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Bienvenue en enfer.


Impel Down… La voici enfin cette prison dont tout le monde parle, cette prison qui donne des frissons même aux plus fiers pirates. Et moi… Qu’est ce que je fous là sérieux… Tu m’avais pourtant promis Enzo ! Tu m’avais promis que tout irait bien ! Décidément, on ne peut faire confiance à personne… Personne !

Je franchi ces grande porte, dégoutée par ma mal chance. Dégoutée d’avoir cru ce CP… Pourquoi faut-il que je croise que des connards ? Hein ? POURQUOI ?!

J’ai bien essayé de me carapaté, hein, mais rien à faire. Je suis seule face au monde. Et le monde n’est vraiment pas commode.

*Sbaf*
AIEUH !
Avance !
Tsss…

Connard de gardien. T’as raison, fais ton malin. Ricane ouais, si tu veux. Mais, tu verras un jour, tu seras le premier à mourir quand… quand… Y’aura bien un quand un jour ! Tu verras !

Ils m’emmènent dans une salle, a vue de nez, une infirmerie et dedans un mec en blouse blanche. Avec des grosses lunettes en cul de bouteille. Un médecin tout ce qu’il y a de plus caricatural en somme. Il tient une planche avec des fiches qu’il lit attentivement.

Alors, alors, alors, Izya Sélindé je présume ?
Mouais…
*Sbaf*
Hey ! Nan mais
*Sbaf*
Mais putain
*Sbaf*

Tu causes quand on te dit de causer et c’est tout, capiche !
Hmmmrr

Je te boufferai un jour, soit en sûr… Je te boufferai.

Oui, c’est elle.
Bien, mettez la ici, je vous pris, et attachez la pour le moment.
Qu’est ce que vous…
*Sbaf*
Rrrr..

J’suis au bord de la crise de nerf. J’le regarde avec clairement l’intention de lui démolir sa face de con et son sourire plus que méprisant. Mais il m’a déjà prouvé qu’il était plus fort que moi, alors je fais rien. Je le regarde juste. Il n’a même pas peur. Injustice. Ça le rend heureux d’ailleurs. Tsss. On verra bien qui rira le dernier.

Ils me forcent à m’assoir, et me menotte à cette chaise qui à l’air soudée au sol. Ouais, soudée, carrément. Ils z’y vont pas de main morte sur la sécurité à l’accueil des prisonniers ici.

Bon, bon, bon, Messieurs, Merci de votre aide mais vous pouvez disposez maintenant. Le secret médical, tout ça… Enfin, vous connaissez la procédure maintenant.
Yep, Doc, faites nous signe quand vous en aurez terminé avec elle.
Oui oui oui, pas de soucis, pas de soucis.

Et ils tournent le dos pour sortir. J’me retrouve seule avec le doc.

Bon, bon, bon. Je vois que vous êtes assignées au deuxième étage. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais c’est à cet étage que nous gardons un bon nombre de spécimen rare de chimères et autres animaux plus exceptionnels les uns que les autres !
Pardon ?! Vous avez dis… Chimères ?!
Oui, et j’avoue être le créateur de certaine d’entre elles, huhuhu
héhé hé…

Je ris jaune… Des chimères quoi… Soit il est sérieux et je suis dans la merde, soit il est complètement malade et vu qu’il est censé me faire je ne sais pas quoi, je suis aussi dans la merde. Bon, bah, dans tous les cas, j’suis mal barrée…

Et donc, comme vous allez à cet étage, il est important pour le bien être de notre magnifique écosystème de vérifié que vous n’êtes pas porteuse de virus ou parasite quelconque, comme la rage, le ténia…
Hein ?… hin…
Bon alors, je vais commencer par vous prélever un peut de sang afin de l’examiner. Mais comme les tests ne sont pas forcement infaillible, je vous poserez ensuite quelques questions. Et, pour votre information, Nigel n’aime pas les menteurs. Ni les menteuses.

Il me fait un sourire sournois… Genre « nos tests ne sont pas infaillibles mais si tu dis quelque chose qui colle pas avec les résultats, ça nous fera une raison de plus de te frapper… » Décidément, ils sont vraiment sympa les gens ici…

Puis, là, je le vois qui fouille dans ses tiroirs et en sort une énorme aiguille pour remplir un pauvre petit tube. T’as le diamètre de l’aiguille elle fait presque la taille du diamètre du tube ! Carrément n’importe quoi ! Du coup, j’la regarde, j’le regarde, j’suis pas du tout rassurée là. Il sourit, se marre à moitié, approche l’aiguille de mon bras…

Hey, hey, attendez, là, oh, vous pouvez ne pas me mettre ça dans le bras, là ! Oh, Hé ! Qu’est ce que vous faites ?! Arrêtez ! NON !
*Spouik*
Hein ?

Au dernier moment, il a appuyé sur un bouton faisant sortir une toute petite aiguille de la grosse. Et là, il se marre, genre trop fier de sa connerie… Enflure de médecin va, tu seras le second à mourir, après Nigel ! Oui, tu le mérites, rien que pour t’être foutu de moi.

Pendant que mon sang coule dans son petit tube, j’le vois qui matte mes ailes… J’les aurais bien planquées mais elles sont coincées entre mon dos et le dossier de la chaise métallique. Il me retire tout le tintouin du bras, s’apprête à se retourner pour aller poser le matos sur son plan de travail, mais au dernier moment se ravise et m’arrache une plume.

AIE ! ENFOIRÉ DE CO..
*CLAC*


La porte de l’infirmerie s’ouvre d’un coup, me coupant la parole. Y’a Nigel qui déboule en trombe, m’en colle une *Sbaf*, et repart. Mais juste avant de fermer la porte, il me sort un :

Parle moins fort, grognasse.

Je me crispe sur ma chaise, bouillante de rage. J’commence à avoir une grosse bosse derrière la tête à force qu’il me foute des tartes. Mais je ne peux rien faire. Il a de la chance. Si seulement j’avais mes armes… Mais bien évidemment, c’est Enzo qui les a gardées… Ah… Enzo… Sale traitre.

Le temps de ma pensée et de l’intervention de ce bon Nigel, le médecin à fini de bidouiller sa machine qui commence à faire un petit bruit bizarre.

Bon, les questions maintenant.

Là, je préfère vous passez les détails des questions pourris qu’il me pose… J’vous fais un p’tit condenser pour que vous voyez le niveau… « As-tu déjà bu de l’eau dans une flaque d’eau ? » « A tu déjà manger de la chair d’animal qui venait de mourir sur une île estivale ? » « As-tu déjà été en contact avec du sang humain ? ». Bref, des questions toutes nazes, et à toutes, j’ai dis oui, ou presque. En même temps, il aurait lu mon dossier au lieu de faire semblant, il aurait vu que je venais d’une île déserte et que j’ai été en mode « survie » pendant pas mal de temps ! Tsss.

As-tu déjà …
*BAM*
Franken ! J’ai besoin d’un donneur de sang pour Rimbau D Layr ! Sur le champ !
Rimbau D Layr ? Rimbau.. Rimbau…

Une femme imposante vient de faire irruption dans la salle, et le médecin vient de se mettre à chercher dans ses dossiers tout en marmonnant. Bizarrement, cette femme, quand on la voit, on a pas envie de l’emmerder…  Il se dégage d’elle une espèce d’aura d’autorité qui me fait limite me recroqueviller bien sagement sur ma chaise…

Alors ?! Ça vient ?!
Ah ! Le voilà. Alors alors… Rimbau D Layr… ancien saigneur… nan, ça on s’en fout… Ah, là ! Hm… Groupe rare ça… Hm, ça risque de me prendre de temps…

Ancien Saigneur ? Intéressant ça… Si je me souviens bien, c’était Tahar le capitaine de cet équipage… Avant qu’il se fasse arrêter, bien sûr.

Du temps, on n’en a pas ! Magnez-vous !
*Tiing*

Mignon petit bruit que voilà, tiens. Apparemment, ça indique que la machine à fini son analyse, et déjà, les résultats commencent à être imprimés.
Curieux plus qu’obéissant, le dénommé Franken survole du regard les résultats.

Ah ! Bah vous avez de la chance ! La demoiselle ici présente est compatible ! Vous n’avez qu’à l’emporter avec vous, j’en avais fini de toute façon.
Hein ?
Bien. Nigel ! Détache là, elle vient avec moi !
D’accord, mais…
Ne discute pas !

Je me fais donc détacher, et la patronne m’emmène avec elle. J’y comprends tellement rien que je ne prends même pas le temps de me foutre de la gueule de Nigel qui à l’air assez déçu. Je ne comprends pas vraiment non plus le chemin qu’on empreinte à une vitesse grand V. Elle me traîne carrément. Puis, après avoir pris l’ascenseur et dévalé de nombreux couloir, on arrive dans une nouvelle salle typé infirmerie. Avec un nouveau médecin qui a une gueule plus attirante que l’autre. Il a l’air plus sérieux surtout. Et allongé sur le siège, un mec inconscient. Un prisonnier. Layr ? Probablement.

Tout se passe très vite. J’suis presque lancée sur une chaise, immédiatement piquée, allongée et on me file un verre d’eau.

Bois.

J’exécute. J’vois mon sang passé dans un tuyau et rejoindre le corps de l’homme. Dix bonnes minutes passent ainsi, puis dix autres… J’commence à me sentir toute pataude… J’étais déjà pas en super grande forme en arrivant ici, alors là, s’enchainer un don de sang… C’est crevant. Il finisse par arrêter la transfusion au moment où il remarque que je perds moi aussi de la couleur. J’m’évanouie pas, mais j’suis incapable de marcher là tout de suite, ni même de faire quoi que ce soit.

Allez la mettre en cellule et apporter lui de quoi manger. Son rôle ici est terminé.

Et ainsi, je me fais traîner dans une cellule vide où l’on m’apporte un peu de nourriture et d’eau sur un plateau. Je reprends un peu de force en me remplissant un peu l’estomac, puis je m’affale par terre, épuisée.

Bienvenue à Impel.


Bienvenue en enfer. 1425067977-izya-sflagopr Bienvenue en enfer. Zps1 Bienvenue en enfer. 1lmh


Dernière édition par Izya le Jeu 20 Juin 2013 - 0:23, édité 1 fois
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J’ouvre les yeux, encore une fois. J’ai du mal à voir, mais je reconnais pas l’inconfort de ma cellule. Qu’est-ce qu’y s’est passé ? Pourquoi je suis encore là ?

