Bien que Hook Island prônait son individualisme et qu'elle ne voulait en aucun cas l'aide de la Marine, parfois, le village manquait de certaines ressources. Alors, attelé d'une barque, de rames, un groupe de jeune gens devaient aller en ville, à Classic Town, la grosse île de South Blue, pour récolter les ressources nécessaires au maintien de l'île. Et depuis déjà trois ans, Crow et une bande de joyeux lurons (le rouquin, embauché de Boubou le barman ; Stag, un pêcheur ; Tokioko, un second pêcheur ; Martha, la mouche) rendaient cette mission à la perfection.
Tous quatre étaient coincés sur la légère embarcation. Le rouquin, toujours aussi nerveux, regardait d'un oeil avide le corps sensuel de Crow penché au dessus de l'eau, tandis que les pêcheurs ramaient de leur sueur. Les visages pourpres expiraient bruyamment, et Martha se lavait les pattes d'une façon peu élégante mais rythmé. Le voyage était long et monotone, sur une mer tranquille. Hook Island était à environ deux semaines de Classic Town, mais étrangement, aucunes embûches, aucuns problèmes ne survenaient. Pourquoi ? Car l'itinéraire était similaire chaque fois, et savamment étudié pour emprunter les routes les plus sûrs. Alors on s'ennuyait lorsqu'on était du convoi spécial.
Et spécialement pour Crow, qui rêvait de tomber sur un ou deux navires pirates... Mais la doyenne, sa tante, empêchait la violence et surtout les risques pour l'équipage improvisé. Alors Crow, en manque d'actions, s'ennuyait piteusement. Même pas le temps de s'arrêter dans quelques tavernes sur la route (interdit !) et ni le temps de remplir ses quatre bouteilles personnelles. Elle ne pouvait maintenant qu'attendre. Mais Tokioko — il était celui qui connaissait plus le parcours — affirmait qu'il arriverait bientôt... Enfin, s'était d'abord dit Crow, à Classic, je pourrai faire ce qui me plaît en attendant que Stag et le rouquin remplissent la barque du nécessaire. Tokioko connaît bien l'endroit, il sait où me conduire en plus !
Cela faisait un jour que cette pensée lui taraudait l'esprit...
Lentement, l'embarcation de bois vint cogner le quai. Le visage de la belle s'éclaira d'un magnifique sourire. Que ces voyages la laissaient, c'était épouvantable ! Old Crow se leva, s'étirant. Dangereusement, la barque tangua, et le rouquin, saisit d'épouvante, s'agrippa solidement à la jambe douce de Crow. Son malaise ne fut que fortuit, et ses yeux étincelèrent de bonheur. La bave commença à couler à l'interstice droit de sa bouche, et le rouquin tomba sur un nuage de fleur. Le doux parfum de Crow lui chatouillait les narines, tandis que son coeur accélérait. Peu d'hommes avaient la chance de se vanter d'un aussi proche rapport avec la femme la moins envisageable mais la plus séduisante du village. Ses amis en seront rouges de jalousie ! Et surtout — les yeux du garçon se levèrent un instant — d'ici, accrocher à ce haut mât de chair printanière, il avait vue sous la voile... Mais un ombre persistante, dû à l'inclinaison du soleil dans son oeil avare, l'empêchait de bien voir. Alors, l'employé de Boubou se tortilla un peu, pour avoir un meilleur angle... Si il cachait le soleil derrière la jambe de Old Crow, alors peut-être aurait-il vu sur...
Mais son tortillement n'entraîna pas la découverte du secret des secrets. À la place, pour châtiment, il le devinait, un pied chaussé de ces drôles de godasses vint lui asséner un puissant coup au menton, le décollant de la chair humide des pleurs de bonheur du rouquin. Le garçon, inévitablement, décolla de l'embarcation, passant au dessus de la légère balustrade, retrouvant rapidement l'eau saline. Dans un plongeon plus que raté, il coula lentement comme une vieille feuille morte, rejoignant le fond peu profond du port dans un bouquet de bulles bien senties. Jamais il ne referait la même erreur. Et c'était bien ainsi.
