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L'Affamé, La Cloque et Niko.


Ouvrir les mirettes et s’apercevoir qu'on ne sait pas où l'on a passé la nuit ? Je sais le faire. A dire vrai, ceci marque mon quotidien. Le quotidien d'un misérable pirate n'étant plus tout jeune, qui n'a rien fait de sa vie si ce n'est liquider les réserves de rhum des tavernes. Balior The Hungry Blackness, dit le soiffard. L'homme qui n'a jamais su quand cesser de remplir son godet. L'homme qui n'a compris que l'alcool ne rendait pas meilleur, ni n'améliorer la vie. Bien au contraire, la bibine brise votre vie, la rend chaotique est infecte, du moins c'est la sensation qui m'envahit à chaque lendemain de beuverie. Aussi ne fus-je pas tellement surpris de me retrouver au beau milieu de nulle part, la bouche pâteuse et le crâne martelé. Chaque réveil est similaire à celui-ci pour moi, on s'y habitue à force.

Nom d'une pipe en terre ! C'est quoi tout ce boucan ?!

Comprenez-moi, tout juste revenu des bras de Morphée, que mon cerveau est agressé par d'importants bruits de bataille. Pas loin d'ici, il y a des malheureux qui s’entre-tuent et le ramdam qu'ils produisent s'entend à des kilomètres à la ronde. Un grognement s'échappe de ma gorge. Les jeunes de nos jours, ils ne savent plus s'étriper en silence. Et le respect pour les vieux clochards qui roupillent alors ? Affichant la trogne des mauvais jours, ceux où je communique avec des mandales et non des mots, j'entreprends de rejoindre la source de mes problèmes. C'était sans compter le somptueux décors dans lequel j'avais choir la nuit dernière, alors que l’alcool remplaçait mon sang coulant dans mes veines. Des ruines partout, en grande quantité, autant que la flotte sur lesquelles ces ruines s'amoncelaient.

Par le gland du chêne pubère ! Où est-ce que je suis ?

Je n'aurais pas su dire combien, mais les épaves de navire étaient légion en ces lieux bien sinistre. Pas un morceau de terre n'était visible, uniquement du bois en piteux état. Trempé, troué, pourri, le bois ne manquait pas. Des carcasses de bateaux à perte de vue, il y avait plus agréable comme découverte au réveil pour un vieux loup de mer comme moi. De quoi m'arracher un pincement au vieux cœur desséché qu'est le mien. La tristesse fut rapidement oubliée lorsque cette faim insatiable, cette fille de joie, se manifesta de nouveau, faisant brailler mon estomac de famine. Ce besoin de se remplir la panse en tout lieu, en tout temps, commençait sérieusement à m'agacer. Quand cette garce cessera-t-elle de me tarabuster ?! D'autant qu'il n'y avait rien à me mettre sous la dent, ici.

Et ce tintamarre qui n'en finit pas... raaaah !

Fronçant plus encore les sourcils, grinçant des ratiches, je reprenais la marche, le pas furibond, déterminé à mettre les paluches sur ces enfants de putain qui n'y comprenaient rien ! Il n'aurait pas fallu croiser mon chemin en cet instant. Lorsqu'enfin, je fus remonter à la source, ma vision défaillante parvint à comprendre ce qu'il se tramait. Deux équipages forbans se livraient bataille avec une hargne époustouflante ! Les sabres tranchaient dans le vif et les pistolets trouaient la peau autant que faire ce peut. Plissant les yeux afin de mieux distinguer ce qui n'était que des silhouettes vue d'ici, je fus contraint d'admettre ne rien y voir d'aussi loin et d'avancer. Dieu que la bataille était plus sanglante une vingtaine de mètres plus en avant ! Et... nom d'un... Foutre... des...

FOUTREBLEU ! DES FEMMES ?!

De farouches femelles semant la mort, dans les rangs de l'équipage auquel elles faisaient face, comme une multitude de faucheuses. Les mirettes s’écarquillant à en menacer de se décrocher, la mâchoire tombant si bas qu'elle en frôlait la surface à mes pieds, un tel spectacle me clouait sur place, sans voix. Jamais de toute ma vie de forban une telle chose m'était tombée sur le coin de la trogne. Des femmes prenant les armes, éventrant des hommes. Trop sur le cul pour pouvoir réagir, je ne remarquais même pas la fin de la bataille, offrant la victoire aux femmes et à cette monstruosité à leurs côtés. Ce n'est que lorsque cette dernière cracha ses paroles que je repris possession de mes moyens. En commençant par me demander comment une horreur pareille pouvait vivre ?

De ma position trop éloignée, aucun mot ne fut audible, seul un brouhaha irritant perça mes tympans. Il y avait l'image, mais le son se faisait désirer. Misérable ! Après de longues minutes où l'homme à la jambe de bois brailla et éventra quelques-uns des prisonniers, les guerrières repartirent sur leur navire. Laissant guibolle en bois et son compagnon s'affairer pour quitter les lieux à bord de leur propre bâtiment. C'est tout du moins ce que j'imaginais...

La déflagration qui submergea le navire sous mes yeux fut aussi inattendue que terrifiante. J'eus beau me trouver à une centaine de mètre de l'explosion, mon corps bascula en arrière sous la surprise. Dévalant l'amas de déchets de bois constituant la colline sur laquelle je me trouvais, j'allais m'encastrer contre la coque d'un vieux rafiot. A la douleur de la chute s'ajoutait un cœur battant la chamade, manquant de provoquer l'arrêt cardiaque. Foutre-Dieu ! Ce n'est pas permis de provoquer pareille frayeur à soixantenaire, ivrogne qui plus est ! Et les malheureux sur le navire ? Le feu a dû les consumer, pour sûr ! S'ils sont encore en vie après cela, c'est qu'ils sont foutrement accrochés à la vie ! Remontant aussi vite la pente que je l'ai dévalé, j'mire la baille, à la recherche de deux corps calcinés.

