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L'Ardente Chasse III ; La confiance n'exclut pas le contrôle.


Pulupulupulu

-A...Grrrissshhh.. Allo?  Grissssh… Ceci est une ligne sécurisée, le message suivant est de la plus haute importance et doit être transmis directement au Contre-amiral Fenyang!... Grissssshhhh…

Grriiiishhh.. Ici le Lieutenant-Colo… Jenkins… Griiiissshhh… Suis en plein désert…. Grissshhh … à une dizaine de kilomètre de Rainbase. Griiishhhh… Griiiissshhh… Ah! Clac!
Voilà, le signal est plus clair cette fois.

Donc, ici le Lieutenant-Colonel Oswald « Double Face » Jenkins. Je suis à l’orée du désert de Rain Base en direction d’Erumalu. Là aura lieu une grande transaction de matériel militaire entre les hommes d’un mafieux reconnu ainsi qu’un détachement révolutionnaire dirigé par Karl « Marx » Houdenlovth. Je demande un appui militaire immédiat pour pouvoir intervenir et empêcher la transaction. Cette dernière aura lieu dans un peu plus de vingt-quatre heures.

Je tenterai de rejoindre Erumalu le plus rapidement à dos de chameau. Mais disons que ma progression a été… quelque peu ralentie…

Et Salem, Lilou s’est probablement fait capturer par Lord Charles Badwin, alias Igor Gargarismov. Je me fais du souci pour elle, mais elle a insisté pour que je stoppe d’abord l’échange avec la Révolution. Il faudra faire quelque chose et ce au plus vite.

Je compte sur toi, Boss.
Fin de transmission.

Clac!



Le Contre-Amiral l'avait fait convoquer. La plupart des officiers étaient partis, si bien qu'il ne pouvait lui même partir prêter main forte à ses hommes. Il présenta l'ordre de mission, s'assurant que Wallace comprenait bien par là qu'il s'agissait d'un test pour lui. Il sentait que Salem ne lui faisait pas encore confiance. Cela viendrait en son temps. Tout de même honoré par l'attention du Contre-Amiral, le monstre s'en alla guilleret. Sa première mission, et pas des moindres ! Ceci signifiait qu'il possédait au moins un peu de la confiance de Fenyang pour cela, certainement à cause du premier entretien qu'il avait eu avec Oswald. D'autant plus qu'il le connaissait un peu mieux à présent, peut-être était-il le meilleur homme pour le retrouver et l'aider du coup. Il s'empara de son trench-coat, enfonça son chapeau sur son crâne. Il filerait un coup de main à Jenkins, c'était la meilleure façon de prouver qu'il en avait dans le pantalon. Il farfouilla dans son bureau, s'empara de sa boîte de pilules, puis se dirigea vers le pont du Léviathan. Les hommes s'écartaient à son passage, on discutait dans les coins et on le montrait du doigt. Peut-être que c'était une des raisons pour lesquelles il avait saisi cette occasion de s'échapper un petit moment de ce navire. Le regard des autres, il était obligé de l'affronter au quotidien, mais il y avait vraiment trop de monde ici. De plus, avec les derniers évènements, la méfiance était de rigueur envers les nouveaux venus, même ceux qui arboraient le symbole de la marine. Le Docteur franchit le pont sous le regard haineux des rares qui osaient encore se trouver sur son chemin, puis il disparut dans la foule de Nahohana. Enfin, disparut ... passa un peu plus inaperçu disons. On put voir un borsalino brun cassé marcher au milieu de la cohue pendant un peu plus d'une minute, avant qu'il ne se perde dans les méandres de la cité.

"Aaaaah, salam, je vous souhaite le bonsoir mon noble ami ! Approchez, approchez, venez plus près !" le harangua un petit homme au turban turgescent.