Un bip régulier me berce, une machine rudimentaire est reliée à mon bras.



« Vous êtes réveillé ? »



Une jeune femme me parle. Blouse blanche et compagnie, un des docs de l’endroit sans doute.



« De la chance qu’on ait trouvé quelqu’un de votre groupe sanguin, il est plutôt rare. »




Je n’écoute pas. J’y suis pas arrivé. La première chose importante depuis vingt berges et j’y suis pas arrivé.

La pièce est faiblement éclairée, ambiance introspection pour peine de cœur. Je crois qu’ils m’ont donné quelque chose pour que je sois dans les vapes. J’y suis pas arrivé bordel. J’suis un lâche qui a même pas réussi s’enfuir. Je me suis rendu putain, je me suis rendu pour rien.

Je sens le poids de la colère de Marisa qui m’assaille soudain. J’ai voulu l’abandonner en la rejoignant, tout ce que j’y ai gagné c’est un retour express vers la souffrance. J’ai même pas le droit de me reposer, qu’est-ce que je dois faire ?


« Décidément, vous nous causez bien des soucis en ce moment ! »


C’est quelqu’un d’autre qui parle. Une voix féminine abîmée par le temps qui nous grignote tous. Je vois une vieille dame, vigoureuse mais visiblement lassée. Elle me regarde du type de regard plein d’un reproche inconsidéré.

Spoiler:



« On vous nourrit, on vous loge et c’est comme ça que vous nous remerciez ? »



Je sens une aura qui se dégage de cette bonne femme. Le style d’aura qui m’assommerait facilement même si j’étais en pleine forme, ce qui est pas arrivé depuis un moment.


« Pourquoi ?

- Pourquoi vous avez été sauvé ? Écoutez moi bien monsieur Rimbau, ici dans cette prison il y a deux types de prisonniers. Ceux qui s’accrochent à la haine en espérant sortir un jour et ceux qui cèdent. Vous avez cédé, mais pas de la même manière que les autres. »



Je comprends rien. Pourquoi s’emmerderaient-ils à empêcher les gens de mettre fin à leur existence de merde ? C’est une torture de plus ? Pas bien grave dans le fond, je finirai bien par plus me louper.


« Vous n’avez pas renoncé par faiblesse d’esprit. Mais par manque de clairvoyance. »


Je comprends pas bien pourquoi mais les yeux de cette demeurée semblent sonder mon âme pour en extraire le suc. Un putain de frisson s’empare soudain de moi, ferme ta gueule que j’aimerai dire.


« Voyez, je n’accepte une résignation que quand elle est recevable. Vous n’avez pas encore gagné le droit de mourir. »




Je me souviens de sa gueule ça y est. C’est la directrice bordel !



« Vous avez pas...d’autres choses à faire ?


- Oh si bien sûr, mais votre cas est assez intéressant. Et puis connaissant un petit peu votre noble famille, voir un vilain petit canard se débattre seul dans l’océan a quelque chose de fascinant.

-... »



Elle se fout de moi. Je dois vite recommencer, me libérer avant que l’étau qui compresse mon substrat ne fasse exploser la cervelle. Ce que je peux me détester en ce moment. Va t’en la directrice, va t’en.


« Quand vous aurez suffisamment récupéré on vous renverra en cellule. Et ne vous avisez pas de recommencer ces bêtises ! Déjà que Tahgel et sa bande ont fait des siennes, je ne veux pas qu’un autre étage me pose des soucis ! »


Quoi ? Tahar...Tahar est là ? Il a perdu ? Non, pourquoi le seul type à qui je souhaite de vivre libre se retrouve lui aussi dans ce merdier ? Justice, justice, je sens cette espèce de colère m’envahir et remplacer pour un moment le désespoir.


« Vous le paierez. Tous, tôt où tard, notre volonté vous punira, avec ou sans moi. »




Elle se retourne pour m’observer une dernière fois, puis se casse sans un mot. Putain, putain, Tahar, sale merde ! Tu devais pas, tu devais vivre la vie que j’aurais voulu avoir toi. Tu devais pas finir comme moi, t’es plus fort, t’es plus solide. Putain frérot.


Pendant quelques instants ma haine consume mes pensées, et je me surprends à éprouver des sentiments communs. Ce monde est pas fait pour nous, mais j’ai pas l’ambition et la volonté nécessaires pour changer tout ça.

Je suis faible, faible d’avoir laissé mourir ma femme, faible d’avoir laissé pourrir mon fils, faible d’avoir laissé courir ma vie.
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Le silence… Un silence parfait. Pas une mouche, pas un moustique pour le troubler. Étrange silence… Ou est passé la mer ? Et les créatures sauvages ?
 
Là. Des bruits de bêtes se battant entre elles. Bizarre. Où suis-je déjà ?
J’ouvre les yeux. Je vois du noir, beaucoup, et un peu de lumière venant d’un couloir longeant un côté de la salle où je suis… Ah, c’est vrai… Impel hein… Pfff…
J’m’assois contre un des murs. J’ai faim, j’ai soif, et y’a ces putains de bestioles qui se battent dehors. Vive l’ambiance… Qu’est ce que je fou là franchement… Je devrais être dehors, entrain de me dorer la couenne au soleil et à siroter des bons cocktails bien frais ! Mais non, je suis ici. Seule. Prisonnière.
 
Vie de merde.
 
Et bien sur, la cellule est vide. A part les couchettes incrustées dans les murs de pierres, y’a rien. Pas de table, de chaises, de passe temps ou autre. La seule activité qu’on peut avoir, c’est l’ennuie. Et je n’aime pas l’ennuie… C’est tellement… Ennuyant…
 
J’ai beau regarder les barreaux intensément, ils ne s’ouvrent pas… Étonnant hein ?..

 

 
Ah, tiens, j’crois que les bestioles ont arrêté de se battre… Y’a eu un couinement plus fort que les autres, puis plus rien. Ah, bah : voilà le vainq… le vainq…
...
MAIS C’EST QUOI CE TRUC ?!
Une tête de tigre, des pattes d’ours, le corps d’un crocodile, la queue d’un cheval ! Mais mais mais ! Mais ce médecin est taré ?! C’est ça ses chimères ?! Mais c’est horriblement laid ! Affreusement grotesque ! Et les gardiens, ils laissent des trucs pareils vagabonder ?! Sérieusement ?! Mais ils sont complètement fous ! Complètement…
 
Pfff…
 
J’aime pas être seule… Je ne peux même pas parler… Oh, bien sûr je pourrais, mais quel intérêt ? Pour entendre l’écho de ma voix sur le mur ? Passer pour une folle si jamais des gardiens arrivent ? Encore faut-il qu’il y ait des gardiens dans cette prison… Si ça se trouve, y’a que des choses du style de celle que je viens de voir passer… J’espère pas…
 

 
Raaaah, c’est trop chi…
*clac* *clac* *clac*
 
Hm ?
 
Des bruits de semelles sur le sol de pierre résonnent dans le couloir. Une présence humaine se dirige vers ma cage. L’heure de la bouffe ? Ça serait chouette !
Trois hommes s’arrêtent devant la porte. Mais aucun n’a de plateau repas… Injustice. La lumière étant dans leur dos, je ne vois pas les visages, mais je peux affirmer qu’il y a un prisonnier et deux gardes. Ils ouvrent la cellule. Cool. Un colocataire… Ou codétenu… comme vous préférez.
 
Alors qu’il se déplace dans la cellule, j’finis par apercevoir son visage. C’est le mec que mon sang a sauvé : Rimbau D Layr si j’ai bonne mémoire. Hm…
 
Alors, t’es pas mouru finalement. Contente que mon sang ait pu servir, héhé.
 

Ou comment dire de manière détournée  « je t’ai sauvé la vie ! Tu m’en dois une ! ».


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Dernière édition par Izya le Mar 16 Juil 2013 - 13:04, édité 2 fois
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La porte de la cellule se ferme. Ça y est, je suis de retour au bercail.
 
Mes précédents agresseurs, quoique victimes après quelques reproches physiques bien sentis, sont plus là. Z’ont été remplacés par...une fille. Enfin, un ange à en croire les plumes qui traînent. Ça me rappelle un épisode avec une tapette et une batte. Bah, une autre histoire qu’on dira.
 
Je me mure aussitôt. Commence à faire les cent pas pour réfléchir. Analyser ma situation, titiller ce sentiment qui s’égrène en moi depuis quelques poignées de minutes.
Et l’ange m’accoste. Me demande un merci en se la jouant décontract, style vendeur de beignets sur la plage après son service. Je réponds pas. Désolé mais j’ai autre chose à penser là.
 
Tahar est ici donc. Plus important même, ce que j’ai éprouvé tout à l’heure, dans la pièce, ça faisait une éternité que ça m’avait fui. La compassion. Cette salope douce qui peut pousser les bonnes âmes à s’embarrasser d’un fardeau juste pour pouvoir s’assumer un jour de plus. Et étrangement, je me sens...content. Pour une fois j’ai pu penser à quelqu’un d’autre que ma gueule, quelqu’un de vivant. Je me suis rempli de quelque chose que les autres peuvent qualifier de positif sans être écœuré. J’avoue que ça fait peur. Mais faut en retenir quelque chose de grand pour moi, j’peux être quelqu’un.
 
Je me prends la tête à deux mains, comme un dégénéré, sans pouvoir m’empêcher de sourire. C’est ce que tu voulais hein Marisa ? Que je vois la mort de près pour me rendre compte que j’avais envie de vivre. Putain, t’as gagné, tu gagnes toujours.
 
«  J’ai envie de sortir. »
 
 
C’est sorti tout seul, et ma camarade de cellule doit sans doute me prendre pour un barjo. Pourtant j’ai jamais été aussi sensé qu’en ce moment, alors qu’au fond de l’abîme je me rends compte que la surface est peut être pas si dégueulasse que ça. J’ai mes mains, j’ai mes mots, j’ai quelque chose à faire dehors. J’ai à écrire, j’ai à voir surtout. Ouais, le tunnel avec les lumières blanchâtres, ça m’aura appris ça.
 
