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Le goût amer de la captivité


J'ai mal, je saigne. Je regarde autour de moi, mais je ne vois rien. Tout est noir. Je regarde mes mains. Elles sont imbibées de sang. Est-ce mon sang ? Oui. Il n'y a aucun doute. Ce sang si parfait, si beau et si odorant ne peut être que le mien. Je commence à tâter mon buste. Tout d'abord, mon abdomen, mon foie et mon pancréas. Tout est là. Je monte ma main un peu plus haut. Je suis au niveau du torse. Je touche mes côtes. Côté droit, côté gauche, OK. Pourtant, j'ai mal. Je le vois continuer à couler telle une rivière. C'est abondant et déshonorant. Et c'est là que je le remarque. Mon thorax n'est plus. À la place se dresse un trou. J'enfonce ma main à l'intérieur de mon corps. Le sang coule à flot, mais bizarrement, je n'ai pas mal. Mes organes sont à portée de main. Ils sont si proches, que j'arrive à les ressentir. Les battements de mon cœur et le gonflement de mes poumons.

Cependant, je sens quelque chose, quelque chose qui me chatouille. J'essaye d'attraper ce truc, mais je n’y arrive pas. La sensation se déplace. J'arrive enfin à poser la main dessus. Je le sens clairement au bout de mes doigts. Ça bouge, ça se débat. Aucun doute possible, c'est vivant ! Sans plus attendre, j'extrais ma main de mon corps. Mon regard se pose dessus. Elle est ensanglantée. Mais à l’extrémité de mes doigts, quelque chose se débat. La chose est recouverte de mon sang. Cependant, j'arrive distinctement à deviner deux antennes et six pattes. Quel est ce sortilège ? J'ai une idée, mais je n'ose pas le croire. Je m'approche. Je n'ai plus aucun doute, c'est une blatte. Je lâche cette chose répugnante et l'écrase de mon pied. Comment une telle monstruosité a pu se retrouver dans mon corps ? Je ne sais pas, je ne comprends pas. Il n'y a aucune logique. Mais très vite, je ressens de nouveaux chatouillements. C'est la même sensation que tout à l'heure. Pour la première fois, moi Ylvikel, un noble, suis pris d’effrois. J'ose à peine regarder le trou au milieu de ma poitrine. Pourtant, il le faut. Mon regard descend lentement. Et c'est là que l'inimaginable se produit. Une paire d'antenne sort de mon corps, très vite suivi par une seconde. Je me secoue. Trois en sortes de mon corps. Mais rien n'y fait, la sensation est toujours présente. Il y a de plus en plus d'antennes qui se matérialisent devant moi. Les blattes ont remplacé mon sang. Elles sortent par centaines de mon corps, se dirigeant dans toutes les directions. J'ai peur, je suis effrayé !

« AAAAAAAAAHHHHHH !!!! »

Je me réveille en sueur. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Pourtant, la douleur est toujours présente. Je regarde mon torse. Il est bourré d'hématomes. J'essaye de me relever, mais la douleur est intense. J'y arrive avec beaucoup de difficulté. Cependant, je suis essoufflé. Comme si j'avais couru pendant une plombe. Je regarde autour de moi. Trois murs m'encerclent et devant moi se dresse une barrière de fer. Aucun doute possible. Je suis emprisonné. Comment ont-ils osé emprisonner un homme de mon rang ? C'est une honte ! Une calomnie ! Et qui plus est, me laisser dans cet état ! Ils me le paieront tous ! Je me dirige vers les barreaux, mais je suis trop faible. Ma vue commence à se troubler et je m'effondre dans ma cellule. Je suis épuisé, à bout de force. J'ai perdu trop de sang et mon état doit être critique. Ces sales chiens ne méritent pas de vivre. Je les ferais hurler de douleur. Je prendrais un malin plaisir à les faire souffrir. À certains, je leur couperais les membres. À d'autres, je les pendrais par les pieds. Et au plus chanceux, je les laisserais se vider doucement de leur sang. Faire subir un tel calvaire à un être aussi parfait que moi est un blasphème ! La colère m’envahit et je tape le sol. Le mouvement me fait souffrir le martyre. Cependant, le sol n'est pas le sol. C'est du bois. Je suis donc sur un bateau. L'idée d'une évasion m'effleure à l'esprit. Elle est encore possible. En suis-je capable ? Surtout dans cet état ? Celui qui m'a fait ça est peut-être sur ce bateau. Les questions et les doutes m'envahissent. Ce n'est pas bon signe. Mais mon choix est fait !

« Enfoirés, raclures, moins que rien, vermines, nuisibles, pourritures. Regardez dans quel état je suis. Regardez ce que vous êtes en train de faire à un noble. Vous le paierez tous, je vous tuerais de mes mains. Admirez votre œuvre, bande de chiens. Allez-vous me laisser crever? »

Un grincement. La lumière pénètre dans le couloir. Deux ombres se dirigent vers moi. Viennent-ils pour moi ? Je ne sais pas. Les voilà au niveau de ma cellule. Je suis le ventre à plat au sol. Rampant tel un vulgaire reptile. Quelle honte pour un homme de mon envergure. J'essaye de regarder leur visage, mais je suis trop faible. Ma vision se trouble. Ils le voient bien. L'un des hommes insère la clé. Clic. C'est déverrouillé. C'est ma chance. J'essaye de me lever, mais la douleur est trop intense. Ils pénètrent dans ma cellule. Fais chier ! Je suis à leur merci. Un homme se positionne sur mon flanc droit. Le second sur le flanc gauche. Que vont-ils me faire ? Ils se baissent et m'attrapent. Suis-je en train de rêver ? Comment osent-ils me toucher ? Moi, la perfection de ce monde. Qui croient-ils être ? Comment des raclures de leurs espèces peuvent toucher un noble ? Mesurent-ils leurs gestes ?  La haine m'envahit. Je veux les tuer. C'en est une obligation. Le pardon ne pourra leur être accordé. Mais je ne peux pas. Les forces me manquent. Ils me soulèvent et me traînent pour me sortir. Cette fois-ci s'en est trop. Ils sont allés trop loin. Ce manque de respect m'est insupportable. On est arrivé devant l'entrée de ma cellule. Mais par chance, leur débilité joue en ma faveur. Ils ont mis mes bras autour de leur cou pour me transporter. C'est ma chance. D'un élan soudain, je rapproche mes deux bras. Le choc est violent, les assommant aussitôt. Je ferme la porte. À leur tour de connaître les joies de la cage. Je suis debout, mais c'est dur. Je m'appuie contre les parois, et me dirige vers la sortie. Un sourire orne mes lèvres. Je suis libre …  
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… Donc, il faut qu’on y rentre.
Rentrez-y.
Euh… Oui, mais disons que c’est plus compliqué que prévu.
… C’est-à-dire ?
C’est-à-dire que c’est un type un peu trop costaud pour nous. On a pensé que si vous… Veniez le tenir, ça serait mieux pour notre sécurité.
Vous ne pouvez pas envoyer deux hommes pour lui chopper les bras ? Je suis vraiment obligée de me déplacer ?
Madame… Il fait peur aux hommes et il jure de nous éviscérer dès qu’on passe à côté de sa cage.
Et alors ? Il est dans sa prison, il ne va pas le faire.
Madame… Pitié… Vous avez réussi à l’arrêter. Nous voulons jouer la sécurité, ne pas finir dévorer par ce type…
Ok, ok… Très bien, je veillerais à son transfert jusqu’à l’infirmerie.

