Attack on Titan.


« Tu peux me dire pourquoi s’efforce-t-on de vivre si nous sommes destinés à mourir ? »

Et elle me regardait les yeux tout ronds remplis de larmes, espérant une réponse. Comment lui en donner une quand j'ai peur de celle-ci. Cette question qui me hante au point de pervertir mes jours de sa cruauté. Sa noirceur. Le jour où je pourrais te répondre, mon ange... J'aimerais te... Je serais devenu un grand homme.

***

Soldats, saluez ! ... Bien. Soldats, aujourd'hui est un grand jour pour l'avancée du savoir humain. Les messagers sont clairs. Vous n'êtes pas sans savoir que cela fait longtemps que nous nous interrogions sur les mystères que renferment l'île de Sina, ce presque royaume à l'est de Lynbrook. Cependant toutes enquêtes avaient été interdites par le Gouvernement par méfiance, ces obscures habitants ayant plein droits sur leur terre. Cela aura mis du temps mais le Roi de Sina a plutôt bien aimé les avances du Gouvernement, très intéressé par le patrimoine de son île. On estime qu'elle est là depuis le début, il y a très certainement des vestiges anciens sous terre ou même dans les pénombres de ses forêts. L'homme est curieux dès l'enfance et ça ne change pas même vieux. Une île si grande ne peut pas rester secrète. Vous avez été choisi pour être les acteurs de la première mission d'exploration marine sur Sina. C'est l'occasion de vous faire bien voir en nous ramenant le plus d'informations possibles et d'en apprendre sur le monde qui nous entoure. Et surtout, son histoire cachée. C'est un cadeau du Gouvernement que de vous offrir cette mission et de compter sur vous, rendez vous-en compte et remerciez-le. Rompez !

Et les fiers marines du fier Gouvernement se réjouissent, lèvent les bras, sourient. Quelle bande de débiles. Ils font exactement ce que veut voir le Commandant. Moi, je dis rien. On m'a rien dit. Je me suis pas levé tôt le matin pour entendre que je vais devoir jouer les Dora l'exploratrice sur une île inconnue. Le pire c'est qu'on ne m'a jamais informé d'une telle mission, j'ai un mauvais pressentiment. Très mauvais. Hoy, c'qui m'sort de là, un type qui me donne des p'tits coups de coude tout content. Hm ?

Hey, t'entends ça ? Un cadeau du Gouv !

Je ne suis pas là pour faire des missions d'explorations. Ce n'est pas le travail d'un soldat.  Ils auraient pu engager des civils curieux.

Qu'est-ce que tu dis, on ne peut pas envoyer de civils en terre inconnue !

Pourquoi tu t'obstines à avoir une conversation avec moi, soldat ?

Euh... Ben, en fait, je viens juste de m'engager et puis je pense que c'est bien de se faire des amis et de se créer une sorte d'esprit d'équipe et puis...

Et il continue à déblatérer de la merde sur la fraternité pendant que je châsse les pupilles jaunes au centre de ses deux globes blancs. Elles sont grandes. Plus vulgairement, grosses. Tellement que je peux apercevoir un sentiment, non, plusieurs. Détermination, oui. Joie, sans aucun doute. Et... Tristesse. J'ai beau être sec et asocial, je ne peux résister à une jeune recrue se sentant seule. C'est le premier jour qu'il passe loin de chez lui. Le plus dur, non. Mais un des. Un des.

Très bien, très bien. Je suis le Vice-Lieutenant Kiril Jeliev, soldat.

Et automatiquement, en bon discipliné qu'il est, il se redresse droit comme un pique pour me saluer. Un mètre soixante, crâne rasé, peau intacte, à vue d'oeil, seize ans. Une recrue comme on en voit tous les jours. Mais ses pupilles jaunes...

Je vous prie de m'excuser, Vice-lieutenant ! Je suis Conny Aëger, je viens d'Inu Town à South Blue, monsieur. Je viens juste de réaliser mon premier objectif en m'engageant dans la marine sur Grand Line pour mettre ma vie au service de celle-ci ! Et bien entendu pour les civils, monsieur ! J'ai juré de réduire à néant les menaces que peuvent être les pirates et les révolutionnaires et je ne compte pas briser mon sermon, chef !

Ah bon.

***

Commandant... Votre discours de tout à l'heure ne reflète en rien les paroles rapportées par les messagers. Nos supérieurs nous on dit qu'il se passait des événements plus qu'étranges sur l'île de Sina. Y envoyer des hommes non-informés est-il un choix judicieux ?

Je me le demande mon cher. Mais c'est un ordre qui vient...directement du Gouvernement. Envoyer des éclaireurs presque aveugles... c'est leur idée.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Mar 21 Oct 2014 - 19:03, édité 6 fois
    Dans les dortoirs des officiers-subalternes, j’avais demandé à ce que la recrue Conny Aëger nous rejoigne. Il m’intéressait par son dévouement à la marine. Peut-être que j’avais besoin d’entendre son histoire, qui sait… Tant de foi ne venait pas qu'à la naissance. Et même moi, gradé, j’ai du mal à en avoir autant. Il me suffit de voir un des coups qu’on nous a fait ce matin pour douter. Ce genre de type me les remette dans l’bon sens.

    Dites, vous trouvez pas ça bizarre ?

    Et y a les types comme Harry qui vienne tout foutre en l’air. Harry, c’est mon aminche de longtemps, depuis que j’me suis engagé en fait. On a le même âge et le même caractère. La seule chose qui nous différencie, c’est qu’il est plus expressif. Bon. Et qu’il est putain d’intelligent… J’ai demandé à être avec lui dès mon premier grade d'officier, il m’est indispensable pour pas me perdre comme là j’faisais. Croire en une recrue... Quel vice lieutenant je fais.

    Envoyer autant de soldats pour une mission d’exploration et de détection ? Ils ont mis plus de cinq milles hommes sur le coup. Je sais que l’île est grande mais appeler des marines volontaires des quatre coins du globe… Volontaires, c'est ce qu'ils disent, en plus. Nous on l'est pas et pourtant on y va quand même. Sous ordre.

    Voici que mon ami Conny va intervenir, les sourcils froncés qu’on puisse douter de sa tendre et très précieuse marine. Les poings serrés, il hésite. Parce qu’Harry a la très grande particularité d’être intimidant. Beaucoup plus que moi je ne peux l’être, d’ailleurs. Mais apparemment, l’honneur propre de la marine lui est bien plus précieux que sa vie.

    C’est normal ! Nous sommes en terre inconnue, on ne sait pas s’il n’y a pas de bases révolutionnaires et truands qui profitent de la négligence du Roi pour ses terres et qui pourraient nous attaquer. On ne connait rien des forêts de cette île, monsieur ! Il faut qu’on déploie le plus de force possible pour arriver à nos fins et que le Gouvernement ne soit pas déçu. En espérant collecter le plus d’informations et peut-être même trouver un morceau de l’histoire perdue… Faites confiance à la marine !

    Est-ce normal que nous recevions l’ordre aujourd’hui et qu’ils aient déjà cinq milles hommes prêts à « collecter des informations », soldat ? Est-ce normal que le Roi de Sina réputé pour être très dur à contacter, en deux gorgés de vins frais avec le Gouv soit prêt à nous laisser explorer ses terres ? Il y a toutes les raisons de douter d’une telle opération. Il y a des fois où la marine n’est pas irréprochable, et je pense que…

    Ça suffit ! De toute façon, nous partons demain matin. Au lieu de parler inutilement, dormez.

    Et c’est souvent ceux qui donnent les ordres qui ne les respectent pas. J’y ai pensé mais, je n’ai jamais été mis au courant alors que je mets mes hommes au service du gouvernement et que nous allions participer à cette mission. Le dire aujourd’hui pour demain aussi est bizarre. Je suis certain que ça cache quelque chose. Mais enfin, on nous a fait le coup plus d’une fois. Nous faire aller chercher des révos pour attraper des pirates primés, par exemple. Nous nous en somme sortis. Voyons voir ce qu’ils nous réservent cette fois-ci.

    ***

    Commandant… D’après nos yeux à Sina, la population aurait réduit de 20%. Près de cent milles personnes sont mortes. Je pense qu’il va falloir envoyer plus que cinq milles hommes. Garder ça secret sera la tâche la plus difficile.


    Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:06, édité 3 fois
      Le tôt, déjà. Il doit être quatre heures. Le soleil n’est pas encore levé, je me sens faible et fatigué. Mais l’habitude. On court vers le dehors pour que le sergent chef n’ait pas besoin de gueuler et on se met en rang. Même avec ça, il trouve quelque chose à dire. Faut croire qu'il n'y a que sa grosse voix qui le caractérise. Qu’est-ce qu’on voit… Des milliers de bateaux. Bien plus que pour cinq milles hommes. Harry me lance un regard anxieux. Il sait qu’il a raison. Par curiosité, je tourne mon visage pour châsser Conny. Hm… La motivation dans ses yeux et son poing levé me ficherait presque les chaleurs. Il a négligé tout ce qu’a dit Harry hier. Il reste fidèle à son idéologie comme si on l’avait endoctriné à la naissance.

      Dans le plus grand silence, on embarque. Encore une fois j’ai quitté Lana. Si elle savait combien je l’aime, si elle savait combien ça me déchire le cœur de devoir partir faire ces conneries au lieu de passer du temps avec elle. La rassurer, lui dire qu’elle est la plus jolie, que j’en aimerai jamais d’autre. Et c’est vrai, ça. C’est quand je pars me tasser dans ce genre de bateau que je m’en rends compte et que je regrette de ne jamais lui dire, tout ça. Hm.

      Chaque bateau forme un bataillon d’exploration, drôle de nom, hein. Nous le notre est le plus puissant. Pas parce que j’y suis mais parce qu’on est dans le groupe du Commandant Gerard. Un homme que je respecte, un sage qui a offert maintes fois sa mort pour le bien des autres. Que ce soit marine ou civil. Pour lui, il faut une raison de tuer sinon on ne fait rien. Et sa raison… c’est la vie des innocents. Nous sommes en compagnie de ses troupes, donc. Ils sont venus de la première voie pour cette expédition, n’empêche. Encore un truc de bizarre.

      Pourquoi vous vous êtes déplacés de si loin ?

      Il répond sans sourciller, sans s’étonner. C’est peut-être ça qui est le plus étrange. Comme s’il s’était préparé aux questions. Jouons à ce jeu alors.

      Le Gouvernement affirme qu'à l’île de Sina nous retrouverons une partie de l’histoire perdue. C’est quelque chose qui a le pouvoir de changer le monde, mon vice lieutenant. Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. Nous nous devons de retrouver la nôtre.

      Ceci n’explique pas la vague de soldats enrôlés dans ce périple. Il y en a beaucoup trop à mon goût.

      On se prépare à tout. Les coins où nous avons retrouvé des morceaux de l’Histoire grouillaient d’obstacles. Cette mission doit être un succès. A tout prix.

      Quel prix ?

      Enfin, je vous trouve bien agressif, vice lieutenant. N’oubliez pas que vous vous adressez à un supérieur.

      Bien sûr, excusez-moi mon commandant.

      Mais il ne répond pas. Il a fait exprès… d’éviter cette question. Ma tête balance vers Harry. Il a un regard inquiet, et j’ai senti sa pomme d’Adam remonter. Toujours ce mauvais pressentiment. Conny, lui, pose des questions en tout genre au Commandant. C’est vrai que c’est un homme qui en a vécu, des choses. On peut même dire qu’il a eu plusieurs vies dans la sienne.

      Et toi Conny, raconte nous la tienne d’histoire. Tu m’as dit venir de South Blue, pourquoi t’es-tu engagé dans la marine et pourquoi tu as atterri ici, sur la troisième voie ?

      Ah, vous me gênez vice lieutenant… Surtout devant un commandant comme monsieur Gerard. Et bien je pense avoir une histoire banale semblable à celle de Luffy sauf que moi je voulais devenir Marine. Je suis de la ville de Chôm à Inu Town. Il y a beaucoup de voyageurs qui y viennent car la ville est réputée comme étant une petite bourgade sympathique avec les étrangers. J’ai grandis dans les contes et histoires fantastiques mais elles étaient souvent racontées par des pirates. Puis un jour un marine est venu et nous a montré ses cicatrices. Il a dit « Celle-là, c’est quand j’ai sauvé une petite fille d’un cyclone. Celle-ci quand j’ai libéré une ville d’une dictature. Celle-là, c’est quand j’ai réussi à dégager une mère de famille et ses enfants d’un pilier en feu les bloquant. » Ce n’était pas seulement une histoire ! Il les avait gravées sur sa peau… Des cicatrices comme des trophées. J’ai longtemps parlé à ce marine et il s’est finalement éteint l’été de mes quinze ans. Il m’a demandé de ne jamais laisser quelqu’un mourir, qui qu'il soit. Il m’a dit que sauver des vies, c’était ça la fierté d’être un marine. Moi, je le crois…

      Une belle histoire bien différente de la mienne. Le commandant est fasciné, Harry calmé. Ce gamin, dans ses yeux… Ce n’est pas des regrets ni des souvenirs tristes. Mais l’avenir. Il est unique, il ira loin. Assurément. Dommage que ce ne soit pas ça, la vraie marine. Ils ne pensent pas tous comme lui. Et le Gouvernement n’a jamais été cité dans son histoire. Le frein n’a jamais été cité… Parce qu’il annulerait toute la beauté de celle-ci. Mais je le laisse à ses rêves et affiche un sourire d’admiration. Je fais semblant aussi de m’intéresser aux questions que le Commandant pose à Conny. « Qui est ce marine ? Il mérite la médaille de l’instruction ! » Tu parles…


      Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:14, édité 3 fois
        Même pas un pied à Sina que tous les supérieurs forment les groupes. Il semblerait que les bateaux se soient éparpillés pour se répandre sur tous les flancs. Nous, nous sommes au Sud. Je ne saurais dire combien de marine posent pieds de ce côté-là, à droite, à gauche, encore à droite, encore à gauche. Nous avons la chance d’avoir le commandant avec nous, réputé pour son sens tactique et ses capacités à créer de bonnes formations. Une équipe de détection au sein de notre groupe a été faite au cas où nous aurions des ennemis, une équipe de communication reliée à tout le monde et ceux qui vont faire les rapports, nous. J’ai choisi de prendre Conny avec nous. Je ne sais pas pourquoi… Il y a Harry aussi, le Commandant et ses hommes. Nous possédons tous plusieurs signaux de détresse de couleur. Le Vert, succès, le bleu, quelque chose approche, le rouge, repli et… le noir est « on ne peut pas expliquer mais venez nous aider ». J’en ai conclu que cette île n’était pas maîtrisée et qu’on ne savait rien du tout de ce que pouvait bien abriter ces immenses plaines et forêts. Car en effet, avant d’atteindre une ville il nous faudra un bon jour.

