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Une légende, jamais ne meurt.

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La jeune femme releva la tête. Elle avait maintenant dix minutes à tuer. Se levant, elle observa la pièce un peu vide où elle se trouvait. Voilà ce qu'ils avaient amassé pendant un an. Tout était dans cette petite maison, bien à l'écart du village. Cela faisait maintenant pratiquement deux ans qu'ils étaient venus s'installer ici, avec son frère. Dans un coin étaient entassés la bêche, le râteau, la pelle et les autres outils de jardinage. Ce serait bientôt l'époque de la récolte, ce qui tombait vraiment bien car il aurait été malvenu de taper encore dans la liasse de billets. Elle avait déjà tellement diminué, depuis le temps! Le point positif, c'était que maintenant, il n'y avait plus de dépenses. Les deux amis parvenaient à subvenir à leurs besoins. C'était facile, avec le potager, le jardin et les petits boulots qu'ils avaient obtenu. Bien sûr, ça n'avait pas été la même chose quand il avait fallu se cacher...

La brune sursauta en entendant un grincement. Elle resta immobile quelques instants avant de soupirer. Des vieux réflexes tout ça... Comme pour s'assurer que son passé avait réellement existé, elle se dirigea lentement vers un meuble bas, de mauvaise facture. Après avoir fait tourner la clé avec une délicatesse presque chirurgicale dans la serrure, elle tira le battant qui s'offrait à elle, prit les piles d'assiettes et les divers bibelots qui trônaient sur l'étagère et alla les poser sur la table, avant de revenir vers le meuble. Doucement, la jeune femme entreprit alors de retirer l'étagère puis commença à tâter le fond du meuble. Un «clic» retentit et la demoiselle enleva le double fond, qu'elle posa précautionneusement à côté d'elle.

Les yeux de la donzelle brillèrent en découvrant derrière la planche de bois, tout ce qu'elle avait laissé derrière elle. Toute sa vie passée. Il y avait là son armure, sa fidèle armure, commandée à Logue Town, des pistolets, diverses armes contondantes, des instruments chirurgicaux, des poisons mais surtout... Surtout un gros bloc de granite marin. La jeune femme sourit, se rappelant comment elle avait trimé pour l'obtenir. Cette substance n'avait pas de prix. Aucun. On ne pouvait en avoir qu'en faisant partie de la marine, et encore. Il fallait également faire ses preuves avant. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pensé à la marine. On ne les croisait pas dans le coin, jamais, ils ne s'aventuraient pas dans le désert, et c'était une des raisons qui avait poussé les deux compères à élire domicile dans un coin aussi reculé, à poser leurs valises et à se sédentariser.

Le jour commençait déjà à décliner. Le temps avait passé si vite cette après midi! La jeune femme n'avait même pas eu le temps d'arroser les choux et les carottes... D'un pas trainant, elle remit le fond du meuble, l'étagère et son contenant et prit un seau avant de sortir de la maisonnette et de se diriger vers le puits. Après avoir attaché le récipient au crochet, elle le précipita à travers le long cylindre de pierre qui menait à l'eau, plutôt rare aux vues l'aridité du pays. La protagoniste le remonta ensuite avec aisance, malgré son poids, et le porta jusqu'au cabinet, situé derrière un paravent. Elle aspergea abondamment et longuement sa chevelure et regarda s'en aller une eau maronnasse, emportant la teinture qui n'avait pas été absorbée.

Relevant la tête, la donzelle observa son reflet dans le miroir qui était accroché au dessus du lavabo. Décidément, elle ne s'habituerait jamais à cette couleur pratiquement noire, qui tranchait tellement de la teinte naturelle de ses cheveux. Mais c'était ainsi, cette crinière sombre passait inaperçue quand elle allait en ville, et il avait bien fallu faire quelque chose pour dissimuler ses traits trop visibles. La brune n'avait pas réussi à retrouver de lentilles depuis un moment et gardait donc ses yeux rouges, qui, comme sa peau blanchâtre, restaient la preuve de son passé. Mais qui aurait songé à venir chercher dans ce coin paisible et désolé, sous les traits d'une paisible fermière et de son jeune frère, une ancienne criminelle, n'ayant pas fait de vagues depuis plus d'un an? Oh oui, elle était bien loin, la Kana Suu d'avant...


Dernière édition par Kana Suu le Lun 24 Juin 2013 - 10:14, édité 3 fois
    Lorsqu'ils étaient venus se cacher sur Grand Line, la première chose qu'ils avaient fait avait été de changer d'identité. Hotaru était devenu Amenaâ et Kana, Diounout. Tout deux portaient le même long et imprononçable nom de famille: Hotepsekhemouy. Ils s'étaient directement fait passer pour frère et sœur et tous deux avaient donc dû se teindre les cheveux en noir. Une fois achetés les habits traditionnels d'Alabasta, cela avait été facile de passer inaperçu. Kana déplorait cependant toujours les lourds vêtements un peu rêches qu'ils avaient acquis, mais c'était ce qu'il y avait de mieux pour vivre dans le désert. Ceci dit, ils n'étaient qu'à deux heures de marche de la ville la plus proche, Katorea, bien qu'ils ne se réjouissaient jamais de devoir faire tour dans la cité.

    ~~~~

    Quelque part, il y a bien longtemps...


    Lorsque les compères avaient débarqué, ils avaient tout de suite cherché un endroit reculé. Durant plusieurs nuits, ils avaient plus ou moins dormi dans un petit hôtel, sur une place pratiquement désaffectée. Les souvenirs des marines qui les avaient poursuivi restaient ancrés assez profondément pour les faire sursauter à chaque bruit étrange. C'était donc pleins de cernes et fourbus qu'ils avaient écumé les petits bars miteux de Katorea, se renseignant sur la localisation éventuelle de micro-oasis où ils pourraient vivre tranquilles.

    Dis, Ka... Euh, Diounout, tu penses qu'on trouvera quelque chose aujourd'hui?
    demanda Hotaru.

    Je n'en sais rien, ça fait des jours qu'on cherche sans résultats... répondit la jeune femme d'un voix lasse.

    Le garçon poussa la lourde porte de bois et tout deux entrèrent sans conviction dans l'établissement «Au cerveau de poney rance», qui semblait vraiment très... accueillant. Une ambiance glauque et très froide, comparée à la chaleur extérieure, les enveloppa. La lumière était apportée par une ou deux bougies disséminées dans la petite pièce bondée, rien ne filtrait des fenêtres recouvertes d'une bonne dose de crasse. Un vieux barman édenté servaient des breuvages aux couleurs atypiques dans des sortes de tasses ébréchées, qui, au moins, semblaient à peu près propres. Il y avait cependant bien plus de monde que les précédentes fois où les deux compères avaient tenté leur chance dans ce bar. L'agitation et la rumeur des conversations semblaient emplir l'espace et lui donner une nouvelle profondeur, plus intimiste.

    Euh, bonjour? Vous venez d'où? questionna l'albinos.

    HE TOI! SI TU VEUX RESTER, TU CONSOMMES! J'AIME PAS LES CRÈVES LA FAIM! beugla le barman.

    Ouais c'est bon calme toi vieux débris! jeta Kana avant de se tourner vers son frère, tiens Amenaâ, va satisfaire l'imbécile et prend moi un alcool fort, histoire de désinfecter le tout, j'ai pas trop envie de tomber malade...

