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La nuit, tous les chats sont gris. {PV : Ombre}

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L'assassin attendait. Il fermait les yeux, jeunait. Il préparait son esprit au moment idéal pour son évasion. Se priver de nourriture n'était pas la chose la plus sensée aux yeux de beaucoup, mais c'était ainsi qu'on l'avait préparé. Le jeûne aiguisait ses sens et nourrissait sa volonté. Il allait chercher dans ses dernière réserves et n'en devenait que plus performant. C'était un moyen de rester alerte face à ce qui l'attendait. Il avait passé tant de jours à se remettre de ses blessures, entravé par le granit marin. Aujourd'hui, un nouveau but nécessitait son plein potentiel, une vie en dépendait. Il ne souffrait pas de savoir Céline enfermée dans une geôle. S'il avait choisi cette voie, c'était pour un but particulier. Elle n'aurait pas du le suivre et tenter de l'aider, car il ne pouvait s'agir que de cela. L'assassin baissa la tête, son corps se couvrant peu à peu de sueur. Il se représenta une image mentale du Léviathan. Des plans originels du navire, dérobés à son origine. Puis tout ce qu'il avait pu apprendre en déambulant en son sein. Puis il se rappela l'organisation des quartiers, les endroits sensibles. Certains avaient du changer, mais d'autres étaient trop conséquents. La rouquine avait du réparer et améliorer certains points. Il était enfermé au coeur du navire, assez loin pour qu'on ne puisse pas l'atteindre. Assez proche pour l'entraver à l'envie.

Les canons, les armureries. Celles qu'il n'avait pas détruites. Il visualisait sa position, percevait celle des soldats tout autour de lui. Comme des voix restées en suspens. Des couleurs, des sensations. Un tout nouveau monde s'offrait à lui. Comme s'il les voyait à travers les murs, distinguait leurs actes et leurs paroles. Un sourire se dessina sur son visage, alors qu'il explorait le Léviathan à la force de son mantra, sondant chaque recoin oublié, passant d'âme en âme. Allié à sa mémoire absolue, c'était comme avoir un plan détaillé et réaliste de l'endroit, avec l'activité en plus. Fronçant les sourcils, l'assassin força ses nouvelles capacités, s'intéressant aux actions des soldats. Il avait rapidement repéré la logique de leurs rondes, ainsi que leurs noms et même ce qu'ils faisaient quand ils pensaient que personne ne les regardait. Il percevait aussi la voix qui émanait de Céline, et ne perdait pas un instant à s'atteler à leur évasion. L'assassin poussa sa volonté jusqu'à l'extrême et le charme se rompu en une fraction de seconde. Alors qu'il avait exploré son univers avec une conscience étendue, il avait rompu la corde et s'était retrouvé plongé dans les ténèbres à nouveau. Le mantra était sa seule échappatoire à celles-ci, mais il l'épuisait au plus haut point.

Rafael rejeta la tête en arrière, soupira et se massa le triceps droit. Ses chaînes ne manquèrent pas de cliqueter, triste rappel de son état. Il avait sentit la plupart des voix quitter le navire quelques minutes plus tôt. Elles étaient allées se mêler à la foule, la multitude qui trônait non lui du Léviathan. Elle ne devait pas être très éloignée pour que Rafael puisse la percevoir, cela voulait donc dire qu'ils étaient arrivés sur Alabasta. C'était sa seule occasion, le seul instant qu'il pouvait saisir pour s'enfuir. Et aussi loin qu'il poussa son esprit, il se sentait cruellement affaibli par le contact prolongé du granit marin. Si celui-ci entravait ses forces et ses pouvoirs, il n'avait aucun effet sur le fluide. Fort heureusement. Il ne pouvait donc pas échouer, et n'avait pas beaucoup de marge de manœuvre pour agir. Ils s'enfuiraient sur Alabasta, il n'y avait pas d'autre choix. Il ignorait le temps de recharge du Log Pose, mieux valait ne pas trop présumer dessus. L'assassin bougea dans son étroite cellule, repoussant l'auge qui constituait son repas de la journée. La faim lui tenaillait le ventre, mais il ne cèderait pas.

"Rafael. Ecoute ... il y a une dissonance." lui souffla la voix.

Elle se manifestait de temps à autres, pour le prévenir et le conseiller à présent. Si elle s'était faite hautaine et vindicative, il n'en était plus rien. Comme si les efforts faits pour la juguler n'avaient jamais existés. Comme si cette chose n'avait demandé que cela, devenir la propre voix de l'assassin, se fondre en lui. Plus il l'écoutait, plus il avait l'impression que cette voix était pareille à celles que toute personne dégageait sans le savoir. Une sorte de fluide. On aurait mieux imager. Se pliant à son conseil, il ferma de nouveau les yeux, étendant son esprit à faire une chose qu'il maîtrisait de mieux en mieux à présent. La difficulté était toujours la distance et la précision, mais s'y replonger, il savait faire. Les journées d'isolement avaient au moins servies à ça. Le monde devint à nouveau translucide, se gaussant des structures et des limites pour ne plus que se fier aux voix émanant de chacune des formes de vie, pareilles à des flammes dans les ténèbres. Il s'y accrochait et se laissait guider, tout en repérant leur position. Il ne cessait de s'en impressionner.

