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Ma deuxième fierté {Yoru}


    - HIYAAAAAAAAAA !!!

    Le jeune sergent m’attaquait de front, les yeux fermés, le corps tout tremblant. Le pauvre craignait vraiment d’avoir à m’affronter. Eh bien eh bien… Etais-je si effrayant que cela… ? Très bonne question. Soupirant donc, je levai les yeux en l’air, tout en évitant son offensive pathétique, avant de lui faire un croc-en-jambe, non sans lui administrer un léger coup sur la nuque. Premier à terre. Un gamin qui manquait cruellement d’entrainement, malgré son courage et sa bonne volonté. Il était après tout celui qui avait osé m’attaquer en premier après quelques minutes d’hésitation de la part de tous mes adversaires. D’ailleurs, ces derniers eurent un mouvement de recul, alors que je leur faisais pourtant signe de venir m’attaquer. L’un d’eux eut également les tripes de s’avancer, là où ses amis reculaient. Il avait enfilé des poings américains et commençaient à sautiller comme un boxeur, l’air sûr de lui, sourire aux lèvres. A en juger par sa mine patibulaire, ce petit devait être un vrai cas dans les rangs. Un futur marin d’élite, il n’y avait pas de doute possible. Sortant ma deuxième main de la poche de pantalon, je lui fis signe de m’attaquer, ce qu’il fit aussitôt. Malheureusement, lui aussi était mauvais puisqu’après trente secondes seulement, je l’avais cloué au sol.

    - Quoi… ? Vous avez peur ? Ce n’est qu’un simple entrainement mes agneaux. Vous pouvez venir à plusieurs si vous voulez !

    Un simple entrainement ? Non. C’était plus que ça. Chaque année et ce depuis l’an 1618, j’avais pour habitude d’organiser un petit concours qui réunissait les jeunes talents de la marine. Mon but ? Déceler les valeurs fortes qui tiendraient notre faction à l’avenir. Mais depuis que Blacrow Rachel m’avait quitté, je n’avais pas eu ne serait-ce qu’un apprenti qui arriverait à sa cheville. Tous ceux à qui je donnais une chance de m’émerveiller me décevaient ; et cette année n’allait sans doute pas être différente des autres. Aucun de ces jeunes recrues ne me ferait palpiter. A chier, j’vous jure. Un troisième marine vint à moi, mais son corps vola quelques mètres plus loin, après que j’eus simplement dévié le sabre de bois qu’il voulait loger sur l’une de mes épaules. Pitoyable. N’y avait-il pas une perle rare qui me ferait palpiter tout comme l’avait fait Rachel à son plus jeune âge ? N’y avait-il pas un petit digne de confiance à qui je pourrais fièrement transmettre mon savoir ? A croire que non. Car les autres newbies des rangs répétaient les mêmes erreurs que leurs camarades. Ils fonçaient dans le tas, sans réfléchir. Attaquer intelligemment était trop demander apparemment…

    - Je vais m’ennuyer à ce rythme. Personne n’a d’amour propre ou quoi ?

    Le petit rire qui accompagna cette petite pique, eut tôt fait d’énerver ces jeunes. Ceux qui avaient été battus se relevaient courageusement. Ceux qui n’avaient pas encore eu les couilles de me porter un assaut se réveillaient et se motivaient. De quoi m’arracher un sourire à la fois narquois et intéressé. Bien. Voir de la motivation dans leurs yeux m’enchantait carrément ! Ce pourquoi j’avais daigné dégainer mon sabre en bois pour leur faire face. Ce geste sonna le début d’hostilités un brin intéressant. Malgré l’irritation qu’avait provoquée ma phrase, les jeunes venaient à deux ou à trois et m’obligeaient à me défendre avec mon sabre en bois. L’un d’eux réussit même à m’infliger un maigre coup de pied, ce qui m’arracha une exclamation enchantée. Je voulais des tripes, du courage, de l’ardeur à la tâche et autant dire que j’avais presque été servi. Presque. Puisque cette motivation de leur part ne dura pas vraiment plus d’une demi-heure. La fatigue et le découragement les avaient pitoyablement gagnés, si bien que mes adversaires d’une journée avaient fini au sol. Leur exploit commun se résumait donc à un maigre coup de pied. Déplorable, vraiment. Mais alors que je comptais quitter le vaste dojo dans lequel nous étions, je vis un dernier prétendant. Toujours debout.

