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Mergules

Rappel du premier message :





Notre archipel n'a pas toujours ressemblé à ça, vous savez. Avant que tout cela n'arrive, elle prospérait et jouait même un rôle primordial dans le marché du crabe sur South Blue. Les gens n'y étaient pas tous riches, mais il régnait un esprit d'entraide et l'on y vivait heureux sur ces îles tropicales. J'me souviens même que gosse j'allais refiler les restes de mes sandwichs à Troy, le clochard du village. Un homme affable, qu'avait pas grand chose et qui pourtant était toujours prêt à vous le refiler avec son sourire édenté. Je me souviens de ses oreilles poilues, de la morve qui pendait à son nez. Et je me souviens aussi qu'il fut le premier à y passer. Putain de pingouin.


J'arrête pas de me repasser la scène en boucle dans ma tête. Je revois le bec du guillemot lui picorer brutalement le visage tandis que ses potes débarquent de partout. J'ai même pas eu le temps de réaliser ce qui se passait que j'en avais déjà un aux basques. Mon instinct me criait de m'enfuir, et pourtant je n'arrivais pas à prendre à le prendre ce sérieux. Ce n'était qu'un vulgaire pingouin bordel. Mais lorsqu'il bondit et m'éborgna sauvagement d'un coup de patte, je sus qu'il était temps de se mettre à courir. Ce fut dans ma course que la panique commença à s'emparer de moi. Tandis que je me dirigeais vers chez moi, je vis les gens hurler et fuirent comme ils le pouvaient. Certains tentèrent de se battre mais ils étaient trop nombreux et il continuait à en débarquer de partout. De toute façon s'ils étaient arrivés jusqu'au centre de l'île, cela voulait dire qu'ils avaient passé les postes de surveillances côtiers tenus par les marines. Comme je prenais conscience de la gravité de la situation, je pensai à ma famille et mon cœur s'emballa.


Bifurquant à gauche, j'arrivai enfant devant chez moi, mais une de ces maudites bestioles m'y attendait. Pas le temps d'hésiter, il ne faudrait qu'une poignée de secondes pour que d'autres n'arrivent. Je fonçai droit devant et le taclai de toutes mes forces contre le mur de la maison. Il enfonça à plusieurs reprises son bec dans ma nuque mais mon coup fut assez puissant pour que le mur cède et l'animal arrêta de bouger. Je me relevai en hâte, n'entendant plus qu'un bruit sourd et assez strident pour vous rendre fou. Faisant abstraction, je fouillai la maison en quelques secondes. Personne dans le salon. Personne dans la cuisine ni dans le bureau. Et bien que je montai les marches quatre par quatre j'eus le temps de sentir mon estomac se contracter, et mes entrailles brûler. Personne dans la première chambre. Ni dans la seconde. Pas un signe de vie dans la salle de bain et, malgré tout ce que mon sens logique me dictait, j'ouvris la porte de la dernière pièce au ralenti. Personne. Je m'effondrai...


...et entendis un sanglot. Je crois que je n'ai jamais couru aussi vite jusqu'à l'armoire. Il n'y avait que mon fils cadet, complétement terrorisé et qui n'osait regarder ce qui l'avait trouvé, mais la boule logée au creux mon ventre s'évanouit. Je le saisis fermement et décampai aussi rapidement que je le pouvais. En ressortant, je découvris que la situation était passée de merdique à cauchemardesque. Il n'y avait que chaos et désespoir. Je crois que j'aurais moi-même abandonné si je n'avais pas entendu cette voix. Ma tête fit cent quatre vingt degrés et je le vis. Le voisin. Je compris qu'il nous faisait signe de le suivre dans sa cave et je dus le bénir un millier de fois sur les quelques secondes qu'il fallut pour y arriver.


Cela fait déjà une semaine que nous nous sommes barricadés dans le cellier, mon voisin, sa famille, mon fils et moi. Les provisions ne manquent pas et nous avons assez d'eau pour tenir encore plusieurs semaines. Pas une nuit ne passe sans que l'on ne cogne contre les portes renforcées, notre seul rempart contre une mort certaine. Nous avons tous faim. Nous avons tous froid. Et il règne une nauséabonde odeur d'excrément dans notre cellule. Mais je me fous de toute ça. Je m'en fous parce que je sais que ma femme et mon fils ainé sont morts maintenant. Je m'en fous parce que la seule chose qui me donne la force de continuer, l'être que je chéris le plus au monde, mon fils, est gravement malade.


