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Un dernier verre.

_On dit qu'il faut faire le ménage et que chaque rat de la ville finira au fond d'une cale, à regretter d'avoir été rat. On dit que les chats sont sorti et qu'ils ne font pas dans le détails. Que leurs griffent raflent tout ce qui sort. Du plus faible au plus fort, du plus beau au plus laid. On dit même qu'ils savent où serait le rat le plus dangereux de la ville, qui a plus du lion que du rat. Mais moi, tu vois, le cachalot au crane lisse, moi, j'en ris plus que j'en tremble. Parce que cette porte que je te pointe, quand ils l'ouvriront en trombe, pointant leurs fusils sur toi et moi. Quand le plus gradé criera à l'arrestation. Et bah dans leurs yeux, les primes se mettront à tourner en boucle pour se rappeler là où ils m'ont vu. Et là, ils se diront « merde, on est dans la merde ». Parce que tu vois, le Cachalot, 50 millions de Berrys, ça attire, mais ça fait surtout peur. « Le Baton sanglant » qu'on m'appelle, parce qu'on dit que l'baton qu'est tranquillement là, calé sur le bout de la table, il finit toujours rouge à la fin d'un combat. Et ma foi, c'est pas mon sang qu'on y trouvera.

Les deux hommes sont assis au milieu d'un bar où personne d'autre n'ose plus venir. Le cachalot écoute d'une oreille, préférant s'occuper de la partie d'échec se jouant. Préférant toujours garder au coin d'une oreille, la porte d'entrée qu'il ne sent que trop enclin à s'ouvrir. Le Baton Sanglant, quant à lui, triture l'une de ses dreads, avec dans sa main gauche quelques piécettes qui jonglent d'un doigt à l'autre. Dans la droite, une bouteillde gnole se descend.

Spoiler:

L'Ishii lui, vide tranquillement sa tasse de thé brûlante, trempant délicatement ses grosses lèvres sur la porcelaine. Puis il joue. Avance sa main et déplace avec la dextérité de l'habitué son fou de huit cases.

_Hmm... Echec et mat.
_Ahahah bien joué la bette, on voit l’entraînement.
_Maintenant vous devez respecter votre contrat. Et partir.
_Non
_Hmm... Si.
_Non parce que louper le joli spectacle qui se prépare, passer à côté de tous ces marines qui d'une minute à l'autre vont arriver pour partir la queue entre les jambes et l'honneur disparu ; je voudrais louper ça pour rien au monde.
_Même au prix de votre honneur ? Nous avons fait un pacte, ou le perdant acceptait de partir d'ici. Vous avez perdu. Et parce que cette partie s'est faite entre hommes dignes je ne pensais pas à devoir me répéter. Partez d'ici.
_Tu vois, la poiscaille. J'ai fait deux voyages sur Grand Line et j'en ai rencontré des monstres comme toi, et j'me suis rendu compte, et bah qu'ils n'étaient pas plus fort qu'un autre. Et qu'avec une balle dans le cœur ou un coup de baton dans le crane, ils mourraient comme chaque foutu homme de cette terre. Et t'apprendras que les pactes, ne peuvent se faire qu'entre hommes de même force. Le lion ne pactise pas avec la fourmi. Tu piges ?
_Hmm... Tu n'as pas compris. Les hommes qui ne parlent que pour raconter ce qu'ils ne feront pas, ce ne sont pas des hommes.
_Héhé... C'bien une fourmi qui parle, ça.
_Je ne suis pas une fourmi. Je suis un cachalot, un cachalot qui commence à fatiguer d'écouter un homme se vanter d'un simple bout de papier. Quelques zéros sur une feuilles. Et voilà. Hmm... Ça ferait donc perdre son honneur, ces zéros ?
_Bordel pour qui tu t'prend !
_Je t'ai dit de t'en aller. Hmm...
_Non !

Les deux hommes étaient debout, lame du premier sorti, le bâton du deuxième en main, et les deux hommes se mirent en garde.

_Je vais te faire regretter tes mots, l'ami.
_Pas de bagarre dans mon bar. Ishii. Katsu, au baton sanglant.

Le vieillard au bar, nettoyant un verre à l'aide d'un vieux chiffon a tout écouté depuis le début. A  laissé les esprits s’échauffer. Et enfin, se met à parler. D'une voix fatiguée de voir son bar peu à peu déserté. Pourri par une marine trop présente. Il y a une époque où chaque heure de chaque jour, on y voyait plusieurs dizaines d'hommes à jouer aux cartes, boire un verre ou simplement discuter. Mais ça, c'était avant. Avant ce fichu Fenyang.


Dernière édition par Ishii Môsh le Mer 26 Juin 2013 - 13:12, édité 4 fois
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    Yvan le bien aimé était un marine honorable. Comme l’indiquait le pseudo qu’un de ses amis lui avait donné lors d’un soir de poker entre gradés, où il pardonna facilement la tricherie d’un d’entre eux, cet homme était aimé et adulé. Un marine comme on en faisait plus. Grand défenseur de la veuve et de l’orphelin, ce lieutenant-colonel avait le cœur sur la main, si l’on peut dire ainsi. Un véritable exemple pour tous ses collègues. Sur le champ de bataille, il était toujours devant ses hommes, prêt à risquer sa vie pour les causes qu’il estimait justes. Autant dire que grâce à cette icône seulement, la marine de Logue Town avait son blason redoré. Il avait un tel charisme qu’il réussissait même à convertir les pires crapules de la piraterie en braves soldats de la marine ! Du jamais vu depuis l’époque de la fameuse colonel Hina, la dame de fer pour certains, ou la cage noire pour d’autres !