Je soupire un coup et pose le chalumeau sur mon plan de travail, retirant mes gants et mes lunettes de protection. Un autre soupire, je fais demi-tour pour suivre le mousse venu me chercher. Il ne semble toujours pas rassuré, regarde en arrière pour être sûr que je le suis bien. Il fait le guide, avance jusqu’à une porte pour me mener vers les geôles. Etant nouvelle, je ne sais toujours pas me repérer sur le Léviathan, et une escorte n’est jamais de trop dans ce genre de situation. Mon sens de l’orientation (inexistant jusqu’ici) s’est avéré problématique sur ce navire. J’ai bien failli, à deux reprises, mourir de faim et de soif avant que Salem ne demande à ses hommes de me retrouver.

J’avance doucement, regardant en face de moi, les mains enfoncées dans les poches. Il s’arrête devant une porte blindée et cherche des yeux quelque chose. Il finit par me signaler que les deux autres soldats censés porter le prisonnier devaient déjà être à l’intérieur pour accomplir leur mission. Haussant les épaules, je le remercie doucement et avance dans un étroit couloir qui se termine par un escalier. Il referme derrière moi, ne laissant qu’un faible halo de lumière éclairer ma route.
Mes pas résonnent à cause du parquet en bois. Ils teintent ensuite contre l’acier de l’escalier qui mène aux prisons. Pas un bruit ne me parvient, sinon une respiration haletante. Respiration qui n’est pas la mienne. Sans me poser plus de questions, j’arrive devant des geôles étrangement silencieuses, sans croiser la route d’un quelconque soldat. Mais devant moi, la silhouette chancelante d’un type filiforme se dessine, avant de m’apparaitre nettement. Je me stoppe, fronce les sourcils d’étonnement en le reconnaissant.

Tu vas ou, Barbie ?

Barbie. C’est son surnom. Celui que je lui ai donné derrière mon armure sur Drum. Et sans doute le seul moyen pour lui de me reconnaitre à présent, puisqu’il n’a jamais vu mon visage. J’avance d’un pas en retirant mes mains de mes poches et tente de discerner derrière lui la présence de son escorte. Personne. Pas la trace d’un quelconque gusse dans les parages, sinon lui, moi, et les quelques dormeurs et locataires des lieux. Un sourire plus tard, je reprends la parole en sentant le stress monté. J’ai l’étrange impression que tout ne se passe pas comme prévu. Je n’aime pas ça. Je préfère lorsque tout est sous contrôle et que chaque électron agit selon sa juste cadence. En l’occurrence, un électron libre ne doit pas venir perturber ce doux processus.

Et l’électron libre qui m’embête ici, c’est lui. Barbie. Ou Ylvikel, pour les intimes.

J’ose espérer que tu n’as pas fait de mal aux deux hommes venus te chercher et que tu ne tentes pas de t’échapper.

Même si je ne vois pas derrière lui, je devine qu’il les a distancés, ou mis hors d’état de nuire. Dans les deux cas, je ne suis pas satisfaite du déroulement des évènements.

C’est bête. Tu n’as aucun moyen de te cacher, et je suis entre toi et la sortie. Abandonne tout de suite, ne me donne pas une bonne raison de te faire encore mal.

Un sarcasme qui résonne dans ce silence de plomb. Entre sa respiration sifflante et mon calme légendaire. Entre nous, il y a des étincelles. De son côté, une envie de m’arracher la peau avec les dents pour se venger de mon affront. De mon côté, juste de retourner rapidement à mes affaires. Avec ou sans Bee, j’ai l’intention de plier cette histoire très rapidement.

Quoique… Le voyage jusqu’à l’infirmerie sera sans doute plus rapide. Moins agréable pour toi, par contre.
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J'y ai cru pendant quelques secondes. Je pensais que je serais libre, que je pourrais retrouver la liberté, mais non ! Il a fallu que cette garce rousse vienne se mettre en travers de mon chemin. Qui est-elle, et comment ose-t-elle m'insulter ? Je ne peux le supporter ! M'appeler Barbie, moi, un noble ! Elle fait partie de la race inférieure. Sa vie devrait lui être ôtée. Je la déchiquetterais avec mes dents, casserais ses os et la pendrais. Je suis le divin, je suis l'élite, je suis la main droite de Dieu. Je lui inculquerais le respect qu'elle me doit jusque dans sa chair. Je sers les dents, car je ne la supporte plus, mais mon corps me rappelle à l'ordre. Je manque de tomber, et ma vision se trouble. Fais chier ! Il fallait que ça arrive maintenant.

Je la regarde, elle me regarde, mais semble soucieuse. Je vois là une opportunité pour moi, mais une nouvelle fois mon corps ne suit pas. J'ai l'esprit vif dans un corps blessé. La colère m'envahit, je ne peux rien faire. Mon être si parfait est trop abîmé. Ce putain de robot me le paiera. Ce coup de poing dévastateur a fait plus de dégâts que prévu, mais il fallait s'en douter. La rouquine me questionne sur ces larbins, je lui souris. Elle n'a qu'à aller regarder si ça l’intéresse. Elle ne mérite pas d'entendre la voix d'un homme de mon rang. Elle devrait être heureuse que je daigne l'écouter, mais non. Elle fait preuve d'irrespect une nouvelle fois. Elle se croit supérieure à moi, elle me le dit ouvertement. La folle, je n'oublierai jamais son visage. Elle mérite la mort comme ce paysan. Cette race inférieure se croit à mon niveau ? Baliverne. Ils ne sont rien, ils vivent par mon bon vouloir. Seulement, ils ne veulent pas l'admettre, et se montrent irrespectueux envers les gens compréhensifs tels que moi.