Une femme, ça ne donnait que rarement une seconde chance aux intrépides solitaires, surtout pour les cas de Old Crow. Même qu'elle soulignait grandement ces petits défauts masculins chez le sexe faible !
Old Crow secoua un peu sa jambe, l'air peiné de devoir essuyer la salive gluante du rouquin. Elle passa d'abord une main, mais voyant que cela ne faisait qu'étendre et empirer, elle chercha un coin du grand sac à provisions et s'en servit comme linge. Tokioko — un bon ami de sous-bassement sombre qu'on nommait généralement bar ou taverne populaire — riait de bonne gorge, tandis que Stag secouait négativement la tête. On n'approuvait pas toujours la violence gratuite de cette douce fleur aux épines effilées. Martha, la mouche, regardait la scène nonchalamment, frictionnant ses pattes d'une façon positive et énergique. Bref, l'incident n'en était qu'un autre à marqué dans la grande liste que devait sûrement gardé un quelconque individu impressionnable de Hook Island sur les faits et gestes punitifs de la femme forte. De quoi pour pimenter un peu ce début de soirée à Classic Town, ce qui ne dérangerait pas après ce long voyage difficile pour les nerfs.
Le rouquin immergea enfin, recrachant une longue gerbe d'eau. De quelques brasses, il rejoignit le quai, tandis que Tokioko et Crow s'engageait pour rendre visite aux endroits malfamés du coin. C'était toujours ainsi en fait, et Stag accompagné du garçon pouvait très bien faire le travail seul. C'était bien ce pêcheur mature et strict qui avait eut l'idée de ces visites ; c'était bien lui, encore, qui savait négocier ; c'était toujours lui qui connaissait comme sa poche, aidé des remarques intelligentes du rouquin, le marché de Classic et ses prix les plus abordables pour le village ; cependant, c'était le seul divertissement approuvé par la doyenne que Crow pouvait se permettre d'une façon « légale ».
Et Tokioko était là pour l'aider à se distraire un peu.
Et pour trouver les meilleurs vendeurs de tabac à rabais !
Rapidement, les deux compagnons de breuveries faussèrent compagnie aux deux autres, s'engageant sur une rue étroite et peu achalandée, juxtaposée au port à l'activité de fin de journée périssante. Un endroit qu'ils aimaient bien, l'Oeil du Chat, était légèrement plus haut, mais toujours dans la basse ville. Classic était comme toute les grandes villes des Blues composée de deux quartiers distincts, la Basse et la Haute. Les spécialistes se permettaient parfois de divertir quelques intellectuels en spécifiant qu'en ces temps modernes, les Moyennes naissaient, remous de deux époques... Mais pour des gens comme Tokioko et Old Crow, Haute et Basse étaient des termes juste assez précis pour ne pas les confondre.
Rapidement, ils atteignirent l'écriteau de l'Oeil. The Cat's Eye ! Il était un de ces bars qui servaient une bière juste assez bonne pour un prix abordable et convenable. Mais surtout, Crow et sa gorge sèche ne pourraient allez plus loin sans se déchirer de douleur. La soif les taraudait, réduisant peu à peu leurs existences en de simples morceaux de chairs fades. Crow serait donc vite revigorée sous cette insigne de Dieu qui stipulait également « auberge peu chère » en caractère miniature.
La clochette de la porte résonna, tandis que Tokioko laissait passer Old Crow avant lui. Si il avait appris une chose en la côtoyant, c'était que la femme détestait se faire traiter comme une de ces jeunes pimbêches écervelées du village, qui pensaient qu'en temps que jeunes femmes, elles pouvaient se permettre de juger les hommes. Ce que Tokioko respectait chez Crow, c'était sa façon de juger, qui n'avait rien à voir avec le caractère superficiel d'une pauvre fille : elle se mettait en quelque sorte sur la même longueur d'onde qu'un mâle, de façon à lui insinuer rapidement ses premières pensées.
Mais Tokioko était l'un des rares à comprendre Crow. En fait, Tokioko, en temps qu'Okama célèbre du village, et prônant également la supériorité féminine — le pourquoi de sa voie — était l'un des rares à appuyer Crow. En fait, ils s'entendaient à la perfection, lui et elle.
