Une petite minute avant l’explosion du pilier central…
Après son altercation avec le drôle d’officier de marine avec la tête bicolore, le cambrioleur, ignorant toujours que le champ de bataille était sur le point d’être détruit, s’était mis en tête de voler une des pieuvres géantes qui avaient servi de moyen de transport aux pirates pour atteindre le sommet. Non pas qu’il ait particulièrement apprécié le voyage en montgolfière vivante, mais a son avis : "un truc aussi gros, ça doit valoir cher !". Et puis -mais il allait bien se garder de le crier sr tous les toits- maintenant qu’il était en possession de la lettre de Krabbs il était assez pressé de quitter l’endroit, avant que quelqu’un d’autre ne le remarque et tente de la lui reprendre ! Il avait cette sensation que l’on éprouve lorsque l’on découvre que l’on est l’heureux possesseur du ticket gagnant du grand jeu "Banco Grato Millionnaire, de South Blue", et que l’on devine que tous les gens autour de vous seraient prêts à vous égorger pour retirer le gros lot à votre place. Et dans ces moments-la, on a l’impression qu’un simple petit bout de papier, pourtant bien à l’abri dans votre poche portefeuille, est aussi voyant qu’un phare en pleine nuit !
Assez rapidement, de sauvage repéra un des énormes céphalopodes tranquillement posé sur la neige près du rebord, ses tentacules encore entortillés autour du petit bateau qui avait servi de nacelle. La pieuvre observait la bataille de ses gigantesques yeux mornes, avec un intérêt qui aurait fait passer les vaches qui regardent passer les trains pour des spectatrices aussi hystériques que des groupies assistant à concert de leur idole préférée. Après une dernière hésitation, Ange s’en approcha le plus doucement possible pour ne pas effaroucher l’animal. Celui-ci reporta d’ailleurs son regard sur lui, ce qui le mit particulièrement mal à l’aise, mais la bête semblait lui porter autant d’attention qu’à un flocon de neige.
Ange grimpa sur la nacelle, et s’y installa avec un air de conquérant. Un pied sur le bastingage, tout content de lui, il s’écria :
- Bon, je vais t’appeler… euh… Grumpf ! Et toi et moi, Grumpf, on va rentrer à la maison !
Grumpf ?! Tu n’as pas idée de lui donner un nom pareil !
Ce n’est pas bien ?
Bah… après tout, il y a bien un crétin qui t’as appelé Ange.
Je pourrais l’appeler -hum- Sflotch ?
Non, oublies ça ; c’est encore pire que Grumpf. Au fait, tu sais comment diriger ce truc ?
Ben non. Mais à la base, je n’avais pas envie de retourner dedans, moi !
Tu préfères peut-être te servir d’un géant comme luge, comme ces tarés de marine ?
Non mais…
Et puis tu n’avais qu’à regarder comment faisaient les autres à l’aller.
Euh… je vais… faire des essais.
- Ahem… Grumpf ! Décolle !
Magnifique. Il n’a même pas bronché.
- Euh… Sflotch ? Envole-toi ?
Pitoyable.
- Oh, ça va, hein ?! S’il te plait Grumpf, est-ce que…
BRAAAOUM !!!
Ange crut un moment que la pieuvre lui avait obéi, puisqu’après l’explosion assourdissante, la lumière jaune aveuglante et la sensation de brûlure, Grumpf et lui avaient filé à grande vitesse dans les airs.
Il y a des moments ou, même quand l’évidence crie que tout va mal, il faut rester optimiste. Par exemple, le fait que sa montgolfière volait à la verticale n’était qu’un détail. Quant à la sensation qu’on lui avait passé un fer à repasser chaud sur tout le corps, eh bien… il regarderait plus tard ! Mais sa joie se transforma en panique quand le céphalopode, après avoir parcouru plusieurs centaine de mètres, commença à se rapprocher du sol.
- Grumpf ! Arrête de descendre !! Stop, je te dis !!!
…
- Euh… Grumpf, peux-tu continuer de voler ?! S’il te plaiiit !!
Malgré les supplications de son passager, la malheureuse pieuvre alla s’écraser sur le sol, projetant aux alentours de grandes quantités de neige, de boue et de cailloux. L’écho prolongea le bruit un moment, puis ce fût le silence. S’extirpant du bateau-nacelle qui, n’ayant pas supporté l’atterrissage, ressemblait maintenant à un tas de bois fendu, le sauvage put apprécier l’état de son moyen de transport : ce n’était plus qu’un amas de chair molle calcinée dont de nombreux bouts trainaient autour d’une énorme carcasse brûlée et éventrée, avec des morceaux de tentacules grillés qui pendouillaient lamentablement. Le tout fleurait fortement le barbecue raté.
Feu Grumpf la pieuvre ressemblait maintenant à un ballon rose farci à la viande dans lequel un aurait fait exploser un pétard gros calibre.
Ma… ma pieuvre ! Qu’…qu’est-ce qui c’est passé ?
