Bientôt la nouvelle année...
Et la victoire est amère. Si l’on peut nommer ça « victoire ». Tout ça,... Se termine sur une note âpre.
Faites très attention, c’est fragile bon dieu !
Le calme était revenu sur le Royaume de Drum. Un calme bienfaiteur après cette tempête qui avait fait des ravages dans tous les rangs. Même si nous avions des prisonniers de choix, qui avaient très rapidement retrouvés nos prisons aménagées spécialement pour eux, personnes n’étaient vraiment satisfaits de cette fin. Comme si elle n’était pas vraiment… Complète. Totale. Une victoire qu’à moitié pour le Gouvernement. Certes, la révolution était repartie comme elle était venue : par les airs, sur ces immenses navires. Mais les pertes, à côté de nos gains, nous semblaient énormes. Drum n’avait été qu’un bras de fer qui nous avait tous épuisés, usés jusqu’à la moelle, pour rien.
Alleyn était mort des suites de ses blessures. Selon Numéro Quatre, une infection l’avait emporter, contracter à partir d’un mauvais germe. Quelques minutes avant notre retour à tous dans le campement dressé à la périphérie de l’île, on nous annonçait la mort du Vice-Amiral. L’espoir s’était éteint avec son dernier souffle de vie pour ceux resté à le veiller. Il ne s’était que passablement rallumer en voyant les troupes revenir, exténuées, blessées, mortes de froid,… Suite à ce combat, le Commodore Ayame avait pris la sage décision de rester sur l’île pour aider à sa reconstruction, ainsi que pour s’y implanter plus durablement. Elle trouva l’excuse d’apprécier l’endroit et les montagnards qui y vivaient, trouvant du plaisir à être auprès des habitants de l’île. En parlant d’habitants, en parlant de montagnards, ces derniers étaient repartis comme ils étaient venus, sans prévenir qui que ce soit.
La vérité sur la non-embarcation d’Ayame était surtout que ses cuirassées avaient été salement abimé par l’attaque d’un roi des mers durant le combat, selon les témoignages des quelques-uns restés au camp. L’on nous annonça la même chose pour les navires de Krabb : sa flotte avait été décimée. Il ne lui restait qu’un navire, que ses compagnons prirent, la queue entre les jambes, pour quitter Drum. Sur eux ? Old Lando, qui mènerait à partir de maintenant l’équipage de son défunt ami. Et avec lui ? Le gamin, plus ou moins remis de cette histoire, autour de qui tout gravitait quelques semaines plus tôt. Les truants disparurent également, à l’instar d’Envy...
Envy.
Le Corsaire restait totalement introuvable. Plus une trace de lui, malgré les appels et chants journaliers de la sirène qui attendait patiemment son retour en compagnie de son requin fétiche. Son corps avait tout bonnement disparu, personne ne pouvait vraiment statuer sur sa survie ou sur sa mort. Avec la mort de Krabb, Salem peina à annoncer cet échec à ces supérieurs, mais contre toutes attentes, on le félicita tout de même pour avoir remporté cette bataille. Tout le reste ? Aléas malheureux selon les mots de nos gens-là.
Puis "Remporter"... Un bien grand mot.
Les prisonniers sont soignés. Et remis. Il faudra juste vérifier que les blessures guérissent bien, si pas d’infections, et bien les nourrir. Ils arriveront entier et en vie à Impel Down…
Merci.
Pour le géant, comment allez-vous faire ?
Nous avons fait déplacer un navire à sa taille pour le mener dans sa future demeure…
Le géant… Parlons-en, de lui. Abandonné, au milieu de ses frères qui n’ont pas pris la peine de revenir le chercher. Lui aussi a la victoire amère. Ça me rassure. Je ne suis pas la seule. Car lorsque je regarde vers l’horizon, en direction de ce pilier central, je ne vois aucune victoire. Juste de la destruction. Mais je me rassure en disant que les révolutionnaires n’ont pas eu forcément mieux, de leurs côtés. Krabb… Mais qu’est-ce que Krabb ? Personne. Ou en tout cas, plus personne maintenant que sa lettre s’est purement et simplement volatilisée. Envy ? Je m’attends à le voir surgir n’importe où, n’importe quand. Un peu comme la sirène et son requin. Il l’a dit, non ? « Je suis invincible ». J’y croirai presque.
Tu te plairas, là-dedans, en attendant de rentrer chez toi ? J’ai essayé de vous faire de l’espace, j’espère que ça t’ira, Daenerys...
Et le reste de mon équipage ? En convalescence. Je suis la seule à m’en être tiré à peu près convenablement. A porter le reste de l’équipage à bout de bras en attendant qu’Oswald, Stark ou Salem reprennent des forces. Enzo ? Plus de nouvelles de lui. Disparu aussi. Sans m'alarmer, je m'inquiète. Enzo est fort. Il survie. Mais sa disparition... Comme ils le disent… Des aléas malheureux…
Nous avons enterré les morts. Ils ont des tombes, ici, à Drum. Des tombes ou la neige s’entassera chaque jour un peu plus. Mais des tombes pour permettre de ne pas oublier ce bras de fer qui n’a finalement mené à rien. Qu’à détruire. Qu’à forcer à reconstruire. L’académie. Le château. Un royaume qui s’est ébranlé en quelques jours, mais qui a su rebondir vite, avec l’aide de tous.