Cependant, elle dit quelque chose de drôle. Elle pense pouvoir me faire mal. Et d'après elle, elle m'a déjà fait mal. Quelle comique ! J'explose de rire, mais mes côtes me rappellent que même ce petit plaisir m'est interdit. Je m'arrête tant bien que mal et la fixe. Cette fois, c'en est trop. Je ne peux plus lui pardonner. Il faut lui remettre les idées en place. La race inférieure ici, c'est elle, pas moi !

« Dégage de mon chemin vermine. Une femme aussi faible que toi n'aurait jamais pu me faire de telle blessure. Celui qui m'a mis dans cet état, c'était un robot. »

Je m'étonne de lui avoir adressé la parole, mais aussi d'avoir gardé mon calme. La fièvre doit être en train de me perturber. J'ai envie de la tuer, mais je n'arrive plus à bouger. Fais chier ! Je pense que je ne vais pas avoir le choix ...
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Ver…

… Vermine ?

Je vais le butter. Le frapper. Lui crever un œil et lui casser les dents. Lui faire bouffer son égo à coup de pelle… En plus, il est bête. Une veine palpite à ma tempe tandis que je me passe une main sur le visage. Je désespère d’être entouré d’idiots de ce genre. Pas que je sois particulièrement plus intelligente, mais lui, là. Oui, là. Il en tient une sacrée couche. De connerie, je parle. Je pousse un énième soupir, retenant toutes les vulgarités qu’une fille de mercenaire dans mon genre est capable de sortir. J’en ai des vertes et des pas mûres qui veulent passer la barrière de mes lèvres et qui restent coincer dans ma gorge.
Ce qui m’agace encore plus ? Qu’il me considère comme faible. S’il savait la bottée que j’ai envie de lui mettre -et que je suis capable de lui mettre- pour lui faire ravaler ses paroles… Il ne mérite que mon mépris, mais il a mon agacement le plus profond. Je suis du genre beaucoup plus patiente, mais Barbie me met vite hors de moi. C’est peut-être son arrogance, sa personnalité, son narcissisme omniprésent et marqué. Peut-être cette attitude ouvertement égocentrique assumée. Pourquoi lui ai-je sauvé la vie ? Pourquoi est-ce que je m’échine à le préserver pour l’amener à l’infirmerie ?

Suis-je contrainte de rester calme ?
Après tout, n’est-il pas un prisonnier ?

Rien ne me retient, n’est-ce pas ? Rien du tout.

Aussi faible que moi, hein…

Je fais un pas vers lui, un pas lourd de sens. Un pas qui avale la distance et qui est vite rattrapé par un autre, puis par un autre, et encore un autre. Plus rapidement, jusqu’à atteindre son niveau et lui envoyer un violent coup de poing hakisé vers son diaphragme. Il se dit docteur, non ? Il saura pourquoi il a du mal à respirer, maintenant. En plus, avec son état. Je ne le rattrape pas lorsqu’il tombe à terre, me contente de le chopper par son vêtement pour me mettre à le tirer, non sans difficultés. Je frappe peut-être correctement, mais je n’ai pas toujours la force qu’il faut pour transporter un « presque-mourant-si-on-ne-fait-rien » selon les dires du toubib.

Ce robot, je l’ai construit. Et j’étais à l’intérieur.

En marchant d’un pas lent vers la sortie, je lui dis ces mots. Il n’a qu’à se souvenir de Drum, de la bataille. Peut-être qu’il comprendra à qui il a à faire. Ça me bouffe de devoir lui sauver la vie en l’amenant se faire soigner. Il est infâme, non ? Infâme et sûrement contagieux. J’aurais limite plus d’estime pour un animal. Ce que je trouve inadmissible, c’est qu’un animal, lorsqu’il est souffrant ou mourant, on a la gentillesse de l’achever. Alors qu’un type comme lui, on l’a laissé pendant des années se promener sur x îles tout à fait librement, le laissant proférer tout un tas de conneries et agir comment un véritable psychopathe.
Ylvikel Strauer, hein… J’ai eu le temps de voir ton dossier avant de venir. Crois-moi, ce n’est pas joli. Tu as de la chance que je sois du genre droite dans mes bottes, parce que d’autre, à ma place, n’aurait pas hésité une seule seconde pour te finir.

Désolée de te décevoir, Barbie. Maintenant, tiens-toi tranquille ou je me montrerais moins aimable. T’as rendez-vous chez le doc.
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Sa …
… Salope !

J'arrive plus à respirer. Le coup de poing m'a coupé la respiration. Affalé sur le sol, je suis en train d'agoniser. Le sang dégouline de ma bouche en un net filet et elle me tire. Suis-je en train de rêver ? Je ne sais pas, mais elle me relâche assez vite. Elle est faible et elle n'a pas la force de me tracter. Comment a-t-elle osé ? Frappé un homme de mon envergure, de mon rang, moi, un noble ! Cette garce rousse me le paiera. La mort serait trop douce pour une raclure de son espèce. Je la ferais souffrir, elle deviendra mon jouet, ma chose. Je la transformerais en sujet d'expérience personnel et en ferait mon esclave. Elle ne sera plus rien, je lui enlèverais toute trace d'humanité, de conscience et de fierté. J'aime cette idée, ça m'excite. Mes poils se dressent sur mes bras et la chair de poule m'envahit.

Cependant, il faut que je me lève. Je me retourne tant bien que mal et arrive à me mettre sur le ventre. Tout mon corps me fait souffrir le martyre. Ma vision est trouble, je vois flou. C'est pas bon signe, c'était sûrement le coup de trop. À quatre pattes sur le sol, je vois nettement mon sang couler maintenant. Ce sang si pur, si admirable, si beau. C'est un réel blasphème, je ne pardonnerais jamais une telle chose, moi qui suis le fils de Dieu, je suis le divin, l'élu. J'aimerais la faire souffrir, l'entendre hurler, la déchiqueter, lui encrer la notion de respect jusque dans sa chair, mais je ne peux pas. Mon corps est trop faible. J'ai perdu trop de sang et trop d'os sont brisés. J'enrage de ne pouvoir rien faire, de l'entendre blasphémer mon être, mais voilà qu'elle vient de me faire une relation. Elle me dit que le robot c'était elle, sa création.

