblement "Le gros lézard enragé", bien que ce terme est passablement abusive à mon gout.

      +Insertion de la carte+

      +Lecture+

      Je sens ma nouvelle identité se substituer à moi dans le contrôle de notre corps. Je me retrouve à n'avoir qu'un rôle subalterne, limité au droit de raconter à l'individu derrière son écran ce qu'il se passe sous mes yeux.

      Zut... Je devais pas le dire ça...

      +Atterrissage imminent+

      Je n'ai toujours pas eut de contact avec le nouveau dirigeant de notre système corporel. Je vous avoue, je suis le premier surpris de cet état de fait. D'ordinaire, le "Cap'taine", comme il aime se faire appeler, est du genre difficile à cacher, même dans une forêt souterraine par nuit noire et sans lumière. Pourtant, je sais d'après les systèmes d'informations que notre pigmentation est achevée. Pourtant, je ne reçoit pas de réelles données...

      S'agirait-il d'un bug ?

      +Atterrissage+

      *insérer l'onomatopée la plus appropriée à un atterrissage parfaitement contrôlé d'un corps de 150 kilos de métal sur une surface de matériaux semi-organique du type bois*

      Belle année Mm_yellow

      +Personnalité #F9F900 engagée et prête à l'action... Si on peut dire+

      Ah, oui, le système de reconnaissance des cartes a fait preuve d'un léger vice de fonctionnement.

      Je veux devenir un dromadaire !

      Voilà qui va légèrement compliquer la chose...
        J'adore quand on fait ça. M'balancer comm'ça dans les airs. Dans ces moments-là, j'ai l'impression qu'j'peux vraiment voler, tu vois. C'est un truc de ouf. Et l'plus classe, c'est que j'peux voler en ayant la classe et en f'sant des figures de pro. No limit quoi. I'a pas les contraintes du sol. I'a pas ses atouts non plus, i'a pas son appui. Ca ajoute du challenge, en fait, et faut vraiment gérer. Mais comme j'suis la Reine, facile pour Jackie ! Susuuuu, représente !

        Et alors que j'suis en pleine innovation, que j'fais des trucs jamais faits par qui qu'ce soit sur c'te terre, j'm'écrase un peu. J'crois que j'me suis emballée, j'ai pas contrôlé mon vol. C'pas encore instinctif. Mais j'suis sûre que j'vole, j'te dis.

        Bon reste à voir où j'me suis écrasée. Parc'que quand Boobspec m'a lancée, ben on voyait pas grand chose du bidule qu'on abordait. A part que c'était immense. Quoi c'parc'que j'suis p'tite ?! T'as un problème avec ma taille ? Et avec ma jambe-maillet dans tes couilles, t'as un problème, mec ? Wesh, fais pas l'chaud comme ça. Pac'que depuis que j'l'ai j'peux t'dire qu'sur le bel poir-ès, c'moi qui fait la loi. I'a bien l'cap'taine, ouais, mais c'pas pareil, i'm'sert sans l'savoir.

        Donc j'disais, avant qu'tu m'coupes, s'passe quoi ici, hein ? Ben… I'a un espèce de truc de tarlouze qui flash, j'vois pas trop c'que c'est, mais dans les trois s'condes qui suivent, i'a un bidule du genre croco qui s'tient sur deux jambes qui grossit, d'un coup, comme ça. C'est assez sale. L'truc est dégueu en apparence, et en plus, il doit pas avoir vu la mer depuis un bail pour êt' si crade. C'pas comme ça qu'il va pécho d'la gonz'. Moi, j'serais une croco, jamais j'me laisse approcher par c'truc.

        J'm'apprêtais à lui faire une technique couscous-merguez, un truc bien piquant, tu vois. Et puis en fait… Il m'a bourré d'dans comme un gros con. J'dis qu'il m'a bourré dedans, mais en fait, il a bourré un peu dans tout l'monde. Y compris l'pervers qui v'nait d'arriver en grimpant à la paroi du bateau, à moitié nu. Et là, maintenant, ben on est tous éparpillé. J'fais encore un vol plané mémorable qui va rester dans les têtes d'tous les gars en-d'sous, tellement qu'c'est classieux. J'profite d'la rotation pour faire une toupie sur la tête. Sauf que ma tête tourne sur rien, et qu'tout mon corps tourne dans tous les sens. La classe, quoi. Pis, j'm'écrasé encore un brin la face à terre. Et quand j'r'garde autour d'moi, c'est l'souk !

        J'vois l'croco sur deux pattes qui file vers la mer, un guignol vieux et cinglé qui s'excite dessus, des gars avec des têtes dignes d'intégristes révo d'Las Camp qui nous foncent dessus avec des sabres pas cool, et puis, dans la foulée, l'énorme bestiole ressurgit de l'eau en flèche vers le haut. Ca paraît dingue, d'ailleurs vu la t'aille du bestiau. 'fin bref, du coup, c'con d'animal atterrit sur le pont, brise le pont principal, se retrouve au niveau -1, c'qui change pas grand-chose vu sa taille. Et l'vioque qui s'excite bizarr'ment dans un mélange de joie et d'énervement.

        I'm'les brise. Même si j'en ai pas. Du coup, j'm'approche tu vois. Balancement d'épaules, toussa, j'ai pas peur, et j'le montre. Puis c'con ose m'regarder de haut. Il a pas compris j'crois. Tu crois qu'il a compris, mec ? Nan, on est d'accord, il a pas compris. Alors j'lui balance ma jambe-maillet dans les burnes.

        - Eh mec, s'tu lâches un truc incontrôlable, t'plains pas où tu tâtes d'mon maillet irritable! Wesh!

        C'qu'j'ai pas calculé, c'qu'l'autre truc est toujours déchaîné. Putain. Et on revalse dans les airs. C'est re-lou, et ça commence à m'taper la tête. L'autre qu'avait mal au couilles, lui aussi, il se fait jarter. Mais contrairement à moi, même s'il est en meilleur état qu'moi qui m'suis fait bazarder trois fois, bah, il a moins la classe quand il fait un vol plané.

        Déjà, moi, j'vole.

        Et puis, j'suis moi, tu vois.
          Des fois que vous ayez pas tout saisi, et pour reprendre du même fait les dires de Jackie qui a sut si bien l’exprimer; votre rp vire littéralement au bordel.

          Le pont s’écroule sous le poids d’un Youbi plus dopé qu’un coureur du Tour de France, et qui plus est, boosté aux stéroïdes lazérizés. Avec la chute brutale du dinosaure, de nombreux esclaves finissent en bouillie sous ses énormes pattes reptiliennes. Les autres courent dans tous les sens comme des poules que l’on aurait décapitées. Emporté dans la calle du navire, vous repérez des yeux un Lucio, les yeux bien bouffis, qui se fait saisir par le cou par un des soldats musulmans. Jevta, lui, est bien paumé au milieu d’une foule constamment renouvelée d’esclaves en pleine panique.

          Blake flotte sur le ventre, tout près du navire, ses caleçons lui tenant compagnie en flottant à ses côtés…
          Jackie, elle s’envole avec classe -faut bien le lui laisser- … directement dans l’œil de Godzi-Youbi qui en hurle de colère.

          Le robot de service, lui, sombre dans la calle, emporté par le choc du saut du zaurus. Mais pas la calle où les esclaves foutent le bordel, non. C-404 tombe dans une pièce avoisinante à cette pagaille, une pièce que l’on pourrait même qualifier d’entrepôt. Car on y retrouve des vivres en tout genre, mais surtout, une grosse caisse bien ouverte dans laquelle est contenue à rebord le met préféré de tout dromadaire.
          Un joli mélange de moulée et d’herbe fraîche, festin de choix pour tout ruminant qui se respecte.

          L’Ishii lui, il est laid, c’est donc le premier à abattre, naturellement. Du moins, c’est que tu penses toi-même lorsque cinq soldats enturbannés te jettent un filet muni de poids aux extrémités pour te piéger et tranquillement te capturer pour les bons vouloirs de leur maître.

          En fait, leur maître, c’est celui qui est dans la plus affreuse des positions. Pecto-sein, elle aussi projetée ailleurs dans le navire, se retrouve nez à nez avec le scientifique qui en hurle de peur. Hurle et se réfugie en rampant directement vers la porte de son bureau qui avoisine sa position fâcheuse. Bureau dont il ressort armé d’un coffre qu’il ouvre avec empressement.

          -N’a…n’approchez pas! J’…J’ai un fruit! Oui! Un fruit du démon nyahahahaha!