Bee, lui, veille au chevet du Contre-Amiral. C’était les ordres. Mes ordres. Le garder en vie. Le sauver. Il s’imagine sûrement qu’en restant avec lui, il ira mieux.
Daenerys ? Que dirais-tu de chanter une chanson ? Pour célébrer notre départ ?
Adossée à cette paroi en verre dans laquelle la sirène nage en compagnie de son ami et d’autres poissons pêchés pour elle, les hommes s’affrètent autour pour lui passer une harpe que nous avons fait construire spécialement pour elle.
Parce que sa voix réchauffe nos cœurs gelés par cette victoire amère.
Achèvement.
- Commandant Stark, vous ne devriez pas en ouvrir une autre...
- Va en enfer ! La boisson adoucit la douleur, tu ne le savais pas ?
- Tout de même, c'est la troisième depuis que vous avez repris connaissance... A cette allure, vous allez replonger dans un lourd sommeil...
- La ferme ! C'est de la faute de Double-Crasse si j'en suis réduit à me noyer dans l'alcool pour oublier mes blessures ! Lui et sa foutue stupidité !
- Le Lieutenant Colonel Jenkins s'est illustré durant cette dernière bataille, vous n'avez pas le droit de le traiter ainsi.
- Comment... ? TU TE FOUS DE MOI ?!
Balançant la bouteille de rhum contre la paroi de la cabine, je me lève précipitamment de mon lit, empoignant au col le soldat qui me faisait face. Cet homme, mais quel crétin ! Ouh je vais l'égorger, je le sens, j'en ai envie. OSWALD JENKINS S'EST ILLUSTRE DURANT CETTE BATAILLE HEIN ?! C'est ainsi qu'ils voient cet incapable ? Un brave guerrier qui a vaillamment combattu contre les révolutionnaires et la piraterie afin de libérer le peuple de Drum ? Un ramassis de conneries ! Cet idiot est la raison du pourquoi j'enchaîne les litres de rhum depuis des heures !
J'ai traversé des dizaines de kilomètres pour venir sauver les fesses de ce guignol pas foutu de suivre une carte ! S'il avait suivi le plan du Contre-Amiral, nous n'en aurions pas autant bavé dans cette fameuse bataille ! Je n'aurais pas manqué de me faire trouer la peau au beau milieu des collines enneigées de cette île merdique ! Mieux encore, Fenyang et ses troupes seraient arrivés plus tôt, ce qui aurait sans doute permis de cueillir les forces révos à temps !- UN GUERRIER REMARQUABLE HEIN ?! ET TU VAS ME DIRE QUE C'EST COURANT POUR UN GUERRIER REMARQUABLE DE S'ACHARNER SUR CE QUI EST CENSÉ REPRESENTER UN ALLIE ?!
Oh ? Vous ne le saviez pas ? Krabbs, le grand méchant homme-poisson, bah il devait combattre les révolutionnaires lui aussi ! Sauf que grâce à notre héros national, le grand méchant crabe il a pas vraiment eu le temps de décimer les troupes révos ! Il se trouve qu'un schizophrène en puissance a pété les plombs depuis qu'il a posé les pieds à Drum. Du coup ce gentil schizophrène lui a écrasé la tronche au méchant crabe ! Que voulez-vous, la poudreuse, une fois qu'elle infiltre vos narines, vous déraillez totalement !
Meuh on lui en veut pas au mignon Double-Tâche, il a vaillamment combattu ! Et ce n'est rien si ces camarades d'équipage on manquait d'y passer par sa faute, il a vaillamment combattu ! Vous pensez vraiment que les commandants de flotte du futur Capitaine Corsaire qu'était Krabbs, nous auraient attaqués si Oswald n'avait pas donné l'assaut en premier sur leur Capitaine ? Je ne pense pas. Malheureusement, j'ai l'air d'être le seul à penser de la sorte. Franchement...- VOUS N'ETES QUE DES ABRUTIS ! TOI ! TOI ! ET TOI LA ROUQUINE ! OH TIENS TU TOMBES BIEN JUSTEMENT ! ROUQUINE !
Profondément occupé à cracher mon venin dans tous les sens, je n'avais pas remarqué avoir franchi la porte de ma cabine, traversaient les couloirs, pour finalement débarquer sur l'immense pont du Léviathan. Là, m'y attendait déjà un bon paquet de monde. Allant du simple troufion de base comme je l'appelais, à quelques têtes plus importantes, comme Rouquine. C'est quoi son garde déjà à cette folle ? Ingénieur en Chef il me semble. Pfouah. Le pas titubant, regard noir lancé en sa direction, je m'avance lentement.
