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[FB Solo] Home sweet home

[Flashback début 1624]



Bientôt quatre ans que je voyage et toujours rien. Quand j'ai entamé ma petite aventure, j'avais la conviction que ça ne durerait que quelques semaines, quelques mois au pire, avant que je ne retrouve les Fushi Akumas, Sayle Valdean et ses pirates... Quatre ans et j'ai l'impression de n'avoir rien accompli, comme si tout ce que j'ai fait jusque là a été en vain. J'ai dépensé de l'énergie et de l'argent, j'ai perdu du temps à visiter des îles qui n'avaient rien à m'offrir, ni hospitalité, ni nourriture, ni travail, ni information. Quand les gamins de mon âge sont aux côtés de leurs familles, à étudier ou à travailler pour un meilleur futur. Mais étrangement, ce genre de vie paisible que vivent mes semblables me fait peur... je ne saurais l'expliquer.

Pour ce qui est de ma situation actuelle, je suis sur une île de North Blue, ma « Blue natale » disons. J'ai les poches pleines grâce à mon dernier job, une prime de quelques millions de Berrys. Pas énorme, mais largement suffisant pour continuer encore un bon moment. Je n'ai plus rien d'autre à faire ici, alors je me dirige vers le port où je pourrais me faire emmener ailleurs sur un bateau marchand, mon moyen de transport privilégié jusqu'à maintenant.


« Hey Ed' ! Tu n'es pas avec Liya aujourd'hui ? »

Liya, ma petite amie officielle sur cette île. Car oui, depuis le fiasco où je m'étais fait tabassé par quatre grands costauds et fait craché dessus par tout un village, je me suis imposé une règle de « une femme par île ». Liya est ma conquête sur celle-ci. Du moins elle l'était jusqu'à hier, quand je lui annonçais que je quittais l'île et que je ne reviendrais jamais. Elle l'a plutôt mal pris, et je n'aime pas l'admettre mais je regrette. Elle me plaisait, était intelligente et avait du caractère. Mais je ne vais pas vous ennuyer avec mes histoires de cœur, ça a peu d'importance finalement.

« Nah pas aujourd'hui. J'aimerais bien discuter mais j'ai à faire, à la prochaine mon vieux ! »

Je ne voulais prévenir personne d'autre de peur que tout le monde ne vienne me les briser, parce que dans le coin, je suis devenu ma foi assez connu. Depuis que j'ai coffré le pirate, on me traite comme une sorte de héros ici, malgré mon attitude habituelle. C'est pour le moins étrange, mais pas si désagréable. Pourtant le pirate en question n'avait pas été un risque pour le village mais à partir du moment où les villageois ont été mis au courant de sa présence sur l'île, tout le monde a commencé à paniquer sans raison. Alors le soulagement était grand quand on a entendu qu'il avait été mis derrière les barreaux, et on m'a acclamé, une première pour moi. M'enfin, si on me donne plus de mérite que je n'en ai réellement, je ne vais pas m'en plaindre !

Voilà le port. Grand, des bateaux de toutes sortes et de toutes tailles. C'est une île importante dans le coin, alors c'est compréhensible. Je vais voir le capitaine d'un grand bateau qui donne des ordres aux matelots et accueille les quelques voyageurs qui souhaitent monter à bord. En me voyant approcher, il retire son chapeau et me salue sans un mot.


« Hey cap'tain ! Vous allez vers où ? »

Il lève un sourcil à mon manque évident de politesse mais je n'en prends pas compte. Après une petite pause, il ouvre enfin la bouche pour me répondre avec un air ennuyé. J'écoute jusqu'à la moitié de son monologue quand quelque chose attire mon attention un peu plus loin.

« Départ pour Tsukishima imminent ! Nous levons l'ancre dans cinq minutes ! »

Tsukishima, mon île natale. A l'entente de ce nom, mon esprit se met en route. Moi qui me plaignais de ce voyage, qui pensais que peut-être je poursuivais une illusion et que je ne retrouverai jamais l'homme que je cherche, ce bateau vers l'île de la lune est comme un signe. Je vais prendre ce bateau et retourner chez moi. Là-bas je déciderai si j'arrête mon aventure là et reprend ma vie avec ma famille et mes amis, ou si je continues mon voyage et suit l'itinéraire que je me suis fixé pour atteindre Grand Line. C'est ma dernière chance de faire marche arrière et de tout abandonner, car si je décide finalement de rejoindre l'océan de tous les périls, je ne reverrai probablement pas ces îles paisibles avant très longtemps.