        L’île de Sina en fait peut être décrite comme étant un Royaume. Elle se situe au nord-est de mon île natale, Lynbrook. On ne peut pas comparer les deux, mon île natale doit faire la taille d’une demi-ville de Sina. Nous formons d’ailleurs cette formation en escadron avec des chevaux compétents qui sortent de plusieurs bateaux eux aussi… D’où le nombre. On estime que la plaine avant une ville s’étend sur cent ou deux cents kilomètres. Le commandant est pressé d’en atteindre une alors qu’il fait pourtant bien jour et que nous pourrions commencer directement ces fameuses recherches. Je n’ose pas poser la question vu mon insolence durant le voyage en bateau mais Harry peut se permettre de le faire.

        Les plans ont changés ? Pourquoi nous n’allons pas chercher les vestiges de l’ancien monde ? On a pourtant du temps.

        Il est clair que nous sommes l’escadron le plus important du bataillon. Nous devons établir un contact avec le roi ou un intendant.

        Comme d’habitude, ton sec et pourtant mesuré, cadré. Parfait. Il s’est préparé aux questions, ça ne fait aucun doute. Qu’est-ce qu’on cherche à nous cacher...
        Nous partons la boule au ventre de peur que les ténèbres nous frappent dessus.

        Puis, je prends le temps de m’intéresser à l’environnement. Les arbres sont étonnamment gigantesques. Il n’y a aucuns champs de blés ou maïs malgré les ressources incalculables. Et surtout, au loin, on peut apercevoir un énorme mur barricadant les villes.

        Quel étrange continent…


        Après plusieurs heures à cheval, le mur ne cesse de grandir. Pour l’instant, aucuns signaux des équipes de communications. Ni des autres. Car les formations sont pareilles pour tous les escadrons du bataillon d’où nous provenons. Et si une seule de ces équipes, même à vingt kilomètres lance un signal, les flancs est, ouest et sud seront en mesure de le voir. Alors tout doit bien se passer. Tu t’inquiètes pour rien, pauvre débile. Devenir marine n’était donc pas ton rêve ? Comme Conny ? Pourtant plus le temps passe moins tu y mets de motivation. C’est l’amour, c’est ça ? Tu penses encore à elle.

        Oui, tous les jours je ne cesse de survivre pour ne pas la laisser seule. Mais j’essaie de ne pas y penser alors moi, dans ma tête, je te donne l’ordre de te la fermer.

        Mais tu ne veux pas que je cesse. Tu ne pourrais pas effacer son visage de tes pensées ne serait-ce qu’un instant. C’est trop dur de ne plus la voir. Elle est…parfaite. Cet ange.

        Vice lieutenant Jeliev ? Regardez en avant, la tête de votre cheval ne vous donne pas la direction !

        Je ne veux pas voir. Je ne veux pas voir car je vais constater un élément encore plus bizarre qui va me faire douter de la marine, du commandant, de l’escadron, de tous les putains de supérieurs qu’il y a sur cette foutue île.

        Pardon mon commandant.

        Mais voilà, je la relève ma tête, puisque c’est ça que tu veux. Et maintenant explique moi pourquoi personne ne cultive rien ici ? Pourquoi il y a des ruines qui ne font pas parties de ta foutue histoire perdue mais plutôt de maisons modernes où des gens avaient l’air de vivre jusqu’à très peu vu les dégâts ? Dis-moi pourquoi tu nous prends pour des débiles ? Que tu te sers de gens innocents comme Conny pour alimenter le « rêve marine » ? Pourquoi tu lui fais croire que vous êtes tous de parfaits servants et gardiens de la paix alors que c’est impossible qu’il n’y ait pas quelque chose qui se cache derrière cette putain de cité. Pourquoi on nous la fait visiter aujourd’hui ? Pourquoi nous ? Pourquoi quelques dix milles soldats pour desputains de lettres que vous pouvez même pas déchiffrer ? Même pas capable de mentir correctement commandant !

        Nous avons bien avancé. Les paysages sont magnifiques.

        Harry se retourne brusquement, il sait que je mens… Et là, il voit ma tête. Et a peur. Très peur.

        ***

        Ils sont arrivés commandant. Encore rien, apparemment. Vous pensez qu’ils se sont introduits dans la ville ?

        Evidemment si personne n’a tiré le moindre signal de détresse. Gerard doit arriver vite…

        Comment vont réagir les soldats quand ils vont apprendre...



        Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:22, édité 2 fois

          « Et pourtant quand tout va mal, c’est tes yeux que je cherche. »

          Je l’aime. Je l’aimerai sans doute une éternité. Et ce sera trop peu pour vider tout l’amour que j’ai en moi, rien que pour elle. Je ne lui souhaite que le meilleur, que le meilleur, que le meilleur. Je prendrai tous tes malheurs, tous tes pleurs, toutes tes peurs et je les enfermerai en moi. C’est ce que j’ai toujours fait. Avec ces yeux.

          Jamais je ne te laisserai seule.


          ***

          Kiril…

          Alors j’en ai assez d’être pris pour le dernier des imbéciles. Et monsieur le commandant, je vous prie, monsieur de m’excuser pour ce que je vais vous demander mais jurez moi, ô jurez moi que vous ne nous emmenez pas à une bataille contre ce peuple ?

          Je vois.

          Jurez-le sur votre engagement !

          Je le jure mon soldat.

          Il ne ment pas. C’est d’accord. Je mets au galop mon cheval, prends la tête du groupe et donne l’ordre d’accélérer. On a une ville à atteindre. Je suis maintenant sûr de revenir sain et sauf, Lana. Et je fais confiance à cette vermine. Tout ça n’était que de la paranoïa. On a vécu beaucoup de choses traumatisantes en tant que soldat.

          Si ce n’est pas contre ce peuple, commandant, c’est contre quoi ?

          Harry ? Soudain, un frisson. Une boule au ventre. Mais oui ce n’est pas nécessairement contre le peuple de Sina bien que leur barricade puisse présager le contraire. Mais contre autre chose. De l’extérieur ? Mais soudain, la recrue qu’on avait plus entendu depuis le bateau intervient, apparemment énervé. Irrité.

          Cessez messieurs de poser des questions inutiles au commandant ! Il est… Nous sommes tous autant que vous préoccupez par ce qu'il se passe sur cette île ! Il y  a des ruines de partout, on sait. Un grand mur qui barricade l’intégralité de la cité, on sait ! Vous pensez que vous êtes les seuls à avoir des yeux, ici ? Vous pensez que nous n’avons pas remarqué ces énormes forêts dépassant une tour ? C’est vous qui vous croyez intelligent et nous prenez pour des débiles! Mais le Gouvernement a pourtant été clair. Cette île existait au commencement… En quoi c’est bizarre de voir ce genre de chose ? Nous savons tous que le Roi de Sina est quelqu’un de détestable et qu’il n’a jamais voulu partager ses biens, sa culture ou autre ! Jusqu’à aujourd’hui. Et c’est une aubaine pour notre histoire. Les champs doivent être derrière ce mur. Ecoutez... Tout ça est possible grâce au gouvernement alors arrêtez de douter et de perturber monsieur le commandant !

          Hn… Peut-être que Conny a raison. Nous nous comportons comme des gamins affolés. On en a vu. Harry s’est tu. N’ayant rien à dire. Tout le monde s’est tu. Le commandant n’a rien dit et nous sommes repartis au galop. Pas de quoi t’inquiéter, Lana. Une mission débile, encore. Je reviendrai, encore. Toucher ta peau d’or, baiser ton front quand tu dors. C’était pour la rime. Allez.

          ***

          C’est enfin… arrivé Commandant. Ils ont lancé les signaux de détresse…


          Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:26, édité 2 fois
            Le mur n'est plus très loin. Une petite forêt à passer et nous y sommes. La nuit ne va pas tarder à tomber mais les chevaux sont exténués. On ne peut décemment pas garder la même cadence. On se voit donc forcer de ralentir si on ne veut pas qu'ils ne nous lâchent. L'air est frais, on est confiant. Foutue mission... J'aurais pu faire mille choses chez moi qui m'aurait paru être lumières et miracles. Alors que ça.

            La nuit vient. J'entends les gargouillement de mon ventre se mêler à ceux des autres. L'eau dans les gourdes nous avait coupé la faim mais on savait que ça ne durerait pas indéfiniment. Dans tous les cas le meilleur moyen de ne pas avoir faim, c'est de se nourrir soi-même. Par l'esprit. De pensées, par exemple.

            Je pense. Alors. Je regarde le ciel bleu foncé me défier. Le croissant de lune est si visible qu'on se demande si on peut l'atteindre. Il illumine tellement aussi. J'y pense depuis un bout de temps, en présence du feuillage des arbres et de la végétation plus que menaçant, ...d'accord pour que les agricultures soient à l'intérieur de la barricade mais...on ne peut pas faire disparaître la faune comme ça, non ?

            AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH


            Merde, un cri puis tout de suite après un signal... noir ? Pourquoi est-ce que... le commandant se met au galop mais toujours tout droit ? Pas en direction du soldat qui nous demande de lui venir en aide ? On a demandé de lancer ce signal en cas d'extrême urgence et AAAAH, un autre ? Il vient du flanc est. Mes oreilles sont malmenés par les cris. Je me demande ce que peut bien être la chose qui mène à envoyer ce signal de détresse.

            Que faites-vous mon commandant ? On va les aider !

            Pas question ! Nous sommes presque arrivé à la ville !

            Qu'est-ce qu'il se passe mon commandant ?!

            Suivez moi, c'est un ordre ! Osez désobéir et je...

            NOUS ALLONS VOIR CE QU'IL SE PASSE ET SAUVER NOS CAMARADES. QUI EST MARINE ME SUIVE !!

            Étrangement, cette fois, Conny ne défend pas le commandant. C'est sûrement en rapport avec ce qu'il nous a raconté sur la vie d'une personne. Je sens aussi que les chevaux ont récupérés un peu de leur vitalité mais qu'ils s'efforcent à ne pas galoper à pleine vitesse. Je sens qu'ils ont peur de ce qui se cache, là bas... Les signaux de détresse noirs fusent. Aucune bonne nouvelle. Ce que je vois défile devant moi pour aller se terrer dans un coin de ma mémoire mais une fois arrivé ce que j'ai vu... je ne l'oublierai jamais.

            ***

            Les résultats de cette mission suicide nous seront bénéfiques, mon commandant.

            Suicide ? De quoi parlez vous ? Le Gouvernement espère une victoire des marines. Expliquer la mort de dix milles hommes serait un poil décrédibilisant... et un poil difficile.

            Oh, je vois. Ce sont donc dix milles soldats pour cinq cent géants. Nihihi, je ne voudrais pas être à la place des officiers chargés de superviser l'assaut.

            Une bande d'enculés. Que sont-ils à part ça ?!! Comment je peux décrire ces merdes autrement ? Sont-ils humains ?!! Ils savaient tout ! Le commandant qui nous a fait son beau discours de pacotille, le commandant Gerard, nos supérieurs ! Et là vous voulez savoir ce que je vois ? Des marines se faisant bouffer par des saletés de géants dégueulasses ! Depuis quand les géants bouffent les humains ! Regardez moi ces corps graisseux. Ils sont nus, ont une énorme tête avec la langue à l'air. Des yeux immondes plein d'admiration pour ce qu'ils font, de désir de décortiquer nos camarades. Pour la plupart ils tiennent dans leurs mains un bras ou une jambe de soldat et l'avalent sans même se servir de leurs hideuses dents. Il y en a trois et aucun de notre groupe de détection n'a réussi à en immobiliser un seul !

            Quels sont les ordres, connard ? Que faisons nous ? Co... Où est Conny ?

            Conny !!!