Là ! Au milieu des restes de planches jonchant les flots ! M'ont pas l'air en grande forme ! Ils ne mouftent pas d'un pouce. 'Faudrait aller les sortir de c'tte mort certaine ? Ils pourraient me servir ! Sans plus réfléchir, j'laisse tomber le chapeau et plonge à l'eau. Jamais été un excellent nageur, on fera avec.

***


Plus jamais... kof kof kof... plus... kof kof... jamais...

Balior, quel piètre nageur tu fais. Quand il s'agit de plonger ton ennui dans ton godet plein de bibine, t'es le premier. Mais quand il faut ramener deux gusses à la nage, là tu fais moins le fier et manque de te noyer à trois reprises ! Je tousse à en mollarder mes poumons, tellement l'eau a infiltré mes bronches. Trempé, harassé, j'y suis parvenu, à les ramener sur le navire. Comme je suis pas couillon, j'ai pris le soin de les ligoter avec de la corde trouvée dans la cabine. Dos à dos l'un de l'autre, toujours inconscient qu'ils sont. J'observe un instant leur faciès, le type à la jambe de bois est un vrai spécimen. Une bedaine énorme, un orteil manquant à son unique jambe, roux et mal en point. Unique en son genre celui-là. L'autre est différent, du rouquin comme de moi. Cet affublement, c'est rare chez les pirates.

Vous êtes encore en vie, les chiens galeux ?!

Le silence. Ils m'ont tout l'air de morts. Alors j'use de la bassine en bois que j'ai ramené de la cabine et leur balance un bon litre d'eau froide sur la trogne. Alors, mieux ? Pas convaincu. Ils ramassent une mandale chacun afin de les aider à revoir la lumière du jour. Alors, mieux ?


Dernière édition par Balior Blackness le Sam 20 Juil 2013 - 9:52, édité 2 fois
    Le réveil est plus que douloureux. L'explosion sifflait encore dans le crâne de Nikolas, à tel point qu'à chaque instant, il lui semblait qu'il allait exploser sous la pression. Son corps tout entier se révélait être endolori, de la tête jusqu'au bout des doigts, et plus particulièrement sa joue droite. Il ouvrit doucement les yeux, la lumière, même peu vive, de l'endroit lui brûlant les rétines. Il tâchait tant bien que mal de se remémorer les évènements des dernières heures, ou au pire, des dernières minutes. Tout ce dont il se rappelait, c'était d'avoir été éjecté des hauts-banc par un souffle chaud et terrible, et d'avoir perdu connaissance après une chute de plus de 20 mètres dans l'eau. Il n'avait aucune idée de la façon dont il était parvenu à sortir la tête de la flotte et à survivre à la noyade; et surtout, aucune idée de l'endroit où il se trouvait, ni de pourquoi il était attaché. Sa vision, d'abord trouble, se précisa, et il put distinguer devant lui le visage d'un homme âgé, habillé de guenilles, et visiblement plutôt furibond.

    "Mais... Qu'est ce que... Z'êtes qui, vous ? Détachez moi !"

    Il craignait que le ladre ne soit rien de plus qu'un vulgaire pillard, ou pire, mais il se ravisa en pensant que c'était certainement lui qui les avait tiré de l'eau, lui et l'homme avec qui il était attaché, sans aucun doute son affreux camarade de fortune. Il se secoua rapidement la tête, pour égoutter ses cheveux pleins d’eau froide, et se remettre les idées en place. Il fallait encore une fois la jouer fine, et surtout ne pas rentrer dans son rôle de nobliau arrogant. Le bonhomme ne serait certainement pas impressionné par un tel personnage.

    "Écoutez, j'sais pas qui vous êtes et pourquoi vous nous avez tiré d'là, mais si vous voulez savoir quelque chose, demandez à mon collègue, derrière. Moi même je sais pas ce que je fous sur cette fichue mer."

    Il regarda droit dans les yeux son prétendu sauveur, l'air déterminé, et attendit la suite des évènements. On lui avait vraisemblablement pris ses armes, et ligoté de la sorte, il n'y avait rien qu'il puisse faire pour se sortir de là.


    Dernière édition par Nikolas Baeteman le Mer 7 Aoû 2013 - 18:40, édité 1 fois
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    Bon dieu que j’ai chaud. J’ai encore la tête qui tourne comme si l’on m’avait giflé à plusieurs reprises avec un sac de cendres brûlantes. J’ai comme un voile noir devant les yeux, j’ai du mal à rouvrir l’affaire et une saloperie de sifflement dans les esgourdes. Diable, j’ai pas souvenir de grand-chose. Le Fusilleurs est à moi. J’ai vaincu cette vieille mule de Jangoto sur son propre navire, j’ai plus qu’à ouvrir les volets et je repars à l’aventure. Zagahaha. Debout Tournebroche.

    Schak
    Bon dieu.
    Cette odeur de souffre.
    Cette fumée dégueulasse qui vole au loin.
    Ces lattes qui accueillent mon derche d’infirme.
    Ces cordages qui m’entravent.
    Ce vieux qui hurle.
    Qu’est-ce que je fous sur le Sans-Nom ?
    Bien sur. Imbécile.
    Bâtard de Jangoto. Huit années à son service, balourdé de matelot à cambusier puis finalement de contremaître du navire de ravitaillement. Contremaître du navire de ravitaillement ! L’humiliation ultime… Et voilà qu’il fesse une nouvelle fois mon cul rouge en me refoutant sur le Sans-Nom. J’aurais du crever noyé tiens.
    « Il s’est sabordé cet enfant de chien »
    J’ai l’arrière de mon crâne qui repose sur le dos de Baeteman, l’entrave de mes mains me lacère l’épiderme. Je sens une bon litre de flotte saline qui ballotte dans mon estomac, j’ai la vue qui se trouble dès que je baisse les yeux et, par les sept enfers, j’ai mal à tout mes membres fantômes.
    "Écoutez, j'sais pas qui vous êtes et pourquoi vous nous avez tiré d'là, mais si vous voulez savoir quelque chose, demandez à mon collègue, derrière. Moi même je sais pas ce que je fous sur cette fichue mer."