Au moment où j'écris ces lignes, j'ai pris ma décision. Je vais sortir chercher des médicaments. Il n'y a pas ce qu'il faut chez moi et je pense devoir aller jusqu'à l’hôpital, et il me faudrait un miracle pour que j'y parvienne. Mais c'est ça ou voir mon fils mourir. J'en profiterais pour jeter la bouteille contenant ce message dans le fleuve traversant la ville, en espérant qu'il arrive jusqu'à la mer et que quelqu'un le trouve.


Vous qui aurez ce message, je vous demanderais bien de nous sauver et surtout de porter secours à mon fils. Seulement il faudra plusieurs mois avant que la bouteille ne puisse atteindre quelqu'un, des années peut-être mêmes. Et ça m'arrache le cœur de le dire, mais nous serons probablement déjà morts.



L'archipel Rave n'a pas toujours été comme ça. Mais aujourd'hui il n'y reste plus rien qui vaille la peine d'être sauvé.


Alors si vous avez ce message.

Je vous en supplie.

Vengez-nous.




Lorsque Ging émergea de l'eau et fit son premier pas sur la plage de sable blanc qui ceinturait chacune des îles de l'archipel Rave, son pieds fit un drôle de bruit. Il allait amorcer le second quand il sentit quelque chose pénétrer son pied nu. Soulevant son arpion d'un air intrigué, il découvrit un morceau de papier enroulé dans les restes d'une bouteille de verre. Le sourcil arqué en signe d'intérêt il se pencha pour ramasser le parchemin et comme il se redressa pour commencer à le lire ; il vit du coin de l’œil deux silhouettes jaillir de la forêt bordant le littoral. Par réflexe son bras libre se mit à agir tout seul sans que son air distrait ne le quitte. Il trancha les airs à la manière d'un sabre et balaya violemment une première silhouette. Mais avant que le Lion ne puisse bouger, il vit la deuxième créature l'attaquer qu'un coup de patte aux yeux. Reculant sa tête de justesse, le coup ne fit que l'effleurer mais déchira le papier qu'il tenait. Ce fut ensuite à peu près à l'instant où il comprit qu'il avait affaire à un pingouin et où ce dernier allait toucher le sol qu'il décocha une nouvelle manchette dirigée vers le bas cette fois. Ging n'avait pas retenu son coup et quand le tranchant de sa main percuta la tête de l'animal il sentit ses os comme ses vertèbres se briser. La mandale fut telle qu'elle répandit une onde de choc qui vint agiter les feuilles des premiers arbres.  


Le lion, tout sourire, jeta un coup d’œil à la carcasse inanimée du premier volatile qu'il avait corrigé. Il le regarda se faire emporter par la mer quelques instants puis reporta son attention sur les lambeaux de papiers déchiquetés s'éparpillant au vent.


—BWAHAHAHA ! DE TOUTE FAÇON, JE SAIS PAS LIRE !


Son tonitruant rire dut résonner sur toute l'île puisque une légion de cris braillards lui répondirent d'un peu partout.


—JE LA SENS BIEN CETTE ILE MOI !


Et il s'engagea dans la forêt.


Dernière édition par Ging "BAM" Dong le Ven 6 Sep 2013 - 20:54, édité 6 fois

    Visiblement, on ne faisait plus d'aussi bonne grenades qu'avant. Là où Jeska s'attendait à sentir l'odeur du pirate réduit en charpie, il n'y avait rien d'autre que le fumet du Mergule grillé. Déception. C'était bien le sentiment qui envahissait le cœur de l'ange. Elle mettait plus la survie de ses ennemis sur la basse qualité des projectiles explosifs qu'elle leur avait adressé que sur leur propre endurance. Mais elle n'eut pas le temps de savourer son amertume. En effet, les trois pirates allèrent courageusement fuir dans le troquet le plus proche tandis que toute l'attention de la troupe palmipède se retourna sur les marines. Heureusement, il n'y avait plus de monstruo-pingouin sinon, la vaillante troupe n'aurait pas tenu le choc. Mais là, contre une nuée de Mergules normaux, une organisation efficace remplace facilement les dispositions au combat. Tant est si bien que les marines n'eurent à déplorer aucune victimes. Seulement des blessures légères.