    Une femme qui boit de l'alcool? remarqua un homme adossé au comptoir, d'un ton amusé.

    Bien sûr, pourquoi? Cela vous choque tant que ça? répliqua la demoiselle, piquée au vif.

    Bah z'êtes bien jeune!

    Bof, ça n'a rien à voir...

    L'ancienne pirate observa les tenues du groupe qui lui faisait face. Elle ne l'avait pas remarqué de prime abord mais ils portaient tous la tunique du désert. Peut être que la chance venait enfin les aider?

    Dites, je cherche un micro-oasis, pas trop loin de la ville où je pourrais m'installer avec mon frère, vous en connaitriez pas un par hasard? demanda Suu.

    Hum... Ouais je crois bien qui y'en a un pas trop loin, deux heures de marche tout au plus, mais vous semblez pas tailler pour ça mademoiselle! répondit le plus vieux des hommes, qui devait être le chef.

    Détrompez vous, l'effort ne m'a jamais fait peur! Vous pourriez nous emmener?

    Faut voir, si vous ralentissez pas le groupe pourquoi pas... On part pour Alubarna demain, on pourrait vous emmener par la même occasion... Moyennant payement bien sûr!

    Combien?

    Hum... 100.000 berrys? proposa un marchand avec un large sourire, qui dévoila ses dents gâtées.

    Or de question, répliqua Kana d'un ton catégorique.

    Bon, ok, 10.000, se renfrogna-t-il.

    C'est bien mieux mais je ne me laisserait pas arnaquer... Je ne mettrait que 1.000 par tête, c'est à dire 2.000 berrys au total.

    Ouais, 'fin vous avez l'air de quelqu'un qui fuit quelque chose, une famille peut être? On a voulut vous marier et vous vous z'êtes enfuie?

    Vous n'y êtes pas du tout, et cela ne vous concerne pas de toute façon. J'aimerai la somme demain, abandonna la jeune femme.

    Ce n'était vraiment pas le moment de se faire questionner. Kana bouillonnait, enfin ils allaient pouvoir quitter cette fichue ville! S'éloigner du port serait un réel soulagement, même si ils étaient principalement restés dans le sud de la cité...


    Dernière édition par Kana Suu le Mar 18 Juin 2013 - 9:45, édité 3 fois
      Kana secoua la tête. Ces derniers temps les souvenirs remontaient un peu trop facilement à la surface. Ils commençaient à envahir son quotidien, à tel point que cela en devenait une obsession. Ça faisait d'ailleurs plusieurs jours qu'Hotaru la regardait étrangement en rentrant le soir. Peut-être la jeune femme devenait-elle sénile? A force de rester toujours dans les quatre même murs. Mais c'était plus fort qu'elle, elle devait tellement se faire violence, rien que quand il s'agissait d'aller au petit village, à dix minutes, qu'il n'était même plus envisageable d'aller à Katorea. Et puis, la médecin n'avait vu personne d'autre que son frère depuis un bon moment, les journées et les nuits étaient douces et il n'y avait personne à soigner.

      Une véritable déprime entourait Suu qui paraissait avoir prit vingt ans d'un coup. Et puis ce n'était pas tout, elle se refermait sur elle même, les mêmes rêves récurrents la secouait la nuit et il y avait bien sûr la paranoïa... L'ancienne femme robuste avait bel et bien prit un coup. Et c'était vrai que jamais, dans l'état dans lequel elle était actuellement, elle n'aurait pu songer à traverser le désert, pour peu qu'elle l'avait voulu. C'était d'ailleurs un vrai problème dans la région. Les personnes âgées se reposaient totalement sur les jeunes, surtout dans les micro oasis isolés, comme celui de Thouta-menkton. Mais la brune aux allures de vieillote en avait marre. Sa vie d'errance lui manquait au moins autant que sa liberté, perdue à partir du moment où elle avait eu une prime. Pourtant, Kana n'avait plus envie de se battre. Elle n'arrivait plus à retrouver ses convictions et tout ce qui l'avait motivé, elle avait peur. Peur de la marine et de l'emprisonnement.

      Mais pourtant, n'était-ce pas déjà ce que la jeune femme vivait au quotidien? Elle avait, certes, une grande cage, mais celle-ci était bien délimitée par de grandes étendues de sable. Cela faisait si longtemps que l'albinos n'avait plus vu de neige... Cela lui manquait énormément, elle avait passé son enfance à se cacher derrière la glace et aimait le froid et la sensation de sécurité qu'elle lui procurait. Et, bien sûr, c'était le parfait opposé du climat d'Alabasta. Enfin, quand ils s'étaient installés, les deux compères n'avaient pas réellement choisi leur destination. Ils n'avaient été que trop heureux de pouvoir
      se cacher dans ce royaume, moyennant une grosse somme d'argent, certes. Nos protagonistes avaient réellement eu beaucoup de chance ce jour-là, la chance de tomber sur un type pas trop regardant, la chance que les marines ne les aient pas reconnus immédiatement, la chance que Katorea soit à peu près déserte pour raison de fête à Alubarna, la chance d'avoir un portefeuille bien fourni.

      Une fois de plus, Suu se força à s'extraire de ses pensées. Il fallait faire à manger avant que Hotaru rentre. Se forçant à se relever de son fauteuil défoncé, la demoiselle traina le pas jusqu'à la kitchenette. Qu'allait-elle bien pouvoir préparer? C'était pas son dada, la cuisine, mais celui de son frère. Mais bon, depuis qu'il avait commencé à sérieusement travailler en tant que charpentier, il n'avait plus le temps. Il rentrait tard et exténué à la maison. Kana essayait de ne rien laisser paraître mais à chaque fois qu'il partait, elle avait une boule dans la gorge à l'idée de ne jamais le voir revenir, et d'un autre côté, il aurait mieux valut cela. Il était jeune, il pouvait faire ce qu'il voulait de sa vie et il restait inutilement planqué avec elle. Le garçon la considérait comme sa sœur depuis qu'elle l'avait libéré, et jamais il n'aurait voulu la quitter. Pourtant, bien qu'elle éprouve les mêmes sentiments fraternels à son égard, l'ancienne pirate ne pouvait s'empêcher d'éprouver des remords et de se sentir coupable de ne pas lui offrir la vie dont il aurait pu rêvé quand il était plus petit... Elle aurait tant voulu pouvoir revoir ses cheveux blonds comme les blés danser autour de son sourire rayonnant, comme avant la mort de Kaetsuro.

      Décidément, les souvenirs revenaient vraiment en trombe aujourd'hui! Secouant pour la énième fois sa caboche dans le maigre espoir de faire sortir tout ça, Kana éventra un jambonneau et fourra quelques gousses d'ails dedans avant de le recoudre d'une main experte. Elle alla ensuite chercher deux carottes dans une caisse recouverte par une toile de jute, qu'elle trancha en rondelles. Après avoir mis le tout dans un grand plat en fonte, la cuisinière improvisée alluma péniblement un feu. L'odeur et le grésillement du repas en train de cuire ne lui donna cependant ni appétit ni entrain et elle retourna s'enfoncer dans son fauteuil.


