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Repose en pièces

Alors là… J’avais commencé à avoir l’habitude d’être complètement paumé au milieu de la mer, mais c’était bien la première fois que même le capitaine du bateau n’avait pas la moindre idée de la direction à suivre. Il n’était même pas foutu de nous localiser sur la carte alors… On n’était pas prêt d’atteindre Tanuki. On n’était même pas sûrs d’être encore sur North Blue ! Une vraie bande de con sur ce navire, ils allaient finir par réussir à me renvoyer à mon point de départ si cela continuait ! Tout ça à cause d’une petite tempête de rien du tout ! Ils n’étaient vraiment pas bien dégourdis ces humains ! Comment peut-on vivre dans un monde rempli de plus de 95% d’eau et être aussi empoté avec un bateau ? C’était incroyable !

L’homme qui se tenait en haut du mât se mit à hurler en se penchant plus que dangereusement par-dessus son panier. Il pointait du doigt quelque chose devant nous, mais il se pencha tellement qu’il bascula et fit une chute d’une dizaine de mètres. Il s’explosa sur le dos et cracha une petite giclée de sang par la bouche avant de pointer sa main vers le ciel.

-Terre… Droit devant.

J’avais beau suivre la direction qu’il indiquait, je ne voyais que le ciel et les nuages. Pourtant, le capitaine avait l’air très content. Il se releva d’un bond et se mit à scruter l’horizon. Son visage s’illumina soudainement d’un sourire radieux.

-Nom d’un bivalve ! Mais c’est vrai ! Cap sur cette île, matelots ! On pourra ainsi avoir où on est et on saura par ou il faut repartir.

Le bateau fit une embardé qui me fit ressortir la totalité de mes précédents repas. Les poissons en furent ravis mais moi, l’acidité me brûla atrocement. Je décidai de faire un petit somme dans mon pitoyable hamac, en fond de calle. D’ici à ce que ces empotés retrouvent le chemin, j’avais bien le temps de roupiller.

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Lorsque j’ouvris les yeux, le bateau n’avançait plus. Il était totalement immobile. A peine un léger roulis dû à l’impact des vagues sur la coque. C’était vraiment bizarre. Nous nous étions arrêté. On devait pourtant simplement d’arrêter sur l’île le temps de se repérer sur une carte et repartir. Plus dérangeant encore, le navire était entièrement silencieux. Personne ne gueulait, ne s’appelait, ne discutait… Je me penchai sur le côté pour sortir, mon hamac pivota, je chutai au sol et je hurlai de douleur. Ca commençait bien décidément… Je me relevai en râlant et me mis à chercher quelqu’un pour tenter d’obtenir une explication mais personne ne semblait être présent. Même sur le pont. Mais ce qui m’y attendait était bien plus intéressant que ce à quoi je m’attendais.

L’île sur laquelle nous avions atterri, -ou plutôt… amerri ? Bref, débarqué.- était extraordinaire. Les falaises qui entourent l’île étaient parfaitement circulaires et entièrement lisses. C’était loin d’être naturel. Mais surtout, il n’y avait pas d’arbres, pas de sable, pas de… pas de… pas de trucs naturels ! Il n’y avait que des bâtiments en pierre ou en métal qui s’élevaient haut dans le ciel. De la fumée s’élevait de tous les cotés, laissant un brouillard immonde planer au dessus de la ville immense. Je vis un immense robot passer le long du quai en portant une grosse caisse.

Je remarquai enfin l’équipage qui m’avait emmené ici. Ils étaient sur le quai, au milieu d’un grand carré de métal surélevé au milieu d’une place de pierre blanche. Ils étaient en train de se battre, les uns les autres. Mais qu’est ce que c’était que ce grand délire ? C’était une mutinerie ? Je fis un pas vers la passerelle pour débarquer quand une main s’abattit sur mon épaule. Je voulus me retourner, mais j’eus à peine le temps de voir un poing m’arriver en pleine tronche. Un immense colosse m’attrapa par la taille et me porta pendant quelques minutes. J’étais vraiment sonné… Il me balança sans ménagement sur l’espèce d’estrade et je me relevai en titubant. Plusieurs membres de l’équipage étaient manquants. D’autres étaient au sol. D’autres encore se battaient encore les uns les autres. Le capitaine méritait largement son grade car il ne semblait pas s’être encore pris un seul coup alors qu’une dizaine de corps inanimés gisaient à ses pieds.