« Mmh... désolé cap'tain, c'est pas ma destination ! »

Sans un « au revoir », je cours vers le propriétaire du petit bateau en direction de Tsukishima et marchande avec lui pour ma place. Je ne sais pas quelle réponse s'imposera à moi une fois là bas, mais pour l'instant, je suis simplement de rentrer chez moi après si longtemps...


To be continued...


Dernière édition par Edhan Royard le Mar 3 Sep 2013 - 1:28, édité 1 fois
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Tsukishima, une île des plus banales, dont les seuls moteurs économiques sont la pêche et, dans une moindre mesure, le commerce maritime. Mais avant tout, c'est chez moi, mon île natale, là où je suis né, où j'ai grandi, où ma famille et mes amis vivent. Je pensais qu'en revoyant cette île, ce port, cette ville, je sentirais de la nostalgie, je me dirais « Ah... enfin de retour à la maison ». C'est vrai, en quelques sortes. Il y a ce parfum qui rappelle chez soi, chaque chose que je vois me renvoie à une aventure passée, les aventures fictives qu'on s'inventait Mel, Hana et moi, même la température semble propre à cet endroit chargé de souvenirs. Mais la chose qui m'effraie malgré tout cela, c'est le manque évident d'enthousiasme de ma part. Je ne me sens plus attaché à cet endroit, comme si ce n'est plus chez moi bien que ça l'aie été il fut un temps.

Je chasse ces pensées de mon esprit et entame ma descente du nid-de-pie – j'aime les hauteurs -  jusqu'au pont. J'affiche un sourire discret malgré la clope allumée entre mes lèvres, mes mains dans les poches comme à mon habitude. La faible température m'a forcé à revêtir des bottes, un pantalon de toile, une chemise et un blouson assez épais par dessus, acheté précédemment. Je commence déjà à regretter les températures plus clémentes des autres blues... J'adresse une petite courbette en signe de merci et d'au-revoir au capitaine qui m'a emmené jusqu'ici et fais mon premier pas sur ce port que je connais si bien et que je n'ai pas revu depuis maintenant quatre ans.

J'avance vers un homme dans sa quarantaine et légèrement enrobé à la sortie du port, en uniforme officiel et armé d'un coutelas traditionnel qui n'avait d'autre intérêt qu'un but décoratif, probablement là pour faire un check des arrivants. On ne sait jamais quel genre de fou pourrait arriver sur cette paisible île pour y répandre la terreur et assouvir sa soif de sang et de pouvoir... Non, ce n'est absolument pas crédible, surtout quand il s'agit d'une île dont l’intérêt est quasi inexistant. Probablement la raison pour laquelle ils ont mis un homme peu enclin à se battre à ce poste, vu le risque qu'il y avait...

Je m'approche lentement avec cette démarche nonchalante, je le laisse s'occuper d'un autre voyageur devant moi, et c'est enfin mon tour. En me voyant, il a d'abord un moment de réflexion, comme quand vous voyez quelqu'un et vous vous dîtes « j'ai l'impression de l'avoir déjà vu ». Rapidement, la particularité de mes yeux lui met la puce à l'oreille et c'est cette fois une surprise évidente qui s'affiche sur son visage.


« Tu es... le fils de Royard ! Edhan, pas vrai ?! »

« Hey, Garr ! Ça fait un bail, hein ? »

Tout le monde se connaît ici, et bien sûr je ne fais pas exception même après quatre ans d'absence. Il semble encore sous le choc, à ses yeux je ne dois être qu'un revenant. Les pensées qui passent par sa tête sont assez faciles à déchiffrer : comment un adolescent seul a-t-il pu survivre aussi longtemps ?

« On pensait que tu étais... que tu ne reviendrais jamais ! Enfin, je veux dire... »

Remarque, pas la peine d'essayer de comprendre ce qui lui passe par la tête, il me l'annonce de lui-même. Lui et sa maladresse...

« Je suis toujours vivant, comme tu peux le voir. Et en pleine forme. Tu ferais mieux de me laisser passer, y en a qui s'impatientent derrière. Je pense pas avoir besoin de t'expliquer la raison de ma visite ?»

