Mon Sabre, pour un éclat de rire

Hungeria, deux semaines plus tard...

Toutes sortes de résonances, d'échos pénétraient l'intérieur de ses oreilles, pour directement venir caresser son cerveau, invitant ses pensées à quitter son corps et visiter les contrées d'un autre monde... Son esprit semblait en effet voyager avec ces différents sons, naviguant sur cette poésie chimérique comme un explorateur curieux, reconnaissant, parfois, les cris des mouettes et autres discussions humaines. Toute cette mélodie rendait à cet homme une image illusoire d'un monde parfait et incroyablement... Majestueux. A l'intérieur d'une des nombreuses cabines du navire de Peter, Howard Prince, le nouveau capitaine des Shinoryuu Kaizoku, était assis sur son lit, ses yeux émeraudes traversant le hublot pour contempler la magnificence de la vie : un ciel bleu et radieux habillait le ciel, dont le soleil était véritablement le seul maître, exposant toute sa magnificence ainsi que toute sa chaleur. L'air pensif, l'homme retira ses yeux de l'extérieur, pour une nouvelle fois prendre le journal ouvert à côté de lui et se remettre à lire les gros titres... Après presque deux semaines sans la moindre nouvelle, la dépêche était finalement tombée : Mizukawa Sutero et Lion avait été emmenés à Impel Down pour y êtres jugés et enfermés. Cependant, aucunes informations d'éventuelles mises à morts des deux hors-la-loi, chose qui, évidemment, ne pouvait figurer sur le journal, si la Marine voulait éviter toute bataille...

Soufflant de dépit tout en jetant le journal à travers la pièce en bois, Prince porta son attention sur sa jambe, dont le long plâtre avait désormais laissé place à des bandages plus légers... Oui, ces deux semaines avaient permis à chacun d'être soigné convenablement par les médecins Shinotora et, par la même occasion, de reprendre des forces grâce à un repos plus qu'obligé. De plus, il n'était plus contraint d'utiliser ses béquilles pour se déplacer, une chose plus qu'appréciable. Une de ses mains se posa alors sur son membre inférieur toujours blessé, un contact qui lui rappela l'horreur de cette bataille... Ce combat, qui laissera à jamais cette blessure dans le fond de son coeur, l'image de Takashi se sacrifiant pour l'homme en qui il croyait, ce visage, ce sourire disparaissant finalement devant ses yeux, pour toujours. Se forçant à fermer les yeux pour évacuer cette représentation macabre, Prince se sentit brusquement mal, des gouttes de sueurs apparaissant sur son front : cela faisait désormais plusieurs jours que le pirate était pris de sortes de crises d'angoisses, emprisonnant son esprit dans une véritable tourmente, pendant quelques secondes... d'interminables et insupportables secondes...

Prenant son long manteau noir qu'il posa directement sur son torse nu, ainsi que son tricorne, l'homme sortit de sa cabine avant de se diriger directement vers l'extérieur du navire, sans prendre le temps de saluer les divers matelots sur son chemin. Il avait besoin de respirer, de souffler... d'évacuer. Malgré la chaleur qu'il faisait déjà dehors, la caresse de l'air sur son corps avait été un véritable soulagement pour le pirate, qui, les mains sur les rambardes du pont supérieur, ferma les yeux, se laissant quasiment tomber. Jurant intérieurement, il espérait que ces crises allaient rapidement disparaître de sa tête, car cela pourrait être préjudiciable pour les prochains choix qu'il aurait à faire, mais également pour conduire ses hommes vers l'avant. Après quelques secondes, c'est Peter lui-même qui vint aux côtés du pirate au tricorne, voyant, une nouvelle fois, que ce dernier n'était pas vraiment en forme :

« Ça n'a pas l'air d'aller fort Capt'ain Prince... Toujours ces problèmes de visions qui en ont après ta tête ? Tu devrais faire quelque chose tu sais... »

C'est avec un sourire sur les lèvres que l'homme au long manteau noir s'adressa à son vis-à-vis, tentant de cacher le mal-être qui le rongeait depuis un trop long moment :

« Je vais bien Peter, ne t'en fais pas pour moi. Tu as tant fait depuis cet évènement... Je crois que nous ne te remercierons jamais assez. Bien loin le temps où nous étions ennemis n'est-ce pas... Maintenant, nous nous battons côte à côte, avec l'objectif commun de sauver mes compagnons, Lion et Sutero, tes adversaires d'autre fois. Comme la vie peut-être... paradoxale, tu ne trouve pas ? »

Peter ne répondit à Prince qu'avec un simple ricanement qui, néanmoins, en disait long sur ce qu'il pensait du chemin qu'ils avaient parcouru jusqu'ici. Il marqua alors un silence avant de montrer, d'un geste de tête, le chantier qui se montait toujours au bord de la plage, la construction du nouveau navire, désormais supplée par une vingtaine de Satanistes, aidant les hommes de Prince avec une volonté et une détermination incroyable. En effet, ces adorateurs semblaient heureux d'aider les représentants de Satan Sama dans cette tâche, cette sorte de quête « divine », à laquelle ils croyaient. Malgré les efforts fournis par ces derniers, leurs visages étaient tout bonnement radieux, ils aimaient aider et travailler pour leur icône, sortant ainsi de leur misère quotidienne...

« Qu'est-ce que tu penses de ça ? »

Prince vit alors Fear qui, après avoir exécuté une danse plutôt étrange devant un groupe de Sataniste, donna quelques ordres à ces derniers pour effectuer de nouvelles tâches, avant de passer ses yeux sur Mugen et Shinji, qui, plans à la main, continuaient eux aussi de travailler sans relâche... Tandis que, un instant plus tard, Bruno et Tokigawa, suivis par quelques fanatiques, revenaient de la foret avec de nombreux rondins dans les bras, des rires éclataient ici et là englobant le chantier dans une humeur incroyablement bonne :

« Tu me connais Peter... Tu sais bien que profiter se ses pauvres gens ne me plait absolument pas... Surtout lorsqu'ils sauront qui nous sommes vraiment. Mais le temps presse ! Nous devons finir cette construction pour aller chercher Mizu et Lion... Et puis regarde-les... Nous leur offrons du bonheur... Oui, un bonheur illusoire, mais le sourire sur leurs visages est lui, bien réel... »

Shudi, un matelot Shinotora vint alors interrompre les deux hommes. Ce dernier, paniqué, semblait avoir couru un marathon et respira longuement avant de pouvoir parler correctement :

« Prince ! J'ai fait aussi vite que j'ai pu pour venir vous prévenir! Une femme... oui, une femme ! Elle arrive par ici ! Elle n'est ni long-bras, ni sataniste, elle est... »

« Respire Shudi, je m'occupe de ça. »

Et en effet. Avant même que le pirate au tricorne, suivi de près par Peter, n'ait eu le temps de traverser l'exploitation, que la femme arrivait déjà dans leur direction, pointant à une vingtaine de mètres de leur position : cette dernière, blonde, proposait aux deux hommes une silhouette attirante et chatoyante, chose qu'appréciait tout particulièrement l'homme au long manteau noir. Néanmoins, une drôle d'impression s'empara du Prince, tandis que la lady, sourire aux lèvres, s'approchait... Elle s'arrêta, finalement à une distance respectable d'eux qui en firent d'ailleurs autant, sous les yeux à la fois hébétés et perplexes des acteurs du chantier, qui arrêtèrent toute activité, comme si une tension s'était installée... Sans attentes, Prince, tout gentleman qu'il était, retira son tricorne, avant de faire une élégante courbette, un large sourire sur le visage... Oui, il en était désormais persuadé :

« Que me vaut l'honneur d'une visite du Capitaine des Rainbow Spectrums... Miss Tentaçao ? »

    Musique d'ambiance:

    Guidée par la villageoise, Lilith finit par arriver jusqu'aux "autres représentants de Satan". La newkama avait vu juste, les habitants de cette île étaient décidément bien crédules mais cela ne dérangeait pas qu'un autre équipage de pirates mouille sur l'île tant qu'ils n'exploitaient pas les habitants. La villageoise conduisit Lilith jusque devant un homme qu'elle ne connaissait qu'à travers les rumeurs qui couraient sur lui et grâce à la photo de son avis de recherche qui s'élevait à un montant de quarante millions de berrys. Prince. Howard Prince, dit "Mr Prince", membre de l'équipage des Shino. Il était bel homme, encore bien plus que sur son affiche. Étonnamment, celui-ci lui fit la révérence en la voyant.
    « Que me vaut l'honneur d'une visite du Capitaine des Rainbow Spectrums... Miss Tentaçao ? »
    D'une voix douce, la newkama répondit au Prince:
    " Rien de moins qu'une requête. Un capitaine sans équipage n'est plus vraiment capitaine. Je souhaiterais rejoindre vos rangs en tant que cuisinière, j'ai cependant une requête à vous faire. Le peuple de cette île a besoin d'aide, ils sont à ce point désespérés qu'ils ont recourus à l'occulte pour soulager leurs maux. Ils me prennent pour la vraie Lilith, un archdémon des enfers et il semble que vous soyez mon maître, le seigneur Satan."
    Oui, c'était gros. Mais Lilith n'avait pas le choix, elle avait commis l'erreur de confier la sphère de contrôle à Roger, enfin "erreur", façon de parler, on parlerais plus d'acte manqué. La newkama ne voulait plus être capitaine, d'ailleurs, elle n'avait jamais voulu l'être. Valentino désirait vivre sur cette île, hé bien qu'il y reste. Lilith continuerait de vivre sa vie sans lui malgré l'attachement qu'elle éprouvait pour le requin. Prince et son équipage étaient son ticket de sortie d'Hungeria, peu importe où ils iraient.
      Une légère brise se leva au milieu de cette scène qui, malgré les acteurs présents, ne présageait aucun geste déplacé ou quelconque autre sournoiserie. En effet, Howard Prince, laissa quelques instants son regard émeraude braqué sur la femme face à lui, une expression imperturbable sur le visage, son long manteau noir dansant au rythme de ce léger vent, tandis qu'à ses pieds, un nuage de poussière tenta difficilement de s'élever du sol. D'un point de vue extérieur, ce panorama aurait pu laisser entrevoir un possible et imminent duel, opposant deux pirates côtés de Grand Line, chose qui, sans aucun doute, aurait laissé quelques traces sur cette partie de l'île. Néanmoins, l'homme au tricorne était persuadé que rien de cela n'aurait lieu ici : dans les yeux de Miss Tentaçao, le gentleman ne déchiffra aucune animosité, malgré ses propos assez... directs. Évidemment, Prince pouvait se tromper sur toute la ligne et, sans s'en rendre compte, être pris dans un piège qui aurait raison de lui... raison de sa stupide faiblesse envers les femmes, un élément qui, il le savait, aurait un jour des conséquences dramatiques sur lui. Il était néanmoins prêt à dégainer et agir en conséquence des actions de cette femme, même s'il se demandait s'il pourrait avoir la force d'appuyer sur la gâchette contre... une Lady. Voyant Mao arriver à ses côtés, ainsi que quelques satanistes s'approcher de la scène, assurément persuadés qu'ils ne leur arriveraient rien s'ils étaient proches de leurs icônes, Howard Prince répondit à la ravissante demoiselle, employant un ton qui se voulait toujours à la fois enjôleur et solide :

      « Rejoindre nos rangs... Une requête plutôt « lourde » et inattendue s'il ne faut pas dire autre chose, mais qui, cependant, attise profondément ma curiosité... Pourquoi une femme de ta trempe voudrait rallier notre... hum... "confrérie démoniaque" ? »