Soudain, une flamme vacilla et disparut, emportant la voix avec elle. L'assassin frémit, alors qu'une deuxième voix disparaissait. Cela se rapprochait ... mais il ne pouvait le cerner. Quelque chose échappait à son mantra ? Il n'était pas encore perfectionné pour saisir toutes les nuances de cette nouvelle capacité. Mais des gens mouraient, et selon un chemin qui semblait mener à sa cellule. Céline ? Non. Elle n'avait pas bougé. Alors ... qui ? Quelqu'un venu spécialement pour lui, pour le tuer ? Profiter de ces liens pour en finir. Non, personne ne pouvait être aussi fou. Une aide inespérée ? Son coeur manqua un battement. L'espoir de revoir ce Soleil, de quitter enfin cette geôle crasseuse ? De pouvoir se venger, les faire payer. Quoi qu'il en fut, il y avait quelque chose qui le troublait. L'avancée méthodique, implacable de cette créature qu'il ne pouvait percevoir. Une telle rapidité, une telle efficacité. Il n'avait vu qu'une personne doué de tels talents. Une personne qui l'avait condamné à mort sur Drum. L'assassin ouvrit les yeux, inspectant la pénombre. Il était là, il le savait sans pouvoir le sentir.


"Bonjour, Ombre." le salua-t-il, levant les yeux vers la porte de sa geôle.
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    L’ombre que tu ressens sans la voir semble imperceptible. Imperceptible ou trop rapide pour ton mantra encore jeune. Mais il n’est pas là pour jouer à cache-cache avec toi. Il est là pour toi. Sa silhouette massive se discerne enfin dans la pénombre de la prison. Ni sourire, ni expression. Seulement cette neutralité déconcertante. Ce masque immobile et fixe qui en décontenance plus d’un. Ses longs cheveux noirs cachent ses traits marqués que tu devines à peine. Il avance jusqu’à ta cellule, enfonce une clef dans la porte pour l’ouvrir…

    Une clef, oui…

    … Qu’il a pris soin de dérober au bon endroit, en toute discrétion. Même primé à plusieurs millions de berries, ce type sait encore se faire discret. Incroyable mais vrai. Il rentre dans sa cage et observe quelques minutes les chaines qui te retiennent. Il en fait le tour, avise en conséquence, et en se rapproche de toi pour tenir un de tes poignets. Il y enfonce une clef, puis une autre avant qu’enfin, une de tes mains ne se libèrent de l’emprise du granit marin. Il se remet face à toi, mais la même chose avec l’autre et te rattrape de justesse avant que tu ne t’écrases au sol.
    Il tente de te remettre sur tes jambes, te soutient d’un bras en te menant vers l’extérieur. Il préfère ne pas regarder tes bandages pour ne pas se mettre en colère. Après tout, il est là… incognito. Mais il te laisse le temps de reprendre ton souffle et tes forces, te posant près d’un mur pour te laisser un appui fiable.

    La voie est libre. Tu peux marcher ?

    Il te tend une gourde d’eau, un paquet de biscuits qu’il sort de sa poche ainsi qu’une petite dague qu’il te met dans la main « au cas où ça tourne mal ».

    Bon anniversaire, Auditore.


Maintenant, tu sais.
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Liberté:


Lui. Le Seigneur Ombre. Colère, joie. Vengeance. Questions. Une foule de sentiments contradictoires face à cette arrivée inattendue. Il lève les yeux, le prisonnier. Ne comprends pas, ne sait pas. Il entend la clé tourner dans la serrure, sent son coeur s'emballer. Ses espoirs se raviver. Il le voit, lui, l'Ombre. Grand. Immense. Il se sent comme un papillon jouant à la lumière, un soldat de plomb dans la main d'un géant. Encore une fois, il est inférieur. Pourtant, ce n'est pas le châtiment qui vient le cueillir. Pourquoi frémit-il ? Pourquoi a-t-il peur ? Il déglutit, sentant les mains glacées de la mort en personne enserrer son corps. Il entends les chaînes tomber, n'en croit pas ses oreilles. Il ... n'est pas seul. Ne l'est plus. Il chancelle. On le soutient, le remet sur pieds. L'isolement l'a privé de ses forces, a laissé des marques indélébiles sur son corps et son âme. Il sent les bras de l'Ombre le remettre sur pied. Il sent ses forces revenir, comme si elles avaient toujours été là, sous une couche de glace qu'il suffisait de craqueler. Les dernières chaînes tombent, dans un fracas qui lui paraît assourdissant. Il fait un pas. Un autre. Sort de la cellule. Sent le contact du bois, libre de tout granit marin. Et alors il redevient entier. Epuisé, brisé mais entier. La pellicule de sueur qui recouvre son corps sèche, un vent léger l'entoure, alors que son bras mutilé s'allonge en un faisceau grisâtre. Une main émerge, une main de fumée. Il bouge les doigts, regarde. Goûte à la liberté. Il n'est plus seul. Ombre le lâche. Il marche. Il est libre.
L'assassin dévisagea son sauveur, l'homme qui l'avait laissé dans l'ignorance sur Drum. L'homme qui n'avait pas jugé utile de le prévenir quant au plan. L'homme qui lui avait sauvé la vie face à Envy, l'homme qui lui avait donné de quoi se battre face à Krabbs. L'homme qui répondait de Mafaele. Mafaele ... cela ne pouvait être que lui. Rafael frémit, s'empara de la gourde. La sentit. De l'eau pure. Pas celle qu'on lui apportait, tiède et au goût détestable. Un paquet de biscuits. Du sucre, quelque chose qui ne le laissait pas fébrile. Il but. Mangea. Jamais mets n'avait été aussi délectable. Puis il lui tendit une dague. Bon anniversaire. Oui. C'est aujourd'hui. Comment le sait-il ? Pourquoi ? Ne serait-ce qu'un hasard. Peut-être pas. Un léger sourire naquit sur le visage de l'assassin. Il réprima un rire, un rire nerveux. Ils étaient encore loin de la liberté, mais c'était tout comme. Il s'empara de la dague, sentit le contact glacé et régulier du métal. Chose qui était lointaine dans ses souvenirs. Il serra l'arme, leva les yeux vers son sauveur. Il se redressa. Plus les secondes passaient, plus il se remontait. Comme si le poison du granit s'estompait avec les secondes. Une légère fumée s'exhala de son corps, et troublant au contact de l'air, glissant le long de ses membres. En quelques instants, la fumée le recouvrit entièrement. Puis elle se dissipa pour laisser place à l'assassin, habillé de sa tenue. Il Assassino. Il flottait dans ses vêtements, à présent, mais sa voix ne chancela pas lorsqu'il prit la parole.
"Je le peux. Merci." répondit-il, rangeant la dague à sa ceinture.
Les questions viendraient plus tard. Il savait pourquoi Ombre n'intervenait que maintenant. Aussi puissant qu'il était, il n'en demeurait pas moins sensé. Rafael lui adressa un signe de la tête, pour appuyer ses paroles. On lisait la gratitude au fond de son regard. Toutes les rancoeurs qu'il avait pu nourrir contre lui s'estompaient en une fraction de seconde, noyées par la douleur de ces longues semaines dans la cale du Léviathan. Il inspira profondément, avant de s'avancer vers la porte, la pousser. Il ferma les yeux, posant la main contre le mur. Sa tête tournait. Peu importait, il n'avait pas le droit à la faiblesse. Il devait avancer. S'aidant du mur, il avança. Assez en état pour ne pas faire de bruit. Il dépassa les autres cellules, prit à gauche, alors que l'accès au pont se faisait dans l'autre direction. Il ne pouvait partir sans elle. Avançant doucement jusqu'à la geôle qu'il désirait atteindre, il finit par l'apercevoir. Enchaînée, blessée. Pleine de sang et de crasse. Son coeur manqua un battement. Elle respirait à peine. Elle avait moins bien supporté les rudesses de l'incarcération, et les blessures qu'elle avait subi lors de sa capture ne semblaient pas avoir eu le temps de se soigner. Sa respiration saccadée n'était pas de bonne augure. L'assassin posa ses mains sur les barreaux, puis sur le verrou. Sa main gauche disparu et s'enfonça dans la serrure, la faisant cliqueter puis s'ouvrir. Il s'avança vers elle, pausa sa main nue sur sa joue, tandis qu'il défaisait les mécanismes qui la maintenaient prisonnière de l'autre.
"Céline. M'entends-tu ?" lui fit-il, tout en l'attrapant sous les jambes et les bras.
L'assassin força, gémit. Ses forces étaient toujours frêles. Mais il ne se laisserait pas abattre. Une chape de fumée apparut à ses pieds et vint l'aider à soulever la jeune femme, quasi inerte. Dans son état, il ne pouvait se battre. C'était le moins qu'il pouvait faire. Il soutint le regard de Ombre, il comprenait certainement. Boitant légèrement, Rafael posa un pied hors de la cellule de Céline, la serra contre lui. Il n'était pas de ceux qui pouvaient sacrifier un homme si aisément.
"Désolé. Je ne ..." commença-t-il à s'excuser auprès de son sauver.

Comme si cela était nécessaire. Il était venu pour lui, était impartial. L'homme que Rafael aurait du être. Pourquoi était-ce aussi dur de se détacher de sa condition d'humain ? Pourquoi était-ce aussi dur de devenir un instrument ? Les assassins ne pleuraient pas.
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Ombre te suit alors que le temps presse. Il n’aime pas les détours, il n’aime pas les chemins sinueux, même si son métier, de base, lui demande d’en prendre constamment. Il te suit, donc, et arrive avec toi jusqu’à la jeune femme que tu sembles vouloir protéger. Tu la libères, il t’observe en restant parfaitement impassible devant les blessures pourtant visibles de cette femme. Une de tes disciples ? Il ne prend même pas la peine de te le demander tellement la réponse lui semble évidente.