J'explose alors de rire. Je rigole d'un rire franc et pur. Mes côtes me font affreusement, mais cette fois-ci, je n'arrive pas à m'arrêter. Elle est tellement pitoyable, tellement faible, tellement insignifiante. Le rire me provoque une quinte de toux, qui me fait cracher du sang. Peu importe, ça en valait la peine. Je rehausse difficilement la tête et la regarde. Le sourire aux lèvres et la bouche ensanglantée.

« Le robot c'était toi ? Eh bien, maintenant tout s'explique. Tu es tellement faible et insignifiante que tu as besoin d'une vulgaire armure pour te battre. Pauvre chose … »

Pour moi, elle ne vaut rien, sa vie elle-même ne représente rien. J'ai changé d'avis, ça ne m’intéresse plus de la tuer. Ça serait un immense privilège que je lui ferais. Non, elle ne mérite qu'une seule chose, devenir mon jouet. Cependant, je suis un homme de compassion et d'amour. Et en tant que tel, je garderais son nom quand elle deviendra ma chose.

« Comment t'appelles-tu faible raclure ? »

Mon sourire orne toujours mes lèvres. Je n'aurais jamais cru tomber sur un spécimen aussi intéressant dans un bateau de la marine. Seulement, elle a raison sur un point, j'ai besoin de soin médical en urgence …


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Il en aura, des soins.
Qu’il en soit sûr. Il en aura besoin, et plus qu’en urgence. Parce que je n’ai pas l’intention de l’épargner.

Ses mots m’atteignent et blessent. Dans le mille. Je sens mon cœur faire une chute violente, se fissurer. C’en est frustrant. Je me stoppe soudainement, lui lançant un regard noir. Je le lâche et me retourne pour pleinement lui faire face. S’il y a bien une chose à ne pas faire, c’est me faire sortir de mes gonds. Parce que la faible raclure que je suis, la pauvre chose que j’incarne, a les nerfs en boule et la très ferme intention de lui faire payer ses mots au centuple.

Je hais ça.

Cette partie de moi. Cette faiblesse apparente. Mais s’il croit que j’ai besoin d’une armure pour lui faire la peau, il se trompe. Ma rage me suffit largement. Je l’empoigne férocement, m’aidant de cette colère palpable autour de moi et d’une montée d’adrénaline virulente. Je le balance contre le mur le plus proche et envoie mon genou rencontrer son ventre. Alors qu’il souhaite se plier, j’empêche son corps de compenser la douleur en se pliant.

Ecoute-moi bien, sombre crétin… Ecoute-moi attentivement.

Je l’y force en lui envoyant un sévère coup de tête dans le nez. Maintenant que j’ai toute son attention, je le maintiens fermement contre le mur, le fixant droit dans les yeux :

Ici, t’es qu’un résidu de capote, t’as compris ? S’il y a une personne devant qui tu baisses les yeux quand elle te cause, c’est moi. Parce que, devine quoi, j’ai ta vie entre mes mains.

Un coup de poing rencontre ses côtes déjà fragilisées, sinon brisées. Je sais comment faire mal, parce que je sais ce qui m’a fait mal. Je n’ai pas l’intention de le laisser m’insulter, me réduire à une moins que rien. Je n’ai pas pour autant envie de le tabasser. Pourtant, au fond de mon ventre, une boule cogne, éclate, hurle de lui faire mal. De lui faire comprendre. De le remettre à sa place.

Et bizarrement, là, j’ai bien envie de te laisser mourir comme l’obscur abruti que tu es qu’a pas su fermer sa grande gueule quand il en avait l’occasion. Je vais t’aider à comprendre quand tu dois te taire. Je vais te faire mal. Et je vais prendre plaisir à te faire mal… Regarde.

Un autre coup part. Dans le ventre. Un coup de poing dans lequel j’y ai mis cette volonté de le faire souffrir. Je le lâche pour qu’il reprenne son souffle, mais un coup de pied suit très vite, et l’atteint à l’abdomen. Mais s’il pense en avoir eu assez pour son grade, il se trompe, car mon talon ne se contente pas simplement de lui taper généreusement dans ses parties intimes. Ça, non. Il l’écrase, appuyant volontiers jusqu’à le faire suffoquer.

Quand tu t’adresses à moi, tu dis Mademoiselle Lilou Bennett Jacob. Et avise-toi encore une fois de me traiter de faible, je te rentrerais le nez si profond dans le crane que tu devras passer la main par la bouche pour te moucher !

Je prends une grande inspiration. M’écarte. Ferme les yeux de soulagement. J’imagine que parfois, être monstrueuse, ça apaise. Ça rend humain. J’imagine que parfois, on ne peut pas se retenir d'être humain. J’imagine aussi que je me cherche des excuses. Ça doit être ça. Parce que je n’ai pas d’excuses pour ce que j’ai fait. J’entends déjà les mots du toubib. J’entends déjà ses reproches en le trainant jusqu'à l'infirmerie. Il est pire qu’à son arrivée sur le Léviathan. Qu’avez-vous fait ?!.

Mon travail, Doc'. J’ai travaillé ma patience. Puis j’ai craqué.
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Je le vois clairement, c'est tellement visible que ça en devient excitant. Toute cette colère, cette haine qui se dégage d'elle envers ma personne. C'est magnifique, magique, démentiel. Je sais pas pourquoi, mais ça m'excite. L'idée qu’elle deviendra plus tard ma chose, qu'elle exécutera le moindre de mes désirs, c'est splendide. Elle m'empoigne et m'écrase contre le mur. Sans réfléchir, elle m’assène un féroce coup de genou dans mon abdomen, la douleur me fait plier, mais elle m'en empêche. Nous voilà face à face. La raclure hors de ses gonds et moi. Je souris, je suis heureux de l'avoir mis dans un tel état. Je sais ce qu’elle deviendra plus tard, je ne peux pas lui en vouloir. Je peux lui pardonner cette offense qu'elle fait. Elle se rattrapera plus tard par de multiples façons. Sa rage s'emmagasinera en elle sans jamais pouvoir en sortir. Je trouve ça fabuleux.

