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La Louve qui Valait 100 Millions

Depuis quelques jours, Tortuga avait bien changé. De place forte aux mains de la piraterie, sous le joug d'un Corsaire véreux associé à un cinquième Yonkou, elle était devenue une île à l'importance stratégique aux yeux de la marine qui y apposait sa marque. Gravée dans les fondations de l'île-épave. Aux lettres noires des Sea Wolves. En trois lettres qui, en l'absence d'un capitaine disparu en mer et considéré comme mort, désignaient l'Amiral RED comme la nouvelle quille d'une île conquise. Conquise par la force et les alliances. Une île reprise par la marine aux mains des pirates.

Ce que ça changeait ? Absolument rien. Pour la plèbe de passage tout du moins. À part que les taxes, au lieu d'aller à Greed, étaient maintenant données à la marine et que les Usuriers venaient de reprendre le pouvoir aux mains du conseil du Crâne. Du moins tant que La sirène Naga ne revienne leur faire de l’œil et d'obscures manigances. La vague rouge rodait encore sous l'île, à ce qu'il se disait, même en l'absence de leur reine.

Mais rien de tout ça n'empêchait Red de dormir. Les problèmes d'une ville en remaniement fiscal et au plan social massif, la grogne des usuriers d'être toujours asservis ou la possible révolte des pirates du coin contre l'oppression de ladite marine ni même les agressions régulières d'un Pingouin de métal au canon à harengs gelés n'empêchaient Red de dormir. Non. Les nuits de Red étaient faîtes de longues heures d'insomnies à arpenter mentalement un hangar géant toujours plus poussiéreux. Toujours plus vide. La disparition de Toji. L'absence de Rachel. Le gouffre dans lequel il plongeait ses ennemis, il se l'imaginait maintenant. Les ténèbres, l'inquiétude, la solitude. Et ses visites régulières aux chevets des Sea Wolves ne lui apportaient qu'un maigre réconfort. Pour ne pas perdre la face, sûrement. Une crainte de l'un des morts. Pour s'imposer aux yeux de tous comme le prochain leader incontesté. Pour appliquer lui-même la crème de marron sur les blessures en voie de guérison qu'arborait encore Lin. Peut-être un peu comme si le baume qu'il étalait avec un air absent aurait pu le soulager de ce sentiment de deuil qu'il lui était interdit de ressentir de par sa nouvelle position.

150M. C'était une somme. Dérisoire en comparaison de ce qu'il y gagnerait. C'est du moins ce que son raisonnement pessimiste lui avait imposé. Et qu'il avait adopté. Et même trois jours après, il contenait son pessimisme derrière de l'optimisme et un quotidien plus que rempli, à se tuer pour que ses craintes ne l'empoisonnent plus.


Mais de tout ça, Rachel n'en savait rien. Ou presque rien. Elle savait les SW vainqueurs de l'affrontement contre Drake et la somme astronomique qui avait été mise en jeu pour la personne qui la ramènerait. Seule réelle raison, d'ailleurs, pour qu'elle fasse le chemin en direction de l'île et pas vers une destination inconnue.

Et si elle avait eu du mal à l'accepter au début, d'avoir une valeur marchande comme pouvaient en avoir les pirates, d'être amenée jusqu'à Tortuga comme une marchandise de grande valeur, elle s'était maintenant faite à son sort. Non pas parce qu'elle avait libéré les corbeaux, récupéré le chapeau de Red et obtenu le respect de tous à bord avec une petite démonstration de ses yeux du diable. Non. Elle s'y était résignée, car dans la cage où on l'avait enfermée pour rébellion, avec pour seule compagnie les Corbeaux à nouveau capturés par la gloire d'un Iron et de son fouet gluant, eh bien elle n'avait pas eu de nouvelles occasions de se rebiffer contre son statut de marchandise.