          Et c’est bel et bien un fruit du démon qu’il extirpe avec gloire de la caisse, l’exhibant avec menace et fierté sous les yeux d’Adrienne… mais qu’il échappe sous une secousse provoquée par Youbi. Le fruit roule, roule, roule et roule encore jusqu’à percuter la bûcheronne en plein front. Bûcheronne alors emportée dans une chute qui la fait atterrir en plein dans la paluche vengeresse du monstrueux reptile. Reptile qui gobe d’un coup Adrienne et le végétal qu’elle tient, sans se poser de questions…
            Avoir de la force, ça aide, mais ça fait pas tout. J’ai déjà pu le constater par le passé. Juste parce que j’avais un peu trop de muscles aux gouts de certains, on voulait pas de moi comme femme à épouser. Et un autre truc qui perdure depuis que j’ai quitté mon ile natale, c’est qu’on ne me voit pas du tout comme une femme. Ils exagèrent quand même. C’est juste un peu de muscles que j’ai et voilà qu’on remet en cause tout de moi. En même temps, j’ai pas à m’en inquiéter. C’est bien que des sales mecs de juger sur l’apparence et pas sur le moi intérieur. C’est juste que comme j’rends mal à l’aise les gens parce que j’ai du muscle, ça s’arrête pas qu’aux hommes et c’est dommage. Et là, sur Grandline, j’ai encore la preuve que la force, ça fait pas tout. C’est cool pour envoyer les copains dans les airs pour qu’ils puissent embarquer plus facilement, même si j’aurais peut-être pas dû envoyer Lucio. J’ai peut-être pas trop compris quand il m’a dit qu’il voulait absolument monter à bord. En même temps, après quatre mois ensemble, j’ai encore un peu de mal à traduire ses bâillements, ses soupirs et ses ronflements en langage compréhensible. M’enfin, il testera le sommeil chez les autres. Non, mais le truc qui fait que la force, ça fait pas tout, c’est que je peux pas m’autobalancer sur le pont. Hé ouai, c’est qui la retardataire qui patauge dans l’eau et qui monte difficilement à flan de bateau ? Bah c’est moi. Et encore, y a Blake qu’est monté plus vite en oubliant les trois quarts de ses fringues sans oublier un seul des miens. J’aurais bien voulu que la force, ça puisse le faire replonger, mais j’ai pas assez d’allonges. Et j’peux te dire que la force, ça pourrait faire presque tout, aussi, par moment. Ça pourrait presque me faire couler. Mais j’ai tenu. Ça pourrait me faire tomber, mais je tiens, pour l’instant. Et tandis que le capitaine et les autres s’amusent sur le pont à faire ce qu’ils savent faire de mieux, ils en profitent pour faire bouger et vibrer le bateau. Et ça, c’est vachement moins cool pour ceux qui se tue le dos à vouloir monter à l’ancienne.

            Heureusement, je suis pas trop mauvaise en escalade. J’en faisais de temps en temps, de la grimpette, à Endaur. Et niveau hauteur, c’était plutôt pas mal. J’montais pour étêter les arbres, qu’il vente ou qu’il neige ; j’y allais sans rechigner. J’suis comme ça, je rechigne pas à la tâche. Par contre, je te lâche un sacré de soufflement quand je parviens en haut et à balancer mon corps de l’autre côté de la barrière, parce qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur les efforts de la vie. Du coup, ça me permet d’apprécier à sa juste valeur les efforts des Etrangers pour éponger leur frustration de trois mois en mer sans rien faire. J’en ferme les yeux tellement j’y crois pas. C’est quoi ces mecs enturbannés ? C’est quoi ce gros machin qui doit être un animal mais qui a vraiment pas la gueule d’un truc que t’as créé Seigneur, à moins que tu te sois bien cuité ce soir là ! Le bordel est ambiant, encore. Une marque de fabrique des Etrangers ? Une façon de vivre. J’vois le gros foncer le tas, faisant voler tout le monde comme s’ils étaient en mousse. Jackie vole bien. Dommage que je puisse pas m’y attarder parce que moi aussi je vole et quand on connait mon poids, on peut s’inquiéter sur le comment on a fait pour me faire envoler. D’en haut, j’mate juste le sol qui va me receptionner au jugé. J’zieute quand même les zones périphériques, juste pour me dire que j’suis peut être pas la plus male loti dans c’t’affaire. La grosse bestiasse éclate tout ce qui passe à sa portée. C’est la panique. Le chaos ! Même les mecs qui possèdent un tel monstre doivent avoir les chocottes. Et j’m’écrase, coupant net la réflexion. Mais la force, ça fait quand même des choses. Du coup, j’encaisse. J’suis habituée à prendre des coups et j’ai intérêt à continuer à bien les encaisser si j’veux survivre à Grandline, voir pire, survivre à mon propre équipage de timbrés. Levant la tête des décombres qui grincent sous mon poids ; à l’oreille, ça grince positivement, ça va pas se casser d’un coup ; j’finis nez à nez avec un vioc dont le regard complètement barge ferait passer C-404 pour un truc totalement bien sous tout rapport. La vieille chose se casse sans lui avoir fait le moindre mal. En même temps, j’suis pas du genre à taper un vioc sans savoir pourquoi. Et c’pareil pour tout le monde. Je me relève à peine en évitant de me faire envoyer dans les airs par un nouveau choc de la grosse bestiasse et j’finis par capter que l’autre timbré est revenu avec, ce qu’il appelle, un fruit du démon.

            Hein ? J’dois avoir peur ? J’suis pas complètement ignare en la matière. Je sais ce que c’est. Je sais ce que à implique. Et sur cette question, j’suis tout le temps rester circonspecte. Un fruit du démon, c’est mal, parce que c’est du démon. Mais c’est juste une appellation ou ça a vraiment un fond de vérité ? Pas eu moyen de le savoir. En tout cas, c’est pas censé faire peur en le tendant vers quelqu’un. Du coup, je reste interdite face à un pauvre type qu’a perdu toute sa tête à menacer quelqu’un avec un truc inoffensif.

            Vous… vous avez un problème à la tête ? Vous voulez parler ? C’est bien de parler. Ça peut vous guérir, vous savez ?

            J’ai pas vraiment fait d’étude pour être psychiatre, mais j’sais qu’il faut faire comme ça. L’autre semble pas comprendre et approche le fruit comme s’il espérait que je fuis devant. Non. Je peux juste te le prendre des mains, maintenant. Si je le fais, il risque de fondre en larme ou de faire une bêtise. Faut les ménager, les dingues. Pas toucher, c’est une bonne solution. Évidemment, ça fait du coup un laps de temps bien trop long sans problème et le monstre en remet une couche rien que pour moi. Le vieux s’effondre, balançant son fruit vers ma gueule. Je l’attrape après qu’il m’est rebondi dessus. Sauf que je perds l’équilibre dans l’opération et je finis par tomber. Tout devient flou parce que c’est rapide et que je crains le choc. Un peu. Puis je sens le mou. Je sens la vitesse. Je sens une putain d’haleine de phoque et que je m’excuserais pas pour le juron parce que ça le mérite là. J’ai une envie de vomir d’un coup, le pied. Et puis le bruit s’estompe un peu, laissant place à des trucs plutôt organiques. Par contre, l’odeur reste et c’est seulement quand je rentre dans un liquide plutôt crade que j’me dis qu’il faut que j’ouvre les yeux. C’est assez indescriptible. C’est très organique comme environnement, très liquide aussi. C’est pas bien grand aussi ; on doit pouvoir tenir à trois dedans. Le liquide m’arrive à mi-hauteur. Niveau odeur, vaut mieux ne pas y penser. Ou est-ce que je suis ? C’est la grande question. Et dans ces moments là, y a toujours une intime conviction qui parait toujours trop impossible pour être vraie, mais qui finit par se réaliser. Faut toujours l’écouter. Et là, j’me dis que je suis dans un estomac. Ouai, c’est franchement dur à le croire, mais j’ai quand même un paquet d’indices pour étayer ma supposition. Seul dans un estomac avec pour seule compagnie un fruit du démon que je tiens dans ma main. J’ai vu mieux comme situation, mais je suis vivante, c’est déjà ça. Le problème, après, c’est pour sortir. Et j’essaie de taper les bords, ça fait pas grand-chose. Alors, j’pourrais me dire que j’vais attendre que les Étrangers éventrent la créature pour que je puisse sortir, mais j’m’aperçois d’une chose. J’suis dans un estomac. C’est fait pour digérer des choses. Et la chose en question c’est moi. J’commence à sentir des picotements sur ma peau, des irritations même. A certains endroits, ça devient assez douloureux ; le message d’alerte est clair : dans pas longtemps, j’me fais digérer. Calme.

            ISHIIIII !!!! DEPECHEZ VOUS DE ME SORTIR DE LA !!!!

            Zen. Comme si ma prière a été entendue, le haut s’ouvre d’un coup, laissant tomber un type qui plonge la tête la première dans le liquide gastrique. Il en sort rapidement la tête après s’être mis sur pied. Le liquide dégoulinant sur sa barbe tandis que son turban a sévèrement pris l’eau, il me dévisage.

            Wallah !

            Surement pour dire bonjour.

            Wallah !
            J’ai un petit défaut de prononciation, c’pour ça qu’il doit pas comprendre et c’pour ça qu’il m’attaque avec sa…. Son poing. S’apercevant qu’il est désarmé, il fixe sa main, ahuri.

            Voilà ?
            C’pas tout ça, mais ça urge qu’on se casse d’ici, tu crois pas ?


            Il a pas trop compris le message et il me charge. En temps normal, j’aurais fait preuve de bonté, mais comme je suis légèrement en train de me faire dissoudre dans la panse d’un lézard géant, j’pense pouvoir dire honnêtement qu’on est pas en temps normal. Du coup, c’est mandale dans sa gueule et le v’là qui plonge. J’aurais été méchante, j’serais montée sur lui pour avoir moins de surface à dissoudre. Mais j’suis pas méchante. Du coup, j’lui tiens la tête hors du liquide. Pas plus. Faut pas non plus abuser de ma gentillesse. Quelques secondes passent. Quelques secondes où je me dis qu'un autre truc va arriver, mais il se passe rien. Juste qu’on est pas mal secoué comme si la bête s’agitait. Ça m’étonne pas, tiens. Et comme je commence à saigner parce que ça attaque dur, j’suis légèrement sur les nerfs, comme les sucs gastriques.

            J’rigole pas.

