Pffiou, ce n’était pas passer loin ! Un grand merci intérieur pour mon instinct de m’avoir induit à l’erreur ! C’est donc en étant couvert par le torrent d’acclamations et de remerciements spontanés de la foule que je sors victorieux de cette seconde épreuve tel un conquérant rentrant dans sa capitale en grande pompe. Et comme tout bon conquérant je m’retrouve bombardé par des questions par tout c’beau monde qui fusent à tout va et se perdent dans ce maelstrom sonore : Quel âge vous avez ? Quelle a été la boisson que vous avez bu pour la première fois ? Est-ce vrai que vous servez un alcool qui peut rendre un faiblard plus fort qu’il ne l’est ? Ca n’m’étonnerai pas de trouver des journalistes parties eux ! Quoi qu’il en soit je m’débrouille pour le mieux de répondre brièvement à chacune de leurs questions, afin d’étancher leur curiosité déjà grandissante. Des « géniales ! » et autres « wouah, cool ! » sortent de leurs bouches ébahies.
C’est mon jour de gloire après tout ! Pourquoi m’en priver !? Même Timi n’en revient pas et c’est ça qui est bon !
Je décide de laisser mes admirateurs pour le vieux Phil qui m’fait signe de l’suivre jusqu’à arriver à mon Valhalla, pour me préparer à l’épreuve finale. Putain, je n’aurais jamais cru que l’temps passerait si vite après cette épopée brassique ! Voilà que la boule de feu s’éclipse déjà sur l’horizon ! En guise de récompense pour mes efforts, J’ai même droit à un casse-dalle spécial « Giantsize » rien que pour moi ! transporté par-dessus un régiment d’serveur et qui n’attend plus qu’à être dévoré !! Putain, comment refuser un tel cadeau ? Ça serait un sacrilège blasphématoire de refuser ! D’un geste nonchalant, j’attrape le casse-croute tout en remerciant poliment les p’tits bonshommes ainsi que leur patron, avant d’arracher un quart du sandwich d’une grosse bouchée, assis en tailleur ! Crroum…Crroum…Crroum ! Huuumm PAR CROM, qu’est-ce que c’est BON !! Cette journée sera gravée sur le marbre de ma conscience comme le jour où j’ai mangé le sandwich le plus savoureux de toute ma vie ! NAN plus sérieusement, c’est tellement délicieux que j’ai des gouttes de salives qui dégoulinent au coin gauche de ma bouche, mélangé aux résidus d’pains. Je prends même mon temps pour savourer le gout délicat du casse-croute, mettant un quart d’heure pour finir la dernière miette de c’qu’il en reste.
Phil s’approche de moi et m’résume les détails de la dernière épreuve. Okay, pour faire simple j’dois juste préparer ma troupe de joyeux lurons à se montrer persuasive en leurs transmettant quelques leçons tirées de mes épreuves précédentes et de faire connaître mes alcools auprès de cette marée humaine qui remplit peu à peu la rue où j’me trouve. Tout ça jusqu’à la tombée d’la nuit. Jusqu’ici rien d’compliquer ! Parmi la foule arrivante, j’reconnais entre mille les personnes dans la grande place qui m’salut d’un signe de la main que je leur rends. J’aperçois Nori, Freyja ainsi que Kenshiro et Genkishi qui viennent répondre à mon appel, attendant patiemment mes prochaines directives annoncées par l’intermédiaire du Nain berrichon. Et sans plus attendre, je leur explique tous ce qu’ils vont devoir faire et ne pas faire, en particulier Genkishi qui porte encore les traces de son récent lynchage. Le briefing dure à peine cinq minutes, mais tout est résumé parfaitement pour que ma Dream Team assimile sans problème les ordres donnés.
- C’est bon, vous avez bien pigé l’truc !?- Jiahahaaa ! Et coumment Patlon ! - Je sens que cette soirée va être géniale, huhuhu ♥- Ça marche pour moi, boss.- Bof, rien d’compliqué !- Bien ! Alors en PISTE !Sitôt l’entretien terminer que tous mes employés retournent au bar, sauf qu’au lieu de retourner à leurs postes respectifs ils viennent en aide à la belle Freyja en jouant les serveurs. Car j’faut bien l’avouer que l’bar est tellement bondé d’clients qu’il va exploser d’un moment à un autre ! Le tintamarre animant l’établissement doit même se faire entendre de loin, limite j’pourrais être arrêté pour tapage nocturne ! Toujours installé comme les Indiens, j’attire facilement l’attention des clients qui portent tous leurs regards interloqués vers les baies vitrées grandes ouvertes du Valhalla. Aujourd’hui, j’vais recourir à une technique commerciale que mon père utilisait souvent pour faire tourner sa forge. Simple et efficace.