            Le petit n'a pas cherché à réfléchir et s'est élancé épée en main sur un pour lui trancher la jambe. Son cheval va le lâcher, je le sens. J'y vais ! J'y vais et je suis bientôt meneur d'une troupe de guerriers près à réclamer vengeance. On ne pourra même pas... Même pas prendre les foutus restes d'un corps pour le présenter à leurs familles ! Vous nous avez envoyé à la mort ! Sans réfléchir, je m'arme de mon fusil et m'équilibre sur mon cheval. Je vise l’œil. Cinq fois. Harry est au sabre sur un autre géant, m'inquiéter pour lui ? Jamais normalement mais là nous parlons bien de bouffeurs d'hommes ! Conny où tu es ? Il est là ! Il essaie de sauver un homme prisonnier des mains de ces monstruosités mais celui-ci essaie de le chopper. Au dernier moment il saute et finalement c'est le cheval qui se fait littéralement écraser par le géant. Tu ne peux pas faire ça seul Conny. J'y vais. Je m'empresse d'aller au secours de cette débile de recrue et je tire je ne sais où mais je tire jusqu'à ce que la bête soit par terre. On récupère le soldat. Sûrement le seul survivant de ce massacre. Bilan... Énormément de pertes pour trois géants de morts.

            Je me retourne vers le commandant qui avait abattu le premier géant dont j'avais troublé la vue. Mon aura devient noir ainsi que l'expression de mon visage. Celle des autres aussi.

            Je vais vous tuer... Je vais réellement vous tuer.


            Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:35, édité 2 fois
              Devant moi, quelqu’un que je respectais alors vient de passer au stade de sous merde, de raclure, de pirate. Des assassins, voilà ce qu’ils sont. Ce sont des pirates. Et quand un pirate est sur le point de tuer une femme, un homme, des hommes… Des soldats. On ne le laisse pas faire et on le tue. J’allais réellement le tuer. Un couteau, ma vision, son cœur. Non pas seulement son cœur, son cou aussi. Ses yeux. Il faut qu’il souffre, il doit souffrir. Il veut nous tuer, il doit souffrir !

              Calme-toi Kiril ! Faut qu’on se casse de là. Lance le signal rouge !

              Oui, putain. Oui, évidemment. Le signal rouge… Je le lance et on partira, on se cassera de cette maudite île. Et adieu la marine… Oui. Lançons le et les soldats seront sauvés, hein. Sauvés. Mais le signal, sa couleur est … Verte ? Verte ??? Putain non c’est pas possible ils ont dû se tromper !!! J’essaie le vert alors, c’est…vert. Le bleu alors !!! Il est comment ? Bleu. Le …

              LANCEZ TOUS VOS SIGNAUX DE DÉTRESSE ROUGE.

              Ils s'exécutent. Tous. En même temps. Et le spectacle, de part sa simplicité, est tellement violent, si…déchirant. Je ne peux pas bouger. Seules des larmes coulent sur mes joues. Les signaux sont tous verts…  Il n’y a jamais eu aucun signal de repli. Jamais on a voulu que l’on parte de cette île. Je me retourne encore une fois vers le commandant Gerard mais son air dépité me rappelle que s’il y a quelqu’un qui a perdu le plus ici, c’est…

              Conny ?

              Se rendre compte que ce en quoi on a cru pendant des années, ce qui a alimenté nos rêves, notre jeunesse, que tout ça c’est faux... Ses pupilles ont perdu de leur lueur féline. Il est pétrifié. Son visage est posé sur le commandant. Il est comme une statue, comme si sa vie lui avait été enlevée. Puis il refuse.

              Non… Non… Ce n’est pas possible. Nous, marines, devons sauver des vies. Nous devons… rendre son sourire à un enfant, son bonheur à une famille. Jamais nous… délibérément nous enverrions nos soldats à la mort. Non… La marine est un symbole de paix et d’honneur. Une fierté pour nous qui la chérissons… De toute façon on ne peut pas se replier ! On doit sauver les habitants de Sina d'une manière ou d'une autre. Ne soyez pas égoïstes !

              La vérité est toute autre. Il est désormais perdu. Penses-tu qu’il va croire en quelque chose qui vient juste de se produire ou en ce quoi il a cru pendant toute son enfance, ce pourquoi il s’est engagé et a juré fidélité à cette marine ? Il choisit la réponse B. Et nous gueule de ne pas se replier.

              Comment une vie peut-elle être sacrifiée… ON DOIT LES SAUVER !
              Mais moi, je dis non.

              Allons retrouver les bateaux. Conny montera sur mon cheval… Nous n’avons malheureusement pas le temps de prendre et d’identifier les corps. Je pense aussi, que vu les circonstances, c’est impossible. Nous les laissons ici et nous partons. Maintenant.

              ***

              Commandant. Nos yeux nous disent qu’il semblerait que certains soldats auraient découvert le pot aux roses au sujet des replis.

              L’équipe de Gerard ?

              Précisément. Ils reviennent au point de départ. S’ils savaient ce qui les attendaient…

              Les chevaux sont  avec nous. Ils galopent avec plus d’entrain qu’à l’aller. Comme s’ils se sont toujours méfiés… Eux aussi veulent partir le plus vite possible de ce royaume maudit. Je t’en foutrai des histoires perdues. La seule perte constatée, c’est celle d’une vingtaine d’hommes. Nous ne pouvons même pas identifier leur nombre et leur position, à ces bêtes sanguinaires et maléfiques. Le commandant refuse de parler, son visage ne montre aucune émotion qu’il me ferait presque peur. Mais non, ce soir la peur je l’ai eu devant ces abominables massacreurs d'humains. J’ai quand  même remarqué pendant mes combats qu’aucun des trois ne semblaient avoir de système digestifs. Ils étaient tous plus ou moins obèses et c’est grâce à la lenteur qu’on a pu les maîtrisé si facilement. Cela voudrait dire que les ruines dévastées… Ne me dites pas que ces plaines désertes, ces animaux disparus… Ont été dévoré par la menace géant ? Il y avait autre fois une ville ici-même ?

              Non… La marine est faite pour rétablir la paix… Nous sauvons des vies… Nous devons sauver des vies. Vous ne pouvez pas vous replier !

              Et ça fait bien longtemps qu’il murmure la même phrase dans mon dos, comme ça. Voler ses croyances à un homme est quelque chose de terrifiant…

              Depuis le bateau, personne n’a dormi et pourtant je ne ressens pas cette fatigue. Ce besoin. A chaque fois que je contemple le paysage, une question que je me posais tout à l’heure trouve une réponse. C’était quand même un plan stupide de la part du gouvernement. Plein de failles. Et pourtant… C’est grâce aux mots du gamin que j’y ai cru. La persuasion existe vraiment, alors. Vivement que l’on rentre. Mais il y a  une chose à laquelle je pense. Pouvons-nous laisser tous ces soldats mourir ici ? Non ! Non… Que dis-je. Ils vont aussi avoir le réflexe de retourner aux bateaux. Ce sont des soldats après tout, ils savent que quand la situation est difficile, on doit se replier. Ils le savent évidem….

              Et devant moi, une mer des ténèbres. Non, ça ne me dérange pas qu’elle soit noire comme l’ébène, ça ne me dérange pas qu’elle me crie de fuir, qu’elle me demande milles excuses. Rien de tout ça ne me dérange. Ce qui coupe le souffle de tous mes hommes, c’est le fait qu’elle soit vide.
              Les bateaux, notre seul moyen de sortir de cet enfer… Ils ont disparus.

              On nous retient prisonniers... Les personnes derrières tout ça souhaitent réellement notre mort.


              Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:55, édité 2 fois
                Des regards vides, des doigts tremblants, du sang sous les ongles et des cœurs qui vibrent lentement. C’est ce que j’ai en face de moi. Des soldats qui crachent sur leur insigne pour ceux qui ne sont pas totalement mort. Les autres ? On leur a retiré la vie. Nous sommes tous morts, ici. Ici, c’est là que nos souvenirs resurgissent. Ils se demandent… Mes hommes se demandent ce qu’ils ont fait. Pourquoi est-ce qu’ils se sont engagés, pourquoi au moment décisif ils ont signé pour oublier leur famille et la souffrance que celle-ci peut avoir ? Savoir qu’un frère, qu’un fils, qu’un père est entrain de donner sa vie pour un gouvernement qui n’en a que faire. On signe pour faire du mal. Tuer des criminels et tuer notre propre famille.

                Le commandant Gerard n’a plus les mêmes yeux, d’un coup. Pourtant, comme nous autres il regarde l’océan, les vagues, l’horizon d’éternité au loin. Très loin. Toujours, il le sera. Mais sa figure jusqu’à maintenant figée reprend un peu de vie. Un peu.

                Ecoutez soldats… Hommes… Si nous sortons d’ici c’est que nous avons accomplis notre devoir. Et…

                HORS DE QUESTION NON ! Je veux partir, vous les avez vu ?? Vous avez vu leur effroyable tête ? Vous les avez vu bouffer Jeff, Commandant ?? Je veux partir ! Vous n’êtes pas quelqu’un à qui on peut faire confiance désormais !

                Allez-y. Peut-être qu’à la nage vous atteindrez Lynbrook. C’était une mission secrète, en effet. La situation ici se dégradait et se dégrade toujours. Les deux barricades ne sont pas là pour faire jolies, messieurs. Ces géants ont toujours vécu ici. D’après l’histoire du royaume, les humains et les géants se battent à Sina depuis la nuit des temps. Les habitants de l’île ont même faillit être exterminés jusqu’au dernier. Ils ont donc construits ces murs… Mais il y a quelques semaines nous avons appris qu’une brèche avait été faite. Sachez qu’avant il n’y avait non pas deux murs. Mais bien trois. C’est un cinquième de la population qui a été réduit à néant. Tout à l’heure nous avons pu voir ce qu’il en restait. Cette mission avait pour but d’éviter à une population de s’éteindre et à ces géants de s’étendre.

                Et ne pas nous prévenir était le meilleur choix, évidemment.

                Pourquoi ne l’avoir tout simplement pas dit ?

                Nous pensions être capables de maîtriser la situation. Le nombre, c’était pour les pertes. Puis les géants… Il doit y en avoir cinq cent. Nous voulions terminer les choses au plus vite. Et puis il y avait aussi le risque que plusieurs soldats refusent. Voir des centaines.

                Ils pensaient être capable de maîtriser la situation.

                Alors, dans votre petite salle de réunion, vous avez fait un café-canap tranquille devant un diaporama, vous avez discuté à comment faire pour éviter de buter des milliers de soldats, hein ? Juste un petit peu, hein ? Et puis vous vous êtes dit, pas grave s’ils n’ont pas le temps de dire au revoir à leur famille, on leur enverra une lettre et de l’argent ?

                Je suis désolé…

                Il était désolé. Hein. Désolé ? Oui parce que c’est désolant, des types qui meurt comme ça. Ils pensent devoir trouver des vestiges de merde et puis non ! C’est un géant qui leur tombe à la gueule. C’est désolant, ça. Hm. Une larme, tiens. Une goutte.

                Nous… Qu’est-ce que nous faisons ici ? En tant que marine nous devons en sauver le plus possible ! Nous devons aussi sauver le peuple. Vous avez dit qu’il y avait une brèche ? Ils doivent tous êtes attroupés sur le deuxième mur. Ils font plus de cinquante mètres, c’est ça ? Chaque seconde que nous perdons c’est un camarade qui peut mourir. Je me fous de savoir qui me suit, moi, j’y vais.

                Conny… La chaleur de ses yeux était revenue. Et pourtant ils brillaient d’une lueur éteinte. Je voyais la rage, certes, mais aussi beaucoup de douleur. Il était sérieux. Il voulait sauver le peuple. Rester ici à parler à un être aussi humain que ces mangeurs d’hommes ? Attendre doucement que la camarde vienne me chercher ? Très peu pour moi. C’est vrai, Conny. Je te suis.

                Harry te suit, aussi.

                Gerard te suit.

                Une dizaine d’hommes te suivent.

                On ne peut pas qualifier de lâches ceux qui restent. Ils avaient des vies. Avant. Mais tu as un don, soldat. Dans des situations comme celle-là, on a juste envie d’avoir le silence pour mourir. Et pourtant, tu nous as donné une raison de nous battre. Derrière ces murs, il y a des habitants affolés, qui attendent sûrement qu’on vienne à leur secours. Nous te suivons, soldat. Un jour tu obtiendras ce que tu dois obtenir. Un titre. Tu seras un Amiral respecté, tu auras des cicatrices qui prouveront que tu as sauvé des vies. Un jour.

                En fait, commandant. Si nous sommes proches de la mort, faites attention à votre cou. J'admets que mon dernier souhait serait de vous tuer.

                ***

                Nous avons perdu presque tout le flanc ouest. Incapables... Si ça continue comme ça, la mission sera un échec.

                Je mise une liasse sur un retour du sud. Une fois sur les plaines près du deuxième mur, ils verront les géants entassés à l'est. Espérons.

                Ah, j'attendais qu'on parle d'argent. Et bien moi, je mise cent liasses sur leur défaite.


                Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 20:51, édité 1 fois
                  Il s'est passé des choses et on en est à là.

                  ON A PERDU LE VICE LIEUTENANT !

                  Enfoiré de Kiril. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Tu me laisses seul avec un cinglé et Conn… Tu me laisses seul avec deux cinglés. Tu m’auras pourri la vie jusqu’à ton dernier souffle. Tu te souviens ces jours à passer la serpillière, à faire la guerre à la poussière ? J’ai toujours regretté ces jours. Je déteste la nostalgie. Un peu comme je te déteste. Aminche, tu dis, hein. On ne s’aimait pas. On aimait pas l’amour. Et moi, j’aime ni l’amour ni la nostalgie. C’est un sentiment que je déteste. J’ai l’impression d’avoir raté ma vie, oui, elle est ratée. Regarde où je suis. En face d’un énorme titan. Sa bouche est remplie des corps de mes camarades. Dont… Le tien. Et ça ne me ressemble pas, mais je tremble. Mes jambes, mes mains, mon épée. Une épée volée, en plus. Nous aussi, on était des saletés de marines.