            Ma vie dépend de ce que je vais faire. Je peux compter que sur moi-même. Je tape. Je tape le plus fort que je peux. Mais ça fait rien. En tout cas, rien que je peux voir. La peur me prend, sournoisement. J’en ai des sueurs froides. C’est profondément terrible de savoir que l’on va crever et que l’on peut rien faire pour s’y opposer. Évidemment, c’est dans ces moments-là qu’on oublie de regarder devant son nez. Et je capte un poil trop tard que j’ai un fruit du démon. D’après ce qu’on raconte, il y en a qui sont bien bourrins. Est-ce que je peux chopper là le moyen de m’en sortir ? Et quid du démon, tout ça ? Ça pourrait aller à l’encontre de mes convictions.

            Et puis non. Au démon les convictions, la vie avant tout ! Et puis, si je domine le démon, ça ne peut qu’être bon pour moi. Ouai, avoir foi en soi, c’est bien. J’ai encore quelques scrupules. Ça tergiverse entre « je mange » et « je mange pas ». Et puis, alors que je me dis « je le mange ». J’enchaine et j’croque à pleine dent dedans et j’avale aussi sec.

            C’est fait.

            L’avantage avec l’odeur du coin, c’est que ça donne presque un bon gout au fruit. La légende dit vrai.
            C’est infect.

            Wallah !!

            Je plonge la tête.

            Glouglou !
            Reste calme. Dans une minute, on est soit mort, soit vivant.

            Reste plus qu’à attendre. Et c’est là que la grosse interrogation arrive. Si mon fruit est utile, comment que « j’active » son pouvoir ? Comment que je le maitrise ?

            La guigne.
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              Une brise légère caressait le visage paisible de Rydd. Voilà déjà plusieurs heures qu’il s’était assoupi, il fallait avouer que les distractions au sein du Bel-Espoir étaient inexistantes. Certains pêchaient certes, d’autres regardait paisiblement l’horizon ou se plaignait, Rydd quant à lui préférait clairement la somnolence et la passivité. Il n’était pour ainsi dire pas intégré au sein de l’équipage et faisait plutôt office de passager clandestin que l’on tolère à bord. Autant l’ancien chasseur de primes avait accueilli le sauvetage du poulpe avec joie lors du passage sur Reverse Mountain, autant il avait appris avec effroi que l’équipage ne disposait pas de Log Pose. De fait il n’y avait qu’à attendre de trouver terre et, en attendant, subir les différents changements climatiques. C’est donc sous un climat plutôt agréable que Steiner s’installa non loin du bastingage pour somnoler.

              Il ne tarda pas à profondément s’endormir mais il plongea dans un sommeil agité. Il revoyait les visages belliqueux de tous ceux qu’il voulait maintenant faire tomber. Manfred Tigan, Anne Stanhope, Midas figuraient en tête de liste. Il se voyait alors sur les planches d’un petit théâtre, il était seul sur la scène. C’est là qu’il se rendit compte qu’il était attaché par des chaines noires et massives. Bientôt celles-ci se soulevèrent lentement puis de plus en plus rapidement. Tel un pantin désarticulé il était bringuebalé aux quatre coins de la scène. Il releva alors la tête pour voir les visages impassibles de Tigan et de Stanhope jouer bien au dessus de lui avec les chaînes comme le feraient deux marionnettistes. Les deux personnages se fendirent alors d’un grand sourire malsain et leurs yeux flamboyèrent, ils parlèrent d’une voix caverneuse et lointaine.

              -«Tu n’es pas une si bonne marionnette.»
              Affirmait Tigan.
              -«Le chaton a finalement réveillé les chiens.» Susurrait la Dame de Pierre.
              -«Revient vers nous et tu pourras servir de nouveau.» Trancha fermement l’ancien mentor de Rydd.
              -«Oui revient ! Esclave, pantin, chien ! Tu serviras de monnaie d’échange. Mais une monnaie bien dévaluée !» Et la patronne de Saint Urea explosa de rire.

              Rydd suait à grosses gouttes et luttait pour tenter de libérer ses liens. Mais il n’y parvenait guère. Bientôt il fut soulevé dans les airs, il montait encore et encore vers les deux marionnettistes. Tigan inspecta alors de son œil immense un Rydd minuscule qui se débattait. Et après quelques secondes il le lâcha dans le vide en reniflant d’un air mauvais. Rydd hurlait à la mort tandis qu’il chutait à grande vitesse vers la scène. Et au moment de heurter le sol, un énorme fracas se fit entendre. Sortant de son cauchemar, Steiner se retrouva sur le pont du bel-espoir, transpirant et le cœur battant la chamade. Il ne fallut que quelques secondes d’analyse pour constater que le pont était plus vide que d’accoutumée. Un bref regard sur le côté et la situation sembla s’éclaircir. Jouxtant le bel espoir on pouvait voir un navire, et dessus, un beau bazar. On distinguait clairement la silhouette massive d’Adrienne sur le pont et nul doute que les étrangers étaient là bas en masse.

              C’est alors que Rydd prit la mesure de ce qui était en train de se passer.

              Belle année 682961choqued
                -«POURQUOI VOUS M’AVEZ PAS RÉVEILLÉ ?! J’ARRIVE !»

              Et sans attendre il sauta par dessus le bastingage et entreprit de rejoindre le plus rapidement possible ses alliés qui étaient sur le navire inconnu. Rydd ne tenait pas à se retrouver avec moins de membres d’équipages pour affronter les périls de Grand Line. C’est donc résolu à aider qu’il sauta avec célérité vers le navire. Il se retrouva au bord de la coque du navire ennemi, sur le bastingage et de là, on pouvait aisément noter que l’affrontement c’était transformé en un capharnaüm monumental. Il y avait là un monstre vert, d’une taille incroyable et au regard furieux, qui siégeait au centre du navire et venait de traverser le pont supérieur. Rydd commença à tenter de comprendre la situation. Difficile de s’y retrouver, il affecta donc de commencer par signaler sa présence.

              -«ME LAISSEZ PAS DERRIERE LA ! C’EST QUOI CE BORDEL ?!»

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            Tout d'abord il avait plongé, parce que tout le monde était convoqué sur le navire adverse. Ensuite, il s'était servi de ses tentacules pour grimper le long de la coque. Les ventouses étant humides, elles pouvaient adhérer et le soutenir sur n'importe quelle surface. Enfin, avant de passer le bastingage, il s'était arrêté pour observer ce qu'il se passait sur le pont. Et il s'en passait des choses... Ishii était en difficulté ! Mis à mal par un reptile géant qui semblait obéir aux ordres d'un humain, probablement un scientifique au vu de la blouse blanche. Avec un peu de chance, le lézard allait l'emporter sur le cachalot. Surtout ne pas intervenir.

            Quelle ironie. Après avoir fait des mains et des tentacules pour tenter de mettre à mort l'Ishii, voilà qu'il allait peut-être y passer sans son intervention. Monster n'allait néanmoins pas s'en plaindre. Il allait regarder patiemment, savourant chaque instant en priant pour que chaque assaut du reptile atteigne sa cible. Malheureusement, le spectacle tourna court. Car quelques secondes plus tard, le duel simple se transforma en un joyeux bordel non organisé.

            Entre l'arrivée des Etrangers, la fuite des esclaves, l'intervention des gardes et la transformation de Petit Pied en Godzilla... C'était quoi cette histoire d'abord ? Monster était très bien placé pour voir la scène : le scientifique avait utilisé une arme étrange pour transformer le lézard en bête féroce et géante. Où était l'explication scientifique ? Mais c'était une question sans importance pour le moment en tout cas. Tant que cette bête tuait l'Homme-Poisson... Le problème c'était qu'elle faisait des victimes humaines aussi. A commencer par les esclaves écrasés par ses battes griffues... Et la joyeuse pagaille était en passe de provoquer la mort d'autres personne, notamment ses camarades Etrangers. Du coup, son cruel dilemme habituel s'imposait à nouveau : aider les Etrangers et prendre le risque qu'Ishii survive, ou laisser faire ?

            Les réflexes décidèrent à sa place quand Jevta, pris pour cible par un des gardes en turban, se retrouva acculé contre le bastingage à quelques mètres de lui. Son adversaire leva son sabre, poussa un cri de rage sensé lui donner la force, et abattit son arme... Avant de se retrouvé le bras et la jambe bloqués, complètement piégés par deux tentacules. Tentacules qui le firent s'élever dans les airs, passer le bastingage et se précipiter la tête la première contre la coque du navire. Avant de le laisser simplement tomber à l'eau, inconscient.

            Monster poussa un soupir. Il n'avait pas pu abandonner Jevta, il venait donc officiellement de rentrer dans la bataille. Alors il grimpa sur le pont. Mais que faire ? Il n'était pas spécialement un combattant, et encore moins en mêlée... Excepté lorsque Blake lançait sa technique du Gangnam Style, mais il espérait ne jamais avoir à revivre ça... Quoiqu'il en soit, il était au milieu d'un combat, sans arme, chaque parties de son corps parfaitement exposées au tranchant des sabres. Il pouvait choisir de se battre contre le reptile géant, mais que pouvait-il faire contre ça ? On n'affrontait pas une créature de sa taille au corps à corps.

            Le scientifique ! C'est lui qui avait fait ça. Et s'il l'avait fait grossir, l'effet pouvait probablement être inversé ! Vite, il fallait trouver un moyen de réduire la bête. Qui dit scientifique dit laboratoire. Monster devait juste mettre le tentacule dessus et espérer trouver rapidement un moyen de faire revenir le lézard géant à la normale. C'est alors qu'il vit l'action... Adrienne gobé par Godzilla... Et merde, comment ça avait pu arriver ? La créature avala rond, sans donner un coup de mâchoire. Avec un peu de chance, il pouvait encore la sauver, mais il fallait faire vite et comprendre comment marchait ce rayon grossissant !