Le vide existe pas. C’est une connerie déclamée par des frustrés comme j’ai pu l’être. Ouais, le bonheur j’y aspirerai jamais, mais je commence à croire que je mérite mieux que ce que la vie m’a laissé grignoter jusque là. Je veux vivre des moments putain, être dans un coin certes, mais un coin qui me laisse espérer. Lève toi Layr, t’es pas un grand homme, t’es au milieu de tout ça, t’es de l’autre côté, là où l’essence des volontés croise la force de l’ambition.
 
 
Alors je ris, je m’esclaffe d’un son guttural encore, seul dans mon monde à moi. Mon fils, t’as pas besoin de ma haine, juste de ta propre personnalité. Je vais ouvrir un bouquin qu’est vierge, je vais essayer d’écrire le premier vrai tome de mon âme. Et ça commence par une prise de conscience. Dire que j’aurais sans doute été débecté si je m’étais entendu avant mon drame. Ces traces sur mon corps, elles resteront, elles me montreront que je suis pas si lâche que ça, que je possède tout ce qu’y me faut.
 
 
« Merci pour le sang. »
 
La redhead doit s’inquiéter, craindre d’être tombé sur un camé en manque. C’est vrai, avant j’étais en manque de tout, maintenant je suis en manque d’encore plus. Alors qu’un des voisins, un type inconnu qui se fait appeler Shipman mais que je vais surnommer Marv parce que c’est plus sale et moins groove, m’agresse verbalement, je vois aussi un jeune blondinet prendre ma défense. T’es bien gentil mon coco. Revenons à nos moutons rouges.
 
« Bon, tu connais mon nom, j’imagine que le tien suivra. Angel, on va sortir. J’sais pas comment encore, mais on va sortir. Et le seul moyen d’avoir une chance de se tirer ce sera de foutre un bordel pas possible. Sans oublier un homme que je vais tirer des bas-fonds. »
 
Faut que je garde cette espèce d’euphorie assez longtemps pour commencer la cavalcade. Les autres, je vais rien leur prouver. Je vais juste montrer à mon je qui est pas forcément moi qu’y’en a là dessous, et pas que sous le ceinturon.
Layr, l’enfer c’était avant. Va juste falloir se taper le purgatoire à l’envers.
Un poète ça fait pas les choses dans l’ordre, c’est bien connu.
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Il veut sortir qu’il dit… ça m’parait pas délirant. Moi aussi, je veux sortir et je pense qu’aucune personne sensée ne voudrait rester enfermée ici. D’ailleurs, personne ne voudrait rester enfermé tout court, en fait.
 
C’est du moins ce que je croyais… Parce que y’en a un qui commence à gueuler dans une cellule pas loin, et deuxième type qui a l’air de penser comme nous. M’enfin, pour l’heure, ce qui ne va pas du tout, mais alors vraiment pas, c’est le surnom qu’il vient de me filer. « Angel » quoi… Originalité : zéro !
 
Angel… Hm, j’préfère Izya, si possible, hein… Parce que bon… Angel…
 
Bon, j’vais pas en dire plus sinon je risque d’être vexante. Du coup, je change de sujet.
 
Et sinon, si tu nous trouves un moyen pour qu’on se barre d’ici, tu peux compter sur moi pour t’aider.
 
Je marque une pause pour regarder autour de moi.
 
Ouais, clairement, je t’aiderai. J’suis pas faite pour vivre dans un trou pareil.
 
Layr a aussi parlé de récupérer un gus au passage. J’suis pas contre, bien au contraire ! Si on sort, autant ne pas être seuls et libérer aussi ceux qui nous sont chers. Car personne ne mérite de vivre dans une cage… Sauf peut être lui, là, dans la cellule en diagonale de la notre… Il a l’air vraiment… Beurk.
 
Mais bon, moi je n’le mérite pas, oh que non ! Et puis, j’suis pas seule dans ce cas… Si on arrive à sortir de cette cage, va aussi falloir que je retrouve Mizukawa et Kan…
 
J’suis curieuse de savoir qui tu comptes libérer, mais je me doute que ça doit être les membres de ton équipage, non ? T’es un saigneur, pas vrai ? C’est ce que j’ai entendu à l’infirmerie… Et il se trouve que j’ai moi aussi des compagnons à retrouver ici…
 
Ça fait tellement de temps que je ne les ais pas vu… Tellement de temps que le capitaine et le second sont enfermés ici. Ont-ils simplement survécu ? Je l’espère.
 
Mais pour l’heure, on doit trouver une idée… Il m’a clairement dit qu’il n’en avait pas. Et la seule chose qui me vient en tête pour l’instant, c’est d’inspecter les grilles. Elles sont solides, ça oui. J’vois pas de faille, ni même d’endroit où elles seraient moins bien fixée au mur.
 
Pendant mon inspection, y’a mes fichus menottes qui me gênent clairement dans mes mouvements. C’est très chiant, vraiment… Et dire que c’est Enzo qui me les a mises… Foutu Enzo… Qu’en je pense que c’est lui qui a mes armes… Quand je serai sortie, faudra que je lui règle son compte à lui… Foutu traitre…
J’remarque que Layr me regarde faire.
 
Bah quoi ? J’suis forgeronne, le métal ça me connait ! Et celui c’est du bon, j’vois pas comment on pourrait le briser. A la rigueur, si j’avais mes lames, j’l’aurais tranché, mais là… Bref.
 
J’retourne m’assoir tout en secouant de plus en plus mes putains de menottes… Mais là aussi, c’est du bon métal. Pfff…
 
Vouloir sortir, c’est bien, mais si on ne peut pas, ça sert à rien…

C’est p’t’être pour ça que le gus de tout à l’heure à commencer à traiter Layr de fou et inconscient. Ou p’t’être à cause des bestioles qui trainent dans les couloirs… Qui sait.


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Dernière édition par Izya le Ven 5 Juil 2013 - 0:36, édité 1 fois
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Un Saigneur. C’est qu’elle est bien renseignée la petite. Ça sent pas bien bon ça. Une infiltrée ? Non, quel intérêt. Hum, va falloir garder un œil sur elle. J’ai retrouvé une motivation certes, mais je suis pas devenu con pour autant. Comme le vent.
 
« Mon équipage ? J’ai jamais tellement eu d’équipage. Non, je veux sauver...un pote. »
 
Ça suffira. Si elle connait Tahar c’est pas à moi de parler de lui. Jamais se fier à l’apparence, jamais oublier qu’un gosse tout mignon peut te planter une fourchette dans la carotide si tu fais pas assez gaffe, ça m’aura au moins appris ça de chasser des primes et du gibier pendant plusieurs années. Bon, essayons de nous remettre en forme. Quelques assouplissements, une pincée d’étirements, s’agit pas de perdre le capital soupleté et agilesse que j’ai pu acquérir. Je dois avoir quel âge maintenant ? Trente ? Plus sans doute, la machine commence inlassablement à perdre en potentiel. Bah celui qui reste sera suffisant.
 
La petite continue à causer. Doit la rassurer de se sentir accompagnée. Mais tu sais, j’suis pas ce qu’on peut appeler une bonne personne.
 
« Calme toi un peu. »
 
J’essaye d’être presque amical mais j’y arrive pas tellement. Elle semble s’intéresser aux raisons qui m’ont poussé à faire une bêtise tantôt. Tu veux vraiment connaître ma vie ? Non, cette saloperie de pitié t’envahirait aussitôt, et j’en ai pas besoin en ce moment. J’espère que j’aurai plus à supporter le ressentiment de ce qu’on appelle mes pairs. À nouveau Layr nouveaux engagements. Tiens, ce crâne rasé, cette barbe coupée, c’est que c’est peut être un signe. Tahy me reconnaîtrait pas à tous les coups héhé.
 
Elle a parlé de mecs à sauver. Mais même si le but c’est de déclencher une émeute, je vais décemment pas m’embarrasser à faire de détours. Hum, ça m’inspire un brin, mon héritage familial pour un parchemin et une plume. Les plumes j’en ai un fourgon sur pattes pas loin. Pas sûr qu’elle apprécie.
 
À moi de bouger un peu. Je regarde les bestioles difformes dehors, je teste la solidité des barreaux sans réelle conviction, juste pour toucher ce métal glacé et me rappeler qu’en effet j’ai toujours eu le droit de ressentir les choses. Comment faire, comment faire ? Se faire sortir par les geôliers ? Non, j’ai repéré une sorte de tortue joyeuse y’a peu, et elle a pas l’air commode, avec tous ces ennemis aucune chance de s’en sortir. Putain, c’est dans ces moments là que je souhaiterai être une pointure. Elle vaut quoi la gonzesse à côté de moi ? On va voir.
 
« Éclate moi la gueule avec ta meilleure droite. Faut que je juge tes capacités pour m’organiser. »
 

Rien ne vaut un massage de tempes virulent pour être fixé. Oui, je suppute que tu dois trouver la méthode étrange. J’ai pas le temps pour nos états d’âmes, la mienne est pas encore bien éveillée. Et puis en bon briscard qui se respecte, faut que je commence à affirmer ma position. J’suis pas un chef, j’ai aucune foutue envie de le devenir, mais une fois hors de la cellule, on va la jouer comme je dirai. Ego, confort, sureté, appelle ça comme ça te chante mais la vérité c’est qu’en vitesse d’exécution y’a bien plus merdique que moi. Et j’ai déjà été enfermé plusieurs fois, c’est un peu comme si je partais en colo. Manque plus que l’animatrice alléchante qui soigne les bobos des gosses avec un bisou pendant que t’essayes en vain de te faire passer pour un de ces mioches. Sans succès ? Héhé, qui sait ?
 
« Allez, hésite pas. »
 
C’est là, alors que la tension du combat retentit près de nos tympans incrustés de cérumen, que le scénario initial se voit modifié par un élément perturbateur. En décodé, la situation part en couille grave. Qu’est-ce qui va pas chez toi mam’zelle ? T’as mal bouffé hier soir ? Moi aussi hein, woh woh, calme toi.
 
Le teint change, les cellules de son corps ont visiblement décidé de faire un Pictionnary. Qu’est-ce qui t’arrive ? Hey, cries pas, qu’est-ce qui t’arrive ?