      L'homme de Sutero devait faire attention aux mots qu'il utilisait pour éviter d'éveiller tout soupçons dans la tête des satanistes qui assistaient à la scène ... Il devait questionner Lilith Tentaçao en gardant à l'esprit que tout ce qui touchait à la piraterie était interdit dans son dialecte. Une chose qui fit d'ailleurs ricaner Mao, voyant que son capitaine intérimaire luttait dans un exercice dans lequel l'épouvantail satanique excellait tant. Pestant intérieurement contre l'empaillé, Prince continua, retrouvant son sérieux :

      « Comment puis-je savoir si ce que tu me dis est vrai et que tes... hum... tes propres serviteurs infernaux ne sont pas cachés quelque part, prêts à nous éliminer et à devenir les... les nouveaux serviteurs de Satan Sama ? »

      Une fois encore, Prince dû soigner son argot pour que, d'une part, la femme pirate puisse comprendre et que, d'autre part, les fanatiques qui regardaient désormais autour d'eux, inquiets qu'un possible ennemi soit caché, ne découvrent la supercherie. Oui, l'homme au tricorne devait savoir pourquoi Lilith Tentaçao n'avait plus d'équipage... il y a maintenant un moment, lorsqu'il voyageait encore sur le Blue Moon, le gentleman avait lu beaucoup de choses au sujet de "la Tentatrice", ancienne nakama du puissant Mantle Shoma, capitaine des Red Spectres, avant que cette femme ne devienne, à son tour, commandant des Rainbow Spectrums. Il avait également entendu beaucoup de rumeurs sur cette dernière qui, apparemment, serait détentrice d'un pouvoir maléfique, un "pouvoir du Démon", ces mystérieuses sorcelleries qui, à l'image de Mizu, prodiguent des capacités incroyables à leurs possesseurs... Après quelques instants, c'est Mao qui, tout bas, lança vers Prince, tout en gardant les yeux fixés sur Lilith :

      « Je pense que ce qu'elle dit est vrai Prince ! Ahah. Et en y réfléchissant bien... nous avons besoin de plus de puissance si nous voulons récupérer Mizukawa et lion... »

      Peter, qui avait la main sur la garde de son sabre, regarda Prince à son tour, avant d'approuver les paroles de l'épouvantail, d'un simple acquiescement de la tête... Oui, Fear avait raison et malgré l'incertitude qui martelait l'intérieur de son esprit, l'homme au tricorne était contraint de prendre le risque d'accepter cette femme... Quitte à devoir utiliser des moyens radicaux si cette dernière venait à faire un mouvement de travers...
        Mon Sabre, pour un éclat de rire 910"Tihihi, je te l'ai dit, mes démons ont disparus, c'est pour ça que je veux venir avec toi. Et puis je n'ai aucune raison de vouloir t'éliminer, mon doux Prince des neiges ~♥"
        Lilith pouffa de rire quand elle vit l'expression que Prince eut en entendant sa requête, même si celui-ci essayait de la masquer. Voyant que Prince n'émettait aucune objection à son intégration dans son équipage, la newkama sauta à bord du navire à l'aide d'un gracieux saut périlleux. Lilith se retourna vers les villageois et leur demanda d'aller chercher ses affaires sur le Sanbi, tout en leur expliquant comment faire pour monter dessus et également de ramener les trois longs-bras qu'elle avait capturé un peu plus tôt. Ainsi, Lilith, Prince et son équipage pourraient discuter en toute tranquillité.
        "Bon maintenant, on va pouvoir parler. Je me présente, Lilith Tentaçao, ancienne capitaine des Rainbows Spectrums. Je suis âgée de 24 ans, je suis née sur MirrorBall Island, une île de South Blue, et comme vous le savez sans doute, je possède les pouvoirs d'un fruit du démon. D'ailleurs, je vais vous montrer mes pouvoirs."
        Lentement, Lilith s'approcha de Prince lui-même et prit soin de caresser tendrement le visage du capitaine avant d'aller s'asseoir sur la rembarde du navire. Alors que ses spectateurs la regardaient l'air un peu inquiet, Lilith pivota rapidement pour cacher son visage.
        "Attention, voici venue la performance du jour! Mane Mane Montage!"
        La newkama se retourna tandis que la blondeur de ses cheveux disparaissait pour laisser placer à une tignasse courte et noire. A la place de Lilith, Prince et ses hommes pouvaient désormais voir un clone parfait de Prince, habillé avec les vêtements de Lilith. Mmm, ce corps était agréable à habiter, la newkama l'explorerait plus en détail cette nuit. Dépliant ses bras, elle sentait qu'ils étaient bien entraînés et que son corps étaiet assez musclé lui aussi.
        "Voilà quels sont les pouvoirs de mon Fruit du démon. J'ai mangé le Travesti-Fruit ou Mane Mane no mi, comme vous le sentez. En touchant le visage d'une personne, je peux copier instantanément son apparence et me transformer en un clone parfait de celle-ci." fit Lilith avant de toucher de nouveau son visage de sa main droite pour reprendre son apparence habituelle. Puis, le regard de la newkama se posa sur l'espèce de poupée de chiffon parlante qui se trouva à côté de Prince.
        "Kyaaaaah!" hurla Lilith. "Il est trop choupiiiiii! ♥"
        La newkama se rua sur l'épouvantail et se mit à le câliner comme un doudou.
          -J’ai vu des brins de valériane par là-bas. Tu peux me les cueillir pendant que je vais chercher la lavande ?

          Après l’explosion dramatique de notre ancien navire, le Blue Moon, mon amie Cassandre avait perdu toute sa réserve de plantes médicinales et poisons, ce qui est, il faut le reconnaître, assez handicapant pour une herboriste. Ayant mis les deux dernières semaines à profit pour reconstruire un navire et coordonner les actes de satanistes, nous n’avions pas eu le temps de nous préoccuper des réserves de Cassandre.
          Maintenant que les choses s’étaient tassées et que la vie avait plus ou moins repris son cours normal, j’avais décidé d’accompagner Cassandre en forêt pour l’aider.

          Mais au lieu des longues discussions que l’on aurait pu avoir en se retrouvant seuls, tous les deux, il y a quelques semaines, le silence régnait, parfois brisé par quelques indications de la jeune fille.
          On n’efface pas si facilement les douloureux souvenirs de la bataille contre les long-bras. Il semble que certains Shinoryuu aient réussi à s’en remettre plus vite que prévu, mais ce n’est pas notre cas : Cassandre ne peut s’empêcher de se croire responsable de la mort d’Izya, tandis que je m’en veux toujours d’avoir laissé le Lion derrière moi et de m’être enfui sans avoir cherché à le sauver.

          Perdu dans mes pensées, je n’avais pas entendu les pas arrivant dans notre dos…

          -Et vous allez continuer longtemps à vous morfondre ?

          Je sursautai et me retournai en vitesse, puis je pousse un soupir de soulagement en voyant qu’il ne s’agit que d’Alicia, notre nouveau médecin. Une personne des plus singulière, particulièrement proche de l’épouvantail de l’équipage et qui a grandement contribué à apporter une atmosphère détendue au sein du groupe après le drame d’Hungeria.
          Elle se remit à me parler, ses intonations marquées par l’alcool qu’elle commençait à outrance.

          -Déprimer, c’est mal. Je parle pas –hips !- de l’ambiance pourrie que ça apporte, mais de votre état. Z’êtes vraiment pitoyables, tout de suite : vous êtes tous mous, limite si tu peux encore soulever un sabre, Yukips ! En plus, je sais pas si tu le sais, mais la déprime fait que vous allez facilement vous choper tous les virus qui traîne dans le coin ! On a vu mieux pour aller sauver des camarades, non ?

          Je fixais cette étrange jeune femme avec un regard vide. Elle m’avait déjà fait son petit discours une dizaine de fois depuis son arrivée parmi nous. Et malgré le fait que je comprenais parfaitement ce qu’elle voulait me dire, je n’avais pas le mental nécessaire pour suivre ses conseils. Il est étrange de voir comment l’être humain peut parfois se complaire dans sa propre tristesse.
          Cette pensée fut appuyée par Cassandre, qui était entretemps apparu à mes côtés :

          -Sans vouloir te vexer, ma grande, on voir bien que tu es arrivée bien après la catastrophe des Shinoryuu. Tu ne peux tout simplement pas te rendre compte de ce que nous avons vécu. Ce ne sont pas moins de sept amis que nous avons perdu, ce jour-là. Alors, je te prierai de garder tes conseils pour toi, nous avons simplement besoin de temps.

          Malgré le ton poli, je sentais une certaine animosité émaner des paroles de l’herboriste. De plus, on pouvait sentir autour d’elle une aura légèrement inquiétante, conséquence de son pouvoir inné.
          J’avais bien remarque qu’Alicia et Cassandre n’étaient pas les meilleures amies du monde, et ce pour plusieurs raisons. Ces deux femmes possèdent un caractère très fort, ce qui occasionne une certaine tension entre elle. De plus, Cassandre ne supportait pas l’odeur permanente d’alcool que la fille cornue portait sur elle en permanence. Enfin, leurs activités respectives, pourtant assez proches, les opposaient, les médecins ne voyant souvent en la personne des herboristes que de simples ersatz moins compétents à leur métier.

          Les deux jeunes femmes se fixaient donc, face à face, et l’ambiance commençait à se faire pesante. Je décidais de prendre la parole et de mettre le conflit de côté afin de rejoindre les autres.

          -Cassandre, tu as fini de cueillir tes herbes ?

          -J’ai trouvé ce qu’il me fallait en quantité assez correcte, pourquoi ?

          -Bien. Dans ce cas, retournons au navire de Peter, on n’a plus rien à faire ici. Tu nous accompagnes Alicia ?

          -Pas tout de suite, j’ai envie de me promener un peu… On se voit à l’heure du repas ! ♪


          _________________________________________________________________

          Une fois arrivé à notre point de campement avec Cassandre, Mugen vient à notre rencontre. On pouvait lire dans sa gestuelle que quelque chose le tracassait.

          -Yuki, tu peux venir voir par ici s’il-te-plaît ?

          D’un signe, il m’invita à le suivre en direction du chantier où les satanistes nous aidaient à construire notre nouveau navire. Il m’indiqua alors un groupe de personnes, dans lequel étaient inclus le Prince, Peter, Fear Face et une femme que je ne connaissais pas.
          Mugen la pointa du doigt :

          -Tu vois cette lady, là-bas ? C’est Lilith Tentaçao !

          -Lilith Ten-quoi ?

          -Tentaçao ! Tu sais qui c’est, quand même ?

          -C’est  une capitaine pirate, elle est à la tête des Rainbow Spectrum. Est-ce que ça t’arrive de lire le journal, Yuki ?

          –Euh… Non, pas vraiment…

          –Bref. Tout ça pour dire qu’elle est venue demander au Prince une place dans l’équipage. Tu ne trouves pas ça louche, toi ?

          –Bah non… Si ça se trouve, elle a perdu son équipage et elle cherche un moyen de quitter cette île.

          –Ce qui serait parfaitement compréhensible… Je n’aimerai pas passer le reste de mes jours ici ! Et puis, ça ne peut que nous être bénéfique : on risque d'avoir besoin de plus de force pour aller sauver Mizu et le Lion.

          –Vous êtes vraiment naïfs, tous les deux. Il ne vous vient même pas à l’idée qu’il pourrait s’agir d’un piège ? Nous sommes deux équipages pirates sur cette voie, nous sommes donc rivaux ! Elle cherche seulement à nous éliminer, c’est moi qui vous le dis !


          J’avais constaté, depuis les évènements d'Hungeria, que certains Shinoryuu restants, et en particulier Tokigawa et Mugen, avaient développé une espèce de paranoïa et voyaient des pièges partout.
          A la vue de la tournure que prenait la discussion, plus loin, il semblait que Lilith était en bonne posture pour se faire engager par le Prince.