Mon corps porte encore les marques de ma lutte sur cette île démoniaque. Depuis la dernière fois que j'ai quitté ces planches à mon retour en catastrophe, Drum n'a eu de cesse de me tourmenter. Sois maudite ! Il n'y a pas une partie de mon corps, si ce n'est cet inquiétant faciès qui fait ma fierté, qui n'est pas recouvert de bandages. Si je n'étais pas aux bras de l'ivresse, nul doute que je sentirais le mal me rongeait à chacun de mes déplacements. Certainement que je n'aurais pas franchi la porte de ma cabine.- OH TOI LA POISCAILLE LA FERME ! TU NE SAIS PAS CHANTER ! ON TE L'A JAMAIS DIS ? BAH ACCROCHE-TOI BIEN, TU ES SUR LE POINT D'APPRENDRE UNE HORRIBLE VERITE ! TU.NE.SAIS.PAS.CHANTER ! ALORS MET LA EN VEILLEUSE UN MOMENT !
Oh que cela fait du bien de se sentir détesté. Ces derniers temps, j'ai eu que trop rarement l'impression de ne plus être crains. L'épouvantable idée que mon visage ne soit plus une source de cauchemars m'envahissait l'esprit sans cesse. Un Stark n'en est pas vraiment un si son entourage le considère comme un ami. La sirène a cessé son chant pour fondre en larmes. Parfait. Reportant mon attention sur Rouquine, je pose sur elle un sourire satisfait. Le même sourire qu'arborerait un enfant fier de sa bêtise, en bien plus flippant, évidemment. N'oublions pas que je suis l'homme le plus effrayant de Grand Line. Le plus détestable aussi, n'est-ce pas ma douce Rouquine ?- Bien. Maintenant que le calme est rétabli, j'ai quelque chose à te dire, Rouquine. Es-tu fière de toi ?
Tu ?
A quel moment avons-nous perdu cette politesse qui nous mettait à une distance raisonnable, lui et moi ? Non pas que ça me gêne, mais presque. Dans le sens où je n’ai aucune envie d’être plus intime avec Stark. Surtout pas lorsqu’il sent l’alcool à plein nez et qu’il me fixe avec son air de pervers pédophile psychopathe bouffeur de chaton.
D’où vient cette proximité soudaine Commandant ?
Le regardant droit dans les yeux en gardant intelligemment le vouvoiement, j’avise les autres autour de ne pas se mêler de la conversation, de continuer comme si de rien n’était. C’est d’une voix paisible que je reprends le court de la discussion, avec un petit sourire qui se veut bienveillant :
Et puis… « Fière de moi » ? Ne vous en déplaise, je n’ai aucune raison de m’en vouloir pour quoique ce soit. Mise à part si vous avez quelque chose à me reprocher vivement, là, présentement. Auquel cas, il me faudra vous rappeler que je n’ai pas l’intention de me laisser marcher sur les pieds : Moi, je suis sobre, entière et presque indemne. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde ici.
Marquant une pause, je lance un sourire rassurant à la sirène qui a fini de pleurer, qui se trouve réconforter par le requin qui lui tient compagnie, également par les quelques mousses qui l’apprécie, à l’inverse du commandant qui me fait face. Ils font tout pour la distraire, détourner son attention, la faire sourire, un peu comme avec un enfant que l’on pouponne...
Au sujet de Double-crasse comme vous aimez l’appeler en oubliant qu’il est votre supérieur direct, avec ou sans les évènements de Drum dans lesquels vous avez vivement illustré votre malchance et vos méthodes on ne peut plus douteuses, il serait de bon ton de parler moins fort si c’est pour médire sur vos compagnons de bord. Je n’aimerais pas, pour vous, que vous ayez un second rapport collé sur le front. Vous savez, un rapport. Pour votre comportement. Et puis, vos prochaines promotions ne dépendent pas toujours du comportement de Jenkins. Aussi du votre. Vous n’avez pas donc besoin de l’écraser sous la proéminence de votre égo au lieu de faire ce qu’il faut pour le surpasser.
Je fais un pas vers Stark et me penche vers lui, créant une atmosphère plus intime. Mon chuchotement et mon air doux ne sont visible et audible que par lui. Je n’ai pas envie qu’il y ait des témoins de ce que je vais lui lancer. Mais j’en suis à utiliser les mêmes armes que lui. A la différence que je ne le ferais pas avec plaisir si ça devait arriver. Et en même temps que mes mots, une pression se pose sur les épaules de mon vis-à-vis, pression que je perçois malgré moi, raison de mon humeur changeante lorsque je suis en sa compagnie.
Maintenant, la prochaine fois que tu me parles comme ça, je te pends par les couilles et je te fais bouffer tes entrailles. C’est assez clair en ces mots ? Supérieur ou pas. Tu es bien loin de me faire peur, Stark.