« Non, bien sûr que non. Vas-y, passe. Alors, tu nous reviens enfin après tout ce temps. La dernière fois que je t'ai vu, tu n'étais pas plus grand que ça... Et regarde toi maintenant, je te reconnais à peine ! »

Heureusement que mes armes sont cachées par mon lourd blouson, je n'ai pas vraiment envie qu'on sache ce que j'ai fait pendant ces quelques années de vagabondage. Pour certains, mon occupation est juste et tout à fait respectable, après tout j'aide la marine à coffrer des criminels. Mais à mes yeux, et probablement aux yeux de mes parents et de ma sœur s'ils venaient à l'apprendre – et croyez bien que les rumeurs courent très vite ici – je ne suis pas plus respectable que ceux que je remets aux mains de l'autorité. Bref, je passe le « checkpoint » et me retourne vers lui.

« Évidemment, j'ai disparu pendant quatre ans après tout. Sur ce, je ne vais pas te déranger plus longtemps, et je dois aller voir mes parents aussi après autant de temps. »

« Tes... parents ? Euh... »

Je remarque soudainement un certain malaise chez lui à la mention de mes parents. Je trouve ça étrange, et ça ne me plaît guère. J'hausse un sourcil en signe d'incompréhension et pour le pousser à expliquer son soudain comportement...

« Edhan ? »

Cette voix, je pourrais la reconnaître entre mille. Une voix certes un peu plus grave que dans mes souvenirs, mais ça n'était pas suffisant pour me tromper. Je laisse Garr et me retourne pour faire face à Mel, mon meilleur ami. Il a bien grandi, bien plus que moi, et fait maintenant dans le mètre quatre-vingt, si ce n'est plus, des cheveux bruns courts, des yeux gris perçants, une musculature non négligeable, et... un visage dépourvu de sourire...


Dernière édition par Edhan Royard le Mar 3 Sep 2013 - 1:29, édité 2 fois
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« Mel ! Ca fait un bail mon vieux ! »

Je jette ma clope au sol et l'écrase avant d'afficher un grand sourire. Pourtant, aucune réaction de sa part. Soit il est devenu particulièrement froid, soit il n'est plus très expressif... mais même pour quelqu'un de peu expressif, il y a des limites. Revoir son meilleur ami après autant de temps devrait être un prétexte pour se réjouir, et pourtant je ne vois rien de cela chez lui. D'abord Garr et son comportement suspect, maintenant Mel et son inexpressivité. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ici ces dernières années?

« Alors tu es de retour... Tu as été voir ta famille ? »

« Nah, je viens juste d'arriver. J'étais en route pour la maison justement. Je vais leur faire une belle surprise ! D'ailleurs, faudra que tu me mettes au jus pour ces quatre dernières an- »

« Ta mère est morte. »

Je m'arrête net, je le fixe du regard. Ce genre de blague est de très mauvais goût, j'ai même envie de lui en foutre une pour ça. On avait l'habitude de se balancer des feintes de ce genre, puis éclater de rire ensemble par la suite, mais on avait jamais été jusque là. Mais je l'attends tout de même, ce sourire puis cet éclat de rire. Il ne s'en tirera qu'avec un bon coup dans l'épaule pour sa blague mal placée... Mais pas de sourire, pas le moindre changement d'expression, et ça commence sérieusement à me les briser.

J'avance rapidement vers lui et l’attrape par le col, en affichant clairement ma colère, les sourcils froncés, un regard noir et la mâchoire serrée. La différence de taille et de carrure rend la chose inutile mais le but ici est de lui montrer clairement que sa connerie a été trop loin, trop tôt. Pour cette raison, je lève un poing menaçant dirigé vers la sienne de mâchoire.


« Eh c'est quoi ces conneries ? Je reviens après quatre ans et pas un sourire ? Pas un « Hey Ed, tu m'as manqué ! » ? Et au lieu de ça tu me balances une saloperie pareil ? Tu te fous de m- »

*VLAM*

Encore une fois coupé dans mon élan. Je sens ma tête projetée sur la droite, une douleur me lance à ma joue gauche. Il a été le premier à frapper, et pourtant c'est moi qui ai toutes les raisons de le faire. Je reviens sur mon île natale et c'est le bienvenu que je reçois ? Bordel, là ça allait chier pour lui, meilleur ami ou pas. Je relève la tête encore plus énervé qu'il y a quelques secondes mais il ne me laisse pas faire la moindre chose avant de me gueuler dessus, chose qu'il n'a jamais faite.