Seulement, ma bonté à une limite, et dieu sait que je suis bon. Je n'ai jamais commis le moindre péché dans ma vie, et puis même si telle avait été le cas, j'en serais pardonné, car moi, je suis le fils de Dieu. Même si elle deviendra ma chose, mon jouet, je ne peux lui laisser prononcer de telles offenses envers son maître. Ce n'est pas correct, que dis-je, c'est inadmissible. Pauvre fille, elle n'a pas compris que ces paroles devraient être pour elle ? C'est la race inférieure qui baisse les yeux devant la supérieure et non pas l'inverse. Que veut-elle prouver ? Elle est faible et n'a aucune force, aucune fierté et aucune volonté. Battre un homme de mon envergure à l'aide d'une armure ne fait pas d'elle un être puissant et exceptionnel. S'en rend-elle compte ? Je ne le crois pas. Pauvre cho …

Crac !

La garce ! Elle vient de me briser mes côtes. Si j'avais un doute qui subsistait, maintenant il n'y est plus. La douleur est telle qu'elle manque de me faire perdre connaissance. Le coup me force à cracher mon sang divin qui vient tacher les habits de l'infidèle. J'en suis dégoûté, l'honneur que je viens de lui faire est une honte. Je n'aurais jamais dû lui faire une telle faveur, elle qui ose toucher mon être si parfait. Elle me le paiera aux centuples. Elle me parle, mais pense-t-elle un seul instant que moi, un noble, écoute ce que dit un vulgaire microbe ? L'homme écoute t'il une fourmi quand il va pour l'écraser ? Non. Eh bien moi, c'est pareil. Je n'ai qu'à faire des dires de la chose, elle ne représente rie …

PAF !

Une nouvelle fois, je crache du sang. Les coups sont si violents et bruts que je ne peux faire autrement. Attaqué un noble dans une telle position de faiblesse est un blasphème, une calomnie. Elle enchaîne très vite par un second coup de pied puis par un broiement de mes couilles. La douleur est telle, que je suffoque. Cette sale prostituée vient de commettre un acte de haute barbarie, un acte indescriptible. Dieu devrait lui faire payer immédiatement, mais il n'en fit rien. Il lui accorderait bien trop d'importance s'il l'a tué de sa main cette sale raclure. Elle a l'air d'avoir terminé. Je rigole. Toute cette impuissance rend la chose ironique. Puis, de mes dernières forces, je l’attrape au mollet.

« Puf … Tu seras ... ma … chose … »

Furent mes derniers mots avant que je ne perde définitivement connaissance. Les blessures et la douleur étaient telles que mon corps s'était mis en stand-by pour les oublier …
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Je suis le pantin de ma propre faiblesse. Je suis l’objet de ma colère.
Je suis ma propre chose.

J’avance à pas lent vers l’infirmerie, avec mon prisonnier que j’ai réussi à hisser sur mes épaules à bout de bras. J’ai perdu mon sourire, mon envie de bosser. Je n’ai plus qu’une hâte : que ce travail se termine pour pouvoir retourner me coucher. Quand j’y pense, je sais que j’ai encore une heure à me perdre dans les couloirs du Léviathan avant de rejoindre mon lit. Mais qu’importe, même mon sens de l’orientation impitoyablement cruel me semble plus sympathique à côté de Barbie. Ce type me dégoute, me met hors de moi. J’ai envie de le tuer, de l’étrangler, mais je m’en abstiens.
Je ne sais pas pourquoi. Il ne mérite pas toute cette colère, tout ce déchainement de rage. Il ne mérite pas mon attention. Il l’a. Je le hais, pour ça. Je le hais pour ces mots. Je le hais pour sa façon d’agir. Je le hais pour tout ce qu’il incarne.

J’arrive enfin devant l’infirmerie, que j’ouvre d’un grand coup de pied en faisant sursauter tous ceux présents au passage. Le doc du Léviathan relève la tête et me fixe derrière ses lunettes en demi-lune, rabattant une mèche de cheveux vers l’arrière. Il arbore un air fatigué, la mine du type qui n’a pas vu le soleil depuis des années et qui n’a pas cessé de travailler. Vague salutation du regard, j’avise le médecin d’une voix étrangement ironique et froide :

Je vous amène Dieu.
Ahah, merci bien mademoiselle Jacob, c’est… Je… Mais ?! Qu’est-il arrivé ?!!

Il voit le sang qui coule sur mes vêtements, les blessures de notre ami qui s’égouttent par terre. L’homme s’affole, me demande de poser le corps sur le lit le plus proche, qu’il débarrasse rapidement. On me bouscule en sortant les serpillères pour rendre cette pièce à nouveau stérile. Je soupire un coup, fais un pas en avant et balance Ylvikel sans ménagement, faisant sursauter le toubib qui réagit au quart de tour :

Faites attention ! Bon sang ! Il va mourir !
Il a résisté.
Quoi ?!
Je l’ai tabassé parce qu’il a résisté. Il a tenté de s’échapper aussi…
J’ai l’impression que ça vous a fait plaisir.
Hm.

Il sort bandage, désinfectant. Il découpe la tenue du blond en palpant son torse. Il appelle à gauche, à droite, pour qu’on lui passe ses outils. Les infirmiers s’activent tout autour de lui, tandis que je m’adosse au mur le plus proche pour regarder d’un œil intéressé.

Qu’allez-vous lui faire ?
Ausculter, opérer si ça en vaut la peine.
Auscultez-le sans anesthésie, s’il vous plait.
Mais enfin ?!
Ça vous fera des économies, non ? Oh, et attachez le. Il vaut mieux.

Le docteur confirme, demande à ce qu’on passe les menottes à son patient, qu’on lui attache aussi le torse et les jambes. Il va pour prendre un sédatif, mais mon regard noir l’en empêche momentanément. Le doc' n’est pas non plus du genre à se laisser faire, et alors qu’il va pour me passer un sermon, je vois Ylvikel revenir doucement à lui, gémissant contre ses douleurs tout justes réveillées. J’admire cette souffrance, ravie de la voir chez un autre que moi. Surtout chez un type comme lui.

