La gallega était un célèbre bateau de croisière qui faisait la navette entre les blues -Hormis West Blue du fait de sa dangerosité. Lorsqu’il avait accosté dans le port de Shell-Town, je n’avais pas résisté à l’envie de prendre des vacances bien méritées. Bientôt dix années que je ne me l’étais pas vraiment permis. Depuis mon premier mariage, très exactement. Submergé par un flot de pensées plus ou moins nostalgiques, je finis par avoir un sourire et par faire venir dans mon bureau, tous mes aides de camp pour leur annoncer mes projets à venir. D’abord surpris, ils ne purent que s’incliner devant mes envies, non sans une once d’inquiétude. En effet, la ville était régulièrement attaquée depuis que les chantiers du célèbre Léviathan avaient recommencé à s’animer. D’ailleurs, mon dernier combat contre un capitaine pirate chevronné qui voulait s’emparer des plans du navire, ne remontait qu’à une petite semaine seulement. De quoi troubler mes hommes de main qui ne comprenaient pas ce caprice soudain. Ketsuno commença même à s’affoler, ce qui m’obligea à leur annoncer l’arrivée imminente de la sous-amirale Debossah Bii. Elle venait au moins pour deux bons mois, ce qui eut pour effet de réduire mes vis-à-vis au silence. Ma victoire était totale.
Il avait également fallu convaincre cette Debossah, lorsqu’elle avait enfin foulé la terre que je chérissais et que je protégeais depuis des années maintenant. Un pauvre commodore n’avait aucune chance face à une féministe pareille, sous-amirale qui plus est. C’était plié d’avance pour la plupart des hommes qui oseraient lui demander un quelconque service. Cependant, mon cas était toujours à part. Baratiner une femme ? Rien de plus facile. Aussi avais-je mis en avant mes talents d’orateur en plus de ma formidable plastique. Quelques mots d’amour avaient fini par la faire fondre. Une seule heure m’avait suffi pour l’avoir dans le creux de ma main. Cependant, il eut un bémol. Après quelques temps, cette folle s’était mise en tête d’effectuer ce voyage avec moi. Quelle plaie, j’vous jure ! Là encore, je fus obligé de lui expliquer l’importance de sa présence sur le sol de Shell, entre la protection de la ville et les projets du Léviathan qui allaient bon train. La sous-amirale ronchonna pendant un jour ou deux, avant de me donner son aval, pile au moment où la Gallega repartait vers de nouveaux horizons. Ni une ni deux que j’avais fait une valise à la hâte, avant de m’en aller le sourire aux lèvres. Avec ces vacances, nul doute que j’allais pouvoir bien me reposer.
Seulement, sans le savoir, je m’étais mis le doigt dans l’œil ; car à peine avais-je embarqué sur le bateau de croisière que je fus assailli par des groupies sorties de nulle part. C’est dans ces moments-là que je détestais ma grande popularité. Certes, elles étaient toutes jeunes, toutes belles et toutes fraiches, mais ce à quoi j’aspirais tombait bêtement à l’eau. J’aurai pu gérer ces fameuses groupies, mais des gamins « fans » de mes exploits, virent également s’ajouter au calvaire que je vivais. Autant dire que pour la tranquillité, c’était mort. Pendant les trois premiers jours donc, j’étais constamment suivi par une cohorte d’adolescentes et de gamins qui luttaient à mort pour avoir la moindre considération de ma part, ce qui était assez gênant. Je ne pouvais pas faire le moindre pas, le moindre geste, sans être suivi à la trace par une foule immense, ce qui avait l’art d’amuser les autres passagers qui me plaignaient tout de même. Et puis, peu à peu, ma situation finit par s’arranger grâce au capitaine de bord qui fit vite de remettre de l’ordre -Non sans s’essuyer moult insultes on s’entend. Alors certes, j’étais toujours suivi par plusieurs personnes après son intervention, mais je n’étais plus « harcelé » ce qui était un grand pas en avant. Mes vacances commençaient véritablement !