« Ne joues pas le nerveux avec moi, c'est TOI qui nous a tous abandonné, connard ! Tu es parti courir après un foutu pirate et nous a tous laissé là. Entre des pirates et nous, c'est eux que t'as choisi, tu as trahis ta mère, ton père, ta sœur, Hana et moi pour partir dans une de tes aventures à la con ! Alors si quelqu'un a le droit d'avoir les boules ici, c'est moi ! »

Ma colère disparaît rapidement pour laisser place à un sentiment de détresse. Je les ai trahi ? Moi qui vois la trahison comme la pire des saloperies, je l'ai commise à l'égard des être les plus proches et les plus importants pour moi. Ce qu'il vient de dire est vrai, je le sais, et pourtant j'ai du mal à l'accepter. C'est peut-être pour ça que je cherche à rejeter la faute sur quelqu'un d'autre, pour alléger la peine que je ressens en ce moment.

« Mais TU m'as aidé à m'enfuir d'ici toi aussi ! »

« Eh bien je n'aurais pas du... Tu m'as rendu coupable aussi de la mort de ta mère comme ça... »

L'incompréhension se mêle à ce tourbillon d'émotions présent dans mon esprit. Responsable de la mort de ma mère ? Comment ça ? Il n'a pas eu besoin que je le pousse à s'expliquer, il reprit avec plus de calme cette fois.

« Tu croyais qu'elle réagirait comment en sachant que son fils est parti à l'aventure seul en ne sachant rien de ce qui l'attend ? Elle est littéralement morte d'inquiétude... Elle ne mangeait plus, ne dormait plus, elle s'affaiblissait de jour en jour, jusqu'à ce qu'elle nous... quitte quelques temps plus tard... Si je t'avais empêché de partir, ça ne serait pas arrivé, merde... »

Silence... Je ne vois même pas les passants qui prennent note de cette dispute, de Garr qui baisse les yeux un peu plus loin et affiche une mine triste. Ma tête ne fonctionne plus correctement. J'ai envie de pleurer, j'ai envie de frapper quelqu'un, j'ai envie de me sauver, j'ai envie de revoir ma mère, je ne sais plus ce que je veux ni ce que je ressens. La seule émotion dont la présence m'est certaine, est ce profond chagrin, cette tristesse qui me donne presque envie de m'en foutre une. Je ne sais même pas comment je me retiens d'ailleurs, car ça me semble être une sacrément bonne idée là tout de suite. Merde, merde et re-merde !

Mon expression est un mélange de tristesse et de colère envers moi-même. Je me retourne d'un coup et me met à marcher. Mel m'interpelle, me demande où je vais mais je ne réponds pas. Je passe par le fleuriste, je prends une fleur, l'une de celles qu'aimait ma mère dans mes souvenirs, dépose un montant aléatoire de Berrys sur le comptoir et continue ma route jusqu'au cimetière. Un beau cimetière, aux murs blancs et aux pierres blanches, en contraste avec le principe de l'endroit, la mort, qui est si sombre et laide. Je presse le pas et regarde à droite et à gauche. J'ai encore du mal à y croire, et s'il m'a mentit, ce n'est pas une simple dérouillée qui l'attend, croyez moi.

Et pourtant je fini par la trouver. Une pierre, gravée aux nom, prénom, date de naissance et de décès de Sarah Vendrell, ma défunte mère. Voir ça rend la chose plus réelle, car l'espoir que ce ne soit qu'un mensonge subsistait encore chez moi, mais plus maintenant. Je tombe à genoux, et je sens une larme couler le long de ma joue droite, suivie par une autre le long de ma joue gauche, puis de nombreuses autres. Melwin vient s'accroupir à côté de moi mais ne dit rien ni ne fait quoi que ce soit. Je continue de pleurer sans lui prêter attention, pour je ne sais combien de temps encore. Je sens le froid me mordre le visage à présent humide par mes larmes mais je ne bouge pas pour autant. Ce n'est que plus tard, après ce qui me semble être des heures, que je pose enfin la fleur à la tige pliée par mon étreinte sur la tombe, et me relève...