Salut Barbie.

Le docteur se penche vers lui, prend sa lampe de poche et l’envoie dans les yeux d’Ylvikel pour vérifier l’état de sa pupille. Une infirmière à côté prend sa tension à l’aide d’un outil qui m’est inconnu. Je souris de plus belle… La convalescence ne sera pas de tout repos. En tout cas, j’y veillerais.

Notre patient revient à lui ? Monsieur, vous m’entendez ?
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J'ouvre doucement les yeux, mais je sens toujours ces picotements qui parcourent tout mon être. C'est désagréable, gênant et irritant. La lumière est si intense que mes yeux en sont éblouis. Suis-je devenu aveugle ? Je ne sais pas, je ne pense pas, je n'espère pas. Cependant, je commence à entendre une voix au loin, c'est confus et difforme. Je ne comprends pas ce qu’elle veut me dire ? Est-ce toi papa ? La voie devient de plus en plus claire, de plus en plus grossière. Ce n'est pas lui, juste un vulgaire pantin. Il attise ma haine avec sa lumière. Pour qui se prend-il pour m'aveugler de la sorte ? Sale vermine, je vais te le faire payer. Je vais t'arracher les yeux de mes dents et les croquerais à pleine dent. Je vais pour les chopper, mais quelqu'un me retient, ou plutôt quelque chose. Je remarque un peu tardivement où je suis et mes liens. Pourquoi m'attacher alors qu'ils auraient pu tout simplement m'anesthésier ? Ces êtres inférieurs sont-ils stupides ? Question inutile pour une réponse évidente.

« Ta voix m'insupporte, misérable vermine. Pourquoi suis-je réveillé en pleine opération ? T'es sur que t'es un médecin le binoclard ? »

L'homme penche sa tête sur sa droite comme pour me montrer quelque chose et c'est là que je la vois. C'était ma chose qui me regardait. Était-elle préoccupée par la santé de son maître ? Absolument, il n'y a aucune raison pour qu'elle ne le soit pas. Un sourire orne mes lèvres, elle a enfin compris qui elle devait servir. Je regarde le binoclard.

« C'est ma chose là-bas. Maintenant, soigne-moi. »

« Mais, Monsieur, je n'ai pas l'autorisation de vous anesthésier. »

Alors voilà ce qu'elle manigance la pétasse. J'aime ça, elle me plaît, elle est comme moi. La souffrance des autres fait son bonheur, je n'ai pas fait d'erreur en la choisissant comme ma chose. J'ai l’œil pour ça. Un sourire orne mon visage, je ne peux m'empêcher de regarder ces yeux. Ce mélange de vert et de marron, lui donne cette couleur caca d'oie. Même son regard représente la merde qu'elle incarne, j'aime ça, j'aime voir l'impuissance dans sa forme la plus pure.

« Regarde et profite ma chose. J'espère que tu prendras ton pied … »

Je vais lui offrir ce plaisir, cette chance. Après tout, elle deviendra mon jouet à moi, et rien qu'à moi. Je lui laisse profiter de ces derniers instants de plaisir avant de la faire tomber dans l'oubli et la haine. Je la fixe, je ne détourne pas mon regard du sien. Le sourire aux lèvres, le docteur commence l'opération. Je ne suis pas anesthésié, mais ce n'est pas grave. J'en suis tellement excité que mon corps a sécrété des endorphines. La douleur je ne la sens pas, juste des picotements. Mes pensées m'excitent, elle sera un jouet formidable. Elle me procurera des joies inéluctables, indescriptibles. Je suis tellement perdu dans mes pensées, que je ne me rends même pas compte que je subis une opération. Prend-elle son pied ? Est-elle en pleine phase de jouissance ? Je suis sûr que oui. Elle est comme moi …
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Peut-être qu’au fond, Tahar a raison.

Dans pas longtemps, je le rejoindrai à Impel Down. Avant ça, je massacrerai des gens à tour de bras en me disant que c’est normal. Que je m’en fou. Qu’après tout, une vie, c’est rien. Ça va, ça vient, au rythme d’un coup de rein bien placé. Je deviendrai potentiellement comme Stark Lazar, à vouloir éliminer mes compagnons de bord dans le but de prendre leurs places. Je leur cracherai à la gueule ma reconnaissance et j’écraserai tous ceux sur mon chemin. A la fin, je péterai un plomb et me ferai passer pour morte, histoire d’ensuite lancer ma carrière de pirate et d’écumer les mers en massacrant des gens que je ne connais pas, qui ne m’ont rien fait, en tout bien tout honneur. Pour le plaisir de faire du mal en le faisant bien.
Je me ferais chopper. Et je le retrouverais. Dernier niveau d’Impel Down, à crever comme un con pour un peu de reconnaissance.

T’as commencé par ça, dis ? T’as commencé en demandant qu’un type que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam souffre pour passer tes nerfs ? T’as commencé en te disant qu’avoir mal, ce n’était pas si grave ? En te disant que faire souffrir les autres, c’est parfois inévitable, sinon la pierre angulaire de toute ton existence ? C’est comme ça qu’on ne souffre plus ? Dis-moi…

Dis-moi… Comment ça se passe, pour toi ?

On peut l’endormir, maintenant ?!

Je sors de mes songes. Brutalement. En écoutant les cris de ma victime, ses cris de souffrance ou de jouissance. Je ne sais plus. J’ai perdu cette arrogance qui maintenant m’angoisse. Je ne veux pas devenir comme lui. Je ne veux pas jubiler en voyant un homme souffrir. Je n’ai jamais été comme ça. Le toubib insiste, me ramène un peu plus auprès de lui.

C’est ce que vous vouliez, non ?! Ses cris et ses rires sont insupportables !

Je prends une grande inspiration, fais un mouvement maladroit de la main. Et alors, m’apparait en plein visage l’horreur de ma décision. Ils étaient sincèrement prêts à m’écouter, à m’obéir. Le sang perle de partout, éclabousse, là où le médecin tente d’évacuer les hémorragies, remettre les os, faire son boulot… Je déglutis péniblement. Oui.
Oui.
C’est ce que je voulais.
Je regrette. Amèrement. Mais je comprends que j’ai aussi cette noirceur au fond. Tout le monde l’a, pas vrai ? C’est elle qui crée et qui détruit ce qu’elle crée. C’est elle qui m’a faite, qui a fait Yumen. Qui a fait mon père. Tout le monde peut lui céder. Moi la première. Peut-être que certaine fois, ça nous monte à la tête, ça nous prend aux tripes. Peut-être que c’est ça, qui t’as rendu comme t’es, Tahar. Je crois que je comprends ce que tu voulais me dire, la dernière fois. Quand on se verra, je pourrais te dire que j’ai compris. Et que je m’échine à la maitriser. A la canaliser. A ne pas oublier d’où je viens, et qui je suis, ce que je suis capable de faire.