    Un jour cependant, cet officier qui était promis à un brillant avenir fut lâchement tué par un pirate. Autant dire que ce fut un choc pour toute une promotion de marines. Ses obsèques furent grandioses, à un tel point que les étrangers qui étaient de passage dans la ville se demandaient s’il s’agissait du cortège funèbre d’un dragon céleste. Après quoi, tout le monde oublia l’histoire… Tout le monde sauf un homme : Moi ! Étant commandant à cette époque et donc l’un des subordonnés du grand Yvan, j’avais ouvert une enquête. Si la précédente n’avait rien donné, j’avais pour ma part dans l’idée d’insister. Le meurtre d’un aussi grand marine devait être résolu, au moins pour ses deux enfants et sa pauvre femme qui ne cessait de se lamenter dans son coin. Malheureusement, ma propre enquête ne donna pratiquement rien, si ce n’est qu’elle souligna le laxisme de notre faction ces derniers temps !

    Il y avait bien trop de rats dans cette ville !

    Non content alors de ne pas avoir retrouvé le meurtrier de mon supérieur et vieil ami, je m'étais donné un seul objectif : Dératiser la ville ! Les rafles commencèrent à se multiplier dès lors et les perquisitions également. Les bandits de petites envergures étaient tout bonnement emprisonnés, tandis que les gros bonnets primés se voyaient rapidement transférés à Impel Down, séance tenante. Il y avait même quelques-uns qui avaient fini morts par ma lame, si bien qu’à cette période, l’on m’affubla d’un pseudo révélateur : Le pourfendeur du mal. Pendant un bon mois, les arrestations furent légions sur l’île où tout commence et où tout se termine. Une période où il ne faisait pas bon d’être pirate, contrebandier ou mercenaire sur Logue Town. Et puis, suite à une énième arrestation, j’eus l’aveu d’un mafieux, comme quoi le meurtrier avait été Katsu au bâton sanglant, un forban de passage…

    - Il a beau être puissant, mais on va le cueillir ! Parole du Fenyang !


    ***

    Le jour fatidique avait fini par arriver. Grâce à quelques indics, la marine avait pu localiser le meurtrier. Bien que conscients du danger que nous courions au vu de la prime d’un tel pirate, c’était tout de même avec une certaine témérité nourrie par un esprit de vengeance, que nous prenions la direction d’un certain bar malfamé dans les périphéries de la ville. Bar que nous encerclâmes bien vite. Et puis comme l’avait prévu l’ignoble Katsu, la porte du local vola en éclats sous le poids d’un corps qui finit son vol plané sur le comptoir.. Les nombreuses fenêtres du coin furent brisées juste après, avant que des armes ne se pointent sur l’un des rares hommes de l’établissement. L’homme au baton sanglant était largement visé, et son vis-à-vis presque ignoré. Suite à toute cette succession d’actions, un homme au gabarit impressionnant fit enfin son entrée. Pas de doute, c’était bien…

    - Yo Katsu. Je suis venu te causer.

    Le « fichu » Fenyang en personne. La fumée de sa cigarette coincée aux commissures de ses lèvres, ne parvenaient point à dissimuler sa mine complètement froissée. J’avais les boules, mais pas qu’un peu alors. Aussi, crachai-je ma cigarette, avant de l’écraser tranquillement. Le vieux qui tenait l’endroit était lui aussi en colère, mais il ne pouvait pas faire grand-chose, au risque de se faire transpercer par plusieurs balles et de finir comme un vulgaire gruyère moisi. Il pesta donc et recula vers les étagères où étaient rangés une multitude de verres et de bouteilles. Je finis par avancer doucement, avant de m’arrêter à quelques mètres de deux personnes qui semblaient avoir un problème. Puis mon regard dériva un instant sur le compagnon d’infortune de Katsu avant que je ne pousse une légère exclamation ; amalgame de surprise et d’amusement. C’était bien mon jour, décidément !

    - Hohoho ! On a tiré le gros lot les mecs,
    dis-je en riant presque et en dégainant lentement mon meitou. Le « Gentlefish » et le baton sanglant… Si c’est pas un coup de chance ! Maintenant, messieurs, je vous prirai de me suivre, mais si vous refusez de coopérer, ça va devenir « un peu » compliqué, héhéhé !
    Le cigare continua à se fumer aux commissures des lèvres du monstre. Les fenêtre avaient giclé en éclat. La porte avait valdingué à l'autre bout de la pièce, et pourtant, le cachalot s'était rassi. Son énorme bouche vint se tremper ux bords de la tasse encore à moitié remplie. Tout autour, les marines braquaient leurs armes sur lui. Sauf que le monstre ne sortait toujours pas les griffes et aux armes préféra les mots ; Alors lorsque le plus grand des marines, presque géant, leur ordonna de sortir, le Monstre parla enfin.

    _Hmm... Un thé, avant ? 

    « Dans une autre vie, peut-être, le poiscaille. »

    Un thé se perdait. Une latte se tirait et au même moment, un ange passait.

    _Hmm... Vous avez détruit les vitres du bar d'un honnête homme. Vous lui avez cassé sa porte. Vous lui avez donné la peur de sa vie. Hmm... Vous lui devez bien ça.

    "soldats ! Armez vos armes!!"

    La main du cachalot se leva, comme par dépit. D'un geste qui valait acceptation.

    _Hmm...Allons, allons. Pas ici, je vous en prie. 