Lorsque tu te ramènes devant lui en t’excusant de dieu sait quoi, Ombre n’esquisse ni sourire, ni moue. Même sa respiration est contrôlée. Et en te voyant soutenir ton amie en tentant de toi-même rester debout, il ne peut s’empêcher de saisir Céline et de la hisser sur ses épaules pour te libérer de cette charge. Il ne dira rien. De toute façon, il n’a rien à dire sur tes actions. Pour l’instant.

Vous montez les marches qui vous séparent du niveau de la mer. Vous vous glissez dans un silence de mort vers l’extérieur, vous cachant dans des pièces vidées de vie. Ombre sait ou aller, quoi faire, ou se cacher. Le contrôle du Mantra poussé à son extrême, semble-t-il. Il tourne le regard vers toi et t’incite à le suivre de plus près. Il t’amène sur le pont et t'oblige à te cacher derrière une énorme caisse en bois. Sur le dit pont, les mousses s’activent pour charger et décharger des provisions. On parle, on rit, on semble ravi d’arriver enfin. Ombre n’est pas là pour gâcher la fête. Enfin. Presque pas. D’une voix ferme, il s’adresse à toi :

Glisse-toi dans cette caisse. Elle sera déchargée sur le quai. Ensuite, esquive toi jusqu'au marché de Nanohana et disparais-y.

Gardant le corps de Céline près de lui, il la replace mieux pour ne pas qu’elle ne lui tombe des bras.

Je te retrouverais.

Sans t’en dire plus sur sa destination, il se relève et file comme une ombre vers le bord du navire. Même avec le corps de Céline sur le dos, il se fond dans la masse et semble n’être personne. On ne le remarque pas. Il évite soigneusement de se retrouver dans le champ de vision des uns et des autres. Sa présence est furtive.

Presque sans un bruit, il passe par-dessus bord et disparait simplement.


Maintenant, tu sais.
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C'était humiliant. Quoi, qu'à y réfléchir de plus près, son attitude à lui l'était encore plus. Il accepta de se laisser décharger du fardeau que représentait Céline. Que pouvait-il dire de plus ? Elle était la clef qui la mènerait jusqu'à sa Confrérie défaillante. Elle était la seule qui lui permettrait d'appréhender les traîtres et de les neutraliser. Du moins, c'est ainsi qu'il aurait du penser. Il savait que ce n'était qu'une façon d'aborder la vérité. S'il assumait ses côtés sombres, les liens qu'il avait tissés ne pouvaient si facilement être rompus. Il acceptait d'être tel qu'il était. Mais il y avait toujours une part bénéfique en lui, celle qui ne cessait de le tirailler. Celle qui était censée guider l'instrument. Pff. Tu parles d'un instrument. L'assassin se mit à suivre l'autre assassin. S'aidant de la paroi, serrant sa dague. Lorsqu'ils virent plusieurs matelots leur faisant face, Ombre lui fit signe de s'arrête. Emporté par un élan inconnu, Rafael fit un pas, s'apprêtant à officier. Mauvais idée. Il s'arrêta. À la vue de ces hommes, son coeur s'emballait. Sa vengeance.
"Hum. Bien." répondit-il, ne cherchant pas discuter des ordres censés lui sauver la vie.
Cela serait bien plus facile de s'envoler, de les survoler tous et de disparaître. Une trainée fumigène dans le ciel bleu d'Alabasta, idée royale s'il en était. Le pont du Léviathan maculé de brume, et les yeux rivés sur toit. D'autant plus facile de se faire repérer et arrêter. Dans un tel état de faiblesse ... Ce n'était pas Drum ici, le climat ne jouait pas en la faveur de l'assassin. Ainsi, il obtempéra. Marchant à travers la caisse pour se fondre à l'intérieur. Cela lui était bien moins douloureux que de se plier à nouveau en deux. Diminuant sa densité, il devint aussi léger que possible. La caisse remua, le voyage commençait. Il y avait une certaine ironie à se faire libérer par les mêmes hommes qui avaient veillé à ce qu'il reste bien enfermé dans son trou.
Au bout de quelques minutes, la caisse s'immobilisa. Fermant les yeux, l'assassin écouta. Les voix s'animèrent, répondant à son mantra. Le garde situé à sa gauche allait se baisser pour ramasser sa pièce. L'autre, regardait déjà les formes affriolantes des indigènes. Moment parfait. Entendant le cliquetis de la pièce, l'assassin passa à travers les planches de la caisse, heureusement non hermétique. Reprenant forme humaine aussitôt, il recula et disparut derrière le tas, se glissant entre deux personnes. Le mantra était une chose incroyable, qui lui ouvrait les sens sur foule de nouvelles possibilité. Il pouvait pour les choses avec une légère avance. Il pouvait sentir les intentions de ses ennemis, tout comme les localiser à chaque seconde. Ainsi, il savait où marcher pour éviter leur regard. Du moins, en théorie. Il lui fallait toujours rester immobile pour utiliser son donc. Peut-être avec le temps ...
Dérobant une étole, il s'en couvrit le visage et les épaules, sans une once de scrupule. Ainsi vêtu, et avec son teint hâlé, il ressemblait à un indigène. Si ce n'étaient ses yeux, d'une couleur atypique pour le coin. Il croisa plusieurs patrouilles de la Marine, certainement des gars du Léviathan, mais n'eut aucun mal à les éviter. Il devait apprendre à compter à nouveau sur ses capacités humaines. Il devait maîtriser le mantra avec celles-ci avant de penser à l'appliquer à ses pouvoirs. Lorsqu'il jugea s'être assez éloigné du Léviathan, ce qu'il jugea être le cas lorsque le cri des mouettes se tut, il entra dans la première auberge qu'il croisa. Il fit rebondir dans sa main la bourse replète d'un client qui venait d'en sortir et aligna le nombre de pièce qu'il fallait pour se payer une chambre, ainsi qu'un repas consistant. Une chambre deux places. Il demanda à ce qu'on lui livre assez à manger pour trois personnes dans la pièce qu'il lui était attribuée, puis monta s'allonger sur le lit, imaginant à quel point cela serait délectable de se coucher à nouveau sur un matelas. S'approchant de la porte, il posa la main sur la poignée et sourit légèrement.
Il était déjà là.
"Bonsoir." fit-il, simplement, fermant la porte à double tour derrière lui.
Rafael posa son étole sur le lit, puis s'y assit confortablement, goûtant au simple plaisir de ne pas être enfermé de nouveau. Il serrait la clé dans sa main, fermement. Là était la différence. Il regarda le Seigneur Ombre. Le silence durait, s'étirait. Rafael toucha ses poignets, y cherchant la présence rassurante de ses dagues secrètes. Tout était resté sur le Léviathan. Il n'aimait pas savoir ses ennemis en possession de son héritage, mais sa vie valait plus que quelques objets. Il soupira, se racla la gorge. Par où commencer ? Trahison. Liberté. Non, il y avait une évidence qui s'imposait à lui, et il préférait tourner la phrase dans ce sens Ce qui était le moins risqué et, il l'espérait le plus probable. Car sinon, à quoi rimait tout ceci ?
"C'était Mafaele, n'est-ce pas ? Celui qui était censé me prévenir pour les bombes." lâcha-t-il, de but en blanc.
Pourquoi tenter de cerner l'insondable ? C'était cette question qui trottait dans sa tête depuis tout ce temps. Ces foutues bombes, les paroles de Salem. Cette peur viscérale d'avoir été abandonné par ses frères. Non, plus qu'une peur. La peur menait à la colère. La colère menait à la haine. Et la haine ...
"M ... Merci, Ombre. Pour Drum, pour maintenant. Et certainement pour après." balbutia-t-il, simplement.