    Avec un de ces regards qui ne trompaient pas…

    - Toi, dis-je en pointant mon sabre en bois vers le jeune homme. Attaque-moi avec tout c’que tu as dans le ventre.

    Yoru inspira profondément, parvenant à calmer les tremblements de son corps. Des tremblements d'excitation. Depuis qu'il était dans la Marine, il avait affronté de puissants adversaires, surtout depuis son passage dans l'élite. Mais jamais personne de la trempe de l'homme qui lui faisait face aujourd'hui avec nonchalance. En fait, depuis que le samouraï avait atteint le stade de disciple de premier rang dans son école de sabre, seuls les maîtres du style des éléments l'avaient à ce point repoussé sans sembler faire d'efforts.

    Grâce à son expérience, Yoru était capable d'évaluer rapidement la force d'un ennemi et d’adapter son style de combat en conséquence. Lorsque le jeune homme était plus rapide et plus fort que son adversaire, il lui suffisait de quelques passes d'armes pour vaincre. Lorsqu'il affrontait quelqu'un d'une puissance égale ou supérieur à la sienne, il employait les techniques de son école pour reprendre l'avantage.
    Mais, parfois, il tombait sur une personne le surclassant et en puissance, et en technique.

    Au premier assaut contre le colonel, ce dernier avait détourné son attaque et l'avait envoyé boulé dans un geste presque négligeant, comme s'il chassait une mouche l'importunant de son bourdonnement. Au second, le samouraï avait pris une posture de défense et tenté de trouver une faille dans la garde de son adversaire pour frapper. Salem ayant été plus rapide à ce petit jeu, Yoru avait de nouveau mordu la poussière.

    Lorsqu'il s'était relevé, le jeune homme avait pu constater que ces alliés dans cette rude bataille avaient décidé de rester à terre. Il se retrouvait donc en combat singulier avec un sabreur de talent : une chance pour lui. Bien que le combat promettait d'être rude, il allait faire de son mieux.

    Le samouraï rangea l'un de ses sabres en bois à sa ceinture, saisissant le second avec une prise à deux mains.

    " C'est un honneur de vous affronter, Colonel. "

    Ces mots n'eurent pas le temps de s’éteindre qu'il s'élançait, tête baissée, décidant visiblement de rentrer dans le lard de l'imposant gradé. Il se dressa juste avant d'atteindre sa cible, son boken levé en l'air.

    " Style du feu - Colonne de flammes !  "