      Dernière édition par Kana Suu le Ven 31 Mai 2013 - 23:00, édité 1 fois
        L'ancienne pirate s'éveilla en sursaut. Elle regarda autour d'elle. Non, elle était bien dans sa cachette tranquille, à Alabasta, dans le désert. La preuve, son matelas était constitué de paille. La jeune femme se leva doucement pour ne pas réveiller son frère et se dirigea vers la porte, qu'elle ouvrit sans bruit avant de se glisser dehors. Son poul battait la chamade et elle était en sueur. Oh, bien sûr, Kana aurait dû y être habituée maintenant, étant donné que ça faisait des mois qu'elle faisait le même rêve. Un rêve déstabilisant, pas vraiment cauchemar mais plus souvenirs. Pendant un instant, Suu éprouva une joie et une haine sauvage, qu'elle n'avait pas ressentie depuis bien trop longtemps, avant de retomber dans sa torpeur habituelle.

        Ce songe était son passé, et avait dicté son présent. Ce n'était pas par choix, que les deux compères s'étaient cachés il y a ce qui paraissait à l'albinos être des siècles. Non, cela avait été une obligation. Après avoir quitté Minos et les autres anciens Nigawarai, sur une île quelconque de Grand Line, Hotaru et sa sœur avaient enchaîné les embrouilles. Tout d'abord avec un vol qui, de prime abord, leur avait paru sans apparence.

        En effet, ce jour là, les deux amis avaient décidé que, pour continuer à avancer, il faudrait mieux qu'ils possèdent leur propre coque de noix, mais tout cela en restant dans des proportions très modestes, loin du Mujinzoo ou des multiples navires pirates ou marines qui sillonnaient les mers. Ceci étant dit, on ne pouvait voyager sur Grand Line comme on le faisait sur les Blues, et cela n'étaient pas pour avantager nos deux acolytes. Eux auraient voulu prendre une barque et pouvoir voguer à leur guise, mais on ne pouvait faire agir ainsi, il fallait un navigateur pour prendre le large, sans quoi, ils sombreraient dans la journée et leur cadavres alimenteraient les poissons, à défaut de rejoindre une berge. Cependant, ce dont Kana et Hotaru étaient certains, c'est qu'ils en avaient marre de voyager via des bateaux de commerce. Ce n'était pas comme ça qu'ils avaient envisagé le futur en dévalant Riverse Montaigne avec Shinji et ce n'était pas ainsi qu'ils souhaitaient vivre leur aventure.

        Ainsi, la décision qu'avaient prises les camarades était logique: trouver un nouveau compagnon qui pourrait les guider dans ces mers troublées. Plan simple en apparence, mais très compliqué à appliquer, ce qu'ils avaient très vite compris d'ailleurs. Sur Grand Line, les navigateurs pirates étaient soit fous, soit sanguinaires. Et encore fallait-il en trouver un qui n'ait pas signé. Toutes ces conditions, alliées à la petite taille de l'île, rendait la tâche incroyablement ardue. Tout ça, nos compères l'avaient vite compris. Ils avaient donc en quelque sortes abandonné leurs desseins, temporairement, et avaient rejoins une troupe de brutes stupides et ivres, qui se revendiquaient chasseurs de primes sans reconnaître une tête à récompense... Situation plutôt ironique pour Kana qui avait donc commencé à traquer du pirate, sans grand succès, il fallait bien l'avouer.

        Et puis un jour, il y avait eu cette rencontre avec un bâtiment de la marine...

        ~

        La jeune femme frissonna en regardant le ciel parsemé d'étoiles. Cette coïncidence avait fait tout basculer. C'est ce qui avait entrainé l'albinos à abandonner la piraterie et à se ranger, dans l'ombre, certes, mais à arrêter tout de même. Sa traque n'avait aucun sens si elle perdait ceux à qui elle tenait le plus. Hotaru ne lui en avait jamais voulu, et ne gardait pratiquement aucunes séquelles, grâce aux soins de la médecin, mais jamais elle ne pourrait oublier. Ce souvenir la hanterait toujours, jusqu'à sa mort et Suu s'en voudrait, de toute façon, éternellement. Jamais elle ne pourrait dormir paisiblement ou se pardonner. Ce jour, ce fameux jour où elle avait faillit tuer son propre frère, où il avait temporairement perdu une partie de ses facultés.


        Dernière édition par Kana Suu le Ven 31 Mai 2013 - 23:03, édité 2 fois
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          Suite FB

          Le marine explosa d'un rire méphistophélique. Avec un sourire vicieux, il effleura la joue du gamin blond avec la lame de son couteau. Le soleil se refléta sur le métal dans un éclat éblouissant. Un mince filet de sang coula de l'estafilade peu profonde que le bleu avait tracé dans la chair. Il en recueillit une goutte du bout du doigt et observa ses reflets carmins avec délectation avant de la poser délicatement sur sa langue. L'homme frémit en poussant un soupir d'aise puis regarda longuement le visage de sa proie. De la frayeur première qu'il avait ressentie, puis de la colère, le plus amusant était de voir son visage se décomposer, incrédule. Il venait de comprendre que la torture était un des passes-temps favoris de l'officier. On pourrait bientôt lire sur ce doux visage la souffrance. Mais ce n'était rien en comparaison du spectacle que réservait l'autre proie.

          Kana poussa un rugissement en se débattant avec les cordages qui la retenait au mât. Si l'équipage de chasseurs de prime qu'elle et son frère avaient rejoins n'était constitué que de types stupides, ils n'en restaient pas moins plus ou moins alliés à la marine, et même si ils ne l'avaient pas identifiée, ils n'avaient pas été en sécurité. C'était entièrement de sa faute. Jamais Suu n'aurait dû entraîner Hotaru là dedans, de toute façon il n'aurait même jamais dû rester avec elle, la jeune femme ne le méritait pas mais surtout, elle le mettait beaucoup trop en danger. Dire que ça s'était passé tellement bêtement, et maintenant Ayami risquait de perdre la vie... L'albinos ne pouvait le tolérer.

          La vigie avait repéré un bâtiment de la marine qui approchait, et les occupants de ce dernier avaient prétexté une visite de contrôle pour se faire payer l'apéro et profiter des gens qui bossaient. Comme d'habitude. Les marines avaient immobilisé le bateau quelques heures. Pendant ce temps, la médecin s'était cachée dans sa cabine. Si elle n'avait pas eu besoin de se déguiser pour tromper cette bande d'idiots, ce serait totalement différent avec des représentants de l'ordre établi. Tenter de se dissimuler était une bonne idée mais c'était sans compter la fourberie des bleus. Ils souhaitaient acquérir quelques trésors dans le but de m'amuser au prochain port qu'ils croiseraient. En fait, rien ne les différenciaient vraiment de pirates classiques, en dehors du fait que les chasseurs de prime n'avaient pas leur mot à dire et restaient fidèlement assis sur le pont. Engagez-vous qu'y disez, vous verrez du pays...

          Toujours était-il que la coque de noix avait été fouillée de fond en comble, et évidement, une passagère dissidente et son protégé n'étaient pas passés inaperçus...

          Pourquoi z'êtes pas sortis quand le cap'taine en a donné l'ordre?
          demanda un soldat.

          Mon frère est malade, j'étais à son chevet en train de le soigner, répondit Kana avec aplomb et fierté, comme toujours lorsqu'elle évoquait son métier, hérité de sa mère.

          Laisse tomber Mac', je sais très bien pourquoi elle est pas sortie, lança le capitaine en question.

          Il se leva et regarda les chasseurs de prime avec dédain.

          Il semblerait que, pour une fois, ce ramassis de minable ait capturé une tête, sans pour autant s'en rendre compte.