Dernière édition par Edhan Royard le Mar 3 Sep 2013 - 1:29, édité 2 fois
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Je passe par la ville en direction du bois vers le nord. Certains habitants me reconnaissent, mais les larmes séchées sur mon visage, mon nez qui coule, mes joues rougies par l'assaut du vent frais et mes yeux rouges, semblent les dissuader de venir me voir. La plupart d'entre eux semblent même comprendre ce qu'il se passe. S'il y en a d'assez insensibles pour tenter tout de même une approche, mon meilleur ami leur fait renoncer d'un regard et d'un geste. Malgré les retrouvailles hostiles qu'on a eues, malgré la haine qu'il a pu éprouver à mon égard après mon départ, il reste mon meilleur ami, et je crois bien que ça ne changera jamais, du moins de mon côté...

« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? »

Son ton s'est adouci, je perçois même une pointe d'empathie, chose que je pensais impossible chez un humain – j'ai pu développer une certaine haine de l'Homme pendant mon voyage –, ce qui me porte à croire, et me rassure en ce sens, que ce qu'on a traversé, chacun à notre façon, ces quatre dernières années, n'a pas changé sa perception de notre lien d'amitié. Je pousse un léger soupire, car ce qui m'attends me sera probablement très pénible.

« Il faut que j'aille voir mon père et ma sœur... »

« Ouais... il faut bien... De mon côté je vais prévenir Hana de ton retour, elle s'inquiétait presque autant que... »

« Tu peux le dire, il faudra bien que je finisse pas l'accepter un jour... »

« Mmh... Bref, rendez-vous à l'endroit habituel. On doit te parler d'un truc important d'ailleurs... »

« Il s'agit de cette bague de fiançailles à ton doigt ? J'ai déjà remarqué... Félicitations mec, je sais qu'avec une gueule pareille, je suis pas vraiment convainquant, mais je suis content pour toi. »

« Merci... Eh, désolé pour tout à l'heure. Content de te revoir, frangin. »

Pour toute réponse, je lui adresse un faible sourire et tend mon poing vers lui, qu'il vient doucement percuter avec le sien, pour un de nos « Bro' Fists » dont on a l'habitude depuis l'enfance. Avant de continuer mon chemin, j'entre discrètement dans une auberge du coin, passe furtivement dans la salle d'eau et me rafraîchis le visage. Je me regarde alors dans le miroir, et aussi étrange que cela puisse paraître chez moi, je n'aime pas ce que j'y vois. Je ressors rapidement pour reprendre la marche sur cette rue que je connais si bien et qui me mène à un endroit tout aussi familier : chez moi.

Les lumières sont là, j'avance sur le pas de la porte, lève le poing pour taper, puis j'hésite un moment. Comment réagiront-ils ? Suis-je encore le bienvenu ici ? Plusieurs questions du même ordre me taraudent l'esprit, mais je renforce ma volonté et je frappe à la porte en fermant les yeux, comme si je suis en train d'amputer un bras, brusquement. Mais ce n'est pas un bras que je risque d'amputer, mais des liens familiaux. Je n'ai pas encore subit le premier, mais je sens que le dernier est bien plus douloureux.

La porte s'ouvre sur une tignasse blonde et des yeux d'un bleu envoûtant. Ma sœur. S'en suivit des montagnes russes émotionnelles. D'abord une surprise, puis voyant son visage se déformer en une grimace je ressens une dépression qui me donne envie cette fois non pas de me frapper mais carrément de me tuer, puis quand je vois qu'elle pleure de bonheur et qu'elle me saute dans les bras, je me mets aussi à pleurer de bonheur. Je n'avais pas vraiment besoin de me nettoyer le visage tout à l'heure, vu les litres de flotte qui coulent de mes yeux à ce moment. Je la sers fort dans mes bras et lui dépose un baiser sur le front. On est resté comme ça pendant plusieurs minutes, avant que mon père n'arrive à son tour.