    Je roule mes yeux vers l’ancêtre, encore un, il a cette allure qui témoigne d’un passé plus riche en beuveries qu’en littérature. Tricorne et guenilles, à l’ancienne.
    « T’es pirate ?... Oué, t’es pas un gars qu’à rien à se reprocher si t’es là… Moi et le Capitaine Baeteman avons… Disons une dette… Bien que t’aurais pu me laisser couler pour ma part… Voilà que le Fusilleurs vient de rejoindre les épaves du cimetière… »
    Je sens le dos de Baeteman se raidirent, je viens de l’appeler naturellement capitaine, il va s’en prendre plein la tronche si je ne renchéris pas foutredieu.
    « A ce propos l’ancien, je suis le capitaine Tournebroche et t’es le bienvenu à bord du Sans-Nom… D’ailleurs… »
    Je force sur ma guibolle et mon autre patte pour me redresser tout en me servant du dos du nobliau. Il a compris la manœuvre et il se redresse de la même manière. Je touche plus sol. Connerie.
    « … D’ailleurs, t’as gagné un bateau… Capitaine… T’as bien un nom l’ancêtre ? »
    Ce que c’est chiant comme position.
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    Que je le détache ? Et puis quoi encore ? Il ne voudrait pas que je lui rende son pistolet et sa rapière tant qu'on y était ? Qu'il soit en mesure de m'éventrer, une fois libéré ! J'lui lance un grognement en réponse à sa bêtise, tout en me demandant s'il me prend pas pour une palourde. C'est vrai cela, il me prend pas un peu pour un arriéré ? Je crois bien que si. Je vais lui arracher la dentition, il va réaliser quel genre d'homme je suis. Un soiffard et un morfal, mais pas que. Mine de rien, les litres de rhum journalier que je bois n'ont pas encore totalement inondé la cervelle, j'ai encore de quoi réfléchir. Lui en revanche, n'a pas l'air d'avoir les idées en place. Il ne sait rien, ou ne s'en souvient pas. C'est que l'explosion n'était pas minime, cela a dû salement le secouer le gaillard. J'attends qu'il achève de parler pour lui égruger la trombine d'un coup de paluche.

    Si tu ne sais rien, alors ferme-là.

    Et puisque l'autre semble se réveiller à son tour, alors peut-être sera-t-il foutu de m'en dire plus. Nos regards se croisent, nom d'un chien que cet enfant de putain est hideux ! Si je n'avais pas miré son combat contre celui qu'il nommait l'enfant de chien, je ne l'aurais jamais sorti de la baille. Un rouquin à qui il ne reste quasiment rien de chicots, pas plus grand qu'un tonneau de rhum et aussi ventripotent qu'un cachalot, mérite de caner. Je l'écoute parler. Le Fusilleurs, c'le nom du rafiot sur lequel ils étaient. Et le Sans-Nom, c'est c'lui à bord duquel je nous ai hissé. Un sobriquet digne du miséreux navire qu'il est. Face à moi, le Capitaine Tournebroche et le Capitaine Baeteman. C'tte révélation m'fait broncher, qu'est-ce que deux anciens Capitaines foutent ensemble ?

    Ils parviennent à se relever, du moins Baeteman porte à présent l'autre bâtard sur son dos, qu'est-ce qu'ils espèrent ? Ma guibolle fauche celles du pirate à nez en trompette, qui va immédiatement percuter le sol, suivi de très près par le nain bedonnant. Me saisissant de mon sabre, j'en fiche la lame sur la guibolle en bois du ventru, affichant un air furieux.

    Vous vous lèverez quand je l'aurais ordonné ! Compris bande de chiens galeux ?! Je n'ai pas confiance en vous, pas après ce que j'ai vu sur l'autre navire ! Alors restez tranquille pour l'instant. Si j'ai repêché deux gougnafiers dans votre genre, c'est uniquement pour faire avancer ce vieux rafiot, je m'en sortirai pas tout seul. Dans mon ancien équipage, je faisais cracher les canons, aucune foutue idée de comment faire avancer un navire ! Giah-ah-ah-ah !

    Je m'en vais chercher du rhum à la cale, c'est important si l'on veut bien s'entendre entre vieux forbans. Ligotés comme ils sont, aucune chance qu'ils en profitent pour sauter par-dessus bord. Au bout de quelques minutes, me revoilà qui pousse la trappe depuis l'intérieur pour revenir aux côtés de Tournebroche et Baeteman. Dans une main, une bouteille de rhum. Et du bon ! Dans l'autre, de la viande de cochon séché, pas infâme. Assis face aux rescapés, qui ont plus d'air de prisonniers en ce moment, j'entame un repas bien mérité. Et tout en mastiquant la viande sèche, j'observe plus en détails le Sans-Nom, misérable petit navire qui n'ira pas bien loin. A nous trois, il sera facile de le diriger, reste à savoir si les deux affreux sont partant ?

    Balior Blackness. Ou Capitaine Blackness si vous y tenez ! Giah-ah-ah ! Il faut avoir une sacré veine pour ressortir vivant d'une explosion pareille ! Vous êtes des durs à cuir ! Que je vous libère pour qu'on quitte les lieux, z'en pensez quoi ?! Vous n'aurez pas vos armes par contre, je suis usé, mais pas complètement demeuré. Ce sera déjà mieux que de croupir ici, le cul qui gratte le plancher ! Giah-ah-ah-ah !