          Des murmures s'élevèrent de partout et la pirate vit des yeux ronds comme des billes la dévisager. Elle était déjà ligotée, elle ne pouvait de tout façon rien faire, étant donné qu'on lui avait pointé un pistolet sur la tempe. L'officier fouilla dans une liasse de papiers qu'on avait été lui chercher et ressorti celui de la doctoresse. Son affiche «recherché», accompagné d'un montant somme toute correct.

          Voyons ça... Kana Suu... Ta prime s'élève à 12.000.000 de berrys... S'pas grand chose, mais on fera avec! Bon, les gars on remballe! lança le marine.

          Hé attendez! Monsieur Portaj! C'est nous qui l'avons trouvé! On se rendait justement dans un Q.G. pour...
          tenta le capitaine de chasseurs.

          Pas de ça avec moi Milo, et puis, ça couvrira une partie de ta dette. On repassera le mois prochain, ricana le commandant. Emmenez ces deux là, ajouta-t-il à l'intention de ses sous-fifres.

          Et ce fut sous cet ordre qu'on entraina les deux compères vers le bâtiment marine.


          Dernière édition par Kana Suu le Mar 18 Juin 2013 - 9:49, édité 3 fois
            Des cris de souffrance. Encore. Toujours. Cela faisait des heures que ça durait, mais le bourreau ne se lassait toujours pas de brûler de de mettre à vif de la chair tendre et immaculée. Kana avait perdu depuis un moment la faculté de parler, s'étant usée les cordes vocales à hurler au marine de faire cesser son jeu pervers. La pirate n'avait pas tout de suite reconnu le chef sadique attribué aux eaux qu'ils traversaient avec son frère avant de se faire embarquer. Pourtant, cela avait fini par lui revenir en mémoire après un long moment de torture. La jeune femme s'était évertuée à apprendre les noms et les visages importants de chaque zone de Grand Line, pour pouvoir agir en conséquence. Toujours était-il que ça n'avait servi à rien. Suu était une incapable.

            De longs filets de larmes coulaient encore et toujours des grands yeux rouges de la médecin tandis que l'on meurtrissait son frère dans la salle adjacente. Elle ne pouvait le voir, seulement l'entendre, ce qui était un supplice intenable. Au début, Kana avait essayé de se débarrasser de ses chaînes, ou de faire en sorte que ça soit elle qu'on châtie. Mais elle s'était vite rendue compte qu'elle ne pourrait pas se détacher aussi facilement, même si elle continua, bien qu'ayant les poignets en sang, et surtout que le but était de l'achever psychologiquement, mais que son visage reste reconnaissable entre tous, pour la prime qu'il représentait. Oh, c'était dérisoire pour un officier, mais cela devait vraisemblablement amuser le dénommé Portaj. Vidée, la pirate sombra dans l'inconscience à la seconde ou les hurlements de son frère se changèrent en soupirs et que le tortionnaire sortit avec ses outils plein de sang.

            Le premier réflexe de la primée fut de ne plus manger, dans l'espoir de se rendre méconnaissable. Elle comptait également trouver un moyen de mutiler son visage mais ne trouvait pas de temps pour réfléchir, car les séances de tortures reprenaient quasi immédiatement après qu'elle se fut réveillée. Les jours de navigation de succédèrent, sans que la jeune femme ne puisse les compter, enfermée comme elle l'était dans le noir. Il semblait simplement que le capitaine ait décidé de ne pas les livrer immédiatement, avec Hotaru, mais de se délecter de la douleur des deux compères, autant physique que morale.

            Kana finit par reprendre son flegme et une froide détermination s'empara d'elle. Elle mangeait tout ce qu'on lui offrait puis faisait semblant de dormir pour écourter les séances d'Ayami. Bien sûr, la douleur de savoir son meilleur ami ainsi mutilé, sans même pouvoir se représenter l'étendue des dégâts, épuisait la doctoresse qui faisait de son mieux pour dormir, bien que ce ne furent que des cauchemars qui lui rendirent visite. Comme il y a bien longtemps sur Tequila Wolf, à une époque que la pirate aurait préféré oublier, ou occulter, la haine redevient son sentiment prédominant. Oh, bien sûr, elle ne se changea pas non plus en animal, mais ce n'était pas loin. Tout ce que l'albinos pouvait ressentir était tourné vers le meurtre et le sang, comme avant qu'elle ne rencontre Hotaru, en somme.

            Suu avait simplement compris qu'ils n'auraient qu'une chance de s'échapper, et que pour cela elle devait avoir suffisamment de force pour pouvoir abattre l'unité de marines, pas forcement au complet. Enfin, pas avant d'avoir récupéré ses affaires. Le plan étant simple. Tirer sur ses poignets, inlassablement, afin qu'ils finissent par passer à travers des cercles en métal puis récupérer son frère et ses affaires une fois que le bâtiment aurait accosté et le faire exploser. Toute personne qui se dresserait devant elle serait son ennemi et la pirate n'aurait aucun mal à l'éliminer.

            Kana tira d'un coup sec sur ses poignets, ce qui lui arracha un gémissement. Un lambeau de peau se décrocha et vint se poser par terre, devant son écuelle vide. Le travail progressait, elle pouvait maintenant faire glisser les menottes sur la moitié de sa main. L'albinos passa donc à des exercices d'étirement, afin de garder ses muscles en état de fonctionnement. Son visage ne se déforma pas sous la douleur. La médecin était devenue une machine.
              Une pompe. Deux pompes. Trois, puis quatre. Kana arrivait depuis deux jours à retirer ses mains de ses menottes, et comme ses poignets avaient un peu cicatrisé, la jeune femme pouvait accomplir des exercices un peu plus évolués. Le temps passé à jeun avait un peu atrophié les muscles de la médecin, mais c'était du passé maintenant. En effet, la combattante avait retrouvé son dynamisme, et les hurlements toujours présents, mais de moins en moins fréquents de son frère, motivaient incroyablement Suu dans ses exercices. Il ne manquait plus qu'à attendre que le bateau soit à quai, car l'albinos n'était pas assez folle pour essayer de s'enfuir sur une barque. Et cela ne couterait pas assez chez aux bourreaux.

              Depuis le temps qu'elle était dans sa cale, la doctoresse avait appris à reconnaître la différence entre jour et nuit en fonction des bruits qu'elle percevait. La pirate arrivait à deviner que le soleil se levait quand des bruits de pas précipités s'entendaient sur le pont avec des ordres criés d'une voix forte. Au contraire, le crépuscule laissait la place au roulis et aux bruits sourds, provenant d'un peu partout dans le bâtiment. L'heure du repas du midi était celle des trépignements, et son propre repas arrivait toujours une à deux heures après, en fin de marmites. Enfin, Kana ne pouvait pas se plaindre, elle n'avait que très rarement faim, et profitait du fait qu'elle soit de moins en moins intéressante pour se muscler et s'entraîner.

              Le temps paraissait néanmoins long, et la jeune femme commençait à craindre que le bateau ne se soit mis en route vers une prison. Et c'est ainsi qu'un soir, la prisonnière perçu le rabattage des voiles sur le pont, avec des grognements, des directives lancées ça et là et, bientôt, les chants et la fête. La médecin attendit patiemment que la rumeur désenfle sur le pont et que l'heure du diner passe largement. Ce soir, personne ne viendrait lui balancer une écuelle de restes, ni torturer son frère. Avec appréhension et soulagement à la fois, la pirate passa une dernière fois ses poignets à travers les menottes qui la retenait à son poteau et se dirigea vers la lourde porte de bois de laquelle ne s'écoulait plus aucun bruit. Elle posa sa main sur la poignée en retenant son souffle, plus l'abaissa dans un léger déclic.