    L'arme s'abattit avec violence. Et quitta les mains de son propriétaire avant la fin du mouvement.
    Les roustes successives qu'il avait encaissé avaient permis au samouraï d'analyser la technique du Colonel. Ce dernier refrénait complétement ses capacités, ripostant aux attaques qu'on lui lançait en ciblant les points faibles des marines comme pour montrer, en même temps qu'il se défendait, où étaient les erreurs des novices. Le jeune homme espérait que Salem fasse encore de même cette fois, ce contentant d'esquiver ou de contrer sans répliquer pour bien montrer la futilité de l'attaque du samouraï.
    Car, tout en ne déployant qu'une partie de sa vitesse, Yoru avait fait mine de frapper de la façon la plus stupide qui soit face à un tel adversaire : en fonçant dans le tas. Puis il avait lancé sa véritable attaque : il avait lâché son boken, s'était baissé en se projetant en avant tout en dégainant sa deuxième arme pour lancer un coup circulaire.
    Si le Colonel choisissait d'esquiver ou de contrer, le samouraï espérait avec cette manœuvre franchir sa garde pour l'atteindre.
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      Sa dégaine, son apparence, son ton… Pas de doutes possibles. Ce petit venait de Wanokuni ! Mon sourire n’en fut que plus grand malgré les premières erreurs qu’il commettait. Mais il était bien plus puissant… Bien plus puissant que les autres gosses à qui j’avais donné l’opportunité de me défier. Et il semblait que j’avais trouvé un apprenti à ma mesure, de quoi me réjouir et rendre mon année on ne peut plus intéressante. Il aurait même pu m’avoir s’il n’avait pas eu l’idée sotte de prononcer son attaque à voix haute. N’importe quel bretteur de renom connaissait cette parade, typique aux samurais de Wanokuni. Ce pourquoi j’évitai tout simplement le premier sabre en bois qui visait mon crane, avant d’incliner mon boken vers le bas pour effectuer un revers qui contra à merveille son deuxième et dernier coup. Ici, tout avait été question de rapidité. Il ne m’avait fallu que de quelques gestes seulement pour le décontenancer à merveille. Cependant, l’action n’était pas encore terminée, puisque je levai mon pied droit, avant d’assener un coup plus ou moins violent au visage du jeune qui valsa plus loin. L’assemblée eut alors une exclamation non dissimulée. C’était bien la première fois que je forçais quelqu’un comme ça. Ne disait-on pas que qui aime bien, châtie bien ?

      - On n’énonce pas à voix haute une technique d’un style assez connu. Tu donnes l’occasion à ton adversaire de savoir ce que tu comptes faire, tout du moins s’il est un bretteur comme toi. Une telle erreur peut te couter la vie. Par la même occasion, tu es horriblement lent. C’est quoi ton nom, d’ailleurs ?

      Si les visages de la plupart des personnes affichaient la surprise, d’autres montraient clairement un sourire qui en disait long. Ces derniers avaient compris mes intentions. Faire de ce gosse mon élève, peu importe qu’il vienne à me détester ou non pour le coup de pied que je lui avais infligé sans trop de ménagements. Si le ton que j’avais emprunté pour parler était plus ou moins sévère, il n’en demeurait pas moins que j’avais un sourire intéressé aux lèvres. Il me plaisait bien. Il avait de l’avenir au sein de la marine. Je le sentais, je le savais même. Avec des jeunes comme lui, la relève semblait complètement assurée. Je mis alors à faire tourner mon sabre en bois entre mes doigts, un peu comme si je m’apprêtais à l’attaquer, mais je ne fis rien de tout cela. En lieu et place, je quittai le tatami sur lequel nous étions, non sans lui dire : « Si tu réussis à faire tomber dix de tes camarades d’armes, je te prends directement comme élève pendant un bon moment. Si tu te loupes, tu peux dire adieu à mon entrainement. » C’est alors que je posai mon cul sur l’un des sièges inoccupés près de mes collègues de travail. Les autres élèves qui voyaient leur chance d’évoluer s’envoler, se reprirent alors et revinrent sur le tatami. Pas moins d’une vingtaine d'adolescents prêts à ruiner la chance du Sengoku.
      Yoru se désencastra du mur dans lequel le Colonel l'avait envoyé voler et considéra un instant son empreinte.

      " Je savais que cette journée allait être marquante. "

      Il essuya d'un coup de manche le sang qui lui coulait du nez et analysa la situation : derrière lui, un mur un peu abimé. Devant, une vingtaine de recrues à l'air pas commode qui s'avançaient en arc de cercle. Au sol, de grands tatamis rectangulaires accolés les uns aux autres formant l'aire de combat. Au plafond, des lampes éteintes.
      Dans l'ensemble, un beau guet-apens. A Wanokuni, Yoru avait appris à combattre un grand nombre d'adversaires. Le secret, c'était d'éviter de se faire encercler. Autant dire que la situation actuelle n'était pas top.