    La suite dépend de leur réponse. Ils peuvent me regarder avaler cette viande jusqu'au dernier morceau, ou s'en couper une part et remplir un godet qu'ils descendront à mes côtés, le temps de rejoindre une autre île.


    Dernière édition par Balior Blackness le Sam 20 Juil 2013 - 9:54, édité 2 fois
      Le spectacle était à la fois affligeant et inquiétant. Ce vieillard alcoolique avait quelque chose de burlesque, presque amusant, s'il n'y avait pas eu cette teinte de démence dans ses paroles et sa façon de bouger, qui rendait le personnage légèrement glauque et peu rassurant. Nikolas préféra obéir aux invectives du soûlard lorsqu'il lui demanda de se taire. En revanche, lorsque, quelques instants plus tard, il l'envoya valdinguer sur le plancher, il ne put retenir entre ses dents un juron presque inaudible ; "Vieille charogne...". Pour un vieillard, il était encore tonique. Le jeune homme se jura de rendre la monnaie de sa pièce à ce vieux fou une fois libéré, et le discours tonitruant de l'intéressé ne parvenait à ses oreilles que péniblement, du fait du mal de tête fulgurant qui continuait de tambouriner dans le crâne de Nikolas. Ce dernier parvint toutefois à saisir l'essentiel des vociférations de l'ancêtre, et après quelques instants de réflexion, il se hâta de répondre avant la Cloque, de peur que son impétuosité et sa fierté (assez mal placées dans un moment pareil) ne vienne gâcher l'opportunité qui leur était offerte. Il tâcha de répondre sans bafouiller, et sans trop d’enthousiasme:

      "C'est ça, faisons comme ça... Par contre, si tu pouvais éviter de hurler, mon crâne t'en serait grandement reconnaissant."

      Le vieil homme tira un couteau rouillé d'on ne sait où, et sectionna les liens qui retenait Baeteman et son nouvel ami ensemble. Tous deux se relevèrent péniblement, s'étirant dans tous les sens pour soulager leurs muscles ankylosés et douloureux. Encore une fois, avant que la Cloque n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Nikolas le devança, et tenta d'amadouer le personnage atypique qui les avait repêché.

      "Écoutes, le vieux, on veut bien t'aider à faire bouger ce rafiot, mais survivre à une explosion et à la noyade en moins de dix minutes, ça creuse. T'aurais pas un truc à grailler et de quoi s'épancher un peu, par hasard ? Histoire qu'on puisse se mettre au boulot dans de bonnes conditions."

      Le jeune homme espérait secrètement que l'attrait évident du personnage pour la boisson leur permettrait de tromper sa vigilance et de récupérer leurs armes. Non pas que Nikolas avait la moindre envie de blesser le vieil homme ; après tout, il lui avait sauvé la vie ; mais il faut bien avouer qu'il se sentait un peu nu sans ses effets personnels et de quoi se défendre correctement.


      Dernière édition par Nikolas Baeteman le Mer 7 Aoû 2013 - 18:41, édité 3 fois
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      Je frotte encore mes poignets meurtris par les cordages tandis que l’ancien remonte un tonneau qu’il avait laissé en bas des marches d’accès à la cale. Il pose le tout au beau milieu du pont et vient frapper deux godets supplémentaires au sien sur le dessus du contenant en bois. Ivrogne, violent et grande gueule, une perle qui se meurt en ces temps moroses. Je titube vers le bastingage pour m’y accouder en regardant les débris flottants, j’en vois même un qui porte la moitié du nom du Fusilleurs. Parbleu. La vie est une chienne de bas étage.

      « Blackness… Hmmm… Je n’ai pas eu le plaisir de vous avoir croisé… Hmmm »

      Je reste pensif en regardant le monticule d’épaves à un mille de là, repaire de fripouilles et de clodos en quête de rapines ne nécessitant que de se baisser pour ramasser. Il doit probablement être arrivé de là, j’ai foutrement pas la tête à savoir si je dois être béni d’avoir survécu ou maudit d’avoir perdu l’unique moyen de gagner la postérité.

      Morbleu ! Je fais mon égoïste, fraîchement capitaine que je perds mon bateau, mais je suis pas le seul ! Je me retourne vivement face au blondin qui découpait proprement un morceau de lard.

      « Capitaine Baeteman ! Tu parles d’une foutue marque noire ! A peine à bord de notre bâtiment, qu’il part en fumée, on est les pires capitaines de l’histoire des Blues ! Zagahahaha ! »

      J’en éclate d’un rire franc, bon dieu, voilà que j’ai entraîné le premier bougre dans mon envie d’aventure et aussi sec on se retrouve plus bas qu’avant de commencer ! Zagaha ! J’en fais craquer une lombaire quand j’arrête de rire après qu’une tape vigoureuse m’alourdit l’épaule. L’ancêtre, un grain de sel supplémentaire à la farce pittoresque de cette aventure.

      Balior claque un godet rempli de gnoles sous mon pif, je lève les billes pour contempler sa barbe grisâtre déjà dégoulinante de gras et d’ivresse.

      « Je bois jamais… ou peu »

      La phrase à pas dire. Le coup, je l’ai pas vu venir, mais il m’a encastré son poing dans les entrailles. J’ai encore le corps plus flasque qu’une grenouille un jour d’orage et je tombe aussitôt sur mes deux genoux en crachant une bile rougeâtre. Son pied me taloche et au passage je régurgite les deux litres de flotte que j’ai bu bon gré malgré. Il lâche un de ses rires qui surpasse de loin le mien, le genre de rire qui te fait prendre conscience que dans la vie, il y a les bons vivants et les morts vivants. Ce capitaine Blackness n’était pas un gars à qui l’on disait non et Baeteman l’avait saisi plus vite que moi, le nobliau descendait déjà un second godet.