Le barman éclata d'un rire joyeux en voyant ces deux vagues souvenirs se pointer dans son établissement. Quand les Femmes — comme il les appelait — se pointaient ici, il y avait toujours de quoi d'intéressant : une bagarre fortuite, une engueulade rapide. Et tout cela se terminait dans un grand capharnaüm incroyable où les deux Femmes remportaient le prix de grandes combattantes, que préparaient mentalement le barman. C'était l'amusement éphémère du propriétaire, qui trouvait que parfois, sans pirates, son établissement manquait cruellement d'actions. Et enfin, ses deux actrices venaient sur le plateau de tournage. Magnifique !
Crow s'installa au comptoir. Rapidement, elle commanda son saké dans une coupe plate — dont elle était parfois la seule avant de longues semaines à emprunter — et le but goulûment. Ce qui était bien au Cat's Eye, c'était la discrétion du barman sur l'identité de ses clients. En gros, le monsieur devait brasser quelques affaires louches pour soutenir son bar et payer les marins du coin, pour ainsi s'assurer que chaque bagarres qui éclatent restent dans l'anonymat gouvernemental. Même les jeunes rookies du gouvernement venaient parfois se désaltérer et échanger quelques coups avec les habitués sans s'attirer quelques représailles des supérieurs — tant qu'ils masquaient leurs bleus apparents.
Et ce ne fut pas bien long avant qu'un quelconque homme saturé ne vienne faire du charme à la belle fleur de Hook Island. Il faut dire que l'impressionnante poitrine, dans ce coin uniquement masculin, au parfum de fleurs, n'attiraient que des regards. Le barman se réjouissait intérieurement. Le spectacle allait commencer.
Vint d'abord une insulte, puis un coup. L'habitué, déjà sonné par l'alcool, fut vite au tapis. Mais un ami, un peu plus lucide, s'opposa formellement. Hélas, un coup de pied l'envoya virevolter contre le mur ; un nouveau à travers la fenêtre. Haha, la bagarre dégénérait ! Oui, dans la rue, s'était mieux pour l'image que voulait le propriétaire pour Cat's Eye. Crow rejoignit l'ingrat qui osait la défier. Son sourire sadique et ses jointures blanches de rage étonnèrent les rares passants, qui passèrent leurs chemins.
Tokioko se trouvait dans l'embrasure de la porte, supporté par la monture de bois. Il buvait tranquillement une grosse chope. Cette femme sait se battre, se répétait-il chaque fois !
Mais alors que le coup final tombait (soit un pied de bois écrasant le ventre du malheureux), une petite casquette vint percuter violemment le flanc droit de Crow. Surprise, Old Crow s'écrasa sur le côté, ne pouvant pas garder son équilibre. La casquette roula au sol, puis rapidement et agilement, se releva, s'éloignant et disparaissant dans une ruelle plus basse au bar. Crow, mécontente, se releva, serrant le poing. Mais un Holà ! la fit se retourner. Elle avait derrière elle une bande de marins. Et merde, pensa-t-elle malgré elle, je suis dans la mouise jusqu'au cou moi...
« On recherche un jeune garçon... Attendez... (il fouilla dans sa poche) Il ressemble à cela, vous l'auriez vu ? »
Il tendait une légère photo d'un gamin de dix ans. Mais Crow reconnut la casquette qui venait de la bousculer. Malgré cela, elle fit non de la tête. Les marins la remercièrent puis repartirent vers une fausse direction que leur indiquait Tokioko. L'Okama avait compris ce que voulait Crow. Il comprit ce petit goût amer de la vengeance. Il comprit que Crow voulait punir le gamin qui l'avait empêché de terminer son coup puissant... Mais il ne comprit pas toute l'émotion de Old Crow, la femme solitaire.
Rapidement, sa pipe à sec entre les lèvres, Crow dévala la rue pour bifurquer à son tour dans la petite rue adjacente qu'avait empruntée plus tôt la casquette. Elle ne connaissait pas le quartier comme sa poche, et peut-être le garçon pourrait avoir une petite longueur d'avance sur elle, mais elle avait un instinct assez puissant pour le dénicher. Surtout qu'il devrait sûrement s'arrêter quelque part pour la nuit, et donc, serait encore plus facile à retrouver. Crow, sur le rythme de ses godasses frappants le sol rapidement, parcourait, l'haleine courte, un vrai labyrinthe de rues.