      " Hum.. salut les gars, moi c'est Yoru. Ça va ? "

      Certains sourirent et répondirent mais d'autres gardèrent un visage concentré. L'affrontement allait être rude. Ce fut le type aux points américains qui attaqua le premier. Très sûr de lui, il hurla aux autres de lui laisser " le pauvre samouraï " en un contre un. Yoru échangea quelques coups avec lui avant de laisser volontairement une ouverture dans sa garde. Comme prévu, son adversaire l'exploita et se retrouva au tapis lorsque le guerrier de Wanokuni s'effaça et lui asséna un coup dans la tempe.
      Les autres commencèrent à s'avancer mais s’arrêtèrent, le visage trahissant leur curiosité, lorsque Yoru leur fit signe d'attendre.

      " Les gars, avec tout ce monde qui m'affronte, si je meurs...
      - Oui ? s'impatienta un curieux.
      - ... je veux qu'on m'enterre dans une cave où il y a du bon vin !  "

      Un instant décontenancés par ce début de chanson, les marines s'élancèrent finalement, certains amusés, d'autres beaucoup moins.

      " Dans une cave ! Oui, oui, oui ! "

      Chacun avait en main son arme de corps à corps de prédilection, de la massue aux simples gants renforcés.

      " Dans une cave ! Non, non, non ! "

      Yoru quant à lui, rangeait ses deux bokens à sa ceinture tout en s'avançant, permettant à certains marines de venir compléter le cercle derrière lui.  

      " Dans une caaaave... "

      Les premiers combattants arrivèrent juste devant Yoru, ceux directement en face de lui ayant de l'avance sur les autres. Le samouraï se baissa soudain, attrapa les bords d'un des grands tatamis.

      " Où il y a du bon vin ! "

      D'une traction puissante, il projeta le tatami dans les airs, envoyant du même coup valser les deux marines dessus. Profitant de la brèche ainsi ouverte, il bondit pour se sortir du cercle, attrapa le tatami qui volait, pivota sur lui-même et le balança de toutes ses forces dans ses adversaires les plus proches, envoyant se rétamer au sol d'autres candidats à son passage à tabac. Puis, dégainant finalement ses armes, il profita de la confusion générale pour assommer le maximum de personnes.

      Il parvint effectivement, de quelques attaques précises, à sécher les deux soldats debout les plus proches ainsi que quatre au sol avant que la troupe ne se reprenne. Mais la cohésion était brisée, les combattants séparés, certains bien plus prudents et hésitant même à attaquer, permettant ainsi au samouraï d'engager des combats en un contre un ou deux contre un.

      Jusqu'au moment où il se prit un tatami dans la tronche qui l'envoya bouler et que les hommes restant lui sautèrent dessus dans un bel ensemble.

      " Ça, c'est pour tout à l'heure ! gueula un des types que Yoru avait envoyé valser avant de se jeter à son tour dans la mêlée. "

      C'est donc un Yoru fermement retenu par ses collègues et un rien tabassé qui dû admettre sa défaite. Mais le total de ses victimes étant supérieur à celui réclamé par Salem, il avait remporté son défi.

      " Je n'ai pas vaincu tous mes adversaires, Colonel, il me reste donc des progrès à faire. Consentez-vous à m'entrainer ?"
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        - Modeste en plus de ça. Je crois que je suis tombé sur une perle rare, hé !