Il y a trop de dégâts : ça ne peut pas être l’atterrissage qui l’a mise dans cet état.
Peut-être que je n’aurai pas du la faire décoller ? Elle était surement trop fatiguée pour ça, et… elle est tombée en panne ?
Mh, ça doit plutôt avoir un rapport avec la grosse explosion de tout à l’heure.
Ah.
D’ailleurs, c’est surement ça qui l’a faite décoller.
Oh.
…
Au fait… mon bras droit me fait très mal… encore plus que tout le reste de mon corps, je veux dire.
Tu sais, tu ferais mieux de ne pas regarder.
Pourquoi ?
Parce que te connaissant, si tu vois dans quel état tu es, tu vas te mettre à paniquer et on ne pourra plus rien tirer de toi !
Ah ?... Bon… Mais…
Oublies ça ! Tu as toujours la lettre, au moins ?
Je… -hum- je crois. Euh… je vérifie.
Non, elle est dans l’autre poche !
Ah ! Alors…
Non, ne fouille pas avec ce bras-là ! Il n’est pas, enfin il est trop… euh… bref… fouille avec l’autre.
La voilà ! Elle est juste un peu cornée ! Et pleine de bave aussi, mais bon.
Parfait ! Maintenant, essaies de retrouver ton chemin jusqu’au bateau : il faut que tu rejoignes le reste de l’équipage, et que vous quittiez cette île au plus vite !
Le trajet du retour fut plutôt long, surtout qu’Ange marchait au hasard, avec une belle brûlure sur le bras –enfin encore plus belle que toutes les autres qu’il portait un peu partout-, et qu’il ne regardait pas vraiment ou il allait. Mais comme il était un peu sonné par ce qui venait de lui arriver, et qu’il était occupé à lire la lettre –vu le peu d’occasions qu’il avait pour s’entrainer, sa vitesse avoisinait les six mots par minute ; autant dire que ça l’occupa un bon moment-, il ne se rendit pas vraiment compte du temps qui passait.
A un moment du trajet, le sauvage s’arrêta, paniqué.
Argh ! Tu as oublié de libérer Juusei ! Tu étais monté exprès pour ça...
Oh zut ! …Bon, tant pis, c’est trop loin maintenant.
De toute façon, s’il était bien dans le château, il n’a peut-être pas survécu à l’explosion.
Voilà. Tant pis ! C’est bête hein ?! Mais c’est trop dangereux d’y retourner. Et puis dans mon état… Et ça ne servirait sûrement à rien. Oh, comme c’est dommage, pas vrai ?
C’est bon, n’en fais pas trop.
Après son altercation avec le drôle d’officier de marine avec la tête bicolore, le cambrioleur, ignorant toujours que le champ de bataille était sur le point d’être détruit, s’était mis en tête de voler une des pieuvres géantes qui avaient servi de moyen de transport aux pirates pour atteindre le sommet. Non pas qu’il ait particulièrement apprécié le voyage en montgolfière vivante, mais a son avis : "un truc aussi gros, ça doit valoir cher !". Et puis -mais il allait bien se garder de le crier sr tous les toits- maintenant qu’il était en possession de la lettre de Krabbs il était assez pressé de quitter l’endroit, avant que quelqu’un d’autre ne le remarque et tente de la lui reprendre ! Il avait cette sensation que l’on éprouve lorsque l’on découvre que l’on est l’heureux possesseur du ticket gagnant du grand jeu "Banco Grato Millionnaire, de South Blue", et que l’on devine que tous les gens autour de vous seraient prêts à vous égorger pour retirer le gros lot à votre place. Et dans ces moments-la, on a l’impression qu’un simple petit bout de papier, pourtant bien à l’abri dans votre poche portefeuille, est aussi voyant qu’un phare en pleine nuit !
Assez rapidement, de sauvage repéra un des énormes céphalopodes tranquillement posé sur la neige près du rebord, ses tentacules encore entortillés autour du petit bateau qui avait servi de nacelle. La pieuvre observait la bataille de ses gigantesques yeux mornes, avec un intérêt qui aurait fait passer les vaches qui regardent passer les trains pour des spectatrices aussi hystériques que des groupies assistant à concert de leur idole préférée. Après une dernière hésitation, Ange s’en approcha le plus doucement possible pour ne pas effaroucher l’animal. Celui-ci reporta d’ailleurs son regard sur lui, ce qui le mit particulièrement mal à l’aise, mais la bête semblait lui porter autant d’attention qu’à un flocon de neige.
Ange grimpa sur la nacelle, et s’y installa avec un air de conquérant. Un pied sur le bastingage, tout content de lui, il s’écria :
- Bon, je vais t’appeler… euh… Grumpf ! Et toi et moi, Grumpf, on va rentrer à la maison !
Grumpf ?! Tu n’as pas idée de lui donner un nom pareil !
Ce n’est pas bien ?
Bah… après tout, il y a bien un crétin qui t’as appelé Ange.
Je pourrais l’appeler -hum- Sflotch ?