              Suu se mordit les joues en découvrant l'état dans lequel était Hotaru. Bien sûr elle s'était attendue au pire, c'était d'ailleurs le but du jeu, mais le voir et l'imaginer étaient deux choses bien différentes. Étant docteur depuis des années, on pouvait dire que l'albinos avait vu des personnes dans un bien pire état, mais la plupart du temps, c'étaient des inconnus. Là, c'était son frère qui était allongé sur le billard, et c'était sa faute si il était dans cet état-là. De prime abord, avec son œil avisé, Kana pouvait déjà affirmer que sa jambe gauche était cassée, vu l'angle que formait son tibia. Et depuis un moment vu la taille du bleu. Ensuite il y avait diverses plaies, coupures et brûlures, notamment au visage, mais ce n'était rien comparé à l'os. Enfin, au moins la chair n'avait pas l'air de gangréner.

              Sans perdre une seconde, la pirate se dirigea vers le grand établi en inox immaculé sur lequel s'alignaient plusieurs fioles et seringue. Elle décida tout d'abord d'administrer une bonne dose de morphine à Ayami, bien qu'il semblait être dans les pommes. C'était un risque à prendre, car cela prendrait un peu de temps pour agir mais la jeune femme ne voulait, tout d'abord, pas faire de mal à son frère qui avait déjà bien trop souffert, et ensuite parce que si il se mettait à crier, cela attirerait du monde. Et ce n'était pas le moment.

              Kana passa donc le temps en nettoyant les plaies d'Hotaru, heureuse que les marines l'aient attaché dans la salle d'opération. Après quelques points de suture, l'albinos du admettre qu'il garderait quelques cicatrices au visage et sur les bras. Son torse lui, devrait bien se remettre si elle pouvait le soigner régulièrement. En reculant, la médecin observa le corps de son meilleur ami, couvert de pansements puis avisa que cela faisait assez longtemps pour que la morphine ait fait de l'effet. Elle plaça donc ses mains méthodiquement sur la partie inférieure de l'os cassé et donna un grand coup. Un léger crac lui appris que le tibias avait été remis dans le bon axe. La doctoresse entreprit alors de plâtrer son frère. Il ne fallait pas tarder, elle devait encore récupérer ses affaires et faire exploser le bâtiment.
                S'en tenir au plan qu'elle avait échafaudé. Voilà ce qui aurait du compter le plus à ce moment là. Pourtant, Kana ne pouvait s'absoudre à laisser son frère, blessé comme il était dans les cales pour venir le chercher plus tard. Ce n'était simplement pas envisageable. De plus qu'elle aurait du le laisser dans un placard, à côté d'un balai. Même inconscient, c'était hors de question, bien que cela aurait été plus sécurisé, enfin, si la jeune femme avait trouvé un résidu plus proche de la sortie évidemment. Elle n'avait pas de plans du rafiot, mais pour ce qu'elle en savait, les bâtiments marines étaient toujours agencés de la même façon, elle n'avait donc qu'à s'appuyer sur ses maigres souvenirs de service de nettoyage, quand elle avait volé son granite marin.

                La pirate administra une nouvelle dose de morphine à Hotaru avant de se constituer une nouvelle sacoche. Scalpels, seringues, pansements, désinfectants, anesthésiants mais surtout deux petites bouteilles dont elle savait que le mélange formait un nuage toxique. A n'utiliser qu'en dernier recours donc, car le garçon assoupi n'allait pas s'empêcher de respirer aussi facilement que cela. De toute façon il était assommé pour dix à douze heures avec les doses de cheval que la médecin lui avait injecté. Cela n'avait rien de dangereux dans le sens où elle connaissait son poids et sa morphologie.

                Ainsi, l'albinos passa sa nouvelle trousse en bandoulière avant d'attraper son frère par la taille et de le poser délicatement sur son épaule, comme un bon sac de farine. En plus léger... Beaucoup trop léger... Suu avisa la taille des anciens bras légèrement dodus d'Ayami qui pendaient sur son buste et réprima un frisson en observant combien il avait pu perdre pendant une courte période. La morphine injectée... Y en avait-il eu trop? Et si c'était le cas... Le cœur d'Hotaru cesserait de battre, précédé d'un arrêt de ventilation... La doctoresse se rendit compte ô combien elle avait été stupide, tout d'abord de se laisser berner par les plaies, mais surtout de penser que son meilleur ami avait pu garder ne serait-ce qu'un gramme de nourriture. La torture... Cela n'était pas vraiment agréable, et Kana se souvenait des fois où elle avait régurgité tout ce que son estomac contenait, à Tequila Wolf, sous les coups de fouets qui ponctuaient sa lenteur au travail.

                De toute façon, ce qu'il faudrait à Hotaru en cas de problème, ce serait un massage cardiaque, et ça, l'albinos maîtrisait... Étant donné qu'elle ne pouvait pas faire marche arrière, et ne s'en prendre qu'à elle même mais surtout que pour le moment le garçon ne montrait aucun signe d'arrêt cardiaque, tout ce que pouvait faire la pirate, c'était l'amener en lieu sûr. Elle renfila sa carapace et redevint une machine, après tout, si son frère était plus léger, il était aussi plus facile à transporter, non? La combattante poussa donc la porte de l'infirmerie, prit un scalpel dans une main, soutint sa charge de l'autre, traversa rapidement la pièce qui avait été sa cellule et emprunta l'escalier de service par lequel on lui avait si souvent apporté à manger. Un grondement de protestation retentit, provenant du ventre de la jeune femme. Pas si souvent finalement...

                Après avoir gravit les escaliers, Kana se retrouva dans un long couloir qui devait parcourir le rafiot de la proue à la poupe. Il fallait trouver la cabine de l'officier, car c'était sa meilleure chance de remettre la main sur ses affaires, mais il fallait aussi trouver la salle où était contenue la poudre et les canons, en général ça allait ensemble. Ça devait être plus haut, pareil pour les appartements de Portaj, jamais il n'aurait voulu qu'on l'enfonce ainsi dans les bas étages. Ici devaient se trouver certaines réserves, les cuisines peut être. Suu ne résista pas à pousser une porte à hublot, opaque en bien imperméable, dans l'espoir de trouver un peu de nourriture. Elle serait bien plus efficace au combat une fois le ventre plein.

                Cependant, elle ne trouva qu'un pauvre type qui vomissait ses tripes dans les toilettes. Ne jamais descendre dans les cales quand on avait le mal de mer ou des prédisposition à l'intolérance à l'alcool. C'était une règle d'or, enfin, pas chez les marines apparemment. Avant que le matelot ait eu le temps de prononcer un seul bruit, la pirate l'égorgea, puis avisa la lanterne à la bougie allumée et la boite d'allumettes qui était à ses côtés. Elle enjamba sa victime et se saisit de la caissette. Pleine. Jour de chance ou de malheur?