        Ma voix amusée interpella plus d’une personne dans le dojo dans lequel nous nous trouvions. Je me levai alors de mon siège, avant de faire signe aux aspirants qui se trouvaient sur Yoru de se lever. Si certains avaient des mines défaites, d’autres avaient vraiment la rage et pour cause : Ils s’étaient complètement fait roulés par l’ingéniosité du samouraï qui a su profiter au maximum de l’environnement qui l’entourait. Il fallait avouer que je n’aurai moi-même pas pensé ainsi. Un vrai petit malin qui avait éveillé ma curiosité et qui semblait vraiment déterminé à apprendre à mes côtés. Je me mis alors à applaudir, sourire aux lèvres, avant que d’autres officiers ne viennent à m’imiter. C’était clair comme de l’eau de roche. Le dénommé Yoru nous avait tous bluffé et pas qu’un peu. Deux aspirants animés par un fair-play admirable, s’attelèrent même à remettre debout le jeune samurai et à le féliciter comme il se le devait. C’est alors que je m’approchai doucement du lascar que j’allais entrainer. Alors que je posai une main sur l’une de ses épaules, je lui soufflai également quelques mots de félicitations, gros sourire aux lèvres. C’est à ce moment que je fis volte-face vers les officiers, en particulier vers celui qui semblait être le supérieur temporaire de l’héritier des Sengoku :

        - Aucune objection ?

        - Aucune.

        - Bien. Vous pouvez vous en allez ! Et ne vous découragez pas jeunes gens, il y a plusieurs officiers plus expérimentés que moi qui sauront vous guider !

        La foule se mit à déserter lentement les lieux, nous laissant seuls Yoru et moi. Leur déception pouvait se faire ressentir à des kilomètres à la ronde, mais tous avaient été conscients de l’enjeu en venant ici. L’une des raisons pour lesquels la plupart des officiers des différentes blues se prêtaient à mon jeu était simple : Le piston. Vu ma popularité grandissante, mon nom qui en disait long sur mes origines nobles, mes capacités à enseigner qui n’étaient plus à prouver et ma force notable, il était plus que clair que j’allais bientôt faire partie de l’amirauté. Que j’allais même gravir les échelons jusqu’à rattraper mon vieux père. Et que ma future position les aiderait surement à se hisser plus haut dans la hiérarchie de notre état-major. En gros, tous ces idiots n’étaient que de gros hypocrites qui ne pensaient aucunement à l’avenir de notre faction dans son ensemble, mais à leur avenir propre. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que je n’avais pas vraiment d’ambitions démesurées, mis à part peut-être celle de devenir le meilleur bretteur du monde. Encore que, d’une manière ou d’une autre, ce rêve lointain n’avait rien à voir avec mes objectifs liées à ma faction. Heureusement que tous ces officiers qui avaient emmené leurs meilleurs élèves n’étaient pas comme ça…

        Celui de Yoru était un exemple.

        - T’es vraiment pas commode pour un samurai, tu sais. Faire preuve d’autant d’ingéniosité, n’est-ce pas un déshonneur chez vous ?

        Halala… Les samurais et leur honneur… Une longue histoire, surtout que cela avait l’art de me faire rigoler plus qu’autre chose dans sa jeunesse. Rien qu’à son plan avec les tatamis, je devinai aisément que ce petit n’avait pas trop la tête à respecter leurs traditions plutôt chiantes parfois –Comme le fait de ne pas succomber au désir de la chair, par exemple. Peut-être me trompais-je, mais toujours est-il que c’est l’impression qu’il me donnait de lui. Je m’éloignai une nouvelle fois de Yoru pour aller fouiller dans un petit sac situé au bord de l’aire de combat. Lorsque je me retournai, je lui balançai une bouteille de saké tout droit venu de West Blue. Le meilleur alcool pour arroser sa victoire : « C’est pour ta victoire tout à l’heure. Vu ta chanson précédente, je suppose qu’une telle boisson te fera rien, hein ? » J’eus un petit rire, avant de fermer mon sac, de m’assoir sur mon siège précédent et de commencer à boire ma propre bouteille. En fait, c’est d’une seule traite que je m’étais amusé à la descendre, avant de mimer un air grognon devant ma bêtise : J’aurai dû m’amuser à savourer cette bouteille, mais c’est que tous mes efforts (minimes) m’avaient donné soif. Finalement, je haussai mes épaules, avant de balancer la bouteille par-dessus mon épaule, non sans un air sérieux :