    Le monstre se leva de sa chaise, manquant de renverser la table sous le poids de ses mains. A côté, l'homme au bâton riait de toutes ses dents noircies. Son arme jonglait d'un doigt à un autre comme pour calmer son excitation allant crescendo. Rien qu'à ses yeux, chaque homme pouvait voir son envie de sang. Ses pupilles dilatées, le rebord de ses lèvres léchés par son immonde langue rappeuse. Sa barbe dressée frémissante, tout en lui suintait la méchanceté et la violence. Le Monstre, lui, sortait du bar d'une marche lente, le dos voûté pour ne pas cogner son immonde crâne contre les poutres en bois. Tout en marchant le plus tranquillement, sous le regard médusé des hommes, le Monstre pallabrait. A moitié pour lui, à moitié pour ceux ayant le cœur à écouter plutôt que frapper.

    _Hmm... Votre feu commandant, lui, avait le respect des honnêtes hommes. Je l'ai vu combattre des pirates avec le respect que chaque vie se doit d'avoir. Je l'ai vu laisser la vie à des crapules non pas par respect envers eux, mais par respect envers la vie qui partout, où qu'elle soit, est la plus belle des choses. Hmm... Votre feu commandant n'entrait pas chez l'honnête homme en détruisant tout ce qui avait mis des mois à se construire, il frappait poliment. Et même moi, qui n'ait jamais rien fait de bien, je lui aurais ouvert avec le même respect qu'il m'aurait offert. Je lui aurait offert un thé, on aurait discuté de tout et de rien. Hmm... J'aurais aimé ces mots distingués. Et lorsque la tasse aurait été vidé, on aurait combattu. Jusqu'à ce qu'un genou tombe à terre.

    Le Cachalot leva ses yeux vers Fenyang.

    _Vous voyez, monsieur, ce n'est rien d'autre que ça. Le respect. Mais … levant ses yeux vers le ciel. Tout se perd.

    Sans qu'ils ne s'en rendent compte, les marines avaient suivi le monstre dans ses mots et dans sa marche. Où le monstre toujours aussi calme, se trouvait à côté du Bâton sanglant, au milieu d'une place aussi grande qu'un terrain de sport. Aussi vidé que le désert d'Alabasta. Et alors, et seulement à ce moment là, le cachalot sorti son épée. Se mit en garde et dans un regard plein d'honneur, se prépara à l'inévitable.


    Dernière édition par Ishii Môsh le Lun 17 Juin 2013 - 20:44, édité 1 fois
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      Du respect à leur égard, je pense que j’en avais eu suffisamment. Suffisamment, parce que je lui avais laissé le monopole de la parole, ainsi que la grâce de se déplacer comme bon lui semblait, sans intimer à mes hommes de faire immédiatement feu. Un ordre qui aurait surement fait mouche. Alors que je pensais le voir s’enfuir avec son acolyte, ces derniers s’étaient arrêtés au beau milieu d’un terrain favorable à la bataille inévitable que nous allions mener. En nous voyant arriver, portes et fenêtres s’étaient aussitôt fermées. Autour de nous, il n’y avait plus âme qui vive. Je n’aimais pas spécialement me battre en pleine ville, mais c’était sans aucun doute la seule occasion pour nous d’arrêter le meurtrier de feu Yvan le bien aimé. Une opportunité qui ne se représenterait pas deux fois. Par contre, je devais avouer qu’au contraire de Katsu, le poiscaille m’avait fait forte impression ; même si son discours avait été bidon…

      - Hohé ! Tu ne trouves pas ton discours incongru ? Ladite violence dont nous avons fait preuve et que tu déplores, s’explique justement par le fait que notre commandant était trop bon et juste pour mourir de la sorte ! Et puis, depuis quand devons-nous respecter des hors-la-loi, hein ?! SOOLDAAAAAAATS !!!

      A l’unisson, mes hommes s’écrièrent bruyamment comme pour répondre à mon appel, avant de braquer une nouvelle fois leurs armes à feu vers les deux pirates qui semblaient vouloir se prêter main forte vu leur proximité. Aussitôt, plusieurs détonations s’en suivirent. J’avais pour ma part fermé les yeux en pensant qu’ils étaient morts, mais une balle frôla complètement ma joue, avant que je n’ouvre rapidement mes paupières, l’air surpris. C’est alors que je vis le bâton sanglant brasser de l’air avec son arme fétiche pour repousser toutes les balles qui le visaient et les renvoyer vers nous. Je pense bien à un moment donné que j’avais dû utiliser le plat de ma lame pour dégager quelques balles qui filaient droit vers nous. Et quand le silence redevint le maitre des lieux, je constatai avec désenchantement que plus de la moitié de mes hommes avaient été victimes de leurs propres projectiles…

      - HAHAHAHAHAHAHA ! TU VOIS MARINE ? VOUS NE POUVEZ RIEN CONTRE MOI, PEU IMPORTE VOTRE NOMBRE !