Non, oublies ça ; c’est encore pire que Grumpf. Au fait, tu sais comment diriger ce truc ?
Ben non. Mais à la base, je n’avais pas envie de retourner dedans, moi !
Tu préfères peut-être te servir d’un géant comme luge, comme ces tarés de marine ?
Non mais…
Et puis tu n’avais qu’à regarder comment faisaient les autres à l’aller.
Euh… je vais… faire des essais.
- Ahem… Grumpf ! Décolle !
Magnifique. Il n’a même pas bronché.
- Euh… Sflotch ? Envole-toi ?
Pitoyable.
- Oh, ça va, hein ?! S’il te plait Grumpf, est-ce que…
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Ange crut un moment que la pieuvre lui avait obéi, puisqu’après l’explosion assourdissante, la lumière jaune aveuglante et la sensation de brûlure, Grumpf et lui avaient filé à grande vitesse dans les airs.
Il y a des moments ou, même quand l’évidence crie que tout va mal, il faut rester optimiste. Par exemple, le fait que sa montgolfière volait à la verticale n’était qu’un détail. Quant à la sensation qu’on lui avait passé un fer à repasser chaud sur tout le corps, eh bien… il regarderait plus tard ! Mais sa joie se transforma en panique quand le céphalopode, après avoir parcouru plusieurs centaine de mètres, commença à se rapprocher du sol.
- Grumpf ! Arrête de descendre !! Stop, je te dis !!!
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- Euh… Grumpf, peux-tu continuer de voler ?! S’il te plaiiit !!
Malgré les supplications de son passager, la malheureuse pieuvre alla s’écraser sur le sol, projetant aux alentours de grandes quantités de neige, de boue et de cailloux. L’écho prolongea le bruit un moment, puis ce fût le silence. S’extirpant du bateau-nacelle qui, n’ayant pas supporté l’atterrissage, ressemblait maintenant à un tas de bois fendu, le sauvage put apprécier l’état de son moyen de transport : ce n’était plus qu’un amas de chair molle calcinée dont de nombreux bouts trainaient autour d’une énorme carcasse brûlée et éventrée, avec des morceaux de tentacules grillés qui pendouillaient lamentablement. Le tout fleurait fortement le barbecue raté.
Feu Grumpf la pieuvre ressemblait maintenant à un ballon rose farci à la viande dans lequel un aurait fait exploser un pétard gros calibre.
Ma… ma pieuvre ! Qu’…qu’est-ce qui c’est passé ?
Il y a trop de dégâts : ça ne peut pas être l’atterrissage qui l’a mise dans cet état.
Peut-être que je n’aurai pas du la faire décoller ? Elle était surement trop fatiguée pour ça, et… elle est tombée en panne ?
Mh, ça doit plutôt avoir un rapport avec la grosse explosion de tout à l’heure.
Ah.
D’ailleurs, c’est surement ça qui l’a faite décoller.
Oh.
…
Au fait… mon bras droit me fait très mal… encore plus que tout le reste de mon corps, je veux dire.
Tu sais, tu ferais mieux de ne pas regarder.
Pourquoi ?
Parce que te connaissant, si tu vois dans quel état tu es, tu vas te mettre à paniquer et on ne pourra plus rien tirer de toi !
Ah ?... Bon… Mais…
Oublies ça ! Tu as toujours la lettre, au moins ?
Je… -hum- je crois. Euh… je vérifie.
Non, elle est dans l’autre poche !
Ah ! Alors…
Non, ne fouille pas avec ce bras-là ! Il n’est pas, enfin il est trop… euh… bref… fouille avec l’autre.
La voilà ! Elle est juste un peu cornée ! Et pleine de bave aussi, mais bon.
Parfait ! Maintenant, essaies de retrouver ton chemin jusqu’au bateau : il faut que tu rejoignes le reste de l’équipage, et que vous quittiez cette île au plus vite !
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Le trajet du retour fut plutôt long, surtout qu’Ange marchait au hasard, avec une belle brûlure sur le bras –enfin encore plus belle que toutes les autres qu’il portait un peu partout-, et qu’il ne regardait pas vraiment ou il allait. Mais comme il était un peu sonné par ce qui venait de lui arriver, et qu’il était occupé à lire la lettre –vu le peu d’occasions qu’il avait pour s’entrainer, sa vitesse avoisinait les six mots par minute ; autant dire que ça l’occupa un bon moment-, il ne se rendit pas vraiment compte du temps qui passait.
A un moment du trajet, le sauvage s’arrêta, paniqué.
Argh ! Tu as oublié de libérer Juusei ! Tu étais monté exprès pour ça...
Oh zut ! …Bon, tant pis, c’est trop loin maintenant.
De toute façon, s’il était bien dans le château, il n’a peut-être pas survécu à l’explosion.
Voilà. Tant pis ! C’est bête hein ?! Mais c’est trop dangereux d’y retourner. Et puis dans mon état… Et ça ne servirait sûrement à rien. Oh, comme c’est dommage, pas vrai ?
C’est bon, n’en fais pas trop.
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