          –Je pense que tu vois le mal là où il n’y en a pas, Mugen. Je veux bien parier dix-mille berrys que le Prince va l’engager, et j’ai confiance en le Prince. S’il avait le moindre doute, il ne l’inviterait pas à nous rejoindre.

          –C'est ça ton plus grand problème Yuki, tu accordes trop facilement ta confiance aux gens...Je parie sur l’inverse. Le Prince ne l’engagera sûrement pas car il suivra le même raisonnement que moi.

          –Tenu.


          C’est au moment où je prononçais ce mot que Lilith poussa un cri et se mit à enlacer notre épouvantail, sous le regard surpris de Mugen. Je me retourai vers lui et lui dis en souriant :

          -Je crois que je vais gagner mon pari…
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          Deux semaines avaient passé depuis l'élection de Prince comme nouveau capitaine et notre rencontre avec les satanistes. Oui, bon, pour les petits nouveaux, on va quand même replacer le cadre, hein ? Hungeria, l'île des satanistes, tout ça. L'équipage remodelé des Shinoryuu. Ouaip, ça, là. Et moi ? J'suis un corbeau. Albert, pour vous servir. Et j'ai un maître, un épouvantail. Classique, quoi. Son nom ? Fear Face, ou Mao Sticks pour les intimes. Voilà pour le cadre, on va donc pouvoir revenir sur ce jour fatidique. C'était en 1625, un peu après le nouvel An. Depuis quatorze jours que nous étions installés dans le coin, sous la protection des satanistes, les choses semblaient ne pouvoir que s'arranger pour nous. Avec les médecins de Shinotora, accompagnés de cette Alicia alcoolique et des docteurs satanistes, chaque membre de l'équipage avait pu récupérer de ses blessures, excepté Prince dont la jambe n'était pas encore complètement soigné. De plus, avec l'équipage de Peter, les satanistes et les Shinoryuu réunis, il fut tout à fait possible de construire un nouveau navire -bien que ce fut un peu au détriment des fanatiques, mais bon, c'était le résultat qui comptait-. C'était une chose qui embêtait légèrement mon maître d'ailleurs, bien qu'il se refusait à l'admettre. Après tout, ce n'était pas comme-ci ils étaient en train de manipuler l'espoir de tout un peuple dans le but de leur voler sa richesse avec sa propre main d'oeuvre. M'enfin, on les rendait brièvement heureux, on pouvait considérer cela comme un échange équitable.

          En tout cas, qu'il fut en tort ou non, Mao tenait à faire les choses bien. Et c'était pour cette raison qu'au milieu du chantier naval, alors que chacun travaillait avec ardeur, sur le haut d'une estrade, on pouvait voir un épouvantail en train de danser. Avec Mitsume qui jouait d'un instrument de musique en arrière-plan, Fear Face était en train d'exécuter une danse étrange, alors que quatre femmes satanistes, deux de chaque côté et déguisées respectivement en maid, en pirate, en mexicaine et en infirmière sexy, recopiaient le moindre de ses mouvements. Bien sûr, ces quatre magnifiques danseuses avaient été choisies par mon maître dans le but de l'accompagner dans sa danse et d'aider à encourager les hommes -ce qui était bien évidemment, dans ces tenues tout droit sorties de la malle de Satan-sama, quelque chose de très efficace-, et tout comme Mao Sticks, elles exécutaient une chorégraphie étrange : Les bras croisés, elles balançaient ces derniers de droite à gauche, tout en levant devant elles le genou gauche puis le genou droit. Si cela était étrangement excitant chez les quatre demoiselles, c'était carrément comique chez l'épouvantail qui levait avec frénésie ses jambes de bois, alors qu'il chantait des paroles aussi simples qu'elles étaient addictives.

          "Hé ! Ecoutez bien tous ! Hé ! Ce monde, c'est de la grosse daube ! ♪ Mais avec votre aide, je pourrais -yeah !- le sauver... Oui, le sauver ! Par votre sueur, par votre force... Aidez Satan-sama ! ♪"

          "Tous les jours on travaille, tous les jours on travaille, tous les jours on travaille, sans nous arrêter ! ♪ Tous les jours on travaille, tous les jours on travaille, tous les jours on travaille, sans nous arrêter ! ♫"

          Dans un chœur parfait, en même temps que Fear Face, les ouvriers répétaient avec fanatisme et excitation ce refrain, plantant des clous et sciant des rondins au rythme de la mélodie. Si on devait bien reconnaître quelque chose à mon maître, c'était son talent pour mettre l'ambiance. De plus, Mao avait depuis deux semaines un véritable public. Et par public, je parle bien sûr d'un village tout entier. Lui qui avait l'habitude d'être hué pour son "manque de talent" -bref, son physique effrayant quoi-, il faisait maintenant face à des gens qui, en plus de ne pas le craindre, le respectaient et l'idolâtraient. Dans une telle situation, Fear Face ne pouvait qu'être aux anges. Moi, personnellement, je me contentais de me laisser bercer par la musique, prenant du repos sur une pile de rondins inutilisés. Mon maître et sa troupe surnaturelle finirent leur morceau, les travailleurs prenant tous le temps d'applaudir et de faire une courte ovation à leur Satan vénéré avant de reprendre le travail. Croisant ses bras devant sa poitrine, Mao Sticks, ainsi que ses quatre suivantes, se mit à lâcher un ricanement qui semblait être devenu la marque de fabrique du démon. Puis il commença à lancer des ordres à chacun de ses ouvriers, organisant la construction du navire par le biais des consignes de Mugen et Shinji, qui faisaient leur travail un peu plus loin, plans à la main. Cependant, tous furent interrompus dans leur activité, mon maître arrêtant soudainement de donner ses ordres. Pour cause, une femme venait d'arriver des bois, entourée de quelques satanistes, et se dirigeait vers Howard, qui après avoir quitté le bateau de Peter avec ce dernier, se mit à courte distance face à l'étrangère. Ceux-ci commencèrent alors une conversation, que Fear Face, accompagné d'une partie des satanistes présents, s'empressa de rejoindre.

          "Rejoindre nos rangs... Une requête plutôt « lourde » et inattendue s'il ne faut pas dire autre chose, mais qui, cependant, attise profondément ma curiosité... Pourquoi une femme de ta trempe voudrait rallier notre... hum... "confrérie démoniaque" ?"

          De toute évidence, cette femme était une pirate elle aussi, une pirate qui voulait rejoindre notre équipage. Regardant avec amusement Prince essayait de rester crédible au milieu des satanistes, Mao ne put retenir un petit ricanement étouffé. Puis, en voyant que son capitaine était indécis, l'épouvantail décida de l'aider à trancher et lui lâcha discrètement à l'oreille :

          "Je pense que ce qu'elle dit est vrai Prince ! Ahah. Et en y réfléchissant bien... Nous avons besoin de plus de puissance si nous voulons récupérer Mizukawa et Lion..."

          Finalement, Prince se montra visiblement d'accord sur ce point-là pour l'instant, et avec un grand sourire, l'étrange femme sauta avec habileté sur le pont du navire de Peter, avant de donner des directives aux satanistes comme-ci elle était déjà chez elle. Les villageois semblèrent hésitants, et se tournèrent vers Satan-sama, qui d'un hochement de tête, confirma qu'ils pouvaient lui faire confiance. Intéressé par la situation, il suivit Prince et Peter qui se dirigèrent vers le navire pour suivre la dénommée Lilith Tentaçao, et même moi, je ne pus qu'être piqué par la curiosité, m'envolant pour me poser sur la rambarde du bateau la plus proche de la scène. Je pus alors voir Prince, suivi de peu par Peter et Fear Face, regardait la femme révéler son fruit. Touchant la joue du capitaine, elle s'éloigna de lui et vint s'installer sur la rambarde, juste à côté de moi. Puis soudain, elle se transforma en Howard, aux vêtements près, me faisant sursauter sur le coup. Alors qu'elle expliquait qu'elle avait le fruit du Travesti, mon maître, lui, ne put qu'exploser de rire en voyant son capitaine dans la tenue pour le moins excentrique de Lilith, se moquant délibérément de Prince. Essayant de se calmer, Mao lâcha à Howard d'une voix amusée et excitée :

          "Ses pouvoirs sont géniaux, Prince ! Il nous la faut absolument ! Puis ses vêtements te vont bien au teint, hahahahaha !"

          "Kyaaaaah ! Il est trop choupiiiiii! ♥

          Sursautant en voyant la femme reprendre son apparence normale et hurlait sur place, je la vis se précipiter telle une furie sur mon maître, qui lui, ne put qu'écarquiller les yeux, l'air ébahi. Il était trop tard pour lui. La femme se cala contre lui et se mît à le câliner comme une peluche, Fear Face se retrouvant piégé dans les bras de l'ancienne capitaine. Serré comme une sardine, Mao essayait vainement de se débattre et de s'enfuir, n'ayant aucune chance face à un tel niveau de fanatisme, et personnellement, je ne pus m'empêcher de trouver ça mérité après ses moqueries envers Prince. C'était à son tour maintenant. Paniqué, l'épouvantail se mit à balbutier des mots sans sens, puis reprit ses esprits et commença à crier d'un ton désemparé :

          "Ah, bon sang ! Au secours ! Je déconnais Prince, la prend pas ! Je veut pas mourir comme ça ! Pas maintenant ! Albert ! Mes serviteurs satanistes ! AU SECOURS !!!"
            Cher Journal

             Il y a des tas de choses qu’il faut que je te raconte. Après l’épisode des satanistes, les gens qui m’ont sauvé m’ont amené sur le bateau d’un dénommé Peter. À ce moment-là, ils m’ont laissé me reposer et une espèce de fille totalement bourrée m’as soigné (sois dit en passant, si j’étais vraiment bien consciente à ce moment, je pense que je n’aurais jamais laissé cette fille soûle me toucher de peur qu’elle prenne une hache pour m’ouvrir le ventre, voulant faire, peut-être, une opération chirurgicale douteuse et pas nécessaire) oui, pas nécessaire car, dieu merci, mes blessures étaient superficielles. Mon cœur, lui, cependant reste très marqué de la manière dont j’ai été reçue là-bas. Tous mes anciens voisins, et personnes qui jadis m’accueillaient à bras ouvert pour dîner le peu de chose qu’ils possédaient. Ont-ils vraiment à ce point été marqués par les longs-bras, ont-ils vraiment perdu tout espoir ? Bien qu’une petite voix dans ma tête me dise qu’ils n’avaient jamais eu d’espoir, je me dis que leur comportement n’aurait jamais pu être à mon époque. Quoique…


             Puis, après m’être remise de mes blessures, on m’a appris qu’ils étaient des pirates, les Shinoryu Kaizoku. Étrangement, je n’ai pas été effrayée comme j’aurais pu l’être car ces personnes m’inspiraient … De la confiance. Et de toute façon, quelles sortes de pirates pourraient être des personnes qui sauvent et soignent une jeune fille en détresse ?  Je connais désormais leur nom. Le brun plutôt musclé qui m’as sauvée avec une béquille s’appelle Howard Prince mais tout le monde l’appelle le Prince. L’espèce de personnage bizarre est en fait un épouvantail nommé Mao Sticks, mais bien entendu je me garde bien de l’appeler par ce nom devant les satanistes qui pourraient ne pas comprendre et se rebeller contre nous. Cet épouvantail est accompagné d’un corbeau amusant avec qui je peux tenir quelques conversations intéressantes. Il y en a pas mal d’autres, donc je te passe les détails.


            Après les présentations, ils m’ont appris que quelque chose de grave c’était produit pour eux un jour avant notre rencontre où ils avaient perdus beaucoup de compagnons à eux, ainsi que leur lieutenant et leur capitaine, du nom de Mizukawa Sutero, que je connaissais bien sûr. Oh ! Pas personnellement, évidemment, mais qu’un pirate avec une telle prime sur sa tête se fasse amener à Impel Down, ça se fait remarquer, et ça passe dans tous les journaux.