Tous quatre étaient coincés sur la légère embarcation. Le rouquin, toujours aussi nerveux, regardait d'un oeil avide le corps sensuel de Crow penché au dessus de l'eau, tandis que les pêcheurs ramaient de leur sueur. Les visages pourpres expiraient bruyamment, et Martha se lavait les pattes d'une façon peu élégante mais rythmé. Le voyage était long et monotone, sur une mer tranquille. Hook Island était à environ deux semaines de Classic Town, mais étrangement, aucunes embûches, aucuns problèmes ne survenaient. Pourquoi ? Car l'itinéraire était similaire chaque fois, et savamment étudié pour emprunter les routes les plus sûrs. Alors on s'ennuyait lorsqu'on était du convoi spécial.
Et spécialement pour Crow, qui rêvait de tomber sur un ou deux navires pirates... Mais la doyenne, sa tante, empêchait la violence et surtout les risques pour l'équipage improvisé. Alors Crow, en manque d'actions, s'ennuyait piteusement. Même pas le temps de s'arrêter dans quelques tavernes sur la route (interdit !) et ni le temps de remplir ses quatre bouteilles personnelles. Elle ne pouvait maintenant qu'attendre. Mais Tokioko — il était celui qui connaissait plus le parcours — affirmait qu'il arriverait bientôt... Enfin, s'était d'abord dit Crow, à Classic, je pourrai faire ce qui me plaît en attendant que Stag et le rouquin remplissent la barque du nécessaire. Tokioko connaît bien l'endroit, il sait où me conduire en plus !
Cela faisait un jour que cette pensée lui taraudait l'esprit...
Lentement, l'embarcation de bois vint cogner le quai. Le visage de la belle s'éclaira d'un magnifique sourire. Que ces voyages la laissaient, c'était épouvantable ! Old Crow se leva, s'étirant. Dangereusement, la barque tangua, et le rouquin, saisit d'épouvante, s'agrippa solidement à la jambe douce de Crow. Son malaise ne fut que fortuit, et ses yeux étincelèrent de bonheur. La bave commença à couler à l'interstice droit de sa bouche, et le rouquin tomba sur un nuage de fleur. Le doux parfum de Crow lui chatouillait les narines, tandis que son coeur accélérait. Peu d'hommes avaient la chance de se vanter d'un aussi proche rapport avec la femme la moins envisageable mais la plus séduisante du village. Ses amis en seront rouges de jalousie ! Et surtout — les yeux du garçon se levèrent un instant — d'ici, accrocher à ce haut mât de chair printanière, il avait vue sous la voile... Mais un ombre persistante, dû à l'inclinaison du soleil dans son oeil avare, l'empêchait de bien voir. Alors, l'employé de Boubou se tortilla un peu, pour avoir un meilleur angle... Si il cachait le soleil derrière la jambe de Old Crow, alors peut-être aurait-il vu sur...
Mais son tortillement n'entraîna pas la découverte du secret des secrets. À la place, pour châtiment, il le devinait, un pied chaussé de ces drôles de godasses vint lui asséner un puissant coup au menton, le décollant de la chair humide des pleurs de bonheur du rouquin. Le garçon, inévitablement, décolla de l'embarcation, passant au dessus de la légère balustrade, retrouvant rapidement l'eau saline. Dans un plongeon plus que raté, il coula lentement comme une vieille feuille morte, rejoignant le fond peu profond du port dans un bouquet de bulles bien senties. Jamais il ne referait la même erreur. Et c'était bien ainsi.
Une femme, ça ne donnait que rarement une seconde chance aux intrépides solitaires, surtout pour les cas de Old Crow. Même qu'elle soulignait grandement ces petits défauts masculins chez le sexe faible !
