Note :
paroles du sergent chef instructeurLe soleil est encore indistinct dans le ciel. On aperçoit quelques petits rayons quand même, mais ils restent légers. On passe la baraque à l'entrée et on se fait répartir en plusieurs petits groupes. On nous ordonne d'aller faire dix tours de terrain, direct. Tu t'exécutes. Encore une chance que j'ai l'habitude de courir, sinon ça pourrait vite devenir gênant. On enchaîne ensuite avec des pompes, des abdos, du sport ... Une fois que tu as finis de transpirer, pas le temps de se reposer, non. Ça serait trop facile. Un grand gars s'approche de nous et nous gueule dessus en nous disant d'aller à la cuisine. Ha. la fameuse cuisine qui fait tant peur ... Il nous y emmène en courant. Dès que les portes s'ouvrent, on voit plus de cent kilo de pommes de terre. La trentaine de toutes jeunes recrues que nous sommes se met à l’œuvre. On commence à éplucher sans qu'on ai besoin de nous le dire. Il est environ 10h30. Il nous reste donc 1h30. Ha, ba, non, moins en fait. Et oui, faut ptet les faire cuire les patates avant de les manger, non ? C'est meilleur il parait ... On met le turbo afin d'en faire un maximum en un minimum de temps. Chacun a son sac de patates devant lui qui se vide, avant qu'on ne le replisse. C'est inhumain de nous faire faire ça ...
11h00. Plus que 55 minutes, et on a encore plus de la moitié des légumes à éplucher ... On y arrivera. On va en chier, mais on va le faire. On a pas le choix. C'est le bizutage qui commence je crois. La cuisine en elle même semble plutôt bien équipée en fait. 11h30. Encore quelques vingt petits kilos et on y est. 11h50. Aller, dernière ligne droit ! Cinq kilos restants. On épluche, encore et encore. Nos mains saignent parfois à force de nous éplucher la peau pour les moins doués. Mais certains semblent avoir un don pour cette action. On dirait qu'il ont préparés des pommes de terre toute leur vie. 11h55 ! On pousse un soupir de soulagement. Le dernier légume vient d'être posé dans le bac d'eau froide. YES ! We did it ! On se lave les mains quand un homme entre dans la cuisine. Il nous regarde, jette un coup d’œil aux patates, puis devient toute rouge. Entièrement, de la tête aux pieds. Mais qu'est-ce que vous faîtes ici ?! Dégagez de ma cuisine espèce de fourre merde ! Puisqu'il dégaine le rouleau à pâtisserie, on sort, courant vers l'extérieur du bâtiment. Et c'est là qu'on voit quelques anciens en train de se rouler de rire par terre, plié en deux par leur 'blague'.
Ça commence bien dis donc ... Ça va être prometteur cette année, je le sens. Un sergent vient vers nous. Il se présente comme étant sergent XXXXX. Désolé, mais je ne retiens pas vraiment les noms. Il nous envoie à la lingerie chercher des uniformes à notre taille. Ensuite, la journée commence une fois habillé. Mais tout en les enfilant, la personne s'occupant de la lingerie nous prévient de ne pas trop les salir, car c'est nous qui allons les laver. Et que donc plus ils seront sales, plus on devra passer de temps à les nettoyer. Paf. Deuxième désillusion à ajouter à celle d'hier. Le reste de la journée se passe dans une salle de cours. On nous explique les différents grades, le salut, les positions, le respect e la hiérarchie, le désertage, les sanctions ... Plein de choses que je n'écoute pas forcément. Je suis quelqu'un qui aime bouger et qui a besoin d'action. rester assis, non merci. Pourtant je fais un effort. Et un sourire revient sur mon visage. Je suis un marine aujourd'hui. Je vais rendre mon père fier. Et je réaliserai mon rêve le plus cher, devenir amiral en chef de la marine, et apporter la paix sur le monde. Un monde juste et équilibré, sans distinction de groupe stupide tels les dragons célestes, pirates ou marines. Un monde où tous seront égaux. Je me tiens donc droit et essaie de prêter au cours l'attention qu'il est censé mérité. Mais c'est plus fort que moi. J'aime pas les cours, ni rester le cul assis sur une chaise toute la journée. Le lendemain matin, alors que je suis confortablement endormis dans mon lit, en haut, un clairon retentit dans toute la caserne. L'heure de se lever. On est tous réveiller, surpris, et je tombe de mon perchoir.