Le Docteur haussa un sourcil, déclenchant un petit glapissement chez le commerçant qui se réfugia derrière son étal, tremblant à chaque pas du colosse. Il y avait les hommes. Il y avait les hommes poissons. Et il y avait Wallace. Passer inaperçu n'était pas son fort. Il disparut au coin d'une rue, se dirigeant visiblement vers le port. On entendit le fracas d'un corps contre l'eau, puis plus rien. Doté d'une bonne apnée, Wallace n'émergea des flots qu'à bonne distance du port, là où aucun oeil ne pouvait le voir. Puis il se dirigea vers les îles que l'on voyait se distinguer à l'horizon, faisant fi des dangers du delta d'Alabasta. Il regagna ainsi l'autre côté, touchant le sable du désert au nord d'Erumalu. Pourquoi ne pas avoir pris le bac ? Tout simplement pour toutes les raisons invoquées plus tôt, il n'aimait pas se mêler à la foule. Le psychologue agoraphobe. Non, ça allait bien plus loin. Ils ne pouvaient pas comprendre, jugeaient ce qui était différent. Lui savait, connaissait tous ces mécanismes de défense, et ne jurait que par un monde meilleur. Il ferait en sorte de changer les mentalités, c'était pour cela qu'il avait rejoint les rangs de la Marine, après tout. Et qu'il avait passé tant de temps à se cultiver, à améliorer et aiguiser son esprit. Le Docteur émergea sur la plage, comme si cela était normal. Il défit ses affaires, les étendit sur la plage et se roula dans le sable chaud pour réchauffer son corps. Mécanisme animal s'il en était, mais lorsqu'on était un monstre, ce n'était pas ce genre de détail qui faisait la différence.

Il resta là quelques instants, se reposant de la traversée éprouvante des eaux du delta. Ses mains croisées sous sa tête glabre, il se laisser réchauffer par le soleil, bien qu'il fut doté d'un sang chaud. Il aimait la chaleur, son organisme ayant quelques troubles quant à son homéothermie. Alors il lui fallait se requinquer avant de repartir affronter la chaleur pesante des ruines d'Erumalu. D'autant plus que Jenkins avait dit devoir se trouver un chameau. Cela lui laissait une petite marge de temps. Le colosse se releva au bout d'une dizaine de minutes, chassa le sable qui s'était incrusté sur sa peau puis s'empara de ses vêtements, déjà quasiment secs. Il les posa sur son épaule puis reprit son chemin, avec son petit baluchon. Les ruines de l'antique cité se dessinaient déjà au loin. Un sourire affreux se dessina sur le semblant de faciès qu'arborait Wallace, alors qu'il inspirait à fond, soulagé d'arriver aussi vite à destination. Attendez. Le monstre fronça les sourcils. Il ouvrit la bouche, laissa tomber son baluchon. Approchant son museau du sable, il renifla. Il leva la tête se retourna. De nouveau, il aspira une grande goulée d'air, goûtant le climat aride du désert. Oui, il y avait une odeur. Quelque chose de fort et musqué. Autant que dix hommes enfermés dans une cage pendant une semaine. Enfin, c'était ainsi qu'il le percevait. Le Docteur se redressa, regarda autour de lui sans rien voir. Puis il renifla de nouveau. Avait-il été pris en chasse ?


"Qui est-là ?" lâcha-t-il, au hasard.

Silence. Trop de silence. Se préparant à l'assaut d'un prédateur quelconque, le Docteur ouvrit ses mains, mettant en évidence ses griffes. Lorsqu'un cliquetis étrange se fit entendre derrière lui. Il se retourna, et avisa une imposante silhouette masquée, armée d'un fusil de la taille d'une diligence. Un géant ? Ici ?! Pensant au pire, Wallace lui fit un signe de paix, levant ses deux mains. Il ne l'avait pas même vu venir ! Attendez-voir, cette dégaine, il la connaissait. D'autant plus que les mots lâchés par Oswald avaient fait mouche. Révolutionnaire. Marx. Qui n'allait jamais sans Marx ? Lénine. C'était Lénine ? Ah. Bah. Non pas qu'il fut condamné d'avance, mais ce n'était pas si loin de la vérité.


"Depuis quand me suivez-vous, Lénine ?" grommela le Docteur, entre ses dents acérées.

"Da. Je te suis depuis que tu es parrrti, Marrrine." répondit le géant masqué, pointant son canon colossal vers Wallace. "Tu vas me mener à ton petit camarrrade, je n'ai pas le temps de négocier."