-Tiens, tiens, je me demandais où tu étais passé l’homme à plumes. Désolé mais tu vas devoir y passer aussi, bwarf, bwarf, bwarf !! Ces gens n’accepteront qu’aux plus fort du groupe de débarquer sur cette île. Les autres devront rester à croupir dans le navire sans avoir le droit de sortir du port. Et il ne sera pas dit que ce sera moi !
-Ha parce que tu espères que ce sera moi, peut-être??


Son énorme poing vint s’écraser vers moi. J’eus tout juste le temps de rouler sur le coté avant qu’il ne fasse exploser le béton. Je me relevai, boosté par l’adrénaline. Quelle brute. Aucune technique, je n’allais en faire qu’une bouchée. Je dégaina ma batte et envoyai valser le jeune mousse qui nettoyait le pont pour avoir un peu de place. J’avais un colosse à affronter.
    Il était tout simplement hors de question que je reste à pourrir dans ce navire pourri à attendre que ce gros con pas foutu de lire une carte ne s’amuse sur cette nouvelle île. J’allais le terrasser, pénétrer sur cette île et trouver un véritable bateau qui pourrait m’emmener où je le souhaitais. Peut-être même qu’il y avait un vendeur de glace sur cette île ! Ca faisait une éternité que je n’en avais pas mangée et la chaleur mêlée à cette fumée permanente m’asséchait complètement la gorge. Rien que pour cette raison, je devais absolument gagner. Je pris une balle et la lançait en direction de son visage. Il se baissa en riant aux éclats.

    -Trop simple…

    Ma batte décrivit un arc de cercle parfait pour finir sa trajectoire dans le nez de ce crétin. La technique de diversion la plus basique avait suffit à l’envoyer au tapis. En même temps, il était capitaine, pas combattant. Fallait pas trop lui en demander. Même la navigation il avait du mal alors le reste… Son nez explosa dans un craquement sinistre et il s’effondra, la tête la première, les fesses en l’air. Il restait six membres de l’équipage encore debout qui avaient simplement assisté à la scène. Il étaient tous bouche bée devant le corps de leur boss. Ils s’accroupirent tous et posèrent les mains au sol en signe d’abandon. Décevant, mais au moins, j’avais gagné.

    Je levai ma batte en signe de victoire et regardai autour de moi ? Les autochtones ne semblaient pas vraiment enthousiastes. Pourtant, il fallait bien qu’il y en ai qui gagne non ? Le colosse qui m’avait envoyé sur le terrain me tendis la main pour me faire descendre et claqua des doigts. Aussitôt, d’autres hommes montèrent sur le ring improvisé et descendirent les perdants, conscients ou non avant de les emmener vers un navire blindé qui devait servir de prison temporaire.

    -A plus, les loosers !

    J’étais sur l’île de Zaun, le siège du génie humain (Mouarf, je me marre) et des prouesses technologiques. C’est le grand gaillard qui m’expliquait ça. Et c’était pour cette raison que les conditions d’admissions étaient draconiennes. Ils ne pouvaient pas se permettre de laisser entrer n’importe quel bras cassé. De mon côté, j’observais la ville. C’était extraordinaire. Très laid, mais impressionnant. De partout, il y avait des machines, des mécanismes, des automates. Des robots portaient des marchandises que d’autres élevaient dans les airs. Des véhicules entièrement automatisés, des portes qui s’ouvraient toutes seules… C’était pas naturel tout ça !

    Le grand me félicita soudain et tourna les talons, me laissant seul au beau milieu de cette immensité de modernisme à laquelle je ne comprenais rien !

    -Mais non, attend, je…

    Trop tard… Il avait disparu. Bon… Le marchand de glace !