Que dire d'autre ? Il lui devait la vie, la liberté et l'espoir. Ce n'était pas dans son habitude de se comporter ainsi, mais du respect et de la reconnaissance, c'était la moindre des choses qu'il lui devait. Comment en escompter, de toute manière, s'il n'était pas le premier à faire ce pas là ...
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C’était son plan, oui. Je ne veillais qu’à son bon déroulement.

Il tranche. Ferme. Froid. Comme à son habitude. Posé à la fenêtre, tu sens une certaine nonchalance chez lui, une nonchalance qui le rendrait presque plus humain. Il ne te regarde même pas, se contente de fixer la rue piétonne, chaque passant. Il observe, simplement, et ne fait aucun mouvement.

A quelques détails près…

Que peut-il te dire de plus ? Tout ne s’est pas passé comme il l’aurait voulu. Dans l’idéal, la marine ne serait pas intervenue. Elle se serait simplement retranchée dans ses terres, n’aurait mené aucune autre offensive. Il n’y aurait eu qu’Alleyn, Krabb et Envy. Alleyn, sans doute plus à compter comme un dommage collatéral. Pas personnel… Juste le travail. Ne daignant même pas te regarder pour répondre, il sort une cigarette de la poche de sa veste et se l’allume devant ton nez.

Céline est en sécurité. Et ne me remercie plus. De quoi que ce soit.

Il n'est pas spécialement incisif. Juste gêné, peut-être. Peu habitué aux relations humaines.

Il recrache la fumée, attend un temps. Il n’attendait pas de remerciements. Il ne saurait pas comment te l’expliquer, de toute façon, mais pour lui, c’est normal de te sortir de cette galère dans laquelle tu t’es fourré malgré toi. Et malgré lui. Ça non plus, il ne saurait pas comment te le dire. C’est donc avec son tact légendaire et sans te regarder toujours, la cigarette coincée entre les lèvres, qu’il te demande :

Rejoins la Révolution, Auditore.