                  Faut dire que ces connards ont tellement profité de nous qu’on a voulu profité des autres. De nos droits, de notre uniforme. D’ailleurs on le portait qu'quand on cherchait à avoir quelque chose. Aujourd’hui, je l’ai sur moi. Si je dois mourir, ce sera honteusement. Parce que je t’ai laissé y aller avant moi. Pourtant je t’avais bien dit que je voulais franchir tout pays avant toi. J’ai juré, y a pas longtemps. Va falloir que je paie une tournée à toute l’équipe. Et à toi. Dans l'au delà. En attendant, je peux mourir en ayant refusé de porter leur truc, non ? Qu’il y ait une dizaine de titans cherchant à me bouffer depuis tout à l’heure ? Ah, ça…

                  Redingue enlevé. Phalanges craqués. Prêt au combat. Hey, merde, j’ai une épée, pourquoi que j’craquotte mes poings ? L’habitude, hé. Hé, c’est moi qui disait ça, le hé. Tu me l’as piqué. J'ai peur. Les types à côté de moi se font prendre un par un par les grosses mains dégueulasses des choses. Ils les décortiquent souvent avec leurs mains et parfois avec leurs dents. J'préfère la deuxième méthode car j'ai pas à voir le sang gicler sur ma tronche. Pas le choix, il faut que j'en tue.

                  La lame, elle est pas très grande. Mais elle en a bu du sang. J’crois bien qu’elle aime ça, en plus. Alors on va taire sa soif, là. Déjà, j’vais commencer par trancher la tête du grand qui ressemble à gandhi. J’m’appuie sur le val-che et j’saute pendant qu’lui tombe. Là dans les airs, j’brandis l’épée et la pointe pour qu’elle atteigne son entre yeux. Toi t’as jamais aimé ce genre de trucs, les lames. D’ailleurs, t’aimais pas les riffles non plus. Ton rêve c’était pas de foutre à l’ombre un grand avec ta droite ? Regarde comme ça fonctionne mieux quand tu leur fous un sabre dans l’estomac. Par contre là tu vois qu’c’est dégueu quand le corps se divise, on voit le machin gastrique et des restes de corps.

                  Regarde, non, châsse comme t’as l’air plus cool quand tu zigouilles un dégueulasse en lui tranchant la gorge. Ça fait pas de bruit. Y a que l’effet qu’on mate. Ouais mais toi, t’étais un bruyant. Hm… Mais continue à observer, mec, de là où t’es comme ça fait plus professionnel d’faire deux grands mouvements amples pour que le géant se découpe en quatre. Je fais ça bien, hein. J’ai toujours fait ça bien, connard. Putain de faible. T’es un putain de faible, un lâche qu’abandonne ses potes. A cause de quoi ? De deux-trois titans ? Mais regarde, je viens d’en buter plus que ça. Quoi ? T’as pas vu ? Je t’avais dit de châsser pourtant.

                  Et pendant qu'j'te parle, à toi, mort, un géant plus rapide que les autres me foncent dessus en écrasant mes camarades. Et bientôt moi. Là, j'me fige. J'me dis que ce serait bien de te rejoindre, peut-être. Tu me dois une partie de belote, en plus. T'en as, des dettes. Et tu te barres. C'lui-là à la langue de sortie, les yeux grands ouverts et s'dandinent comme une show-girl en courant. Pourtant, c'est bizarre... Il est pas intéressé par la délicieuse et tendre chair des soldats ? Mais là, j'sens son regard plein de malice se poser sur moi et son pied aller en arrière. Oh non, non.

                  Il shoot.

                  ***

                  Tiens donc, nos yeux me disent qu’une petite partie du mur a finalement été détruite, mais les géants ne peuvent pas encore y accéder. Rah… Ils sont agaçants à perdre, comme ça.

                  Et bien, on dirait que je vais gagner un paquet d’argent. Haha. Ces types peuvent s’avérer utiles quand ils le veulent.

                  Oh, plus intéressant, on m’informe qu’on ne voit plus le vice lieutenant…



                  Hnn… Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais mourir. Où suis-je ? Ahhhh ! Une tête. Des doigts. Je sens quelque chose me toucher la peau, partout, partout, la peau. Quelque chose me touche. Des doigts ? Où suis-je ? Des cheveux… Des chauves souris des vipères des moustiques. Pourquoi je ne vois plus rien. Mon corps me brûle, pourquoi ? C’est ça l’enfer, c’est ça ? Et pourquoi j’ai si mal, pourquoi je ne sens plus mes pieds.. mais si je les sens, ils picotent. Alors pourquoi je crois que je ne les sens plus ? Pourquoi mes cris rebondissent ? Comme des boomerangs. J’ai l’impression d’hurler pour moi-même, alors c’est ça l’enfer ? C’est ça la vie après la mort. Non, je refuse. Je veux vivre. Je vais mourir. Je suis déjà mort… Nos soldats !! Le peuple ! Harry et Conny ? Où êtes-vous ? Ce n’est pas drôle, sortez moi de là. Vous m’avez mis dans un tonneau d’rhum géant ou quoi ? Géant… Et si j’étais…

                  LIBÉREZ-MOI !!

                  Mais oui, je me souviens. C'était un géant énorme. Il faisait au moins quinze mètres. J'ai voulu l'affronter avec mon fusil mais les balles ne lui faisaient aucun effet. Il a fini, avec seulement trois doigts, par me gober. J'ai eu de la chance qu'il m'avale sans me déchiqueter.

                  En haut, de la lumière, une grande lumière ! Un cri et ahh. Un bras ! Un corps !!! Déchiquetés ? Je connais ce gars, je le connais ! Comment je fais pour sortir merde. Mes poings, oui. Calme toi, courage. Mes poings. Que le gouvernement aille se faire foutre. Bon, courage. Ouf. Allez, tes poings. Allez, beigne dans ta gueule… ça marche pas ! Merde son corps est élastique c’est ça ? SORTEZ MOI DE LA ! Je ne sens plus mes chevilles. Mes yeux me brûlent. Ça pue, ici. Ça pue vraiment. Je, je. Arrêtez de me toucher ! Décomposez-vous et arrêtez de me toucher… Qu’est-ce que je peux faire…


                  Et vous matez un type tellement désespéré qu'il ne va croire qu’en la haine. Il a perdu tout espoir d’évasion. Que faire se dit-il ? Haïr. Haïr les personnes qui sont responsables de sa future mort d'après lui. Il va mourir. C’est certain. Le suc gastrique va le manger, le consumer, le dévorer. A moins qu’il ne se ronge tout seul ? Haha. Mais… Alors que tout semble perdu…


                  Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 21:07, édité 3 fois
                    « Certains renoncent alors qu’ils ont déjà gagné. »

                    Jamais je n’aurais cru que tu puisses me viser quand tu as dit ça, tiens. C’est quand on se disputait, que je te priais d’arrêter de faire la moue puis finalement, m’énervais tout seul et sortais. Je ne t’écoutais pas. Mais si. Et là, ça recommence… Je ne t’écoute pas. Aujourd’hui, peut-être… Non.

                    ***

                    Grimper ? Je peux grimper, non ? Non. Ça glisse, aucune attache, rien. Alors… Frapper peut-être ? Faire un trou ? Non. J’ai l’impression de taper dans du cuir mou. Ça absorbe mes poings.

                    Je vais mourir, alors. C’est la fin. Je vais mourir. J’aurais préféré être un insecte. Et être écrasé. J’ai envie de dire quelque chose de bon. Quelque chose de beau. Pour pas avoir l’impression de crever comme une merde. Sauf que j’ai rien à dire. Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie. Embêter papa, embêter maman. Embêter les copains, les copines. Embêter Harry. M’embêter beaucoup. On m’offre une chance de ne plus embêter personne, dois-je la prendre ? Je suis obligé de la prendre, bien vu.

                    Chut, maintenant.

                    Chut.

                    Lentement, mon corps allait se décomposer comme ceux de mes compères qui flottaient dans le suc. Doucement, mes yeux se ferment. Je prends conscience de ma respiration. Étrangement, elle est régulière. Sereine. C’est parti pour le grand voyage.

                    Adi-

                    Une lame. Un souffle coupé, le mien. Une lame juste à côté de mon oreille droite. Et le ventre s’ouvre, je suis entraîné avec la mare au dehors. Les pognes du géants viennent tomber sur le sol pour créer une mini secousse qui résonne jusqu'à loin. Qui est l’homme qui m’a sauvé ?

                    Conny.

                    Conny...

                    J’ai retrouvé le vice lieutenant ! Piteux états, ses jambes sont rouges, il ne pourra pas marcher ! Qu’on le mette sur son cheval. Achevez tous les titans!

                    Qu’est-ce que tu racontes, soldat. Je peux marcher. Ah, c'est ce bon vieux commandant qui vient me porter. Cet homme misérable, ce partisan de l'anéantissement. Il ne m'avait pas manqué. Si je pouvais le réduire en pièces...

                    Vice lieutenant, nous sommes prêts des murs. Nous avons envoyé une équipe creuser des tranchées il y a bien une heure. Nous allons voir ce qu’il en est mais pour l’instant, nous allons nous reposer. L’entrée de la ville la plus proche se trouve à l’est.

                    Je vais aller combattre.

                    Parce que qu'est un homme et qu'a-t-il si ce n'est pas lui même ? En effet, ce n’est pas un peu de flotte qui allait me faire perdre mon équilibre. Sans lui demander parole, je pousse le commandant pour poser pieds à terre. Une carabine pour m’armer et je tire dans les yeux des géants pour faciliter la tâche aux hommes de lames à proximité. Le commandant me regarde sans rien faire. Cet homme chercherait-il à éviter le combat ?

                    Aidez-moi ou mourrez.

                    Il ne bouge pas. Une, deux, cinq secondes ? Toujours pas. Mon fusil est maintenant pointer sur lui, dans son cou, chatouillant sa pomme d’Adam. Il sait que je n’hésiterai pas. Je suis sérieux. Pour moi cet homme ne mérite pas la vie qu’on lui a off-

                    CONNY ATTENTION !

                    Quoi ? Vite, je tourne la tête et m’aperçois que pour la deuxième fois, un géant tient Conny dans ses mains monstrueuses. Il n'a pas l'air comme les autres, on dirait qu'il s'amuse plus qu'autre chose et court très vite. Tellement que mes balles ne l'atteignent pas. Même en ayant un temps d'avance. Le commandant se décide pourtant à agir, portant déjà Conny dans son cœur comme si c'était son fils. Ses yeux sont noirs. Il se lance dans une course interminable pour récupérer la jeune recrue pendant que nous, nous le couvrons contre les géants banaux qui restent. Au loin, on remarque la frimousse brune du commandant être attaché à l'épaule du géant...excentrique. Avec sa main de libre, il attrape le commandant et celle où Conny est retenu prisonnier tourne et tourne et tourne pour enfin le jeter violemment à terre. Je craque, prends n'importe quel cheval et y vais laissant Harry et les quelques hommes qui restent s'occuper des autres.

                    Sur ma monture. Je me positionne correctement et prends le paquet de grenades à manche  dans sa charge. Si les balles ne fonctionnent pas, allons y pour les grenades. Je vais sauver Conny comme lui m'a sauvé. L'excentrique s'est soudainement arrêté pour jeter un regard noir au commandant qui lui a apparemment chatouillé la nuque. Il le jette violemment en ma direction tandis qu'il touche la joue de Conny avec son petit doigt. Et le lèche avec sa langue. Pour éviter le commandant, je saute hors de ma monture en n'oubliant pas de prendre les grenades avec moi. Gerard se rééquilibre presque instantanément et j'en profite pour lui en balancer. Objectif ? En foutre dans sa bouche. Il a apparemment compris et on se met à l'assaut. Lui est bien plus rapide que moi cependant mais je n'abandonne pas. Conny semble effrayé... On dirait qu'il a vu quelque chose qu'il n'aurait jamais du voir.

                    Le commandant va pour insérer la grenade directement dans le dos en faisant une plaie dans celui-ci à l'aide de sa lame et en la mettant dedans. Si pour le coup de lame, l'excentrique ne sent rien, l'explosion qui en suit ne le laisse pas indifférent au point qu'il tombe magistralement la tête la première. Il libère Conny qui lutte pour se frayer un chemin sous la masse de la bête. Je finis par arriver pour l'aider avant que le géant reprenne conscience. Mais c'est trop tard. Il se relève sur ses pognes, esquisse un sourire, il ricane, même.

                    Je l'ai... il a parlé. Je l'ai entendu...

                    C'est vrai qu'on ne les a jamais entendu parler mais les géants normaux parlent aussi. Qu'est-ce qu'il essaye de me dire ?

                    Il a dit que... la fin...arrive...pour nous. Nous devons... sauver. Nous devons sauver les habitants de Sina, Vice lieutenant !!