      Je me redresse, fébrile, je prends le godet des mains du vieux et je lui lâche le sourire équivalent à son rire. Cul sec.

      « Keuf… Zagahaha ! Capitaine Blackness, vous aviez raison ! Un homme qui ne boit pas ça mériterait rien de mieux que la corde ! Zagahaha ! »

      Il me ressert aussi sec. On trinque à trois.

      Deux mois. Deux mois depuis mon dernier verre. Je l’avais même pas fini. Zagahaha. A quoi bon, le Fusilleurs est coulé, autant se la coller.
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      Giah-ah-ah-ah ! C'est quand même mieux quand tout le monde y met du sien !

      Je ne peux m'empêcher de rire tant je suis heureux. Trouver deux forbans avec qui il fait du bien de partager son tonneau de gnôle, cela faisait fort longtemps que je n'y étais pas parvenu ! D'ordinaire, cela se terminait en distribution de paluches à travers les trognes. Il faut dire que je suis bien trop vieux et gâteux pour savourer un instant pareil en compagnie de jeunots. Cette nouvelle génération de pirates, c'est plus fort que moi, elle ne me plaît pas. Enfin, ce Baeteman et ce Tournebroche m'ont l'air différents des autres, qu'ils soient encore en un seul morceau alors que nous trinquons en est une preuve. D'autant qu'ils ont l'air aussi guignards que moi, si j'en crois mes esgourdes.

      Pires Capitaines de l'histoire des Blues ? Giah-ah-ah-ah ! Figurez-vous que vous buvez en compagnie du pire pirate de l'histoire des Blues !

      Ma vie ne vaut pas mieux que celle des soudards qui ont contribué à la ruiner. Combien d'années à errer à travers les blues, sans but ? Je ne sais plus. Crever la faim nuits et jours, préféré descendre les godets que se remplir la panse, je ne suis qu'une épave d'une génération de forbans depuis longtemps éteinte. Qui, après plus de soixante ans, peut encore ressentir le besoin d'écumer les mers en solitaire ? Certainement pas moi. Isolement me pèse, me ronge. Tout cela à cause de cette fichue carogne ! Si elle n'avait pas été là, si elle ne s'était pas fichue de moi, il y a bien longtemps que j'aurais trouvé le trépas, en fier Capitaine, quelque part sur Grand Line.

      Y'a le moral qui touche le fond, il se fait soif. Je ressers tout le monde, on trinque à nouveau, cul sec.

      Ventrebleu ! Celui-ci fait du bien ! Giah-ah-ah-ah !

      Et de mon couteau rouillé, je découpe trois morceaux de lard, que je tends aux deux Capitaines.

      Dites, avant de s'activer pour faire avancer ce rafiot, il va falloir que vous m'expliquiez votre histoire de Capitaines ! Vous l'êtes tous les deux ? Vous aviez les deux un équipage et vous l'avez perdu ? Ou vous êtes seulement deux arriérés jouant aux Capitaines ?

      La troisième option me plaît bien, maintenant, j'ai pas l'impression que ce soit cela. Il suffit de mirer le nobliau pour le saisir, ils sont pas stupides. Guignards certes, mais pas demeurés. La gnôle continue de couler le long de mon gosier, une partie s'en répand sur la barbe et les guenilles, l'autre inonde le plancher. Imperturbable, un rire gras déchire de nouveau les environs tandis que je mire Tournebroche. Foutredieu ! Je radote, seulement des immondices pareilles, c'est rare d'en contempler ! Et cette jambe de bois, combien de fois j'ai souhaité en avoir une ? C'que la vie est une chienne. Oh. Tiens. Qu'est-ce qu'il fiche, mon sabre, dans la guibolle de bois du lourdaud ?

      Eh le nain ! T'as quelque chose qui m'appartient ! Bronche pas, je viens la chercher ! T'en fais pas, je viens pas les mains vides ! Giah-ah-ah-ah !

      Un gobelet dans chaque paluche, un morceau de cochon séché entre les mâchoires, me voilà qui avance vers le ventripotent. Ou du moins, tente d'avancer. Une marche désordonnée. Un pas en avant, quatre pas en arrière et moitié moins sur le côté. On croirait pas quand on reste assis, mais l'alcool est monté jusqu'à la cervelle et l'a faite dérailler. C'est que j'ai encore le tord-boyaux de la veille dans l'estomac. L'un mélangé à l'autre, cela vous donne l'impression d'être en mer, pris dans une horrible tempête. Habitué d'avoir la vision qui chavire, j'arrive à m'en sortir et à tendre son godet au nain et à lui lâcher le lard dans sa main. Et qu'il ne pense même pas à refuser ou je vais me fâcher noir.

      Bien ! Je vais pouvoir récupérer mon arme ! Gaffe à pas que je t'arrache la guibolle avec ! Giah-ah-ah-ah !

      Une main sur la poignée du sabre, je tire vers l'arrière. Rien. Nom d'un chien ! Elle est sacrément bien coincée la garce ! Mon autre main vient porter assistance et toutes deux exécutent un effort plus violent qui s'éternise une dizaine de secondes. Et elle se détache finalement. Brusquement. Assez pour me faire chavirer vers l'arrière et percuter du crâne le sol. La douleur est vive et me fait grogner, marmonner, dans ma barbe imbibée d'eau de vie. Je me relève finalement, tenant fermement d'une main mon...

      Morbleu ! Le nain, ta quille !

