Jiin

La tête un peu dans la Lune, Jiin a toujours l'air d'être ailleurs lorsque l'on s'adresse à lui. Il ne prête pas attention à toutes ces choses sans importance que les gens utilisent comme prétextes pour se parler. Par exemple, la météo n'a pas beaucoup d'importance pour Jiin, alors que n'importe qui d'autre, quand il croiserait son voisin, parlerait de cela. C'est pour cette raison que Jiin n'a jamais eu d'amis, de confident ou de camarades. C'est un solitaire qui a rapidement appris que dans ce monde, l'intérêt personnel passe avant celui du groupe. Jiin a toujours su qu'il ne pourrait se sentir à l'aise qu'avec des personnes qui pensent comme lui. C'est la même chose au niveau de l'amour, Jiin n'a jamais ressenti cette émotion et il espère ne jamais la ressentir car pour lui ce serait un signe de faiblesse. La seule chose qui importe pour Jiin est la Justice. La Justice avec un J, celle qui est universelle pour tous et qui doit faire l'unanimité, cette justice qui empêcherait des hommes d'en réduire d'autres à l'esclavage, qui interdirait aux pirates d'agir comme ils le veulent, et qui mettrait tous les hommes sur un pied d'égalité. Mais plus que son sens de la Justice, ce sont la persévérance et la loyauté de Jiin qui font de lui un combattant, un révolutionnaire et avant tout un homme aussi fort. Jiin sait que personne n'arrivera à le faire plier au niveau moral et c'est son principal atout.

Jiin a vu le jour sur l'île du Karaté à South Blue. Là-bas, il fut éduqué "à la dure" par son père champion de boxe thaï, et sa mère ceinture noire de karaté. Très jeune, Jiin fut initié à l'art du combat, et il fut plus intéressé par la boxe que le karaté. C'est donc avec son père qu'il commença, très jeune, à s'entraîner des jours, des semaines, des mois entiers dans le club de boxe de l'île : Le Poing du Dragon Blanc. C'était le seul endroit de l'île où Jiin et son père pouvait pratiquer la boxe avec les équipements adéquat. Voila ce qu'était l'enfance de Jiin, pas d'école, seulement l'entraînement à la boxe et l'apprentissage de la maîtrise de soi, il n'arrivait pas à s'imposer en tant que Jiin, il était simplement un boxeur qui suivait les conseils de ses parents.

Lorsque Jiin eût fêté ses dix ans, il put s'inscrire aux tournois qui avaient lieu sur l'île. Le niveau était plutôt élevé pour des enfants de dix ans, mais Jiin s'en sortait toujours très bien, il remportait de nombreux tournois et commençait à se faire un nom sur l'île mais aussi dans tout South Blue. Les compétitions s'enchaînaient et Jiin participait à des tournois de plus en plus importants, si bien qu'il fut convoqué à l’événement auquel tous les accros d'arts martiaux devaient assister : Le tournoi d'été de l'île du Karaté. C'était une grande compétition dans laquelle l'âge des participants et l'art martial qu'ils pratiquaient n'importait pas. Plus de cinq mille participants allaient s'affronter pour désigner le grand vainqueur de cette année. On pouvait y voir des enfants comme Jiin mais aussi des hommes et des femmes beaucoup plus âgés. Pendant une semaine entière, du lundi au dimanche, tous ces combattants allaient se battre, et l'objectif n'était pas seulement de gagner la coupe, il y avait aussi des centaines de journalistes, d'agent et de sponsors qui étaient prêts à offrir leurs services aux participants. Les seuls agents que Jiin avait étaient ses parents, et son objectif cette année était de trouver un agent ou un sponsor, gagner le tournoi passait après cela. Obtenir un sponsor permettait de s'entraîner dans des conditions optimales, avoir un agent garantissait sa participation à des événements très importants à travers le monde. Le tournoi débuta un lundi, et Jiin passa les épreuves éliminatoires sans problèmes, cela l'étonna un peu mais il fut content du résultat. A la fin de la semaine, seuls les huit derniers participants allaient combattre. C'était le samedi, Jiin était le plus jeune participant encore en lisse, il dût affronter un karatéka en huitième de finale, un boxeur en quart de finale et un judoka en demi-finale. Personne n'attendait cet enfant si loin dans la compétition. Il ne put assister aux autres combats, il préféra s'entraîner car la finale allait sûrement être décisive pour sa carrière de boxeur. La finale dura plusieurs heures, Jiin affronta un homme d'une vingtaine d'année nommé Shinyo, il avait remporté le tournoi lors des trois dernières éditions. C'était un disciple de Shimousi, le maître du Dojo Sakura. La finale fut remportée par Shinyo, mais Jiin avait rempli son objectif, il avait reçu quarante sept demandes de sponsors et cent trente cinq propositions d'agents. Son choix se porta sur le numéro un des matériels d'entraînement, il leur donna rendez-vous chez lui pour discuter des termes du contrat.