Maintenant, tu sais.
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Il y entendit là ce qu'il voulait entendre. Il savait vers qui reporter sa colère, celui qui avait tiré les fils et mené son petit monde. Rafael aurait deux mots à lui dire, un de ces jours. Mais l'important n'était pas d'en parler ici. Il ne l'avait pas tiré de là pour cette simple discussion : il y avait un but derrière tout cela. Mais ... ça faisait quand même quelque chose de rencontrer une légende en chair et en os. Non pas que Rafael soit une groupie, mais ce n'était pas rien. Comme il l'avait dit à Lilou, seuls quelques élus se retrouvaient impliqués dans la marche du monde. Et rencontrer l'un d'eux, c'était le premier pas vers sa propre importance dans l'ordre des choses. N'était-ce pas ce qu'il avait toujours désiré, offrir ce qu'il avait de mieux pour l'avenir ? Et le précipiter dans le chaos pour le repentir. Il ne pourrait expier que par ce biais, un être tel que lui ne pouvait être révéré et adoré. Il était un monstre, et tout le monde le lui répétait bien assez fort. Rien que les pinces d'Oswald entaillant sa chair. Elles avaient gravé ces mots sur son âme, mettant en lumière de sordides sentiments.
"Je vois." fit-il.
Que dire de plus ? Rien. C'était amplement suffisant, et cela en disait déjà assez. Quant à ne pas le remercier ... Etait-ce de la gêne qui transparaissait ? L'assassin resta de nouveau quelques secondes sans parler. Tout cela sentait la gaffe, comme si ni l'un ni l'autre n'osait prendre la parole. Le premier était malhabile pour parler, simplement tandis que le second ne savait pas vraiment ou se mettre. Il était en face du Seigneur Ombre, tout de même, et il n'avait pas failli à sa légende sur Drum. C'était normal de se sentir intimidé, non ? Peut-être, mais pas pour un Auditore. Rafael se redressa, tendit la main vers le paquet de cigarettes de l'Atout.
"Je ... je peux ?" demanda-t-il, tant bien que mal.
On se serait cru à tout sauf à une réunion au sommet entre deux assassins. Enfin bon, Rafael, il y avait des choses à discuter quand même, non ? Cette candeur contrastait avec son séjour en isolement. Le temps de se réhabituer à la lumière du jour, à l'odeur de la ville. Aux autres humains, même. Tout ce qu'il avait connu durant ces quelques semaines, c'était la haine et la rancoeur. En une unique exception.
Rejoindre la Révolution ? Heu. Comment dire ... C'était pas qu'il hurlait son combat au nom de la cause depuis des décennies, mais presque. Rafael arqua un sourcil, ouvrit la bouche. La ferma. Il tourna la tête sur le côté, plissa les yeux. Il ne comprenait pas vraiment le sous-entendu, là.

"Attends ... j'en fais pas déjà partie ?" lui demanda-t-il, sur le coup de la surprise.
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Oh.

Celui que tu as en face de toi, le Seigneur Ombre, se passe la main dans les cheveux en plissant les sourcils. Ta réaction surprise le surprend d’autant plus. Il regarde dehors avec une mine qui se veut impassible mais avec un air qui dit « j’ai gaffé ». Il te tend une cigarette et ne sait pas vraiment comment rattraper ce qu’il vient de dire. Se raccrocher aux branches ? A force de ne rien dire, il ne pourra que saisir les racines.

Si. Tu en fais déjà partie.

Il se gratte le menton, essayant de trouver les bons mots. Mais pour lui qui ne parle que peu, à peu de gens, convaincre à type comme toi de rejoindre ses rangs, c’est un peu surréaliste. Un long soupir lui échappe, adressé à Freeman d’abord, lui qui lui a demandé de faire en sorte que tu les rejoignes. Il n’a pas son tact, ni son charisme. Pas pour les mêmes choses. Décidément, le type d’une froideur extrême que tu n’as vu qu’une fois et entendue qu’au bout d’un Denden Mushi perd beaucoup de sa prestance et de sa grandeur. Tu te rends compte que ce n’est qu’un homme, peut-être.

Mhh… Rejoins… notre révolution ? Euh… Non, c’est pas ça.

Cette fois, il se passe les doigts dans sa barbe naissante, faisant une moue que tu peux clairement voir. Tu l’entends marmonner quelques secondes, et lorsqu’il commence à mettre des mots sur ses idées, il te les dit au fur et à mesure :

Disons que t’es un type indépendant… qui défend les mêmes choses que nous… et… que nous voulons de tes services en échange des nôtres…. Qu’au lieu d’être plusieurs mouvements distincts…, nous n’en ferions qu’un.