                    Conny dérobe le paquet de grenades à manche que j'ai pendant que le commandant Gerard se bat avec ferveur pour nous permettre de fuir. Je ne sais pas ce que le gamin a en tête mais il semble déterminé à sauver la population. Alors, il rejoint Gerard qui essaye de créer des plaies pour encore une fois immobiliser la bête. Mais celle-ci l'attrape, la haine aux yeux avant de le projeter violemment au loin pour encore une fois courir vers lui et l'écrabouiller. Je remonte sur un cheval accompagné par Conny et une fois à niveau, balance une grenade sans trop viser pour détourner l'attention du géant. C'est d'ailleurs un succès, il se tourne en colère vers moi et me balance son souffle brûlant à la gueule. Ma course est arrêté par celui-ci, mon cheval et moi tombons et il écrase mes jambes déjà affaiblies.

                    Conny est désormais seul. Le géant prend Gerard et se rapproche de moi. Conny est désormais seul. Avec toutes mes forces, j'essaie de dégager le pur-sang mais en vain. Celui qui m'aide à me dégager est le titan, il prend le cheval et le gobe devant nos visages effarés. Je rampe une fois dégagé mais pour aller où... L'excentrique vient d'ailleurs me soulever par la redingue et je me retrouve serrer dans sa main. Le commandant à l'air de s'être pissé dessus. La jeune recrue se fige, baisse la tête, l'expression noire.

                    NE BAISSEZ JAMAIS LES BRAS ET FAITES TOUT POUR QUE CETTE ÎLE NE DISPARAISSE PAS !!!!

                    Tout à coup, il se met face au géant, saute et plante sa lame dans sa langue pour s'introduire dans son corps... Quoi ? Que fait-il ? ... Le commandant ne bouge plus non plus. Et alors que nos coeurs semblent s'être arrêtés, ils repartent quand de l'intérieur du titan, une explosion surgit, la chair giclant à quinze mètres de rayon. A la même vitesse que nous.

                    NON !!!!!!!!!

                    Non. Ce n’était pas Conny… C’est pas possible. Celui qui a réussi à nous convaincre alors que nous étions ceux qui avaient raison ? Celui qui voulait sauver des vies, qui a sauvé la mienne ? Le premier à avoir pensé aux vies des soldats pendant que nous plongions dans l’égoïsme ? Celui que je voyais déjà amiral de la marine ?

                    Il ne reste plus rien de lui... Que des bouts de chairs.

                    Non, cette fois-ci, je ne peux plus me retenir. Je n’ai rien dit, j’ai encaissé les mauvaises nouvelles, j’ai regardé mes camarades se faire tuer, manger un par un. J’ai accepté de garder toutes les coïncidences qui faisaient que nous étions en danger. J’ai accepté de quitter Lana. J’ai même réussi à accepter de mourir. Tout ça, sans verser une larme. Mais cette-fois ci, je n’en peux plus.

                    Il était unique. Ses yeux… Ils étaient le seul espoir dans le chaos qu’est cette île. Il avait un don. Il a un don ! Lui m’a sauvé et moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour lui ? Il est allé jusqu'à donner sa vie pour qu'on puisse poursuivre la mission. Sa mission. Il avait quelque chose que je n’avais jamais vu chez quelqu’un. La gentillesse pure. La gentillesse, la foi en la justice… Bien qu’extrême. Il est mort comme s’il n’était personne.

                    « Il ira loin. »

                    Il allait aller loin ! Il allait réussir ! Il méritait que le monde le connaisse. Et vous l'avez tué. C'est à cause de vous qu'il est mort ! Mon corps se libérait de la main du titan qui n'a pas explosé assez facilement. Pour me mettre à genoux. Genoux blessé. Cri de désespoir plus que de douleur.

                    JE VAIS LES EXTERMINER, TOUS, JUSQU’AU DERNIER !!!! JE JURE DE TOUS LES TUER.

                    Désormais, j'allais me battre uniquement à l'aide de mes poings.


                    Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 22:23, édité 3 fois
                      Crevez. Votre histoire, votre taille, vos raisons… Tout ça m’importe peu. Crevez. Il voulait simplement sauver nos soldats. Il m’a sauvé. Et qu’est-ce que j’ai fait pour lui, rien. Je lui ai donné la mort, je lui ai confisqué la vie. Et ça, à la minute où j’ai détourné mon regard de lui.

                      C’est maintenant avec mes poings que je me bats contre le diable. Eux. Avec Harry. Je n’ai pas peur étrangement. Nous n'avons pas peur. Comme si j’étais certain que j’allais réussir. Comme si nous étions certains de réussir. Mais pourquoi faire des suppositions !!? Je suis certain de réussir ! Je dois le faire.

                      Il y a longtemps, mon père me disait que j’arriverais à mettre quelqu’un K.O seulement si j’avais une raison qui me tenait à cœur mais qu’en même temps, celui-ci était serein. Pour ça lui, il chantait une petite chanson. Une phrase rythmée qui traduisait ses pensées. C'était... « Faut pas t’en faire, t’iras p’t’être pas en enfer. » Mais cette phrase ne m'apaise pas. Vite, les géants arrivent. Hn, soufflons. Une raison… Conny. Maintenant, harmoniser tout ça. Harmonise tout ça. Comment, quoi ? Qu’est-ce qui pourrait détendre les battements du tambour à l’intérieur ? Ils s’approchent, ils sont là.

                      Beigne dans ta gueule et tu baignes dans ton sang.

                      Ouais, c’est la phrase. J’ai senti l’tambour reprendre un rythme convenable directement. Maintenant, place à l’extermination d’ces affreux. Harry me seconde. Quand j’les assomme, il les achève. Ils sont plus vraiment des tonnes, maintenant. C’est l’genre à hurler avec les loups mais à être des brêles en solitaire. J’place un chtare dans la jambe d’un, seul truc que j’atteins. Je balance tellement de coups qu’il finit par pouvoir appuyer sur une jambe mais trop tard pour toi mec, mon compère te tranche la tête. Un autre ? Allez, j’envoie une gourmade en sautant dans un de ceux qui sont obèses. Voilà-t-il pas qu’elle est tellement puissante que celui-ci vomit. J'veux éviter mais j’retombe sur mes jambes et celles-ci qu’avaient été bien abîmées par le suc, lâchent. Ma tête rencontre le sol. Mais mon regard n’a toujours pas changé de direction.

                      Soldats, on va tout faire pour se casser dans les tranchées. Commandant, mettez moi sur le cheval...

                      J’ai décidé d’plus avoir de haine pour l’autre, tant qu’il est désolé et s’exécute quand je donne des ordres. Il met un peu long à arriver, j’me retourne en faisant pression avec mes épaules comme mes guiboles répondent plus. Il n’y a plus aucun ennemi à son niveau, tous à terre. Le visage du commandant… Il est pareil que le mien. La mort de Conny a dû lui rendre l’ouïe, enfin. Et la vue. Nous sommes piégés par la mort. Mais pour la première fois, l’humanité allait gagner contre les ténèbres. Car ils nous avaient pris un ange. Celui qui nous permettait de croire en n’importe quoi.

                      ***

                      Nous ne sommes plus que sept.

                      Sur le champ de bataille, il n’y a que le commandant, Harry et moi qui avons survécu. Les quatre autres étaient chargés de rester ici, à plus de dix kilomètres pour qu’on puisse se reposer. Ils sont terrifiés, hein. J’y repense et je me dis que Conny venait juste de s’engager, il avait seize ans, un but. Mais jamais il n’avait été terrifié. Je respire bruyamment. Et pleure. Je pleure. Il avait très peu de cheveux sur la caboche, le bougre. Mais des idées, ça… Des arguments bien rangés. Des sentiments dans les yeux et de la force. Plus de force que nous tous réunis. Il disait ce qu'il ressentait vraiment et non les mots de ceux qui s'agenouillent. Et il a finit par se sacrifier pour nous, pour sa marine. Celle de ses rêves. Je pleure, héhé. Mais nous devons faire face et faire en sorte de réaliser son dernier souhait.

                      Nombre de titans tués ?

                      Nous appelons désormais les géants des titans. Comme dans une certaine mythologie. On dit que le père de ceux-ci, Ouranos était resté collé à sa femme, Gaïa, pour empêcher que ses enfants sortent de son ventre. La mère, furieuse, incita les enfants à renverser leur père.

                      Une vingtaine, vice lieutenant…

                      Elle créa une faucille que le plus jeune des titans, Cronos, pris pour couper le pénis d’Ouranos. Celui-ci avait d’autres enfants qu’il avait envoyé dans le tartare car ils étaient affreux, les cyclopes et les hécatonchires. C’est avec leur aide que Cronos pu tuer son père et devenir maître du monde.

                      Nombre de soldats tués ?

                      Mais craignant qu’un de ces proches ne lui prennent le pouvoir, il renvoya son ancienne aide dans le Tartare. Il avait prit aussi l’habitude d’avaler ses propres enfants mis au monde par sa sœur. Car sa mère avait prophétisé que comme son père, il serait détrôné par un d’eux.

                      Quarante trois, vice lieutenant…

                      Harry disait que Cronos ressemblait aux géants qui nous faisaient face. Ils n’ont pas besoin de se nourrir s’ils ont tenu si longtemps avant que le mur ait une brèche. Ils aiment juste ça. Ils aiment tuer. Cronos n’avalait pas ses enfants parce qu’il avait faim.

                      Nos armes ?

                      Zeus avait réussi à s’échapper grâce à sa mère et donc à ne pas être dévoré. Grâce à la foudre, il gagna la Titanomachie, la guerre contre Cronos et les Titans. Et comme l’avait dit Gaïa, avec ses frères Poséidon et Hadès, il prit possession de l’univers.

                      Sept carabines et sept paquets de grenade à manche, vice lieutenant. Nous n'avons rien pu récupérer...

                      D’après Harry, des mortels avait su résister aux dieux. Je veux bien le croire, après tout, c’est ce que nous allions faire. Il ne nous restait plus qu’à trouver notre foudre. J’ai le choix entre deux distinctes. La vengeance ou celle de Conny, sauver le maximum de vie.

                      Munitions ?

                      Et non, je ne prendrai pas la vengeance. Mais pas celle d’un autre non plus.



                      L’envie de rentrer chez moi… Est-ce que c’en était une ? Oui ou non, c’est celle là que je prenais. Et des milliers de petites autres. Revoir ce commandant, lui demander d’annoncer la mort de tous ces soldats à leur famille, évoluer dans la marine.

                      Soldat, combien reste-t-il de cartouches de munitions ?

                      Évoluer dans la marine, oui. Je n’allais pas partir et risquer de faire subir ça à d’autres. Il fallait que je prenne du grade pour faire arrêter ces missions mort certaine…

                      Rien que ce qu’il y a dans les carabines.

                      J’entends les autres glousser. Un à l’air déterminé pourtant et trifouille dans son fusil. Avec un mouchoir la nettoie puis quand il juge que c’est fini, il vise le ciel. On aime bien s’entraîner à viser. Il sourit. C’est glauque mais je comprends. C’est un sourire cynique, le sourire d’une personne qui essaie de se convaincre que la mort ne lui fait pas peur. Puis, il retourne l’arme et regarde dans le canon pour vérifier une dernière fois si elle est propre. Doucement, il baille, la bouche grande ouverte. Et puis brusquement il dépose le canon sur sa lèvre inférieure et.

                      BOUM.

                      Nous ne sommes plus que six.


                      Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 22:11, édité 1 fois
                        Et voilà que la petite brèche du mur vient de s’agrandir ! Elle permettra aux géants d’entrer. Préparez vos billets, mon ami.

                        Préparez vos billets, préparez vos billets… N’oubliez pas mon commandant que vous êtes chargés de mener à bien cette mission. Le gouvernement vous rétrogradera si les dix mille hommes qu’ils ont eus besoin d’appeler ne suffisent pas pour découvrir l’origine des géants mangeurs d’hommes.

                        Oui, évidemment. Avant d’accepter, j’ai mis de l’argent de côté. Ça passe ou ça casse monsieur. Si je réussis, je serai un homme très riche, si j’échoue, je serai un homme moins riche. Mais riche quand même.

                        Et ça, s’ils ne vous tuent pas pour ne pas que vous ne révéliez les détails de la mission… Haha. Je plaisante, ne faites pas pâle mine.

                        ***

                        Nous voici près de la brèche. Les Titans viennent par centaine. Ce qui restait des flancs est, ouest et nord nous avait rejoints. Les supérieurs, d’après le commandant avaient tout de même un code pour cette extrême urgence. Gerard l’avait lancé hier, les signaux de détresse vert et bleu en même temps. Quelques minutes plus tard, plus d’une trentaine de la même couleur dans notre zone, à l’est et à l’ouest était au ciel.

                        Ça faisait du bien de revoir d’autres hommes. Je sens mes camarades reprendre un peu confiance. Apparemment tous ont combattus contre des titans jusque là. Et je ne leur faisais pas confiance, hein. C’était des soldats. Les officiers chargés des escadrons avaient fini par leur dire. La peur a provoqué des suicides, comme celui d’hier. Ils préféraient mourir de leurs mains que de celles de ces monstres… Et bien moi, je préfère ne pas mourir du tout.

                        Soldats, nous devons dégager le chemin pour rentrer dans la ville et sauver le plus d’habitants possibles. Je compte sur vous, je compte sur nous. Les bateaux reviendront une fois que nous aurons déclenché un signal vert et bleu du centre de l’île. Dans le troisième mur, donc. La ville du Roi. Nous devons éliminer les titans. Hier, nous avons identifié deux types de titans. Les normaux et ceux qu'on a baptisé les excentriques. Ils sont beaucoup plus rapide et n'ont pas l'air de s'intéresser directement à l'élimination des êtres humains. Ils ont un caractère plus...Enfantin. Quelques renforts arriveront en même temps que les navires. Si vous êtes prêts, nous y allons. Si vous ne l’êtes pas, soyez-le. Victoire !!