    C'est alors que les pirates se décidèrent à faire une sortie. Atmos n'ayant pas jugé bon de canarder les marines, il déchargea les balle-pingouins de son Mergulator sur les pirates. Ce qui permit aux forces de la justice d'avancer considérablement en direction du chef de ces atrocités. Malheureusement, Balior l'avait bien mauvaise à l'encontre de l'ange et de son lancer de grenade. En réplique il lui envoya quatre Mergules. Les trois premiers furent assez facilement esquivés, mais, le dernier fit mouche. Et Jeska tomba, l'épaule gauche déboitée. Elle se refusait à hurler sa douleur face à des ennemis, mais, elle dérouillait. D'un geste elle ordonna à ses hommes de se replier et d'aller chercher d'autres grenades. Ils en auraient certainement besoin.

    Alors que Balior mordait la poussière, et que Zarechi passait à l'attaque, l'ange, quant à elle cherchait à se remettre l'épaule en place. Elle essayait de forcer avec sa main droite. Mais la douleur se faisait trop forte, elle n'arrivait pas à recaler son omoplate. Elle eut alors une idée. C'était osé, et le remède serait certainement pire que le mal, mais le jeu en valait la chandelle. Elle se rapprocha de l'affrontement afin de pouvoir mieux déterminer quand elle pourrait saisir l'ouverture. Et ça ne tarda pas. Alors que médecin pirate venait de repousser son adversaire, Atmos utilisa et amplifia l'impulsion que Zarechi lui avait donné pour faire un tour complet sur lui même. L'attaque allait être puissante et brutale. Alors Jeska se précipita pour s'interposer. Et c'est elle qui reçut le coup.

    Pourtant, elle n'avait aucune intention de sauver le pirate. Elle avait clairement prouvé qu'elle préférait les voir morts que vivants. Et, ce, malgré le fait qu'elle soit aveugle. En fait, même si elle vola sur quelques mètres à cause du choc, le fait de se prendre cette attaque avait eu pour effet de lui remettre l'épaule en place. Fort heureusement, avec l’adrénaline, elle ne ressentait pas encore pleinement la douleur. Rapidement, elle se releva. L'ivresse du combat amplifiait ses sens, et sa combattivité. Toujours armée de l'épée de Balior, elle attaqua Atmos comme une furie. Ses efforts, conjugués à ceux de Zarechi mettaient à mal la défense du chef des Mergules. Plus le combat avançait et plus elle négligeait de se défendre. Emportée par sa frénésie, elle finit par trop s'exposer. Et son crâne rencontra celui de son adversaire. Seulement, elle était de constitution plus fragile que les pirates. Là voilà qui titubait, complètement sonnée. Elle n'arrivait plus à se repérer. Dépitée, elle finit par tomber à genoux, toute sa force brûlée dans cet assaut. Incapable de faire quoi que ce soit, elle était totalement vulnérable au coup de Mergulhammer qui menaçait de lui exploser la tête.

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    Lorsque Papy Tricorne tomba, Ging prit soudainement conscience de la situation. L'île à la chaleur tropicale et jaspée de plantes plus exotiques les unes que les autres aurait fait le bonheur de n'importe quel voyageur. Les arbres infinis semblaient vouloir déchirer le ciel et leur cime feuillue et smaragdine se liaient pour former une canopée flavescente. Seules quelques tâches de lumière géminées illuminaient le parterre d'herbe grasse et fraîche où seuls les fous n'auraient pas eu l'idée de s'allonger. Des iles au climat clément, aux sols riches et à la faune tranquille. Tout le monde vous l'aurait dit, l'archipel de Rave ne manquait de rien.


    Sauf de pingouins.