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Mar 18 Juin 2013 - 17:10, édité 2 fois
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Et dire que j’étais contente de le voir quand il est arrivé dans la cellule. Contente d’avoir de la compagnie, quelqu’un avec qui je pourrais causer pour passer le temps… Que dalle oui ! J’ai beau tout faire pour m’intéresser à lui, lui poser des questions alors qu’en vérité j’en ai rien à foutre ! Bah non… Non. La seule chose que j’obtiens c’est un « Calme toi un peu. »
 
Je t’en foutrais moi, des « Calme toi un peu. »! Nan mais, sérieux quoi ! J’étais calme jusqu’à ce qu’il dise ça ! Mais là, bien joué, t’as réussi à m’énerver… Bah pour la peine, je boude dans mon coin, na. Et si tu viens à avoir envie de causer, bah tu pourras toujours tenter avec le mur, il sera plus répondant ! Non mais quel toupet, je vous jure ! Prochain coup que des gardiens passent par là, j’vais leur demander de changer de codétenu… Nan parce que passer je sais pas combien de temps avec un type qui me demande de me calmer quand j’essaye d’être gentille… Grrrr.
 
En y réfléchissant, c’est peu être ça le problème… à chaque fois que j’essais d’être gentille, il se passe une merde… Avec les Shino, j’ai voulu être gentille en ramenant à bouffer, je me suis faite capturer sur le chemin. Avec Enzo, je lui ai sauvé la vie et ait tenté de lui trouver un substitut à son serpent, je me suis faite accusée et insultée ! Avec Enzo encore, on a finalement cohabité tranquillement, au final, un bateau marine est venu nous sauvé et PAF, je me retrouve là et lui doit sans doute être entrain de se rouler dans ses trente millions !!! Et le dernier, Layr ! Je m’efforce de trouver un sujet de discussion histoire de passer le temps et BIM ! « Calme toi un peu. » qu’il me dit.
 
Et là, le voilà qui se met à gigoter dans tous les sens… Pompes, tractions, abdos… Raaaaah ça m’énerve encore plus ! Du coup, allongée sur ma banquette, je lui tourne le dos. Mais rien que de l’entendre souffler entre chaque effort m’exaspère ! Alors je lui lance des cailloux, parce qu’il me gonfle. Quoi ? J’ai le droit de rêver non ? Et dans mon rêve, j’ai des cailloux et vous verriez sa tête… Ahaha ! Oui, voilà, excuse toi, et je vais réfléchir à si je te pardonne ou pas.
Tsss, pourquoi j’ai pas de cailloux…
 
Ah, en fait, y’en a un là…  Pfff. Non, je vais rien faire, je boude. Hors de question que je fasse le premier pas. Je me vois déjà entrain de l’envoyer boulet quand il voudra parler. Oui, ce sera ça ma vengeance, hahaha.
Hm.
 
En attendent, je me fais quand même chier… Et l’autre il continue de me stresser à bouger dans tous les sens. Je vais lui dire de se calmer, oh oui… C’est une très bonne idée ça ! Je vais le lui dire…
 
« Éclate moi la gueule avec ta meilleure droite. Faut que je juge tes capacités pour m’organiser. »
 
Quoi ?! Il me demande quoi ?!
Mais mais mais…
MAIS IL EST COMPLETEMENT MALADE ! Je ne vais quand même pas le frapper ! Et puis, c’est quoi sa raison ? Pour juger mes capacités ?! Nan mais il me prend pour qui l’autre là ! Pour une pirate de pacotille c’est ça ?! Il croit que je suis à Impel pour des queues de prunes, c’est ça ?! Non mais, Oh !
 
Et puis, quand j’ai dis que je l’aiderai. J’ai jamais, oh grand JAMAIS, dis que lui prendrait toutes les décisions et que moi derrière, je ne ferai qu’exécuter ! Parce que si c’est ce qu’il pense, il se fourre le doigt dans l’œil JUSQU’AU COUDE !
 
« Allez, hésites pas. »
 
Héhéhéhéhé….
 
Héhéhéhéhéhéhéhéhéhé
 
Il veut juger ma force, c’est ça, hein ! Bah il va être servit ! J’ai qu’une envie en tête, lui exploser sa tronche de malotru ! La colère guide mon corps, qui change, mais je fulmine trop pour m’en rendre compte. D’un coup sec de mes bras, j’explose la chaine des menottes, et le grossissement de mes poignets vire le reste.
 
Tu fais moins le malin là ! T’as voulu que je te frappe hein ! Tu l’as voulu ! Alors voilà !
 
 *BAM*
 
Et mais… Ma main ? Qu’est ce que… C’est quoi ce BORDEL ! Et pourquoi je touche les murs comme ça ! Qu’est ce qui se passe ?! Qu’on m’a fait ?! Oh bordel… J’AI UNE QUEUE !
 
NIAAAAAAAAA
 
*mode panique On*
Qu’est ce qu’y se passe ? Dis moi ! Pourquoi j’ai une queue ? Et des écailles ? Et je suis rouge ? Toute rouge ! Et grande ? Comme ça ! Et des griffes ?! J’ai des griffes ! Oh non ! Oh NON ! Qu’est ce qu’il m’arrive !!!!
 
Waaa, naaan ! Je… Je… Je touche plus le sol !!! JE TOUCHE PLUS LE SOL !!!! AAAAAAAAAAAH

 
*BAM*
 
J’viens de me cogner la tête contre le plafond, m’assommant à moitié. J’retombe au sol. Je tremble. Je n’ose plus bouger, plus parler.

Cette fois, je dois vraiment me calmer.


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« Ouchh. »
 
La seule onomatopée adaptée à la situation. Je vais m’écraser contre le mur opposé, une mâchoire abîmée et un dos guindé comme la justice.
Elle a du répondant la petite ! Impressionnant je dois dire. Mais elle m’avait caché son petit secret impotent. Qu’est-ce que c’est que ce corps ? Un zoan ? Oui, un zoan ! Et pas n’importe lequel, cette gosse est sans doute une des meilleurs choses qui puisse arriver ici bas.
 
Elle panique. En mode grosse réalité des faits après une dizaine de discours démagogiques. Moins fort, tu vas rameuter toute la garde.
 
Je jette un œil sur ses fers. Elle les a coupés, elle a pris de l’acier et elle l’a tranché comme si elle avait du partager équitablement de la mimolette dans un sandwich qui ne le demandait pourtant pas. Splendide, c’est splendide, faut pas laisser passer une occasion pareille.
 
Elle est là, livide, tremblante, sans doute étourdie par les chocs. Faut qu’elle redevienne normale. Qu’elle se mette dans l’obscurité et qu’elle attire pas l’attention. Je crois qu’aucun escargot de malheur ne surveille l’intérieur de la cellule, seulement le couloir. Mais quand on y sera dans cette foutue allée, ce sera déjà trop tard pour vous les copains.
Allez Layr, sois un peu diplomate, essaie de jouer le rôle de l’ancien qu’on écoute parce que sa barbe est assez longue pour t’étouffer sans qu’y s’arrête de balancer ses vieux dictons.
 
 
Je me rapproche tant bien que mal en massant mon corps endolori. M’agenouille auprès de l’hybride qui s’ignore.
 
«  Hey, quand tu files une beigne toi tu fais pas semblant. »
 
Je crois qu’elle sourie tant bien que mal. Allez, continue mon gars t’es sur la bonne pente.
 
« Tu le sais pas encore sans doute mais avec ton pouvoir qui s’est révélé tu viens d’accomplir la phase alpha pour qu’on s’échappe tous de c’bouge. Alors je le redis, calme toi. Souffle un coup et essaie de redevenir normale. Ça va aller, tout ira bien. »
 
Je me souviens que c’est la réplique qu’avait balancé un ancien pote à sa fiancée avant qu’elle clamse et que lui se retrouve avec une double face. Ah le mensonge, belle invention humaine pour le coup.
 
Elle met le temps mais commence à perdre des couleurs, ou à en retrouver c’est selon. Je l’aide à se déplacer doucement vers l’endroit de la cellule où les ténèbres dictent le plus leur loi, replace tant bien que mal les fers près de ses membres et essaie de la cacher en simulant un enlacement patriarche. Ça chuchote dans le coin, les prisonniers complotent.
 
«  Les gars, si vous ouvrez votre gueule pendant les soixante prochaines secondes non seulement on restera ici mais en plus je me démerderai pour faire rentrer à chacun de vous un babouin dans le cul. Parole de poète. »
 
Je pense au bon Jack sur le coup, avec sa bestiole acariâtre qui endimanche le commun des immortels. Je me demande s’il s’en est sorti lui aussi. Bah, un vrai écumeur de taverne ça trouve toujours une solution pour retourner au foyer.
 
Les mecs des cellules environnantes semblent m’écouter. Oh je suis pas un leader vous inquiétez pas, mais ici en enfer je suis juste celui de nous qui joue le plus à domicile.
 
Un des rares gardiens humanoïdes de l’endroit a été alerté par les cris et vient voir ce qu’il se passe.
 
« C’est rien, crise de panique, la jeunette a du mal à tenir le coup. »
 
Suspicion, hésitation, tentation, constipation, il maugrée deux avertissements sans saveur ni impact avant de repartir finir son magazine bien plus loin.
 
« Écoute Izy, faut que tu t’habitues à ta forme, des bêtes t’as du en voir plein. Maintenant soit tu te morfonds dans ton petit jeu de « merde je suis un monstre maintenant, c’est con » ou alors tu te sers de tes nouveaux atouts pour rêver à quelque chose de mieux. Tu choisis ? »
 
Je suis rude mais je sais pas faire autrement. Ça va aller qu’il faut répéter, brise mes chaînes, rends moi efficace. On est sur le point de se dégourdir les jambes, faudrait pas se luxer l’échine.
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J’ai mangé un fruit du démon.
J’ai mangé un fruit du démon.

J’ai mangé un fruit du démon !

AAAAAH !
 
Je suis maudite.
 
Layr est à coté de moi, il agit de manière protectrice, mais peu importe. Je n’arrive pas à m’en remettre. Maudite. Oui. Maudite. Voilà ce que je suis.
Mon rêve ? Je peux lui dire adieu. ADIEU. Ça fait mal, tellement. C’était la seule chose qui me raccrochait encore à lui, à Léo. Mais maintenant, c’est fini. Tout est fini.
Tout.
 
Les larmes coulent sur mon visage, en silence. Je le savais pourtant, que j’en avais mangé un. Je le savais. Mais je ne voulais pas y croire. Alors je me suis mentie. Et je me complaisais dans ce mensonge. Jusqu’à ce que la vérité arrive… Jusqu’à maintenant.
Et je suis obligée d’y croire. Je l’ai vu, il l’a vu, ils l’ont vu. Mais que suis-je ? Je ne sais même pas. Je n’ai pas pu voir, moi. Pas tout, en tout cas.
Alors.
 