Effectivement, les jours qui suivirent me permirent de glander, de m’amuser et de ne penser qu’à ma poire. On avait beau être un fervent défenseur de la justice, de la veuve et de l’orphelin, mais il fallait de temps en temps penser à soi, ce que je fis avec brio. Après une semaine de tranquillité, je m’étais ressourcé comme il fallait. Le stress de mon poste à Shell-Town avait été complètement évacué, ce qui me permit enfin de penser un peu aux autres. Je m’amusais donc à complimenter certaines demoiselles qui m’approchaient pour leur faire plaisir ; ou encore à raconter quelques-uns de mes combats aux gosses qui me poursuivaient. Tout le monde y avait pour son compte. Avec quelques bambins, nous fîmes même connaissance avec une baleine géante plutôt pacifique que nous nous amusâmes à nourrir à partir du bastingage le plus bas. Il avait de toute façon intérêt à être sage, sans quoi j’allais l’achever d’un coup de sabre sans qu’il ne comprenne grand-chose. Oui oui, même en vacances, j’avais mon meitou avec moi. Nous lui avions même donné un nom et les enfants aimaient beaucoup s’amuser avec lui. Cette situation embarrassa quelque peu le capitaine de bord, mais je fis vite de le rassurer en me portant garant de la sécurité de ces petits chenapans.
Malheureusement, le bonheur que je vivais avec tous ces gens dans le bateau de croisière fut de courte durée. Après deux semaines de navigation, nous atteignîmes l’intersection East Blue South Blue. Un point plus ou moins difficile à pratiquer pour des navigateurs novices. Les courants marins étaient vraiment très élevés dans cette région, ce qui expliquait sa dangerosité. Pour l’éviter, il fallait faire un plus long détour, mais le capitaine de bord ne l’avait sans doute pas estimé nécessaire. Un choix somme toute inquiétant. Les passagers avaient donc été priés de rester dans leurs cabines, le temps de la traversée, ordre que tous respectèrent. Tous sauf une seule personne : Moi. La raison était toute simple : Le navire tanguait dangereusement. Vu les dimensions du navire, on ne le sentait pas tellement, mais j’étais assez expérimenté pour le savoir. Et puis, j’avais un mauvais pressentiment. Mon instinct de marine, sans doute. C’est une fois sur le pont que je vis un peu le temps dans lequel nous nous étions aventurés. En plus de l’averse qui s’abattait sur nous, les vagues étaient assez hautes, le vent violent… Bref, une scène digne de Grand Line. Je me portai volontaire auprès du capitaine pour aider les matelots qui y travaillaient, mais ce dernier déclina mon offre.
Je pestai et comptai me retourner dans ma cabine, lorsqu’un matelot bascula par-dessus le bastingage et tomba à l’eau. La panique s’empara immédiatement de ses collègues. Le capitaine lui-même fut secoué par cette scène dont il fut témoin. A cause de l’averse, le pont était glissant et ne facilitait pas les travaux de ses hommes. Son manque de précaution allait causer la mort d’un de ses éléments. Également témoin de la chute du pauvre jeune homme, je n’avais pas attendu le moindre ordre pour traverser le pont au pas de course, avant d’essayer de déterminer la position du marin. Une fois que je l’aperçus en train de se débattre dans les vagues qui l’emportaient, je n’hésitai pas à sauter dans l’eau. Après quelques brasses courageuses, je réussis à le récupérer et à faire signe vers le pont du mieux que je le pouvais. Le capitaine et ses hommes n’envoyèrent qu’une bouée reliée à une longue corde. Les imbéciles ! Pourquoi ne pas larguer un canot de secours ?! Qu’avaient-ils en tête ?! Décidément, j’avais affaire à des amateurs ! N’ayant cependant pas le temps de me plaindre, j’essayai de m’accrocher à la bouée, mais la corde qui la reliait au navire risquait de casser avec deux corps. Spontanément donc, je pris la décision de le sauver en premier.
Dans cette situation inextricable, je réussis à entendre les mots de remerciements de celui que j’avais secouru, et ce malgré le ressac violent et le vent encore plus fort. Je n’eus pas le temps de répondre vu que je me débattais pour rester près du navire et attendre une deuxième bouée. Deuxième bouée qui n’arriva point à temps, puisque les vagues de plus en plus fortes m’éloignèrent inlassablement du navire. C’est dans ces instants là qu’on se rend compte que l’homme est dominé par la nature, et que notre vie ne tient qu’à un fil. Allais-je mourir comme ça ? Pour avoir voulu sauver un homme ? Des questions qui restaient sans réponses, puisque je commençais à perdre le pied. Le mouvement des vagues me demandaient un effort trop soutenu pour maintenir ma tête hors de l’eau. En deux trois minutes seulement, j’étais tout simplement épuisé. Je sentis soudainement mes forces m’abandonner alors que j’essayais de lutter encore et encore. Mon corps finit par ne plus m’obéir et l’eau s’y infiltra par ma bouche et mes narines. Totalement englouti par cette mer en colère, il ne me fallut pas plus d’une minute pour que je perde connaissance. J’étais aux portes de la mort. Ce que je ne vis pas cependant, c’est que la baleine avec laquelle nous nous étions amusés me secourut…
Incapable de me transporter jusqu’au navire qui avait totalement disparu jusqu’à son champ de vision, ma sauveuse m’emmena rapidement jusqu’à la première ile qu’elle trouva. La basse marée fit son effet et j’échouai sur une plage inconnue, totalement inconscient et recouvert d’algues de toutes sortes. Ne voyant personne dans les environs, la baleine se mit alors à chanter comme elle put, dans l’espoir d’attirer n’importe quel humain qui pourrait aider son ami. Elle le sentait, elle le savait même : Il n’était pas tiré encore d’affaire.