      En un clin d’œil, j’avais plus ou moins fait le bilan de notre faction, pendant que Katsu riait à gorge déployée en tournoyant son bâton dans mes mains : Cinq à six morts… Et une multitude de blessés qui gémissaient au sol. On ne pouvait pas être dans une plus belle merde, j’vous jure… Fronçant les sourcils et grognant légèrement, je m’élançai tout d’un coup vers Katsu. L’autre poiscaille n’était plus du tout dans mon champ de vision. Il n’était pas ma priorité. C’est alors que nous nous mîmes à échanger des coups véhéments. Alors que mon visage était déformé par une certaine colère, Katsu, lui s’amusait, pour ne pas dire qu’il riait complètement. Niveau nargue, on n’faisait pas mieux. Je me demandai à un moment donné comment il réussissait quand même à contrer le tranchant de ma lame avec son bâton. Comment un simple bout de bois pouvait rivaliser avec un meitou, même de bas étage ? Un mystère…

      Vu les passes d’armes entre Katsu et moi, deux lieutenants plutôt habiles se mirent à tourner autour du poiscaille, armés d’un sabre chacun. Leur visage montrait leur détermination à arrêter le supposé complice de Katsu, d’autant plus qu’il avait eu le culot de prôner respect et honneur, lui, un vulgaire forban ! Étant donné que j’avais moi-même décidé de m’occuper du principal recherché, aucun autre marine ne voulait également me gêner dans mon combat. Il valait mieux.. Tout d’un coup, ces deux hommes animés par leur courage, foncèrent droit sur leur adversaire choisi, tandis que d’autres marines visaient son dos et sa nuque à l’aide de leurs armes à feu. Puis, sans crier garde, ces derniers se mirent à mitrailler la zone où se trouvait le poiscaille. Entre les balles qui fusèrent derrière lui, et les lames prêtes à l’embrocher, l’homme poisson avait fort à faire. Autant dire qu’il était pris au piège. Il était fait comme un rat !

      Il y avait ce lieutenant tout bien habillé : Il était jeune avec ses traits sans rides et son regard empli de naïveté. Son costume finement brodé lui donnait comme l’air d’un pingouin habillé en lionceau. Et pourtant, dans sa démarche, on sentait l’arrogance de la jeunesse, la fougue et la violence que n’avait plus les matures. A côté, l’autre lieutenant donnait dans le contraire, comme pour faire la part des choses. Presque en retrait, ses grosses joues trop arrondies par la bonne bouffe et ses lourds pas se faisaient dans la lignée de la jeunesse, comme pour s’en cacher du Monstre.

      Mais le Monstre, lui n’avait pas le temps et déjà son immense corps giclait vers les deux hommes, comme propulsé par la peur. Les trois lames se cognèrent dans un grand fracas, faisant sauter les cœurs. Mais déjà, de chaque côté les soldats chargeaient leurs armes, inséraient la poudre et appuyèrent sur les gâchettes. 

      Cet instant là, où les balles de mort volèrent au dos du Monstre, où les deux lames de mouettes cognèrent contre celle du cachalot, cet instant là, l'Ishii ne pu réfléchir. Et il ne le fit pas, trop concentré sur son énorme pied qui vint frapper le sol de toute sa puissance, faisant gicler les pavés dans un tourbillon inorganisé, faisant rugir le sol sous la force du coup. Et chacune des balles ou presque vint percuter l'un des projectiles. Presque parce qu'une première effleura le crane du monstre, une deuxième failli sectionner son cou et une dernière fit rebondir un bout de roche dans son nez.
      Alors la seconde d'après, lorsqu'il ré-ouvrit les yeux pour voit le spectacle, c'était pour admirer la mort. Celle du jeune lieutenant s'étant pris une balle perdue, celle d'une vie trop courte qui s'était fait la malle par erreur humaine. Chacune des mouette regarda son arme de la plus triste des manières, comme la jugeant coupable du crime que l'un d'eux avait commis. Même le vieux colonel cru s'en vouloir un court instant.

      Il était là, pataud, avec à ses pieds la carcasse sans vie d'un gosse ayant pu être son fils. L'avait autant de gouttes aux tempes que de larmes à l’œil le vieux, et si le Fenyang n'avait pas été de trop occupé à jouer de son épée, il aurait sûrement eu la même odeur au nez, le même goût aux lèvres. Celui d'un beau gâchis.

      Le Monstre, lui, était aussi triste que les autres, mais il en avait de trop vu, de ces horreurs, pour encore en pleurer. Et parce que les marines commençaient déjà à recharger leurs armes, parce que le pataud avait fini de faire couler les larmes et levait déjà haut son épée, l'Ishii réagit.

      C'était de toute son énorme masse qu'il fendit l'épée vers la mouette, c'est de toute sa force qu'il frappa les côtes de son adversaires, c'est de toute sa détermination à rester en vie qu'il para le coup de lamelle.

      Et lorsque les autres bleutés eurent fini de jurer sur leurs armes, lorsqu'ils accoururent auprès de leur collègue pour l'aider, l'Ishii se trouva au milieu d'une horde de mouettes assoiffées où sa lame jonglait entre celles de ses adversaires, où son immense corps virevoltait au milieu des coups pour frapper, éviter, cogner et esquiver. Ses coudes n'étaient plus que des masses, ses genoux des battes et le plat de son épée la bâton de la sentence.

      Lorsque les corps autours tombèrent. Lorsqu'il ne resta plus que le lieutenant, tout essoufflé. Les deux adversaires regardèrent un court instant le bâton sanglant. Il acculait le Fenyang, le bombardant de son arme, jusqu'à ne plus lui laisser aucune chance de contre-attaquer. Il y avait son sourire aux bouts des lèvres qui laissaient apparaître ses dents jaunis par l'alcool et le tabac. Il y avait sa barbichette qui frémissait d'excitation sous les coups de violence.

      _Hmm... Lieutenant, je n'aime trop votre supérieur qui a détruit le bar de mon ami, mais j'aime d'autant moins l’infâme pirate. Je ne vais pas vous frapper pour vous tuer. Je ne vous mettrai au sol que pour secourir votre ami.