        - Bon. Je vais te dire la vérité concernant notre futur entrainement. Je commence peut-être à être une figure dans le monde du kenjutsu, mais à proprement parler, je n’ai aucune véritable technique à te montrer. Ne pense même pas à des bottes secrètes ou autres. Pour ce genre de choses, vous autres samurais êtes déjà bien calés, d’autant plus que tu dois avoir une multitude de techniques à ton compteur. Je vais plutôt aiguiser ton agilité, ta rapidité, ton endurance et ta force de frappe. Je m’attèlerai aussi à corriger les quelques lacunes que tu auras, et je t’apprendrai même à te battre en un temps record sans utiliser ton sabre. Dis comme ça, c’est peut-être décevant, mais tu n’en ressortiras que plus grand, tu peux me croire. Je te préviens cependant que je ne pense pas te ménager une seule seconde. Globalement, c’est tout ce que j’ai à te dire. Est-ce que tu toujours partant, jeune samurai ?
        Yoru salua les aspirants qui partaient, réinstalla les tatamis tout en discutant avec ceux qui étaient restés aider. Puis les derniers novices accompagnés de leurs supérieurs se retirèrent, et le samouraï se retrouva seul avec son nouveau mentor.
        Il s'installa au sol, en tailleur, déboucha la bouteille de saké pour en avaler une longue rasade tandis que le Colonel mettait les choses au point.

        " J'aurais affronté n'importe lequel de ces guerriers en combat singulier s'ils l'avaient voulu, répondit finalement le samouraï. Ils combattaient en outre sur le même terrain que moi. Ils ne l'ont simplement pas utilisé. Je ne pense pas avoir mis mon honneur en cause aujourd'hui. Et puis, ajouta-t-il avec un petit sourire, vous vous rendrez vite compte que je suis moins intransigeant que certain de mes compatriotes. "

        Il s'envoya une nouvelle goulée et lança sa bouteille encore à moitié pleine au Colonel qui semblait si dépité d'avoir vidé la sienne.

        " Tout entrainement est bon à prendre. Si vous êtes capable d'augmenter mes capacités physiques, ce dont je ne doute pas au vu des rumeurs sur les vôtres, je serai ravi de suivre votre enseignement. Et vous pouvez y aller, je n'envisage pas une seule seconde d'abandonner. "

        ~~ ~~

        Yoru s'arrêta un instant pour contempler le soleil qui se levait et projetait ses rayons orangés dans la mer calme et le ciel clair de ce début de journée. Il savoura un moment le vent frais qui jouait avec ses cheveux, respira à plein poumon l'odeur iodée de la mer. Une magnifique journée, du genre qui lui donnait systématiquement envie de se lancer dans une nouvelle aventure.

        Cessant ses rêveries, il s'approcha d'un des hommes du rang qui gardait la partie du port de Shell Town réservée à la Marine et le salua. Après une courte discussion, le soldat lui indiqua un petit navire de transport au bout d'un quai. Le samouraï s'y rendit, remarquant l'agitation indiquant que le navire était en train d'être chargé.

        Le Colonel Fenyang, son nouveau mentor depuis quelques jours, lui avait donné rendez vous sur le port ce matin même pour une raison que le samouraï ignorait. Le jeune homme scruta donc les environs à la recherche de la massive silhouette du gradé.
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          - Ponctuel à ce que je vois. Tu es digne des samouraïs.