            *Et une fois que t'auras trouvé, tu vas le réduire ? Elle va avoir l'air fine quand elle va se retrouver dans un estomac dix fois trois petit pour elle...*

            *Pas le temps d'y songer pour l'instant, on y réfléchira plus tard ! Faut trouver ce labo !*

            *C'que j'en dis...*

            Sans attendre, il s'élança en direction de l'intérieur du navire...
            • https://www.onepiece-requiem.net/t4261-doc-monster
            Les poings fermés contre sa prison de toile, le monstre ruminait. Son gros nez renifla un coup, deux coups. Et là… Rien ne se passa. Autour, les bandés, arque boutés à leurs grandes lances, préparaient l’assaut. Se préparait à trancher en petits morceaux le cachalot qui ne comprenait pas.
            Pourquoi ? Pourquoi ces bouts de tissus trop minces pour supporter la pluie, trop courts pour cacher du soleil, trop large pour ne pas gêner la vue : Quel intérêt ?

            «Hmm… Pourquoi ?»

            Mais la seule réponse, ce fut une moue dubitative des mécréants qui, eux non plus, ne comprenaient pas. Une moue, et puis un cri de surprise devant un étrange nudiste au soutien gorge servant de couvre chef. Le guss fit un pas en avant, une pause héroïque, une tirade magnifique. Chacun de ses muscles éclaboussait de leurs superbes le soleil, le visage incompris des hommes présents, le cachalot aux yeux plats. Et alors, la foule se leva, et cria de bonheur :

            «Hmm… Blake, tu peux m’aider ?»

            Enfin… De bonheur… Du bonheur simple d’un cachalot voyant un ami pouvant lui sauver la mise, et les filets se firent tailler, et les bandés se firent plus pressants. « Waladackba !! » qu’ils crièrent en cœur, ou « Wesh que v’la !! » peut être, le Monstre ne sut trop. Ce qu’il sut par contre, c’est qu’il fallait parer, esquiver, jongler entre les lames de morts s’approchant trop de son corps. Et c’est ce qu’il fit, accompagné dans sa danse par un Blake en forme. Tout énervé de n’avoir rencontré aucune femme sur ce bateau. Les cranes des bandés se firent avoir, leurs drôles d’uniformes découpés, et tandis que la moitié s’effondrait sur le sol, l’autre moitié sautait à la mer, trop honteux. Nus comme des vers.

            -Fuyez La persversitude !!! Lâches !! Et ne revenez qu’avec des femmes !!!

            Mais l’Ishii était déjà de l’autre côté, près d’un trou immense où le plus gros de monstre, jouait à celui qui en avale. Le nez du cachalot frôlait le gros ventre du monstre, trop occupé par les intrus se faufilant dans son bec. Alors l’Ishii plaqua ses énormes pieds sur le sol, contorsionna ses reins jusqu’à le tordre de moitié, et d’un coup, lâchai ses bras vers le monstre.

            «Hhmm… Les cinq doigts de la main ne sont pas égaux. »

            Ça fit un gros « Sblam », le plus gros des monstres se mit à tourner des yeux, son ventre ondula au gré de ses gémissements, d’énormes vagues se formèrent tout autour de son nombril, pire qu’en pleine tempête. Et alors, le Cachalot vit ce qu’il ne voulait pas voir. Tout d’abord un hoquet tout ce qu’il y a de plus gros. De plus énorme, avec l’odeur de musc et de liquide intestinaux, puis un minuscule lâché, à peine quelques litres qui s’éparipillèrent sur le navire dans une pluie acide. Et enfin… Le gros lâché, l’énorme giclée annoncée qui déferla de la bouche du monstre pour s’écraser sur chaque membre de l’équipage. Sauf Ishii, parce que...

            «Hmm… Heureusement, j’avais un parapluie.»
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            C'est comme si une incroyable force venait de traverser la chair. Comme si quelqu'un frappe de l'extérieur. Tout s'agite. Tout vibre. C'est la panique. Mon colocataire regarde tout partout à la recherche d'un endroit pour fuir, comme s'il avait pas déjà regardé des dizaines de fois. Mais non qu'il y en a pas. J'ai arrêté de regarder. La seule possible c'est pas en haut et sans prise. La chair ondule comme des vagues, passant par de nombreuses couleurs pas toujours très jolies et qui inspirent par des masses confiance. Les liquides aussi sont pas en reste. La morve sort sans qu'on sache pourquoi et les sucs gastriques vont en tout sens. Ça éclabousse, ça jaillit, ça attaque. Pire encore, c'est carrément du vomi. Une large quantité qui recouvre d'un coup l'enturbanné qui se met à hurler des imprécations vers moi. Comme si je le faisais exprès. J'essaie de résister à tout ce déchainement chaotique. Je me prends les mains dans la tête et j'essaie de faire le vide, mais ça veut pas. Trop de chaos. Trop de changement. Les images défilent dans ma tête tandis que j'ai ce goût de fruit du démon dans la bouche qui gagne en intensité comme s'il m'envoyait un message : ça va faire mal. Et j'ai déjà mal de toute façon. Je hurle à moitié, mêlant ma voix à celle de l'autre. Les cris résonnent dans l'estomac et donnent un truc assez dégueulasse. Il me faut de l'aide ! Ishii ! Qu'est ce que tu fous ? On va se faire tuer !

            Enfin, j'vais tous nous tuer, parce que je me transforme en quelque chose de pas très humain avec mon fruit du démon. Vu ma chair qui se déforme dans des bruits de succion, je pense pouvoir préciser ce que j'ai bouffé. D'après ce dont je me souviens, ça devrait être un zoan. Un truc animal. Et comme j'ai ce qui semble être ma peau qui devient noire, j'ai peur de savoir en quelle bête je vais m'incarner. En y pensant, ça pourrait être très pêché. Et que finir dissoudre, ça serait un moindre mal comparé à ce qu’en quoi je vais me transformer. Le désespoir aidant, c'est plus simple d'avoir ce genre de pensée. Et tandis que je souffre, je baisse la tête parce que le désespoir est toujours aux pieds des gens. Seulement voilà, j'capte les frétillements de l'eau gastrique. Et cette fois, c'est pas à cause de moi et de ma transformation. Oh non. Ça vient de l'extérieur. La chair pulse. Pas la mienne, hein, celle du monstre, cette fois. Le chaos n'est plus seulement provoqué par moi, mais par l'hôte. D'un coup, on est envoyé dans les airs, propulsé par un geyser gastrique puissamment envoyé par la contraction des muscles. On se retrouve collé, moi et l'autre. Il sent mauvais. J'aurais pas dû lui vomir dessus. En même temps, j'vois un truc verdâtre sous mon nez arriver. Je fais pas le poids niveau fermentation de vomi et on se retrouve tous les deux recouverts de la masse visqueuse. Sérieusement, si j'avais su que je vivrais un pareil moment, j'l'aurais pas cru.

            Tout le liquide nous passe devant le nez. J'm'en étouffe à moitié tandis que la transformation semble faire une pause ; j'ai repris le dessus sur ce sentiment bizarre, cette « chose » qui pourrait contrôler mon pouvoir. Difficile à la décrire. J'verrais plus tard s'il y a un plus tard. On a été transporté dans l'oesophage, mais pas assez loin. Nos deux masses d'humains bloquent tout. On retombe pas, mais on avance plus. Autour de nous, la chair palpite et un souffle d'air chaud nous passe devant. On est pas loin du passage pour les poumons. Pas loin de la sortie. J'essaie de frapper fort, mais c'est sans succès ; je frappe juste pas très fort. Ça fait rien et c'est chiant. En plus, mon coloc' n'arrête pas de gueuler jesaispasquoi et ça me les brise, les tympans. Il suffirait juste d'un coup de pouce. Est-ce j'ai ça sous la main ? J'regarde un peu mon corps. Complètement déformé par un pouvoir que je ne peux concevoir. Qu'est ce que je suis ? Est-ce que je peux survivre avec ça ? Est-ce que je peux m'en sortir avec ça ? Jouer le tout pour le tout, c'est la solution. Pas forcément la bonne parce que si je sors, ça peut être pire. Pour les gens. Pour moi, mes croyances, tout ça. Mais c'est la solution de vivre et ça, ça va plus loin que toutes les raisons. Même les bêtes les plus innommables ont le droit de vivre. Je serais étrangère au monde ? Qu'importe. Je suis une Étrangère. Et j'ai vu dans les yeux et les actes d'êtres comme Ishii que l'apparence importe peu. L'important, c'est le cœur. Personne ne mérite de mourir pour ce que la nature nous a donné. Seuls les actes comptent. Et mes actes ont toujours parlé d'eux-mêmes.

            Je serais toujours moi-même.