Que suis-je ?
 
Tu le sais toi ? Peut être. Mais en vérité, je ne t’écoute pas. Je ne veux pas savoir. Quel intérêt y a-t-il a être autre chose si cela implique la perde de mon rêve ? Aucun.
Plus rien n’a d’importance. Non. Plus rien.
 
Et y’a cette voix, ce mec. Il me parle, essaye de me faire réagir. Je l’entends, mais ne l’écoutes pas. Je m’en fou de ce qu’il dit. Il ne comprend pas ? Tout est fini !
 
Dégage.
 
Oui. Laisse-moi tranquille. Laisse-moi juste tranquille. Mais il ne me laisse pas. Alors je le redis.
 
DÉGAAAAAGEEEE !
 
Un cri puissant, aigu, digne de la jeune femme que je suis. Et il part, parce que s’il ne part pas, il voit que je m’apprête à le refrapper. Mes larmes se sont amplifiées. Je frappe le mur, celui-ci se fissure, un peu. Oui, ça aurait pu être ta tête, Layr. Et ça fait mal, mais pas autant que ce sentiment de vide qui s’installe en moi.
Je m’effondre, face au mur. Seule.
 
Pardonne-moi, Léo. Pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur. Pardonne-moi d’être si inutile, si imparfaite. A cause de ça, tu es parti et tu n’as pas pu revenir. Si je n’avais pas été ce que je suis, tu n’aurais jamais senti le besoin de prouver ta valeur. Non.
J’ai été stupide, tellement stupide. Si seulement j’avais été plus femme que brute. Et maintenant, je suis un monstre. Un monstre incapable de réaliser notre rêve. Un monstre maudit.
 
Plus jamais je ne nagerai. Plus jamais je ne sentirai la caresse de l’océan sur ma peau. Non. C’est terminé.
 
Je m’étais promise de vivre pour nous deux, mais à quoi bon ? A quoi bon continuer ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Et peut être n’ai-je jamais su ?
Après tout, j’ignore ce que je suis… Et je l’ignorais déjà avant.
Et je ne le saurai jamais.
 
Mes larmes s’arrêtent sur cette pensée.
 
Qui suis-je ?
 
Cette question sort d’elle-même de ma bouche. Et j’attends une réponse. Mais bien entendu, rien ne vient. Rien.
 
C’est peut être ça la réponse. Je ne suis rien.
Hm.
Je n’aime vraiment pas cette réponse.
 
Alors je fais le point.
Je suis une ange. Une ange qui a été adoptée par une cuisinière et un forgeron. Une ange devenue forgeronne. Une ange devenue pirate… Hm. Une ange qui aime nager mais qui jamais plus ne nagera…
 
La vie est tellement injuste.

Tellement.


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Les portes de l’ascenseur s’ouvrent laissant passer la lumière à travers qui vient m’éclairer le visage. J’ai la tête baisser et souris de joie en m’aidant de mes cheveux pour la cacher. Un garde m’attrape par le bras et me tire vers le haut brusquement. Une fois levé, je me défais de ses sales mains d’un mouvement rotatif pour marcher seul. Quand je lève la tête, je remarque qu’une tortue nous attendait devant l’ascenseur. Hmmm, il me dit quelque chose. Ah oui, c’est un des gardiens de la prison. Je l’avais vu dans les couloirs une fois. Il est là pour la blonde et lui dit qu’elle est convoquée par son supérieur en ajoutant qu’il va s’occuper de ma réinsertion lui-même. Cette dernière n’a pas l’air très contente de me confier à lui.

- Léo… Tu trouves toujours un moyen de descendre t’occuper d’autres prisonniers que les tiens qui sont au -1 ! J’espère que c’est pour un motif valable sinon, tu auras affaire à moi.

Hmmm, alors comme ça c’est le responsable du -1. Très bien, alors emmène le lion dans sa cage avant qu’il ne mord quelqu’un petite tortue. La gardienne prend l’ascenseur et nous sommes donc quatre à marcher dans le couloir. Je marche la tête haute afin de montrer aux mecs de là-dedans que je suis vivant malgré la merde que j’ai subis en bas. Au fond ça m’a calmé, et bien même mais si je le montre aux autres, ils vont me prendre pour un type faible. C’est hors de question pour moi. J’ai bien vu comment Wolf se faisait respecter ici et c’est surement parce qu’il est déjà descendu une fois que personne n’ose lui manquer de respect ici. Personne ? Entre autre. J’entends d’ici la voix de ce Shipman. Putain, il va falloir qu’on lui arrache sa langue ou quoi ? Darkwolf l’a pourtant bien corrigé l’autre fois. Bref, ce n’est pas le moment de penser à tout ça. Je dois marcher droit, le torse bombé. Les gardiens doivent prendre mon rythme et pas l’inverse. Voyons, je vais ralentir un peu voir si… Oui ça marche, ils sont occupés à regarder les détenues et suivent mon rythme. Arrivé devant la cellule où j’étais avant, je remarque que le mur est toujours cassé et Shipman me lance des regards méchant.

- Qu’est-ce qui y-a tête de nœud ? Ta pas ramassé assez de coups la dernière fois ? Tu veux que je vienne t… *BAM* Aouohh

La tortue me met un gros coup au ventre avec la poignée de son épée. Putain c’était moins une… Heureusement qu’il n’a pas frappé sur mon « 4 » à gauche. D’ailleurs il décide de ne pas me remettre dans cette cellule car il sait que ça va une fois de plus être le bordel. C’est pourquoi il ouvre la cage d’en face. Hmmm, celle du type dont Wolf m’avait parlé. Ce type avait battu cinq mecs si mes souvenirs sont bons et avait essayé de se tuer après. Serait-ce lui là-bas dedans ?

- DÉGAAAAAGEEEE !

Put-tain de merde, j’ai flippé. Mais cette voix… mais oui ! J’en suis sûr, c’est elle. J’essaye de voir à quoi elle ressemble et… des ailes. J’en étais sûr, c’est bien Izya. Mais je ne dis rien tant que ces gardiens ne sont pas partis. Ils risqueraient de me mettre ailleurs. Léo ouvre la porte et j’entre tranquillement. Izya ne m’a pas vue et pleure dans son coin. Ohh putain mon salop, si tu lui a fait du mal, tu vas avoir affaire au lion. Je fais comme si de rien était et me pose sur le banc à ma gauche. J’ai la tête baissé, mais sens les regards des gardiens à l’extérieur. Ils nous observent comme si nous étions des animaux. Cassez-vous bande de cons, j’ai à faire ici. Ils s’en vont finalement et Izya continue de pleurer. Elle n’a même pas tournée la tête pour voir qui était là. C’est là qu’elle parle toute seule en demandant qui elle est. Je lance un regard au type à côté qui n’a pas l’air de vouloir m’expliquer ce qui ce passe. Bon et bien, j’ai l’impression que l’ange a besoin d’un peu de soutien. L’obscurité cache mon visage car je suis dans le côté le plus sombre de la cellule. La tête baissée, j’inspire un bon coup cet air frais qui m’avais tant manqué et commence par ces quelques mots.

- Tu es… un ange descendu du ciel et abandonné sur le palier d’une porte par ses parents lorsque tu étais toute petite. Tu es… cette talentueuse forgeronne qui a vécu d’atroces choses, qui a perdue des êtres qui lui étaient chers. Tu es cette pirate têtue qui se bat à l’aide de deux sabres et qui a naviguée sur les mers jusqu’à Hungeria avec un équipage. Cet équipage… lorsqu’il a appris un beau matin que tu avais été en ville toute seule alors que le danger courrait les rues, a ramassé ses armes et s’est mis à ta recherche. Cet équipage a déclenché une bataille infernale sur l’île car il a appris que tu t’étais faite capturée pour être revendu aux enchères. Cet équipage a sacrifié plusieurs membres, son navire et a vu son capitaine et son second se faire emprisonner pour toi.

Elle se contentait d’écouter jusque-là, hors je pense qu’elle comprend maintenant qui je suis et se retourne.

- Voilà qui tu es. Comprends donc par-là que pleurer dans ton coin ne sert à rien. Tous nos efforts n’ont pas étés faits pour que tu sois là à pleurer comme une gamine. D’ailleurs pour que tu sois là actuellement.

Je reste la tête baissé et attends de voir sa réaction. Je ne comprends pas pourquoi elle est ici, mais ça, elle va me l’expliquer tout de suite.
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Le blondinet est revenu. Visiblement bien amoché d’ailleurs. C’est que les deux se connaissent bien dis donc, je sais pas tellement si c’est un avantage mais le voilà qui se met à rassurer la gamine. Perspicace, efficace le garçon. T’as été sympathique avec moi tout à l’heure, je vais pas commenter ta réplique. Mais les épopées verbales comme tu viens de faire, les résumés de vie c’est pas tellement mon style. Roulez jeunesse, vaut mieux que je dise rien.
 
Il provoque un déclic quand même. celui qui transforme le désespoir en doute, celui qui remplace le chagrin par l’acceptation relative. Ouais, t’es devenu un monstre physiquement. Mais comme dit l’autre, foutu pour foutu faut se relever avant de manger ses propres sucs.
Le silence revient, la tortue qu’a débarqué plus tôt après le garde indigent avait un regard mauvais. Y finiront par se douter de quelque chose, par découvrir la transformation d’Izy. On a pas le temps, j’suis désolé petite mais je vais pas pouvoir te laisser te lamenter comme j’ai pu le faire moi aussi. J’ai conscience que j’ai eu un luxe, un luxe qui m’a conduit à me foutre en Layr. Alors excuse moi si je vais droit au but, mais j’espère que tu finiras par me comprendre.
 