             Pour le moment, j'ai décidé de rester avec eux. Ils peuvent me protéger en cas de besoin, et je partirai le moment venu. Ils n'ont pas l'air si méchant. Mais je pense que ça a été une bêtise de vouloir revenir à Hungeria. Dès que l'occasion se présentera, je prendrai un bateau pour Syrup... Ca ne va pas être facile, mais je ne vois pas d'autre solution.



             Haruna referma son journal à cause du tapage qu’elle entendait dehors. Elle ouvrit la porte de sa cabine provisoire, regardant les satanistes travailler sur la construction de leur nouveau bateau. La blonde eu un mélange de tristesse et de joie en les voyant travailler ainsi. Ils avaient eu ce qu’ils méritaient pour l’avoir traité ainsi. Oui mais ce sont quand même ses anciens voisins… Mais, ils n’ont pas l’air malheureux ! Enfin, c’est vrai qu’on les exploitait un peu. Puis, la jeune fille tourna la tête vers un point qui la dérangea. Elle vit Prince en pleine discussion avec une fille un peu étrange. Haruna était certaine d’avoir déjà vu cette fille quelque part. Elle réfléchit longuement, puis mit le doigt sur ce qu’elle pensait. Elle descendit voir de plus près, quand elle vit Mugen, Yukisame et Cassandre en pleine parlote discrète. Elle s’approcha d’eux tandis que la fille s’était jetée sur Fear Face.

            "-Dites, vous pouvez m’expliquer ce que fait Lilith Tençao, la capitaine des Rainbow Spectrum juste devant nous, en train d’enlacer Fear l’air le plus naturel du monde alors que c’est notre ennemie mortelle ?"

            Et voilà l’épouvantail en train de crier. Vraiment, Haruna se demandait comment pouvait-il garder encore une once de crédibilité devant les satanistes.
              Une nouvelle fois en très peu de temps, Prince avait pu observer les incroyables et inimaginables capacités de cette sorcellerie appelée "pouvoir du démon" : Lilith Tentaçao s'était approchée du gentleman et n'eut simplement qu'à déposer une main sur la joue de ce dernier pour que l'alchimie opère... Alors que Peter avait commencé à sortir son sabre pour agir en cas de problème, l'homme au tricorne, n'ayant une fois de plus aucun doute sur les intentions de la jeune femme, leva son bras devant le capitaine Shinotora, signifiant à ce dernier que tout allait bien. La jeune femme toucha alors sa propre joue et ce fut un véritable choc pour l'ensemble des acteurs de la scène, qui restèrent, à commencer par Prince, figés, devant le phénomène : la tête de l'ancienne capitaine des Rainbow Spectrums avait changée, pour devenir la copie parfaite de celle d'Howard Prince... Une goutte de sueur glissa le long de la tempe du pirate au regard émeraude, qui tenta de garder son calme, malgré la surprise qui venait d'assaillir l'intérieur de son corps. Il se souvint d'ailleurs de sa réaction lorsqu'il vit, pour la première fois, Mizu utiliser sa faculté à rendre son corps entièrement invisible, chose qu'il n'aurait probablement jamais pu croire, s'il ne l'avait pas vu de ses propres yeux... Immobile devant son capitaine complètement transparent, le Prince resta de longues secondes à contempler ce miracle surnaturel et prodigieux qui se déroulait devant lui, tandis que son cerveau remettait encore un peu plus en doute toutes ses croyances.

              L'homme au long manteau noir afficha un léger sourire sur son visage et, tout en fermant les yeux lança à la "Tentatrice" :

              « Voilà un bien surprenant et... dangereux pouvoir, Miss Tentaçao... Mon instinct me dicte que tes paroles sont sincères et malgré un passé plutôt sombre aux côtés de Mantle Shoma, je suis sûr que tu seras un allié de choix dans nos rangs... »

              Cependant, depuis quelques secondes, l'esprit de Prince, d'habitude très serein, naviguait dans des abysses d'incertitudes, à l'intérieur desquels sommeillaient de sombres questions, prêtes à bondir sur le navigateur égaré pour dévorer son âme... Avait-il prit la bonne décision en acceptant la requête de cette femme ? Pouvait-il vraiment avoir confiance en elle et en ses motivations ? D'ailleurs, avait-il vraiment eu le choix ? S'il s'était trompé sur ses intentions, les conséquences pourraient être plus que dramatiques pour le reste des Shinoryuu Kaizoku... Sortit de ses pensées par les soudains cris de Mao qui s'était fait attraper par leur nouvelle Nakama, pour être vigoureusement dorloté comme une simple peluche, l'homme au tricorne rigola discrètement, avant de tourner le dos à la scène et se diriger vers l'intérieur du navire. Il ne devait absolument pas sombrer dans l'obscurité de l'incertitude et l'hésitation... Pas maintenant et surtout pas devant ses compagnons, qui, d'ailleurs étaient là, autour de lui, également préparés à agir si la situation dégénérait... Alors, qu'est-ce qu'il craignait aujourd'hui si ce n'était rien ? Après quelques pas, il s'arrêta néanmoins, comme si ce dernier avait oublié quelque chose, avant de légèrement incliner la tête sur le côté :

              « Au fait Miss... J'imagine que tu sais ce qui t'arrivera si je découvre que tes motivations sont... tout autres que ce que tu m'as dit... Ne t'avise jamais de te moquer des Shinoryuu Kaizoku... C'est un simple conseil. »

              Continuant sa marche sans attendre une quelconque réponse, Prince allait pénétrer dans le bâtiment maritime pour aller aux nouvelles de la jeune fille blonde, cette Haruna Hayate, qu'il avait sauvé deux semaines plus tôt, du sacrifice Sataniste. Cette dernière avait bien récupéré de ses blessures qui, pour la plupart, étaient superficielles et, petit à petit, elle était sortie de son mutisme pour raconter son histoire. Cependant, la blondinette n'était aujourd'hui toujours pas encline à retourner à la civilisation et à quitter les pirates... D'après Alicia qui s'était occupé d'elle nuits et jours, la véritable blessure de cette gamine était dans la tête, probablement traumatisé que ses proches aient voulu la donner en offrande à Satan Sama... Un choc émotionnel, un mal, qui restera probablement à jamais dans la tête d'Haruna et pour lequel Alicia ne pouvait strictement et malheureusement rien faire en tant que médecin.. Néanmoins, le pirate ne pouvait manifestement pas se permettre de garder cette demoiselle et il serait bientôt grand temps qu'elle reparte chez elle... Déposant sa main sur la poignée de la porte, Prince se retourna instinctivement lorsqu'un cri traversa l'atmosphère pour arriver jusqu'à ses oreilles. Se précipitant au bord du pont pour savoir qu'est-ce qu'il se passait, l'homme au long manteau noir, suivi une nouvelle fois par Peter et quelques Shinotoras, vit une sataniste complètement paniquée, arriver en courant jusqu'au bord du navire: le pirate reconnu alors la ravissante femme à la chevelure rouge qu'il avait rencontré deux semaines plus tôt dans le Royaume d'Haraettania qui, exténué, s'arrêta, les mains sur les genoux, tentant de reprendre son souffle :

              « Ohé ! Qu'est-ce qui se passe ? Je t'en prie parle ! »

              Après quelques instants, la jeune femme se redressa, affichant un visage rougie par l'effort et sur lequel était dessinée une expression mélangeant inquiétude et peur :

              « Satan Sama !!! Ils... Ils arrivent !! Les... Ils sont beaucoup et se dirigent par ici !!! »

              « Qui « ils » ? »

              Elle reprit de nouveau sa respiration, afin de trouver la force nécessaire pour continuer et ainsi pouvoir lancer, tout fort, pour que l'ensemble des personnes qui s'étaient approchées puissent entendre :

              « Les Longs-Bras arrivent !!! »
                Une fois que les présentations furent faites, Lilith cessa de câliner Fear Face et se redressa afin de toucher le visage de chacune des personnes présentes. Seulement, elle n'eut pas le temps de continuer à discuter qu'une jeune fille arriva en courant. exténuée, celle-ci les informa qu'une nouvelle horde de Longs-bras arrivait afin de libérer leurs frères fait prisonniers par Lilith. Seulement, la newkama ne comptait pas les libérer aussi facilement, surtout qu'ils étaient plutôt mignons.
                Aussitôt, Lilith se mit en position de combat mais étrangement, Prince et ses compagnons semblaient hésiter. Une nouvelle discussion s'imposait, et sans les habitants. La newkama sauta sur la rembarre du navire et jeta un regard de braise sur les villageois, parlant d'une voix impérieuse.
                "Nous le savons, humains. Et nous savons également comment nous en débarasser facilement. Seulement, vous devez nous laisser seuls car nos rites ne doivent pas être vus par de simples mortels, sans quoi vous sombreriez dans la folie. Maintenant, laissez-nous."
                A ces mots, les villageois se regardèrent entre eux puis se résignèrent à laisser Prince et le reste de l'équipage. Lilith se retourna ensuite vers Prince.
                "Alors mon doux Prince, que comptes-tu faire? Laisser en plan ces pauvres gens ou te battre à leur côtés? Tu a vu dans quelles conditions misérables ils sont obligés de vivre, mais d'un autre côté, tu sais également que les Longs-bras sont très puissants et qu'ils n'accepteront pas de les laisser en paix."
                La newkama patienta, attendant la réponse de son nouveau capitaine. Allait-il agir comme un lâche ou bien comme un inconscient?
                  Alors que nous observions attentivement ce qui se passait entre le Prince, Lilith et l’épouvantail, Haruna s’approcha de nous si discrètement que j’eus un sursaut en entendant sa voix.

                  "-Dites, vous pouvez m’expliquer ce que fait Lilith Tençao, la capitaine des Rainbow Spectrum juste devant nous, en train d’enlacer Fear l’air le plus naturel du monde alors que c’est notre ennemie mortelle ?"

                  Ennemie mortelle… Qu’entendait-elle par la ? Je lui répondis, ma voix prenant une intonation condescendante tout à fait involontaire et que j’aurais préféré éviter pour ne pas passer pour quelqu’un de désagréable.

                  -Tu sais Haruna, les pirates ne sont pas tous ennemis… On aspire tous à un idéal de liberté, alors, quel intérêt aurions-nous à nous battre ? Nous ne vivons pas forcément dans l’harmonie parfaite, cela dépendant du caractère de chaque capitaine, mais généralement, nous sommes complétement indifférents au sort des autres équipages, et il arrive plus souvent que nous allions plutôt que nous nous affrontions.

                  Alors que j’achevais ma réponse, j’aperçu du coin de l’œil des mouvements agités. Je me retournai en même temps que Mugen et Cassandre pour vois ce qu’il se passait.
                  Une jeune femme aux cheveux rouges s’était précipitée auprès du Prince et, après avoir repris son souffle, avait balancé quelques mots au Prince que nous n’avions pu saisir à cause de la distance. Les personnes aux alentours se figèrent, et Lilith se mit même en position de combat, ce qui n’annonçait pas de très bonnes nouvelles.
                  Nous nous rapprochâmes du groupe afin de nous tenir au courant de ce qu’il se passait. C’est ce moment que choisi la nouvelle venue pour s’exprimer d’une voix forte :

                  "Nous le savons, humains. Et nous savons également comment nous en débarrasser facilement. Seulement, vous devez nous laisser seuls car nos rites ne doivent pas être vus par de simples mortels, sans quoi vous sombreriez dans la folie. Maintenant, laissez-nous."

