Ils avaient parcouru du chemin les deux hommes. Ils avaient traversés East Blue. Avaient vogué dans les cales d'une galères. Avaient piochés jusqu'à en perdre les mains trop cloquées, avaient couru des nuits entières sans manger ni rien boire d'autre que les goûtes sèches de stalagmites. Avaient vu la mort les poursuivre jusqu'à enserrer leurs amis. Avaient fui si loin qu'ils s’étaient perdu là où la nature était reine. Avaient rencontré l’horreur, la violence, le sang, et aussi, au gré de quelques tournant, un peu d'amour, d'amitié...
Il y avait ce gamin, qu'avait jamais rien connu d'autre que la misère humaine. Qu'ouvrait les yeux alors qu'il en avait déjà de trop vu passé, de printemps. Il était allé là où il allait pouvoir se construire une vie, là où il trouverait un chez soit, où il pourrait fermer les yeux le soir pour oublier ses années d'horreur. Mais il n'y arriverait sûrement jamais. Chaque jour qu'il se lèverai, chaque geste qu'il ferait, serai empli de ce passé qu'il n'aurait jamais dû connaître.
Ils auraient bien aimé le garder près d'eux, ces étranges hommes. Ils auraient bien aimé le protéger de leurs gros bras. Mais ils ne pouvaient pas. On dit que dans ce monde il y avait une place pour chacun, un labeur pour tout homme. Et le vieillard, lui, il l'avait trouvé. C'était se consacrer à ce petit fils qu'il avait connu et il n'avait pas la place pour un autre, plus la place. Peut-être aussi était-ce un peu de lâcheté, ou peut-être de l'égoïsme... Le monstre, lui, n'avait pas trouvé sa place, et dans tous les chemins semés d’embûche qu'il allait encore rencontrer, dans tous les dangers qu'il allait devoir affronter, il n'y avait pas la place pour un môme.
Alors le vieillard et le Monstre repartirent de l'île du second un peu plus légers. Le cœur un peu plus lourd. Ils mirent les voiles sur une minuscule barque avec quelques provisions. Ils n'avaient pas grand-chose, à peine de quoi tenir quelques jours. Un peu de pain sec, quelques litres d'eau, de la viande séchée. Et c'était tout. Juste ce qu'il fallait pour arriver là où il voulait.
Là où tout avait commencé.
Le vieillard avait son fils à récupérer, une humiliation à oublier. Une ville à libérer de son monstrueux maire. Et le monstre, lui, le vrai. Celui avec son corps immonde, sa gueule affreuse et ses trois mètres de haut, avait un service à rendre à un ami. Ne comptaient plus les autres comptes. Ne comptaient plus l'argent qu'avait perdu le cachalot. Ne comptait plus que cette nouvelle amitié à qui il devait la vie, un peu plus d'humanité, un peu plus d'intelligence et de compréhension de cet étrange monde dans lequel il se devait de vivre.
Lorsque les deux hommes arrivèrent au port, là où seules quelques lumières éclairaient le ciel noirâtre, pas un bruit ne se faisait entendre. Comme si les pêcheurs avaient abandonné leur travail. Comme si les jeunes hommes et femmes ne voulaient plus profiter de ces moments où l'alcool emportait les cœurs le temps d'une nuit. Il y avait juste le silence des clapotis, des vagues venant lentement s'échouer sur les rambardes du port. Malgré le manque de lumière, le Monstre aperçu un sourire aux creux des joues du vieillard. Malgré ce qu'ils avaient à faire, malgré la mort qui guettait les gestes de ces deux hommes, il y avait ce goût du chez soit qui revenait aux lèvres du vieillard. Ce goût unique, qui bombait le cœur de sa tendresse. Qui berçait les pas des hommes comme si les ruelles leur appartenaient, comme si chaque recoin n'était qu'une entité de leurs corps. Oui, il y avait ce bonheur simple de retrouver sa ville dans les pensées du vieil homme, et dès le premier saut sur la terre ferme, sa démarche se fit sereine, heureuse. C'était un bonheur que seuls ceux ayant trop vagabondé, trop loin de chez eux, pouvaient comprendre. Chaque détail de cette ville refaisait surface à l'esprit du vieillard, ceux-là même qui avaient bercé ses nuits de cauchemars comme un abri contre les mauvais esprits.