      Dans ma main. La lame de mon sabre toujours plantée à l'intérieur. Voilà que le bedonnant se retrouve amputé de sa jambe de bois ! L'étonnement ne s'arrête pas là. La culasse à terre, un papier tombe lentement des airs, jusqu'à venir se poser sur les planches du navire, entre l'empâté et moi.
        Nikolas sentait que le mauvais alcool commençait à lui monter à la tête. Mais le vieil ivrogne le resservait bien trop souvent pour qu'il puisse mimer de boire. Pourtant il fallait qu'il reste éveillé et à peu près sobre ; il semblait être le seul encore conscient du bourbier dans lequel ils trempaient tous: au milieu d'une mer meurtrière, sur un rafiot en piteux état, et sans équipage pour le faire avancer. Et, pire que tout, cette vieille épave alcoolisée avait son arme. Ils ripaillaient, ils criaient fort, deux forbans de la vieille, et le jeune homme n'avait confiance en aucun des deux. Peut être un peu plus en la Cloque, qui lui avait offert l'opportunité de s'échapper des griffes vernies des Amazones, mais certainement pas en ce vieux soulard étrange qui les avait tiré de l'eau, dépouillés, puis tentait maintenant de les souler. L'occasion qu'il attendait se présenta lorsque le plus vieux des deux pirates tenta d'arracher sa lame de la jambe de bois de l'autre. Résultat de l'opération, tous deux se retrouvaient à terre, hébétés, tandis qu'un vieux morceau de papier tombait lentement sur le plancher du navire. Ce qui ne manqua pas d'attiser la curiosité du jeune Baeteman.

        Nikolas se leva rapidement et s'approcha du fragment. Il semblait vieux. Peut être était-ce l'une de ces "vivre card" dont il avait entendu parler, pensa-t-il, un sourire se dessinant sur son visage. Il se pencha et ramassa la petite feuille jaunie par le temps, les deux autres ne bougeant pas du sol, le regardant faire. Dès l'instant où il posa l’œil sur le dessin, il sut que c'était un morceau de carte, par la rose des vents dessinée plus ou moins approximativement. Ceci devait être le coin inférieur droit d'une carte plus grande: il le déduisit à la vue des deux côtés gauche et supérieur qui avaient manifestement été découpés grossièrement, tandis que les deux autres étaient nets. A ce moment, les neurones et l'esprit fourbe du jeune homme tournaient à plein régime. Mais un léger bruit l'interrompit dans ses pensées. C'était lointain. Il tendait l'oreille, sourcils froncés. Le Capitaine Tournebroche commença une phrase à propos du papier, mais Nikolas l'interrompit d'un geste, portant son doigt à ses lèvres, se tournant et se retournant pour essayer de détecter la source de ce murmure, qui se rapprochait, encore et encore.

        -Vous avez entendu ça ?

        Les deux hommes secouèrent la tête, visiblement interloqués par l'attitude curieuse du jeune homme. Et pourtant, il y avait bien un bruit. Un bruit très caractéristique. La boisson avait certainement inhibé les sens de ses compagnons, mais Nikolas avait toujours eu l’œil vif et l'oreille fine. Le bruit des voiles qui claquent. De la mer, qui se fend en deux. Les planches qui grincent, les aboiements du contremaître, de plus en plus proches. Dans un éclair de perspicacité, Nikolas se hâta d'interpeller ses amis de fortune, toujours assis sur le plancher humide.

        -Rendez nous nos armes, grand-père. Et magnez vous, il faut bouger d'ici. Vite.

        -Par la couille gauche du Kraken, qu'est ce qui te prend, Baeteman ?

        Le musicien s'affairait déjà à mettre le navire en état de naviguer, et commença à grimper dans les hauts bancs pour défaire les voiles quand la Cloque lui posa cette question. Il s'arrêta au milieu de son escalade, tourna la tête vers lui, et lança d'un air grave:

        -Un navire de la marine approche.


        Dernière édition par Nikolas Baeteman le Mer 7 Aoû 2013 - 18:42, édité 1 fois
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        Par les sept enfers réunis ! Alors que je me poilais à en perdre une côte pendant qu’il me secouait dans tout les sens pour récupérer sa lame, voilà que je manque d’avaler ma luette. Si l’on m’avait dis que je ferais aussi sec un bond dans mon passé de contremaître, je me serais un tantinet préparé. Je vois le morceau virevolté depuis le creux de ce que je pensais être mon indéracinable guibolle, le papier troué vient se poser entre l’ancien et mon derche. Comment ma mémoire a-t-elle pu me faire oublier ce moment de ma vie ? Déjà 9 ans...



        Mémoire a écrit:Les lattes crasseuses du Fâcheuse Destinée n’étaient plus que l’ombre sale d’elles même. Tournebroche avait bien forcé une dizaine de fois sur sa grosse voix pour que les plus jeunes mousses fraîchement recrutés se mettent à la tâche, mais il fallait bien avouer que le moral de l’équipage était si bas ces derniers temps qu’un récurage du pont aurait donné des envies de suicide à certains. Néanmoins, l’hideux contremaître venait de finir d’un ultime coup de plume une liste de noms. Sur celle-ci figurait le blase de ceux qui seraient de nettoyage pour la journée suivante. Ce morceau de papelard n’était évidemment pas destiné à l’équipage, il fallait savoir lire et pour certain c’était à peine s’ils savaient épeler leur nom phonétiquement. Cette liste était pour Bylly, le saoulard capitaine du navire qui en avait soupé de marcher dans la crasse et dans la merde que pouvait servir Boll, le cuistot, à chaque repas et qui finissait immanquablement dans la bile des matelots et de ce fait sur le pont.