                  Je ne comprenais toujours pas de quoi il en retournait. Mais à ces mots, les satanistes s’éloignèrent, ne laissant devant le navire de Peter que ce dernier, quelques membres de son équipage, les Shinoryu rescapés ainsi qu’Haruna et Lilith. La capitaine pirate, après s’être assuré qu’aucune oreille indiscrète n’était présente, repris la parole :

                  "Alors mon doux Prince, que comptes-tu faire? Laisser en plan ces pauvres gens ou te battre à leurs côtés? Tu as vu dans quelles conditions misérables ils sont obligés de vivre, mais d'un autre côté, tu sais également que les Longs-bras sont très puissants et qu'ils n'accepteront pas de les laisser en paix."

                  A ces mots, je compris bien évidemment que des long-bras, armés et sûrement nombreux, avait été repéré à proximité.
                  Aussitôt, mon visage s’assombrit, à l’image de celui de Cassandre. L’herboriste s’entourait d’une aura inquiétante, marquant l’animosité qu’elle gardait en elle à l’égard de ce peuple.
                  Ressentiment que je partageais avec elle, étant donné que nous tenions les long-bras pour les responsables de nos malheurs. Nos morts, nos blessures… Tout cela était leur faute.

                  Manifestement, certain remarquèrent rapidement l’aura nouvelle de Cassandre, de plus en plus forte. Les regards convergèrent en partie vers nous deux tandis que le silence commençait à s’étirer. Je pris la décision de le rompre.

                  -Si je puis me permettre, je pense que nous devons nous battre. Nous avons bien trop souffert à cause de ces gens, et nous ne pouvons pas laisser les satanistes seuls face à ces… barbares. On doit prendre les armes et les éliminer un par un, pour leur montrer ce qu’il en coûte de se prendre à nous.

                  Je me surpris moi-même par le ton de ma voix. D’un naturel calme et pacifique, je me montrais ici violent et empli de rage. Peter remarqua mon malaise et me répondit en me fixant dans les yeux :

                  -Tu es en colère Yukisame. Tu laisses ton jugement s’altérer par tes émotions, et ce n’est pas une bonne chose…

                  Au lieu de me calmer, ces paroles m’irritèrent plus encore et je lançais un regard noir au capitaine des Shinotora. Je me dirigeais vers le pont menant au navire mais, avant de monter, je me retournais néanmoins pour ajouter :

                  -Faites ce que bon vous semble, je vous suivrais… J’ai un repas à préparer.

                  Je tournais les talons et me dirigeait vers la cuisine, entendant le trottinement de l’herboriste derrière moi…
                  Une fois arrivé dans mon lieu de travail, je me laissais tomber sur une chaise en poussant un long soupir. Je repensais à nouveau au Lion, mon meilleur ami, que les long-bras nous ont ravi. Me remémorant les instants passés avec lui, je ne pus m’empêcher de laisser quelques larmes perler dans mes yeux. Cassandre se plaça derrière moi et posa ses mais sur mes épaules.

                  -Ca va aller… On retrouvera Mizu et Lion sains et saufs. Ils sont forts, tu les connais bien. Ils ne se laisseront pas avoir comme ça.

                  J’acquiesçais par pure forme, le cœur n’y étant pas. J’avais le pressentiment que quelque chose de terrible allait nous arriver concernant nos supérieurs…
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                  Le voile de la crainte s'était déposé au-dessus de chaque tête tandis que la nouvelle de l'arrivée des Longs Bras souffla sur l'ensemble des Satanistes présents sur le chantier comme une véritable tempête de poison invisible, changeant la bonne humeur globale en une soudaine inquiétude palpable... Les rires s'étaient subitement interrompus, laissant, petit à petit, un silence morne reprendre une place d'honneur, malgré quelques résistants et faibles chuchotements ici et là. L'expression sur l'ensemble des visages de tous les fanatiques avait également brusquement changé, les sourires ayant laissé place à l'appréhension et la crainte... Oui, tous ces gens, ces braves personnes semblaient littéralement subjuguées par la peur qui paraissait avoir emporté ces adorateurs de Satan dans son étreinte glaciale, ses serres sombres et impétueuses... Le bonheur dans lequel ils avaient baigné depuis ces deux semaines en compagnie de leurs icônes, semblait s'être effacé, s'évanouissant tel le mirage éphémère des régions arides et désertiques, qui plonge l'âme des imprudents dans l'espoir, avant de la précipiter, une nouvelle fois, vers le chemin de la mort. Néanmoins, Lilith Tentaçao, la nouvelle recrue des Shinoryuu Kaizoku, intervint promptement, comme guidée par un soudain élan et, à la grande surprise de l'homme au tricorne, trouva les mots justes pour retirer une grande partie du doute qui s'était installé dans l'esprit des adorateurs sataniques. Ces dires leurs permirent, en effet, de réfléchir à un plan d'action à mettre en place... Regardant la femme à la chevelure rouge qui n’avait pas retiré ses yeux de ceux du gentleman, Prince fut soudain prit d’un terrible doute, ne sachant que faire, tandis que la sataniste avait retrouvé un sourire faux, mais qui semblait vouloir croire… Car oui, même si la situation dans laquelle se trouvait cette population tracassait le capitaine au tricorne, il ne pouvait se résoudre à une action directe et risquer de voir débarquer la marine, une nouvelle fois…

                  Voyant l’homme au long manteau noir perplexe devant la décision à prendre, Lilith Tentaçao questionna son nouveau capitaine sur ce qu’il fallait faire, bientôt suivit par Yukisame, qui lui, semblait poussé par la volonté de combattre ces persécuteurs… Evidemment, ce dernier n’était pas clairvoyant dans son choix, apparemment prit d’une colère intérieure sombre, aveuglant son esprit et sa lucidité d’habitude si influente et prolifique à l’équipage. Tandis que Tokigawa, Brüno et les deux charpentiers montèrent à leur tour sur le pont du navire, Prince regarda Fear qui, depuis la nouvelle, restait immobile, probablement tiraillé, comme son capitaine, entre la volonté de combattre et celle d’éviter tout nouveau désastre… Puis, l’homme au tricorne lança à ses hommes, tout en se dirigeant vers l’intérieur du bâtiment maritime :

                  « Nous partons d'ici... Ce qu'il se passe ici ne nous regarde absolument pas... Peter, dans combien de temps pouvons-nous mettre voile vers.. »

                  « Ohé Prince ?! Tu es sérieux là ? Toutes ces personnes se font persécuter gratuitement ! Et toi tu voudrais qu'on parte comme ça ? »

                  « Prince ! Nous voulons combattre ! »

                  Le pirate gentleman arrêta sa marche devant la porte du navire et ferma les yeux... Bien entendu, il s'attendait à la réaction des Shinoryuu, car tous étaient des hommes d'honneurs, de confiance qui, malgré le danger, ne fuiraient jamais pour laisser des innocents dans la tourmente. Cependant, il fallait ici prendre en compte toutes les données et éviter de froisser le jugement de notre esprit par un trop plein de colère ou de pitié... Dans ce genre de situation, ils devaient garder la tête froide et rester lucide... Après quelques courtes secondes, Howard Prince répondit à ses hommes, sans se retourner, avec un ton qui se voulait à la fois censé, compréhensif, mais dominant :

                  « Vous pensez peut-être que ça me fait plaisir de prendre cette décision et de laisser cette population entre les griffes de leurs bourreaux ?! Vous pensez que je n'ai pas envie de retourner dans leur village et m'occuper de ces Longs-Bras, un par un ?! Êtes-vous devenus aveugles au point de perdre les souvenirs de la mort de nos compagnons ?! Je vous rappelle que nous avons perdu Azrael et Takashi lors de la précédente bataille, tandis que Mizu et Lion sont enfermés à Impel Down... »

                  Après un moment de pause, durant lequel le pirate reprit sa respiration devenue lourde par la brusque vision de la mort de Takashi, il continua :

                  « Je n'ai absolument pas envie de revivre les événements de cette bataille... Je ne veux pas risquer de perdre quelqu'un d'autre... La marine est surement encore dans les parages et si nous faisons du bruit, nul doute qu'ils reviendront pour, cette fois-ci, tous nous arrêter... »

                  Howard Prince lança un regard vers Peter, avant de pénétrer à l'intérieur du Navire :

                  « Nous partons ! »
                    "Les Longs-Bras arrivent !!!"

                    A ces mots, je sentis le corps de mon maître se figer comme un morceau de métal. Alors qu'il était encore en train de faire l'idiot il y a à peine quelques instants, Fear Face ne montrait désormais plus la moindre émotion, complètement abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Au fond, il devait parfaitement savoir que ce jour viendrait, que finalement on lui demanderait de l'aide, et que ce paradis de bonheur se briserait. Mais malgré tout, je sentais rien qu'à son expression qu'il avait du mal à encaisser cette nouvelle. Jusqu'à maintenant, il n'avait eu qu'à faire mine de rien, oublier qu'un jour ça finirait mal et qu'il devrait faire des sacrifices. Mais maintenant, il devait faire face à la réalité. Il pensait avoir donner du bonheur à ces personnes, mais au fond... Ce n'était qu'illusion. Un faux espoir qui aujourd'hui allait se briser au sol avec fracas, plongeant ce village dans la décadence la plus totale. Et tout ça après avoir abusé de leur main d'oeuvre et de leurs ressources. Mao s'en rendait désormais compte, et il subissait le poids de la culpabilité sur ses épaules, on pouvait le remarquer à des kilomètres. Et le pire, c'était qu'ils ne pouvaient rien faire, comme était en train de l'expliquer en ce moment même Prince aux autres.

                    Nous possédions certes de puissantes troupes, et se battre contre les longs bras, avec le soutien de l'équipage de Peter et des satanistes, n'était pas inenvisageable. Mais les probabilités qu'aucun de nous meurt au combat étaient à la limite du zéro. Et cela, toute cette souffrance, Mao ne voulait pas la subir à nouveau ; personne ne le voulait. Contraint à son sort, l'épouvantail ne pouvait que rester là, regardant les autres protester et se faire rabrouer par leur capitaine. J'aurais voulu faire quelque chose pour le rebooster sur le coup, bien évidemment. Mais vu la situation, j'en aurais été incapable. Ce fut alors que je sentis quelque chose bousculer amicalement mon maître : Il s'agissait d'Alicia, qui revenait tout juste de la forêt, qui salua Fear Face d'un "Yaossu" étrange et regarda la scène, de son air tranquille et à moitié ivre. Finalement, lorsqu'elle estima avoir suffisamment compris la situation, elle soupira, et lâcha tout simplement, d'une voix impitoyable et blasée :

                    "Tch, ça y est, les vacances sont terminées. Dommage, j'aimais bien la vie qu'on avait. Je ne vois même pas pourquoi ils s'évertuent -hips- à vouloir les sauver. C'est pas leurs potes que je sache. Ils nous auraient tué si on ne s'était pas présentés comme leurs dieux. Désolée, mais je ne suis pas pour le bénévolat 'animal'."

                    Au tout dernier mot d'Alicia, les articulations de Mao se crispèrent avec violence, tout d'un coup. Complètement surpris par ce mouvement, je me tournai d'un air paniqué vers mon maître, tandis que la femme à cornes partit s'installer sur un tonneau. Mon maître ne disait rien, mais son visage avait changé, semblant fou de rage. Il ne manquait plus que ça... M'enfin, il semblait s'être contrôlé, c'était déjà pas mal. Je regardai rapidement Alicia, qui était en train d'ouvrir sa gourde d'alcool dans son coin. Ce fut alors que je remarquai quelque chose de surprenant. Durant un court instant, le médecin de l'équipage afficha un air clairement triste, qu'elle fit disparaître immédiatement dans une gorgée de sa boisson, suite elle à quoi elle reprit son sourire béat. De toute évidence... Nous étions tous désespérés, à notre façon. D'ailleurs, l'heure du verdict semblait avoir sonné, alors que Prince ouvrait la porte du bâtiment pour y entrer, lâchant alors son ordre final :

                    "Nous partons !"

                    "JE REFUSE !"