Le point positif, c'est qu'ils avaient bien voulu lui rendre le chapeau rouge repêché par leurs soins. Celui du Lieutenant Red, qu'elle leur avait dit et ils avaient bien voulu la croire. Sans vraiment savoir, eux, que même s'il flottait lorsqu'ils l'avaient récupéré, ce chapeau était fait de lames circulaires. Une arme mortelle et qu'elle aurait pu utiliser pour sortir de cette cage si elle avait su comment les faire jaillir... Elle passa donc la journée suivant son incarcération forcée à triturer le chapeau du lieutenant. Ils crurent qu'elle se lamentait et se demandait s'il était encore vivant. Ce fut le cas la première demi-heure, mais elle s'en était bien vite lassée. Pourquoi se prendre la tête avec des questions dont elle aurait la réponse le lendemain ? Ça ne l'empêchait pas de s'en faire -beaucoup- mais elle s'inquiétait aussi pour tous les autres SW. Vrai qu'elle avait du mal à se l'avouer cependant, mais Red lui semblait réellement la seule personne pour qui elle s'en faisait réellement, et si elle avait arrêté d'y penser, c'était tout simplement car l'imaginer mort lui faisait trop mal. Comme si on aspirait son cœur du sang qu'il contenait et qu'on l'empêchait de battre. Voilà pourquoi elle s'était acharnée sur son chapeau. En vain. Si au moins elle avait pu avoir sa faux avec elle, elle aurait attrapé sa boite à musique et cherché à se rassurer en l'écoutant, mais elle redoutait de la demander aux pirates. Au cas où ils préfèreraient la vendre parmi tous leurs objets trouvés.


Elle réussit à s'endormir la nuit suivante. Malgré les battements d'ailes et les croassements incessants au crépuscule de la dizaine de corvidés affamés. Heureusement, aucun d'eux n'était celui qui savait parler, ça aurait été insupportable. Et puis ils avaient essayé de lui manger les yeux. Ils restaient des charognards, même si ses plaies avaient été bandées. Mais il lui avait suffi de libérer cette vague de terreur qu'elle avait appris à maîtriser pour qu'ils la laissent en paix et hurlent sur chaque homme qui passait trop près de la cage.
Elle avait donc réussi à dormir une paire d'heures ou deux, cette nuit là, pendant la pluie d'étoiles filantes. Elle avait eu droit à une soupe de la part du médecin Bistouri, mais elle se l'était faite renversée par les corbeaux excités comme des puces. Alors Rachel s'était résignée et avait jeuné. Le trajet ne serait plus long de toute façon.


La preuve, le lendemain, une heure avant le lever du soleil, la vigie hurla terre avant d'être terrassé par un bâillement. Juke fut sur le pont, suivi par ses cheveux poussiéreux trainant sur les planches de son pont, Fier. Le cherche aurore, son navire, en avait trouvé une. Une aurore. Qui ferait de lui un homme riche. 150M. Ça se voyait dans son regard qu'il y pensait. Il gratifia d'un tape sur la tête le toucan qui lui servait de boussole et rentra dans sa cabine en hurlant à ses hommes de se réveiller et de faire bonne impression à la marine. Qu'ils accosteraient dans trois heures au plus tard. Le temps pour Iron d'aller éplucher deux-trois barils de pomme de terre pour ne pas avoir à les croiser.


Et deux heures plus tard, grâce à un vent favorable, Le navire arrivait dans la baie de Tortuga avec les rayons du soleil qui filtraient entre deux nuages massives. La tempête des cinq jours auparavant étaient maintenant loin derrière eux. Pas la bataille en revanche. Car elle put voir même depuis sa cage que les ruines de Tortuga finissaient à peine de fumer. Mais voir flotter, au lointain, là où se dresser naguère le drapeau de Greed, le drapeau des Sea Wolves, vainqueurs, emplit son cœur de chaleur.

