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Tu sais, ma belle, j'me disais un truc. Tout con. Je me disais que ton p'tit bidon, comme tu l'appelles. Et bah, je l'aime. De la même manière que j'aime tes fossettes qui se creusent quand tu souris. Tes yeux bleus qui ressortent en plein été, toujours en même temps que tes taches de rousseurs en plein mois de soleil. J'aime ta peau blanche qui supporte pas de se voir bronzer. J'aime ta manière d'étendre ton bras tout fin, pour pas te prendre la fumée de tes clopes. Tout ça, j'ai appris à l'aimer au fur et à mesure, bah, que j'apprenais à t'aimer, toi. Dans ton entièreté. Et même que si aujourd'hui tu perdais ce petit bout de peau dans le bas du ventre, ça reviendrait à changer tes deux yeux contre du marron tout moche. Comme les miens.
On a vécu des trucs pas joyeux tous les deux. Des trucs moches que la plupart des gens voudraient oublier. Mais ces choses là, de moches, font ce qu'on est devenu, font aussi, en bonne partie, je crois bien, notre amour. Le genre de chose qu'avant de te 'rencontrer je croyais pas un yota. Quand on me parlait de ce genre de chose, qu'on trouve toujours dans les foutus livres, je me marrais. Ou je me moquais. Ou j'esquivais. Parce que je connaissais pas.
Peut être aussi, que je m'en moquais. Qu'j'étais heureux avec ce que j'avais. Le plaisir du corps, d'une nuit et qu'à ça, me suffisaient les femmes. Mais avec toi, ce fus différent. Ces sales moments comme ces bons, j'veux les garder en tête jusqu'à la fin.
Tu te rappelles ? Tu te rappelles de celui d'Logue ?
J'avais disparu six mois. Trop occupé à ramener des berrys que j'avais souvent pas pensé à t'écrire. Alors quand je suis revenu, tu m'as pas zieuté. T'as tourné le regard vers ta fille qui, elle aussi, boudait. Héhé, je me rappelles encore, Tes longs cheveux cachant tes yeux, et tes mains croisées. Tu dandinais sur tes pattes pour pas lâcher. Pour pas m'embrasser. Mais y'avait pas besoin. J'avais compris.
_On part. Que j'ai dis.
J'ai fait les valises, appelé la petite Josy qui nous en devenait une, et on est parti. On savait pas trop où. Logue Town qu'on a atterri. Je me rappelle encore. Les yeux pleins d'étoiles de la petiote dans le ferrys, ses cris de joies de voir les vagues cogner contre la coque, de sentir l'écume des mers et de voir les dauphins sauter à contre courant. On était pas encore arrivé que j'avais déjà gagné mes vacances. Que j'avais déjà regagner mes deux bouts de femmes. On a mis les pieds sur l'île en fin de journée, où les rayons se dissipaient pour laisser un sale trait rouge dans le ciel. La mistinguette, trop crevée d'avoir piaillé tant de temps s'était endormis dans mes bras. Alors on n'a pas réfléchi, on a laissé Josy déposer nos peu de sacs et coucher la petiote.
Et on est parti. Tous les deux.
On s'est promené, comme ça. Sans trop savoir, sans trop vouloir savoir, où c'est qu'on allait. T'avais l'air si perdue dans une aussi grande ville. Tes yeux s'ouvraient comme deux énormes bulles, faisaient ressortir leurs éclats bleu, empli de plein de paillettes. Dans tes yeux, je voyais ceux aussi bleus de la petite. Je voyais notre plus beau fruit, que nous, apprentis jardinier, avions planté. A chaque rue qu'on passait, à chaque bloque de pierre qu'on contournait, tu te mettais à t'extasier, à sauter sur place de plaisir. Parce qu'on était là, tous les deux. Et que c'était, bah, un soir merveilleux. Sans savoir, ni pourquoi, ni comment, nos pas nous ont ramené au port. Ce qu'on a jamais su aussi, c'est pourquoi y'avait ces loupiotes. Toutes enfouies dans des lingues, elles brillaient le ciel de leurs lumières rouges, éclairaient les coques tranquilles et les belles étoiles. Je crois bien qu'on est resté là, à les mirer jusqu'à la fin de la nuit. Tu me pris la mains, assise sur une muret. Et on resta là, juste dans le silence des vagues.
Parce que j'avais compris que le silence de ta présence, valait mieux que le bruit des mots.
Dernière édition par Mihai Moon le Lun 17 Juin 2013 - 10:37, édité 3 fois