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    Après des heures et des heures de marche, je devais me rendre à l’évidence. Il n’y avait pas de marchands de glace ici. Des malades mentaux, des savants fous, des calculateurs, des ingénieurs, des creuseurs, des tapeurs, des tourneurs, des visseurs… Que ça ! Partout ! Je me demandais même comment ils mangeaient car je n’avais pas vu un seul resto. Et je mourrais de faim. Tout ceux à qui j’avais adressé la parole m’avait rembarré, méprisé, ignoré et même me cracha au visage. Ce dernier est à l’hôpital en ce moment. Enfin, je pense car dés qu’une goutte de sang avait touché le sol, une sirène hurla et des bras mécanique sortirent de nulle part et l’emmenèrent. En tout cas, ils n’étaient vraiment pas accueillants. Ils mériteraient à tous que je leur explose la gueule.

    Ils avaient de la chance d’être super équipés, super organisés et bien plus balaises que moi, sinon je les aurais massacrés. A force d’être rejeté de partout, je commençais à me demander si je n’aurais pas mieux fait de perdre mon duel. Au moins ils étaient posés tranquillement. Si c’était pour être traité comme une merde et crever la dalle… C’était kiff kiff. J’aurais pu leur montrer qui était le meilleur, ils auraient enfin été obligés de me montrer du respect. Mais ils ne m’en donnaient pas l’occasion.

    -Vous voulez faire un match de base-ball ? Hein ? Hein ? Je vous nique moi au base-ball ! Il y a pas que les machines et les formules chimiques dans la vie, merde !

    Je marchais en grommelant et en pestant contre cette bande de cons quand j’arrivai devant une clairière. Il y avait finalement une végétation, dirait-on ! Là au moins, j’allais peut-être pouvoir trouver un peu de bouffe ! Un animal sauvage, des fruits, des légumes. Peu importait, j’étais affamé. Je pénétrai dans la végétation luxuriante.
      Cette forêt était hyper dense ! Je devais parfois me déplacer de profil pour me faufiler entre les arbres qui poussaient extrêmement serrés les uns des autres. A plusieurs reprises, je sentis quelque chose bouger autour de moi. J’étais persuadé qu’il y avait quelqu’un qui me suivait mais il faisait tellement sombre que je n’y voyais pas à deux mètres devant moi. Difficile d’être certain de quoi que ce soit dans ces conditions. Et encore plus difficile de trouver de la bouffe ! Après plus d’une demi-heure de marche, je n’avais même pas trouvé un simple fruit ! Rien du tout ! Quedalle !

      Les arbres se dispersèrent enfin pour finalement laisser place à une minuscule clairière. Un cercle d’à peine une dizaine de mètres de diamètre se trouvait face à moi. C’était la première fois depuis des plombes que je voyais passer les rayons du soleil. Déjà qu’avec le nuage noir qui plane au dessus de l’île, ce n’était pas très lumineux de base… Là, ça faisait franchement lugubre. Il y avait une petite construction de bois et de feuilles qui ressemblait à une cabane. Impossible que quelqu’un habite dans cet enfer végétal ! Mais dans le doute, je décidai de voir si il n’y avait pas un peu de bouffe à l’intérieur, héhé !

      -Recule !! Retourne donc dans ton monde de pollution et de course à la mort ! Laisse nous notre nature !

      Un vieux tout moisi apparut d’un seul coup avec un simple pagne pour cacher sa nudité et un long bâton avec lequel il essayait de me repousser. Il avait accroché une sorte de noix de coco remplie de riz qui faisait un bruit rigolo à chaque fois qu’il bougeait. Je suivis la sphère des yeux jusqu’à finalement comprendre ce qu’il venait de me dire. Mon monde de pollution ? Il parlait de la ville ?

      -Hein ? Mais je ne viens pas de Zaun, moi. Je fais pas partie de cette ville de cons ! Je les déteste !
      -Toi ? Tu n’es pas un des leurs ? Alors que fais tu ici ?
      -Je suis entré dans cette forêt parce que j’en avais marre de tous ces cons de la ville ! Ils se croient tous supérieurs à moi. Ha, si seulement je pouvais leur montrer ce que je vaux ! Les humilier un bon coup avant de rentrer chez moi !