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                Pause FB


                Dernière édition par Kana Suu le Sam 8 Juin 2013 - 10:41, édité 1 fois
                  Kana s'éveilla en frissonnant. Encore et toujours le même rêve. Décidément, cela ne la quitterait jamais... Enfin, pour une fois, elle n'avait pas eu à subir la fin du cauchemar. Cela aurait pu être bien pire, car c'était bien évidemment l'aboutissement qui était atroce. Tout s'était enchaîné si vite dans les dix-vingt dernières minutes que l'albinos ne s'était sentie, au final, que spectatrice, courant pour sauver sa peau. Alors qu'elle était protagoniste. Et pas des moindres. Celle qui avait déclenché l'explosion, celle qui avait tué l'officier, celle qui avait été traquée, celle, enfin, qui avait failli perdre son frère à maintes reprises en quelques heures seulement...

                  La jeune femme se tourna vers Hotaru qui dormait dans le lit en dessous du sien. Elle se glissa prudemment par l'échelle des superposés, soucieuse de ne pas éveiller le garçon assoupi. Il avait bien besoin de sommeil, avec le travail qu'il abattait tous les jours pour ramener de l'argent et également faire les courses. Suu ressentit un pincement au cœur, comme à chaque fois qu'elle découvrait à quel point les cernes d'Ayami étaient étendues sous ses paupières. Elle se sentait coupable, bien sûr, mais bien que ressentant cette culpabilité, elle restait définitivement amorphe, incapable de faire quoi que ce soit pour changer. Son inconscient avait érigé de telles barrières autour de son âme que la médecin ne se sentait même plus réellement vivante.

                  Comme à chaque nuit d'insomnie, c'est à dire la plupart du temps, la doctoresse ressentie le besoin d'entendre battre le cœur de son frère. Elle attrapa ses lourds cheveux noirs, qu'elle rejeta derrière son oreille puis se pencha délicatement par dessus la poitrine lézardée de cicatrices, preuve de la torture qu'avait subit le jeune homme, sur le bateau de la marine. En frémissant, Kana posa le côté de sa tête sur le torse d'Hotaru qui grogna très légèrement. Il faisait ce bref mouvement à chaque fois mais ne se réveillait jamais. L'ancienne pirate inspira profondément, expira et se figea, pour entendre la somptueuse mélodie de la vie.

                  Poum-ta... Poum-ta... Poum-ta... Poum-ta... Poum-ta...

                  La demoiselle esquissa un sourire et resta ainsi plusieurs minutes à écouter les battements de son frère, les comptant, se laissant bercer. Diverses émotions la traversa, après la panique première qu'elle ressentait toujours avec de les entendre. D'abord de la joie pure, ensuite du ravissement et enfin, pour clore le tout, une profonde tendresse quelque peu maternelle. Un son mécanique, représentant la perfection de la nature et assurant que tout allait bien, voilà ce que représentaient ces oscillations. Suu regarda ensuite longuement la petite cicatrice au bras droit de l'endormi. Elle n'était pas plus grosse qu'une petite pièce et se fondait désormais presque dans le beige foncé de la peau du jeune homme, sous sa musculature qui s'était considérablement développée.

                  Depuis quelques semaines, Kana avait repéré des progrès assez importants chez Ayami. Il parvenait maintenant à bouger les doigts de sa main droite, mais si cela retenait toute sa concentration et son attention. C'était un très bon début, il faudrait bien sûr énormément de rééducation, mais peut-être qu'un jour Hotaru pourrait cuisiner comme avant. Il avait fait semblant de ne pas être affecté par sa perte de motricité mais sa sœur s'était bien rendue compte qu'il allait toutes les nuits essayer de faire à manger avec uniquement sa main gauche. Il n'y était pas arrivé. Au bout de quelques temps, il avait arrêté d'essayer, et ses échecs, de la même manière que son renoncement, avaient beaucoup affecté la jeune femme.

                  La brune se redressa et laissa les cheveux retomber sur son épaule en se dirigeant vers la porte, qu'elle poussa doucement. Elle inspira profondément l'air frais du désert, chargé d'une odeur caractéristique. L'aube allait justement poindre. Suu décida de s'assoir pour regarder le lever du soleil. L'horizon commençait justement à s'éclaircir, empruntant des couleurs d'un bleu clair. Un rouge profond embrassa ensuite le désert, qui s'étendait à perte de vue, teintant l'azur de jaune, dans un parfait dégradé orange. La botaniste soupira, il n'y avait vraiment que dans la nature que l'on pouvait trouver pareil perfection, à l'instar d'un battement de cœur ou de l'épanouissement d'une plante, le spectacle était à couper le souffle. Un minuscule point incandescent se dressa ensuite, dans toute sa splendeur. Le soleil. Rien ni personne n'aurait pu éclipser sa magnificence.

                  Non rien... Ce fut en se faisant cette réflexion que Kana aperçu une étrange tâche noire qui grossissait, masquant une partie de l'astre levant. Intriguée, la médecin fronça les sourcils et écarquilla les yeux. Ce n'était pas possible. Un tel phénomène était incongru, ça n'existait que dans les livres qu'elle avait pu lire. Mais ça ne pouvait être que cela. Une météorite. C'était un phénomène d'une rareté inouïe, et pourtant il était donné à l'ancienne pirate d'assister au spectacle. Abasourdie, elle appela son frère qui rappliqua aussitôt. Hotaru demanda bien évidemment ce qui se passait mais resta bouche bée devant l'explosion de la roche. Des milliers de fragments se désolidarisèrent, à l'apogée du lever du soleil, dans des couleurs époustouflantes. Du rose, du bleu, du jaune, du rouge, du noir, de l'argenté, du violet et même du vert. Un arc en ciel décomposé leur faisait face.

                  Peut être la dame avait-elle finalement tord de se laisser mourir à petit feu. Peu être que c'était justement ça, vivre. Se battre, faire de son mieux, croire en ce qui était juste et le défendre. Après tout, Ayami allait de mieux en mieux et Kana en avait plus que marre de le laisser trimer seul. Lui aussi se lassait de rester enfermé sur une île, il était peut être temps de reprendre sa route? Devant un tel spectacle, elle ne pouvait que douter et rejeter la route qu'elle avait emprunté au cours des derniers mois.

                  Un débris de météorite tomba non loin de leur maison, à à peine un kilomètre dans le désert. Avant que son frère n'ait pu faire le moindre geste, l'ex flibustière, désormais revigorée et plein d'entrain se mis à courir comme elle ne l'avait plus fait depuis des mois, emplissant ses poumons avec hilarité et se fichant bien des points de côté qu'elle pourrait récolter pendant que son frère crier des encouragements. C'était une belle journée, vraiment, et lorsque la jeune femme revint vers Hotaru, ce fut avec un immense sourire qu'elle lui montra l'étrange légume rouge qui était tombé. Rouge, comme ses joues, comme la piraterie. Un signe? Bah, de toute façon leur décision était prise. Kana examina sa trouvaille mais ne décela pas la moindre trace de poison puis croqua prudemment le bout de l'étrange courge, qu'elle trouva délicieuse et juteuse, avant de la passer au garçon...

                  Qui la trouva immonde, ajoutant qu'elle avait un goût de terre, réflexion qui provoqua l'évanouissement de sa sœur. Pitié! Elle aimait trop nager pour ça!
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                    Kana empocha la boîte d'allumettes, replaça son frère sur son épaule et passa à nouveau par dessus le cadavre. Porte suivante, de tout façon il faudrait bien un jour trouver un escalier pour remonter dans le bâtiment et trouver la poudre à canon ainsi que les mèches. Ça allait faire boum. La jeune femme poussa donc la porte suivante avec précautions. Elle ne s'ouvrit que sur un placard à balai. Il n'y avait rien à prendre ici. Suu poussa un soupir. Elle perdait du temps, et plus le temps passait plus elle risquait de se faire découvrir, et surtout plus les poivraux sur le pont dessoulaient. Bon, porte suivante donc. De toute façon elles étaient toutes identiques, alors il faudrait avoir de la chance pour tomber sur la bonne, étant donné la longueur du couloir.