                        Attack on Titan. 3166627592_1_4_i1IfUwCy

                        Nous y allons, Conny. Sauver des vies… Nous allons rentrer chez nous. Victoire ! Et les fiers soldats du fier Gouvernement s’exécutent. Certains restent vomissant la terre et les herbes qu’ils ont été forcés de manger pour combler le vide dans leur estomac gargouillant, pleurant  parce que la peur les a emparé. Moi aussi, j’ai ressenti ça. Encore maintenant, peut-être. Mais le cri de ma détermination est tellement fort que je n’entends plus rien que « Combats. Gagne. Sauve. Vis. »

                        Et les camarades qui galopent plus vite que moi ont cette même détermination qui les anime. C’est là que je me suis rendu compte que pendant ce long et effroyable périple, nous n’étions pas seuls. Nous ne sommes pas seuls. Des soldats sont capables de venir à bout d’un titan à deux, tout comme Harry et moi. Les officiers, de cinq, seuls, comme le commandant Gerard. Pourquoi je pensais être plus fort qu’eux ?

                        Harry se met en position, derrière moi. Les chevaux sont rapides et dès qu’on arrive près d’un, hop, on les lâche et saute. J’atterris sur la tête d’un chauve. Sa grande main sale vient pour me chopper et je lutte avec mon poing accompagné de la petite chanson de tout à l’heure au moment de le mettre K.O puis je rebondis sur le crâne d’un autre. Cette fois ci, je le ratatine de coup de pied avant que comme un débile, il se foute un propre coup dans la tête. Celui-ci a le mérite de le foutre à terre tout seul et mon aminche vient finir le travail.

                        En moins de trente minutes, la porte a été déblayée. Ça avait coûté la mort de très peu de soldat, Conny. Nous avons fait du bon travail. Et donc, nous sommes entrés dans une ville, pour la première fois depuis deux jours. Nous avons placé un groupe de deux cent hommes à l’entrée de celle-ci pour éliminer ceux qui rentreront. Un groupe de sauvetage  de neuf cent hommes et un autre d’anéantissement de trois cent autres.

                        Le groupe de sauvetage a été divisé, les chevaux les plus rapides ont été chargés d’atteindre le dernier mur pour au moment venu, ouvrir la porte aux habitants sauvés par les autres. Les hommes qui surveillent la porte ont laissé leur chevaux au groupe de sauvetage pour pouvoir chargés le plus de personne. Une fois les habitants emmenés au troisième mur, ils devront revenir pour en sauver encore et ainsi de suite.

                        Le groupe d’anéantissement auquel je fais partie doit comme son nom l’indique anéantir les titans à l’intérieur du deuxième mur. Bien sûr, on doit aussi protéger les habitants. Si on voit un seul habitant, on doit changer automatiquement de groupe ou trouver des mecs de celui-ci pour le mettre en lieu sûr. Les objectifs ? Sauver Sina, sa population et détruire la race des titans. Nous l’avons baptisé : Opération Conny. Elle a été conçu par Harry.

                        Groupe de surveillance : combattez ! Groupe d’anéantissement : gagnez ! Groupe de sauvetage : sauvez ! Le mot d’ordre : Vivre !  DÉPLOYEZ LA FORMATION !


                        Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 30 Juin 2013 - 22:34, édité 2 fois

                          « Pourquoi est-ce que tu me promets… quand tu sais que ça ne sera pas possible ? »

                          N’importe quoi. Elle disait n’importe quoi. Tout ce que je t’ai promis, Lana, absolument toutes les promesses que je t’ai faites, je les ai tenues. Jamais je ne voudrai te décevoir. Et il se trouve que je t’ai promis de revenir sain et sauf. Il se trouve que je t’ai dit que je ne te laisserai pas seule. Attends un peu, attends encore… Tu en as marre d’attendre. Mais pourtant je reviens toujours. Et tu m’acceptes. Tu m’aimes.

                          ***

                          Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard,
                          Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson,
                          Ce qu’il faut de regrets pour payer nos frissons.


                          Ils sont devant moi, ils rêvent de me dévorer. Mais bizarrement, j’ai l’impression que c’est moi la bête. Car je souhaite la même chose qu’eux à peu de choses près. Que mes poings les dévorent. Qu’ils dévorent tout, visage, ventre. Âme. Qui a éliminé les titans ? Les dieux ? Alors j’accepte de jouer le rôle de Zeus.

                          Mon poing droit boue. Il ne souhaite qu’une chose, s’étaler dans la gueule d’un. Et c’est ce qu’il fait bientôt rejoint par mon genou. Et bien trop tôt la lame d’Harry. Attends ! Laisse-moi savourer chaque étape de leur extinction. Un autre, en voilà un autre. Cette fois-ci c’est le gauche qui décide de le foudroyer. La foudre, Zeus, toujours. Mais le droit aussi. Sauf que le gauche ne veut pas partager, il prend sa joue. L’autre essaie de s’imposer en mangeant littéralement son œil droit. Et c’est un repas bien mouvementé qui a lieu. Stoppé encore une fois par Harry. Il le fait exprès. Il ne veut pas que je plonge dans la folie. Merci, toi.

                          Rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force,
                          Ni ses faiblesses, ni son cœur, et quand il croit,
                          Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix.


                          Et quand il veut serrer son bonheur il le broie. Sa vie est un étrange et douleur divorce… Hein. Désormais, je sens mieux mes proies que ma monture. Chasseur de titans, ça m’allait bien. Les poings ont toujours besoin de s’alimenter, les poings du diable, démoniaques comme ceux qu’ils dévorent. Bien fait. Mais bizarrement, la ville est bien plus calme. Plus de cri, beaucoup moins de titans. Pourtant j’en sens un. Un dangereux. L’air se tend et se tord. Je suis dans un autre monde.

                          Sa vie, elle, ressemble, à ces soldats sans armes,
                          Qu’on avait habillés pour un autre destin,
                          A quoi peut leur servir de se lever matin.


                          Eux qu’on retrouve au soir désarmés incertains. Dites ces mots : « Ma vie » et retenez vos larmes. Conny ne connaissait pas cette chanson. Pourquoi la connais-je… Pourquoi est-ce que je devrais connaître les tristes fins ? Derrière moi, des pleurs. Hein ? Vite, je change de direction et constate qu’un jeune enfant essaie de soulever un pilier sous lequel se trouve une femme. A la fin de cette phrase je suis déjà à ses côtés. Harry surveille nos arrières. Et nos avants.

                          Maman…

                          Le pilier est insoulevable. Il y a un trop grand nombre de débris sur celui-ci. D’un coup, je peux entendre deux battements de mon cœur distinctement dans mes oreilles et le gamin se fige.

                          Il faut faire vite…

                          Ses yeux sont blancs.

                          Ils sont blancs.

                          Il faut faire vite… Sauvez maman !

                          Puis il se remet à essayer de lever le  pilier. Sa mère crie de la laisser et d’emmener son fils. Je sens que quelque chose ne va pas, pourtant. Quelque chose ne…

                          KIRIL ! Regarde en haut !

                          Un titan. C’était ça qui n’allait pas. Un titan colossal. Il est gigantesque. Je ne sais que dire… Je… Je dois sauver la mère. Mes poings se sont assez nourris pour pouvoir me prêter leur force. Avec ce qu’il me reste. Et la volonté de Conny. Ça suffit. C’est comme si le bois pénétrait dans mes doigts tellement la pression est forte, un peu moins, là. Harry est venu. Ha, il sait que je n’abandonnerai pas tant qu’elle ne sera pas sauve. Avec nos efforts, le gamin arrive à la tirer de là. Mais c’est grâce à Conny, en vérité. Sauf qu’elle a une jambe brisée. Et que le titan… est entrain de détruire notre formation.

                          Nous devons arrêter ce titan. Mais, on a pas d’autres chevaux, nous. Et vous êtes blessé. Vous allez venir avec nous, si on trouve une équipe de sauvetage en route, vous foncerez vers le troisième mur.

                          Harry a la mère blessée et moi, l’enfant. Objectif, le titan colossal. J'ai l'impression que lui aussi l'a senti... Plus on se rapproche et plus on entend des bruits de craquement ou des cris. Il les gobe par dix. Mais ça ne me fait plus rien. Je ne ressens ni peur, ni colère, ni encore même de la tristesse. A force de vivre avec la mort, on fait mourir sa vie.

                          Voyons qui meurt le premier.
                            J’ai eu tort de douter de toi, l’aminche, hein. T’es sortie d’la gueule du loup mais t’as quand même eu besoin d’aide. Ce p’tit. Il était têtu, un peu. Tu l’as adopté, tu l’as aimé. Parce que t’as été comme lui. T’as cru en la marine tout pareil qu’sa petite frimousse. T’étais même encore plus à fond, comme les mecs des sectes qui pensent que les haricots verts c’est génial. Tu respirais, vivais, sentais rien que par la Justice. Un truc qu’existe pas ici. J’t’ai trouvé tout pâlot à balayer frénétiquement le plancher. La meilleure recrue de notre génération. J’étais à ton niveau mais moi il me manquait la foi. J’t’ai de suite trouvé pas normal alors j’t’ai apprécié. Et aujourd’hui, à force de missions foireuses, de morts de nos potes, de morts des civils qu’on doit normalement évité, t’es devenu ce que t’es. Un type que seul moi peut comprendre parce que j’ai vu ce que t’as vu.

                            T’es devenu un mec pas commode. Pas sociable. Pas souriant. Mais y a que, quand on te connait on sait à quel point t’es un gentil type. Sans compter que l’amour t’a adouci. Toutes les fois où t’as failli crever, hé. Toutes les fois où on a failli recevoir la tourlousine par des bâtards ou même des supérieurs qui pensaient qu’ils étaient réellement au dessus de nous. Pourtant, quand moi je déconnais un peu, toi tu t’efforçais de te plier aux règles et d’obéir aux ordres. Ça m’a jamais branché, vrai. Vrai aussi qu’les emmerdes, c’était souvent moi qui les apportais mais le jour où j’suis tombé, c’est toi qu’est venu me relever, Kiril. M’sieur Jeliev, héhé. L’idée de te seconder toute ma vie m’fout pas les boules comme certaines mauvaises langues peuvent le penser. J’suis convaincu que devant, j’pourrais rien faire.

                            Il m’a filé une mission l’vice, éliminer tout c’qui pourrait le gêner. Tain, l’est sérieux quand il emmène le p’tit avec. D’jà moi, j’sais pas comment j’vais faire pour m’battre avec la mère derrière. J’espère qu’notre groupe est pas rempli de gamines qui foutent rien. Teh, même pas l’temps d’souffler qu’un excentrique fait son apparition, le mec fonce devant toujours devant et détruit les baraques où y a sûrement encore du people dedans. Phrase pas bien construite ? Fuck toi et ferme là public. Lonzy lonzo.

                            Le val-che court comme une fiotte comme si y avait le temps d’perdre ses couilles. Les animaux d’aujourd’hui, j’te jure. Les mammouths c’était sûrement pas des connards comme ça. J’dégaine mon nouveau bre-sa qu’j’ai trouvé par terre. Ah t’as cru qu’j’étais attaché à ces trucs comme ces paranos d’samouraïs ? Que nenni, tant qu’ça tue, c’est cool. C’lui là faut dire qu’il est masta. Adapté aux titans. Ça va trancher des moches têtes. Ou des mochetés. Hey, c’est p’t’être de là qu’ça vient mocheté ! La madame derrière n’empêche, elle a pas l’air de me faire totalement confiance. Pourtant j’suis blond et j’ai les yeux bleus. Tel un surhomme. Facile, celle là. Facile, on oublie.

                            On s’approche du titan.

                            Mada…

                            Non. Faut la mettre en confiance. Vrai.

                            Mademoiselle. Je vais vous demander de vous accrocher à moi et de ne jamais me lâcher.

                            Qu’est-ce… ?

                            Faites ce que je vous dis !

                            J’déguerpis d’la monture puis j’passe à l’attaque. L’excentrique s’amuse à balayer les bâtiments à coups de poings. Faut dire qu’il est plutôt grand. Un de quinze mètres. Comme celui qu’avait bouffé Kiril tout entier, hé. Conny avait réussi à l’avoir. Jeu d’enfant pour moi. Cap, allez. L’sabre est long et large. J’vais lui dessiner une nouvelle face. Longue et large. Comme c’qui a sous mon calcif. Non j’m’arrête c’est violent… Le truc s’dandine et m’balance sa pogne pour m’aplatir. La madre commence à crier alors que l’acte a même pas commencé. Ça m’fait penser à quelques unes qu’avaient bien appréciées la nuit. Non j’m’arrête c’est violent…

                            Pendant qu’Kiril fait face au titan colossal, j’fais face à une sorte de gueule de comique avec une dentition semblable au dentier d’mon grand père. D’ailleurs, il claque ses dents très souvent. Ça fait clac clac clac clac. Un peu comme les dentiers du Joker dans Arkham City. Non j’m’arrête c’est trop… Bon oui. J’crois qu’jamais une fille m’a autant agrippé d’toute ma vie. Ah, quoi que… Bon là j’arrête vraiment. J’m’élance sur la chose avec l’épée tendue comme un chi… Putain c’est quoi ces conneries d’blagues, rédacteur ! C’est pas du tout dans ma nature d’faire ça !