            D'un coup, je lâche toutes les barrières psychologiques que j'ai érigées pour contenir ce pouvoir. Il prend le pas sur moi et me transforme d'un coup. Et je sens la puissance en moi. Une puissance comme j'en ai jamais eu. C'est comme si la chair qui m'enserre devenait beaucoup plus faible. Moins autoritaire. C'est moins qui devient l'autorité. C'est moi qui domine. D'un coup féroce, je pousse des deux côtés, écartant l'oesophage. En réaction, la créature veut m'expulser et une formidable force primitive nous propulse et nous fait traverser ce qu'il nous reste à parcourir. La lumière ! L'air ! On réussit à s'échapper et on tombe lourdement sur le sol, glissant dans une marre de salive et de résidus de vomis particulièrement dégueulasses. J'vois de par où je suis sortie. Ce monstre. Ce lézard. Affreux. À ses côtés, y a Ishii. Il paraît tout frêle à ses côtés, mais j'suis sûr qu'il y est pour quelque chose dans ce qu'il vient de se passer. Plus loin, il y a Rydd qui semble un peu perdu au milieu de ce chaos, tout ce qu'il y a de plus Etranger. Dur de s'habituer à ça quand on passe l'essentiel de son temps à rien faire pendant trois mois. Plus loin, et plus haut, je le vois. Le père Franz. Il m'observe. Il sait qui je suis et il voit ce que je suis devenue alors que moi-même, je ne sais pas ce que je suis devenue même si je sais ce que je suis. Toujours moi. Il me jauge. Je le sais. J'approche d'un point sensible. Le point où il pourrait juger que je ne suis plus maitre de moi-même. Plus maitre de ma foi. Que je suis devenue une traitresse. Ça me fait frémir et ça perturbe mon regard. Du coup, je regarde vers le bas et je capte que je suis sur l'enturbanné. Il semble souffrir. Je me pousse et le v'là qu'il rampe plus loin en murmurant un charabia. Moi, je me lève. Et tout est bizarre. Tout est simple et compliqué en même temps. Comme si j'ai toute oublié de comment bouger. Mon pas est lourd, hasardeux. Je m'approche d'Ishii parce qu'il faut mien nous le premier contact. Il pourrait croire que je suis un monstre. Quelque chose qui a pris naissance dans les entrailles de la bête. Et je veux parler. Même faire usage de la langue, je sais plus. Ainsi, je me retrouve approchant mon capitaine, les « bras » en avant et grognant plus que parlant. Je sens le doute dans son regard. Je regarde tout partout. Rydd ? Monster ? Quelqu'un pour m'aider ? Me guider ?

            J'aurais dû continuer à me dissoudre dans l'estomac du monstre.
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            Avant toute chose, et par soucis d'aide à la compréhension pour le lecteur lambda qui indubitablement, se penchera sur nos aventures riches en couleurs, je propose un petit résumé de la situation.

            Piégé dans la partie alimentation pour dromadaire du navire, je me retrouve à assisté sans le vouloir à la débauche gloutonne d'une personnalité #F9F900 décidée à faire de se transformer en être poilu mono-bosse en ingérant le maximum de nourriture dédié à cet animal possible, en le moins de temps possible. En temps normaux, je me contenterais d'essayer de comprendre ce besoin hystérique de la chose, d'autant plus que contrairement à la plupart de mes personnalité, elle ne semble pas réclamer à corps et à cri le droit de regard sur mes dissertations hautement philosophiques.

            Le problème, voyez-vous, est que, si j'analyse correctement les multiples sons parvenant à ce que vous autres humains appelez oreilles, il semblerait qu'une situation violente d'affrontement navale se déroule au-dessus de moi.

            Il y a les hurlements de la monstruosité lézaroïde, les cris non moins affreux de membres de l'équipage dont je suis l'otage, et si je ne m'abuse, des rire d'un scientifique complètement fou. Ça ou un élevage de hyènes coprophages tachetées à poils longs, vivant presque uniquement dans les jungles auto entretenues de Little Garden.

            Vous comprenez maintenant la nature de mon dilemme, enfermé dans ma cache avec un corps obstiné à se complaire dans une débauche herbicide qui pourrait faire pâlir d'envie le plus consciencieux des ruminants, je ne puis vérifier laquelle de mes deux hypothèse est la bonne. Pire encore, je ne peux me livrer à l'étude de l'homme dans un environnement tel que celui-ci, et voir si le dénommé Rydd Steiner, dont j'ai reconnu les plaintes, est capable d'accepter l'inéluctabilité de ce combat venu précautionneusement troublé sa sieste.

            Qui l'eut cru, la réalité de la vie d'un cyborg de combat programmé en mode auto-apprentissage de la vie est une vie de frustration et de souffrance. Incroyable n'est-ce pas ? Ce qui amène à la question, comment puis-je affirmer cela en sachant que je ne sait pas ce qu'est la frustration, et que pour moi la souffrance se résume à un pourcentage de dégâts avant mise en pause de mes circuits pour auto-régénération ? Sujet très intéressant s'il en est. Il faut que je planche là-dessus. Profitons-en pendant que #F9F900 Attaque son 18ème kilo d'herbe à dromadaire honteusement engouffré dans l'orifice buccal que nous n'avons pas, tel l'IA mal programmée qui s'en vient heurter en boucle le même mur protecteur, dressant un obstacle infranchissable entre le protagoniste, et le moment salvateur où il entendra la musique de fin de niveau lui annoncer qu'il a battu le score de son père lors de sa dernière partie.

            Mais que voilà donc ?

            Nous sommes interrompus violemment par une chute impromptue de ce qui semble être une substance gluante contenant des morceaux de ce qui pourrait être des croquettes à moitié digérée. Encore une fois, deux hypothèses majeures me viennent. Soit il est l'heure de la soupe sur ce navire, et en bons hôtes, ils daignent accorder une part de leur frugal repas à leurs invités, soit un projectile violentissime à heurter de plein fouet l'estomac de la bête écailleuses non brachiale responsable de notre isolement, ce qui l'a amener à consciencieusement expulser l'intégralité de son estomac.

            Rappelons, pour ceux qui n'auraient pas suivit, que je ne peux savoir à ce moment précis qu'Adrienne à servit précédemment de petit déjeuner à notre monstre, pas plus qu'elle n'a décidé de s'exercer à la joie de la métamorphose. Quand à Jackie...

            L'herbe est immangeable !


            Euh, oui, si tu veux, je ne vois pas bien par contre les conséquences sur mon récit. Donc, je disais, que pour ce qu'il en était de Jackie...


            Je ne peux plus devenir un dromadaire !


            Ah... C'est problématique !

            Je crois...

            Donc, prise dans la frénésie de destruction, Jackie dit à ses généraux...

            Je veux devenir un dromadaire !

            Oui exactem... Mais non, c'est pas ça qu'il dit ! Si tu me laissais raconter aussi au lieu de faire un sombre et mystérieux caprice, tout ça sous prétexte qu'un liquide verdâtre immangeable est venu gâcher ton moyen de sustentation qui n'en était pas réellement un, vu que de toute façon, nous n'avons pas le système adéquat pour transformer la nourriture en élément énergétique.

            Ah, cela dit très bien, je vois que tu daigne enfin t'extirper de notre trou afin de procéder à une intervention aussi modeste que décisive sur l'environnement post-apocalyptique que constitue le champ de bataille. C'est une bonne décision, je vais enfin pouvoir conter Ishii Mosh à côté d'un monstre lézaroïde hurlant et vomissant. Je vais pouvoir faire part de la créature à l'aspect d'un instect relativement imposant s'avançant vers le Ishii sus-nommé, tel un vampire s'approchant lentement de sa proie pour lui pomper la moindre goute de son fluide vital.

            Je vais aussi pouvoir parler de cet étrange quidam, manifestement un autochtone, qui porte un étrange chapeau constitué de bandages. Cet homme a-t-il une gueule de bois, comme le suggère son air méchant et déterminer, ainsi que la lame courbe qu'il brandit dans notre direction. Ce sabre est-il animé d'attentions amicales à notre égard ?

            Bonjour le sabre !

            Kling !

            Comment ça, kling ?

            Paff !

            AAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.....

            Ting !

            A ben vous savez quoi, si j'en juge par la manière dont #F9F900 a arrêter le sabre, à la position qu'il a prit lorsqu'il a enfoncer la mâchoire de son adversaire, et à la distance à laquelle celui-ci c'est envolé au moment du choc, ben avant d'être une personnalité défectueuse, il devait probablement disposer d'un excellent logiciel de combat intégré.

            Qui plus est, il semble manifestement particulièrement en colère de la constatation ci-dessus mentionnant son impossibilité de devenir un ruminant désertique à une bosse. Poussé par cette fureur, il s'avance sans pitié vers les trois monstres semblant faire un concours de celui qui sera le plus difforme. Mais où est donc Adrienne, nul doute que sa forme musculoïde additionnée à ses caractère spécifiques féminin lui aurait fait gagner le concours.

            Ainsi donc, mon corps s'élance vers le trio, nonobstant le gouffre qui se dresse sur la trajectoire.

            Oui oui, vous l'avez devinez, nous retombons. Cette fois, c'est un quidam bipède qui fait les frais de notre chute. Il cri. Il n'est pas mort. Nous le laissons donc se remettre de l'émotion qu'a dut susciter notre chute sur son corps mou. Le pauvre à été tellement impressionné que ses jambes ont fondus pour laisser place à un odieux liquide rouge. Un peu comme si un poids de plusieurs centaines de kilos lui avait écraser les appendice postérieurs.

            Bon, logiquement, ça repoussera.

            C'est alors que le drame opère, nous sommes entourés de la populace indigène squelettique du navire qui cours dans tous les sens. #F9F900 en attrape un arbitrairement, et, après l'avoir copieusement molesté, le dépose en boule devant ses pieds. Il se retourne vers un autre quidam. Je vais être honnête, je ne suis pas sur de ce qu'il veut faire, mais apparemment, ça a un lien avec le trio de créatures difformes se livrant à leur concours de beauté au-dessus.