      A ces mots, de nombreuses autres personnes surgirent des arbres. Ils étaient tous habillés comme des sauvages et gigotaient dans tous les sens. Merde… Je venais de me faire chopper par une secte de fanatiques. Ils m’apportèrent quelques fruits et morceaux de viandes et le premier me fit entrer dans sa… maison. Si on peut appeler ça comme ça.

      -Nous sommes les anciens habitants de l’île. Il y aune dizaine d’années, Swain est arrivé et à immédiatement lancé un concours de capacités dans tous les corps de métiers. Tous autant que nous sommes ici, nous sommes d’imminents scientifiques, ingénieurs, chercheurs… Mais nos convictions sont loin d’être les mêmes que ceux personnages. Nous ne cherchons pas la domination grâce à nos connaissances. Nous voulons juste nous améliorer.

      J’avais du mal à comprendre comment on pouvait ne pas chercher la domination sur les autres mais je fis semblant de comprendre afin de gagner leur confiance.

      -Et c’est pour ça que vous avez fuit la ville ? Pour ne pas à avoir de comptes à leur rendre ? Mais si vous êtes si doués que ça, vous avez qu’à les battre !
      -Bien entendu ! Mais cette course à la domination nous écœurait. Nous ne voulions pas participer à cette mascarade. Par contre, toi, tu es différent. Tu n’es pas originaire d’ici. Si nous t’apprenons tout ce que tu dois savoir pour les humilier, promets-tu de ne pas rester ? De ne pas prendre la place de ces despotes ?
      -Rester ici ? Vous rigolez ? Je n’ai qu’une envie, me barrer de cette île puante et répugnante. Sans vouloir vous vexer, hein.

      Il m’offrit un sourire qui me révéla une rangée de dents noires et sortit des petites bouteilles de toutes les couleurs d’un sac sous la table. Ile me dit que ça allait commencer… L’obscurité sembla s’épaissir encore un petit peu.

      -Je vais t’apprendre tout ce que je sais sur la chimie et les explosifs…
        Depuis plusieurs jours, la forêt de Zaun, lieu habituellement abandonné de tous et parfaitement silencieux, résonnait de cris monstrueux. Certaines têtes brûlées s’étaient aventurées à l’intérieur pour faire preuve de leur courage, mais ils étaient tous revenus la queue entre les jambes face à ces plaintes lugubres. Le bois était réputé pour être maudit, hanté… Cela faisait des années que tout était calme et ces rumeurs étaient passées au stade de légende. Mais quelque chose semblait s’être réveillé. A moins que ce ne soit autre chose…

        -MAIS QUI M’A FOUTU UN ABRUTI PAREIL ?!
        -PAS LA PEINE DE GUEULER VIEUX FOU !
        -MAIS TU NE PIGES RIEN A RIEN ! J’AI JAMAIS VU QUELQU’UN D’AUSSI STUPIDE !
        -VA CHIER ! T’EXPLIQUES TROP MAL ! C’EST DU CHARABIA !
        -J’AI ETE NUMERO UN DE MA PROMO ET J’AI ENSEIGNE DANS LA PLUS GRANDE UNIVERSITE DE ZAUN, MOI, CRETIN !
        -RIEN A FOUTRE ! RECOMMENCE ET SOIS CLAIR POUR UNE FOIS ! FAUT METTRE CA AVEC CA ?
        -NNNOOOOOOONNNNN !!! PAS CEUX LA !!

        BOUM !

        A peine avais-je fait tomber une goutte du liquide bleu dans la fiole de liquide orange qu’une violente explosion nous souffla. La clairière venait de gagner une bonne dizaine de mètres diamètre supplémentaire. Je ne pus réprimer un fou rire en voyant la tête de mon instructeur. Ses rares cheveux étaient totalement noirs et certains avaient encore une petite flammèche qui brûlait à leurs extrémités. Un tic nerveux faisait trembler sa lèvre supérieure et il serrait le poing. Il se mit à hurler mais je ne compris pas ce qu’il racontait mais il avait l’air furieux. Plusieurs membres de cette tribu sauvage m’attrapèrent et me ficelèrent. J’étais toujours en proie à ce fou rire quand je me retrouvai totalement ligoté.