    Le Lion n'arrivait toujours pas à assimiler comment est-ce que ces petites merdes bicolores avaient pu foutre un tel bordel sans même avoir de mains. Évidemment leur nombre faisait leur force, puisque vous aviez beau en lyncher un et esquiver le coup d'un autre en même temps, il y avait toujours un dernier coup de bec à encaisser. Et si l'on en mourrait pas, cela devenait moins évident à affirmer au bout d'une centaine. Ging en était à quelque chose comme soixante quatre piqures et son torse gerbait de l'hémoglobine tel une fontaine. Ca ne l'inquiétait outre mesure, il tenait de source quasi sûre que le sang n'était pas indispensable à un homme, ou du moins pas à lui. En revanche ce qui commençait à le triturait, c'était son cerveau embrumé, les nausées, les violents vertiges et le fait que son cœur arrivait à lui faire comprendre avec une clarté absolue que s'il n'améliorait pas rapidement ses conditions de travail, il s'arrêterait tout bonnement de pomper.


    Tandis qu'il s’efforçait au mieux de retenir les saloperies, Ging comptait sur les deux bonhommes restant pour s'occuper d'Atmos. Une petite pointe d'optimiste s'était engouffrée en lui quand il s'imagina Atmos éviter un coup de sabre pour finir sur une grenade lancée à l'aveuglette. L'idée ne l'avait pas quitté depuis et s'il plaçait toute sa confiance dans deux inconnus dont un qui, là encore il en était presque sûr, voulait sa mort ; force était de constater que pour l'instant les choses n'avançaient pas. Alors il se risqua à jeter un coup d’œil vers l'hommergule. Il le découvrit debout devant l'homme aux grenades qui d'ailleurs, après un plissement des yeux, s'avéra être une femme. Pour le moment tout du moins, car si ce marteau géant était bel et bien destiné à lui exploser la tête, il n'en resterait plus grand chose.

    Voyant Zarechi aux prises avec ses marmots, le guillemot s'approcha doucement de Jeska, son visage humain plus malsain que jamais sur ce corps ridicule. Sa langue rappait ses lèvres frénétiquement, et ses yeux jusque là petits et froids laissèrent échapper toutes les pulsions qui l’enivraient. Il saisait son mergulhammer, le brandit au dessus de sa tête et ses deux mains s'abattirent comme la foudre.


    —J'MEN FOUS ! J'MEN FOUS ! J'MEN FOUS !


    Atmos leva les yeux pour voir Ging en train de courir de façon assez pathétique, comme si ses jambes se faisaient la gueule. Il avait une sale tronche, de celle qui dégouline de sang plus pour très longtemps. Son dos nu livré aux mergules, il en avait une bonne dizaine de plantés et le nombre ne faisait qu'augmenter à chaque instant. En voyant la bouille de Jeska intacte à un demi centimètre du canal qu'avait creusé le mergulhammer Atmos, alors dans un état d'excitation total, ne comprit pas tout de suite ce qui s'était passé. Tant pis, le gros arrivait, il suffisait de recommencer. Il empoigna son marteau et quand il fut sur le point de perforer la tête de la fille, un guillemot percuta l'arme pour la dévier légèrement.


    —J'MEN FOUS ! J'MEN FOUS ! J'MEN FOUS ! qu'il continuait de répéter un nouveau corps de mergule dans la main.


    Ging n'étant pas franchement taillé pour la course, Atmos frappa à quatre reprises mais chacune fut déviée comme la première. Puis à la cinquième, les guillemots tous tombés de son dos, Ging serra les dents et mit de coté tous les avertissements que son corps lui envoyait.

    Il ignora les nausées. Il brava les vertiges et finalement, il bondit.


    Le mergulhammer s'était abattu. Et tout l'archipel retint sa respiration.


    —ELLE A VOULU ME TUER !


    Le pirate était à genoux aux cotés de la marine, un filin de sang perlant le long de sa tête...


    —J'MEN FOUS D'ELLE...


    ...et tomba en gouttes sur Jeska.


    Atmos n'en croyait pas ses yeux. Est-ce que ces gens comprenaient qu'il ne fallait pas arrêter un merghulhammer avec sa tête ? Mais surtout comment celui-là faisait pour être encore debout ? Peut être qu'un autre coup de plus...


    —Guigui ?