Bien sur les choses on ne vit pas dans un monde de joie et de bonne humeur avec des arc-en-ciels partout et des licornes colorées. C'est avec déception – mais étrangement pas plus – que je vois l'expression du paternel s'endurcir à ma vue. Bien sûr, l'homme qui s'était démené pour m'offrir une vie confortable entend du jour au lendemain que j'ai tout abandonné et ai quitté l'île pour aller poursuivre des idéaux stupides et des envies d'aventures puériles. Ce qui avait causé également chez lui la perte de l'un des êtres les plus chers à ses yeux. Je ne sais pas comment réagir, je le regarde dans les yeux, tente un sourire, mais il se retourne et s'éloigne devant la mine sombre que Elysa et moi affichions.


« Je suis rentré... »


Dernière édition par Edhan Royard le Mar 3 Sep 2013 - 1:30, édité 1 fois
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« Whoa, tu as bien grandi en quatre ans ! »

« Bien sûr, je te rappelle que j'avais dix ans quand tu es parti. »

« Je sais mais... ça me fait tout bizarre de te voir aussi grande alors que dans mes souvenirs tu étais un minon petit bébé. »

« Arrêteuh ! J'étais déjà grande ! »

« Je me souviens d'une petite fille qui est venu voir son grand frère en pleurant parce qu'elle était tombée, hehe. »

« Rha, tu as fini de m'embêter ! »

« Désolé, je peux pas m'en empêcher. Alors dis moi, un petit ami depuis ? J'espère entendre un non, ou je devrais commettre un meurtre. »

« Non, et puis ça ne te regarde pas... »

« Sérieux ? Je suis sûr que les garçons de ton âge te courent après, vu comme tu es devenu belle. »

« Arrête de te moquer de moi, méchant. »

« Okay j'arrête. J'espère que personne ne t'a embêté pendant mon absence ? »

« Non, et puis Melwin s'est occupé de moi comme un grand frère... contrairement à quelqu'un. »

« Ouch... Tu viens de faire saigner mon cœur... Enfin, Mel avait intérêt à s'occuper de toi sinon il aurait vu de quel bois je me chauffe. »

« Allez, arrête avec tes bêtises et raconte moi ! »

« Te raconter quoi ? Ce que j'ai fait pendant quatre ans ? Je me suis caché dans la cale du premier bateau que j'ai vu, puis descendu à la première île du trajet, visité l'île, puis réitéré la chose. »

« Mouais, j'ai du mal à le croire... Je suis sur que tu as vécu des trucs incroyables. »

« Bah, j'ai rencontré toutes sortes de personnes. Des marchands, des marins, des pirates... »

« Et comment tu mangeais ? Je doute que tu aies survécu avec le peu d'argent que t'as emporté d'ici. »

« Je te l'accorde. J'ai travaillé à droite à gauche quand j'en avais besoin. »

« Tu n'as pas besoin de mentir. J'ai vu les armes que tu as caché sous ton blouson. »

« Qu'est-ce qui j'ai mérité pour avoir une petite sœur aussi maline que toi ? »

« Tu as surtout beaucoup de chance d'avoir une sœur aussi gentille, belle et intelligente que moi. Allez, n'évite pas la question, pourquoi tu as des armes ? »

« Ah ?  Semblerait que le narcissisme soit héréditaire chez nous. Bon très bien, me regarde pas comme ça. J'ai... Tu sais, les dangers sont nombreux, des pirates fous, des bandits de toutes sortes... Alors j'ai du apprendre à me défendre... Bon très bien, je suis un chasseur de prime, ça te va ? »

« Et pourquoi tu as essayé de me le cacher ? »

« J'en suis pas spécialement fier, et j'ai pas envie de dire à ma petite sœur que pour survivre, je marche sur les autres. Je fais pas un bonne exemple... »

« Je ne suis plus une gamine tu sais ? »

« Pour moi, tu seras toujours une gamine, ma petite sœur adorée. »

« Mmh... Un jour j'aimerais partir à l'aventure comme toi... »

« Tu devras passer sur mon corps avant ça, Lyly. »

« Eh, je t'avais dit de ne plus m'appeler comme ça ! »

« Haha, désolé ! Bon, Mel et Hana doivent m'attendre, je dois aller les rejoindre. »

« Je viens avec toi. »

« Comme tu veux.  Couvre toi bien, ça caille la dehors. »

« Je sais ! Ed... Tu m'as manqué. »

« Toi aussi sœurette, toi aussi. »

