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Retrouvailles et embrassades

Y pèle s’matin. ‘Fin, tu m’diras qu’y pèle toujours plus ou moins dans ce bled à la con. Mais quand même, faut croire qu’il y avait moyen de faire mieux et que ça a été fait. Du coup, quand je pousse la porte du nouveau siège du gouvernement, le clerc me dégomme des yeux. Je repousse vite la porte non sans empêcher un bon paquet d’neige de fureter dans l’coin. Dedans, il fait pas mal chaud, eu égard à la bonne flambée pas loin. Aussi, j’enlève mon manteau et le laisse dégoutter à côté du feu. Je dégoutte tout pareil, de partout et la flotte que je fous partout met le gars sur les nerfs. Un jeune homme en costume. Il est brun, élégamment moustachu et s’exprime avec une voix douce.

« - Monsieur, que pouvons-nous faire pour vous ?
- Un bateau.
- Nous n’en faisons pas, navré.
- Vous en vendez ?
- Je crois reconnaître en vous Mr Ledger. Auquel cas, je vous sais au courant de notre situation.
- Mais encore ?
- Rien, rien d’encore. Juste rien.
- Vous n’auriez pas quelque chose tout de même ?
- Laissez-moi consulter mes registres. »

Sa main passe lisser ses poils et il se lève pesamment. Il traîne avec lui pas moins d’une centaine de kilos de chair dont la moitié bringuebale à chaque mouvement comme seule la graisse sait faire. Pas moins d’une demi-heure plus tard, alors que mes couilles finissent de s’faire hacher menu par l’attente, il réapparait avec un vieux livre relié de cuir. Assez massif pour menacer de déséquilibrer le gratte-papier. Il réajuste les lunettes qui marquent son pif d’une bande violine et tousse galamment avant d’ouvrir le volume.

« - Nous avons bien quelque chose qui puisse vous intéresser. Néanmoins, il se trouve que ce navire n’est pas aux normes. Auquel cas, nous ne pouvons vous le céder.
- Vous savez, je ne suis pas très exigeant. Je préfère avoir un navire pas génial que quitter l’île à la nage.
- Si vous insistez, je vais devoir en référer à mon supérieur. »

Le gros lard s’agite dans sa chaise sans pouvoir lever son cul. Il souffle comme une forge, le visage rougi par l’effort et arrive enfin à se mettre debout. D’un pas pesant, il disparait de ma vue pour ne plus revenir. Il arrive un grand type grisonnant. Avec son début de calvitie et son large sourire, il a l’air plus sympa que l’autre et pour cause, il commence directement son numéro.

« - Monsieur Ledger ? Quel plaisir de vous voir ! Bien sûr qu’on va trouver quelque chose pour vous. Voici les plans du bateau, signez là, là et là. On a des payements échelonnés à vous proposer. Prenez-le, c’est notre dernière pièce et j’ai déjà deux autres clients en attente pour l’obtenir.
- Doucement, calme-toi. Emmène-moi voir le morceau avant.
- Puisque les plans sont là, vous n’avez qu’à les consulter.
- Passez devant. »

De mauvaise grâce, le mec me précède. Il a perdu son sourire de vendeur et s’engage dans le froid qui nous attend dehors. Avant de l’y rejoindre, je ramasse mon manteau réchauffé par la flamme et m’en couvre en savourant son contact. Puis, comme à regret, j’hésite un court instant à quitter la chaleur de ce cocon avant de m’y résoudre.

Dehors, il pèle encore. On s’gèle les noix, plus que d’habitude, bien sûr. Le soleil se cache derrière les nuages comme une pucelle le jour de ses noces. Et nous, on bataille pour faire chaque pas. Elle ne me manquera pas cette île, non, pas un seul instant. L’homme m’indique une direction, mais ses paroles se perdent dans la bourrasque. De toute façon, pas besoin de jacter des masses pour savoir où il m’emmène.

C’est tout d’même après un quart d’heure de marche qu’on arrive au bateau promis. Et là, je m’aperçois du pourquoi du comment. Ce truc, sans aller à dire que c’est une épave, n’est pas du tout en bon état. Il est vieux, il a accusé pas mal de coups dans sa vie. Pourtant, on s’aperçoit que sa structure est encore intacte. Il va lui falloir pas mal de bricolage et je ne le vois pas me finir l’année. J’irai jusqu’à dire que je ne suis pas sûr qu’il puisse passer une tempête en l’état. Et c’est ça que le gosse n’osait pas me refiler et que le vieux voulait m’entuber avec. Lui n’affronte même pas mon regard.