Me redressant, je revêts le costume de cette fille droite et respectueuse, soucieuse de sa hiérarchie, et en passant près du Commandant, je l’attrape par les épaules et le pousser avec moi. J’accompagne mon mouvement de ma parole, qui se veut toujours aussi bienveillante :
Mais venez donc, commandant, nous allons soigner cette vilaine prochaine gueule de bois et vérifier que vos points n’ont pas sauté à force de crier après tout le monde. Nous n’aimerions pas que vous soyez plus mal en point.
- Spoiler:
Petite seconde découverte de haki, sur toi. Je la mets en italique, si jamais. Au troisième, je comprendrais ! Héhé.
Mais si tu chantes très bien Daenerys, ne pleure plus maintenant.
Oui, sèches tes larmes Dae, tout le monde sait que Stark est un connard… Tu ne dois pas l’écouter…
*Snif*
Co… nard ? ça be dire quoi ?
Euh… Rien, oublie ce que j’ai dis…
Pourquoi le monsieur il a été si méchant avec moi ? Je… Je n’ai rien fait de mal moi… Et puis, c’est la madame au jolie cheveux orange qui m’a dit de le faire… Je… J’aime pas qu’on me crie dessus moi… Je… Je…
*Snif*
Dis, Dae, tu as faim ?
C’est vrai que j’ai un petit peu faim quand même. Alors je hoche la tête faiblement, toujours plein de larmes dans les yeux. La madame part avec le monsieur pas gentil. Le monsieur pas gentil… pourquoi il n’a pas été gentil ?
*Snif*
Alors on a des légumes, des fruits, quelques gâteaux… Et si tu veux, on peut même te faire chauffer un peu de lapin ! Qu’est ce que tu en penses, hein ? Du bon lapin pour reprendre plein de force ?
Du… la.pin ?
Ils…. Ils… ils mangent du lapin ?! Lapin… Mani ! Maniii !
MANI ! J’ai oublié Mani !
Mani ? Qui est ce ?
C’est mon ami homme lapin ! Il… Il doit m’attendre ! Il m’a promis ! Il faut aller le chercher !
Un homme lapin… ?
Oui ! Vite ! Il faut aller le chercher ! Requin ! vite ! On a oublié Mani !
Sha ?
Mais si, c’est mon ami ! Il était avec moi quand ton maître est venu me chercher !
Sha. Sha sha sha !
Mais c’est mon ami… Il a promi de me protéger ! S’il de blait reguin ! I faut le sauber ! Ouininin.
Et il est censé être vers où ce fameux Mani ?
Il, il.. snif… Il édait vers les badeaux du bilain beusieur abec des pinces. Snif. Je beux bas l’abandodder ! C’est bon abi !
Sha. Sha sha.
Berci !
Je me pose sur la selle qui est sur Requin et, comme il me le demande, m’accroche bien pour ne pas tomber au décollage. Les messieurs qui étaient avec moi commencent à s’écrier, mais je les écoute pas, je dois aller sauver Mani. Tout de suite, je suis mordue par le vent très froid. Ça fait mal, très très ml. Mais Mani est tout seul et peut être en danger comme le maître de Requin l’était… Comme Dame Taemis, l’était…
*Snif*
Alors je ne dis rien et laisse requin avancer. Il vole très près du sol et pendant longtemps, très longtemps. Et puis il fait froid.
*Atchoum*
Je grelotte de partout. Mais il faut que je retrouve Mani, absolument. Lui, il ne m’aurait pas abandonnée. Jamais. Alors je peux pas l’abandonner non plus ! Je dois le retrouver !
Après de très très longues minutes de vol, on arrive enfin à l’endroit où il y avait les bateaux du vilain monsieur Crabe. Alors, j’appel mon ami ! De toute mes maigres forces. Requin l’appel aussi, mais il n’est pas vraiment plus audible. On fouille partout. Mais rien. Même pas de petites traces de lapins. J’insiste quand même, parce qu’il ne m’a pas abandonné ! C’est sûr ! Mais j’ai froid aussi, Requin commence à s’inquiéter, alors je lui dis que ça va, que Mani doit avoir encore plus froid que moi et que lui, il est tout seul. Et on cherche, longtemps, très longtemps.
Mais rien.
Y'a ces morts autour, partout. Y'a ce goût de sang qui lâche pas les babines. Y'a cette étrange sensation qu'on vient de faire une connerie, une vraie. Une qui s'oublie pas et qu'est partie pour hanter chaque foutue nuit jusqu'au dernier souffle. Y'a ce bras en moins, laissé là, au milieu des cadavres, comme une partie de mon âme. Comme la trace de ce que j'ai perdu, au fond de ma caboche dans cette foutue bataille. Le géant me traîne derrière lui, l'a le fourreau de sortie et la gueule pleine de haine. Il aime ça, le sang, lui. Moi aussi d'habitude, bordel ce que j'aime ça. Mais là, alors qu'on marchais que je divaguais. Qu'à chaque pas j'écrasais une caboche d'un guss que je connaissais pas. Une main d'un gosse qu'avait vécu la moitié de mon âge... Y'avait ce goût qui me lâchait pas. C'était pas le sang que je crachais. C'était pas les boyaux du tigre qui me restaient entre les dents. C'était pas la cervelle de la môme qui me tombait sur l'épaule encore là. C'était autre chose. Un mélange du tout qui me faisait pas du bien.