« Comment tu te sens en ce moment, personne en à rien à foutre ici. Ce que t’es, c’est ce que tu vas fabriquer à partir de maintenant. Abandonne comme j’ai pu le faire et t’obtiendras rien, rien du tout, juste du vide qui te rendra que dalle, qui se lavera avec ta détresse. Alors lève toi. Lève toi et combat ce monde avec moi, ouvre ces grilles et laisse exploser ta rancœur. »
 
Le Koubilaï à mèches Pittiennes me regarde comme si j’étais un olibrius. Je veux quelque chose les enfants, on veut tous la même chose ici. Alors prêtez moi votre jeunesse et transformons cet endroit en une canopée fantasque. Y’a pas besoin de plus de mots pour l’instant, j’ai pas besoin de reproches ou de compréhension. Là, ce qu’il faut c’est de l’action, c’est focaliser nos esprits sur les bras qu’on va éprouver.
 
« Ouvre cette porte Izya, montre nous ce que personne d’autre veut voir. »
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Kan ! Kan est ici ! Kan est ici avec moi ! Je… Je… Je n’arrive pas à le croire ! Je savais qu’il était à Impel, mais de là à le retrouver si vite ! C’est tellement, tellement !
Quoi ?! Qu’est ce qu’il dit ? Moi ? Têtue ? C’est mal me connaitre… Hm… Tsss, sacré Lion. L’entendre me remonte déjà le moral. JE ne suis pas seule, c’est vrai. J’ai des amis…
Hein ? Qu’est ce qu’il vient de dire ? Revendue aux enchères ? Moi ?! Sacrifiés, emprisonnés, pour MOIIII ?! Mais mais mais !
Mais POURQUOI ?!
 
Je tremble. Tout ce qui leur est arrivé est de ma faute, voilà ce qu’il vient de me dire… Alors que… Je ne voulais pas ! Je voulais juste… Juste qu’ils soient sains et saufs… Mais à cause de moi, certains sont morts, et Mizukawa et lui sont ici.
Un cauchemar. Voilà ce que je vis. Un véritable cauchemar, mais celui-ci, en plus d’être des plus horrible, est réel.
Une nouvelle fois, je tombe à genou sur le sol et mes larmes reprennent.
 
Je… Je voulais pas Kan. Je te jure ! Je ne voulais pas ça ! Mais… Les chasseurs… Je les tenais, j’aurais pu m’en sortir ! Mais ils avaient Cassandre… Ils l’auraient tuée si je n’avais pas cédé. Alors… Je…
Je n’avais pas le choix !

 
Oui, c’était clairement impossible pour moi de faire autrement. Ce souvenir me revient en tête. La rage que j’ai ressentie, la peur lisible sur le visage de Cassandre. Oui, je n’avais pas le choix. C’est eux, qui auraient du agir autrement. Mais je n’étais pas là pour leur dire…
J’étais censé être morte à leurs yeux.
Alors pourquoi croire à une vente aux enchères ? Je ne sais pas… Cassandre a du mal transmettre le message. Je ne comprends pas…
Je devais être morte.
 
Je voudrais être morte…
 
Oui, mourir… Mourir me libèrerai de toute cette culpabilité. De tous ces tourments qui me submergent. Et d’oublier la trahison d’Enzo.

« Comment tu te sens en ce moment, personne en à rien à foutre ici. Ce que t’es, c’est ce que tu vas fabriquer à partir de maintenant. Abandonne comme j’ai pu le faire et t’obtiendras rien, rien du tout, juste du vide qui te rendra que dalle, qui se lavera avec ta détresse. Alors lève-toi. Lève-toi et combat ce monde avec moi, ouvre ces grilles et laisse exploser ta rancœur. »

Laisser exploser ma rancœur hein… Il a raison. J’ai toute une vie devant moi et au moins autant de temps pour me refaire. Mourir me libérerai sans doute, mais tourner la page ferai la même chose. Changer, voilà ce que je dois faire.
 
« Ouvre cette porte Izya, montre nous ce que personne d’autre veut voir. »
 
Alors soit, je vais changer.
 
Et une nouvelle fois, mon corps s’allonge, mes membres se changent en pattes griffus et écailleuses. Et je me souviens. Je me souviens de l’endroit où j’ai mangé ce fruit. Je me rappelle et je sais.
Je suis un dragon.
 
Et avant que le gardien ait l’idée de courir, je hurle. Un hurlement puissant, strident, capable de glacer le sang des plus faibles. Mais il n’est pas faible. C’est une tête brulée et le voilà près à en découdre.
 
Et moi, je sors les griffes. D’un coup de pattes bien placé, je tranche ces fichus barreaux qui nous barrent la route. Et avant que ceux-ci e tombent au sol, j’enfonce la grille et écrase la tortue au passage, une de mes griffes se positionnant sur sa gorge. Un seule geste brusque, petite créature, et tu es morte.
 
Mais, grâce à ma légendaire discrétion, on peut entendre de nombreux bruits de pas se diriger là où nous sommes.
 
C’est le moment de se barrer !
 
Je laisse la tortue derrière moi et on court. Moi devant. Loin devant… Très loin… Raah, c’te bande d’escargots, j’vous jure ! J’fais demi tour, passe derrière eux, et les rattrape pour me mettre à côté d’eux.
 
Allez, grimpez !
 
Et je cours. Dévalant les couloirs le plus vite possible. Dans quelle direction ? Je l’ignore.
 
Les gars ! Guidez-moi !
 
Bah oui, faut bien qu’ils servent à quelques choses aussi ces deux là…
 
Mais avant qu’ils aient le temps de répondre, je freine, déparant sur le sol. Devant moi, je vois une de ces chimères… Pattes et corps d’éléphant, griffes acérés d’ours, cou de girafe et tête de… requin…

Et sur son dos, une autre tortue, avec un bandeau rouge cette fois. Et la voilà qui descend.

*****

Ah ce Lion, toujours aussi téméraire, hein. A sauter au combat, tête baissée, sans se soucier de la puissance de l’adversaire… Et surtout de la bête qui accompagne l’ennemi. La voilà prête à foutre un monstrueux coup de griffes sur patte d’éléphant à ce pauvre Kan…
Ce pauvre Kan qui ne voit rien.

Moi je vois. Je vois ce monstre.
Et il parait que je suis aussi un monstre…
Voyons lequel de nous deux est le plus monstrueux.

D’un bond, j’agrippe la patte armé de mon adversaire et m’y accroche grâce à mes propres griffes qui pénètrent sa peau comme du beurre.  Cela m’étonne un peu, me déconcentrant au passage et laissant au monstre l’opportunité de m’envoyer voler. BAM Je m’écrase dans un mur, me sonnant légèrement. La chimère l’a mauvaise, sa patte saigne. Oui, mes griffes étaient enfoncées et en m’envoyant valser, elles ont lacéré ta peau.

La bête arrive, attaquant avec son long cou et ses mâchoires énormes. Je roule sur le côté pour esquiver, mais je me retrouve empêtrée dans cette nouvelle queue longue de quelques mètres. Cela permet à l’hybride d’attaquer une nouvelle fois avec sa patte. Je reçois le choc en plein dans le dos et celui-ci m’envoie une nouvelle fois dans le décor. Ça fait mal. Et je ne vois pas comment m’y prendre avec cette bête qui me charge une fois encore.

Surpassant la douleur, je me mets à courir pour lui échapper. Je dois réfléchir. Comment vaincre un truc pareil ? Je n’ai même pas d’arme pour me défendre…

Tsss… Ce que je peux être stupide des fois… Qu’est ce qu’un dragon ferait avec des épées, hein ? Bon sang ! Je suis un DRAGON ! Et les dragons ne sont pas sans défenses face à des créatures de ce genre ! Ils ont des dents et des griffes ! J’AI des dents et des griffes ! Je me suis transformée en monstre, alors monstre je serai !

Je change de direction et charge la bête qui me suivait. Je m’approche, vite, très vite, puis je saute. Ma cible : la gorge de l’animal ! ça tombe bien, elle est vachement grande ! Mais la bête est rapide et m’a vu venir ! Son cou se tord pour contre attaquer ! La panique me force à esquiver. Alors j’esquive, en l’air. En… l’air…
Sans… Retomber…
Oh putain ! Je vole ! JE VOLE ! Je… !
Le mur.

Et je m’arrête comment moi ?! Hein ?!

AAAAAAAAH

J’essaye de me stopper en plantant mes jambes… mes pattes, dans le sol. Mais y’a pas de sol. Et au lieu de m’arrêter, je fais un looping sur moi-même. Je panique, j’essaye d’autre posture, ça me fait faire n’importe quoi dans les airs tout en continuant de crier. Et ce n’importe quoi passe finalement à côté de la bête. Alors je tente mes bras vers elle, pour m’agripper au passage, mais mon corps se pose tranquillement dessus. Je secoue la tête pour me remettre de toutes ces émotions.
C’est vraiment un truc à devenir chèvre.

La chimère n’a pas l’air ravie que je sois sur elle. Avec son long cou, elle commence à essayer de me croquer alors que je suis sur son dos. On croirait presque un serpent à sa manière d’attaquer. Un serpent avec une tête de requin… Sauf que quand il mord, il ne lâche pas pour répandre son poison. Non, il sert bien sa putain de mâchoire et secoue la tête dans tout les sens…
Comment je le sais ?
Devinez… Devinez qui vient de se faire bouffer le bas du dos…

Mais moi aussi j’ai un long cou et une mâchoire acérée. Et pendant qu’il essaye d’arracher ma chair de dragon, j’attaque et lui mord la gorge. Je l’étouffe. Et ce, jusqu’à ce qu’il s’effondre.
Mais avant, il finit par me lâcher, pour mieux pouvoir respirer. Je me retrouve pendue par la mâchoire. Le sang de la créature me coule dans la gorge, et même si la pensée me répugne, le goût n’est pas si immonde que ça.

Et finalement, la chimère géante tombe au sol, mais elle n’est pas encore morte. Alors je continue de mordre. Je ne la lâcherai que lorsque j’aurai sentie sa vie la quitter. Lorsque j’aurai sentie son pouls s’arrêter. Toute la douleur que je ressens, je la transforme en rage et cette rage, en force.
La bête meurt enfin.
Et le monstrueux dragon gagne.