                    Tous sur le pont, y compris moi-même, furent abasourdis par ces mots, y compris Prince qui, ne s'y attendant pas, se tourna comme tous les autres vers la source de la voix. Une voix unique, qu'ils avaient tous reconnu. Celle de la mascotte de l'équipage, d'habitude si sympathique et ne contestant aucun ordre, surtout venant d'Howard, et qui en ce moment-même, affichait un air furieux et déterminé. Alicia le regarda d'un air à la fois troublé et sombre, comme-ci elle se sentait trahie. Elle quitta alors son tonneau, se rapprochant des autres au milieu du pont, et parla à l'épouvantail d'un ton particulièrement sec et réprobateur :

                    "Qu'est-ce qu'il y a ? T'es assez stupide pour encore contester, alors qu'il vient de parfaitement expliquer son point de vue ? Tu manques pas de culot !"

                    "Je m'en fiche bien... Si je dois être viré pour mutinerie, très bien, mais je ne peut pas suivre ces ordres."

                    "Roh, et tu vas faire quoi ? Agiter tes petites brindilles pour guider les satanistes à leur mort, tel un chef d'orchestre ? On va tous y clamser, si on y va. Apparemment, vous avez déjà vécu ça. La perte de vos amis."

                    "Je m'en souviens, oui... Mais, moi, contrairement à vous tous, je me souviens de pourquoi ils étaient morts !"

                    Alicia prit un air sceptique, mais de toute façon, cela importait peu. Ces mots touchaient principalement Prince, que mon maître fixa avec force et intensité, comme-ci il cherchait, au moins psychologiquement, à lui faire front. D'une voix forte et plus motivée que jamais, changeant complètement du Mao habituelle, l'épouvantail expliqua ce qu'il insinuait.

                    "Tu te souviens, au moins, Prince ?! Pourquoi Takashi et Azraël sont morts, pourquoi Lion et Mizukawa se sont fait capturés... Nous étions partis au secours de nos autres amis, dont Cassandre, qu'on a pu sauvé d'une vie d'esclave ! Nous avons attaqué ces longs-bras, puis ces marines... POUR NOS CONVICTIONS !"

                    Fear Face tendit son bras sur le côté, complètement hors de lui, et en entendant ses mots, je commençais à comprendre ce qu'il insinuait, et j'en souriais d'avance.

                    "Oui, on a souffert ! Mais on aurait fait quoi ? Laisser Cassandre à son destin funeste ? Laisser un tel commerce d'esclaves se faire ? On aurait jamais pu ! Et là c'est pareil ! Ouaip, si on y va, on risque de mourir. Ouaip, si on y va, on risque de se faire capturer, ou de souffrir de la perte de nos amis... Mais si c'est le prix à payer pour aider ces gens qui ont besoin de nous, qui nous ont aidé pendant ces deux semaines... Alors je veut bien subir toutes les souffrances du monde !"

                    Alicia grogna en entendant ses mots, et s'éloigna le plus possible des lieux, alors que Mao Sticks faisait désormais fièrement face à tous, pour dire finalement dans un ultimatum à son supérieur :

                    "Tu veut fuir, c'est ça ? Dans ce cas, fais-le. Je me demande juste ce qu'en penseront Mizukawa et Lion en apprenant qu'un soi-disant capitaine abandonne ses propres convictions ! Moi, en tout cas, je préfère encore crever que de passer le reste de ma vie à regretter ma lâcheté ! Qu'en dis-tu... PRINCE ?!"

                    Fear Face pointa alors son index droit vers son capitaine, attendant la réponse de ce dernier, alors que tout le monde, regonflé à bloc, regardait avec intensité le meneur, sur qui reposait toujours la remise en question de son ordre.

                    _________________________________________________________

                    Un peu plus tard, dans le village des satanistes, la panique était à son comble. Les satanistes, suite à l'annonce du messager, avaient décidé de se dresser contre les longs-bras, arrivés au nombre d'une trentaine, et leur proclamèrent que leurs dieux étaient là et qu'ils allaient les massacrer s'ils ne partaient pas. Bien sûr, les longs-bras se contentèrent d'en rire, et attendirent quand même quelques instants l'arrivée de ces divinités. Cependant, au bout de longues minutes, elles n'arrivaient toujours pas. A un tel point que même certains satanistes se mirent à douter et à s'inquiéter. Et finalement, leur patience rongée, les collecteurs d'impôts commencèrent à piller les maisons, détruisant tout sur leur passage. Sans la présence de Satan-sama, les satanistes, même les plus coriaces, ne se sentaient plus la force de faire quoique ce soit. Finalement, l'un des longs-bras jaillit d'une des maisons, et commença à lâcher avec amertume :

                    "C'est quoi ce bordel ? Elles sont où nos ressources annuelles ?! A qui est cette maudite maison ?!"

                    Hésitant, un jeune homme sataniste s'approcha du long-bras, et lâcha avec gêne :

                    "C'est... C'est la mienne, monsieur."

                    "Uh... Elles sont où tes impôts, alors, charogne ?"

                    "... Je les ai confié à Satan-sama. Jamais vous ne les récupérerez."

                    Le jeune sataniste paya cet affront immédiatement, le long-bras sortant son pistolet et giflant violemment l'homme avec la crosse de celle-ci. Tombant lourdement à terre, aux abois, le jeune homme vit alors son persécuteur pointer son arme sur lui. Les personnes autour ne pouvaient rien faire, juste rester debout autour à regarder, le désespoir se lisant sur chacun de leur visage. Le long-bras prit un air agacé et lâcha alors d'une voix forte :

                    "Il est temps pour vous tous de redescendre sur Terre ! Il n'y a pas de Satan ! Et même s'il existe, voyez, il n'a aucun intérêt pour vous ! Je suis sûr que c'était un de ces escrocs qui s'est fait passé pour lui et vous a dépouillé subtilement vos ressources, hahaha ! Vous êtes pitoyables ! Aucune divinité ne viendra ! Vous êtes sous le courroux des longs-bras, ceux sont en eux que vous devez croire. Car vous serez nos esclaves jusqu'à la fin de vos misérables vies ! Et puisque certains ne semblent pas décidés à perdre espoir... Je me servirais de cet abruti au sol comme d'exemple. Meurs, raclure !"

                    /PAN/

                    Tous écarquillèrent les yeux à ce moment-là. Une balle était effectivement partie. Mais ce n'était pas celle du long-bras. Au contraire, ce fut lui qui se prit une balle entre les deux yeux, et tomba lourdement en arrière avant d'avoir pu tirer, raide mort. Tous se tournèrent avec ébahissement vers la source du tir. Et d'un seul coup, tous les doutes des satanistes furent balayés, et le sourire réapparut sur le visage de chacun. Au milieu de l'allée où se trouvaient les longs-bras, se tenait une ligne de combattants. A gauche, Haruna, Tokigawa, Cassandre et Yukisame. A droite, Lilith, Brüno, Mugen et Shinji. Et enfin, au milieu d'eux, au centre de la ligne, se trouvait Satan-sama en personne. Ce dernier avait encore le pistolet pointée vers le long-bras, l'arme encore fumant. Chacun d'entre eux affichait un air plus déterminé que jamais, offrant un spectacle idyllique pour les satanistes, et effrayant pour les longs-bras. Bien sûr, j'étais également présent, posé depuis un petit moment sur le toit d'une des maisons. Finalement, Fear Face rabaissa son arme, et lâcha d'une voix forte et diabolique :

                    "Attention, mesdames et messieurs, Satan et ses disciples sont dans la place ! BWAHAHAHAHAHAHAH !!!"


                    Dernière édition par Fear Face le Dim 1 Sep 2013 - 21:40, édité 1 fois
                      Un silence pesant et désagréable s'était installé après les solides propos qu'avait envoyé, tels de véritables boulets de canon, l'empaillé, sur l'homme au tricorne... Était-ce, une nouvelle fois, son rôle d’icône Satanique qui l'avait poussé à prendre parole de la sorte et aller à l'encontre d'un ordre de celui à qui il avait prêté allégeance, en le choisissant comme nouveau capitaine ? Non... Cela semblait bien trop naturel et spontané... Malgré la paille qui recouvrait son corps, il était parfaitement possible de discerner une émotion palpable chez Mao, dont l'expression du visage paraissait être un singulier mélange entre colère, tristesse et frustration... Sans oublier cette pointe de laideur, assurément. En tout cas, une chose était certaine : Prince se serait véritablement menti à lui-même si ce dernier avait osé dire, où bien même penser, que les dires de son Nakama le surprenaient... Son regard passa alors sur l'ensemble des autres Shinoryuus présents, analysant chaque tête, chaque trait de leurs visages, pour que le même constat lui saute aux yeux, comme un rapace fondant sur sa proie... Oui, malgré le silence, tous désiraient la même chose : aider le peuple Sataniste en combattant les Longs-Bras. C'était donc cela être Capitaine ? La difficulté de devoir parfois agir contre le gré et la volonté de ses propres hommes ? Comprenaient-ils, à ce moment précis, qu'il avait pris cette décision pour eux, pour éviter une nouvelle fois que certains disparaissent et ainsi revivre le cauchemar passé ?! Qu'aurait-fait Sutero à un moment pareil ? Cela ne servait à rien de se comparer à ce dernier, car trop de choses différaient entre eux, notamment cette capacité d'analyse et de réflexion avant d'agir aveuglement lors de situations délicates.

                      Le désarroi s'empara alors du pirate gentleman, dont l'intérieur du corps se mit à bouillir frénétiquement, comme si une centaine de volcans s'étaient réveillés, ensemble. Il était tiraillé, tourmenté par cette volonté d'aider les Satanistes à combattre les Longs-Bras avec ses compagnons, mais d'un autre côté, il ne pouvait se résoudre à revenir sur sa décision, sur son ordre... Sa crédibilité en prendrait un sacré coup et nul doute que sa légitimité envers ses hommes serait ébranlée. Le calme qu'il avait réussi à contenir en lui semblait s'échapper petit à petit, s'évaporant comme une goutte d'eau frappée par les rayons d'un soleil trop puissant... Serrant les dents tout en fermant les yeux, il se tourmenta l'esprit, ne sachant que faire : devait-il écraser l'épouvantail contre le mur pour faire payer à ce dernier d'avoir eu l'audace de le traiter de lâche ?! Obliger ses hommes à rester à bord en les raisonnant était une solution ? Il ne pouvait aller contre leur volonté... Cette dernière même qui naviguait dans son coeur tel un vaisseau bien trop lourd... Sur un point, Fear avait raison : c'était leurs convictions qui les poussaient à agir, à faire face, même lorsque la situation était critique... Le silence se brisa alors brusquement lorsqu'un pirate Shinotora arriva vers eux en courant, complètement affolé :

                      « Capitaine !!! Capitaine... C'est la Marine !!! Un vaisseau de la Marine se dirige par ici !!! »

                      Tandis que Peter donnait les premiers ordres à ses hommes qui s'agitaient sur le bateau, Prince lui, regarda gravement Mao, avant de replacer son long manteau noir sur ses épaules. Après un instant et alors qu'au-dessus de lui, les voiles se hissaient avec entrain, annonçant les prémisses des prochaines manoeuvres, le gentleman soupira avant de se diriger calmement vers le bord du pont, là où avait été repéré le vaisseau ennemi. Sortant alors Yubashiri de son fourreau, Prince s'arrêta, observant avec anxiété le pavillon blanc qui arrivait dans leur direction : le bâtiment maritime n'était pas bien gros et, fort heureusement pour eux, ressemblait davantage à une frégate de reconnaissance qu'à un véritable navire de guerre. Puis, sans se retourner, le nouveau capitaine aux yeux émeraude envoya à ses Nakama :