            Et je maintiens, c'est réellement dommage qu'Adrienne ne puisse se présenter à l'épreuve. Si seulement il y avait un moyen de la contacter, si seulement je savais où elle est.
                Sur le navire inconnu, c’est la cacophonie la plus totale. Le désordre à prit le pas sur toute forme de discipline, c’est dorénavant le dictat du « chacun pour soit » chez les enturbannés qui semblent ne respecter aucune logique d’attaque ou de défense. Il faut dire que chez les étrangers, le postulat n’est pas si différent. Rydd, toujours sur le bastingage, tente de repérer les membres de l’équipage des étrangers. Soudain animé d’un profond sentiment paternaliste, il recherche avec angoisse tous les visages connus. Il repère assez vite l’Ishii qui ne semble pas en trop mauvaise situation, en contrebas on distingue le cyborg qui disparaît bien vite mais qui lui également ne semble pas en trop fâcheuse posture. Dans la colossale pagaille Rydd a cru percevoir un tentacule bien connu mais sans plus… Finalement le solide gaillard n’était pas particulièrement avancé, il ne comprenait qu’une chose, c’était la pagaille aussi chez les étrangers ! Les membres semblaient presque équidistant, comme si une trop grande proximité risquait de provoquer un cataclysme. Et effectivement, la « catastrophe » ne tarda pas à arriver.

                Du bastingage Rydd ne loupa pas une miette des prémices d’une attaque qui allait incontestablement avoir un impact sur la situation. En effet, le cachalot se déplaça promptement vers le massif animal qui siégeait, pour ainsi dire, à tous les étages du navire. Il délivra après une brève préparation une attaque qui, au bruit qu’elle fit, semblait sacrément violente. Et en effet, après quelques secondes, le massif monstre envoya une giclée de sucs gastriques sur la quasi-intégralité du navire. L’ancien chasseur de primes vit donc arriver avec une célérité hors du commun une magnifique gerbe de vomi.

                -«NON, NON, NON, Grmblf…»

                Bien évidemment les lamentations ne firent pas rebrousser chemin au liquide intestinal qui vint maculer de pied en cap le blondin. Par instinct, il se passa les mains sur le visage pour tenter vainement de se nettoyer. Après quelques secondes de pseudo-astiquage, il se contenta de renifler furieusement en constatant les dégâts des éclaboussures sur sa tenue. Le dinosaure venait de se faire un ennemi mortel, si le coup qu’il venait de recevoir par Ishii l’avait chamboulé, cela n’était que les hors d’œuvre car Rydd était bien désireux de remettre ça ! Il sauta donc sur le pont et tenta de le traverser aussi rapidement que possible. Sa progression était néanmoins ralentie par l’importante présence de sucs gastriques qui rendait ses pas incertains ; mais aussi par des membres d’équipages adverses toujours vindicatifs bien que diminués encore davantage par l’attaque de leur propre animal de compagnie. Finalement Rydd arriva bientôt à quelques mètres de la massive créature lorsqu’un événement inattendu se produisit. La bête était de nouveau prise de relents, elle semblait une nouvelle fois prête à expulser son liquide diabolique.

                -« AH PAS ENCORE HEIN ! » S’exclama, presque implorant, un Rydd manifestement inquiet.

                Mais rien n’y fit, la seconde salve semblait inéluctable. Mais cette fois ce qui fut expulsé sembla plus qu’improbable. Une sorte d’amas couleur sombre venait de tomber sur le pont, non loin d’Ishii et de Rydd. Qu’était-ce ? Difficile de le savoir. Mais « la chose » sembla se mouvoir et, par des mouvements incongrus, se diriger vers Ishii. Aussitôt Rydd cru à une attaque envers le cachalot et tenta de le prévenir malgré le brouhaha.

                Belle année 795594choqued2copie
                  -«ATTENTION ISHII, CETTE CHOSE SEMBLE DANGEREUSE !»

                Ne voulant courir aucun risque, Rydd prit les devants et décida d’attaquer cette « chose ». Il s’élança donc en avant avec la volonté affirmée de frapper dur, de frapper vite ! Arrivé à environ un mètre, il se propulsa en avant, poing déjà armé. Son visage fermé semblait plus meurtrier que jamais. Il s’approchait inexorablement de la masse sombre lorsque pour lui le temps sembla se ralentir drastiquement. Il se voyait toujours attaquer mais tout autour de lui avait l’air de fonctionner à vitesse réduite. Il avançait toujours vers la forme sombre lorsqu’une « image flash » se plaça devant ses yeux, il venait de voir l’espace d’un instant le visage amical d’Adrienne. Alors tout revint à vitesse normale, tous purent voir Rydd donner un formidable coup de poing qui souleva un monstrueux amas de poussière. Pourtant, quand le nuage retomba, la forme n’avait pas bougé d’un iota, mais non loin d’elle le pont avait été éventré…

                Rydd n'avait pas osé attaquer la forme sombre et avait déjà effectué un saut de recul pour venir se placer aux côtés d’Ishii. Il lui adressa la parole d’une voix mal assurée.

                -«J’ai eu un pressentiment vis à vis de… cette chose. Je ne sais pas trop...»

                Car oui, l’ancien traqueur n’avait pas assisté à l’engloutissement d’Adrienne…
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              C'qui a d'bien quand on s'fait balancer en l'air, c'est qu'parfois, on atterrit sur des trucs cols, en hauteur. Là, j'suis sur l'croco géant. Sur sa tête, wesh. Et ça m'permet d'bien voir tout c'qui s'passe. L'Bel poir-Ès, tout p'tit, les gens bizarres, l'mec déguisé en gros poisson qui nous sert d'capitaine, l'autre déguisé en truc à tentacules…. On appelle ça comment encore ? Ploup, j'crois. Mais ouais, c'est classe, la vue d'ici.

              Mais c'con d'croco, 'l'a dû bouffer un truc pas frais. Parc'qu'il commence à gerber comme un lend'main d'cuite. Ca s'cuite, un croco géant ? J'sais pas. Pourtant, j'sais plein d'truc, j'te jure mec.

              'fin, au final, tout l'monde est touché à part l'cap'taine qu'a un parapluie… Et moi. Mais moi, c'normal. J'suis la Reine, on m'gerbe pas d'sus. Comment i'a un ennemi qui m'a gerbé d'sus i'a quelques mois ? Tu dois rêver, wesh. Personne oserait.

              Du coup, vu qu'j'évite toute cette merde, j'en profite pour enfoncer l'clou. Je check que tout l'monde m'regarde bien, en tentant d'rester accrochée à la gueule d'la bestiole, j'gueule un coup. C'bon, i'm'regardent tous. J'crois. Et c'est parti. Chan, elle me r'gardait. Comme d'hab, ouais. Elle, elle sait ce qu'elle doit faire. Vas-y frangine, fais péter les watts !


              C'est bon ça. M'faut pas cinq secondes pour me lancer. Départ trax, coupole… Mais putain, dites-lui d'arrêter d'bouger à c'con d'croco ! Puis, bon, j'suis trop forte en fête, donc j'm'en fous, j'continue. Easy ! Mais faut qu'j'en foute plein la vue. Et j'sais c'qu'ils kiffent, les gens. Alors, j'leur donne. C'est ça aussi d'êtr' la Reine. Wesh !

              - HEAADSPIIIN ON THE HEAAAAAD !

              Woh mec… J'veux bien être trop forte, mais… Quand i'a un putain de maillet qui déséquilibre tout à ma jambe de bois, et qu'en plus le support s'barre en couille. J'peux rien. J'me viande. Vers l'arrière de la tête du croco. Vers son dos. J'accélère, j'le sens. Alors j'en profite pour relancer une coupole. Jamais montrer qu'on s'est viandé. De toute manière, j'me suis pas viandée, c'était contrôlé, t'as vu…

              Toute ma descente le long du dos, toute ma glissade sur sa queue avec laquelle il essaie de balayer l'cap'taine, tout mon vol plané, c'est contrôlé. C'est l'powa d'ceux qu'on grandit dans l'ghetto, ça. Tu peux vraiment pas test. Puis quand j'éclate dans un type, c'est encore contrôlé. Bon, ça fait un peu mal aux côtes, mais faut c'qu'i'faut. C'mec était sur mon ch'min.

              Tiens, c'est l'gars qu's'appelle Rydd…

              - Eh mec… Quand j'arrive, fais place hein. Ha !

              Puis, j'regarde autour de moi, j'crois qu'le gars avec la sale gueule de vieux taré a encore lâché une bestiole à la con. Un truc qui r'ssemble à un insecte, mais en géant. C'est teeell'ment moche. Bordel. Bon, où est-c'qu'il est c'con, j'vais lui faire manger la terre pour avoir lâché ces conneries sur mes potos.

              Quand j'le repère, il râle encore comme un vieux con. C'chiant les vieux. C'comme quand on s'est rencontré avec Boobspecs, i'avait plein d'vieux. Ben on s'était bien fait chier. Bref, j'ai toute les raisons d'lui maraver sa gueule. J'm'approche pendant qu'le croco r'part à la charge n'importe où. Et pendant que j'm'approche, j'entends deux grands cris. Des trucs incompréhensibles. J'me r'tourne et qu'est-c'que j'vois, à deux pas d'moi, i'a deux gars avec un chapeau chelou. Et ils lèvent des sabres. Mais ils ont as vu Chan.

              J'suis content qu'on ait renforcé la radio avec des coins en acier. C'est grossier, ouais, mais bam dans leur gueule aux deux, ça fait quand même des dégâts. Ca c'est la frangine, elle assure de plus en plus. Alors j'la check, à la bien. Puis j'me retourne vers l'vieux d'nouveau.