Old Crow secoua un peu sa jambe, l'air peiné de devoir essuyer la salive gluante du rouquin. Elle passa d'abord une main, mais voyant que cela ne faisait qu'étendre et empirer, elle chercha un coin du grand sac à provisions et s'en servit comme linge. Tokioko — un bon ami de sous-bassement sombre qu'on nommait généralement bar ou taverne populaire — riait de bonne gorge, tandis que Stag secouait négativement la tête. On n'approuvait pas toujours la violence gratuite de cette douce fleur aux épines effilées. Martha, la mouche, regardait la scène nonchalamment, frictionnant ses pattes d'une façon positive et énergique. Bref, l'incident n'en était qu'un autre à marqué dans la grande liste que devait sûrement gardé un quelconque individu impressionnable de Hook Island sur les faits et gestes punitifs de la femme forte. De quoi pour pimenter un peu ce début de soirée à Classic Town, ce qui ne dérangerait pas après ce long voyage difficile pour les nerfs.
Le rouquin immergea enfin, recrachant une longue gerbe d'eau. De quelques brasses, il rejoignit le quai, tandis que Tokioko et Crow s'engageait pour rendre visite aux endroits malfamés du coin. C'était toujours ainsi en fait, et Stag accompagné du garçon pouvait très bien faire le travail seul. C'était bien ce pêcheur mature et strict qui avait eut l'idée de ces visites ; c'était bien lui, encore, qui savait négocier ; c'était toujours lui qui connaissait comme sa poche, aidé des remarques intelligentes du rouquin, le marché de Classic et ses prix les plus abordables pour le village ; cependant, c'était le seul divertissement approuvé par la doyenne que Crow pouvait se permettre d'une façon « légale ».
Et Tokioko était là pour l'aider à se distraire un peu.
Et pour trouver les meilleurs vendeurs de tabac à rabais !
Rapidement, les deux compagnons de breuveries faussèrent compagnie aux deux autres, s'engageant sur une rue étroite et peu achalandée, juxtaposée au port à l'activité de fin de journée périssante. Un endroit qu'ils aimaient bien, l'Oeil du Chat, était légèrement plus haut, mais toujours dans la basse ville. Classic était comme toute les grandes villes des Blues composée de deux quartiers distincts, la Basse et la Haute. Les spécialistes se permettaient parfois de divertir quelques intellectuels en spécifiant qu'en ces temps modernes, les Moyennes naissaient, remous de deux époques... Mais pour des gens comme Tokioko et Old Crow, Haute et Basse étaient des termes juste assez précis pour ne pas les confondre.
Rapidement, ils atteignirent l'écriteau de l'Oeil. The Cat's Eye ! Il était un de ces bars qui servaient une bière juste assez bonne pour un prix abordable et convenable. Mais surtout, Crow et sa gorge sèche ne pourraient allez plus loin sans se déchirer de douleur. La soif les taraudait, réduisant peu à peu leurs existences en de simples morceaux de chairs fades. Crow serait donc vite revigorée sous cette insigne de Dieu qui stipulait également « auberge peu chère » en caractère miniature.
La clochette de la porte résonna, tandis que Tokioko laissait passer Old Crow avant lui. Si il avait appris une chose en la côtoyant, c'était que la femme détestait se faire traiter comme une de ces jeunes pimbêches écervelées du village, qui pensaient qu'en temps que jeunes femmes, elles pouvaient se permettre de juger les hommes. Ce que Tokioko respectait chez Crow, c'était sa façon de juger, qui n'avait rien à voir avec le caractère superficiel d'une pauvre fille : elle se mettait en quelque sorte sur la même longueur d'onde qu'un mâle, de façon à lui insinuer rapidement ses premières pensées.
Mais Tokioko était l'un des rares à comprendre Crow. En fait, Tokioko, en temps qu'Okama célèbre du village, et prônant également la supériorité féminine — le pourquoi de sa voie — était l'un des rares à appuyer Crow. En fait, ils s'entendaient à la perfection, lui et elle.
Le barman éclata d'un rire joyeux en voyant ces deux vagues souvenirs se pointer dans son établissement. Quand les Femmes — comme il les appelait — se pointaient ici, il y avait toujours de quoi d'intéressant : une bagarre fortuite, une engueulade rapide. Et tout cela se terminait dans un grand capharnaüm incroyable où les deux Femmes remportaient le prix de grandes combattantes, que préparaient mentalement le barman. C'était l'amusement éphémère du propriétaire, qui trouvait que parfois, sans pirates, son établissement manquait cruellement d'actions. Et enfin, ses deux actrices venaient sur le plateau de tournage. Magnifique !