      _Crois bien que j'aimerais te croire le monstre, j'aimerais.

      Il avait le visage rougi de fatigue, le lieutenant et tous ses traits surinaient de transpiration. C'était un de ses hommes qui avait monté quelques échelons pour s'en satisfaire. Qui avait femme et enfant l'attendant, qui ne faisait qu’espérer le jour de sa paille. Si bien que lorsque toutes les mouettes s'étaient jetées corps et âme, il n'avait que frapper de l'allonge la plus grande qu'il pouvait, n'avait fait que perforer d'une façon défense. Ses attaques n'étaient que la meilleure défense qu'il avait trouvé, pour faire gagner de l'espace. Si bien que lorsque le Monstre l'observa, il savait qu'il serait le premier à ré-attaquer. Il savait que le lieutenant ne tenterait rien d'autre qu'une parade pour mieux s’éloigner. Alors le cachalot lança sa lame au visage de la mouette et alors qu'elle se faisait déjà déviée, le pieds d'appui du monstre changeait pour lancer son genou dans les côtes de l’adversaire. Avec toute la force qu'il avait, avec toute sa puissance.

      Et le lieutenant tomba.

      _Hmm... A nous trois maintenant. M Fenyang. Permettez que je vous aide.


      Dernière édition par Ishii Môsh le Mer 26 Juin 2013 - 12:03, édité 1 fois
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        Trop faibles… Tous ceux qui m’avaient accompagné avaient été trop faibles… Et il ne restait plus que moi. Moi seul. En train de souffrir contre le bâton sanglant. Quelques estafilades naissaient çà et là sur mes vêtements et sur mon torse nu. Son arme brassait facilement l’air, un peu comme une lame assez tranchante. La résultante de ses attaques qui ne m’atteignaient pas directement n’était autre que ces blessures qui se multipliaient sur mon corps. Foutu pirate ! Foutue force de la nature ! Pourquoi… ? Pourquoi ces gens se plaisaient-ils à tout détruire sur leur chemin alors que leur puissance leur permettrait de protéger les plus faibles ? Bonne question qui méritait réflexion profonde. Mais l’heure n’y était certainement pas propice. Je me faisais bien trop maltraiter pour réfléchir à un tel sujet. A l’heure actuelle, il me fallait riposter. Lui montrer la ferveur de la marine, de la justice ! Mais l’une des attaques de Katsu finit par m’atteindre en pleine poitrine, avant que je n’aille heurter un mur quelques mètres en arrière…

        - Hein ? Qu’est-ce que t’as dit l’poiscaille ?!

        Lorsqu’il entendit la voix tranquille du Cachalot, Katsu m’oublia instantanément pour se retourner vers Ishii. Il n’y croyait pas ses oreilles. Le pirate eut cependant un sifflement d’admiration devant la scène : Tous les marines du coin avaient plus ou moins été au tapis. De quoi forcer son respect pour l’homme poisson. Cependant, hautain comme il l’était, Katsu se mit à rire. Le genre de rire moqueur, dédaigneux. Il poussa le vice jusqu’à applaudir, tout en félicitant son vis-à-vis, non sans ajouter une touche d’ironie : « T’es pas du tout mauvais, l’poiscaille ! Mais t’crois vraiment que c’marine va vouloir ton aide après que t’ais dézingué tous ces hommes ? Faut pas rêver l’ami, haha ! Et puis même s’il acceptait, qu’est-ce qui prouve que vous arriverez à m’abattre ? HEIN ? HAHAHA ! T'ferais mieux d’abandonner ! » Mais alors que Katsu se perdait dans un rire sonore, un pied vola dans les airs et s’abattit impitoyablement sur toute la surface gauche de son visage. L’instant d’après ? Il avait plané quelques mètres, avant d’aller cogner un mur à son tour…

        - Un partout !

        Qu’avais-je fini par dire, sourire aux lèvres. Ça lui apprendrait à relâcher sa garde pour vanter ses prouesses martiales. On n’était pas ici pour discutailler après tout. Reprenant mon souffle, mon regard se planta ensuite vers l’autre poiscaille. Ma main se colla à la partie endoloris de mon torse alors que je mimai une grimace, pour ensuite serrer mon visage. Ce poisson avait l’art d’énerver, je vous jure. Avec son maintien et son apparence raffiné, il frôlait de près l’arrogance. N’était-ce pas un pirate, tout compte fait ? Ceci explique cela. « Il a beau être con, mais Katsu a pas du tout tort. Qu’est-ce qui te fait dire que je vais accepter ton aide ? Tu viens de me bousiller mes hommes après tout. » Question franche qui annonçait les couleurs. Je n’avais pas besoin de l’aide d’un pirate… Ou peut-être si… Que m’étais-je mis à penser lorsque j’eus l’ouïe de l’énième rire de Katsu. C’est dire que le type n’avait pas vraiment senti mon coup passer, même si j’avais eu le mérite de le balayer quelques mètres plus loin. C’était quoi ? Un robot ? Un cyborg ? Parce que bon…

        - Ok… Coopérons.