                    Un ronflement lui parvint et l'albinos se figea, scalpel au poing. Elle se dirigea vers la source du bruit progressivement, dans le noir, mettant un pied devant l'autre. C'était bien une tuile de tomber ainsi sur une pièce non éclairée. C'est vrai que la pirate ne s'en était pas réellement souciée, mais il y avait bel et bien des lanternes un peu partout. Sauf ici. Kana dérapa sur quelque chose de glissant, non identifiable sans lumière et se rattrapa sur le meuble le plus proche dont tomba un objet qui se fracassa avec un bruit métallique. La combattante pesta en se figeant. Le bourdonnement s'interrompit, suivi d'un soupir et d'un grognement. Il fallait agir vite, si le marine se rendait compte qu'il y avait quelqu'un, il pourrait donner l'alerte. La médecin laissa son frère glisser doucement sur son bras puis le déposa par terre. Le son qu'elle pouvait produire était caché par les jurons.

                    Puis vint l'éblouissement. Cet idiot avait allumé une lampe! La demoiselle s'élança vers la tâche mouvante qu'elle ne pouvait bien distinguer, ne s'étant pas encore habituée à la luminosité. Au moment d'enfoncer son arme dans la carotide de sa proie, la flibustière perçu l'effroi et la peur imprimé sur le visage du marine qui la repoussa de ses grosses mains. L'attaquante tomba en arrière puis se releva prestement. Elle ne devait pas laisser le temps à son adversaire de s'armer.

                    AAALLEEEEEERRR...


                    Un geyser de sang coula de la gorge du soldat qui s'effondra. Kana se dépêcha de récupérer le scalpel qu'elle avait lancé. Maintenant elle devait se grouiller. La jeune femme fit d'abord l'inventaire de la pièce. Au moins elle avait eu la chance de trouver les cuisines. Elle empocha quelques petits pains et en mis un directement dans sa bouche, commençant à le mastiquer. Bon. L'alerte était donnée. Comme ça, au moins, c'était fait. Sans jeter un regard au nouveau mort qu'elle laissait derrière elle, la pirate récupéra Hotaru, le laissa dans le placard à balai, bien caché derrière les seaux, les balais et les serpillières puis partit à la découverte de nouvelles pièces.

                    C'était plus sûr de laisser Ayami dans un coin, et de continuer l'exploration, d'autant plus que maintenant, on devait la chercher. L'albinos poussa une nouvelle porte et se retrouva dans une cabine vide. Elle s'assit quelques secondes sur le matelas et réfléchit à la situation. Si on la cherchait, on descendrait dans les cales. Et si on descendait dans les cales, alors Kana pouvait trouver la façon de remonter sur le pont, et du pont dans la salle des canons, qui devait être juste en dessous. Cool, on progressait enfin. La pirate entendit des bruits précipités. Elle se leva et poussa prudemment le rideau qui obstruait le hublot. Un marine se dirigea vers la cuisine et Suu eut le temps de voir par quelle porte il était sorti. Il paraissait très éméché, c'était un point positif. Des bruits de pas provenaient également de l'escalier qui descendait dans les profondeurs du bateau.

                    La pirate attendit un peu puis sortit de sa cachette et se dirigea vers les cuisines, où le bourré pleurait la perte de son ami. Elle sortit un bistouri propre et le lança dans son cou avant de se détourner et de récupérer son frère, dans les vapes parmi les les chiffons et les détergents, avant de s'élancer vers le nouvel escalier, qui devait rejoindre soit le pont soit l'étage inférieur. Finalement ce bâtiment était conçu de manière bien différente comparé à ceux qu'elle avait nettoyé il y avait des mois. Peut être les navires de Grand Line étaient-ils construits sur un modèle particulier?
                      Inspirer... Expirer... Inspirer... Expirer... De toute façon c'était trop tard pour faire demi tour, et ce demi tour ne la ramènerait que dans les cales, avec Hotaru sur le billard, prêt à subir de nouvelles tortures... Kana inspira une dernière goulée d'air et tourna la poignée de la porte qui dissimulait l'escalier. Elle n'entendait pas encore trop de bruits, enfin en même temps elle avait barricadé l'étage inférieur, de manière à gagner du temps sur les marines qui la cherchaient. Enfin, qui devaient la chercher. C'était sans doute le cas maintenant... La jeune femme déboucha dans une sorte de petite antichambre, vide. Il y avait trois issues face à elle...

                      Suu décida tout d'abord de trafiquer la serrure de l'ouverture qu'elle laissait derrière elle. Un peu de difficulté supplémentaire en perspectives pour ses poursuivants. La pirate prit ensuite la porte à sa gauche, et eut la surprise de se retrouver dans un long couloir aux parois luxueusement décorées. Au sol s'étalait un parquet de bois sombre, parfaitement lustré. Le corridor était éclairé par de nombreuses lanternes, forgées dans un métal précieux. Peu de battants s'ouvraient dessus. C'était donc ici que créchaient les officiers... La médecin esquissa un large sourire et partit en direction de la porte la plus cossue. Le bureau -la chambre aussi sans doute- du capitaine... De cette enflure! Il était peut être même là...

                      Avec un rictus carnassier, la fugitive parcourut rapidement les quelques mètres qui la séparaient de l'ouverture, en silence. Elle colla son oreille contre la large planche d'ébène et écouta attentivement. Aucun bruit ne provenait de l'intérieur. Il n'y avait sans doute personne. Un peu dépitée, mais toujours aux aguets, la doctoresse poussa avec précautions le battant et se retrouva dans une office richement meublée. Quantité de livres étaient exposés dans de grandes bibliothèques qui recouvraient un pan de mur, c'était sans doute la collection personnelle du maitre des lieux car jamais Kana n'avait vu cela au Q.G. où elle avait travaillé. Il y avait aussi divers instruments de mesure, dont un log pose que prit directement la jeune femme. Même si elle ne savait pas vraiment s'en servir, cela pourrait tout de même se révéler utile.

                      Ce fut avec une grande joie que Suu découvrit un plan du bateau. Elle regarda rapidement comment monter à l'étage supérieur avant de ranger le papier dans sa nouvelle sacoche. La demoiselle fit un tour de la pièce, de son regard, afin de voir si quelque chose d'autre pourrait lui être précieux. Ses yeux tombèrent alors sur son bloc de granite marin. La pirate frémit. Il était là... Alors peut-être que son sac avec tout ses instruments dedans l'était aussi? La médecin souleva les kilos de paperasse qui recouvraient le grand bureau du capitaine avant d'ouvrir les tiroirs et de les renverser. C'était pas là... Elle avisa alors un flacon qui trônait sur un étagère. Il lui était familier. C'était le sien... Donc, le reste ne devait pas être loin. Et en effet, sous un plan de travail carrelé se trouvait sa mallette. En en faisant rapidement l'inventaire, l'albinos découvrit que rien ne manquait. Elle remit donc en place le bloc de granite et les quelques fioles qui avaient été sorties avant de remettre son frère sur ses épaules. Le chargement commençait vraiment à lui peser.