Il était heureux. Tout simplement.
Il y avait ce gamin, qu'avait jamais rien connu d'autre que la misère humaine. Qu'ouvrait les yeux alors qu'il en avait déjà de trop vu passé, de printemps. Il était allé là où il allait pouvoir se construire une vie, là où il trouverait un chez soit, où il pourrait fermer les yeux le soir pour oublier ses années d'horreur. Mais il n'y arriverait sûrement jamais. Chaque jour qu'il se lèverai, chaque geste qu'il ferait, serai empli de ce passé qu'il n'aurait jamais dû connaître.
Ils auraient bien aimé le garder près d'eux, ces étranges hommes. Ils auraient bien aimé le protéger de leurs gros bras. Mais ils ne pouvaient pas. On dit que dans ce monde il y avait une place pour chacun, un labeur pour tout homme. Et le vieillard, lui, il l'avait trouvé. C'était se consacrer à ce petit fils qu'il avait connu et il n'avait pas la place pour un autre, plus la place. Peut-être aussi était-ce un peu de lâcheté, ou peut-être de l'égoïsme... Le monstre, lui, n'avait pas trouvé sa place, et dans tous les chemins semés d’embûche qu'il allait encore rencontrer, dans tous les dangers qu'il allait devoir affronter, il n'y avait pas la place pour un môme.
Alors le vieillard et le Monstre repartirent de l'île du second un peu plus légers. Le cœur un peu plus lourd. Ils mirent les voiles sur une minuscule barque avec quelques provisions. Ils n'avaient pas grand-chose, à peine de quoi tenir quelques jours. Un peu de pain sec, quelques litres d'eau, de la viande séchée. Et c'était tout. Juste ce qu'il fallait pour arriver là où il voulait.
Là où tout avait commencé.
Le vieillard avait son fils à récupérer, une humiliation à oublier. Une ville à libérer de son monstrueux maire. Et le monstre, lui, le vrai. Celui avec son corps immonde, sa gueule affreuse et ses trois mètres de haut, avait un service à rendre à un ami. Ne comptaient plus les autres comptes. Ne comptaient plus l'argent qu'avait perdu le cachalot. Ne comptait plus que cette nouvelle amitié à qui il devait la vie, un peu plus d'humanité, un peu plus d'intelligence et de compréhension de cet étrange monde dans lequel il se devait de vivre.
Lorsque les deux hommes arrivèrent au port, là où seules quelques lumières éclairaient le ciel noirâtre, pas un bruit ne se faisait entendre. Comme si les pêcheurs avaient abandonné leur travail. Comme si les jeunes hommes et femmes ne voulaient plus profiter de ces moments où l'alcool emportait les cœurs le temps d'une nuit. Il y avait juste le silence des clapotis, des vagues venant lentement s'échouer sur les rambardes du port. Malgré le manque de lumière, le Monstre aperçu un sourire aux creux des joues du vieillard. Malgré ce qu'ils avaient à faire, malgré la mort qui guettait les gestes de ces deux hommes, il y avait ce goût du chez soit qui revenait aux lèvres du vieillard. Ce goût unique, qui bombait le cœur de sa tendresse. Qui berçait les pas des hommes comme si les ruelles leur appartenaient, comme si chaque recoin n'était qu'une entité de leurs corps. Oui, il y avait ce bonheur simple de retrouver sa ville dans les pensées du vieil homme, et dès le premier saut sur la terre ferme, sa démarche se fit sereine, heureuse. C'était un bonheur que seuls ceux ayant trop vagabondé, trop loin de chez eux, pouvaient comprendre. Chaque détail de cette ville refaisait surface à l'esprit du vieillard, ceux-là même qui avaient bercé ses nuits de cauchemars comme un abri contre les mauvais esprits.
Il était heureux. Tout simplement.
Dernière édition par Ishii Môsh le Ven 27 Sep 2013 - 10:07, édité 1 fois