Le médecin fronça les sourcils. Il s'était fait avoir bien rapidement. D'autant plus que le géant avait su rester discret tout du long. Ce type était des plus doués qu'il avait pu avoir l'occasion de voir. Cependant, il était aussi l'un des plus ouverts à la discussion parmi la fratrie. Il l'avait lu, il le savait.

"Il est inutile d'en venir là, mon ami. Il existe toujours une solution pacifique. Donnez-moi la possibilité de vous aider, et nous arrangerons cette histoire rapidement. Je suis venu interférer avec les affaires de votre ami Marx, laissez-moi lui parler. Il existe toujours une solution pacifique." répondit Wallace, sans frémir.

"Oui-da. Et tu penses que je vais me fairrre avoirrr parrr tes petits discourrrs ? Je te demande de me rrrévéler où se trrrouves Ossoualdeuh Jenneukinnesseuh. Je veux rrretrouver mon frrrèrrre." trancha-t-il, chargeant son fusil.

Le Docteur déglutit, les mains toujours levées. Une simple histoire de vengeance ? Les Révolutionnaires étaient donc tombés si bas ? Sur Drum, ils avaient largement baissé dans son estime. On pouvait chercher à arranger les choses de l'autre côté, mais là, c'en était trop. Ils devenaient des criminels trop prompts à faire couler le sang. En cela, il voulait les aider, leur faire comprendre que ce n'était pas la bonne solution.


"Une simple vengeance ? Voyons, Lénine. Vous valez mieux que ça. Je pensais que les révolutionnaires étaient des hommes au coeur noble, des hommes qui cherchaient à faire changer les choses. Mais vous ne seriez donc que des bandits ? Des hommes qui échangent des armes contre des vies humaines ? Des hommes qui sont capables se sacrifier des milliers d'innocents pour tuer un mauvais homme ?" commença-t-il, cherchant le regard de ce géant masqué.

Le canon s'approcha un peu plus. Avec un tel calibre, il ne resterait rien de Wallace s'il en prenait un tir à bout portant. Il déglutit de nouveau, tenant bon Lénine. Il ne pouvait faillir, il n'en avait pas le droit. Il était un homme de la Marine, un homme de justice et d'honneur. Ceux-là avait choisi d'abandonner l'honneur pour le profit de la justice. Ou l'inverse. Cela dépendait des individus. Il n'était pas pire adversaire que celui qui était convaincu d'agir pour le bien de tous. Ceux-là n'abdiquaient jamais. Après quelques secondes, le géant releva le canon de son arme. Hésitait-il ou ...


"Il est plus agrrréable et plus utile de fairrre l’expérrrience d’une rrrévolution que d’en écrrrirrre." répondit-il, toisant le Docteur.

Un frisson passa dans l'échine de Wallace. Au moins cet homme ne le condamnait pas directement à cause de son apparence. Il lui fit signe de passer devant lui, de sa main libre. Le monstre se baissa pour ramasser ses affaires, ce qui lui valut de se retrouver avec un canon de la taille d'une maisonnée sur la tempe. Il leva les mains, montra qu'il récupérait seulement ses affaires, puis se releva en les mettant sur son épaule.


"Suis moi. Avant que les scorrrpions ne viennent jouer avec nous. Nous discuterrrons mieux à l'ombrrre des ruines. Nous confrrronterrrons nos idéologies, et en ferrons un colloque en présence de Karrrl, oui il serrra content." conclut-il, poussant Wallace du bout de son canon.

Les deux hommes, pour faire court, se dirigèrent vers les ruines. Le canon de Lénine était toujours prêt à tirer sur le Docteur au premier signe d'agressivité de sa part. Erf. Il était dans de beaux draps. Venu prêter main forte à Oswald, voilà qu'il était entre les mains des révolutionnaires. Mais il allait être introduit auprès de Marx, n'était-ce pas une bonne chose ? Il n'était pas reconnu parmi les siens, cela jouait certainement en sa faveur en cet instant. Ah, il leur montrerait qu'il n'était pas n'importe qui ! Les révolutionnaires comprendraient leurs erreurs, et tout serait résolu sans la moindre goutte de sang. C'était seulement à ce prix qu'il était prêt à se confronter à eux. Malheureusement, Wallace n'était pas aussi dupe. Il farfouilla dans la poche de son pantalon et caressa sa boîte de pilules. Il espérait ne pas avoir à s'en servir, mais pour l'heure, il était plutôt en mauvaise posture ...