                      « Je vais m'occuper de ces gêneurs avec l'aide de Peter... Vous avez exactement trente minutes et pas une de plus, pendant lesquelles je fermerai les yeux sur vos agissements... J'espère être très clair là-dessus. Ah une dernière chose... Je serai beaucoup moins indulgent avec le prochain qui osera me parler sur ce ton. »

                      Un léger sourire s'afficha alors sur le visage du pirate au tricorne, avant que ce dernier ne termine sur sa précédente lancée :

                      « N'est-ce pas... Satan Sama... »
                        « Je vais m'occuper de ces gêneurs avec l'aide de Peter... Vous avez exactement trente minutes et pas une de plus, pendant lesquelles je fermerai les yeux sur vos agissements... J'espère être très clair là-dessus. Ah une dernière chose... Je serai beaucoup moins indulgent avec le prochain qui osera me parler sur ce ton. »

                        En entendant ces mots, un rictus se dessina sur le visage de Lilith. Prince avait décidé de se conduire en véritable capitaine, elle avait bien fait de s'engager auprès de lui même s'il avait une façon peu commune de diriger ses hommes. Les pirates auraient donc une demi-heure pour mettre à mal la troupe de Longs-bras qui se trouvaient dans le village sataniste. Aussitôt, la newkama descendit de la rembarre du navire et sauta à terre tout en gardant Fear Face dans les bras qu'elle déposa sur le plancher du navire. Elle se dirigea où étaient enchaînés les Longs-bras qu'elle avait précédemment battus et toucha le visage de chacun d'entre eux, elle se transforma en chacun afin de choisir celui dont le corps lui plaisait le plus avant de lui voler ses vêtements. N'ayant plus que son caleçon, le Long-bras devint rouge de colère, ses cris étouffés par le bâillon qui lui bloquait la bouche. A présent la copie parfaite du Long-bras, elle revint vers les autres pirates afin de leur expliquer son plan. La newkama allait estimer rapidement le nombre de longs-bras sous cette forme tandis que Fear et les autres se dirigeraient discrètement vers le village, elle rejoindrait leurs rangs ensuite, sous sa forme masculine. Comme ceux-ci ne l'avaient encore jamais vue, elle fit un rapide exemple devant Fear afin qu'il la reconnaisse avant de sauter du navire sous la forme du long-bras.

                        A toute vitesse et malgré ses bras auxquels elle n'était pas habituée, la newkama arriva rapidement au village et fut quelque peu déçue, il n'y avait là qu'une cinquantaine de Longs-bras mais étant donné qu'elle ne connaissait pas la force de ses nouveaux compagnons, elle devait tout de même les avertir, ce qu'elle fit sans même se faire remarquer.

                        Peu de temps après, les pirates arrivèrent et se divisèrent en deux groupes afin de prendre les Longs-bras en étau: A gauche, Haruna, Tokigawa, Cassandre et Yukisame. A droite, Lilith, Brüno, Mugen et Shinji. Au centre se trouvait Fear Face qui, avant de se ruer sur eux, hurla:
                        "Attention, mesdames et messieurs, Satan et ses disciples sont dans la place ! BWAHAHAHAHAHAHAH !!!"


                        Dernière édition par Lilith Tentaçao le Sam 12 Oct 2013 - 20:25, édité 1 fois
                          -On va leur offrir un spectacle qu’ils ne sont pas prêt d’oublier… glissais-je à Cassandre alors que les Shinoryu se tenait en rang face aux-longs bras. Apparition salvatrice pour les satanistes, dont on pouvait lire sur les visages la joie et le soulagement.
                          Fear Face était au centre de l’attention. Les autochtones hurlait le nom de « Satan » en le voyant, tandis qu’il se tenait toujours dans sa posture héroïque : le bras tendu, le canon de son pistolet encore fumant… Notre ami l’épouvantail en imposait, et ce avec raison.

                          Je posais la main sur la poignée du sabre que l'on m’avait prêté avant que celui-ci n’accompagne notre capitaine pour affronter la Marine.
                          Prince… Une fois encore, son ultimatum résonnait dans ma tête, que j’avais entendu bien distinctement malgré le fait que je sois parti m’isoler dans la cuisine. J’avais perçu ce message comme un espoir, et je ne pouvais rester sur le navire de Peter à me morfondre alors que j’avais enfin une occasion de me venger de ceux qui nous avaient oppressés.
                          Nous sommes sortis de la pièce, Cassandre et moi, en vitesse et avons couru pour rejoindre les autres devant le navire. « On est des vôtres ! » a crié Cassandre à ce moment-là. Je me souviens avoir attrapé un matelot de Peter par l’épaule et lui avoir demandé prestement où je pourrai me procurer un sabre, mais celui-ci me prêta le sien. Je le remerciai d’un signe de tête et me joignit au groupe des rescapés de l’équipage qui, avec Mao à leur tête, se dirigeait en direction du village sataniste…

                          Et nous y étions, face à ces humains difformes que nous considérions désormais comme nos ennemis mortels. Chez certain, d’entre nous, je pouvais sentir l’excitation, l’adrénaline que dégageait l’idée d’un combat mortel. Mais chez d’autres, moi notamment, c’était la haine qui dominait tout autre sentiment. Devant mes yeux défilaient les images de Cassandre présentés comme un objet par l’esclavagiste, de Fear à moitié carbonisé, de Lion menotté par le gradé de la Marine…
                          Tous ces malheurs étaient de la faute des long-bras. Et ils allaient payer, aujourd’hui. Pour l’occasion, Cassandre s’était parée de sa plus belle aura meurtrière, un fouet dans la main droite, une pierre dans la main gauche…

                          Poussés par la joie causés par notre arrivée, certains satanistes présents sur les lieux prirent la première chose qui leur passait sous la main – branche, caillou, brique – et s’élancèrent ensemble sur nos ennemis, dans un même élan, porté par un cri :

                          -A la gloire de Satan !

                          Ce cri de guerre eut l’effet d’un électrochoc sur nous autres, pirates, et nous joignîmes à la mêlée en poussant des hurlements guerriers.
                          Je laissais Tokigawa sur ma droite tandis que celui-ci se mettait en joue et me ruait vers le long-bras le plus proche, le sabre en avant. J’arrivais parmi les premiers et déjà fondait sur mon adversaire. Je le martelais à toute vitesse cherchant à le faire céder par tous les moyens. Je ne cherchai jamais à parer le moindre coup que l’autre me rendait de son gourdin, j’esquivais et recommençait à frapper, inlassablement… Je ne m’occupais pas de ce qui se passait autour de moi, je n’étais concentré que sur un seul objectif : mettre cette vermine à terre.

                          Profitant d’une ouverture dans la garde de mon adversaire, je lui balançais un coup de la garde de mon sabre dans le ventre, ce qui le plia en deux.

                          -Ca, c’est pour Cassandre !

                          Puis je lui envoyais ma semelle droit dans la figure, ce qui l’envoya à terre, sur le dos.

                          -Et ça, c’est pour nous avoir pris Mizu et le Lion !

                          Alors que je m’apprêtais à m’acharner sur le Long-bras tombé, un sataniste se jeta sur lui et lui fracassa la tête d’un coup de planche, avant d’en faire de même sur le reste de son corps.
                          Ce spectacle, qui s’incrustait parfaitement dans la folie ambiante, me glaça soudainement. Je venais de prendre conscience de mon délire, et les images de ce que j’aurais fait au Long-bras me traversèrent l’esprit…
                          Où en étais-je donc arrivé ?

                          Je ne pus réprimer un haut le cœur et tombais à genoux… Pour mieux me prendre un poing qui venait dans ma direction.
                          Je sentis les phalanges s’écraser contre mon nez et je m’écroulais sur le dos. Au-dessus de moi se tenait un autochtone, un ennemi qui braquait sur moi son pistolet. Vers ma tête.
                          Un claquement, suivi d’une détonation. Et deux cris mêlés. Le mien et celui de mon opposant qui, allongé au sol, se tenait le visage entre les mains. Je pressais les miennes sur mon ventre et, avec horreur, je sentis un liquide chaud couler…
                          Un coup d’œil sur le côté m’indiqua que c’était Cassandre qui m’avait sauvé d’une mort certaine et fouettant le visage du Long-bras qui me tenait en joue. Elle se précipita sur moi et se mit visiblement à hurler. Mais je ne l’entendais pas. Tous les sons, autour de moi, me revenaient comme un écho lointain. Ma vision commençait à se troubler…

                          Je tentais tout de même de me redresser, ma meilleure amie essayait de me retenir, mais je la repoussais mollement. Du peu que je pus voir, les nôtres semblaient avoir l’avantage dans ce combat.
                          Un voile noir passa devant mes yeux, puis le silence s’installa.
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                          Fear Face, lorsque le Prince lui avait finalement donné comme réponse un ultimatum de trente minutes suivi d'un sermon, ne put retenir un grand sourire carnassier, répondant au léger sourire et à l'insinuation de son capitaine. Sans même dire le moindre mot, il montra du regard qu'il avait compris le message, et n'attendit pas un instant pour aller chercher ses armes, alors que je restais tranquillement posé sur son épaule, pensif. Trente minutes ? S'il advenait qu'il en avait les moyens, Mao ferait en sorte de finir ça en moins d'une minute.  C’était un temps largement suffisant pour lui, et il n’attendait pas plus de son capitaine. Réunissant les volontaires, quittant le navire, il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que Fear Face et sa troupe soient face aux longs-bras, dans la situation où nous les avions laissé précédemment. Il fallut que très peu de temps après la dernière phrase de Mao pour que les satanistes foncent sur les long-bras, suivis des Shinoryuu, le combat s'engageant entre eux et les Long-Bras. Mon maître, lui, resta un instant en arrière avec Tokigawa, qui couvrit ses compagnons avec son arme à feu. L'épouvantail me jeta alors un regard de loin, que je ne sus comprendre sur le coup. Puis Mao Sticks examina avec attention le champ de bataille, et en rangeant son pistolet, se mit à foncer sur ses adversaires avec son épée en ricanant sadiquement.

                          ________________________________________________

                          Dix minutes. C'était le temps qu'avait duré cette petite bataille improvisée. Désormais, tous les longs-bras étaient au sol, morts. Ces derniers, en total désavantage numérique, et pris par surprise, n'avaient eu aucune chance, surtout avec le soutien des pirates. Chacun avait d'une certaine façon aider à tuer l'un des releveurs d’impôts, mais au final, celui qui avait été le plus violent, et avait le plus de victimes à son compteur, était Fear Face, au milieux du champ de bataille, le visage, son corps et son épée étant recouverts du sang des long-bras. Il devait avoir tuer au moins une quinzaine des esclavagistes à lui seul, avec ou sans l'aide de ses compagnons. Celui-ci regardait le champ de bataille, sans bouger, avec un regard... assez diabolique sur son visage, qui me rendit perplexe. Quelque chose semblait clairement perturber mon maître. Sûrement en rapport avec le massacre qui venait de se dérouler. Je me posai sur son épaule, histoire d'en savoir plus, mais avant d'avoir pu lui adresser un regard, Mao fut interrompu dans ses pensées par l'arrivée du chef des satanistes, avec une légère égratignure sur la joue. Je pus voir mon maître reprendre dès lors son air plein d'entrain et de diabolisme, comme le Satan qu'il devait être.

                          "Ah, vous voilà, cher fidèle ! Que donne donc cette bataille ?"

                          "Notre avantage était total et ils ont été pris au dépourvu. Pour leur massacre, nous nous en sortons avec une dizaine de blessés légers, un blessé grave et aucun mort chez les satanistes, Satan-Sama."

                          "Bwahahahahahah ! Excellent ! Nous les avons massacré, et on s'en sort avec aucun mort direct, hahaha !"

                          "... Seulement pour les satanistes, maître..."