        Ils avaient décidé de rester sur des cours théoriques pour le moment et de ne me laisser manipuler qu’après. Je devais donc rester immobile à écouter ces leçons imbitables les unes après les autres. Mais à force de rabacher, de recommencer et de répéter, je crois bien que… que… que je finissais par comprendre certaines choses. Par exemple, une explosion pouvait être provoquée par… un mélange de ça et de ça. Ou… ou bien ce produit là !

        -Et si je comprends bien, on mélange le bleu et le jeune, là, et ça explose.
        -Mais… mais oui ! Oui ! Tu as enfin compris ça !

        La semaine qui suivit a été particulièrement éprouvante pour mon métabolisme psychologique. J’ai été obligé de comprendre, apprendre, et retenir beaucoup d’informations. Mon cerveau, peu habitué à de tels efforts, fondait petit à petit, me provoquant des maux de têtes terribles ! A moins que ce ne soit les nombreux coups de bâtons qu’ils me filaient sur le haut du crâne. En tout cas, je n’étais autorisé à manger qu’après avoir parfaitement compris une leçon. Ils m’apprirent à fabriquer des produits à partir de matières premières naturelles, les proportions, les différents effets des différents mélanges, les mécanismes, les retardateurs… TOUT ! Après deux semaines, on pouvait dire que je connaissais tout.

        Nous effectuions des travaux pratiques. Fabriquer une bombe à partir de ce que je trouvais dans la forêt. Faire un minuteur réglable à la seconde près. Faire un mélange qui explose par contact ou par chaleur. Tout ce genre de trucs. J’avais enfin réussi à devenir doué dans un domaine particulier !

        -Voilà. Tu es prêt. Je ne pense pas que ton petit cerveau puisse emmagasiner grand-chose d’autre. Maintenant va !
        -Zaun ! Me voilà ! Tu vas regretter de m’avoir fait chier !
          Uniquement vêtu d’un pagne typique de la tribu forestière, je m’engageais dans les rues ultrasophistiquées de la grande ville. Les gens me regardaient encore plus bizarrement que la première fois. Et à mon avis, l’accoutrement n’avait rien à voir avec ça. C’était mon attitude qui dérangeait. A présent, je me savais leur égal. Ils ne pouvaient plus se sentir supérieur à moi. Je dégageais de la culture et de la force.

          Un grand gaillard avec un masque se dressa devant moi.

          -Hey ! Où tu crois aller comme ça ? Ici, les faibles restent en bas et baissent les yeux face à ceux qui leur sont supérieurs.
          -Ba qu’est ce que tu attends pour te mettre à genoux ?
          -Je suis le chef scientifique de la section armement de cette île. Je reçois directement mes ordres de Swain !
          -Et ça te fait mal au genou ça ? Tu peux pas te baisser ?
          -INSOLENT !!

          Il sortit un grand bâton doté de pointes à l’extrémité. Il en semblait extrêmement fier. Un sourire narquois se dessina lentement sur son visage tandis qu’il faisait glisser son doigt le long du manche. Il appuya sur un bouton et un arc électrique se forma entre les deux pointes. Il me fit un clin d’œil et piqua vers moi. Je parvins à esquiver le coup, mais une boule d’énergie fusa juste derrière moi et fit voler le sol en éclat. Ha ouais… Quand même.

          -Tu vois ce que peux donner un esprit supérieur dans un corps de guerrier, sale rat ?
          -Ouais, c’est sympa. Tu pourras alimenter ta lampe de poche comme ça.

          Je sortis une balle de ma poche et la lançai délicatement en l’air. Ma batte frappa la sphère de tissu qui contenait deux petits flacons que j’avais préparé. Le bruit de verre brisé me fit savoir que tout marchait comme prévu. Les deux produits étaient en train de se mélanger. Il allait voir ce pauvre connard. On ne fait pas chier James Fermal sans risques. De nombreux spectateurs étaient venus assister à la scène. Il était important sur cette île de se tenir au courant de la hiérarchie. Qui est au dessus de qui ? Qui a vaincu qui ? Et les combats de ce gars semblaient être une véritable attraction sur l’île.