3- Transition

C'est cette rencontre qu'avait organisée Jiin qui changea sa vie. Au lieu d'accueillir des représentants de la société avec laquelle il allait passer un accord, le jeune boxeur fut kidnappé par une dizaine d'hommes cagoulés tous vêtus de noir. Le père de Jiin fut assommé, et le jeune homme fut amené dans un bateau qui leva l'encre peu de temps après que Jiin y soit monté. Jiin ne le savait pas encore, mais il allait être amené sur la Terre-Sainte, Marie-Joie. La popularité de Jiin avait fait de lui une attraction, un gamin de douze ans qui tenait tête à des monstres en arts martiaux. Il fallut environ une semaine au navire pour atteindre la Terre-Sainte, mais Jiin fut livré en moins de dix minutes à Saint Ignoliacio.


Arrivé chez Saint Ignolacio, Jiin fut tout de suite tatoué, on lui apposa le signe des esclaves. Ce tatouage qui retirait tout honneur à son porteur, ce tatouage faisait de Jiin un moins que rien aux yeux de Saint Ignolacio, il n'était pas plus important qu'une mouche désormais. Pendant des années Jiin dû se battre pour divertir Saint Ignolacio. Ses adversaires étaient des hommes, des femmes mais aussi des tigres et des autruches, malgré ces conditions, Jiin y voyait un bon côté, cela lui permettait de progresser en permanence en affrontant des adversaires inhabituels. Le jeune âge de Jiin le gênait beaucoup, parmis tous les esclaves du Tenryûbito, il était le plus jeune et il était le seul mineur. Il évitait de parler, il essayait de ne pas exister, car il pouvait à tout moment être la cible de tous ces esclaves remplis de colère qui rejetteraient toute cette rage sur Jiin. Pendant près de cinq ans, Jiin supporta tout cela, avant d'être jeté comme un vulgaire déchet, le Dragon Céleste le trouvait trop vieux pour le divertir. Il fut envoyé dans la Ville des Esclaves. Un endroit tout aussi déplorable que la demeure de Saint Ignolacio. Des milliers d'esclaves travaillant sans relache, maltraités tous les jours dans les champs. Jiin ne put partir de Marie-Joie sans emporter un souvenir. Si durant ces cinq ans il n'avait pas oser tenter de mettre de le Tenryubito en colère, il savait qu'il allait partir à tout jamais, alors il décida la veille de son départ de fouiller le bureau de Saint Ignolacio pour y trouver le souvenir qu'il allait emporter. Pendant des heures il fouilla le bureau du Dragon Céleste. L'or et les bijoux ne l'intéressaient pas mais il prit quelques pierres précieuses au cas ou, A l'âge de dix sept ans, en l'an 1615, Jiin arriva sur l'île des Esclaves. Là aussi, on le força à travailler pendant des années.



Jiin du attendre huit ans avant de pouvoir quitter cette île. Un homme du nom de Phoenix D. Juusei sema une pagaille qui permit à Jiin de s'enfuir. Esclave pendant treize ans, la première action de Jiin en tant qu'homme libre fut de remplacer son tatouage d'esclave par quelque chose qui le caractérisait bien : le tigre. Lors de sa fuite, il se sépara de ses camarades qui lui avaient indiqué une île où Jiin pourrait trouver du soutient pour réaliser son objectif qui était d'anéantir l'esclavage et par la même occasion le gouvernement actuel qui autorisait cela.