-----------

Notre lieu de rendez-vous habituel lorsqu'on était gamins. Dans le bois dans lequel on jouait tout le temps, pas très loin de la ville, sous un grand arbre isolé dans une clairière. On était à nouveau tous là, ma sœur également. Les retrouvailles ont été chargées en émotions, mais maintenant tout le monde s'est calmé. On arrive même à en rire, comme au bon vieux temps, tous assis là sous cet arbre qui n'a pas changé du tout, nous sommes les seuls à avoir poussé ces quatre dernières années. Hana est encore plus belle que dans mes souvenirs, mais c'est quelque chose que je garde pour moi. Pendant mon absence, ce salopiot de Mel en a profité pour charmer notre amie d'enfance... C'est ma faute, si j'étais resté ici j'aurais eu ma chance, j'en suis sûr !

« Alors, tu reviens pour de bon ? »

La question que j'appréhendais. Je les regarde tour à tour, leurs expressions d'espoir, pensant probablement que mon voyage est fini, que je rentre enfin à la maison. Pourtant je vais devoir les décevoir. Ma réponse m'a parue évidente après tout ça, je ne suis pas fait pour rester au même endroit très longtemps. Je suis un aventurier dans l'âme. Je ne suis même plus attaché à cette île, cette ville qui ont été autrefois les miennes. Seuls mes deux amis et ma sœur pourraient encore me retenir ici, peut-être mon père aussi si je lui laisse un peu de temps. Mais ça ne change rien finalement, je frissonne encore à l'idée de devenir n'importe qui, même si c'est aux côtés de mes proches. Je veux rester libre, voguer au gré des courants, flotter au gré des vents, sans la moindre attache. C'est l'idéal du moins. Même si je ne désire pas rester ici, je ne peux me détacher des trois personnes assises devant moi.

En voyant mon hésitation, leur expression s’assombrit. Ils comprennent, ils ont leur réponse. Je ne reviens pas, je repars, et cette fois pour bien plus longtemps que la dernière fois. J'aimerais leur dire que je reviendrais, mais là où je vais, rien n'est sûr. Je garderai ça pour moi cela dit, je ne veux pas les inquiéter plus que nécessaire.


« J'ai encore des choses à faire, à voir. En quatre ans, je n'ai pas progressé du tout. Pour tout vous dire, je pensais revenir et ne plus m'en aller... mais je ne suis plus chez moi ici. »

« Mais bien sûr que si, tu es chez toi ! C'est à cause de Mel hein ? Tu avais vraiment besoin d'être aussi agressif avec Ed ?! »

« Nah, Hana, ça n'a rien à voir. J'ai juste... besoin de bouger. Je reviendrais ici, sans aucun doute, une fois mon aventure finie, car vous êtes là. Mais avant ça je veux en profiter, faire ce que j'ai envie de faire, revoir les gens que je veux revoir, aller là où j'ai envie d'aller. »

« Tu n'as pas changé... »

Pour seule réponse, je me contente d'un sourire. Le reste de la conversation va vers mon aventure, que je leur conte en omettant volontairement certains détails. Je ne suis plus aussi pur et innocent que je ne l'ai été, et je ne veux pas qu'ils le sachent.

Le lendemain, je me réveille chez Mel, qui m'a hébergé pour la nuit. Je mets un temps pour comprendre où je suis et ce que j'y fais, avant que les souvenirs de la veille ne me reviennent. Je suis empli de tristesse et de joie, de mélancolie et de soif d'aventure, une envie d'aventure qui m'ait revenue très vite après cet épisode. Comme quoi ce retour aux sources m'a tout de même été bénéfique...


« T'es sur que tu veux pas rester un peu plus longtemps ? »

« Nah, j'ai déjà perdu trop de temps, quatre ans à tourner en rond. Il est temps que je me bouge un peu plus. »

Une étreinte virile entre amis, une autre étreinte – moins virile quand même – avec Hana, et encore une autre qui dura plus de temps que prévu avec la petite sœur. Elle pleure, moi je sourie à l'extérieur mais je ne cache pas une certaine tristesse tout de même à quitter à nouveau ces êtres les plus chers à mes yeux. Un dernier au-revoir, et je quitte le port à bord du même bateau que la veille, comme j'avais quitté cet endroit il y a presque quatre ans, mais cette fois plus fort, et surtout avec plus d'expériences...


The end
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