- Mesdames ! Messiers ! Aujourd’hui est une soirée particulière, car c’est une soirée spéciale « découverte » que VOUS TOUS, allez profiter pleinement en vous faisant découvrir les alcools aux milles vertus du Valhalla ! Et pour vous encourager……c’est MOINS 70% de réduction pour toutes les boissons ! Pour DIX alcools « uniques » déguster vous bénéficiez de deux boissons pour le prix d’un ! Et ainsi d’suite pour dix autres ! Profiter de cette offre mes louloutes, car elle ne se présente qu’une fois par an ! Savourez la douceur exquise et raffinée du « breuvage du bonheur » qui ôtera les lourds fardeaux de vos peines pour un long moment ! Laissez votre gosier se faire caresser par les mousses onctueuses et la puissante liqueur d’un « Jormungard » qui, en plus de vous assommer la caboche par sa saveur, vous octroiera le courage et la détermination des plus grands vétérans guerriers des temps jadis !! Ça n’vous suffit pas ? Vous souhaitez passer à la vitesse supérieure !? Alors le nectar des dieux et fait pour VOUS ! Il vous enverra au septième ciel dans un tourbillon de délice à vous en faire voir de toutes les couleurs…..Avant de vous ramener sur terre aussi fort qu’un demi-dieu !! Ca y est, la foule et en délire et ne tient plus d’attendre ! Exalter par mes paroles dignes d’un orateur de génie, ils sont vite séduits par la tentation de tester ces alcools quasi divins qu’ils vont pouvoir déguster sans faire rougir leurs portemonnaies. Nori retourne illico presto derrière le bar pour déverser des flots d’alcools alléchants des tonneaux, dans des verres qu’il fait glisser sur son comptoir à ses clients, pendant que les trois autres employés distribuent des chopes mousseuses aux autres sur des plateaux en bois. Après, certains clients plus titilleux que les autres se montre plus casse-derche envers Genkishi, mais heureusement il suit mon conseil à la lettre en se montrant plus courtois et serviable que la dernière fois. Jusqu’ici tous se passent à peu près pour le mieux ! J’aurais bien voulu les épauler, mais il m’est impossible de pénétrer les quatre murs massifs du Valhalla. D’autant plus que je suis là pour jouer mon « rôle de patron » comme Phil me l’a dit, donc ils vont devoir se passer d’moi.
BLAM !Hum !? Ah okay, c’est ce gus qui s’amuse à faire une entrée fracassante en poussant les portes à coup d’pompe ! Une espèce de soudeur fraichement sortit du travail puisqu’il porte encore sa tenue d’travail soutenu par deux sangles croisées sur son T-shirt noir avec le logo d’la boite. Le tout avec un énorme gant enveloppant son avant-bras droit ainsi que son masque de soudeur relever. Et par une force quelconque émanent de lui, tout l’monde se tourne vers lui.
Puis c’est un bref silence qui plane dans l’atmosphère.
Le nom de Bobby Findley sort de la bouche de beaucoup d’personnes. La bête noire des bistrots, le tyran des comptoirs, des surnoms fusent à tous va sur lui, ce qui porte à croire qu’il est très respecté par la plèbe sur le même pied qu’un seigneur. Avec l’arrogance qui va avec, vu la façon dont il regarde tout l’monde, comme s’ils ne valaient rien à ses yeux.
- C’est qui l’patron ici !?- Tu m’as appelé ?Il se retourne vers ma trogne, parfaitement visible à travers les fenêtres, crachant un sifflement d’étonnement filtrer entre ses lèvres charnues avant de m’scruter de haut en bas. C’est dingue qu’il ne m’ait pas remarqué avant d’entrer, à moins que ça n’soit son masque qui lui cachait partiellement la vue.
- Ah ouais quand même ! Ce n’était pas vraiment un bobard quand ça disait qu’il y avait bien un géant en ville ! Alors c’est donc toi le boss du Valhalla, hum !? Je n’ai pas cessé d’entendre parler de ton bar durant toute la semaine. Alors il parait que c’bistrot est bien différent des autres, qu’il vend les meilleures boissons d’la ville, pour ne pas dire de TOUS les blues !? Je compte bien vérifier ça par moi-même !Ouais ! Fait toi plaisir maggle ! T’as d’la chance que j’commence à avoir d’la patience, sinon t’aurais finis comme les deux zigotos de c’matin à peine avoir posé les pieds dans mon sanctuaire. Ce dernier s’installe sur une place libre, pieds posés sur la table et bras croisés sur sa nuque, jetant une liasse de berrys sur la table.
- Un breuvage du bonheur, et plus vite que ça ! Freyja passe à l’action la première en lui ramenant une grosse chope fraichement sortir des distillateurs sophistiqués de Kenshiro, récupérant les berrys qu’elle glisse dans la poche de son tablier. Le prolétaire empoigne brusquement l’objet et boit l’hydromel cul sec, vidant la chope en un battement d’cil. Son visage reste stoïque, aucune différence ne traverse sa figure transpirant l’arrogance la plus exécrable qui soit.
