- Spoiler:
- Raspoutine : Ω
Morgan : φ
Sören : ♫
φ Le pont tremble au-dessus de ta tête. Là-haut, ça fait la fête, ça danse, ça boit les maigres réserves en rêvant de lendemains glorieux. Du lendemain où l'on livrerait les Ombres. Le remue-ménage est tel qu'à chaque pas, tu sens la poussière du plafond se décoller et tomber sur ton vieux chapeau. La lumière est blafarde, compagnon. Tu as personnellement tenu à allumer l'une des lampes à huile murales pour que les prisonniers aient un peu de lumière. Mais ça ne contribue qu'à rendre les cales un peu plus sordides.
C'était la seule partie du bateau qui n'était pas peinte en rose quand vous l'avez récupéré. Sans doute la faute à la trop grande humidité qui aurait écaillé la peinture aussi sec.
Tu tournes le dos au garde-manger pour aller vers les geôles improvisées. Les pirates ont été attachés aux planches de la coque par le biais de chaînes qui s'y trouvaient déjà encastrées à cet usage. Certains essayent de dormir. Hathor t'insulte un peu quand tu passes, mais tu ne lui accordes pas un regard. Tu n'es pas venu pour elle. Pas non plus pour ses copines, qui ont l'air d'avoir un répertoire d'injures au moins aussi émaillé que le sien. Tu es un peu plus touché par les enfants, qui tremblent de peur. Tu aimerais bien les rassurer, au fond. Leur dire que leur mère ira en prison un temps, qu'ils pourront aller la voir, et qu'après, ça sera fini. Mais ils savent, au fond, ils savent qu'il n'y a que la potence ou le trou pour la vie, lorsque les assassins tombent du haut de leurs conquêtes. Et toi aussi, tu le sais. C'est malheureux, tout de même, que les mêmes puissent être tueuses et mères. Mais tu n'y peux rien.
Finalement, juste après un étrange tas de poils qui ronfle, Kusanagi a l'air de t'attendre. Il souffre, ça se voit. Il lutte pour garder une position correcte, malgré la fatigue. Tu sais que tu l'as salement abimé, et sans vraiment le faire exprès en plus. Une passe du samouraï utilisée en contre-attaque alors qu'en face, la garde était inexistante. Il s'est prit le tranchant de ta serpe sur cinq bons centimètres de profondeur. Une belle balafre qui part de l'aine et remonte jusqu'à l'épaule. Tu as loupé la gorge de peu.
Et heureusement que Selena, enchaînée un peu plus loin et avec plus de douceur, avait été là pour contenir un peu les dégâts. Sinon, avec ce qu'il avait encaissé, il serait sans doute mort à l'heure qu'il est.
-'Soir, bonhomme.
♫ Il a le r'gard de la haine, mais j'm'attendais pas à aut' chose, en fait. D'toutes façons, c'est pas ça qui me f'ra changer d'avis. J'ai quitté les copains pour comprendre. Pour comprendre qui t'es au juste, toi qui a failli me pousser à dev'nir un autre. Des forbans qui butaient des gens en croyant être dans l'vrai, j'en ai connu plus d'un. Mais jamais si jeune que toi. T'as quel âge, gamin ? Seize ? Quinze ? T'as pas un poil de barbe sur le menton, et t'as pris la vie à meilleur que toi. Qui t'es, ouais, qui t'es pour avoir fait tout ça ?
-T'as faim ?
Pas très envie d'recourir à des méthodes sales pour t'faire causer. Mais j'sors un joli cuissot d'agneau, tout dégoulinant d'sauce. En face, ça voudrait l'cacher mais ça salive dur. L'poisson est ferré.
-J'suis pas v'nu là pour t'chahuter, gars. J'veux juste discuter. Pour dire vrai, j'vois pas ben c'qu'un môme comme toi fait avec un joli sabre à trucider des gens sur les mers...
Qu'est-ce t'en dis ? Tu m'racontes ta vie, j'te laisse bouffer. Tu marches ?
Dernière édition par Sören Hurlevent le Dim 12 Mai 2013 - 16:48, édité 1 fois