Je crois qu'arrivé près de la rousse, arrivé là où il pouvait plus rien m'arriver, je me suis laissé tomber. J'ai fermé les yeux et je voulais plus penser. Ouai... Je voulais plus penser aux horreurs que j'avais vu.
Et pourtant j'en avais déjà vu, j'en avais déjà fait. Ça avait juste ce goût de trop.
Je me reveille. J'ouvre les yeux sur du blanc, sur une miss avec sa toile sur le corps. Elle a une sale mine, la miss. De grosse cernes qui lui barrent les yeux et le teint palo de celle qu'a pas assez dormi. Moi, je dois etre pire. Je dois avoir la gueule plus blanche que le grand migou et les yeux plus rouge que le pire des albinos. Y'a mes clopes à côté. Je vais pour les saisir mais je me rends compte d'un problème. Je me rappelle à l'horreur.
Con hein, je sais pas rouler de la main droite.
La miss me voit. Elle dit rien. Elle prend juste le paquet de tabac pour me rouler un fagot. L'a les doigts qui savent y faire. Qui plient le papier comme il faut et qui finissent par me tendre une clope toute fine, équilibrée. Puis l’allumette se craque
Y'a le droit ? Que je lui demande.
Si je la roule qu'elle me dit avant de déjà repartir.
T'es chic,ma p'tite dame.
Je la suis du regard. A côté, y'a un vieux qu'a perdu un œil. Me rappelle de ce vieux. M'avait payé un verre de sky et on avait rit sur la peur d'un jeunot avant la bataille.
L'est comment, le petit ?
Mort.
L'a dit ça sans rien dans le ton de la voix. De ce ton que seuls les gars qu'en ont trop vu, trop de fois, ont. Je crois que j'en suis pas encore là. Peut être bien même qu'au fond je suis quelqu'un de bien. Faut creuser, c'est tout. Je mire autour. Des centaines de lits avec à chaque fois des gueules cassées. Y'a ce môme qui chiale sans arrêts, jusqu'à donner envie de le tuer. Y'a sa jambe qu'est plus là et son frère qu'est parti. Y'a un gars sans âge à côté, avec ses longs tifs gris qui descendent jusqu'aux épaules et tout son corps qu'est bardé de bandages sanguinolent. Y'en a d'autres, des anonymes comme moi qu'ont tous perdus quelqu'chose dans cette guerre. Qui sont tombés sur des gus sachant pas faire leur travail. On ne blesse pas à mort monsieur, non on ne blesse pas.
On tue.
Oui, je crois bien que j'aurais préféré crever d'une balle dans la peau que d'être incapable. Comme ça. Comme tous ces autres qui comme moi n'auront plus qu'à chialler de la charité des autres pour gagner de quoi piacter.
Tu supporterais ça, toi, mon amour ?
Je crois qu'arrivé près de la rousse, arrivé là où il pouvait plus rien m'arriver, je me suis laissé tomber. J'ai fermé les yeux et je voulais plus penser. Ouai... Je voulais plus penser aux horreurs que j'avais vu.
Et pourtant j'en avais déjà vu, j'en avais déjà fait. Ça avait juste ce goût de trop.
Je me reveille. J'ouvre les yeux sur du blanc, sur une miss avec sa toile sur le corps. Elle a une sale mine, la miss. De grosse cernes qui lui barrent les yeux et le teint palo de celle qu'a pas assez dormi. Moi, je dois etre pire. Je dois avoir la gueule plus blanche que le grand migou et les yeux plus rouge que le pire des albinos. Y'a mes clopes à côté. Je vais pour les saisir mais je me rends compte d'un problème. Je me rappelle à l'horreur.
Con hein, je sais pas rouler de la main droite.
La miss me voit. Elle dit rien. Elle prend juste le paquet de tabac pour me rouler un fagot. L'a les doigts qui savent y faire. Qui plient le papier comme il faut et qui finissent par me tendre une clope toute fine, équilibrée. Puis l’allumette se craque
Y'a le droit ? Que je lui demande.
Si je la roule qu'elle me dit avant de déjà repartir.
T'es chic,ma p'tite dame.
Je la suis du regard. A côté, y'a un vieux qu'a perdu un œil. Me rappelle de ce vieux. M'avait payé un verre de sky et on avait rit sur la peur d'un jeunot avant la bataille.
L'est comment, le petit ?
Mort.