« Vous pouvez m’ex… »

Interrompu par un craquement assourdissant, je me retourne pour voir jaillir du couvert des arbres un colosse. Un type que j’ai vu il y a plus d’un an. Un type que je n’ai jamais oublié et que lui non plus, visiblement.

« - Toi ?
- Ouais. Toi, tu devrais t’éloigner, si tu veux pas crever. »

La masse de muscle s’ébranle, résolument plus agile que ne laisse penser sa silhouette. Son bras signifie à ses hommes de rester en arrière. Moi, j’écarte les pans de ma cape et je rajuste mes gants avant d’aller au-devant de mon adversaire. Ma main se serre sur mon épée convulsivement.

Prêt pour une danse ?
Enfoiré de Zood.
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Allongé, le corps moulu et la main faiblarde, je m’demande ce que j’peux bien foutre là. J’ai mal au crâne comme après une sale cuite ou un coup d’bêche dans l’ciboulot. Puis, j’vois le grand mastoc, un mastodonte sur pattes, l’infatigable Zood. Lui, couvert de blessures et d’entailles, pourtant, toujours debout. Sa peau est aussi solide que l’acier, pourtant, j’ai réussi à l’entamer profondément, ici et là. Mais, y a que moi qui sois sur le dos, en plein milieu d’une neige écarlate. Le froid me donne envie de fermer les yeux et de me laisser aller.

Ça s’est passé tellement vite que j’ai rien vu, ni su. Quand je suis arrivé au contact, il a balayé l’air de son bras et je suis passé en dessous afin de lui planter mon épée dans le cœur. Il pivote et la lame passe dans son flanc en prélevant un bon morceau de chair. Pourtant, pas ému d’un poil, l’enfoiré m’enfonce son coude dans le dos et m'envoie valser avec un arbre. ‘Me suis ramassé comme une merde pour le taillader, lui, pour me matraquer. Toujours debout, encore et toujours malgré tout. La dernière fois, il avait les poumons transpercés et c’est tout juste s’il le remarquait.

Moi, par contre, je suis largement plus fort que la dernière fois. Et si à notre dernière rencontre, j’arrivais à peine à le blesser, alors qu’on était deux, cette fois, il s’en est pris plein la gueule. Un vrai monstre qu’il est, et un tout pareil que je suis. Le fluide de l’observation m’a bien sauvé les miches une ou deux fois. Mais, son aide est trop inconstante pour que je m’y fie. Reste la bonne vieille méthode, la réflexion. Je le connais, cet ennemi. Je l’ai déjà vu combattre. C’est une putain de brute qui se lance au combat à corps perdu. Il ne se pose pas plus de questions que ça, il n’essaye même pas de se défendre. Tout juste s’il te remarque, il ne cherche qu’à t’écraser, comme la mouche que t’es.

Et, c’est bien ce qu’il est arrivé à faire. Tellement puissant que ç’en est effrayant. J’ai visé ses articulations et pourtant elles bougent, j’ai touché son cou et pourtant il respire, je l’ai même planté au bide et il n’a pas eu l’air de sentir le coup. Impitoyablement, il m’a dégommé la tronche avec ses paluches larges comme des couvercles de poubelles. Tout ça pour lui disputer un navire qui en est une.

Un dernier assaut, et mon épée est restée plantée en travers de son estomac pour ressortir dans son dos. Il m’a envoyé d’un coup de poing au crâne agoniser à quelques mètres de lui. Et c’est là que j’en suis, maintenant que je me souviens.

Lui, souffle comme un taureau qui va charger. Il a retiré d’un coup sec mon épée avant de la briser dans ses mains. Son bide a vomi une grosse quantité de sang. Le sol a presque pitié de moi. Pourtant, les mots du poète me reviennent en tête. Cet enfoiré de Thor ne me foutra donc jamais la paix.

« Relève-toi, mec. Le sol c’est pour les morts ou les faibles. »

Je m’en souviens maintenant. Je lève ma main pour prendre la sienne et il n’est pas là. Au lieu de sa face de con, j’en vois une autre, parsemée de veines dilatées, les naseaux dilatés et la gueule ensanglantée. Deux poings se lèvent et éclipsent le soleil et s’abaissent sur moi à une vitesse fulgurante. Je n’sais pas d’où ça vient, mais je trouve la force de rouler de côté. Le cannibale me lança son pied dans mes côtes et j’ai roulé encore plus loin avant de me cogner contre une pierre.