Ils accostèrent après avoir rangé tous les trésors que le Cherche Aurore avaient pu repêcher. Puis allèrent ouvrir à Rachel. Juke, le capitaine de Long Ring Long Land, alla à la rencontre du premier marin venu l'accueillir fusil au poing. Suivi d'une dizaine d'autres. Des marins qui n'étaient pas des SW remarqua Rachel. Et c'est uniquement à ce moment là, en sortant de derrière les barreaux, qu'elle remarqua les deux cuirassés de la marine qui étaient apparus en plein milieu de la bataille navale. Elle n'avait raté qu'un seul épisode.
Notre lieutenant à la faux exigea alors une nouvelle fois qu'on la laisse marcher seule. Même boiteuse. Et qu'on lui rapporte sa faux bon sang ! Et tandis que le capitaine informait le marin qu'il ramenait l'orpheline, Rachel demanda à ce qu'on relâche les corbeaux. À nouveau. Le marin sortit un denden et en informa l'Amiral, avec une visible chaleur dans la voix. Le capitaine dit qu'il voulait les vendre. Rachel proposa 5M de berries et soudain Red apparut, hagard, sur le pont du navire. Comme s'il avait trop peu dormi cette semaine écoulée. Et pourtant son visage exprimait joie et soulagement. Celui de Rachel aussi. Agrémenté d'un grand sourire. Elle voulut sauter dans ses bras comme son cœur rata quelques battements mais se ravisa ; et malgré tout son regard parlait pour elle. Elle tendit alors le chapeau au nouveau Sous Amiral.

-J'ai pris soin de ton chapeau, Red.
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    Un piaf tape du bec à la vitre du bureau de l'amiral. Un sale piaf, surement un de ces gabians dont les marins racontent qu'ils fondent en piqué sur les naufragés surnageant pour leur dévorer les yeux.

    Sale piaf.

    La main de Red tâtonne à la recherche du flingue posé à plat sur le bureau, renversant au passage la bouteille de mauvais tafia qui va rouler sur les cadavres de ses copines. Vide déjà ? Encore ?

    Sale piaf.

    Red pivote en oscillant et braque l'arme sur le volatile qui s'agite connement de l'autre coté de la vitre et qui continue a tapoter au carreau, chacun de ses coups résonnant douloureusement dans les brides de conscience de l'officier, comme si l'oiseau tentait déjà de lui picorer le crane.

    Sale piaf tout noir.

    Noir ?

    Les goélands sont blanc. Noir c'est les corbeaux...

    Les corbeaux !


    -Monsieur, on l'a retrouvé !

    *BANG*

    Le coup de feu part, la vitre se brise, et pendant que Red se lève et trébuche sur une bouteille le corbeau décolle en ricanant, c'est pas demain la veille qu'on le descendra comme une vulgaire mouette.

    Mais Red s'en fout, il est déjà dehors...

    Brave piaf.


    Red se rue dehors pendant que le marine délégué à la garde de sa porte fais le point et que Red ne l'écoute pas, le bateau des chasseurs d'épaves, l'homme poisson, Rachel !

    Rachel ?

    Elle est vivante. Et elle s'est encore cassé la jambe. Incroyable...

    -J'ai pris soin de ton chapeau Red.

    Sur le pont les marins, sur le port les pirates, et une Rachel en lambeaux qui joue le respect de l'uniforme jusqu'au bout. Jouons...

    -Je crois que je l'ai depuis tellement longtemps que je n'arrive plus à me sentir entier quand il n'est pas la. Je sais pas ce que j'aurais fait si je l'avais paumé.

    Accolade, une main sur l'épaule, appuyée, le temps de s'assurer qu'elle est bien réelle. Et aussi celui de constater que si médecin elle a croisé ce n'était pas le meilleur.

    Un pirate tousse. Sale pirate.

    -On nous a parlé d'une récompense et ?
    -Et la voila. Cent cinquante millions. En or.

    En lingots pour être précis, obligeamment fournis par les usuriers à un taux défiant toute concurrence. Des marines déchargent des caisses et les renversent sur le sol en un tapis de métal jaune et clinquant. Cent cinquante millions... Et les pirates se détendent un peu, soulagés. Et quand les marines les laissent à leur nouvelle richesses ils s'empressent de faire main basse dessus et de foutre le camp...

    [...]

    -Lieutenant, vous qui les avez vu arrivés. La cage, elle était dedans ?
    -Euh... Oui monsieur. Elle était dedans.
    Merci Lieutenant... L'entrée du port, quelle distance ?
    -Au niveau des deux balises, exactement quatre cent brasses monsieur. Précisément.
    -Signalez aux tourelles, qu'elles pointent les pièces sur l'entrée du chenal, hausse quatre cent.
    -Transmis monsieur.