Crow s'installa au comptoir. Rapidement, elle commanda son saké dans une coupe plate — dont elle était parfois la seule avant de longues semaines à emprunter — et le but goulûment. Ce qui était bien au Cat's Eye, c'était la discrétion du barman sur l'identité de ses clients. En gros, le monsieur devait brasser quelques affaires louches pour soutenir son bar et payer les marins du coin, pour ainsi s'assurer que chaque bagarres qui éclatent restent dans l'anonymat gouvernemental. Même les jeunes rookies du gouvernement venaient parfois se désaltérer et échanger quelques coups avec les habitués sans s'attirer quelques représailles des supérieurs — tant qu'ils masquaient leurs bleus apparents.
Et ce ne fut pas bien long avant qu'un quelconque homme saturé ne vienne faire du charme à la belle fleur de Hook Island. Il faut dire que l'impressionnante poitrine, dans ce coin uniquement masculin, au parfum de fleurs, n'attiraient que des regards. Le barman se réjouissait intérieurement. Le spectacle allait commencer.
Vint d'abord une insulte, puis un coup. L'habitué, déjà sonné par l'alcool, fut vite au tapis. Mais un ami, un peu plus lucide, s'opposa formellement. Hélas, un coup de pied l'envoya virevolter contre le mur ; un nouveau à travers la fenêtre. Haha, la bagarre dégénérait ! Oui, dans la rue, s'était mieux pour l'image que voulait le propriétaire pour Cat's Eye. Crow rejoignit l'ingrat qui osait la défier. Son sourire sadique et ses jointures blanches de rage étonnèrent les rares passants, qui passèrent leurs chemins.
Tokioko se trouvait dans l'embrasure de la porte, supporté par la monture de bois. Il buvait tranquillement une grosse chope. Cette femme sait se battre, se répétait-il chaque fois !
Mais alors que le coup final tombait (soit un pied de bois écrasant le ventre du malheureux), une petite casquette vint percuter violemment le flanc droit de Crow. Surprise, Old Crow s'écrasa sur le côté, ne pouvant pas garder son équilibre. La casquette roula au sol, puis rapidement et agilement, se releva, s'éloignant et disparaissant dans une ruelle plus basse au bar. Crow, mécontente, se releva, serrant le poing. Mais un Holà ! la fit se retourner. Elle avait derrière elle une bande de marins. Et merde, pensa-t-elle malgré elle, je suis dans la mouise jusqu'au cou moi...
« Ouais, monsieur, vous voulez quoi, Ba... (elle se retint) ? »
« On recherche un jeune garçon... Attendez... (il fouilla dans sa poche) Il ressemble à cela, vous l'auriez vu ? »
Il tendait une légère photo d'un gamin de dix ans. Mais Crow reconnut la casquette qui venait de la bousculer. Malgré cela, elle fit non de la tête. Les marins la remercièrent puis repartirent vers une fausse direction que leur indiquait Tokioko. L'Okama avait compris ce que voulait Crow. Il comprit ce petit goût amer de la vengeance. Il comprit que Crow voulait punir le gamin qui l'avait empêché de terminer son coup puissant... Mais il ne comprit pas toute l'émotion de Old Crow, la femme solitaire.
Rapidement, sa pipe à sec entre les lèvres, Crow dévala la rue pour bifurquer à son tour dans la petite rue adjacente qu'avait empruntée plus tôt la casquette. Elle ne connaissait pas le quartier comme sa poche, et peut-être le garçon pourrait avoir une petite longueur d'avance sur elle, mais elle avait un instinct assez puissant pour le dénicher. Surtout qu'il devrait sûrement s'arrêter quelque part pour la nuit, et donc, serait encore plus facile à retrouver. Crow, sur le rythme de ses godasses frappants le sol rapidement, parcourait, l'haleine courte, un vrai labyrinthe de rues.
Je vais te retrouver, Baka !
Dernière édition par Old Crow le Sam 19 Fév 2011 - 18:05, édité 2 fois