Debout bande de mollassons ! Il est 6h. Vous avez une minute pour enfiler votre uniforme, faire votre lit et rejoindre le terrain d'entraînement. Une fois là bas, vous ferez cinquante tours. Pour chaque personne arrivant en retard, vous ferez dix tours supplémentaires. J'inspecterai vos lits pendant ce temps là. Pour chaque lit mal fait, vous ferez tous cinq tours en plus. A chaque contestation, je vous rajoute cinquante tours. Vous avez une heure. Ceux n'ayant pas finit à la fin du temps seront de corvée de toilettes, ménage et lingerie pendant deux mois, sans autorisation de sortie.
Quoi ? Il déconne le vieux, c'est pas possible ! Il nous réveille en fanfare, nous hurle dessus, nous donne des ordres, et il croit qu'on va lui ... Hey ! Mais ... Les autres sont déjà en train de s'habiller et faire leur lit. Merde ! Je me relève rapidement, enfile ma tenue que je bouclerai en courant. Je me dépêche de faire mon lit en essayant de me souvenir la façon dont le sergent l'a fait hier soir. Sans succès, j'abandonne. On fera cinq tours en plus, c'est pas la mort. On se précipite pour sortir et rejoindre le terrain. Les premiers arrivés ont déjà commencé à courir. Moi, courir le ventre vide, je suis pas chaud. Mais bon, j'ai pas le choix, donc on y va ! Après cinq tours, certains sont déjà fatigués. Ils n'ont pas d'endurance. Cinq tours plus tard, une dizaine de personnes s'arrêtent. En fait, à chaque tour un petit nombre abandonne. Ils se disent que personne ne les remarquera. Une heure plus tard, tout le monde se trouve au point de rendez-vous donné par le sergent. Il nous envoie dans le dortoir. Surprise, tous les lits, je dis bien tous, sont défaits. Les draps trainent dans le passage, les oreilles ont été balancés ... Une bataille de polochon aurait eut lieu sans nous ?
Vous êtes trente abrutis dans ce dortoir ! Pas un seul a été foutu de faire son lit dans les règles. Vous avez deux minutes pour le refaire. Ensuite pour retournez sur le terrain pour me faire les 150 tours restants. Le jour où vous en aurez marre de courir, peut-être que vous apprendrez à faire un lit correctement.
Je comprends ce qu'il fait. En fait, je trouve ça stimulant. Il nous force à nous améliorer. Et même quand on échoue, on en ressort plus forts. Pour ceux qui réussissent du moins. Vous là ! Plus personne ne bouge. On est tous paralysés. Il fixe une partie des nôtres du regard. Ouf, j'en fait pas parti. Je me dépêche de faire mon lit aussi bien que possible. Vous pensiez peut-être que faire cinq tours serait suffisant et que personne ne le remarquerait, hein ?! Vous me ferez deux cent cinquante tours pour la peine. Personne n'ose broncher ou dire quoique ce soit. On fait nos lits en silence, et pas un bruit ne se fait entendre, hormis les bottes du sergent qui quittent le dortoir. On est libre d'aller prendre notre petit déjeuner. Oui, je disais donc qu'on gagne, même lorsqu'on échoue. Il nous force à nous améliorer afin de nous rendre parfait. Et quand on rate, on fait des tours de terrains, de la muscu, des petits combats ... donc on gagne en endurance, résistance, force ... Mais c'est vrai qu'il faut supporter tout ça. Pour ma part, c'est ma motivation et mon rêve qui me permettent de tenir.