_Ces enfoirés m'ont volé mes putes !!!
_Navré chef...
_Iruoto, Bayuki, je veux revoir ces saletés de putes et la tête des voleurs pendant à un pic !!!
_On a combien à disposition ?
_Payer le plus gros monstre de Logue Town s'il faut, mais faites payer ce crime !!!
Il y a ce petit perroquet, tout vert, avec le bout du crane garni de plumes jaunes et le bout des pattes bleuis. Il piacte chaque jour en voletant au dessus du pont, sous les rires des pirates. S'en va même parfois pailler plus loin, en ville, à la recherche d'autres oiseaux. Et chaque soir ce petit animal, tout magnifique, revient se cacher au fond de sa cage qui se referme bien vite pour la nuit.
Il a fallu un moment au monstre, pour comprendre le pourquoi de cette étrangeté. L'eau dans la cage, est chaque soir remplacée par une goutte d'absinthe.
L’envers du décor.
La nuit arrive. Cachant le monstre dans ses ombres et noirceurs. Seule lumière, le bout de son cigare se pigmentant de rouge. Caché au recoin d'une maison, le monstre tente d'apercevoir un bout de femme. Elles ne tarderont pas à sortir, il en est certain. Elles danseront autour des hommes, joueront de leurs formes et de leurs superbes et quand la nuit arrivera à l'aurore, les plus rieuses partiront dans les bras d'un homme. Alors restera seul, le borgne à jambe de bois, qui comme chaque soir finira sa nuit à trop boire, avachis sur une chaise du pont. Mais avant tout ça, avant les danses et l'alcool, l'homme au chapeau rouge ira dormir, pour partir en douce, profitant des braillements. S'en suivra la petite miss et son âge trop peu avancé pour connaître ce genre de choses. Et enfin, la fête pourra commencer.
Le monstre connaît déjà tout. Et il connaît même sûrement mieux la vie de ces hommes qu'eux même, trop occupés à vivre pour se comprendre. Alors le temps passe. Les femmes arrivent. Les bouteilles se vident. Les envies se creusent. Et peu à peu, chaque homme trouve femme à son pied, chaque femme trouve amusement à sa nuit. Et vient le moment attendu par le Monstre. Celui où le borgne trop laid continue sa nuit, seul, trop soiffé pour faire autre chose que regarder sa jambe de bois. Et pleurnicher.
Alors le Monstre se glisse lentement vers la coque tranquillement amarrée au port. Son lourd corps se fait presque aussi léger qu'une plume. Aussi discrète qu'un grain de sable au milieu du désert. Son corps se voûte, ses pieds jouent entre les ombres et avant même que le borgne n'ait compris, le plat d'une épée se fracasse sans bruit sur son crâne.
Mais le monstre n'a pas fini. Ses pieds se glissent sur le plancher de bois sans un bruit, descendent les escaliers menant aux chambres, soufflant les bougies. Sa démarche se fait rapide et malgré étroitement du couloir, la dangerosité sonore du sol, son ombre glisse sans qu'un craquement ne se fasse entendre. De chaque côté, les lits grincent, les ronflements grognent ou les femmes crient. Puis, au bout, deux chambres silencieuses. Alors Le monstre entre-ouvre la première d'un geste rapide, pour qu'aucun grincement ne vienne, pour que le courant d'air ne soit pas plus important qu'un souffle d'enfant. Et, de souffle d'enfant, le monstre en voit alors un beau. La petite, emmitouflée sous une couverture, dort paisiblement, un nounours au creux de ses mains. Alors les doigts viennent délicatement saisir le corps de la petite endormie, d'un geste presque paternel, lent et plein de calme pour ne pas réveiller l'ange dormant.
Lorsque les pirates se réveilleront, ils trouveront un mot écrit d'une plume grasse et bavant, mais sans aucune faute, comme écrit par un monstre éduqué.
« Dîtes aux femmes de prendre le premier bateau pour Logue Town. Dîtes leur de retourner à qui elles appartiennent, et ce, avec 5 millions de berrys pour dédommagement. Une fois fait, vous retrouverez l'enfant. »