                          Le visage de mon maître se figea soudainement, ce que le chef des satanistes venait d'insinuer semblant l'avoir briser tel un miroir. Demandant vite l'emplacement du corps, Fear Face regarda dans la direction désigné par le chef, et suivi par ce dernier, l'épouvantail rejoignit un endroit assez éloigné du champ de bataille, là où les Shinoryuu étaient à la base. Lentement, mon maître s'arrêta face à un corps inanimé au sol, restant inexpressif face à ce dernier. Depuis son épaule, je regardai le fameux corps, et eut une léger frisson aux ailes. Togikawa Mizuki. Il avait une balle en pleine poitrine, sûrement une balle perdue de la bataille, ou un long-bras ayant remarqué la présence du tireur d'élite. A voir sa grimace et l'état de l'hémorragie au niveau de la blessure, la mort ne fut pas immédiate. Ce qui signifiait... Qu'il avait sûrement souffert. Troublé et surtout très inquiet pour mon maître, je tournai mon regard vers lui, guettant la moindre réaction. Mais Fear Face restait inexpressif, d'une façon presque perturbante. Finalement, de sa voix grave, Mao demanda au chef des satanistes :

                          "... Vous savez comment il est mort ? Quelqu'un a pu assister à ses  derniers moments ?"

                          "Eh bien... Il était assez éloigné du cœur du combat, et nous étions tous préoccupés par les long-bras. J'ai essayé de recueillir des témoins, mais... Il semblerait que personne n'ait remarqué sa mort."

                          "Vous voulez dire... Qu'il est mort sans la moindre reconnaissance ? Que personne n'a pu assister à sa fin héroïque pour votre cause... Que personne n'a pu écouter ses dernières paroles, ses derniers souhaits ? Et que personne ne saura jamais quelle fut sa fin ?"

                          Le ton sur lequel Mao disait était empli d'une certaine colère, mélangée à de la tristesse, bien qu'elle soit juste effrayante pour le chef des satanistes. Celui-ci déglutit et s'abaissa au sol pour implorer le pardon de son maître, avant de répondre d'une voix gênée :

                          "Nous sommes désolés, Satan-Sama... Ce disciple devait vous être très cher... Tout est de notre faute..."

                          Fear Face ne répondit pas tout de suite, l'épouvantail restant inexpressif et silencieux devant le corps de son compagnon. Mais malgré ça, je sentais un léger tremblement dans son corps, et pouvait voir ses mains se serrer avec force. Les autres membres de l'équipage présents se regroupèrent autour du corps, Cassandre et Brüno portant le corps évanoui mais sans danger de mort de Yukisame, s'apitoyant tous calmement sur le sort du tireur. Lorsqu'il les vit, Mao se ressaisit immédiatement, et fronça les sourcils, l'air déterminé. Un vrai Satan-sama pour le coup, d'autant qu'il était toujours recouvert du sang de ses victimes. Fear se tourna vers les autres, répondant finalement au chef des satanistes :

                          "Non. Les coupables sont les Long-Bras. On ne me prend pas un "disciple" sans en payer le prix. Venez, on rentre au navire rejoindre Prince. J’aimerais que vous veniez aussi, chef. Nous avons une révolte à préparer."
                            Étrangement, ce même sentiment apparut dans l'esprit d'Howard Prince, changeant lentement la scène qui l'entourait jusqu'à ce que cette dernière se plonge dans cette incroyable ambiance, à la fois mystérieuse et irréelle... Oui, il avait déjà vécu cela de nombreuses fois par le passé et cette sensation l'accompagnait toujours, pendant ce moment précis... Une impression à la fois familière, mais également tellement retirée, que l'appréhension et la peur parvenaient toujours à s'installer en lui, venant lourdement batailler contre sa nature : une scène au ralenti, floue, dépourvue de couleurs, alors qu'il se tenait là, sur le pont du navire de Peter, qui terminait sa manœuvre, faisant face au bâtiment frappée du pavillon blanc. Les deux bateaux étaient désormais parallèles, attendant les ordres pour décharger un déluge mortel et bruyant. Malgré cette excitation qui paraissait animer l'ensemble de ces hommes à quelques mètres de lui, le nouveau capitaine des Shinoryuu Kaizoku, lui, n'avait aucun mal à discerner trouble et angoisse sur la plupart des visages des marins... Évidemment, il était plus qu'évident que certains Shinotoras devaient également être touché par ce malaise, cette incertitude si commune à chaque femme et homme de ce monde. Après un instant qui apparut comme une véritable éternité pour Prince, les ordres fusèrent comme de longs échos, cassant brusquement cette atmosphère chimérique comme un miroir que l'on briserait : les canons retentirent alors brusquement, fracassant, trouant les navires à plusieurs endroits et faisant voler hommes ou encore morceaux de bois, dans un chaos impressionnant.

                            Tandis que les hommes criaient pour exprimer colère, excitation et douleur, le pirate gentleman lui, roula sur le côté au moment où, tout près de sa position, des caisses explosèrent brutalement. Se relevant rapidement, grimace sur le visage, il fut secoué par un tremblement, probablement l'impact d'un nouveau boulet, juste en dessous de sa position. Le navire ennemi n'était pas aussi imposant et surement moins armé que celui de Peter, mais malgré cela, ce dernier avait de la ressource et il n'était absolument pas question de le sous-estimer. Relevant la tête pour se focaliser sur le bâtiment de la Marine, Prince vit les premiers grappins mordre le bois des navires : le capitaine Shinotora avait donné l'ordre d'abordage et il était temps de mettre en déroute ces gêneurs... Poussant sur ses jambes, l'homme au tricorne fondit vers le bord du bateau, accélérant un peu plus alors qu'il s'approchait de la rambarde en bois, dont une partie n'existait d'ailleurs plus... Prenant appui sur cette dernière, il se propulsa dans les airs, surplombant durant quelques secondes, la bataille qui faisait rage... Semblant littéralement voler, il sortit son pistolet à silex et tira à trois reprises vers le pont du navire adverse, touchant les deux marins qui, genoux à terre, avaient braqué leurs fusils à lunettes sur lui. Atterrissant avec une roulade au milieu des deux tireurs d'élites, qui s'écroulèrent sur le sol avec un gémissement de douleur, l'homme au tricorne, sourire aux lèvres, se releva, faisant face à la justice : alors qu'à ses côtés, les premiers hommes de Peter atterrissaient à leurs tours, Prince fut attaqué par trois soldats, frappant chacun avec leurs sabres. Avec classe, le pirate virevolta sur lui-même, esquivant les premiers assauts de ses adversaires et passant à travers les lames, majestueusement. Reculant de quelques pas pour se remettre face à eux, Prince sortit alors Yubashiri de son fourreau, n'oubliant pas de saluer la lame, intérieurement... Regardant alors la magnifique arme qu'il brandissait, Prince ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour celui qui lui avait procuré cette dernière : Mizukawa Sutero, mais aussi une des raisons pour laquelle il se battait aujourd'hui !

                            « Meurt !!! Pirate !!! »

                            Sortit de sa rêverie, l'homme aux yeux émeraudes para brusquement la lame de son adversaire qui s'abattait sur lui, créant une pluie d'étincelle, tandis que les aciers s'entrechoquaient. Ne s'attendant pas à être contré de la sorte, le marin fut déstabilisé, chose qui suffit à Prince pour attaquer à son tour, frappant en direction de son vis-à-vis avec vitesse et précision. Désemparé, le marin recula tout en repoussant tant bien que mal les assauts du pirate, qui finit par ôter l'arme des mains de ce dernier. Sans défense, le soldat ne put esquiver le puissant coup de genou qui s'enfonça dans son estomac, jusqu'à le faire tomber dans les méandres de l'inconscience... Prince sortit alors son second sabre pour faire face aux deux autres marins qui frappèrent en même temps : contrant les deux attaques, le pirate au tricorne força, puisant dans ses ressources pour ne pas flancher, tandis que les quatre lames se chevauchaient toujours dans des cliquetis métalliques... Les dents serrées, Prince réussit finalement à repousser ses adversaires en arrière, avant de fermer les yeux et inspirer bruyamment, malgré les combats qui faisaient rages autour de lui : croisant ses bras, le gentleman se concentra, les tires, explosions et autres cris apparaissant comme des résonances lointaines, à l'intérieur de son esprit... Rouvrant subitement les yeux, le pirate au tricorne fondit avec une vitesse inhumaine sur ses adversaires, qui arrivaient dans sa direction, sabres en avant... Un instant plus tard, il était derrière eux, un genou à terre, les bras décroisés et lames déployées :


                            « Flash… Wings !!! »

                            Les deux soldats de la marine s’effondrèrent, sans un bruit, soulevant seulement un léger nuage de poussière grisâtre. Néanmoins et au moment même où le pirate se remettait debout, une douleur fulgurante, mais brève, lui traversa la jambe, comme un véritable coup de poignard. Une goutte de sueur coula le long de sa joue, tandis que le trouble s’était installé sur son visage : un mal lui rappelant que sa blessure était toujours bien présente et qu’il ne devait pas forcer, s’il voulait éviter toute rechute … Il regarda alors autour de lui : partout, des hommes jonchaient le sol, inconscients, ou gémissant encore de douleur, nageant au milieu de débris de bois et pièces métalliques... Les derniers combats prenaient fin, laissant éclater les cris de joies des pirates Shinotora. Oui, sans surprise, la marine venait de subir une défaite écrasante... Cependant, une voix forte interpella l'homme au tricorne, qui se retourna, lame baissée vers le sol :

                            « Toi... Tu... Tu n'es donc pas mort... A moins que je ne soit déjà en enfer pour me mesurer au fantôme du pirate Howard Prince... Comment... Comment as-tu survécu à cette bataille ?! Les rapports font tous... tous, sans exception, mention de ta mort, contre le Colonel Tamaka ! »

                            Prince afficha un air sévère, l'expression de son visage imperturbable malgré ces propos rapportant, une nouvelle fois, les faits de cette terrible bataille... L'homme face à lui, semblait, au vu de ses décorations, être un haut gradé, peut-être le commandant de ce navire... Néanmoins, le marin tenait son épaule droite, dont l'habit était recouvert d'une tache de sang. Il était blessé, d'où son allocution confuse et inconstante :

                            « Je ne sais pas comment tu as pu tromper les rapports, mais je... je... ugh... Je suis heureux ! Oui, car... c'est moi qui... qui vais pouvoir... t'a.. hugh... t'arrêter ! »

                            Le pirate ferma les yeux, avant de braquer sa lame vers le haut gradé :

                            « Es-tu donc fou au point de vouloir me combattre dans cet état ? Prend tes hommes et partez loin d'ici... »

                            Le marin sortit lui-même son sabre, serrant les dents de colère :

                            « Tu te moques de... de moi pirate ?! en garde ! »

                            Les deux combattants bondirent en avant, avec la ferme intention d'en finir...

                            « MEEEUUUUUUURT !!!!!!! »

                            « AAAAAAAAAAAAH !!!!!! »

                            ______________________________

                            Quelques minutes plus tard...


                            Sur le pont du navire Shinotora qui avait mis les voiles sur les côtes de l'île, Howard Prince, dont le long manteau noir posé sur les épaules dansait au rythme du vent, regardait le bâtiment de la marine s'éloigner. Peter venait alors de le rejoindre, le sortant de ses songes :

                            « Pourquoi les laisser partir... En faisant cela, nous risquons de... »

                            « De voir débarquer d'autres vaisseaux du gouvernement... Oui, j'en suis parfaitement conscient. Néanmoins, leur système de communication a été saisit et avec tous les dégâts subis par leur navire, ils n'iront probablement pas loin... Nous n'avions pas besoin d'en faire plus. »

                            Faisant volte face pour rejoindre sa cabine, Prince conclu :

                            « Il nous reste donc une poignée de jours pour terminer ce que nous avons à faire ici et mettre les voiles... »