        La lueur des torches faisait danser l’ombre difforme de la Cloque sur le mur alors qu’il claudiquait vers la cabine du capitaine. Il lâcha un grognement quand il croisa la silhouette élancée du doc de l’équipage, comme à son habitude le médecin bégaya quelques mots de salutations. Tournebroche ne pouvait pas le sentir, on ne peut décemment pas encadrer le type qui vous a séparé de votre jambe.

        La porte de Brandson était entrouverte et quand Scab se présenta par l'entrebâillement, il entendit la voix de son capitaine l’inviter à entrer.

        « On t’entend arriver à quinze lieux Tournebroche »

        « C’est la faute au Doc »

        « Tu devrais plutôt remercier son don pour l’amputation »

        « Parbleu ! Ce serait trop de reconnaissance pour un parasite de son genre ! »

        « Gahaha… Viens donc prendre un verre contremaître, nous avons à parler »

        « J’ai la liste de… »

        « Au kraken cette liste ! J’ai que faire de la merde sur le pont ! Prend donc cette pisse venu d'East Blue ! »

        Scab marque un temps d’arrêt avant de finalement tirer un coussin pour y poser son arrière-train, après un revers de main pour replacer son bandana, il entrouvre une bouteille de rhum.

        « Bien… Comment vont les hommes ? Gloup… »


        « Diantre mal… Le dernier pillage et la rencontre avec la marine en a laissé plus d’un au bord de la mort… Et puis, certains parlent… »

        « Raah… Je ferais couper la langue à ceux qui parlent trop ! »

        Des postillons de rhum dégoulinent de sa barbe brune. Scab reprend.

        « Certains parlent de la trop grosse part de butin que se garde le capitaine, tandis que d’autres se plaignent du manque de rhum »

        « Les chiens galleux ! Par les diables de Grand Line, je ne suis donc pas un crétin ! Gahahaha ! »

        « Hm ? »

        « La Cloque, tu seras un de mes gardiens ! »

        Sur ceux, Bylly sort un morceau de carte circulaire proprement découpé au couteau et le place dans la bretelle de cuir du vêtement de Scab.


        L'Affamé, La Cloque et Niko. Dd10


        « Ventrebleu ! C’est… »

        « Un morceau de la carte pour localiser mes rapines ! Gahaha ! J’ai jamais conservé l’oseille sur ce bateau, à chaque fois, j’ai su le mettre discrètement de côté »


        « Pourquoi me donner ça à moi capitaine ? »

        « J’ai le seul équipage de toute cette foutue mer où les membres ne peuvent pas se piffrer ! Gahaha ! Un morceau chacun et je suis certain que mon trésor ne souffrira d’aucun vandalisme ! C’est même le meilleur moyen d’éviter la mutinerie par tous les enfers ! Gahahaha ! »





        « Gazahahaha ! Par to… »

        Baeteman me plaque son doigt sur la gueule et s’active promptement. Je gueule. Il répond en pointant l’horizon. Pas moyen d’être nostalgique.

        « Capitaine Baeteman, vous avez les prédispositions d’une vigie de première classe ! Parbleu ! Capitaine Blackness, je reprends ma guibolle et je vous expliquerais en chemin ce que vous venez de me faire revenir à l’esprit ! Je m’occupe de la barre ! Vous vouliez quitter ce coin n’est-ce pas ? Vachenoire ! J’espère que les six canons rouillés de cette coque de noix seront assez puissant pour nous en déloger sans bleusaille au cul ! Gazahaha »

        Sur ceux, la guibolle en place avec le morceau de carte au chaud dans les pattes du nobliau, je fais rouler un baril jusqu’au gouvernail et je monte dessus pour voir l’horizon tout en manœuvrant.


        Au loin, 30 minutes plus tôt.

        Epic Fail, Lieutenant:

        Le lieutenant Epic Fail tapait de la pointe de sa baguette de bois l’immense tableau gribouillé qui demeurait au milieu de son pont. Face à lui, sa trentaine de gars prenaient des notes avec assiduité.

        « Je ne le répéterais pas messieurs, le capitaine pirate renommé Jangoto le Baffeur est au mouillage non loin de là ! Le plan est rodé ! Ceci est notre unique chance de ne pas subir les remontrances acides de la hiérarchie de la justice !... »

        Il regarde au loin en se curant le pif avec sa baguette.

        « … Nous avons commis quelques bavures, certes ! Mais dans sa grande mansuétude, la justice nous  offre l’occasion de nous racheter en mettant fin au règne de terreur d’un pirate redoutable ! »

        Il se retourne en tendant la baguette vers le soleil.

        « … Et nous voguerons vers les hautes sphères de… »


        BOOOOOOOOOAAAAM

        Silence.

        Une épaisse fumée au loin commence à s’élever, après quelques minutes, la vigie arrive enfin à apercevoir la zone de mouillage supposée du Fusilleurs.

        « Lieutenant Fail ! Le Fusilleurs sombre ! Il n’y a plus rien ! »


        « Nous sommes virés ! »

        « C’est la fin !! »


        « Pourquoi ? Pourquoi ? mais pourquoi ?! »

        « Monsieur Fail ! Il reste un petit navire ! Un homme vient de hisser à son bord deux naufragés ! »

        Fail pose la main sur l’épaule d’un de ses hommes et replace son béret.

        « Messieurs, c’est un signe. Réétudions notre plan d’attaque ! »



        Retour au présent.



        « Ils approchent vite… Que diriez-vous de Bliss messieurs les capitaines? »


        Dernière édition par Scab Tournebroche le Mer 7 Aoû 2013 - 15:57, édité 1 fois
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        Si j'avais pu relever ma vieille carcasse dans la foulée suivant la chute de ce morceau de papier troué, j'aurais empêché le nobliau de se l'approprier juste sous ma truffe. L'air ravi qui se manifesta sur son petit minois de fortuné ne laissa alors planer aucun doute quant à l'origine de ce papier usé. Le nain bedonnant dissimulait un fragment de carte dans sa fichue guibolle de bois ! C'est donc cela que ces deux couillus espéraient atteindre avec leur navire avant qu'il explose ! Et ils ne voulaient pas m'en dire un mot à ce sujet ! Bande de chiens galeux ! J'm'en vais vous faire regretter l'envie de ne pas partager votre fortune moi, z'allez voir ! En voilà une sale manière de remercier l'vieil homme qui les a sorties de la baille !