    Atmos ne comprit pas tout de suite pourquoi son marteau refusait de bouger, puis ce fut finalement quand Ging souleva l'arme et l'animal qui y était toujours accroché qu'il se dit que cet archipel était vraiment surfait. Il lâcha finalement son arme. Et il l'a vit s'élever dans le ciel entre les mains du Lion. Il se mit à suer, son visage prenant des expressions aussi exotiques qu'était ces îles.


    —Pardon ? Guigui. qu'il tenta.


    Doucement, avec une lenteur ineffable les commissures des babines de Ging s'écartèrent. D'abord sur les cotés puis en largeur. Et la dernière image que Atmos eut de ce monde fut ce qu'il vit de plus effrayant durant ses sept années d'existence.

    Le sourire d'un Lion.


      Vous avais-je déjà dit que je trouvais les soldats de la marine particulièrement bêta ? Non ? Car je suis désolé, mais s'interposer entre une arme et sa victime sans vouloir la sauver, c'est déjà crétin ! Mais s'interposer entre une arme et sa victime, et balayer ladite victime dans notre volée à cause du coup que l'on vient de se prendre, c'est encore plus débile ! C'est donc avec un cul d'ange aveugle contre la face que je fis un vol plané d'au moins cinq mètres, je dirais ! Le choc fut quelque peu moins violent, mais se retrouver les yeux en tourbillons, affalé sur les cuisses d'une femme qui, elle, se releva immédiatement, je dois vous avouer que c'est quelque peu gênant ! Bref, après avoir repris mes émotions, je repris le combat en compagnie de Jeska. Il fallait avouer que ses mouvements de sabres n'étaient pas terribles, pour une aveugle ! Cela dit, elle laissait bien trop de trous dans sa garde au fur-et-à-mesure qu'elle attaquait ! Je le remarquais, car c'était, et c'est toujours, l'un de mes plus gros défauts ! Une fois le combat lancé, je suis pris d'une envie meurtrière et j'en oublie tous les rudiments du combat pour devenir une simple bête enragée qui néglige la défense afin de renforcer sa puissance ! Stratégie ne s'avérant pas toujours être la bonne ...

      En effet, prise dans l'ivresse du combat, la pauvre Marine se pris un magnifique coup de boule ! Coup de boule qui la sonna suffisamment longtemps pour qu'elle soit bien menacée part le gigantesque marteau d'os.


      -Bordel de merde, si on m'avait dit que je devrais sauver un marine, un jour ...

      Je lançais mes sabres pour dévier l'arme, mais juste avant que je ne le touche, une explosion de sang eu lieu et l'arme fut déviée ! Atmos réessaya de frapper, mais l'acte se reproduit une fois, puis deux puis trois ! Puis je remarquais que c'était Ging qui balançait des piafs sur l'arme pour la dévier, après quoi il s'interposa lui-même devant l'arme l'arrêtant même avec la tête. Moi, qui voyait tout de derrière, pu constater avec horreur les impacts du coup. La coulée de sang sur le front était signe d'un traumatisme crânien, mais si ce n'était que ça ... Dans son dos, je pus voir ses vertèbres une par une se décaler de leur position de base. Sa colonne vertébrale était devenue un véritable casse-tête chinois !

      -Le fauve !

      Cela dit, il resta debout et eu même la force de soulever le marteau et l’homme qui était avec ! Atmos tomba au sol et tira une tête tellement effrayée ! Je n’osais même pas imaginer à quel point Ging devait être effrayant à ce moment-là … Mais une chose est sûre, c’est que la manière dont il tua l’homme-pingouin n’était pas des plus propre ! Cela dit, à peine eu-t-il finit son massacre que je lui ordonnais immédiatement de s’asseoir et de ne plus bouger d’un pouce !

      -Je suis médecin, alors obéis-moi à moins que tu ne veuilles pas repartir d’ici vivant ! Ton état est plus que critique ! Un homme normal serait déjà mort depuis bien longtemps ! Tu as perdu beaucoup trop de sang et tout ton squelette et vraiment dans un sale état ! Ne bouge pas !