- Breuvage du bonheur !? Mon cul, ouais ! Ma parole, C’est d’la pisse de nouveau-né cette binouze !! Même ma grand-mère au cimetière boirait ça pour son p’tit dèj ! Un Jormungard pour moi ! Voyons voir c’que ça donne………Ma p’tite serveuse s’empresse de répéter machinalement la même opération pour la nouvelle boisson. Ah ! Il lève un sourcil ! C’est plutôt bon signe.
- Mouais, c’est peut-être mieux que l’autre…….Mais ça reste quand même de la pisse d’âne !! Toujours pas assez puissante pour m’faire de l’effet ! T’as bien fait d’avoir mis cette réduction mon grand, parce que franchement ça n’vaut pas les 10 000 berrys qu’elle arbore ! Voyons voir ce que vaut ta boisson la plus chère. Un nectar des dieux !!!Maintenant j’comprends pourquoi il arbore autant de sobriquets que d’clopes qu’il fume actuellement et achève en quelques minutes : ce gars-là est un vétéran pur et dur de la beuverie. Le voir piétiner impunément la réputation de mes boissons déchire des lambeaux de fierté qui me met dans une fureur infernale que j’ai du mal à contenir ! Tout comme ce grognement caverneux s’échappant de ma bouche ! Le voilà déjà en train d’assouvir sa soif sans fin sur le nectar des dieux et cette fois-ci il semble être satisfait de la « deuxième » plus puissante boisson du Valhalla. L’impatience incandescente des clients ne m’ont pas laissé l’temps d’finir ma présentation de mes produits et tant mieux ! Ça sera la surprise du soir que j’lui réserve exprès.
- HUMM……La, J’dois bien avouer que cette bibine envoi d’la patate ! Mais je m’attendais à mieux venant du « nec plus ultra » des alcools, comme je l’ai si bien entendue. T’es doué pour donner des noms pompeux à tes alcools, mais pour c’qui est d’leurs qualités ça n’casse pas trois pattes à un canard……..- Mais je n’ai jamais dit que c’était LA meilleure boisson du Valhalla ! - Aaah !? Parce qu'il y a mieux que le nectar des dieux ?- Absolument ! Et crois-moi sur parole…….Ca n’a rien avoir avec ce que t’as goutté à l’instant. - Et qu’est-c’qui te fait dire ça, hein ?.......- Mon expérience. Tu es un soiffard aguerri, ça, j’te l’accorde, et un soiffard de ta trempe ne peut être satisfait que par des tord-boyaux dignes de toi.D’un signe de la tête à Nori, celui-ci sort un énorme tonneau dans une rangée de fûts plus grands que les autres qu’il dépose sur le comptoir. Avec le « Crom » écrit dans des lettres d’acier stylisé et poli. Tout l’monde est interloqué par ce tonneau pour le moins atypique, se posant d’innombrables questions.
- Tu as devant toi le summum de c’qui fait d’mieux ici : le Crom ! La boisson des héros avec un grand H ! On va faire comme ça : si tu restes encore sobre en buvant ça dans une chope, ne serait-ce que 5 minutes, non seulement je te rembourse, mais tu pourras également boire ici autant d’fois que tu voudras en toute gratuité. Alors ? Qu’en dis-tu ?Voilà c’que j’mets sur la table des négociations, et comme je m’y attendais il est trop tenté pour refuser cette opportunité qu’il ne verra qu’une fois dans sa vie. Faisant volte-face, un sourire du diable se dessine jusqu’à ses oreilles. Puis il s’approche de l’énorme fût qu’il tape avec le plat d’sa main.
- Ça roule ! Pas besoin de m’donner une chope : c’est TOUT l’tonneau que j’veux boire ! J’espère pour toi que tu t’es préparé à ça, car si je gagne, je savoure tous tes alcools pour fêter ma victoire ! Bwéhéhéhé !!!T’inquiètes ma poule, c’est tout préparer à l’avance. Bobby sors un sac contenant toutes ses économies qu’il jette sur le comptoir, arrache le couvercle du fût d’un revers de sa main puis il le soulève aisément pour laisser déverser des litres entiers de Crom remplir son gosier. La tension est très tendue, tout l’monde dévore chaque instant de ce pari palpitant. Tout comme moi. Seul le bruit de la gorge de Findley met l’ambiance dans cette atmosphère pesante. À mesure qu’il vide le tonneau, je vois déjà le signe de ma victoire : il vacille ! Je l’vois qui n’tiens plus sur ses cannes, il tangue, il…….
BLOUUMM !!!Il est OUT !
Le silence vole subitement en éclat par les applaudissements des clients mêlés aux sifflements. De justesse, Nori à empêcher que le restant de Crom dans l’tonneau se déverse par terre, évitant ainsi un énorme gaspillage. Quant au p’tit Bobby il va bien, mais quand il se réveillera il aura certainement les cheveux blancs.
S’il est vivant jusqu’ici........