              - Wesh gros. S'tu veux pas que j'défonce encore tes trucs qui font d'toi un mec, tu vas nous dire qui t'es. Et puis, j'vais sans doute quand même te briser les noix. Toi-même tu sais, haha !

              Et Chan s'fend la poire avec moi. Et l'gars aussi, mais j'comprends pas trop pourquoi. Il est peut-être juste complètement con. 'fin, par rapport à moi, c'est sur qu'c'est pas une lumière. Ha ! Mais bon, quand même… Et c'quoi l'truc bizrre qu'il pointe sur moi ? I'a un p'tit clic, puis…

              - RAAAAYOOOOOOON LAAAAAAAAAZEEEEER!!!! TRANSFORMAAAAAATIOOOOOON!! MOOOOOODE LILLIIIIIPUUUUUUUUUUT!!

              I'a un truc trop ringard, genre disco et tout, qui vient d'me toucher. Merde. J'sens un truc qui change en oim. C'quoi c'truc. Et pourquoi i'a tout l'monde qui grandit ?
                C'bien la malchance pour la Jackie qui rétrécit sous le yeux du professeur Pillar qui en jubile de bonheur. Mais alors qu'il lève le pied pour écraser ta petite bouille de rappeuse, l'arme qu'il tient dans ses mains se met à fumer, une grosse fumée bien fluorescente dans le genre "matos de piètre qualité". Si tu vois le concept. Puis, accompagne la fumée un déplaisant bruit d'engrenages qui se fracassent, et enfin des éclairs entourent le flingue et se répandent partout autour du scientifique.

                -Que… Qu'est-ce qui s'passe!?

                Et l'arme de soudainement se mettre à tirer dans tous les sens, hors de contrôle de son utilisateur, même qu'elle bondit hors des mains de son possesseur pour toupiller au sol, les rayons traversant de part en part le navire… Mais décidément pas à votre avantage. Ceux qui sont touchés, ce sont les esclaves qui se mettent à rétrécir au milieu de la pagaille. Alors que, comble de la malchance, les tamouls frappés par les rayons, eux, gagnent un ou deux mètres de taille. Et un équivalent en muscles, bien certainement.

                -AAAAAAAAAAAAAAAAAH!! Je dois inverser le processuuuuuuuuss!!!

                Hurle Marcus Pillar en se jetant désespérément sur l'arme gagnée de folie. Et alors qu'il bidouille avec stress le fusil qui est stoppé dans sa rotation infernale, ce dernier laisse éructer un dernier rayon laser d'une taille impressionnante… qui va prestement percuter un Monster bien surprit qui se rapprochait alors du prof'.

                L'homme-poisson est renvoyé vers l'arrière dans un vol plané et retombe à l'eau dans une bruyante éclaboussure.

                Youbi, lui, toujours déchaîné malgré son ingestion, se met à réfléchir un peu. En effet, l'attaque d'Ishii l'a mise sur ses gardes, il doit activer son minuscule cerveau saurien pour trouver à son tour une botte secrète à offrir à ses adversaires. Et sa technique, il la trouve en la personne d'une Adrienne. Adrienne qui bien sûr, sous forme semi-insectoïde, fait montre d'une carapace recouvrant son dos. C'est sur ça que le gros reptile contre tabler pour infliger du dommage. Se saisissant de la jambe de la religieuse comme on se saisit du manche d'une arme. Youbi se met alors à utiliser le pauvre corps d'Adrienne comme une vrai matraque qu'il abat sans distinction sur les différents protagonistes lui faisant face. Soit Ishii et Rydd. Et pour ponctuer cette action et imposer sa propre technique, le dinosaure intitule son saccage:

                -AGAAAAAAAAAAAHAAAAAA!!!

                Comme quoi, un nom de technique, ça se travaille.
                  On dira ce que l'on veut. On pourra raconter que l'Ishii avait vu des monstres, des choses horribles et que de toute sa vie il n'avait voyagé que d'horreur en horreur. Oui, on pourra le dire. Mais ça ? Cette chose horrible ? Aux longues pattes chevelues, d'une couleur mélangeant le marron et le noir. Cette chose là, avec son crane tout carapacé, son immonde abdomen chevelu et ses minuscules jambes toutes fragiles. Non, l'Ishii n'avait jamais rien vu de tel. Alors quand le monstre, le vrai, tout immonde fonça sur lui, Ishii ne pu s'empêcher sous les cris du Rydd à s'apeurer :

                  _Hmm... Mince. Que faire …

                  _-«ATTENTION ISHII, CETTE CHOSE SEMBLE DANGEREUSE !»

                  _Hmm...Oui. Tu as raison.

                  Alors le cachalot jeta son parapluie au milieu de l'océan -parce qu'à One Piece où tombent des bateaux du ciel, la pollution, ça n'existe pas- et ressorti le plat de son épée. Sauf que le Rydd arriva avant, pour pourfendre... La coque du navire déjà bien abimé, à moitié fissuré, troué sur plus de dix mètres.

                  _Un pressentiment ?

                  L'Ishii renifla.

                  _Hmm... Pas moi.

                  Alors ses énormes jambes se cramponnèrent au plancher tout ruiné de la bataille, et le cachalot gicla de tout son poids vers le plus monstrueux. Le plat de sa lame vola sur la caboche de l'insecte géant et durant une seconde le temps s’arrêta. La seconde d'après, l'onde de choc faisait encore trembler le bateau, les plus faibles des ennemis se relevaient à peine de l'onde ; et surtout, la lame cassé volait haut dans le ciel pour ne laisser que le manche de l'épée au poings d'Ishii.

                  _Hmm... C'est triste.

                  Sauf qu'il n'eut pas le temps de pleurer, que déjà, le plus gros des monstres du navire se réveillait, avec un cris à faire pâlir les habitants de Little Garden, avec une haleine dont même après un repas à base d'ail, Ishii n'aurait pu égaler. Et le massacre commença. Un massacre dansant ou l'Ishii tout nu de sa lame perdue courrait dans tous les sens pour éviter les coups de matraque insecté de Youbi. Le pont se fracassait sous les coups. Le plancher se fissurait de toute part, jusqu'à ne plus ressembler qu'à un tas de copeaux sans organisation. L'Ishii se dit alors qu'il était temps d'agir. Qu'il fallait faire quelque chose pour ces pauvres esclaves ne voulant que retrouver leur calme. Leur liberté. Et le cachalot agit. D'un bond, il jaillit sur le Rydd sans que celui ci ne comprenne, lui saisi les jambes et fit voler le tout, de ses immenses muscles, vers la trogne du Youbi.

                  _Hmm... Un bon coup entre les yeux, s'il te plait. Mais laisse le en vie Hm... Si possible.
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                  Oh merde. Y a personne qui capte que c'est moi. Partout, je croise des regards apeurés. De la haine aussi. Rydd ? Ishii ? Tous contre moi. Le pire, c'est Rydd. Il me regarde comme si j'étais le diable en personne. Et Ishii ? Avec son calme imperturbable, je ne saurais dire en fait. Seuls les actes peuvent parler pour lui, excepter tirer sur son cigare et ses frémissements de moustache, évidemment. Je lève les mains. J'essaie. Parce qu'elles sont lourdes et c'est plus vraiment des points. C'est entre les deux, c'est mal formé. J'essaie de changer mon visage. D'en faire un truc amical, de sourire. Mais j'parie que ça sonne comme une grimace d'animal à leurs yeux. Il n'en faut pas plus pour que Rydd m'attaque. Et j'suis dans une saloperie de situation. Je me défends ? Comment ? J'vais quand même faire du mal à un Étranger ! Et puis, il y a le frère Franz qui observe. Si je fais acte de violence sous cette forme, il peut considérer que j'ai trahi. Il en faut peu à ce niveau-là tellement j'suis sur la ligne critique. Ne pas faire d'erreur, ça doit être mon credo. En un instant,j'fais mon choix. Je ferais rien. Tant pis si je me fais défoncer. Parce que Rydd est une brute de ce que j'ai pu en voir. Je bande mes muscles, enfin j'essaie, parce que tout me paraît si étrange dans ce corps qui paraît ne pas être moi. Je vois venir le coup et j'en ferme presque les yeux. J'attends un choc qui ne vient pas et je rouvre les yeux. Il s'est arrêté. Dans ses yeux, je vois le doute. L'incompréhension. Il a compris ? Il s'en doute. Je pourrais presque en pleurer si j'savais comment faire sous cette forme. Malgré mon corps difforme, il a vu que c'était moi. Merci Rydd. Si un étranger peut faire cette distinction, ils peuvent tous le faire, surtout le capitaine.

