Notre premier rencart. C'était un jour où le soleil tapait si fort qu'on en suait au premier pas dehors. Qu'il fallait tant mettre un couvre chef que sans, tu finissais par te faire cramer les poils de crane. Mais toi, t'étais au dessus de ça. T'étais là, au milieu du champs. Y'avait les épis de blés qui t'arrivaient à hauteur de cou, qui te faisaient comme la plus belle des robes. Je me rappelle. J'avais du vider la moitié d'une teille pour trouver le courage de venir. Tu m'as regardé. J'avais la démarche pas droite et le regard flou, mais pourtant je voyais tes jolies prunelles bleus qui me fixaient. Je voyais le joli rouge que t'avais du mettre sur tes lèvres. Je me suis imaginé à te voir devant ta glace, à farfouiller tout délicatement dans ta trousse pour en sortir cette jolie couleur. T'étais belle, ce jour là, avec ton chapeau qui cachait ta peau si blanche, qui te donnait l'air d'une princesse qu'a jamais vu le soleil.
Je sors la tête de l'eau. C'était un beau rêve pourtant, où j'aurais aimé me perdre un peu plus. Mais le toubib me réveille. L'a des verres autour des yeux qui lui donnent l'air intelligent, tous les gestes qu'ils font sont comme ceux d'un livre qu'il aurait appris par cœur. J'ai jamais aimé lire. Toujours préféré frapper des deux poings que lire une foutue ligne. Toujours préféré tirer une balle que sortir un mot.
Mais maintenant ? Hein, maintenant ?
Le gars me regarde avec des yeux qui veulent rien dire. L'en a vu d'autres ce gars, à sa vieille barbe et à toutes ses rides y'a pas besoin d'être devin pour savoir ça. Alors quand l'enfonce une énième aiguille dans mon bras qu'est encore là, quand il triture le trognon qu'il me reste sur l'autre, je réagis pas. Je résiste à pas sortir une grimace qui montrerait à quelle point je douille. A quel point je chiale. Parce que ouai, sous mon air de con ça fait tant de jours que je tourne l'info que j'arrive pas à la laisser foutre le camps. Et les médocs, eux, z'en ont mare, ils me chootent tant qu'ils peuvent pour pas que je me lève. Ils m'attachent les guiboles pour pas que je foute le camps. Ils me laissent juste la gueule ouverte pour que je puisse gueuler. Mais je suis pas comme les autres borde, je suis meilleur, et même avec un bras en moins... Faut juste... Faut juste …
Allez, une p'tite...Prendre l'air... Suis pas en taule bordel...
Cigarette ? Vous fumez trop. Promenade ? Vous n'êtes pas encore prêt.
Deux semaines que j'ai pas bougé d'ici... Même le vieux Joe a eu le droit hier, l'a perdu un œil lui aussi...
Dix minutes...Soyez chic...
Dix jours. Vous avez été empoisonné, Vous avez perdu un bras, et en plus, vous ne voulez même pas récupérer. Vous passez votre temps à demander des clopes et à raler.
Bordel, mais c'est quoi le rapport ?
Que j'aimerais bien, moi aussi, ne plus vous entendre. Mais qu'il vous faut du temps avant de vous lever.
Dix minutes ?
En fauteuil alors. Et c'est moi qui vous promène.
J'ai gagné. Le toubib appelle deux minettes de la main, et leur demande de me foutre dans leur fauteuil. Je suis pas handicapé bordel. Je refuse de me faire traiter comme ça, rejette leur aide, monte sur le cadi. Me vautre.
Ils m'aident. Le temps passe comme ça sans que personne ne dise rien et on est déjà loin quand le toubib la réouvre.
Bon, bon, vous allez faire quoi, maintenant ? Ancien chasseur de prime, non ?
Je le suis toujours.
Pff...
Arrêtez vous.
Pardon ?
Arrêtez vous que j'vous dit. Elle est là.
La rouquine.
Je veux te parler, rouquine.
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Je sors la tête de l'eau. C'était un beau rêve pourtant, où j'aurais aimé me perdre un peu plus. Mais le toubib me réveille. L'a des verres autour des yeux qui lui donnent l'air intelligent, tous les gestes qu'ils font sont comme ceux d'un livre qu'il aurait appris par cœur. J'ai jamais aimé lire. Toujours préféré frapper des deux poings que lire une foutue ligne. Toujours préféré tirer une balle que sortir un mot.
Mais maintenant ? Hein, maintenant ?
Le gars me regarde avec des yeux qui veulent rien dire. L'en a vu d'autres ce gars, à sa vieille barbe et à toutes ses rides y'a pas besoin d'être devin pour savoir ça. Alors quand l'enfonce une énième aiguille dans mon bras qu'est encore là, quand il triture le trognon qu'il me reste sur l'autre, je réagis pas. Je résiste à pas sortir une grimace qui montrerait à quelle point je douille. A quel point je chiale. Parce que ouai, sous mon air de con ça fait tant de jours que je tourne l'info que j'arrive pas à la laisser foutre le camps. Et les médocs, eux, z'en ont mare, ils me chootent tant qu'ils peuvent pour pas que je me lève. Ils m'attachent les guiboles pour pas que je foute le camps. Ils me laissent juste la gueule ouverte pour que je puisse gueuler. Mais je suis pas comme les autres borde, je suis meilleur, et même avec un bras en moins... Faut juste... Faut juste …
Allez, une p'tite...Prendre l'air... Suis pas en taule bordel...
Cigarette ? Vous fumez trop. Promenade ? Vous n'êtes pas encore prêt.
Deux semaines que j'ai pas bougé d'ici... Même le vieux Joe a eu le droit hier, l'a perdu un œil lui aussi...
Dix minutes...Soyez chic...
Dix jours. Vous avez été empoisonné, Vous avez perdu un bras, et en plus, vous ne voulez même pas récupérer. Vous passez votre temps à demander des clopes et à raler.
Bordel, mais c'est quoi le rapport ?
Que j'aimerais bien, moi aussi, ne plus vous entendre. Mais qu'il vous faut du temps avant de vous lever.
Dix minutes ?
En fauteuil alors. Et c'est moi qui vous promène.
J'ai gagné. Le toubib appelle deux minettes de la main, et leur demande de me foutre dans leur fauteuil. Je suis pas handicapé bordel. Je refuse de me faire traiter comme ça, rejette leur aide, monte sur le cadi. Me vautre.
Ils m'aident. Le temps passe comme ça sans que personne ne dise rien et on est déjà loin quand le toubib la réouvre.
Bon, bon, vous allez faire quoi, maintenant ? Ancien chasseur de prime, non ?
Je le suis toujours.
Pff...
Arrêtez vous.
Pardon ?
Arrêtez vous que j'vous dit. Elle est là.
La rouquine.
Je veux te parler, rouquine.
Dernière édition par Mihai Moon le Mer 12 Juin 2013 - 18:42, édité 1 fois