          Alors que le jeune samurai tournait dans tous les sens dans le but de me retrouver, j’étais apparu de nulle part, avant de poser ma main sur l’une de ses épaules que je tapotai amicalement. Le jeune homme était un dur. Il m’avait beaucoup impressionné lors de notre entrainement qui avait duré trois semaines, non-stop. « Quelques jours » comme il l’avait dit, était sans aucun doute un euphémisme de sa part. Je m’arrêtai à sa hauteur, avant de commencer à savourer l’éclair au chocolat qu’une jeune boulangère m’avait offert avec tout le bon cœur du monde. Parfois, il était vraiment bon d’être le commodore en charge de la base marine implantée dans cette ville. Belle cité paisible que je me devais de protéger au péril de ma vie. Raison qui m’avait poussé à lui donner rendez-vous ici, au bord de la mer. Pour qu’il se rende compte de la beauté des lieux, mais aussi de l’importance de la mission que j’allais lui confier. Mission en étroite relation avec la sécurité de l’île. Tout était lié d’une manière ou d’une autre. J’eus alors un sourire suite à ma pensée et suite à ma seconde bouchée. Cette viennoiserie était tout simplement délicieuse. En rentrant à la base, j’allais m’en acheter un paquet. Au diable mon régime !

          - Quelques jours avant votre arrivée, nous avons subi plusieurs attaques de la part des révolutionnaires. La première était celle du dénommé Minos que j’ai réussi à repousser tant bien que mal. La seconde était celle de trois autres inconnus qui m’ont aussi causé du fil à retordre, tant et si bien que j’ai dû combattre aux côtés d’un Cipher Pol. Toutes ces attaques visaient soit les matériaux destinés à la construction du Léviathan, soit le Léviathan lui-même. Si jusqu’ici, ils n’ont pas encore récidivé, je doute qu’ils s’arrêtent là. Et leurs attaques trop précises me font penser qu’il y a une taupe dans la cité. C’est là que tu entres en scène, mon petit. C’est un travail laborieux, mais j’aimerais que tu fasses une enquête. Interrogation, filature, tout est bon pour attraper le ou les taupes, s’il y en a, bien évidemment. Le premier suspect est Denis, un forgeron de quarante ans qui travaille au nord de la ville. Selon ses voisins, il a été tout le temps absent, lors des attaques révolutionnaires. Le deuxième est Hendrix, ancien révolutionnaire, reconverti en civil cordonnier. C’est un vieil homme de quatre-vingt ans qui travaille au centre-ville et il semble avoir renouvelé le contact avec des passants suspects. Voici les deux premières pistes.

          Lorsque je marquai une pause, j’avalai le reste de mon éclair, avant de m’essuyer la bouche et les doigts à l’aide d’un mouchoir blanc.  

          - Tu n’as qu’une semaine devant toi, parce que d’ici là, tu seras certainement transféré ailleurs. Les suspects dont je t’ai parlé n’ont pas encore été interrogés. Lorsque tu le feras, l’un d’eux se mettra peut-être en mouvement, de peur d’avoir toute la marine de la base sur son dos. Rien n’est sûr, mais vu que je n’ai que ces pistes et que je n’ai pas eu le temps de m’en occuper moi-même parce qu’il y avait plus urgent à régler, je te laisse la main. N’exclue pas cependant qu’il peut s’agir d’une toute autre personne que nous ne connaissons pas. Tout est possible. Dans cette mission, tu as le droit d’utiliser ton arme si tu sens ta vie en danger. Mais tu la rempliras seule. Pour ne pas éveiller les soupçons en modifiant soudainement l’effectif de mes troupes lors des rondes dans les ruelles, de Shell, le mieux pour moi est de t’utiliser. Tu es un marine pas encore connu, donc c’est tout bon pour éviter d’éveiller des soupçons de la part de notre ennemi. Gamin, je compte vraiment sur toi. Fais tout ce qui est en ton pouvoir pour dégoter le contact. Et appelle-moi avec ce Den-Den-Mushi en cas de bonnes nouvelles ou de pépins. Il est certes petit, mais il peut couvrir toute la zone de d’ile sans problème, héhé.  Allez samurai bon courage à toi !

          Après quoi, je me retournai en laissant le jeune homme seul, sur le quai.