                            Hein, quoi ? Ben, c’est pour mettre un peu d’humour dans le RP, ça va, hein…

                            Tu passes juste pour un obsédé, connard. ... En plus tu t’insultes tout seul…?

                            J’m’élance sur la chose avec la vitesse d’un anaconda, l’épée en avant ayant pour but l’œil gauche du titan. Mes mouvements hélas sont réduits à cause de ma charge alors j’rate et j’évite de me vautrer de peu. J’rattrape le coup, au sol, en courant carrément pour retirer un pied à c’jeune homme. Sauf que lui est plus rapide que moi et avec ses grands yeux, j’dirai qu’c’est normal qu’il me repère. Il balance sur le côté pour essayer d’me foutre un shoot d’la même façon que celui d’t’à l’heure. Mais là, ça fonctionne pas. D’une parce que j’fais pas office de ballon deux fois et d’deux, Kiril me tuerait s’il savait qu’j’ai blessé la femme encore plus qu’elle ne l’est. Au lieu de reculer, j’avance très vite puis au dernier moment m’fout sur la droite. Au moment du shoot, il s’appuie bien sur son pied droit, alors c’te fois, j’perds pas de temps et le tranche. La bête s’effondre dans un ricanement sans fin. J’saute pour m’foutre sur son ventre et j’commence à l’planter. J’le plante, j’le plante. J’le plante sans m’arrêter.

                            J’m’arrête quand j’entends les pleurs de la femme, suppliant d’arrêter. C’est vrai. On avait tellement souffert à cause de ces monstres qu’on devenait comme eux.

                              Il est clairement impossible de lui faire face au sol. La bête fait plus de cinquante mètres… Je m’inquiète pour la formation de surveillance aux portes. Mais je suppose qu’il me faut leur faire confiance sinon la peur me rongera et je finirai par perdre. Il m’a fallu monter sur les toits pour pouvoir être à hauteur de son visage. Et j’ai remarqué, enfin, que sa main fait au moins cinq fois mon corps. Alors, depuis un bout de temps, je cours. Je saute. Puis je cours.

                              Il n’essaie pas de me stopper, non. Mais il se dirige vers la ville du Roi. Comme si… Comme s’il savait ce qu’il faisait, où ça le mène. Comme s’il n’était pas comme les autres et était doté d’une certaine intelligence. Ou c’est mon imagination, oui, sûrement. Il a du sentir une chose comme une présence humaine beaucoup plus importante au-delà du dernier mur. Avec sa taille, je remarque quand même qu’il est plutôt lent. Quelque chose à retenir. Le gamin est accroché à moi mais sa tête dépasse observant ce qu’il se passe avec attention. Il était pour moi la promesse que j’ai faite à Conny. La vie. Et j’allais raviver la flamme qu’il devrait y avoir à l’intérieur de ses pupilles.

                              Sans réfléchir et une fois à niveau, je saute pour m’agripper à l’épaule du titan colossal. Qu’est-ce que je peux bien faire… Je n’ai rien. Ni lame ni fusil. Rien que mes poings. Comme si ça pouvait suffire. Mais ? Mais il me reste les grenades ! J’ai récupéré le paquet du défunt soldat, celui qui s’est suicidé dans les tranchées. Il y en a sept. Sauf qu’en général pour exploser elle mette de cinq à sept secondes. C’est pour ça que Conny… Si je la balance à l’intérieur de son corps, elle ne mettra pas trois secondes pour s’étouffer dans le suc gastrique du titan.

                              L’heure est plutôt à le faire me remarquer. Alors comme je suis sur son épaule, dans son oreille, j’en balance une, passe rapidement par son cou pour atteindre l’autre épaule et exactement sept secondes suffisent pour qu’on entende un gros boum. Il s’arrête net mais ce n’est pas sa blessure qui l’interpelle mais bien moi. Il n’a même pas prêté attention à son oreille blessée et s’est directement tourné vers moi. Avec ses doigts il essaie de m’atteindre en vain. La vie du gamin… Il n’y a que ça qui compte. Je ne peux pas le laisser me faucher.

                              Pourtant, c’est bien ce qui arrive. Une main ne suffit pas ? Deux mains, amplement. Il me bloque d’une et attrape uniquement le petit mais ne le gobe pas. Ma supposition ne peut qu’être exacte. La bête réfléchit comme un humain. Avec très peu de pression de sa part il arrive à ce que je sente mes côtes se fracturer peu à peu. Je suffoque. J’allais bientôt pour m’assoupir qu’Harry arrive et lui chatouille le cou avec sa lame. Sa peau est bien plus dure  qu’un titan normal. Il faut qu’on arrive à se débarrasser de nos charges pour combattre pleinement… Mais ça, tu le sais, l’aminche. Et le p’tit ? Toujours coincé entre les doigts du géant. Et s’il serrait comme moi il me serre. Il peut être déjà mort, non ?

                              HARRY FAIS TOUT POUR SAUVER LE GAMIN !!!

                              Le titan a tout de même reprit la lente marche jusqu’au dernier mur… Il cherche vraiment à anéantir les humains de l’île. S’il y a des monstres comme lui capable de réfléchir il pourrait très bien utiliser toutes les ressources de l’île pour nous atteindre. Et c’est au moment où je suis le plus apte à crever comme une larve que je comprends l’importance du succès de la mission.

                              L’ordre que j’ai donné à Harry… Le titan l’a compris. Immédiatement, son pouce à boucher le seul point de lumière que j’avais. Je suis… Je suis dans le noir. Complet. Lana. Papa. Maman. Sergent-chef. L’aminche, les gars. Mes soldats. Compressé et dans le noir. Une douleur constante en étant aveugle. Mes côtes… Mon seul moyen de sortir. Les grenades ? ça lui exploserait la main, un moyen d’attraper d’autres personnes mais je mourrai. Est-ce que je suis autant courageux que Conny au point de faire passer la vie des autres avant la mienne ? Est-ce que… Si c’est le seul moyen. J’ai juste à la dégoupiller. Tirer sur la goupille, attendre cinq, peut-être six, peut-être sept secondes…

                              Tirer sur la goupille. Je tire sur la goupille…

                              Un. Kiril n’est qu’un idiot.

                              Deux. Majeur, index, tout deux se desserre.

                              Trois. Jusqu’à ce que les trois autres suivent.

                              Quatre. Et que Kiril tombe sur quatre fois dix mètres.

                              Cinq. Sa tête se foudroie contre le sol, bilan cinq côtes de fracturées.

                              Six. Personne ne sait où elle est la bombe, ah si, elle explose à six sans attendre la septième seconde.

                              Elle a atterri sur un bâtiment à côté. Mes yeux faibles regardent Harry lutter pour tenter de sauver les deux civils. Et moi… Mes douleurs aux jambes ont réapparu. En effet, ce n’était pas avec deux-trois bandages, de l’alcool et des soins primaires de soldats que ça allait partir. Me mouvoir n’était possible qu’en rampant à l’aide des coudes. Et ça, tout bon soldat a été entraîné pour le faire. Sur le sable, sur la terre, sur les cailloux. Entre les cadavres des soldats recraché par les titans obèses, je cherche une arme, des explosifs et de la… dynamite. C’est triste à dire mais seuls les officiers en possèdent donc je suis entrain d’espérer qu’un de ceux-ci est mort pour pouvoir en récupérer.

                              Quelque chose me disait que ce titan était le boss final. Que sans lui à la tête de l’armée d’affreux, ils ne se dirigeraient plus vers la ville du roi mais chercheraient à rester ici pour bouffer les humains qu’ils restent. D’ailleurs, les derniers approchent suivant leur roi. Ça veut dire que l’équipe d’anéantissement, donc les renforts, arrivent. Un soupir de soulagement. Bref. Puisque les titans viennent compliquer la tâche à Harry. Et peut-être me bouffer. Je déniche un fusil, rampe encore parce que la portée est pas vraiment très longue. Malheureusement la fatigue joue et mes tirs ne sont absolument pas précis. Mes yeux sont faibles, aussi. Je vois flou, de plus en plus flou. J’ai mal, faute aux côtes, faute au crâne. Mais je tire, je ne cesse de tirer en leur direction. Sous un tas de soldats, je prends des explosifs, les lance mais ceux-ci n’atteignent même pas quinze mètres.  Pitoyable situation.

                              Quoi ? Le titan colossal a reprit sa route… ça veut dire que Harry ? L’enfant ?! A terre comme piétiné par une défaite qui se veut arriver vite. Non, non. Nous ne devons pas perdre, soldats ! On a baptisé cette opération avec le nom du meilleur soldat que j’ai eu la chance de voir… Nous devons gagner en son nom.

                              Il a dit… Il m’a dit… DE NE JAMAIS BAISSER LES BRAS ! Il m’a dit… DE FAIRE TOUT POUR QUE CETTE ÎLE SOIT SAUVE.

                              Le commandant Gerard arrive en renfort avec plus d’une cinquantaine d’homme. Il vient pour me remettre debout. Officier, hein. Commandant. Il a de la dynamite. Et il le sait. Il sait que c’est mon ultime plan. Il me dit « Non soldat, tu ne finiras pas comme Conny. » mais c’est la seule chose à faire. Je lui réponds de veiller à Harry et aux deux civils. Il me dit qu’ils sont sains et saufs grâce à l’équipe de sauvetage. Je suis heureux mais je ne souris pas pour autant. Les balles et les coups de lames retentissent sur poignée de géants qui restent. Des larmes coulent sur mes joues. J’avais demandé, il y a de ça bien trois jours à quel était le prix pour pouvoir réussir cette mission au commandant. Il n’avait pas répondu. Mais maintenant je le sais. Alors. Je le frappe. Je le frappe pour qu’il ne se rééquilibre que dans dix secondes et lui dérobe la dynamite placé sur son cheval.

                              HARRY, LES GARS. IGNOREZ LES PETITS TITANS. FAITES TOUT POUR COUCHER LE GRAND SUR LE DOS.

                              Derniers efforts. Derniers. Ce seront mes derniers efforts. Mes dernières forces. Debout sur mes guiboles. Je ne sens plus que mes bras. Rien d’autre. Je pleure du sang, mon ne, ma bouche, ma tête. Je suis rouge comme la peau de ce titan.

                              Les soldats viennent tous affrontés le titan de face pendant que moi je continue de marcher, je trébuche et me vautre fragilisant encore une fois mes côtes mais je rampe toujours avec le sac de tnt sur mon dos. J’avance en faisant confiance au gars. Harry doit lui foutre une rouste, les autres aussi. Je n’ai besoin que de 20 secondes. Etalez-le sur l’allée. Je vais à la mort sans en avoir peur. L’accomplissement d’une vie.

                              J’espère qu’Harry dira à Lana que je l’aime de tout mon cœur et ce même au pays des morts. Que je sois en haut ou en bas, je ne cesserai jamais de la regarder. Qu’elle ne se sente pas seule. Et pour répondre enfin à ta question mon ange, je pense que celle-ci est fausse. On s’efforce de vivre quand on ne croit pas en la mort. Mais quelqu’un qui accepte que celle-ci existe n’en fait plus aucun, d’effort. Si on s’efforce de vivre c’est pour tout ce que la vie nous apporte de bien ou de mal. Si on s’efforce de vivre, c’est pour nous, c’est pour les autres. Parfois c’est pour une personne bien précise. Si on s’efforce de vivre c’est pour bander ses yeux d’un ruban bleu azur pas d’un noir qui nous évoque la fin.

                              Je veux vivre, évidemment. Mais il y a des choses bien plus importantes que la vie d’un homme. La vie d’un peuple. J’espère qu’Harry te dira que je t’aime.

                              Le titan tombe finalement. Après avoir ramper jusqu’à son grand visage, je grimpe et m’infiltre dans sa bouche. Le corps est tellement grand que mon impression est la même que quand j’étais dans le géant de quinze mètres. Or il y a beaucoup moins de corps. Il faut que je fasse vite. Je dois atteindre le milieu du corps pour le réduire à néant. Entièrement.
                              Mais je me retrouve à baigner dans le suc bien plus destructeur que celui de l’autre. Mes neuronesgrillentjenesaisplusoùjesuis que fai re que fai re je dois sau ver le peu ple sau ver le peuple
                              C o  n n
                              y.


                              Tout à coup une bande de soldats entre dans l’estomac, eux aussi, du géant titan. Un vient pour me porter et un autre s’empare de la dynamite qu’il place méthodiquement avec des câbles. Il donne son pouce à l’équipe pour dire que c’est bon.

                              T’as cru qu’on allait t’laisser seul, m’sieur l’Kiril !

                              Les autres gars essaient de maintenir la bête à terre. Bien sage… Bon toutou. Ah, et le commandant Gerard est énervé.

                              Les gars, j’ai réglé l’explosion à dans une minute. Ça nous laisse combien de temps ?

                              IDIOT ! ON PREND TRENTE SECONDES POUR PARTIR D’ICI.

                              Ceci est un prototype d’humain dépourvu de neurones.

                              Les mecs moi je vous propose de courir comme des lamas sauvages.

                              Idée reçue, analysée, approuvée. ON SE CASSE !

                              Et ils courent. Le mec qui me porte est un grand costaud qui prend même les devants pour s’assurer que je ne sois pas touché. Comment j’ai pu douter de mes gars… Comment j’ai pu penser y arriver seul. Vous vous souvenez des premiers mots de Conny ? Il parlait d’amitié et d’esprit d’équipe… Et moi je l’ai pas écouté.