    Plus loin le Cherche Aurore rentre les rames utilisés pour manœuvrer dans le port et commence à déployer de la toile pour sortir de la rade de Tortuga, tout à fait inconscient du mouvement des tourelles derriére lui qui relèvent lentement leurs canons et ajustent la zone qu'il ne va pas tarder à traverser.

    -Feu.

    Dix huit pièces ouvrent le feu à l'unisson, la puissance conjuguée de leur détonation arrive même à secouer la lourde carcasse des cuirassés. Et quatre cent brasses plus loin le Cherche Aurore est littéralement pulvérisé par la déflagration qui embrase un instant le chenal...

    -Monsieur ?
    -Oui ?
    -Pourquoi leur avoir donné l'or ?
    -L'or ? Ils l'ont gagné non ?
    -Oui... Oui je suppose qu'ils l'ont gagné mais. Mais alors pourquoi ? (D'un geste vague le lieutenant indique la direction des débris fumants de l'épave)
    -Parce que ça aussi ils l'ont gagné.

    Si on me cherche je suis a l'infirmerie. Et oubliez pas de filer à becter aux corbeaux.



Dernière édition par Red le Jeu 13 Juin 2013 - 8:14, édité 1 fois
    Les usuriers seraient contents. Les 150 Millions d'emprunts, ils les retrouveraient. Il suffira juste qu'ils envoient une équipe de quelques hommes sous l'eau. Ils devraient retrouver les lingots en bon état. Et peut-être deux ou trois pirates primés en supplément. Il fallait bien payer les intérêts.

    Et pendant ce temps. Red emmenait Rachel à l'infirmerie. Retrouver Lin. Retrouver Ryuuku. Retrouver Gringo qui avait frôlé la crise cardiaque. Mais ce serait là le gros de l'équipage. Plus de Toji. Plus de Karl. Presque les deux tiers de morts et de disparus. Quel choc pour Rachel. Elle n'avait pas imaginé que la bataille dont elle n'avait vu la fin s'était avérée si meurtrière pour leur camp. Il s'agissait des Sea Wolves, mince...

    Il s'agissait de Toji !


    Elle encaissa, pourtant. Elle encaissait bien. Elle s'était juste laissé aller contre Red comme il la guidait et l'aidait à marcher. Elle encaissa... tant bien que mal. Mieux qu'elle ne l'aurait cru. Perdre Toji surtout. Il avait été son supérieur. Pas grand chose de plus, au final, mais ça faisait un vide. Un vide très étrange. L'Amiral Arashibourei.

    Alors elle profitait de l'étreinte masquée qu'elle volait à Red qui l'emmenait. C'était peut-être grâce à cette attache qu'elle encaissait si bien. Plus grand monde les regardait, maintenant. Ils avaient dépassé les quais les plus bondés et arrivaient en vue de ce qui servirait de dispensaire pour les marins blessés. Alors elle profitait. Elle profitait. Et se rendait compte qu'elle était épuisée. Qu'elle n'avait pas passé de nuit convenable depuis cinq jours. Qu'elle était éreintée. Que les nouvelles l'avaient abattue plus encore que son genou défaillant. Que le soulagement la vidait plus vite que le siphon d'une baignoire. Elle gémit de douleur en passant la petite marche avec Rossignol Désiré.

    Elle n'encaissait pas si bien que ça.


    -Red... Tu sais... quand j'ai vu ton chapeau...

    ...J'ai eu très peur.

    ...Mais je suis heureuse que toi, tu ailles bien.


    Elle ne dit pas ces mots. Ils avaient vécu des aventures incroyables ensemble. Et elle ne lui avait jamais tenu de tels discours. Ces mots lui semblaient étrangers. Pas les siens. Pas légitimes. Alors elle profita. De son contact, du réconfort qu'il lui offrait. Malgré la forte odeur d'alcool. Il avait bu. À quelle gloire ? À quelle perte ? Elle ne lui demanderait pas plus.


    Car elle était dans ses bras.