« - Je vais te bouffer vivant, crevure.
- Encore faim depuis le Baratie ? T’en as pas déjà assez eu là-bas ? »

Et puis, faut croire qu’il n’est pas le seul à pouvoir péter un câble. Il n’est pas le seul à en avoir plein l’cul de voir l’autre. Même si j’ai essayé de garder mon calme pour avoir l’atout du fluide de l’observation, je me sens partir. Je sens que tout mon corps bouillonne. Je suis prêt à le briser en mille morceaux et à me trouver en dix fois plus.

Je l’assaille, rageur et furax. Et quoi ? Qu’est-ce qu’il croit, cet enculé ? Qu’il n’y a que lui qui puisse se mettre en rogne ?

Fulminant, je vais au contact, plus rapide, plus puissant. Je le couvre de coups, sans le laisser respirer. J’encaisse salement, mais je ne m’occupe que de le massacrer. Mon autre épée, plus courte, ravage sa chair. Puis, il s’effondre, enfin. Moi, je l’domine encore debout. De mon pied, je dégage le cou pour le décapiter et je me place au-dessus de lui.

Prêt pour le coup de grâce ?
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« Tu crois que tu peux m’baiser ? »

Mon épée atterrit à côté et mon genou se retrouve broyé dans la main de Zood. Il me fait basculer sous lui et me sert contre son torse d’un seul bras en me labourant les côtes de l’autre. Le souffle coupé, je lutte pour reprendre mon souffle. Avant de me laisser briser un os, je mets un bras en opposition au sien et je dégage l’autre de son étreinte.

Il sert et le monde devient moins lumineux, des mouches noires s’envolent devant mes yeux. Je vais bientôt perdre pied.

Non, bordel de putain d’merde.
Et laisser cet enculé me battre ?
Rien que le sourire moqueur de Thor m’ferait gerber.

Je lui plante un couteau de lancer dans l’œil. Il hurle et lâche prise. Je respire comme un dératé, avide d’air. Puis, je tousse et je reprends mon souffle avant de tousser à nouveau. J’essaye de me relever, mais je trébuche et me maintiens à quatre pattes à peine.

« Mon œil ! Espèce d’enculé ! J’vais te crever, tu m’entends ? J’vais te crever, sac à merde ! »

Je le vois s’arracher le couteau de l’œil. Celui-ci laisse couler un liquide translucide mêlé d’un rouge carmin sur son visage en ruine. Il se précipite sur moi et me jette sur un arbre avant d’en déraciner un pour m’assommer avec. J’esquive difficilement et m’approche de lui. Il laisse tomber l’arbre et arme son bras.

Et puis, fulgurance, je me vois le tuer. Machinalement, je fais un pas de côté pour éviter sa baffe. Puis, je lui mets un coup de boule. Il recule pour m’en remettre un, mais j’ai déjà sorti ma lame pour la remettre dans son œil éborgné.

La vision se termine ainsi et, soudainement, tout se produit tel que je l’ai vu. Je ne le réalise qu’une fois le corps de mon ennemi affalé. Il s’agit de soubresauts avant de se relâcher complètement. Juste pour être certain de sa mort, j’enfonce ma lardoire dans son cœur. Et là, je sens une main sur mon dos.

« Julius Ledger ? »

Je me dégage comme piqué par une guêpe et me mets en garde en levant à peine ma lame.

« Je ne vous veux aucun mal. Je suis le sergent Briggs, envoyé pour repérer l’activité d’un dangereux pirate que je vois que vous avez tué. Il a attaqué le port, malgré les deux cuirassés. C’était tellement con qu’il a surpris tout le monde. Ses hommes se sont fait cisailler, mais pas lui. Il y a eu de nombreuses pertes. On a trouvé des gars à lui dans les environs, tous neutralisés. Je vais vous chercher un médecin. Eh ! Vous m’entendez ? Ne m… »

Réveil dur, tête dans l’cirage et membres en compotes.

« - Vous ?
- C’est plutôt à moi de dire ça. Comment vous faîtes pour vous blesser autant aussi souvent ?
- Mauvaises fréquentations. Et mon bateau ?
- Ça, c’est déjà réglé. Mais, je serais vous, je ne le prendrai pas.
- Je préfère me tirer d’ici, cette île ne me réussit pas.
- Vous vous tirerez un autre jour. Là, vous allez vous reposer. Je vous garde au moins une semaine. Ça m’en fera une de repos, j’en ai marre de vous voir débarquer en lambeaux.
- Ok, doc. »


Prêt pour…
Ta gueule.
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