L'a dit ça sans rien dans le ton de la voix. De ce ton que seuls les gars qu'en ont trop vu, trop de fois, ont. Je crois que j'en suis pas encore là. Peut être bien même qu'au fond je suis quelqu'un de bien. Faut creuser, c'est tout. Je mire autour. Des centaines de lits avec à chaque fois des gueules cassées. Y'a ce môme qui chiale sans arrêts, jusqu'à donner envie de le tuer. Y'a sa jambe qu'est plus là et son frère qu'est parti. Y'a un gars sans âge à côté, avec ses longs tifs gris qui descendent jusqu'aux épaules et tout son corps qu'est bardé de bandages sanguinolent. Y'en a d'autres, des anonymes comme moi qu'ont tous perdus quelqu'chose dans cette guerre. Qui sont tombés sur des gus sachant pas faire leur travail. On ne blesse pas à mort monsieur, non on ne blesse pas.
On tue.
Oui, je crois bien que j'aurais préféré crever d'une balle dans la peau que d'être incapable. Comme ça. Comme tous ces autres qui comme moi n'auront plus qu'à chialler de la charité des autres pour gagner de quoi piacter.
Tu supporterais ça, toi, mon amour ?
- Victoire amère… ?
C’était presque un éloge, vraiment. Notre intervention avait été tellement médiocre que je la considérais comme un échec pur et simple. A mes yeux, c’était les qualificatifs adéquats. Les félicitations des hautes strates avaient eu pour effet de me faire déprimer encore et encore. J’avais peut-être hésité à faire mon rapport, mais je ne pensais pas qu’on oserait m’encourager. Après tout, je n’avais pas été en mesure de stopper toutes les destructions sur Drum, ainsi que tous les révolutionnaires et pirates qui s’y trouvaient. Une honte ! Alors que j’étais assis sur mon lit et que ma tête bourdonnait à force de trop penser, je me demandais bien si mon père était au courant de cette affaire, et comment il le prenait. D’un geste las, je passai une main dans ma chevelure, avant de pousser un soupir. On sentait vraiment que j’étais particulièrement éprouvé par cette dernière bataille. Dire que notre trajet jusqu’à Marijoa devait en principe se dérouler dans le calme… Quelle malchance ! J’eus également une pensée mélancolique pour deux personnes : Le lieutenant Marone et le vice-amiral Alleyn, tous deux morts dans la bataille de Drum. Ils ne furent peut-être pas les seuls à avoir péri lors des combats, mais je pensais à eux tout spécialement. Le fait de n’avoir pas pu les sauver me rongeait de culpabilité…
J’étais resté comme ça, pendant deux jours, à ruminer ma défaite, seul, dans ma cabine. Je m’étais promis de ne plus verser de larmes depuis mes pertes sur Little Garden, ce que j’avais réussi avec brio. Maintenant, il était plus que temps de remonter le moral de mes troupes et de faire avancer le Léviathan jusqu’à la prochaine île. Etant donné que tout ou presque était réglé sur Drum, nous n’avions plus rien à faire sur cette ile. C’est donc dans cette optique des choses que je m’étais levé péniblement, avant d’essayer d’enfiler des tenues chaudes et mon manteau de contre-amiral. Contre-amiral hein… ? Un grade auquel je ne faisais pas encore honneur. Mais cela ne saurait tarder car même si j’avais passé mon temps à me blâmer, je m’étais également promis de devenir plus fort et de traquer ces gens qui avaient plus ou moins réussi à me briser physiquement comme psychologiquement. Une motivation qui me redonnait tout doucement de l’entrain à remplir ma lourde tâche de capitaine. J’avais du pain sur la planche, pour sûr. Un sourire timide naquit sur mes lèvres, avant que je ne sorte enfin de ma cabine. Là, Bee qui veillait au grain se leva, et commença à s’affoler en gigotant autour de moi et en battant ses ailes n’importe comment. Un ordre de sa maitresse hein… ?
- Tout doux. Je vais mieux, je vais mieux.
Ma voix avait été chaude et rassurante. Tout comme ma main droite qui vint le caresser affectueusement. Le canard-robot se calma instantanément, non sans une pointe d’inquiétude qui luisait dans son regard. Il devait être à moitié convaincu de mes dires. Qu’il était mignon. Une vraie merveille que Lilou avait, je vous assure. Je lui fis mon plus beau sourire, avant de le dépasser pour me rendre au pont. Le canard me suivit malgré tout. Sans doute tenait-il à remplir son rôle de surveillant jusqu’au bout. Brave bête que voilà. Je crois bien que c’est au moment même où Lazar braillait que j’étais silencieusement arrivé sur les lieux, avant de voir l’autre sirène s’envoler avec son requin je ne sais où… Mais d’ailleurs, depuis quand on avait une sirène à bord nous… ? Et cet aquarium, là ? Autant dire que j’étais vraiment déphasé, au point même où j’eus un lourd soupir, avant d’avancer vers mes frères d’armes. « Laisse donc le commandant manifester sa joie de recouvrer ses forces, Lilou. D’ailleurs, Stark, tiens ce log pose. C’est toi qui veilleras à ce que le Léviathan arrive à bon port. T’es navigateur non ? Il est peut-être temps pour toi de faire tes preuves dans le domaine. » J’eus un sourire moqueur en balançant négligemment un log pose chargé vers sa gueule, avant de me retourner vers la rouquine :
- Je pense que tu peux reprendre ton petit protégé. Il est plus que temps qu’il recommence à veiller sur toi. Moi j’vais bien sinon.