        Ils oublient sans doute que sans moi, ils seraient morts noyés, finissant en fond de mer comme de vulgaires débris de rafiots ! J'suis furieux ! Y'a les chicots qui grincent et la bave qui commence à dégouliner. D'un coup d'un seul, le vertige me passe et l'alcool se volatilise, mes paluches se ferment et j'foudroie les deux forbans du r'gard. Comprenez jeunots que ça va chier !

        SACRE NOM D'UN CHIEN ! VOUS ESPERIEZ METTRE LA MAIN SUR LE TRESOR SANS RIEN ME DIRE ?! ALLEZ AU DIABLE ! J'AURAI MA PART COMME VOUS DEUX ! GIAHAHAHAHA !

        Finir sur un rire gras alors qu'on est ivre et dévoré par une colère grandissante, c'est ce qu'il y a de mieux. Avec cela, ils doivent comprendre qu'ils ne se débarrasseront pas de moi aussi facilement qu'on écrase la semelle de sa botte sur un clochard. Enfin, si seulement ils ont écouté un traître mot de ce que j'ai pu brailler, ce dont j'ai pas l'impression en observant Baeteman réduire Tournebroche au silence. Vous avez entendu ça qu'il demande. Oui, je l'ai entendu l'ouvrir le nobliau, comme j'ai entendu rire la chose. Rien d'autre pour autant qui mérite d'imposer le silence. Alors je tends l'oreille, dans le doute. C'est qu'avec la soixantaine qui me prend dans ses bras, mes esgourdes ne valent pratiquement plus rien.

        Ou en tout cas, mon ouïe est ridiculement faible contre celle d'un p'tit gras tout clinquant. Y'a la caboche qui se secoue de gauche à droite en signe de négation. Qu'il parle maintenant. Que je leur rende leurs armes ? Et vite de surcroît ? Pour qui il se prend pour s'adresser à moi de la sorte, hein ?! Oh... la marine ? Un navire de mouettes en approche rapide, voilà qui change la donne. J'vais la boucler et m'exécuter, cela vaudra mieux pour notre vie. Pas moyen de trépasser avant d'avoir mis la main sur les millions de berrys qui nous attendent ! Le nobliau s'occupait de détacher les voiles, le grassouillet pris la barre, une fois sa quille remit en place. Quant à moi, j'ouvre grand les portes de la cale et dévale les escaliers, un sourire au coin des lèvres.

        C'est que le souvenir de ma dernière confrontation me revient en mémoire... Sacrée aventure pour un foutoir monstrueux. J'ramasse les armes et remonte aussitôt, jetant le tout à leurs propriétaires qui ne se font pas prier pour les récupérer. J'éclate de rire et Capitaine Tournebroche me le rend bien. Baeteman est pas peu fier non plus de retrouver sa rapière. Maintenant, on va pouvoir renouer avec une vieille profession depuis longtemps délaissée, envoyer par le fond les navires de la marine. Le nain a repéré six canons sur le pont, et j'sais que j'en ai quatre autres à la cale s'il le faut. Reste à savoir maintenant le nombre de boulets que j'ai à disposition.

        Sans un mot, je m'active à tous les rassembler devant les canons sur le pont, comptant au fur et à mesure, tandis qu'à présent, je suis tout à fait capable d'entendre la bleusaille beugler ses ordres. Leur navire est parfaitement visible lui aussi. Une destination est balancée, Bliss. C'est là-bas que serait le butin indiqué sur le bout de carte ? Un nom qui sonne bien dans ma caboche, va pour Bliss !

        Giah-ah-ah-ah-ah ! Cap sur Bliss alors ! Et pour ce qui est de cet équipage de bâtards, je me charge de leur faire connaître à qui ils se frottent ! Giah-ah-ah-ahah !

        Et je descends un dernier godet de rhum avant de me mettre au travail. Quatorze boulets que j'ai relevé, largement assez ! L'empâté sait y faire, il a déjà commencé la manœuvre pour positionner le navire de manière à m'offrir le meilleur angle de feu. Et de mon côté, les trois canons sont prêts à l'emploi. Y'a plus qu'à allumer la mèche et...

        *BAOUM* *BAOUM* *BAOUUUUUUUUM*


        Ah, le doux son des canons qui beuglent, cela faisait longtemps....

        Pasquedieux ! Il semblerait que j'ai perdu la main... GIAH-AH-AH-AH-AH !

        Ou que les canons sont trop rouillés pour couler quoique ce soit... Dans tous les cas, c'est mauvais pour nous si on reste là. Le rafiot fend les eaux, se faufilant à travers les montagnes de carcasses de ses semblables qui n'ont pas eu autant de chance que lui. Justice au croupion, à mon offensive lamentable répondent quelques six canons qui eux visent bien mieux. Les déflagrations à la chaîne secoue le navire, déchaînent les flots et anéantissent le décors. Ces crevards sont encore trop loin pour nous atteindre ! Ce qui est bon dans un sens l'est aussi dans l'autre, mais pour le plaisir, je fais cracher la mort à mes petits bijoux une fois de plus. Sait-on jamais, je pourrais toucher sans le vouloir !

        Et c'est ainsi, en pleine poursuite maritime, sous le hurlement des canons des deux camps, que le tout se termine... Prochaine destination, le Royaume de Bliss.

        Fin du rp !