        Ni plus ni moins. Je n’avais pas vu l’utilité d’ajouter des menaces ou des trucs de ce genre. De toutes façons, L’ishii savait au plus profond de son cœur que s’il couillait quelque part, je n’hésiterais pas à me retourner également contre lui. Je fronçai mes sourcils, avant de serrer mon meitou dans mon bras droit. Il était temps d’en finir ! Katsu pour sa part, se releva et fit mine de se dépoussiérer. Pour un type qui n’avait aucune hygiène buccale, c’était plutôt fort quand même ! Je haussai un sourcil avant de reprendre contenance. Il nous fallait rapidement établir un plan, et nous allions commencer par les bases d’un duo, juste le temps pour moi de repérer les points faibles du baton sanglant. « Je l’occuperai. Pendant ce temps, essaye de le prendre par l’arrière. Même si ça ne marche pas, c’est juste un bon plan pour voir comment il fonctionne. On avisera par la suite. » Ni une ni deux que je m’élançai dans une course en avant. Je ne lui avais pas laissé le temps d’une objection. Ravi de me voir venir, Katsu fit également de même,  gros sourire aux lèvres…

        Et c’est ainsi que nous recommençâmes à échanger des passes d’armes.
        Il avait un sale sourire, le Katsu. De ceux qui mettent mal à l’aise, qui donnent un drôle de goût en bouche et pourtant, le sourire… Il y a quelque chose de sacré dans ce geste, et même le Monstre le savait. Ce signe de joie, de bonheur, se transformait à la gueule de Katsu en une horreur, une démonstration d’envie de sang et de haine.

        De meurtre…

        Il avait la gueule mauvaise, les frusques salies, la barbe immonde et tout en lui suintait crasse et violence. Le Monstre, à côté, faisait office d’ange avec son cigare et ses jolies frusques. Ses trqits calmes malgré les tics de la mouettes, comme intouchable, comme Etranger à ces choses qui ne lui faisaient déjà plus rien d'autre. Comme un glissade...

        Pourtant, l’ange n’était pas en position de faire la morale, ni même de dire mot, juste de frapper, et déjà, le grand bâton volait à son visage. Et les trois corps, immenses, se cognèrent les uns aux autres. Il y avait les deux épées se fracassant contre le bâton résistant toujours. Inlassablement. Il y avait Katsu se démêlant pour toujours parer les deux épées. Il y avait les deux alliés d’un moment esquivant les retours du bâton se mouvant comme une anguille entre les coups. Qui zig zaguait au gré des pas et des frappes pour toujours passer à travers, pour toujours trouver une infime ouverture que lui laissent le Monstre et le Blond.

        Les trois masses bougeaient si vite, si violemment, que toute autour les marines à terres se faisaient peu à peu engluer dans un nuage de poussière. Et les baraques se faisaient recouvrir de grains de terre. Il n’y avait plus que le bruit des armes se cognant et pourtant c’était pire que le plus grand des fracas, faisant écho au rire gras et fort de l’étrange homme.

        _Hmm… Je ferai taire ton rire par ma lame.

        _Bouhahaha, à deux ou à vingt, ça ne changera rien ! Je serai toujours trop fort !! Cercledead !

        Tout son corps se mit à tournoyer, faisant voler les deux hommes en arrière, et son bâton maintenu à l’horizontale était comme un bouclier que les hommes ne pouvaient franchir. Sa vitesse s'était comme accélérée en un instant. Tout son corps s'était comme transformée en une énorme toupie pleine de mort, et son arme, déjà, s’avançait vers le cachalot. 

        Il y eu ce temps où le cachalot ne sut faire rien d’autre que reculer. Celui où le blond ne savait que faire si ce n’est se protéger.  Et puis, il eu la seconde d’après, celle où le Monstre se jeta en l’air pour mieux faire tomber sa lame sur le crane du pirate, et au même moment, le marine jeta tout son corps, toute son âme et toute sa lame de mort sur les jambes du bâton.
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          Alors qu’il allait réussir à infliger un vrai premier coup au poiscaille un peu trop sûr de lui, Katsu sentit une autre présence un peu trop proche de lui. A la seconde qui suivit, il vit mon meitou viser ses jambes et s’alarma aussitôt. Il se contorsionna d’une drôle de manière (En plein air, sisi) pour éviter mon attaque, mais ne put voir celle du poiscaille qui lui lacéra le torse. Proie à une douleur terrible, le pirate tomba au sol, roula plusieurs fois, et se releva aussitôt, non sans râler et haleter. Les deux personnes qui se tenaient devant lui semblaient être en mesure de le battre, ce dont il se rendit compte. Katsu porta une main sur sa poitrine ruisselant de sang. L’entaille était grande mais peu profonde. De quoi tout de même le faire chier et nous porter un regard plus ou moins rancunier. Le pauvre avait perdu son sourire. Une bonne chose pour nous. Cela nous éviterait une belle scène d’horreur à l’avenir, tant sa gueule était tout simplement sale et crade à souhait. Néanmoins, cela signifiait aussi qu’il devenait très sérieux dans l’affaire…

          - Vous allez m’le payer…

          Qu’il débita, avant de recommencer à manier habilement son bâton sur lequel on pouvait apercevoir du sang séché. Maintenant que j’y pensais, ledit bâton devait être en bois d’Adam vu comment il résistait aux assauts de nos épées. Épées qui comptaient tout de même un meitou, on s’entend. Tout devenait maintenant clair dans mon esprit. Il fallait donc que j’use au maximum de mes talents de bretteur pour pouvoir briser son allonge et pouvoir en finir avec lui. De ce fait, je jetai un regard autour de nous et me rassurai en ne voyant pas le moindre bâton trainer dans le coin. Il y avait des épées des soldats vaincus, certes, mais il ne saurait pas les manier aussi aisément qu’il le fait avec son bâton. C’était là mon intuition de bretteur aguerri. Je me remis en garde en attendant qu’il daigne nous charger, quand notre adversaire mima une attaque dans le vide, ce qui eut pour effet de distordre l’air et d’engendrer une lame de vent conséquente qui fila vers nous. Pas le temps de faire de même, il nous avait pris au dépourvu.