    Aujourd'hui, je suis dans une chambre, confortable, avec un grand lit à baldaquin. Confortable. Mais sur le mur d'en face, il est une marque reconnaissable entre mile. Celle d'un vide. Dans la chambre, il manque un grand tableau.
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      A quoi ressemble ton esprit aujourd’hui Red?

      A un entrepôt. Un grand entrepôt de métal, un entrepôt à nouveau soigneusement rangé et plongé dans une pénombre à agréable, calme et apaisante.
      Et il y a cette porte fermée qui n'a jamais donné sur quoi que ce soit. Cette porte derriére laquelle Red entend maintenant des piaillements d'oiseaux.

      Des corbeaux ?

      Il est temps de sortir...



      [...]

      -J'ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne, une mauvaise.

      Réunion de crise dans les entrailles du navire. D'instinct Red aurait plutôt invité tout le monde dans son bureau, privilège du grade oblige, sur un cuirassé le seul maitre à bord dispose d'assez d'espace en cabine pour y réunir tout son état major, alors la poignée de survivants du Fenrir... Mais ce n'est pas vraiment pratique pour ceux des Sea wolfs qui n'ont pas encore le droit de sortir de l'infirmerie.

      -La bonne, c'est que Toji est vivant et qu'on sait ou il est... La mauvaise... C'est que je suis pas sur qu'il soit content de nous voir.

      Red laisse glisser le pli officiel sur le lit le plus proche et développe rapidement ce qu'il contient pendant que le papier tourne. L’enquête du CP8, l'arrestation de Toji, le procès et la convocation de l'ensemble des Sea wolfs a qui le pli ordonne de se présenter à Marijoa puis à Enies Lobby a des fin d’enquêtes et dans les délais les plus courts.
      Le pli ne dit pas si leur place est au banc des accusés ou des témoins, alors il ne le dit pas non plus. Ce sera surement une surprise.

      Laissant le message circuler de mains en mains Red sort de sa veste un mince cahier noir qu'il pose sur la table de chevet à coté de lui, un carnet lui aussi gravé des armes de la marine, et de celles des Sea Wolfs.

      -Dans ce carnet sont notés tous les noms de ceux qui sont tombés au combat sous le drapeau des Sea Wolfs. Tous de braves soldat, tous mort héroïquement pour le gouvernement mondial et décorés de suffisamment de médailles et d'honneurs à titre posthume pour que même le Cipher Pol n'ose pas s'attaquer à leur mémoire.


      Red ouvre le carnet à la page ou il a inscrit lui même dans la nuit les noms de ceux que la bataille de Tortuga a tué...

      -Si certains d'entre vous préféraient rajouter leur noms a l'intérieur plutôt que rejoindre Enies lobby. Je comprendrais...


      Les hommes se regardent sans dire un mot. Puis comme Red l'a prévu deux d'entre eux se lèvent, Cuirassé Nico, qu'on appelle comme ça a cause de l'impressionnant arsenal qu'il ne quitte jamais. Et Henry le Grinçant, dont la mâchoire endommagée par un coup de sabre l'oblige a parler avec le même accent qu'une porte qui manque d'huile. Ce sont les deux plus vieux survivants de l'équipage, les deux qui, avec les sous officiers tués la veille, ont connu Toji avant le voyage sur Grand Line. Les deux qui ont le plus a dire sur le contre amiral et donc le plus à perdre devant un juge.

      -On part dans deux heures.

      Morts au combat leurs veuves toucheront une pension confortable. Et recevront une jolie médaille à mettre sur la cheminée... La liste s'allonge de deux noms, et comme il n'y a pas grand chose à ajouter tout le monde se lève, on salue sans un mot les deux compagnons d'armes qui quittent le bord, une poignée de mains, une accolade, rien de plus... Puis la salle se vide.

      Et pendant que tout le monde s'active a la manœuvre les deux Sea Wolfs rassemblent leurs affaires et l'argent que Red leur a mis de coté pour parer au plus pressé. De quoi voir venir le temps de disparaitre, de faire le mort, et d'attendre que les choses se tassent pour ressortir d'entre les morts.

      Et quand les cuirassés quittent enfin le port de Tortuga deux heures plus tard, deux ombres se glissent furtivement à terre et disparaissent parmi les bateaux du port.