      Je courus aussi vite que je pus vers la taverne afin de récupérer des planches de bois qui pourront me servir d'attelles de fortune, grâce à la combinaison de mes bandages. Tout d'abord, avant de lui en mettre, je pris bien mon temps à le masser afin de remettre ses vertèbres dans le droit chemin. Du moins à peu près, car mon manque de matériel me força à faire les choses dans l'approximation. Une fois cela fait, je le recouvrais de bandage afin de combler tous les trous qu'il avait dans le dos. Je n'avais aucun désinfectant, donc il allait devoir faire sans. Une fois le dos de l'homme momifié, je lui appliquais la grande planche de bois pour qu'il se tienne droit jusqu'à sa visite chez un médecin mieux installé que moi. Je lui bandais aussi la tête, lui mit le bras droit en écharpe avec une autre attelle et le laissa faire ce qu'il voulait. La femme de la marine, elle, semblait encore un peu sonnée, mais elle n'avait pas de séquelles majeures. Hormis son épaule, qui s'était pris le coup de marteau. De toute manière, dans l'état qu'elle était, elle semblait inoffensive. Je lui pris donc le poignet avec ma main droite et posa ma main gauche sur son épaule. Je lui fis bouger le bras et constata que le haut de son humérus était quelque peu décalé par rapport à l'articulation. Je mis donc son bras légèrement derrière son dos et tira un petit coup sec dessus pour que l'os revienne de lui-même à sa position. Ça a dû faire faire quelque peu mal, mais rien de bien grave. Ne restait plus que Balior, qui souffrait juste d'une fracture du crâne. Il n'était pas mort, juste inconscient. Un bandage autour de la tête et s'en était fini !

      Tout le monde était soigné, à par moi. Je commençais donc à m'auto-soigner tranquillement afin de tenir d'ici jusqu'au navire !
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      L'ange était à la merci du Mergule. et le destin funeste qui attendait la jeune femme n'était rien à coté du drame qui allait se jouer. En effet, la sentence mortelle du mergulehammer ne tomba pas. A la place, il y avait le son de la foulée éléphantesque de Ging qui se rapprochait. L'aveugle étaient encore trop sonnée pour percevoir les mouvements de son adversaire, ou les trajectoires des guillemots que lançait le pirate géant. Ce ne fut que lorsque que le Lion s'interposa entre elle et un coup mortel d'Atmos qu'elle réalisa la situation. Enfin, c'était plus le contact du sang du malfrat qui lui fit l'effet d'un éclair dans le brouillard.

      Elle réalisa douloureusement que ce pirate venait de lui sauver la vie. Et qu'il venait de pulvériser le grand chef des méchants aussi. Seule consolation pour Jeska, il semblait ce sauvetage coutait autant à Ging que ça ne blessait la fierté de l'ange. Cependant, malgré qu'elle ait repris ses esprits, il lui était encore impossible de se mouvoir. Ses muscles étaient comme frappés de tétanie. Prisonnière de son propre corps, elle ne put qu'assister à la séance de soins que prodigua Zarechi au Lion. Impossible de profiter de la situation pour coffrer ces pirates. La honte que ressentait la jeune femme n'avait pour le moment d'égal que son sentiment d'impuissance.

      Ce sentiment atteint son paroxysme lorsque le dernier homme debout vint jouer avec elle comme on s'amuse avec une poupée. Il lui faisait bouger son bras blessé. Que cherchait-il? Elle l'ignorait, mais une chose était sure, il lui fit pousser un léger râle de douleur en finissant de lui remettre l'épaule en place. Elle était totalement humiliée. Sauvée, et soignée par des ennemis, c'était le déshonneur le plus complet. Zarechi estimait que la menace que représentait l'ange était si insignifiante qu'il se permit même de lui tourner le dos et de se soigner comme si de rien n'était.

      Lentement, l'aveugle se remit sur pied. Malgré ça, elle titubait encore. Il fallait qu'elle lave cet affront. Et rien de mieux pour ça que du sang de pirate. L'épée de Balior toujours en main, elle s'approcha silencieusement du Ging convalescent. Brandissant haut l'arme au dessus de sa tête, elle se préparer à la lui planter dans le cœur. C'est alors que son corps se figea. Puis, ses mains se mirent à trembler. Enfin, ce furent ses jambes qui flageolèrent au point qu'elle finit par ne plus arriver à tenir debout. Elle s'affaissa et se retrouva sur le derrière, l'arme plantée derrière elle.