          - Fait chier !

          Je fis un rapide croc-en-jambe à mon partenaire étant donné qu’il était assez court, et un bond salvateur de sorte à ce que nous évitions tous les deux l’attaque. La lame de vent, horizontale, partit s’écraser contre le mur d’une boutique. Je m’inquiétai un moment, mais il semblait ne pas avoir de personnes à l’intérieur, vu l’absence de cris. Une bonne chose. Mais alors que je me retournai, Katsu avait déjà réduit la distance qui nous séparait et me porta un coup avec son arme, et ce au beau milieu de mon torse. L’effet ressemblait à s’y méprendre à celui d’un coup de poing dévastateur qui réussissait à vous immobiliser en un rien de temps. Je me tins solidement sur mes pieds cependant, pour ne pas voler encore une fois, mais le bougre multiplia ses attaques, ce eut pour conséquence de m’envoyer balader dans le décor, une énième fois. Décidément, ce type était fort. Pas étonnant qu’il ait battu et tué notre supérieur sans trop de problèmes. Une fois sûr que j’étais bien loin, il se retourna alors vers l’homme-poisson…

          Et se mit à l’assaillir de frappes à la fois rapides et véhémentes…
          Au départ des coups, avant que vole le sang et les lames, la place n'était qu'un havre de paix, où les badauds venaient se prélasser après une longue journée de labeur, où les jeunes amoureux s'embrassaient assis sur un banc. Où les enfants chantaient leurs naïvetés à leurs parents. Et puis, en un instant, cet endroit si paisible s'était transformé pour ne plus laisser apparaître que fracas. Il y avait ces hommes tout abîmés, affalés par leurs blessures sur le sol, pas même capables de se lever. Il y avait ces pavés tout retournés par les soldats, les frappes et les coups, ce mur détruit par l'attaque du bâton où la mouette grognait, encastrée.

          Et le Monstre, lui, au milieu de ce fracas, des coups du mécréants et des voluptés de cigare, dansait encore et toujours, tentant tant bien que mal de résister à la vitesse, à la rapidité et à la violence des coups volant contre son corps. Il ne comprenait que trop peu, comment le pirate tout abîmé qu'il était, tout exténué d'avoir lutté contre deux hommes à la fois, pouvait encore tenir debout,encore jouer aussi durement de son bois de mort.

          Le Monstre, poisseux, suintant de tous ses ports, commençait à fatiguer. Ses attaques frappaient moins forts, moins vites, les ouvertures laissées plus grandes, faciles. Et tout son corps, immense, avait beau tenter de continuer le combat c'étaient d'innombrables coups de bâtons, hématomes, et saignées qui l'entachaient, alourdissaient chacun de ses mouvements d'une messe de mort. L'avait beau lutter, parer, gesticuler, il voyait bien le déséquilibre, celui du pirate qui en avait vu d'autres, bien pires, qui avait vogué sur Grand Line sans sourciller et qui avait beau combattre un Monstre, ne se trouvait que contre un enfant. Un enfant qui n'avait connu qu'East lue et tous ces hommes se croyant roi au pays des faibles.

          Bouahahah ! Vois, le Monstre ! Vois comme tu es faible ! Et goûtes à la puissance des vrais hommes !!

          Il le faisait, le Monstre, il obéissait à cette directive qu'il ne pouvait contrer, mais pourtant, à chaque coup gagné, à chaque brimade du pirate, au fond de ses pensées le Monstre se chantait l'un de ces rêves qui l'avaient tant bercé.

          Mais vint le moment où son corps ne pouvait plus supporter les assauts du pirate, où sa volonté ne pouvait plus tenir ses larges épaules et tout son immense corps s'affaissa pour poser genou à terre. Le mécréant le surpassait, le surplombant d'un regard plein de mépris, de haine et de moquerie. Il y avait sa gueule immonde qui laissait ressortir ses dents toutes jaunies dans une grimace de satisfaction. Il y avait son front suant d'où venaient perler des gouttes jusque dans ses yeux. Et son bâton, lui, qui se levait pour en finir. Mais le Monstre ne leva pas son épée pour parler,il y eu juste sa voix, saccadée par le souffle manquant.

          Hmm... Un jour... Viendra où je serai aussi fort que toi, et plus encore... Où les pires pirates craindront mon courroux et où les hommes m'accepteront... Je ne mourrai pas aujourd'hui, non, c'est trop tôt. Hmm... Bien de trop tôt. Mais toi... Tu ne sera plus là pour voir ça... Hmm... Pauvre de toi qui a choisi le mauvais chemin, le mauvais adversaire...

          Le pirate ne comprit pas ces étranges mots, il ne comprit par l'étrange sensation qui lui traversa l'échine et ne vit que trop tard la lame qui s'enfonçait de part et d'autre de son ventre. Son corps tomba avant qu'il ne puisse apercevoir le visage lacéré de la mouette. Mais le monstre, lui, vit ses joues toutes burinées, ses épaules avachis et ses mains tremblantes sur son fourreau. Le pirate était mort pour laisser face à face non plus deux hommes hauts et fiers, mais deux être abîmés, vidés de leur force.