          -Tu espères m’avoir avec une simple baballe ?
          -Oui.

          D’un geste vif et précis, il attrapa la balle au vol. Il n’eut pas le temps de savourer son effet de manche que la balle explosa violemment, le faisant valdinguer plusieurs mètres en arrière avant de finir sa course contre le mur en métal d’une habitation. De nombreuses exclamations s’élevèrent, suivies de chuchotements. Mais je n’en avais apparemment pas fini avec ce monstre. Il était sacrément résistant. Vu la dose, n’importe quel mec lambda serait K.O, voire même mort. Mais il se releva en utilisant son bâton comme une canne et poussa les gravats qui l’avaient à moitié ensevelis.

          Son visage était rouge écarlate. Il avait vraiment l’air furieux. J’entendis plusieurs volets se fermer derrière moi. Les couards… Mon adversaire était tremblotant, il saignait de tous les cotés et à voir son équilibre instable, l’explosion l’avait fortement sonné. C’était trop facile… Il sembla se ressaisir et me fonça dessus à toute vitesse. Impressionnant. Il y a quelques secondes, il tenait à peine debout. Je n’eus pas le temps d’éviter son attaque et je reçus deux pics dans la cuisse. Une violente décharge me fit disjoncter le cerveau. Je m’effondrai lamentablement en poussant une plainte. Je ne sentais plus ma jambe, elle était complètement paralysée. Je pris une balle dans ma poche intérieure et la lui lançai mais je ne parvins qu’à la faire rouler pitoyablement vers lui. Il la stoppa de son pied avec délicatesse et la ramassa en éclatant de rire, juste avant d’être pris d’une quinte de toux violente.

          -HAHA ! Kof, kof, kof ! Tu as voulu me refaire le même coup ? Mais tu n’as plus la force de la faire exploser. Je vais te faire goûter ta propre médecine. Tu as un dernier mot ?
          -Deux. Un et zéro.

          La balle que j’avais dotée d’un retardateur lui explosa dans la main, lui arrachant probablement des doigts. Je n’allai pas vérifier et frottai vigoureusement ma jambe pour en retrouver des sensations. Après quelques secondes, cela revint. Je couru vers lui et lui éclatai ma batte sur le crâne. Fin du match.

          De partout, des exclamations s’élevèrent, puis des sifflements. Difficile de dire si c’était positif ou non. Je venais de changer la hiérarchie. Cet homme qui semblait avoir une bonne place dans l’échelle sociale venait de chuter dans l’estime de tous les spectateurs. Certains affichaient un sourire narquois. Il s’agissait probablement de personne ayant déjà eu des problèmes avec lui. D’autres, au contraire, n’étaient pas contents. Je n’avais pas le temps d’essayer de comprendre les différents liens qui s’étaient tissés dans une société aussi complexe de méritocratie.

          A partir de cet instant, partout où j’allais, les gens se poussaient et ne me défiaient plus du regard. Enfin pas tous, loin de là, mais j’avais une place au moins. Pour un respect total, il aurait fallu que je batte Swain mais je n’avais pas que ça à faire. Ce type n’avait pas de prime sur sa tête, je n’avais aucune raison de perdre mon temps. Je me rendis donc au port et demandai au premier bateau que je croisais de m’emmener à Tanuki.

          -Tanuki ? Ho ! Ben c’est que c’est pas la porte à coté ! Mais bon, si vous avez pas peur des longs voyages, montez !

          Je pris place sur le navire et regardai une dernière fois cette ville étrange au mode de vie si particulier. J’aperçus mon mentor qui était sortit de la forêt de manière exceptionnelle. Je lui fis un grand signe de la main pour le saluer. Il leva son pouce en l’air, en signe de victoire.

          -MERCI POUR TOUT, VIEUX FOU !!!!