Faites… Dites-moi quand vous aurez terminé.

Je l’esquive du regard tandis qu’on lui injecte de quoi s’endormir. Je tourne les talons et sors de la pièce, troublée. Et de l’autre côté de la porte que j’ai refermé, tâtonnant contre le mur, je m’accroupis, me prends la tête entre les mains, et attends.

J’attends que tout ça prenne fin. J’attends qu’on en finisse. J’entends les battements de mon cœur qui frappe à mes tempes, qui frappe à m’en donner mal à la tête. J’entends mon cœur qui bat, si fort, si puissamment, qu’il m’en donnerait la nausée.

Et j’attends que ça me passe.
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Je la vois, elle est perturbée, choquée et déboussolée. Pourquoi ? Ne voulait-elle pas me voir souffrir ? Le malheur des uns fait le bonheur des autres, n'est-ce pas ma chose ? Es tu si choquée que ce que tu essayes de nous faire croire ? Je ne sais pas, mais je ne le crois pas. Elle aimait ça il y a quelques instants encore. Cette lueur dans ces yeux ne mentait pas.

Pendant ce temps, le docteur me soigne, mais touche un nerf. Je hurle, ça m'a fait mal, mais ça me fait aussi rire. Mes cris sont un mélange de souffrance et de jouissance. J'aime la voir dans cet état, dévoiler sa vraie personnalité. Elle n'est rien pour moi, juste un pion qui se déplace par ma propre volonté. Elle a l'air tourmentée, elle a l'air de comprendre toute l'importance de son acte. Hélas, c'est trop tard. Tu t'en es pris à un noble, que dis-je au fils de Dieu. Tous tes remords ne seront jamais suffisants pour expier ta faute, mais ne t'inquiète pas, j'ai de grandes idées pour toi. Tu feras de grandes choses pour moi. Ma chose, je commence déjà à t'apprécier, je vais adorer entendre tes cris de douleurs. J'espère aussi revoir cette magnifique expression sur ton visage, si profonde, si jouissante. Oh oui je vais m'amuser avec toi. Et peut-être qu'avec un peu de chance tu connais ce maudit paysan. Je t'ordonnerais de le tuer et toi tu exécutera le moindre de mes désirs. J'ai hâte de voir sa dernière lueur dans ces yeux, mais aussi sa stupéfaction. Je mélange une nouvelle fois un cri à un rire, j'aime ce que je suis en train d'imaginer. Je vois clairement la scène se profiler devant mes yeux.

Je suis tellement perdu dans mes pensées que je ne sens même pas l'aiguille pénétrer ma chair. La fatigue m'envahit assez rapidement et mes paupières s’alourdissent en un rien de temps. Ils se sont enfin décidés à m’anesthésier. Ce n'est pas trop tôt. Ma chose est-elle rassas …

ZzZzzZzz

Je me réveille avec la désagréable sensation d'être mouillé. Ma main est humide et je sens quelque chose qui fait un mouvement de va-et-vient sur celle-ci. Il n'y a aucun doute possible, quelqu'un me lèche. Est-ce ma chose ? Veut-elle se faire pardonner en léchant la main de son maître ? Se rend-elle compte que ça n'effacera en rien les actes odieux qu'elle a commis envers ma personne ? Je ne sais pas, mais je veux en avoir le cœur net. J'ouvre lentement les yeux,la lumière m'éblouit, tout est flou. Je distingue nettement des bandages autour de mon torse, ils m'ont donc soigné. Je rehausse la tête et distingue bien quelque chose qui est en train de me lécher. Je sais pas trop ce que c'est, mais c'est marron. Au fur à mesure que les secondes s'écoulent, ma vue devient de plus en plus nette pour enfin me dévoiler l'inconnu. Il s'avère en faites que ce n'est qu'un vulgaire cabot qui me lèche. J'essaye de le faire partir, mais il est tenace, il m'aime. Après tout ; c'est normal, les animaux savent reconnaître leur maître dès qu'ils le voient. Dommage que ma chose n'est pas cette faculté-là.

Soudain, une idée me vient à l'esprit. Elle est lumineuse, mais ça, on le savait déjà, je vais me servir de ce chien pour m'échapper. Rien de plus simple pour un médecin que d'imiter un symptôme vieux comme le monde. Je me mets alors à baver, car oui, la rage nécessite de la bave, une quantité phénoménale de bave. Puis, je vais imiter une convulsion pour amplifier la chose suivie de quelques cris. Ils tomberont bien évidemment dans le panneau, ces êtres inférieurs sont stupides. Ce qui me gêne le plus c'est de leur offrir un tel spectacle, mais je peux le leur accorder, ils ont fait du bon boulot.

Action !

« Gnaaaaaaaahhh ! »

La bave coule de ma bouche. J'en ai de partout sur la joue, les draps sont trempés. Ils arrivent en trombe, ils courent, paniquent. Deuxième phase. Je fais semblant d'avoir une convulsion. Le médecin et la rousse arrivent aux pas de course. Verdict ?
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<blockquote>Qu’est-ce qu’il a ?
Monsieur ? Monsieur, vous m’entendez ?
Il bave. C’est dégueulasse.
Je n’aime pas beaucoup ça…

Le médecin rapplique, je le suis à la trace. Je reste néanmoins à distance, observe ses actions avec un intérêt tout particulier. Le teint blafard d’Ylvikel fait peur à voir. La bave qui coule de ses lèvres, ses cris d’agonie, ne font qu’en rajouter une couche à ce portrait déjà bien entamé. Je ne sais pas ce qu’il se passe, je ne sais pas ce qu’il fait. Je ne sais pas quoi en penser.

Il va mourir ?

Le toubib me lance un regard en coin, pas rassuré. Alors qu’il continue à examiner son patient, il prend une mine de plus en plus abattue.