Le soleil frappait sur l'immense champ de blé et aucun nuage ne traversait le ciel. Les esclaves devaient travailler dans cette chaleur étouffante, tous serrés les uns aux autres avec une seule hâte : finir la récolte de la journée. Tous avaient soif, tous voulaient se reposer mais tous savaient aussi qu'arrêter de travailler c'était signer leur arrêt de mort. Du côté Ouest du champ, on faisait travailler les hommes à la fauche alors que du côté Est, les femmes et les enfants s'occupaient du stockage. Pour se distraire un peu, certains commencèrent à chanter, et bientôt, se fut les cinq cents esclaves chargés de la récolte qui chantaient en choeur. Il n'y avait que Jiin, seul, la tête baissée, qui ne chantait pas. Il n'avait ni la force ni l'enthousiasme de chanter et en plus de cela, il ne connaissait pas cette chanson. D'après ce qu'il avait compris, il était sujet d'un "combat", d'"étendard sanglant" et de "citoyens armés".


C'était un vieillard qui avait demandé cela. Un petit homme bossu, il avait le crâne dégarni et son visage était à moitié caché par son énorme barbe blanche. Il fut surpris de la réponse de Jiin, car cette chanson une sorte d'hymne révolutionnaire. Il fut encore plus surpris lorsque Jiin lui répondit qu'il n'était pas un révolutionnaire. Ce fut comme un choc pour ce vieillard. Celui-ci s'agenouilla et entama une longue histoire sur la Révolution. D'après ce vieillard, la révolution n'a jamais vraiment eu de naissance, elle a toujours existé et aujourd'hui c'est une cause qui uni beaucoup de personnes à travers le monde. Les explications du vieillard durèrent une dizaine de minutes, il fut coupé par l'appel quotidien. Après cela, les esclaves devaient rejoindre leurs quartiers pour aller se coucher avant l'extinction des feux.


Cette nuit là, Jiin ne put s'endormir. Il était assis et il pensait, il pensait à toutes ces explications que lui avait donné ce vieillard, sans aucune raison d'ailleurs. " Le droit de se révolter était un droit commun à tous les hommes... " Jiin le savait, mais il n'y avait jamais vraiment réfléchi. Et cette nuit là, la possibilité de se révolter lui traversa l'esprit car après tout, il n 'avait jamais commis de crime. Il était autrefois un jeune garçon plein de talent qui avait un avenir prometteur. Aujourd'hui, c'est un esclave qui après avoir passé la moitié de sa vie à se battre, doit travailler dans des champs. Il n'avait jamais refusé un ordre, mais on l'avait frappé, il n'avait jamais


Jiin n'y prêta pas grande attention et se remit au travail, mais le vieillard continua son histoire : La révolution était un droit inaliénable, il était commun à tous les hommes, tout le monde avait le droit de se révolter face à l'oppression, c'était même un devoir pour les esclaves ? Jiin ne savait pas vraiment quoi en penser. Il était esclave certes, mais ceux qui l'avait maltraité ne représentaient pas l'humanité entière. Il ne représentaient pas le gouvernement entier non plus. Ce n'était qu'une petite partie de tous ceux là, la partie la plus sombre, celle qui n'avait aucun scrupule, c'était de elle que Jiin devait se venger. Mais s'en prendre à seulement quelques membres du gouvernement, c'était impossible, ils étaient toujours entourés de centaines de milliers d'autres personnes, et parmi ces personnes, certaines avaient rejoint cette organisation parce qu'elles défendaient des valeurs nobles et justes. Un révolutionnaire s'en prend au pouvoir sous toutes ses formes. Jiin réfléchissait, mais il ne voyait pas de solution, c'était le manichéisme qui s'opposait à une vision plus complexe du monde. Biensur, il existait des révolutionnaires "modérés" et des "radicaux", mais en fin de compte, le but était le même : être libre. C'est à ce moment là que Jiin eut compris : Il était un Révolutionnaire, même sans le vouloir, depuis le jour où il avait été réduit en esclavage, Jiin était devenu un Révolutionnaire, qui avait certes pu attendre avant d'agir, mais il était un Révolutionnaire car dans son esprit, il avait toujours voulu être libre, il avait toujours voulu punir ses oppresseurs.