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Dernière édition par Izya le Jeu 20 Juin 2013 - 0:25, édité 2 fois
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Izya s’est transformée ! Elle s’est transformé bordel, c’est quoi ces conneries ? Elle est devenue un dragon et je n’arrive toujours pas à y croire. Je suis tellement bouleversé que mes yeux restent grand ouverts. D’après ce que le mec dit, c’est le moment de passer à l’action. Action de quoi ? Action de s’enfuir de cette prison d’après lui. Mais comment ? Nous sommes à Impel Down bordel, comment compte-t-il sortir d’ici ? Izya détruit alors en un coup de griffe les barrières et sort. Putain de merde… quelle puissance ! Nous sortons et je remarque qu’elle a posé son pied ou plutôt sa patte sur Léo, la tortue qui m’a emmenée. Les autres détenus gueulent, c’est encore une fois le bordel dans l’étage et les bêtes s’agitent elle aussi. Nous commençons à courir et Izya est tellement rapide qu’elle nous distance en un rien de temps. Je ne réalise toujours pas qu’elle soit sous cette forme. En me retournant, je vois au fond la tortue aux bandages bleus se relever en état de choc et quelques bêtes autour de lui qui commencent à courir vers nous. Ça sent pas bon, même pas bon du tout. Izya nous prends sur son dos afin d’aller plus vite, mais au bout d’un moment, nous sommes arrêtés par une autre tortue. Celle-ci a les bandages rouges et monte une bête plutôt dégueulasse.

- HmmmHIMMM… hmmHMMhmmHMMMM… HIIMMMhhmmmm…

Quoi ? C’est quoi ça ? Il chantonne devant nous comme si c’était la routine pour lui et descend du dos de la bête sur laquelle il se trouvait. Croisant les bras et nous prenant de haut :

- Alors comme ça on veut s’échapper ? Et d’où sort ce dragon ? Un utilisateur de fruit du démon ?

Je regarde le mec à côté de moi attendant sa réaction. On aurait peut-être dû libérer d’autres prisonniers pour augmenter nos forces. Je me suis laissé emporter avec eux, mais il n’y a malheureusement plus le choix. Je suis là avec eux et retourner en arrière n’est pas envisageable. Je descends du dos d’Izya, regarde d’un air psychopathe la tortue et m’avance vers lui avec des pas rapides. Il a pris sa garde entre temps mais j’en ai rien à foutre, si on ne fait rien, les autres derrière vont se ramener et réduire nos chances de continuer. Il a deux armes en mains et je pourrais faire en sorte qu’il me brise la chaine qui lie mes menottes avec. Je m’arrête sec à un mètre de lui et le fixe toujours. Surpris, il fait un pas en arrière et reviens vers moi voyant que c’était une feinte. C’est à ce moment-là que je feinte à nouveau en faisant comme si j’allais lui bondir dessus. Il recule encore une fois et ça l’énerve bien cette fois-ci. C’est au moment où il veut revenir que je lui saute vraiment dessus le pied en avant. Il bloque mon coup avec ses bras croisés mais ça le fait reculer quand même un peu. J’entends mes deux compagnons s’activer derrière moi. Très bien, il faut se dépêcher. La tortue m’attaque avec ses piques à très grande vitesse. Le premier coup passe dans mes cheveux, putain j’ai failli y passer. Le second coup à la hauteur des épaules que j’évite in extrémis. Le troisième arrive en pleins sur mon torse, je décide alors de dévier son coup, mais je suis un peu en déséquilibre. C’est pourquoi j’utilise mon coude pour taper dans son avant-bras et tourner sur moi-même pour ne plus être à sa portée. Il me charge à nouveau avec une main prête à me transpercer et l’autre en position défensif. Il sait que je peux contrer le salop. Sur mes gardes, j’attends qu’il m’approche pour essayer de le désarmer comme Darkwolf m’a appris. Il bondi sur moi mais au moment de me frapper, il reçois un coup de queue dans le dos qui l’envoie sur le mur à côté. Qu’est-ce que ? C’est Izya qui lui mis sans faire exprès je pense vu qu’elle est en combat avec le monstre aux parties du corps mixées. J’en profite pour jeter un coup d’œil autours de moi et vois l’autre détenus qui attends. Va-t-il venir m’aider oui ?

- Eh l’ancien, aide moi à en finir avec lui avant que les autres se ramènent tu veux ?
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Pas bon. Rien n’est bon dans ce qui se passe là. On perd du temps contre des mecs qui vont arriver toujours en surnombre. À ce rythme là, l’évasion du siècle va se transformer en une pénitence exemplaire. Et merde.
 
Alors que mes compagnons d’infortune se lâchent contre des méchants pas beaux, j’essaie de trouver une issue. Y’a un ascenseur, mais doit être actionné par des gardes. Y reste un escalier. Un escalier qui dans quelques minutes sera inondé de soldats. Se grouiller, faut se grouiller.
 
Le jeune lion m’harangue d’un ton franchement dépréciatif. Va bientôt se faire dominer le bougre. Mais putain pourquoi tout le monde m’a pas écouté ? La sortie, fallait se la faire en mode main mise sur un maximum de nos moyens. Enlever tous nos fers, libérer quelques autre prisonniers pour combattre le nombre par le nombre. La chair à canon, c’est pas censé être nous. C’est la tuile, ces jeunots manquent vraiment de discipline et d’efficacité. Je dirai rien pour la force, pas sûr que je puisse maîtriser la rouquine, même en pleine forme.
 
Une idée. Voilà, faire ça. Je m’allie pour quelques instants avec le dénommé Kan dans le combat avec un des disciples de Ratus. À deux contre un il en chie plus le Red. Vite, vite, attaque moi.
 
SCHLING
 
Le bruit de mes fers qui viennent de se faire trancher par la rougeole bondissante.
 
« Bien joué mon vieux, mais j’entends toujours les voix off qui me disent... Adolph, Adolph, tu cours à la catastrophe ! »
 
Je crois qu’il est barge ce poisson. Vient de répondre à son propre assaut en chantant un truc franchement pas éthique. Prémonition ?
Je le repousse, il esquive, tralala combat qu’il est fort quand même, mais boum on est deux alors on l’envoie derrière rapidement. Pendant ce temps, la dragonne s’est attachée (haha) et a envoyé valdinguer l’engin quadricéphale dégueulasse qui nous emmerdait.
 
« On avance ! Izy, ouvre les cellules au passage , allez ! »
 
Les deux me regardent d’un air d’autoroute, commencez pas à vous disputer le leadership.
L’escalier est proche, les ennemis nous ont presque rattrapés. Voilà quelques détenus qui se joignent à l’assemblée et qui ralentissent nos poursuivants. Sauf que bientôt on en aura encore plus devant. Et ce sera pas des bestioles. Ah si j’avais des flingues je leur montrerai c’qu’on appelle de la poésie balistique.
 
Voilà les escaliers. La tortue bleue refait des siennes. Dis moi blondinet, t’as pas une petite spécialité qu’on pourrait utiliser là ?
 
On commence à descendre. Un fumet de fin du monde flotte autour de nous. Ou alors est-ce peut être l’air qui se réchauffe rapidement. Qu’est-ce que c’est que cette arnaque ? J’ai pas demandé une thalasso moi, diantre.
 
En bas des escaliers, nouvelle stupéfaction. Y’a la triplette de Belleville avec bandeau violet et bâton dans les rouages qui nous attend. On va pas tenir à trois, on va pas tenir.
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Libérer des gars ? Mais j’en ai rien à foutre d’eux moi, je les connais pas…
Bon d’accord.


Du coup, j’les prends pas sur mon dos pour la suite, parce que bon, ça m’oblige à faire pas mal de détour et au bout de quatre grilles pétés, je m’arrête. La morsure de tout à l’heure, c’n’est pas qu’une simple égratignure ne mine de rien, et quand je bouge trop, bah elle se fait ressentir, la vilaine.

Et rien qu’en avançant, ça fait mal. Alors je tente plusieurs trucs pour adoucir la douleur des mouvements, genre moins appuyer sur la patte arrière gauche… Et au final, mon corps trouve tout seul la solution : appuyer sur aucune des pattes. Et dès que je m’en rends compte, je commence à paniquer. Et quand je panique, ça part en schmilblick… Une fois que je comprends ça, je me calme et suis mon instinct.
Bon, c’est pas de la haute voltige, et j’ai pas vraiment le temps de tester tel ou tel truc… On a quand même un bon nombre de garde au cul prêt à nous massacrer…
Mais si je penche une peu ma patte avant… ça fait quoi… ?

Waaa ha ha

Un tonneau… Bon d’accord, j’arrête les conneries.

J’vois Layr et Kan s’enfoncer dans l’escalier qui a l’air de descendre. L’atmosphère se réchauffe, c’est plutôt chouette, j’aime bien. Mais…
AAAAH ! Pourquoi ils sont arrêtés ! AHHH NOON ! Je m’arrête comment moi ! AAAAH !

AAAH

*BING*
*BAM*
*PAF*


Me voici dos contre le dos, étalée de tout mon long. Et tout mon long, j’peux vous dire que c’est pas rien. T’as mes deux compagnons de voyage qui sont sur la grenouille carapaçonnée. Dans l’encadrement de la porte, y’a l’autre tortue du départ qui nous regarde… Apparemment elle se moque un peu de son collègue. En même temps, son pauvre collègue est allongé sur le dos de sa carapace… Pas très pratique pour se relever, toute tortue le sait, ça. Mais une fois qu’elle jette les deux hommes et qu’elle récupère son bâton, elle arrive à se remettre debout en deux temps trois mouvements.

Les deux tortues bloquent l’accès à l’escalier et se mette en position de combat. Ça sent pas bon… Pas bon du tout !
Je me remets en vol, attrape Lion et Layr avec mes pattes et fuit dans la direction opposée.

Mais à peine ai-je le temps de m’éloigné qu’un énorme truc me tombe sur le bout de la queue, me faisant me vautrer une nouvelle fois au sol. La tortue bleue vient de m’atterrir dessus, tandis que la tortue violette, qui vient de propulser sont compère avec son bâton, la rejoint.