Il avait également fallu convaincre cette Debossah, lorsqu’elle avait enfin foulé la terre que je chérissais et que je protégeais depuis des années maintenant. Un pauvre commodore n’avait aucune chance face à une féministe pareille, sous-amirale qui plus est. C’était plié d’avance pour la plupart des hommes qui oseraient lui demander un quelconque service. Cependant, mon cas était toujours à part. Baratiner une femme ? Rien de plus facile. Aussi avais-je mis en avant mes talents d’orateur en plus de ma formidable plastique. Quelques mots d’amour avaient fini par la faire fondre. Une seule heure m’avait suffi pour l’avoir dans le creux de ma main. Cependant, il eut un bémol. Après quelques temps, cette folle s’était mise en tête d’effectuer ce voyage avec moi. Quelle plaie, j’vous jure ! Là encore, je fus obligé de lui expliquer l’importance de sa présence sur le sol de Shell, entre la protection de la ville et les projets du Léviathan qui allaient bon train. La sous-amirale ronchonna pendant un jour ou deux, avant de me donner son aval, pile au moment où la Gallega repartait vers de nouveaux horizons. Ni une ni deux que j’avais fait une valise à la hâte, avant de m’en aller le sourire aux lèvres. Avec ces vacances, nul doute que j’allais pouvoir bien me reposer.
Que j’m’étais dit…
Seulement, sans le savoir, je m’étais mis le doigt dans l’œil ; car à peine avais-je embarqué sur le bateau de croisière que je fus assailli par des groupies sorties de nulle part. C’est dans ces moments-là que je détestais ma grande popularité. Certes, elles étaient toutes jeunes, toutes belles et toutes fraiches, mais ce à quoi j’aspirais tombait bêtement à l’eau. J’aurai pu gérer ces fameuses groupies, mais des gamins « fans » de mes exploits, virent également s’ajouter au calvaire que je vivais. Autant dire que pour la tranquillité, c’était mort. Pendant les trois premiers jours donc, j’étais constamment suivi par une cohorte d’adolescentes et de gamins qui luttaient à mort pour avoir la moindre considération de ma part, ce qui était assez gênant. Je ne pouvais pas faire le moindre pas, le moindre geste, sans être suivi à la trace par une foule immense, ce qui avait l’art d’amuser les autres passagers qui me plaignaient tout de même. Et puis, peu à peu, ma situation finit par s’arranger grâce au capitaine de bord qui fit vite de remettre de l’ordre -Non sans s’essuyer moult insultes on s’entend. Alors certes, j’étais toujours suivi par plusieurs personnes après son intervention, mais je n’étais plus « harcelé » ce qui était un grand pas en avant. Mes vacances commençaient véritablement !
Effectivement, les jours qui suivirent me permirent de glander, de m’amuser et de ne penser qu’à ma poire. On avait beau être un fervent défenseur de la justice, de la veuve et de l’orphelin, mais il fallait de temps en temps penser à soi, ce que je fis avec brio. Après une semaine de tranquillité, je m’étais ressourcé comme il fallait. Le stress de mon poste à Shell-Town avait été complètement évacué, ce qui me permit enfin de penser un peu aux autres. Je m’amusais donc à complimenter certaines demoiselles qui m’approchaient pour leur faire plaisir ; ou encore à raconter quelques-uns de mes combats aux gosses qui me poursuivaient. Tout le monde y avait pour son compte. Avec quelques bambins, nous fîmes même connaissance avec une baleine géante plutôt pacifique que nous nous amusâmes à nourrir à partir du bastingage le plus bas. Il avait de toute façon intérêt à être sage, sans quoi j’allais l’achever d’un coup de sabre sans qu’il ne comprenne grand-chose. Oui oui, même en vacances, j’avais mon meitou avec moi. Nous lui avions même donné un nom et les enfants aimaient beaucoup s’amuser avec lui. Cette situation embarrassa quelque peu le capitaine de bord, mais je fis vite de le rassurer en me portant garant de la sécurité de ces petits chenapans.