      Pirates, vous avez blessé ma fierté en m'épargnant. Mais je ne laverai pas mon honneur avec votre sang. En fait, je viens de réaliser que ce ne serait que le souiller d'avantage que de tenter de le restaurer en prenant la vie de mes sauveurs. Tout ce que je peux faire c'est...

      L'aveugle se mit donc en position de faire de demander le pardon. Assise en tailleurs, le buste si incliné vers l'avant que son front touchait presque le sol.

      Pirates, merci de m'avoir sauvé. Cependant, je peux totalement ignorer vos méfaits. Dites vous bien que si nos chemins se croisent à nouveau, je n'aurai aucune pitié. Mais... pour rembourser la dette que j'ai envers vous, je vais... hum... chercher ailleurs durant quelques minutes, vous feriez mieux de profiter de ce temps pour vider les lieux. Adieu, pirates.


      C'est ainsi que Zarechi pris ses deux compagnons avec lui et les emmena hors de l'île. comment il réussit à les porter, et par quel moyen ils quittèrent l'endroit, l'ange l'ignorait. Mais ce qui intéressait Jeska en ce moment précis, c'était que les ennemis fichaient le camp. Elle se retrouvait donc seule, entourée de cadavres de Mergules. Lorsque ses hommes revinrent avec les renforts, ils se mirent aussitôt à la recherche de survivants. Ce fut long et difficile, mais là encore, les sens sur-développés de l'aveugle aidèrent grandement. En effet, elle flaira des odeurs humains qui n'étaient ni celles des marines, ni celles des pirates. Malgré tout, le bilan fut mince. Seulement cinq familles avaient survécu à l'attaques des pingouins de la mort.

      Cependant, malgré la joie d'avoir retrouvé des rescapés, il y avait aussi beaucoup de morts à mettre en terre. Le bilan humain se soldait en centaines de victimes. C'était catastrophique. L'ange n'arrivait pas à savourer sa réussite tant le nombre de morts était important. Mais ce n'était pas la seule raison de son humeur maussade. Ces pirates avaient une part non-négligeable de responsabilité. Elle leur devait beaucoup, et ça la rendait malade car le fait même de se sentir redevable envers l'ennemi heurtait de plein fouet sa conception de la justice.

      Seulement, elle n'eut pas le temps de tergiverser. En effet, les villageois voulaient lui montrer leur reconnaissance et organisèrent une petite fête en son honneur. Elle fut alors horriblement gênée tout la soirée. Elle avait l'impression de voler le mérite d'un autre. Et, même si elle affichait un sourire, ce n'était qu'une façade. Son malaise ne cessait de s'accentuer quand ses hommes se mirent à raconter ses prétendus exploits. Comme quoi elle avait vaincu à elle seule une armée de ces saletés palmipèdes. Comme quoi, en plus, elle avait triomphé des généraux Mergules et de leur chef. Et encore comment elle avait fait fuir trois pirates sanguinaires. Et bien évidemment, en bouquet final, comment elle avait retrouvé les survivants.

      C'était trop, bien trop. Un sentiment de honte lui glaçait les entrailles, la faisant se sentir de plus en plus mal à l'aise. Entre la honte de se voir attribuer un mérite qui n'était pas totalement le sien, et le déshonneur d'avouer qu'elle avait reçu une aide de la part de ces pirates, elle n'arrivait pas à se décider. Alors, elle décida de garder la bouche close. Son silence, aveu de son impuissance, lui fit passer la plus mauvaise soirée de sa vie. Et pourtant, c'était bien ses exploits que l'on fêtait. Ce ne fut que le lendemain qu'elle osa enfin dire la vérité. Pourtant, personne ne la crût. Tous se mirent à penser qu'elle essayait de minimiser ses actes par modestie. Malgré que personne ne la croie, elle se sentait libérée d'un poids. Elle avait donné sa version des faits. Sa conscience ainsi soulagée, elle quitta l'île avec son équipage.
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