Maintenant, tu sais.
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Ah. Heu. Là, il séchait. Les sourcils de Rafael illustraient ses impressions au fur et à mesure des réactions de Ombre. Ce qu'il prenait pour de la froideur, voire même de la distance, c'était ... de la gêne ? Ou quelque chose qui y ressemblait. Il ne semblait pas très doué pour ce genre de chose, plus pour agir. C'était perturbant. De voir qu'un être porté aux nues tel que lui était en fait un homme. Pas dégradant, perturbant. Cela poussait l'assassin à réfléchir sur sa propre condition. Ombre, c'était ... quelque chose. Un type d'une envergure colossale, et pourtant, ici, il paraissait si différent. On frappa à la porte. Le repas. L'assassin avait prévu pour Céline, au cas où. Cela serait donc pour eux deux. Il s'avança vers la porte, la déverrouilla tout en restant assez dans l'ombre pour ne pas être dévisagé trop longtemps. Il compléta l'addition pour le service puis referma en apportant le plat et les assiettes dans la chambre, après avoir refusé deux fois l'entrée du serveur. Aurait-il insisté plus longtemps qu'il aurait trouvé ça louche. Il tira un tabouret, posa le plat dessus. Installa les assiettes, une en face de chacun d'eux. Il déboucha la bouteille qui accompagnait le repas, tira deux gobelets et les remplit. C'était plus important que toute autre chose, pour l'instant.
"C'était la première chose que je m'étais promis de faire. Manger et boire." lui répondit-il simplement, cherchant à mettre ce colosse en confiance.
Il lui servit à boire, puis s'empara d'une chandelle pour allumer sa propre cigarette. L'assassin était intimidé, certes, mais plus serein à présent. Il y avait des choses qu'il comprenait mieux. Beaucoup de choses. Il ne le pensait pas plus manipulable, au contraire. Mais cette aura intimidante qu'il exhalait en permanence. D'un côté, il se rendait compte que ... ce n'était pas forcément volontaire. Il ne fallait pas oublier qu'il était un des tueurs les plus incroyables de ce monde. Mieux valait ne pas le prendre pour le premier venu. Et encore moins jouer à l'imbécile avec lui. Il était de ce genre d'homme dont la réputation parlait plus qu'autre chose. Une erreur à ne pas faire. Le sous-estimer. Rafael planta une fourchette dans son repas, le goûtant avec précaution. Pour être sûr qu'il n'ait pas été empoisonné. On ne savait jamais. Il n'avait aucune envie de retourner à fond de cale, et même s'il se détendait un peu plus avec la gêne de Ombre, il n'était pas tout à fait sûr que celui-ci n'avait pas prévu autre chose pour lui. Et s'il refusait ? Non pas qu'il en ait envie, mais ...
"Je vois."  répondit-il simplement, après quelques secondes.
Il ressemblait à un miséreux, ainsi accoutré. À enchaîner nourriture, cigarette et boisson.
“Tu n'est pas sans savoir que je connais quelques troubles concernant mon organisation." continua-t-il, prenant pour acquis ce que Ombre devait certainement déjà savoir.
"Je dois donc retourner sur les blues pour faire cesser cela. Mes hommes se sont retournés contre la cause et le peuple qu'ils sont censés défendre. J'avais décidé de dissoudre la Confrérie après cela." expliqua-t-il posément, comme il l'aurait fait d'une nouvelle insipide d'un quelconque torchon local.
"Hum. Il y a décidément quelque chose de mieux à faire. Neutraliser les traîtres ... et cesser de plaider des idéaux de notre côté. Tu dis vrai ... nous sommes du même camp. Et j'ai fait une erreur en pensant mes hommes capables d'avancer tout seuls." continua-t-il.
Mais pourquoi lui dire ça ? Il n'en avait assurément rien à faire. Inutile de se perdre en paroles, comme tu savais si bien le faire. Le vif du sujet.
"Alors je ferais ça : ceux qui seront encore fidèles à la cause, ils auront le choix. Les autres. Il faudra que je les empêche de nuire." termina-t-il, engouffrant une nouvelle fourchetée.
Pourquoi entrer dans le détail ? Il voulait ton accord, savoir que tu suivrais le mot d'ordre. Et bien soit, tu le ferais. Mais il avait aussi parlé d'échange de services. Pourquoi ne pas en profiter. Après tout, ce n'était pas n'importe qui en face de toi. Et il t'avait sauvé la vie. Deux fois.
"Mais ... avant tout ... je dois aller sur les blues. Je sais pas comment le présenter, autant être direct : aurais-tu un moyen qui permettrait de rentrer directement à Goa ?" fit Rafael.
Vendetta devait toujours être de son côté, et personne n'était au courant pour lui. C'était la meilleure personne à aller voir en premier. Les deux autres ... étaient trop sauvages pour être faciles à trouver. Oui, il fallait commencer par lui. Ah. Et il ne fallait pas oublier la seconde condition non plus.
"Et je voudrais aussi parler à Mafaele en face, d'ici la fin de l'année si possible. Si tout cela est possible, il n'y a aucun problème à ce que vous puissiez parler de moi en m'associant au mouvement actuel. Je ne peux simplement pas garantir que mes hommes nous rejoignent : je fais mes choix, ils font les leurs. Mais je pense que cela ne représentera pas un réel problème." conclut Rafael, comblant malgré lui les vides laissés par le silence de Ombre.

Ce que tu réservais à Kez, mieux valait ne pas en parler, par contre.
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Rencontrer Mafaele deviendra plus compliqué. Même pour moi.

Il écrase sa cigarette sur le rebord de la fenêtre et se tourne vers toi en se relevant. Il enlève les quelques cendres sur sa veste et reprend la parole d’une voix incroyablement neutre. Tes réponses l’ont remis à son aise, il a l’impression d’avoir presque bien fait.

Tu sais ce que je suis. Un des hommes les plus recherchés du monde, pour plein de raisons que tu connais sûrement. Des rumeurs comme des vérités. Mafaele Kez est de la même trempe que moi, à présent. Sois juste patient.