Je lui fis un clin d’œil malicieux, histoire de la remercier rapidos, puis je tapai dans les mains pour attirer l’attention des autres marines dans les environs. Ceux-ci se mirent promptement au garde-à-vous, prêts à effectuer le moindre ordre que j’allais leur donner. Un véritable équipage dont j’étais plutôt fier. J’aurai bien voulu faire un petit speech pour remotiver les cœurs, mais il semblait bien que ce n’était pas tellement nécessaire vu les mines radieuses que je pouvais voir. Une bonne chose ! « Bougez immédiatement et allez prévenir les autres soldats. On quitte l’île dans cinq heures, grand maximum. Faites ce qui est nécessaire pour que tout soit en ordre et très rapidement. Allez, tout le monde au boulot ! » Mes hommes me répondirent tous en cœur, avant de quitter les lieux au pas de course. Le bâtiment le plus important de la marine allait encore se mettre en mouvement. La quatrième ile nous attendait ! Plutôt satisfait de l’engouement général, je me calai contre un mur avant de sortir une clope et de l’allumer rapidement. J’aurai voulu demander l’état du Léviathan, mais elle était encore nouvelle ici, et sans doute n’avait-elle pas eu le temps de tout visiter et revisiter avec tous ces évènements récents. Et puis, je préférai la voir se crêper le chignon avec Lazar. Ça avait l’art de m’amuser.
- J'espère que votre sirène reviendra dans les temps. Elle avait l'air plutôt mignonne, déclarai-je aux deux autres pour finir.
- D'où ? Bonne question. Sans doute qu'échapper à l’assassinat que vous aviez planifié nous a rapproché, inconsciemment. Oui messieurs ! Cette charmante demoiselle, qui se dit sobre, entière et presque indemne, souhaite ma mort ! Étonnant n'est-ce pas ? Il faut croire que le plus charmant des sourires peut masquer l'être le plus abominable qui soit. ET NE FAIS PAS L'INNONCENTE, ROUQUINE !
La réponse fuse immédiatement après la fin de sa phrase, alors même qu'elle perd son temps à sa consoler la sirène en pleurs. Là, je suis traversé par deux émotions l'une après l'autre. D'abord la colère, envers cette Jacob que je ne supporte plus. Je le sais, cette prétendue mission de sauvetage n'était qu'un leurre pour causer ma perte ! Pour autant, voir la gamine sirène bouleversée par mes propos m'amuse, étirant un sourire malsain sur mes lèvres.
Si cette dernière ne venait pas tout juste de s'en aller, et que rouquinator ne se déchaînait pas contre moi, j'aurais pris un malin plaisir de continuer à maltraiter cette pauvre enfant de la mer. Cette Lilou... de seconde en seconde, elle m’apparaissait comme plus insupportable. C'était quoi ce besoin de défendre les gens de cette manière ? Même avec Double-Crasse y avait le droit ! Lui, le type le moins aimé des autres en seconde position, juste derrière moi. Pourquoi soutenir un incapable pareil ? Non, franchement, Lilou B. Jacob était un véritable mystère.- Supérieur direct ? Il mènera cet équipage à sa perte si vous continuez à lui accorder toute votre confiance ! Collez-moi autant de rapport que vous le souhaitez, je ne parlerai pas moins fort sous prétexte que ce fou est plus gradé que moi ! D'autant qu'il me serait tout à fait aisé de...
Elle me coupe en plein élan, amorçant un pas en ma direction, se penchant à moi d'une manière qui n'augurait rien de bon. J'avais beau être saoul, ce n'était pas le genre de comportement qui laissait de marbre. D'autant plus venant d'une femme maudite par les dieux. Ses lèvres bougent, tout autour de moi, c'est l'air dans son ensemble qui semble se mouvoir. Plus lourd, une pression soudaine commence à m'écraser, tandis que la peur s'insinue dans mon esprit. Intimidante, cette femme.
Je manque d'air, mais aussi d'appuis. Je ne me sens pas bien, comme si j'allais m'évanouir. Je frôle de perdre connaissance de peu, les paroles de Lilou s'insinuant dans mon esprit, me déstabilisant complètement. Moi, Stark, qui aime torturer psychologiquement les autres, vient d'être complètement écrasé par l'aura de cette femme. Si c'est clair ? Absolument que tes mots le sont. Ils sont bien plus que cela. Incapable de prononcer un mot, je déglutis, une goutte de sueur faisant son apparition sur mon front.