Malheureusement, le bonheur que je vivais avec tous ces gens dans le bateau de croisière fut de courte durée. Après deux semaines de navigation, nous atteignîmes l’intersection East Blue South Blue. Un point plus ou moins difficile à pratiquer pour des navigateurs novices. Les courants marins étaient vraiment très élevés dans cette région, ce qui expliquait sa dangerosité. Pour l’éviter, il fallait faire un plus long détour, mais le capitaine de bord ne l’avait sans doute pas estimé nécessaire. Un choix somme toute inquiétant. Les passagers avaient donc été priés de rester dans leurs cabines, le temps de la traversée, ordre que tous respectèrent. Tous sauf une seule personne : Moi. La raison était toute simple : Le navire tanguait dangereusement. Vu les dimensions du navire, on ne le sentait pas tellement, mais j’étais assez expérimenté pour le savoir. Et puis, j’avais un mauvais pressentiment. Mon instinct de marine, sans doute. C’est une fois sur le pont que je vis un peu le temps dans lequel nous nous étions aventurés. En plus de l’averse qui s’abattait sur nous, les vagues étaient assez hautes, le vent violent… Bref, une scène digne de Grand Line. Je me portai volontaire auprès du capitaine pour aider les matelots qui y travaillaient, mais ce dernier déclina mon offre.
Sur le moment, sa fierté mal placée m’étonna assez.
Je pestai et comptai me retourner dans ma cabine, lorsqu’un matelot bascula par-dessus le bastingage et tomba à l’eau. La panique s’empara immédiatement de ses collègues. Le capitaine lui-même fut secoué par cette scène dont il fut témoin. A cause de l’averse, le pont était glissant et ne facilitait pas les travaux de ses hommes. Son manque de précaution allait causer la mort d’un de ses éléments. Également témoin de la chute du pauvre jeune homme, je n’avais pas attendu le moindre ordre pour traverser le pont au pas de course, avant d’essayer de déterminer la position du marin. Une fois que je l’aperçus en train de se débattre dans les vagues qui l’emportaient, je n’hésitai pas à sauter dans l’eau. Après quelques brasses courageuses, je réussis à le récupérer et à faire signe vers le pont du mieux que je le pouvais. Le capitaine et ses hommes n’envoyèrent qu’une bouée reliée à une longue corde. Les imbéciles ! Pourquoi ne pas larguer un canot de secours ?! Qu’avaient-ils en tête ?! Décidément, j’avais affaire à des amateurs ! N’ayant cependant pas le temps de me plaindre, j’essayai de m’accrocher à la bouée, mais la corde qui la reliait au navire risquait de casser avec deux corps. Spontanément donc, je pris la décision de le sauver en premier.
Dans cette situation inextricable, je réussis à entendre les mots de remerciements de celui que j’avais secouru, et ce malgré le ressac violent et le vent encore plus fort. Je n’eus pas le temps de répondre vu que je me débattais pour rester près du navire et attendre une deuxième bouée. Deuxième bouée qui n’arriva point à temps, puisque les vagues de plus en plus fortes m’éloignèrent inlassablement du navire. C’est dans ces instants là qu’on se rend compte que l’homme est dominé par la nature, et que notre vie ne tient qu’à un fil. Allais-je mourir comme ça ? Pour avoir voulu sauver un homme ? Des questions qui restaient sans réponses, puisque je commençais à perdre le pied. Le mouvement des vagues me demandaient un effort trop soutenu pour maintenir ma tête hors de l’eau. En deux trois minutes seulement, j’étais tout simplement épuisé. Je sentis soudainement mes forces m’abandonner alors que j’essayais de lutter encore et encore. Mon corps finit par ne plus m’obéir et l’eau s’y infiltra par ma bouche et mes narines. Totalement englouti par cette mer en colère, il ne me fallut pas plus d’une minute pour que je perde connaissance. J’étais aux portes de la mort. Ce que je ne vis pas cependant, c’est que la baleine avec laquelle nous nous étions amusés me secourut…
Incapable de me transporter jusqu’au navire qui avait totalement disparu jusqu’à son champ de vision, ma sauveuse m’emmena rapidement jusqu’à la première ile qu’elle trouva. La basse marée fit son effet et j’échouai sur une plage inconnue, totalement inconscient et recouvert d’algues de toutes sortes. Ne voyant personne dans les environs, la baleine se mit alors à chanter comme elle put, dans l’espoir d’attirer n’importe quel humain qui pourrait aider son ami. Elle le sentait, elle le savait même : Il n’était pas tiré encore d’affaire.