Il ne te ferme pas la porte. Il ne te l’ouvre pas non plus. Parce que ce n’est pas que de son ressort, à présent. Si Mafaele est un homme comme Ombre dans la révolution, ça le rend moins accessible, et tout autant recherché. Tu en sais déjà beaucoup sur lui, à présent. Même si ce n’est que du demi-dit.

En ce qui concerne tes hommes, fais comme tu l’entends.

Ferme, il prend le pas vers la porte en reprenant son masque d’impassibilité. Tu vois cette transformation, en fait. Lorsqu’il revêt son habit d’inconnu. Sa démarche change, son air aussi. Il n’y a plus cette gêne apparente. Il se permet même un petit sourire qui semble taquin, mais sans plus.

Si tu dois un jour prendre la place d’un Leader, commence par te débrouiller par tes propres moyens, Auditore. Tu es à Alabasta, une île avec un port immense. Tu n’auras aucun mal à trouver un moyen de transport jusqu’à ta destination. Ou non loin de ta destination.

Attrapant la poignet de la porte, il se tourne vers toi :

Autre chose ?


Maintenant, tu sais.
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Il avait refusé les deux demandes de l'assassin. Mais il était forcé de reconnaître que c'était justifié. Cela deviendrait donc une affaire entre Rafael et Mafaele. Ombre ne s'était pas intéressé à ses motifs, mais il n'était certainement pas dupe. Il semblait néanmoins plus apaisé. Hum. Tout compte fait, l'assassin n'était pas certain de vouloir savoir ce qu'il se serait passé s'il avait refusé. Mais si Ombre avait douté de cela, il ne se serait certainement pas embêté à venir le chercher. Il avait fait cela si simplement ... Et il s'en allait de la même manière. Drôle de personnage. Le voir dans l'inimité, c'était peut être même pire que de le voir sur un champ de bataille. Donner une dimension humaine à un tel homme, c'était perturbant. Pour changer.
"Je vois." répondit-il, simplement.
Ce n'était pas une acceptation, ni un refus. Juste un fait. Il comprenait, il ferait avec. Après tout, il ne prendrait aucun plaisir à mettre la main sur Mafaele si cela ne représentait pas un certain défi. Peut-être même qu'il n'imaginait pas dans quoi il mettait les mains. S'il était en passe de devenir un des grands, comme le signifiait Ombre, cela ne devrait pas lui poser de problème après tout. Il vit l'homme enfiler à nouveau son costume. Un frisson glacé lui parcourut l'échine. Il comprit alors qu'il venait de vivre une scène que peu de personnes avaient eu la chance de voir. Le Seigneur Ombre. Ce n'était pas n'importe qui.
"Quel plaisir y a-t-il à céder à la facilité après tout ..." répliqua-t-il, reprenant un peu de sa morgue avec ses forces.
"Rien qui me vienne. Prends garde à toi, frère." fit Rafael, se levant et posant sa fourchette.
Il fit quelques pas vers Ombre. Ces paroles n'étaient pas assez fortes pour exprimer ce qu'il venait de se passer là, en cet instant. Il avait une dette envers lui, il le savait. Même si c'était lui qui l'avait précipité là dedans. Nul doute que leurs routes finiraient par se recroiser : les évènements qui l'attendaient dans les blues n'avaient pas de quoi l'impressionner. Il revenait parmi les siens, doué de toutes nouvelles capacités. Goa ne serait qu'une rapide étape, et il rassemblerait la Confrérie. Il énoncerait ses choix et ses volontés. Alors, il serait en paix avec son héritage. Les traîtres paieraient. Rafael saisit l'avant-bras de Ombre dans une étreinte sacralisée par les membres de la Révolution. Il le regarda droit dans les yeux, dans le costume d'Il Assassino, parfaitement ajusté à sa peau.
"Pour la Cause." conclut-il, avant que La Mort ne s'en aille par la porte, comme elle était venue.
Rafael referma doucement derrière lui, puis se remit à table. Il s'empara de la cigarette laissée au bord, et tira une large bouffée.
"Merci." lâcha-t-il dans le vide, se doutant qu'Ombre entendait ses mots.
Il lui avait donné beaucoup en cette journée. Et sa lame était la moindre des choses qu'il pouvait mettre au service de leur Révolution, en contre partie. Il était temps d'assumer sa position de leader, comme il le disait. Si le costume était reconnu, c'était son visage que l'on devrait voir à présent. Il avancerait ainsi. Ne lui restait plus qu'à faire réparer son armure, refaire forger ses armes et prendre un nouveau départ. Inutile de revenir sur le Léviathan : qu'ils gardent tout ce qui avait pu jadis lui appartenir. Qu'ils gardent ces antiquités et se rappellent avec amertume du temps où ils avaient pu le toucher. Car cette occasion ne leur sera pas présentée de si tôt. Les assassins ne commettaient pas deux fois la même erreur. Avec un léger sourire en coin, Rafael s'empara de son couteau et commença à gribouiller nonchalamment sur sa table. Un 'A' ouvragé, tant de fois reproduit.

"Rien n'est vrai, tout est permis." récita-t-il, avant de rayer le symbole.
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