                              Bon, dites. Il semblerait que la créature ait fermé sa bouche. Nous sommes donc des lamas sauvages…en danger.

                              Faites.. faites le vomir.

                              Ah bonne idée vice-chef machin.

                              Idée reçue, analysée, approuvée. ON SE CASSE !

                              Arrêtez de parler inutilement bordel !

                              Ils ont donc caresser la glotte avec toute la sensualité qu’il y avait besoin. Le suc est remonté et le titan n’a pas pu s’empêcher d’ouvrir la bouche. On a donc été projeté loin grâce à notre ennemi et au même moment il a été anéantit par la TNT… Toutes les équipes ont comprit et ont crié de joie tandis que moi j’ouvrais mes bras à la liberté, à Lana.

                              Je ne suis pas mort.

                              ***

                              Et bien, je n’y croyais plus…

                              Heureusement que vous n’aviez pas parié plus d’une liasse. Vous êtes mauvais en jeu, mon cher.

                              Reste à savoir si on trouvera les informations qui nous intéressent.

                                Une ou deux semaines que le signal de succès avait été envoyé du centre de l’île de Sina. Une ou deux semaines que nous avions dit adieu à la mort et à la menace titan. Une ou deux semaines… hein. Nous pouvions vivre. Respirer. Manger et dormir à notre guise. Les habitants étaient chaleureux et reconnaissant. Je m’en suis fait, des cicatrices, Conny. Comme le marine de ton histoire. Je n’ai pas pu bouger pendant une…ou deux semaines.

                                Et alors que je suis dans ma chambre, la porte s’ouvre et je reconnais immédiatement Harry. Plus bas, une petite frimousse heureuse me regarde avec admiration. C’est l’enfant qu’on a sauvé au péril de nos vies. Pour ce sourire, je me rends compte que ça valait vraiment le coup. Harry me laisse avec celui-ci qui a apparemment à me dire.

                                Hm ?

                                Harry m’a dit que vous vous appeliez Kiril ! Et moi c’est Ilia. Je voulais vous remercier de nous avoir sauvé moi et ma maman. Vous semblez très fatigué maintenant. Alors j’espère que vous allez vous soignez vite pour rentrer chez vous…

                                Moi aussi, Ilia. Mon chez moi me manque. Mais le tien a été détruit par ces immondes créatures.

                                Hm… Je dois vous dire quelque chose, je pense.

                                Hn ?

                                L’origine des grands messieurs qui mangent les humains !

                                Comment tu pourrais le savoir ?

                                Papa me l’a montré avant de partir ! C’était dans le sous-sol de ma maison. Je sens que je dois vous le dire puisque vous m’avez sauvé.

                                Et si je ne veux pas le savoir ?

                                Je le dirais à Harry. Ou peut-être à ce soldat qui m’a offert du jus d’orange ! Ou à…

                                D’accord, d’accord. Approche. Et dis le moi dans l’oreille. Chuchote-le. Et fais moi la promesse de ne jamais rien dire à personne. Avec ton petit doigt.

                                Non… C’est beau dehors ?

                                Comment ça, non ?

                                Non.

                                Je vois. Toi et ta maman, est-ce que vous voulez aller voir ce qu’il y a derrière les murs ? Même, y habiter.

                                Oui !!! Oui ! Oui !

                                Ho, là. Calme-toi. Tu me promets, alors ?

                                Que si toi tu me promets !

                                C’est juré, même.

                                Craché ?

                                Je crache.

                                D’accord, alors.

                                Mon cœur s’accélère à l’annonce du petit gars dans mes oreilles. Tout bas. Et j’aimerai effacer ce que je viens d’entendre. D’après lui, Sina était une île de géants que les humains ont voulu s’approprier. Méthodiquement ils ont conçu un plan pour éliminer tous les titans colossaux et créer des murs pour que les autres petits qui ont soif de vengeance ne puissent passer. Les titans colossaux étaient des pères, des mères… Ils ont été emprisonnés dans les trois murs. Mais apparemment de le premier, il n’y en avait qu’un. Et c’est celui que nous avons combattu. Depuis huit cent ans les hommes se battent contre les titans. Au point qu’ils ont oublié leur histoire… Mais ça, Ilia n’en est pas sûr. Peut-être que le roi sait tout. Peut-être que c’est pour ça qu’il refusait que quiconque mette un pied sur l’île. De peur que… Et comme là, c’était un cas d’extrême urgence, il a appelé le gouvernement. Des titans dans les murs, hein. Ça expliquerait l’intelligence du colossal et la débilité des petits. Ils n’ont pas été éduqués. Et puis quand on réfléchit bien, le décor, le paysage. Tout est gigantesque. Ce n’est pas une île où les humains peuvent vivre.

                                Appelle ta maman. Vous allez emménager sur Lynbrook. A mes frais.

                                Je sors du lit difficilement et finis par franchir la porte à l’aide du petit. Derrière je vois Harry. Je regarde le petit et lui demande de lui indiquer où il habite. Harry allait être chargé de détruire ce sous-sol. Il est des choses que le gouvernement n’a pas le droit de connaître. Ils ont tué dans le but d’avoir ces informations. Et je suis sûr que depuis deux semaines, les gars des bateaux qui ont amarré fouillent. Harry ne pose pas de question. Il me fait confiance. Et même si on va faire peur une dernière fois à la population avec l’explosion, ça vaudra le coup. Et ceux qui sont au courant comprendront en voyant d’où elle vient.

                                ***

                                Et c’est le dernier pas. Ilia a les yeux grands ouverts. Ronds. Il a vu la mer. Ça me paraît tellement bizarre ça, quand il me dit qu’il ne l’avait vu que dans les bouquins de son père. Des fleuves, des petits lézards. Des bateaux. Qu’est-ce qu’il allait aimer mon village natal. Sa mère était elle aussi heureuse. Comme une enfant. Ces personnes ont été enfermées toute leur vie dans une cage qu’ils ont appelés des murs. Ça me faisait peur, un peu. Mais j’ai accomplis ma mission, Conny. J’ai fait ce que tu m’as dit. Je permets même à une mère et son fils de vivre loin de ce royaume désormais traumatisant pour eux.

                                J’ai réussi la mission. Nous l’avons réussi.
                                  Nous avions vu l’enfer. Vécu dans les ténèbres et cela n’avait duré que trois jours mais les soldats qui sont sortis vivants de ce périple n’oublieront jamais ce qu’il s’est passé. Sur cette île. Cette île démoniaque. Certains ont regagné leur famille en tournant le dos à la marine, certains sont allés s’en foutre à l’ombre dans un bar pour raconter leur traumatisme et au final très peu sont restés soldats. Moi si. Aussi étonnant que ça puisse paraître, je veux éviter la mort d'une autre recrue de seize ans. Eviter qu'on brise des rêves, qu'on vole des sentiments. Et la jeunesse.

                                  Sur Lynbrook, beaucoup de familles se sont réunis pour accueillir leurs enfants, maris ou pères. Or certaines ne les retrouveront jamais. Comme dirait Fortune : "C’est comme ça." Mais cette réponse ne leur suffira pas. Ni la lettre d’excuse, ni l’argent ni la pierre tombale offerte qu’on pourrait leur offrir. Dire que je suis vivant… Ce sont des têtes bien pâles en plus d’être baissées qu’on leur montre. Nous ne sommes pas des héros, non. Nous avons juste… Survécu. Nous sommes des survivants.

                                  Avant d'enlacer Lana que j’aperçois les larmes aux yeux dans la foule, en tant qu’officier je devais aller voir le commandant chargé de la mission. Faire un rapport oral, tous, avant de lui donner l’écrit. Ça ne m’enchante pas vraiment de croiser encore une fois ce descendant de païen au lieu de pouvoir enfin me reposer sous les baisers de ma femme mais après l’effort était le réconfort et ça restera comme ça jusqu’à la fin des temps.

                                  Elle est belle. Parfaite. Je suis revenu de l'enfer pour me trouver au paradis et ça au coin de ses yeux. Car la goutte qui y régnait était la plus belle des rivières. Je venais de m'enfuir du Styx pour remonter la voir. Je n'ai même plus souvenir de comment j'ai fait. Hadès ramait et même si son visage était noir, je pouvais sentir son sourire se poser sur moi. Il se moquait. Dans la rivière de l'enfer... Dix mille hommes. Cent mille, même.

                                  ***

                                  Soldats, saluez. Bien. Les trois jours que vous avez passés ont dû être éprouvants mais j’espère que vous nous ramenez de bonnes nouvelles messieurs. Tiens, toi, peux-tu noter les officiers abs-

                                  Ils sont morts.

                                  Co…Comm…

                                  Ne faites pas l’étonné s’il vous plait monsieur le commandant. Vous vous doutez bien qu’on ne peut pas être vraiment aveugle dans le noir. Aveugle, hein… Non. On avait même la meilleure vision du monde. Nous avons vu la mort, des milliers et des milliers de nos frères mourir sous nos yeux et tout ça pour quoi ? Parce que vous avez pas été capables de nous prévenir avant ?

                                  Baissez d'un ton, vice lieutenant... Jeliev ?

                                  Ne m’appelez pas par mon grade. Ni par mon nom. Pour moi vous êtes le diable. Le diable vous m’entendez ?! Assassin. Une recrue de seize ans est morte… Conny Aëger ! Vous le savez ça ? Un petit qui pensait que la marine était la meilleure des choses sur cette foutue terre. Vous lui avez brisé son rêve en ne nous disant rien ! Il est mort pour que des types comme vous gagnent de l'argent !

                                  C’était un ordre du gouvernement.

                                  Je n’en ai rien à faire de votre putain de gouvernement ! Vous savez combien de soldats sont mort ??

                                  Calmez-vous, vice lieutenant.

                                  Que je me calme ? Vous êtes sérieux Gerard ?

                                  Plus vous allez évoluer et moins vous allez vous rendre compte. Ce sera toujours comme ça. Monsieur le commandant. Au cours de notre périple, plus de 85% des soldats sont morts. Nous sommes revenus à 1300. L’île de Sina ne compte plus que 790 000 habitants sur un effectif de base d’un million. Nous avons éliminé tous les géants qui s’y trouvaient. Un peu plus de 500. Nous avons identifié plusieurs types de ceux que nous avons appelé titans, ensuite. Les 4-5 mètres de haut, les 10 mètres, les 15 mètres et enfin, le titan  colossal. 50 mètre. Il semblait posséder une certaine intelligence. Il y avait aussi les « excentriques » qui couraient plus vite et s’amusaient avec le corps des soldats. Au final, nous avons sauvé l’île. La mission s’avère être  succès.

                                  Avez-vous trouvé l’origine des géants de cette île ?

                                  Comment ça ?

                                  C’était votre mission. Et si vous ne l’avez pas trouvé, c’est un échec.

                                  Je glousse. Parlerait-il de ce que le petit Ilia m’a dit ? Très probable. Je le savais. Mais on a détruit toute trace de leur origine. J’ai gagné au moins cette bataille.

                                  La mission est un succès.

                                  Non, c’est un échec.

                                  Nous avons sauvé un royaume entier, c’est un succès. Alors mon commandant, regardez moi dans les yeux, osez encore dire ce que vous venez de dire. Osez encore mais n’oubliez pas de surtout regarder l’enfer que je transporte dans mes pupilles. Regardez-les, ces soldats se faire déchiqueter, ceux qui se suicident devant nous, des membres et du sang qui s’éparpillent, giclent sur nos visages. Regardez ces têtes à l’intérieur des corps des titans. Ces visages sans expression, ceux qui restent figés comme si la vie n'était déjà plus en eux. Puis regardez le désespoir des habitants, leur traumatisme, ces villes rasées, ce titan colossal. Regardez et osez me dire que la mission n’a pas été menée à bien.

                                  … Rompez. Nous en parlerons plus tard. Commandant Gerard, vous, vous restez.


                                  ***


                                  Hey salut Conny, aujourd’hui je t’amène Lana. Ma femme. Harry a pas pu venir, l’est allé voir sa famille, tu sais. Il a pas l’air comme ça, mais il est tout doux avec ses proches. Elle est belle Lana, hein ? Une brune aux yeux vert, comme je t’avais dit. On dirait pas qu’elle m’appartient à moi. Quoi, tu veux un p’tit bout ? Ok, j’te la prête un soir. Mais pas de cochonnerie, hein, t'as que seize ans. Mais t'as tes chances, elle aime bien les cranes rasés. J'crois.

                                  Tu vas être envoyé au reste de ta famille à Inu Town bientôt. C'est moi qui me suis chargé d'appeler tes parents. Ta mère pleurait beaucoup, ton père n'a rien dit mais il souffrait aussi. L'escargot faisait l'expression. Tu vas vraiment me manquer p'tit gars mais on communiquera toujours par la pensée.

                                  Hein ?

                                  Quoi ?

                                  Pourquoi je m’obstine à avoir une conversation avec toi, que tu dis, hein. Ben en fait, j’viens juste de retrouver un peu de moi. J’ai tout oublié à part Lana et Harry. Et j’pense que retrouver la mémoire et les gens qui nous ont marqué c’est comme s’créer une sorte de fraternité au niveau des neurones, quoi. Faut qu'il soit solidaire sinon la connexion fonctionne pas et on d'vient débile. Esprit d'équipe…

                                  Hey, ça t’saoule c’que j'raconte ? Enfoiré de p’tit Amiral, va.