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Mais bordel elle vole ! Je suis sur un dragon qui vol ! Jamais de ma vie j’aurais cru vivre ça et surtout pas dans une prison. Malheureusement, ça ne dure pas longtemps. Les tortues sautent sur la queue d’Izya qui retombe au sol. Bien évidemment, je tombe aussi et me prends la tête dans le mur. Le coup me sonne un peu, mais j’arrive à me reprendre rapidement. Ces salops retiennent le dragon, mais ce qui est bien c’est qu’ils sont occupés qu’à ça. Si j’arrive à les renvoyer un peu en arrière et qu’ils la lâchent, nous pourrons reprendre et les distancer même. Je me lève, range mes cheveux sur le côté d’un coup de main et fonce sur les gardiens. Arrivé à deux trois mètres je saute sur le mur pour y faire quelques pas et me propulse sur eux les pieds en avant. Le premier se baisse et m’esquive, par contre le violet lui se prend le coup en plein torse et vol en arrière. Devinez quoi ? Il retombe sur sa carapace mais cette fois-ci sans son bâton. Léo qui tient encore la queue d’Izya veut me mettre un coup de pied pour m’écarter de lui, mais je me recule d’un pas et ce dernier se retrouve en déséquilibre à cause d’Izya qui tire en avant. Il la lâche à son tour pour s’occuper de moi et sors son sabre. Je vois l’autre mec qui est avec nous se préparer à l’avoir dans le dos. Il le choppe d’un coup afin que je puisse en finir rapidement avec cette tortue de malheur, mais lorsque je m’avance cette dernière abaisse son sabre. Je m’arrête in extremis car sa lame passe à deux doigts de mon nez, mais tape dans mes chaines. Le coup casse un maillon mais reste pour autant bloqué sur cette dernière. Je passe son épée sous mon bras pour lui chopper la main et lui hotter son arme. Il se débat mais j’arrive quand même à la prendre à deux mains et décide de lui assener un coup en diagonale en pleine face une fois que mon compagnon me le lance dessus. *SLASH* Une énorme balafre se forme sur la totalité de l’avant de sa carapace, mais aussi sur sa jambe droite, ce qui le fait tomber à terre. Nous en profitons donc pour reprendre la fuite en remontant sur le dos du dragon qui décolle immédiatement.

- Revenez-là, c’est un ordre ! Bon sang mais qu’est-ce qu’ils attendent les autres gardes ? SONNEZ L’ALEEEERTE !! Et toi aides moi à me relever bordel !

Le mec avec nous dit que nous devons descendre plus bas chercher un gars super puissant et nous parcourons l’étage -3. Jusque-là, nous sommes plutôt bien chanceux… j’ai bien dis « Jusque-là ». Pourquoi ? Parce qu’on vient de tomber sur une centaine d’hommes armées de bazooka derrière qui se trouve une grande vache. Surement un autre gardien comme ceux que j’ai vu au -4. Merde, comment on passe maintenant ? S’ils tirent tous sur Izya, je crains qu’elle ne réussisse survivre. Comment faire maintenant ? Le mieux serait qu’on libère les prisonniers de cette étage aussi pour qu’ils puissent les distraire. Je partage donc mon idée avec mes compagnons pour voir ce qu’ils en pensent.

- SOLDATS ! Soyez prêt à tirer s’ils tentent quoi que ce soit !
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Nous sommes les âmes silencieuses
Nous sommes les ares siliceuses.
 
Nous allons défier l’enfer
Nous allons méfier la terre.
 
Nous prenons la foi des justes
Nous prenons la voie des rustres.
 
Nous fuyons les vainqueurs du monde
Nous fuyons la rancœur des rondes.
 
Nous chutons dans l’abysse mortifère
Nous chutons dans la pisse justicière.

 
 



Le conduit d’aération à notre gauche. La seule issue. Une centaine devant nous, un calvaire à l’arrière. Il n’est plus temps de prier, de trouver des alliés qui seraient apeurés par tant d’adversité. J’hurle  pour notre salut, je grimpe sur le talus. Venez, venez, descendons au cœur de ce baptême bouillant, ce soir les anges et les démons vont s’allier dans l’ombre.
Les objets fusent, les hommes exultent. La rage concentrée déboussole nos sens. Nous avons peur, seuls au creux du gouffre de cette vie.
Un geste malheureux, une envolée soudaine. Je suis touché, je suis blessé. Nous sommes trop courts, trop lents. Ma main agrippe le métal hurlant et je lance mes alliés dans le trou sombre qui représente notre seule issue. Avant de les suivre, m’enfonçant inexorablement dans des ténèbres dangereuses, sans savoir qui me rattrapera, sans regarder la meute qui déjà s’est reformée pour nous traquer sans relâche.


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Mer 26 Juin 2013 - 17:39, édité 1 fois
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Nous descendons à une vitesse phénoménale dans ce conduit qui nous entraine je ne sais où. Je peux entendre les échos des voix des gardiens qui sont encore là-haut, mais impossible de dire s'ils nous ont suivis dans les ventilations ou non. Le mec avec nous est blessé et j'avoue qu'il nous a bien sorti de là. Il a l'air un peu bizarre, mais je suis sûr qu'on va réussir à se parler normalement à un moment. Parce que pour le moment, il est dans le jus, stressé à mort et ça se comprend. Il précipite tout et il a bien raison. Nous arrivons à une intersection et sautons d'un côté à l'autre pour continuer notre descente. La température est haute, les odeurs... je les connais. Ce sont celles du -4, je pense qu'on est passé au -4. Soudain, j'entends un cri derrière nous et en regardant j'aperçois une tortue nous suivre. Putain encore ! Mais bordel, ça fait chier de descendre chercher un type en bas. On aurait pu remonter directement et s'envoler avec Izya pour quitter cette foutue prison. J'espère qu'il en vaut la peine le mec en question, parce qu'on prends trop de risque là à descendre comme ça. Dieu sait ce qui va nous tomber dessus en plus.

Une autre intersection, un autre saut. La température chute sec et je n'ai plus l'odeur du -4. Bordel, il caille ! Jamais je n'ai eu aussi froid de ma vie. Est-ce un étage en dessous ? J'en sais rien, mais je crains la fin de ce conduit. Nous allons vite, trop vite et l'atterrissage ne me dit rien de bon. La tortue nous suit toujours allongé sur sa carapace et je n'arrive pas à déterminer laquelle c'est. Arrivé à une autre intersection, je remarque au moment du saut qu'il y a devant nous une grille. Meeerde !! Je m'éclate contre les barrières, le mec avec moi de même... Izya elle arrive juste après nous et enfonce le tout. C'est reparti pour une descente. Je suis écrasé sous la grosse carcasse du dragon et glisse dans ce toboggan géant.

- Izya ! Enlève-toi, j'arrive plus à respirer.

La tortue s'est rapproché de nous et il s'agit de celle en rouge ! Mais où allons nous bon sang ?
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La voie est close. Elle fut faite par ceux qui sont presque morts, et les vers la gardent. La voie est close.

On est en bas. Tout en bas. On a glissé, on a tourneboulé, on s’est cogné. Mais là, ce qui nous a accueilli c’est un monticule de débris.
Izy a amorti notre chute, les grilles d’aération ont ralenti la traversée. Ça fait sacrément mal quand même. La bête rougeoyante encore hébétée au sol doit pas dire le contraire, elle a pas eu de traitement de faveur elle.
Je regarde autour de moi. De l’obscurité pas mal, de la terre et de la roche sur plusieurs mètres. Et un peu plus loin, l’escalier principal. Il a fait frisquette un moment mais on a passé ça, où on est bon sang ? Les escaliers sont bloqués, impossible de s’enfoncer encore dans les ténèbres. Un éboulement ? Mazette.

« On est où ? Réponds. »

Que je menace l’homme poisson.

«  Prisonniers, prisonniers, haha ! Ça groove baby, faut danser le nazi rock ! »


Y défaille, y délire. Je dois pas poser les bonnes questions.

« Où est Tahar ?

- En quarantaine mon pote ! Regarde pas trop bas, tu risques de le louper ! Haha. »


Y serait dessous ? Bordel de merde, qu’est-ce qu’il a encore fabriqué ? Bravo la discipline, l’épine de mon pied va finir par me percer les globes oculaires à ce rythme.

Izya et Lion ont l’air secoués mais pas trop blessés. À chaque mouvement j’entends mon épaule droite se plaindre mélancoliquement. Vaut mieux pas regarder la balafre.

« Les jeunes, va falloir faire quelque chose d’usant. »

Que je balance avant d’assommer temporairement l’ennemi du coin.
Alors j’élabore une ébauche de plan. Faut remonter pour pouvoir redescendre, oui oui je raconte pas de calembredaines. Je dois trouver de quoi faire un trou assez joli dans le tas de crasse matérielle sur lequel on pinaille. Et pendant que je tente de dénicher ce sésame explosif, les autres vont devoir gagner du temps, libérer d’autres prisonniers qui doivent être méchamment plus dangereux vu qu’on a continué à s’enfoncer dans l’abîme. Ça leur plaira sans doute pas je le sais bien, mais sans ça on est condamné, tu peux même séparer le mot en deux que ça sera tout aussi vrai.

Je dis ça mais je sais même pas où je peux chercher. Le niveau au dessus sans doute, le plus proche, avant que les gardes n’arrivent par l’escalier. On a pas le temps, faut agir.
Izy gueule comme à son habitude. Je la connais pas depuis longtemps la gosse mais doit se lever avec un sacré mal de gorge plusieurs fois par semaine.

On file vers l’armée du salut, direction où on pourra. On oublie la douleur, on oublie la rancœur, on réfléchit plus. Les émotions, dans l’action, c’est ce qui te conduit au doute et à l’imprécision. Si j’avais un flingue je me sentirai mieux. En attendant moi j’ai rien mais le blondin a récupéré les deux tridents sympatoches du faux ninja qui doit encore être tout estourbi sur le plancher des vaches.

On arrive au dessus, recommence à faire froid. Une immense porte mène quelque part, j’ai pas l’impression qu’on va trouver quoi que ce soir dans le blizzard qui se dérobe encore à nos yeux. Et la dragonne insiste lourdement pour pas qu’on y mette les pieds. Soit, continuons.

L’enfer de la chaleur. Là où les éruptions bouillantes côtoient les âmes brisées. Doit y avoir quelque chose ici. Quelque chose d’autre que la justice qui va pas tarder à débouler.

Un croisement, pas loin d’un pont, je vois des porcs et des sangliers, le feu et le sang liés. Pas le temps de prier, des portes se dessinent dans le lointain croisement.

« C’est à nous les jeunes, si vous souffrez c’est qu’vous êtes encore vivants. »


Et je m’élance comme un dératé, désarme un sbire pour m’approprier sa gâchette, rigole un brin quand même parce que l’adrénaline faut pas la bouder. J’arrive, j’arrive, je vais la vaincre cette prison, je vais la vaincre et je pourrai rejoindre les archanges au firmament des écrivains ratés, esseulé et médit comme un étang vaseux près d’un lac salé.
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