Peu- AIE ! PUTAIN ! PUTAIN !

Il bondit soudainement, retire sa main de la gueule du blond, qui l’a sérieusement entamé. Je sursaute à mon tour, pas certaine de ce que je viens de voir. Ylvikel, lui, continue à hurler à plein poumon, bavant de plus belle. Un frisson de dégout me traverse en observant ce tableau. Mais le doc, lui, n’est pas dégouté. Il est fou furieux. Et l’inquiètude s’imprime soudainement sur son visage :

On me fout en quarantaine immédiatement ! Sortez-moi les vaccins contre la rage ! Injectez moi tout ! Aaaah !

Les infirmières s’agitent autour de lui. On resserre les liens du prisonnier pour ne plus qu’il bouge. On tente de lui maintenir la tête. On lui envoie une serviette éponge sur le visage pour ne pas le laisser se noyer dans sa propre bave. Moi, je ne réagis qu’à un mot :

La rage ?

Le docteur disparait dans une pièce qui ressemble plus à un placard à balaie. Il cogne contre la porte en donnant ses directives. Je m’approche doucement, tape pour attirer son attention alors qu’il s’enfonce une aiguille dans le bras :

Doc’ ? Ça va ?
A un stade aussi avancé, non. Ça ne va pas. Votre prisonnier va mourir. Et je préfère éviter qu’il contamine les autres. Il faut traiter ceux qui l’ont soigné, et les prisonniers qu’il a côtoyer.
Les autres ? Mais… et lui ? Vous… Vous voulez qu’on le tue ? Vous êtes sérieux ?
Si vous ne le pouvez pas, il doit au moins quitter le navire dans le quart d’heure qui suit…

La crise est palpable. Les autres infirmiers font le tour des autres patients, les écartent, les changent de pièces. Moi, j’ai les yeux ronds. Je ne sais pas quoi faire, ni comment réagir. Le tuer ? Non. Je ne veux pas être comme lui. Je ne veux pas tuer quelqu’un. Je…

Préparez un tonneau, mettez lui de quoi boire, un truc à manger, et un couteau pour se suicider. Et foutez-le à l’eau.

Je pousse un long soupire et regarde en arrière. Je ne peux que voir le sourire grandissant et malsain d’Ylvikel.Je ferme les yeux, respire un bon coup, pour tourner les talons et faire ce qu’on m’a dit de faire.
</blockquote>
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Ces abrutis sont tombés dans le panneau et ça n'en est même pas étonnant. Ils sont tellement faibles et lâches, que la moindre petite maladie qui sort du commun leur fait peur. Je souris, ils sont ridicules, j'ai envie de rire à plein poumon, mais je dois me retenir. J'attends que ma chose me mette dans ce fameux tonneau avec quelques vivres. Je ne les aurais jamais cru aussi abrutis pour gâcher leurs vivres avec un soi-disant presque mort. Est-ce ça la bonté humaine ? Non, en aucun cas. Ces gens sont malfaisants, au lieu de me soigner, ils préfèrent m'envoyer en pleine mer, me laissant seul et à mon propre sort. Bande de raclures, je devrais tous vous exterminer. Je jure de nettoyer le monde de toutes ces vermines qui le peuplent, même si pour l'heure, elles me sont bien utiles.

Ma chose s'approche de moi, elle a du récupérer ce que l'autre abruti lui a dit. Je sais qu'elle l'a remarqué mon sourire de jouissance. Elle est peut-être la seule à avoir véritablement compris que ce n'était que du bluff … ou pas. Son air si sérieux, si profond, si intense, elle se sent mal et ça en devient jouissif. Elle doit sûrement penser au moment où elle sera séparée loin de son maître, mais ne t'inquiète pas ma chose, je reviendrais bien assez vite pour m'occuper de toi.

Elle demande de l'aide, elle n'est pas assez forte pour me porter de ses petits bras fragiles. Elle est vraiment pitoyable, mais peu importe, elle m'offre une opportunité. Je n'aime pas l'idée d'être touché par la race inférieure, mais des fois je l'autorise quand c'est dans mon intérêt. Et là, c'en est le cas. Je les regarde prendre leur distance, ils ont peur d'être contaminés par une maladie imaginaire. Je me débats pour les effrayer, les apeurer et ça marche. Ils me sortent en quatrième vitesse pour me mettre dans ce fameux tonneau. J'y aperçois quelques vivres et un couteau, regardé moi ces raclures. Ils sont tous pourris, jusqu'au plus profond de leurs âmes, ils n'ont pas le courage d'abréger mes souffrances alors ils me mettent un couteau pour que je me suicide. Vous n'avez aucune bonté, cette façon de penser est si primitive. Vous représentez bien la race inférieure, enfin je ne vais pas vous en vouloir pour cette fois et je vous le pardonne.

Je continue à jouer mon rôle à la perfection, la chose et quelques autres gusses soulèvent le tonneau. Je serais bientôt libre, ce n'est plus qu'une question de seconde maintenant, mais je veux lui laisser un souvenir, je veux qu’elle se rappelle ce qu'elle m'a fait à moi, l'être parfait. Alors je me tourne violemment vers elle et la mords de toutes mes forces. Mes dents pénètrent sa chair et le sang commence à perler sur sa peau. Je ne peux m'empêcher de lécher les quelques gouttes qui en sortent. Il est si beau, si délicieux, si subtil. Je m'abreuverai de son sang à volonté quand elle sera ma chose. Son sang est si excitant, si goûteux que mes dents s'enfoncent de plus en plus dans sa chair, si bien que je n'ai plus l'impression de me contrôler. Je veux en boire, j'en veux toujours plus, il n'y en a pas assez.

PAF

Elle m'a décroché une claque d'une violence inouïe qui me fait lâcher prise. Je ne m'y attendais pas, le mouvement était tellement ample et rapide qu'il m'a assourdi. Soudain, je me sens tomber en chute libre, je vois ma chose s'éloigner de plus en plus de moi. Ça y est, je suis libre. Je vois le bateau s'éloigner de plus en plus de mon embarcation. Un sourire s'affiche sur mon visage, je n'aurais jamais cru que ça aurait été si facile de les berner. Ces misérables sont la honte de l'humanité, une sous-espèce. En tout cas, la chose se rappellerait de lui, de ses crocs, de son maître. Mais pour l'heure, voyons où le courant me mène …



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