                      Selon le plan, le chemin le plus court pour rejoindre la salle des canons était encore de sortir du couloir des riches et de prendre la porte en face. En retournant dans la petite pièce, Kana perçut des bruits qui montaient de l'escalier qu'elle avait clôturé. Elle fit fondre la serrure avec un peu d'acide avant de gravir prestement les marches qui la menèrent directement à l'endroit voulu. Ici s'étalaient nombre de hamacs, dans lesquels ronflaient beaucoup de marines... La pirate posa son frère dans un des lits non occupés. Cela serait la meilleure cachette qu'elle pourrait lui trouver, étant donné les circonstances. Elle le recouvrit d'une épaisse couverture, pour ne pas qu'on puisse voir son visage.

                      Ensuite de quoi, Suu entreprit de rassembler les tonneaux de poudre. Grâce à l'alcool dont s'étaient copieusement arrosés les marines, la fugitive n'avait pas trop à faire attention au chuintement qu'elle faisait en transportant ses charges et pouvait donc mettre son plan en place très rapidement. Elle eut le temps de placer les barriques sur tout le pourtour de la grande pièce quand elle entendit des bruits de pas précipités. La jeune femme eut à peine le temps de plonger sous un hamac que la lumière d'une lampe se répandait déjà dans la pièce. Des grognements l'accueillir, parmi les dormeurs.

                      Putain les gars, vous foutez quoi? demanda l'un des types allongés.

                      On cherche la prisonnière, elle s'est échappée, chuchota celui qui tenait la lanterne.

                      Et vous croyez qu'on l'aurait pas vu?

                      Avec votre gueule de bois, sans doute que non.

                      Sérieux, m'cassez pas les couilles, laissez nous dormir ok? réclama un autre, allongé plus loin.

                      Ca va, mais reste éveillé alors, sinon tu vas te faire taper dessus pas le cap'taine.

                      Ouais ouais, il est où lui d'ailleurs?

                      J'sais pas, sans doute sur le pont en train de pioncer, répondit un autre.

                      Ouais... Bah en tout cas, moi j'ai rien vu, elle doit être encore en bas.

                      Ouais ouais, ok on redescend, conclut le type à la lampe.

                      Ce dernier referma la porte derrière lui dans un soupir général de contentement. Kana attendit figée une dizaine de minutes que les ronflements reprennent, n'en revenant pas de la chance qu'elle venait d'avoir puis commença à dérouler les bobines de mèche qu'elle avait trouvé, entre les barriques de poudre, prenant soin de se dissimuler dans l'ombre. Elle avait tellement l'habitude de faire ça que c'était devenu une seconde nature. A Tequila Wolf, elle se cachait tout le temps des soldats, alors ici c'était normal de le faire aussi. Et plus facile également, grâce au bruit régulier que produisait le tangage du navire et aux ronflements sonores des dormeurs. La jeune femme n'avait qu'à avancer périodiquement.

                      Quand la pirate eut finit de dérouler les bobines, elle retourna auprès d'Hotaru et le glissa à nouveau sur son dos. Elle rampa jusqu'à l'échelle avant de se hisser par cette dernière, tout en regardant autour d'elle puis fit glisser la trappe et si hissa au grand air. Ce fut avec joie que la doctoresse inspira de l'air frais, non vicié et chargé d'embrun. Elle se fit cependant toute petite. Il y avait effectivement beaucoup d'hommes assoupis sur le pont. Faisant cheminer sa petite cordelette à travers les lattes de bois, elle reconnu un visage familier, qui l'observait de ses grands yeux vitrés. Le capitaine. La jeune femme craqua rapidement une allumette tandis que ce dernier criait des ordres ça et là. Elle alluma la mèche qui se consuma rapidement jusqu'à la trappe et se précipita sur le bastingage avant de sauter dans la mer, dans une détonation caractéristique d'un tir de pistolet.

                      Kana ne s'en préoccupa pas et nagea de toute ses forces vers le rivage. Elle eut à peine le temps de déposer son frère sur le quai qu'un craquement gigantesque retentit à travers tout le port de Katorea. Le bâtiment de marine venait d'exploser et flambait désormais sans retenue. La pirate eut à peine le temps de se réjouir, car quand elle tourna la tête vers son meilleur ami, elle découvrit qu'une fleur rouge était en train de s'épanouir sur sa poitrine.





                      Fin FB


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                      Dernière édition par Kana Suu le Mar 18 Juin 2013 - 9:51, édité 1 fois
                        Diounout... Diounout...

                        Hé ça va?



                        Réveilles-toi Diounout!


                        Kana entrouvrit ses yeux et les plissa aussitôt. La lumière incandescente du jour lui grillait les pupilles. Elle réprima un grognement puis, se rappelant les précédents évènements, se redressa en sursaut, ce qui fit danser des étoiles devant ses yeux pratiquement clos. Hotaru se précipita pour la soutenir et la jeune femme tourna la tête vers son visage, dont l'expression semblait soucieuse. Quoi? Non! Pas une seconde paire de bras hein! Maudits fruits du démon! Suu repéra alors une lueur anormale. Son frère l'avait transporté dans la cabane, à ce qu'elle pouvait en voir mais il avait du allumer une dizaine de bougies... L'albinos baissa alors les yeux et observa ses mains. Elles étaient incandescentes...

                        AAAAAAAAAAAAAAHHHH! BORDEL DE MERDE C'EST QUOI CA? J'SUIS DEVENUE RADIOACTIVE OU QUOI???

                        En fait... Tu brilles comme ça depuis que tu as mangé cet étrange légume... répondit le garçon d'un air désolé.

                        Mais je veux pas moi! s'écria Kana.

                        Lorsqu'elle prononça cette phrase, la lumière s'éteint. Écarquillant maintenant ses yeux dans le noir, la pirate n'en revenait pas. C'était quoi? Un fruit? Mais non, ça ressemblait beaucoup trop à un légume... Bon, en tout cas elle avait réussit à s'éteindre, devait y avoir une sorte de commande vocale ou volontaire livré avec la luminosité... Pratique... A moins qu'elle ne sache bien évidement plus nager, là ça allait être beaucoup plus problématique, surtout vu ce qu'elle avait envisagé pour la suite...

                        Dis moi Hotaru, que dirais-tu de parcourir les mers à nouveau?

                        Le visage du jeune homme s'illumina, ce qui n'avait rien à voir avec la nouvelle capacité de sa sœur.

                        C'est vrai? Tu serais prête à repartir?

                        Hé bien... Tu es beaucoup plus fort qu'auparavant, je l'ai vu. Tu as grandi, et je ne peux pas me résoudre à t'enfermer pour te garder à l'abri toute ta vie, ce ne serait pas juste. On a pas signé pour devenir fermiers hein? Puis bon, les mers me manquent...

                        A moi aussi, énormément!

                        Tu sais, j'ai réfléchi, je me suis dit que si je n'avais pas été capable de te protéger ce jour-là, c'est simplement que je n'étais pas assez forte. Je te promets donc de le devenir toujours plus, tu n'auras rien à craindre.

                        Je me suis toujours senti en sécurité avec toi tu sais?

                        Oui, mais je ne t'ai jamais donné l'occasion de réellement l'être, alors au diable ma prime et le reste, de toute façon elle est bien trop faible pour avoir un quelconque impact sur Grand Line, enfin en théorie.

                        Fini les surnoms?

                        Fini frangin! On fait notre come-back!


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