          Hmm... Dis moi, qu'un jour tu comprendras, que les masques ne sont pas... les hommes.
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            Je n’avais pas réagi à la dernière phrase du poiscaille. Cela n’aurait servi à rien, puisqu’elle semblait ne pas m’être adressée. En lieu et place d’une parole, j’avais posé mes yeux sur lui pendant un bon moment. Autour de nous, c’était le calme plat. Il n’y avait plus le moindre bruit. Pas le moindre murmure. Le sang qui suintait sur mon meitou suffisait à notre vengeance, à celle d’Ivan, à celle de tous les marines tombés sur le front. Si je fixais intensément mon partenaire d’un combat, mes pensées, elles, étaient ailleurs. Maintenant que le combat était terminé, il avait une sorte de regret qui pinçait mon cœur. Cependant, il y avait aussi beaucoup de soulagement. Ivan pouvait reposer en paix. Certes, il y avait eu de nombreux morts de notre côté dans notre désir de vengeance, mais ce devrait être leur destin. Après tout, chaque marine était plus que conscient de côtoyer la mort sur chaque opération qui nécessiterait ne serait-ce qu’un combat. Les pleurer pendant un moment reviendrait donc à salir leur nom, leur honneur, leur fierté de braves soldats de la marine.

            - Pour un pirate, je dois avouer que tu es surprenant. Pour avoir défendu tes idéaux, tu gagnes ma reconnaissance et mon respect.

            Je n’eus pas de sourire pour lui. Il était un pirate primé après tout. Cependant, ma phrase avait été d’une sincérité à n’en point douter, sans compter mon regard qui en disait long sur la considération que j’avais pour cet homme. Un pirate normal aurait fui pour éviter toute confrontation sanglante, ou aurait même aidé le bâton sanglant dans ses besognes, mais il n’en fut rien. Si j’avais été moins entêté face à ses dires, peut-être n’aurait-il pas tabassé le reste de mes hommes. Cependant, il ne devait pas m’en vouloir. Dans ce monde, nous avions nos titres et nos rôles à jouer, ce qui avait été fait dans l’ordre naturel des choses. Mes hommes allaient certainement lui garder rancune, mais j’allais vite faire de calmer leur ardeur en leur racontant tout ce qui s’était passé. En levant ma tête vers ma gauche, je vis le barman nous approcher discrètement. Je lui fis signe de sorte à ce qu’il vint plus rapidement aider Ishii à se remettre debout, pendant que je leur donnais dos. Au loin, c’était une troupe qui venait en renfort. Ils avaient dû être avertis par un civil du coin…

            - Hey, barman. Viens me remettre en main propre la facture des dégâts que nous avons causés dans ton établissement. Et aide Ishii à se planquer le temps que l’affaire se tasse.

            Je rengainai alors mon sabre en leur donnant dos. Il n’y avait plus rien à ajouter. L’important était fait. D’ailleurs, la raison pour laquelle je n’arrêtais pas Ishii était toute simple : Je ne voulais pas lui être redevable. Sa liberté était en quelques sortes le juste retour des choses. C’est alors que je commençai à avancer vers certains marines encore en vie, mais toujours étalés au sol. Je me mis à les sermonner pour qu’ils fassent un effort pour se lever, ce qui eut l’effet escompté. Après tout, j’étais moi-même plus amoché que ces types. Je commandai alors à trois d’entre eux -Les moins touchés dans cette bataille- d’aller soulever le corps du bâton sanglant maintenant six pieds sous terre, avant de sommer aux autres d’essayer de rentrer à la caserne. La troupe de renforts vint nous aider en cela, d’ailleurs. En arrivant à bon port, il eut des larmes au tout début. Mais quelques jours plus tard, les rires et la bonne humeur prirent le pas sur l’humeur maussade qui régnait dans la caserne. Yvan avait été vengé, nos morts enterrés et la vie suivait cours. Le futur promettait !



            Une grosse masse,  immonde, qui cogne les murs jusqu 'à les faire tremper de rouge.
            Un vieillard, tout bancale, qui tente tant bien que mal de l'aider.
            Des corps, abîmés, qui disparaissent derrière eux avec, au milieu, une mouette.


            ---



            La vie c'est un jeu. Où y'a des gagnants, des perdants, des ennemis et des amants.
            Y'a ceux qu'auraient pu être ami, mais qui, faute de temps, se trouvent à montrer les dents. Y'a des beaux, des laids et beaucoup de truands ; De ceux qui gagnent leur vie, et de ceux qui la perdent. Y'en a qui croient que c'est ainsi, et que rien ne changera, d'autres qui rêvent beaucoup, et qui y croient. Y'a des cœurs tristes et d'autres heureux qui vivent juste dans leur bonheur d'être joyeux.

            Et puis y'a les autres.

            Ceux qui s'oublient avec tout ce qu'il y a. Le shit le crack ou la vodka. 'Prefèrent se croirent ailleurs, parce que la vie est souvent moche, et que les gens espèrent souvent le meilleur. Sauf qu'ils donnent pas les coups de taloche. Ils se complaisent à penser que rien ne changera. Que la vie est ainsi, que c'est comme ça. Y'a tous ceux là qui n'se battent pas. Qui mordent pas la vie.

            Et puis y'a l'autre.
            Ishii.

            Y'a son cigare, sa moustache et son costard. Ça pourrait suffire à faire d'lui un homme, sauf qu'y'a tous ces regards qui volent à sa gueule comme autant d'insultes. Le respect, l'amour et tous ces dogmes, ceux qu'oublient les plus beaux des hommes, et que chaque jour le Monstre se rappelle, lui qui vole et tue pour de l'argent, il voit le bien venir à lui, lentement...




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