Je ne suis pas bien, pas bien du tout. Et même si cela ne dure qu'un instant, j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée. Complètement déstabilisé, je la laisse m'entraîner je ne sais où, regagnant lentement mon état normal. Soigner cette prochaine gueule de bois ? Encore faut-il qu'il y en ait une. Avec ce qu'il vient de se produire, c'est comme si j'avais décuvé en un éclair, sans passer par la case sommeil. Et croyez-moi, cette nouvelle méthode était bien pire.
Ce n'est que lorsque Fenyang fit irruption que je pus me ressaisir et m'éloigner d'un bon mètre de la rousse. Cette peste, plus jamais je ne la laisserai m'approcher. Un log pose atterrissait dans mes mains alors que le Contre-Amiral donnait ses ordres. Cinq heures grand maximum avant de lever l'ancre, direction la prochaine île. Mes yeux se posèrent l'aiguille de la montre, celle-ci pointait déjà vers Alabasta. La fixant à mon poignet, j'observais un instant l'équipage s'affairait tout autour de nous, il en fallait du monde pour qu'un tel vaisseau avance...- Contre-Amiral... Si vous le permettez, votre navigateur, dont les compétences ne sont plus a prouver, va aller se reposer une heure ou deux avant le départ... tout commence à trop tourner autour de moi, c'est mauvais...
Sur ces mots, je faisais volte face, sans même adresser un regard à la rouquine, direction ma cabine...
L’innoncente ?
Ne pas prendre la peine de relever, ni de médire sur sa non-sobriété.
Une conversation avec Stark Lazar est évidemment une perte de temps. Il ne sait pas parler. Potentiellement, il sait juste s’écouter parler. Le genre à apprécier le son de sa propre voix et à se trouver particulièrement intelligent. A débattre avec lui-même sur qui est le meilleur entre lui et lui. Ce n’est peut-être pas un type facile à cerner, mais une chose reste certaine dans mon esprit : il n’est pas plus fréquentable que cernable. Pas question, donc, de le suivre pour s’assurer qu’il rejoint bien sa chambre. Plus il est loin, mieux je me porte. Même si ça reste un plaisir de lui rabattre le caquet. Je peux me montrer menaçante, quand je veux, pour sûr !
S’il y a une chose positive à Drum, c’est qu’on ne me regardera plus dorénavant comme une rouquine frêle et sans force. Les prochains révolutionnaires ou pirates sur ma route n’auront qu’à bien se tenir !
Mh…
Je me tourne vers Salem, constate que l’aquarium planté au centre du Léviathan est vidé de sa propriétaire. Avec le départ proche qu’a annoncé Salem, si la belle sirène ne revient pas rapidement, elle devra penser à se construire un igloo sur l’île. Et elle n’est pas assez chaudement vêtue pour supporter les températures extraordinairement froides de l’île de Sakura. Je me tourne vers Bee, me penche vers lui et lui murmure :
Bee ? Tu nous la ramènes ?
Kwak !
Il fait un signe de l’aile, tourne sur lui-même pendant un temps avant de prendre de l’élan et suivre la piste de la sirène. Très vite, il ne devient qu’un point lointain dans le ciel, sous les yeux de Salem et de moi-même qui n’avons pas bougé d’un pouce.
Il a veillé sur toi. Il veillera sur elle le temps qu’il faudra.
Je me stoppe un temps, fais mine de rien. Mes yeux se posent sur le Contre-Amiral qui admire le travail de ses hommes. Je ne peux m’empêcher de regarder ses bandages, ses blessures, en m’inquiétant pour elles. Guérit-il bien ? N’a-t-il pas mal ? Je pense à tout ça, parce que je me sens coupable de m’en être aussi bien sortie. Lorsque je vois l’état des lieux, je ne peux m’en empêcher. Nous n’en sommes pas sortis vainqueurs, ni plus grands, de Drum. L’île nous a couté trop cher, et je ne peux m’empêcher de penser que le pire est à venir.
J’y pense, mais j’espère me tromper. J’y pense, parce que j’ai l’impression qu’autour de ces derniers évènements, un tabou est tombé, comme une lame tranchante. Un silence incisif sur ce qu’on ne veut pas dire, et surtout pas assumer. Les bavures des uns, les erreurs des autres. Ce que ça nous coute en réalité. Au-delà d’une simple blessure, c’est la fierté qu’est attaqué. Et après cette défaite amère, notre fierté s’est faite la malle.
On retombera sur nos pieds. Les prochains jours ne seront pas simples, mais nous nous en sortirons.
Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça. Pas seulement parce qu’il a besoin de le savoir. Surtout parce que j’ai besoin de l’entendre. Si c’est dit, c’est sans doute plus vrai. Plus palpable. Il n’y a plus cette ombre qui plane. Elle est dite.
Et en parlant d’ombre.
Nous l’attraperons, Salem.
Et pour l’instant, nous reconstruisons ce qu’il a voulu détruire.
Parce que même si la victoire est amère, la volonté de protéger est intacte et inébranlable..