                  Je me tourne vers ce même capitaine. Ishii. Regarde-moi ! Je suis Adrienne ! Je suis pleine d'espoir. J'essaie à nouveau de parler, mais ce n'est qu'un borborygme qui parvient à traverser mes lèvres. Pas grâce, c'est le geste qui compte ! L'espoir, Ishii. Le bel espoir. Notre bateau. Tu avais raison. C'est l'espoir dont on a besoin. Et en ce moment, j'ai l'espoir que tu me reconnaisses. Tu ne briserais pas cet espoir, tout de même, toi, le porte-étendard de l'Espoir ? Des gestes. Des mots. Et au final, une question. Pourquoi ? Pourquoi Rydd et pas toi. Je recule. Je ne veux pas croire ce qui se passe devant moi. Ishii s'avance. Ishii attaque. Sans aucune pitié. Sans aucune compassion. M'échapper ! Je dois fuir. Où ? Et comment ? Ce corps, toujours ce corps qui m’empêche de me mouvoir comme je l'aurais voulu. Je me tords. Je bouge un pied. Trop lent, trop lent ! Et l'attaque qui arrive. Je fais front, soudainement. Pas parce que je le veux, mais parce qu'il le faut. Cette lame peut me blesser et l'instinct de survie passe avant tout. Le temps s'arrête, oui. Et je te regarde dans le blanc des yeux alors que tu es juste à côté. Tu vois mes larmes ? Je sais que je pleure. Forcément. Les larmes de celle que tu trahis. Que tu blesses. Si je m'en sors, je m'en souviendrais. Je me souviendrais de ton geste, Ishii Mosh. Je me souviendrais de ce que tu n'as pas fait à l'inverse de Rydd. Oui, c'est triste Ishii. Encore plus triste que la lame qui se brise sur ma toute récente peau. Si j'peux vraiment appeler ça une peau. J'ai reculé. Trois pas. Tu as reculé de trois bonds dans mon estime. Cette simple attaque a eu un terrible coût.

                  J'ai envie de tout casser. Je ne devrais pas, oh non ! Mais c'est une envie, ça vient du plus profond de moi-même. Se sentir trahi c'est se sentir blessé. Je veux exprimer cette blessure. Heureusement, j'ai le Seigneur pour me surveiller dans les yeux de Franz. Non. Me contrôler. J'ai déjà perdu le contrôle par le passé et je l'ai toujours regretté. Le perdre à nouveau serait la fin de tout. Plus que de perdre la confiance de quelqu'un, je perdrais la vie. Des mains de mes frères et sœurs. L'espace d'un instant, je reste amorphe, presque sans vie. Et j'ai à peine la conscience d'être attrapée par un pied ; ou une patte ; pour servir d'arme de fortune à un lézard pas content que je lui vole la vedette. Comme si ça me faisait plaisir, tiens. Valdinguant dans tout les sens, le premier chose me réveille. Mais je suis complètement inutile ! Il a dix fois ma force et sa poigne est d'acier. Les chocs s'enchainent. Il détruit tout et il me détruit petit à petit. Qui est la cible. Rydd ? Non. Ishii ? Ça serait bien fait pour lui. Et puis, c'est pas ma faute si j'le tape. Tiens, en y pensant, c'est presque satisfaisant comme situation. Sauf que je sais qu'au fond de moi, c'est mal et qu'il faut arrêter ça. Et je sais pas comment faire. Retour à la case départ. Et j'encaisse. J'encaisse. J'ai mal et j'peux rien dire. Serrer les dents, j'peux faire que ça.

                  Finalement, Ishii et Rydd passent à l'attaque. J'ai du mal à voir l'action. J'vois qu'un Rydd surpuissant arriver pile dans la gueule du lézard avec une force telle qu'il me lâche et m'envoie jarreter vers le pont en ruine. L'espace d'un instant, j'parviens à voir un Ishii tout tranquille, fumant son cigare comme à son habitude. Comme si tout se passait comme prévu. Un bref accès de colère, mais je l'étouffe aussi sec. Ne pas faillir. D'un autre coin de l'oeil, j'vois le lézard voler dans les airs. Ouai, carrément. Quand j'disais que Rydd, c'était un brute, c'était pas des conneries. En même temps, moi aussi je vole. Et je finis par rencontrer le bois du pont et j'le râpe sur la longueur. J'pourrais m'estimer heureuse de la situation. Tout est bien qui finit bien, sauf que je zieute un truc vachement chelou sur ma trajectoire. Une mini-jackie. Ouai. Jackie, mais encore plus petite que d'habitude. J'la vois qu'elle s'aperçoit que je lui fonce dessus. J'dois paraître aussi gros que le lézard est gros pour moi. Pire même. J'voudrais bien gueuler, mais j'peux pas. Alors, j'lui fais les gros yeux. Et j'lui passe dessus. Je crois. Je sais pas. Ma course continue vers un des nombreux trous du pont et j'y passe sans pouvoir y faire grand-chose. Le choc sur le pont inférieur est rude et c'est un miracle si ce pont-là s'effondre pas aussi. Par contre, j'ai peut-être écrasé quelque chose sous moi. Si c'est humain, j'suis pas dans la merde. Et faut pas non plus oublier Jackie que j'sais pas qu'elle est là. Ou je suis ? Dans la cale peut-être. Il y a des tas de mecs de l'équipage. Des esclaves surtout. Et j'entends une voix bizarre. Une voix familière plutôt. Je la reconnais et ça me rassure. J'suis pas toute seule à ce niveau, j'peux compter sur C-404.
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                  What the f...

                  A peine allait-il parvenir à pénétrer à l'intérieur du navire, non sans avoir cassé quelques bras pour ne pas être tranché en deux, qu'il était victime de l'attaque qui avait fait grossir le gros reptile. Et ça, ça n'augurait rien de bon, surtout au vu de la taille du rayon ! L'impact fut terrible. Il avait l'impression que toutes les cellules de son corps s'étiraient jusqu'à la limite de l'explosion. Comme si l'on allongeait son corps au delà des limites du possible. Son cœur battait dans ses oreilles, de plus en plus fort, comme s'il essayait de s'enfuir de sa poitrine. Ses yeux étaient sur le point de sortir de leur orbite.

                  Il fut projeté loin du navire. Son vol sembla durer une éternité. En tout cas largement assez longtemps pour qu'il ressente la douleur dans chaque fibre de son corps. Et il ne savait pas pourquoi, mais ça le rendait furieux. Lorsqu'il transperça la surface, l'impact avec l'eau lui procura de nouveaux maux, et là aussi sa colère enfla. Pourquoi toute cette violence en lui ? Pourquoi ressentait-il l'envie de tuer quelqu'un ?


                  *Le rayon ! Le gros reptile ! Mon corps change, j'ai déjà grossi, j'en suis sûr !*

                  *Un rayon ? Grossi ?*

                  *Oui, souviens-toi, après avoir été frappé par le rayon, la taille du lézard a décuplé et il est entré dans une sauvagerie incontrôlable.*

                  *Je m'en fiche. J'ai faim.*

                  *Résiste, résiste, ne deviens pas pire monstre que tu n'es !*

                  *Y'a un bateau là bas. Avec plein d'êtres humains... J'ai... J'ai envie de chair fraîche...*

                  *Non ! Contrôle-toi !*

                  *Penser est fatigant. Ça donne faim. Je veux plus penser*

                  Et l'esprit disparut. Laissant place à l'instinct. Un instinct de prédateur au sommet de la chaîne alimentaire dans tous les océans. Un instinct de Monstre. Alors le corps s'abandonna aux mutations qui firent exploser l'eau autour de lui comme un geyser géant. Il sentit sa propre puissance. Il était temps de chasser, et pour cela il se releva. Dans ce petit bassin, l'eau ne lui arrivait qu'aux hanches.

                  Spoiler:


                  -GRAAAAAAAAAAAAAA


                  Et il commença à s'avancer. Ses mouvements étaient lents, mais qu'importe. Il savait que sa proie ne pouvait s'échapper. Quel morceau allait-il choisir ? Cet homme blond ? Ce vieil humain ? Ou bien...

                  Son regard tomba sur cet humanoïde ressemblant à une baleine. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il le détestait. C'était viscéral. Mais cette petite créature ne pouvait rien contre lui. Il le dévorerait en premier. Peut-être même jouerai-t-il quelques minutes avec sa vie, avant de l'avaler.


                  -UUUUURGAAAAAAA

                  Tiens, ce cri relativement peu inquiétant au vu de sa position dans la pyramide de l'évolution ne venait pas de lui. Mais plutôt de la créature verdâtre qui volait faire lui. Très vite. Trop vite. L'impact fut terrible et renversa Monster qui tomba sur le dos, soulevant des vagues de plusieurs dizaines de mètres de haut qui se dirigeaient à présent vers le navire et promettaient de sérieuses secousses aux proies qui s'y trouvaient. Mais le titan-pieuvre n'en avait cure. Une seule chose occupait son esprit : on l'avait attaqué. Lui ! L'empereur des mers. Et le coupable se trouvait sur son ventre, apparemment sonné.

                  Il devait bien faire la taille de sa tête. Une abomination reptilienne avec des dents pointues. Lui aussi semblait le dévisageait alors qu'il reprenait ses esprits, et apparemment lui aussi le considéra comme un ennemi car il planta sa mâchoire dans le cuir flasque de l'abdomen de Monster, qui poussa un hurlement assourdissant.

                  Quel injure ! Ce parasite venait officiellement de lui déclaré la guerre, et devint instantanément l'ennemi numéro un, devant l'homme-baleine.

                  Lentement il se redressa, et dirigea sa main en direction de l’intrus pour l'écrabouiller. Mais celui-ci, plus rapide car plus petit, esquiva aisément et se servit de ses griffes acérées pour escalader le corps visqueux de Monster, qui n'appréciait pas trop la sensation de sa chair transpercée. Sa fureur n'en fut qu'amplifiée. Alors il entreprit de se servir de ses tentacules encore cachées sous les eaux pour l’atteindre. Il avait beau être rapide, il ne pourrait pas tout éviter et allait obligatoirement se retrouver coincé à un moment ou à un autre.

                  Chaque tentacule qui émergeait provoquait un nouveau déferlement de vagues qui se dirigeaient vers les navires insignifiants. Monster ne s'en préoccupait pas, tout focalisé qu'il était sur le reptile qui fonçait vers son visage.
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