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Dans le désert, entre deux dunes, une silhouette écrasée par la chaleur et le soleil procède lentement.

Échinée sur le dos d’un camélidé à la démarche chaloupée, elle est recouverte d’une large cape la recouvrant complètement de son tissu sombre. Et toujours à la même cadence, elle progresse, remonte et descend chaque dune avec la même fatigante paresse imposée par l’astre solaire impitoyable.

Double Face est en route, lentement, mais sûrement.

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On le mena au milieu des ruines. Enfin, Lenine le mena. Wallace l'entendait répéter quelques phrases de temps à autre, comme s'il se parlait tout seul, au nom d'il ne savait quel code. Un coup de révolution, un coup de partage équitable des parts. Même une histoire de kolkhoze. Bwah, ce géant le menait à travers un dédale, suivant une route qu'il ne saurait pas reconnaître. Trois fois, ils entendirent la réponse d'un révolutionnaire, puis ils lui bandèrent les yeux. Le Docteur ne prit pas la peine de leur dire qu'il avait une très mauvaise vue, et que ses autres sens compensaient largement, c'était un détail qu'il valait mieux garder pour soi. Ainsi, ils cheminèrent pendant bien une heure, Wallace sans cesse poussé par la main gargantuesque du géant.

"Nous y voilà, parmi les camarrrades." lâcha Lénine, ôtant le bandeau de la tête du Docteur.

Enfin, bandeau. Drapeau. Comment imaginer qu'un géant puisse efficacement attacher un bandeau sur la tête d'un humain ? Car oui, Wallace l'était au fond. Peut-être que la taille du monstre l'y avait aidé. Peu importait. Il regarda autour de lui, avisant des dizaines de caisses, des toiles de tente et autres ustensiles qui témoignaient d'un camp rudimentaire n'étant pas monté pour durer. Une manière de dire 'je ne t'ai pas mené à notrrre camp de base abrrruti'. Croc' l'accueillit avec un sourire amusé, tandis que les révolutionnaires le toisaient d'un oeil circonspect. Certains eurent un mouvement de recul, d'autres de la pitié. Ils devaient bien se demander ce qu'il faisait là, et en quoi il était fait. Un gars qui était passé sous les poings de leur leader ? Cela ne sembla pas les intéresser longtemps, car ils s'en retournèrent rapidement à leurs affaires, après avoir salué Lénine d'un poing serré sur la poitrine. Le géant le mena à de grossières ruines, où un immense établi trônait. Hum. C'était bizarre de se trimballer parmi les géants.


"Marrrx ! Frrrèrrre, j'ai trrrouvé un homme intérrrressant. Celui qui a été envoyé aider notrrre ennemi à nous, les пять гигантов !" tonna-t-il, alors que la silhouette d'un imposant homme se retournait vers eux.

Il était rare pour Wallace de se sentir minuscule, et pourtant, ici, tout l'écrasait. Même ce ... miroir. Un miroir colossal, dans lequel se reflétait le petit groupe, dans lequel les yeux de Wallace se perdaient. Son coeur manqua un battement. Hum. Il détourna les yeux vers le géant révolutionnaire. Foutredieu, il était dans une mouise pas possible. Il se gratta le crâne, gêné par le regard insistant que lui adressait Marx. Le Révolutionnaire posa sa plume, prit le temps de faire sécher sa lettre avant de la ranger soigneusement dans une enveloppe aussi démesurée que sa stature.


"Sur terrain plat, de simples buttes font effet de collines." fit-il pour simple introduction, sans présenter le moindre accent.

"Heu ... enchanté, monsieur Houdenlovth." lâcha le Docteur, souriant de toutes ses affreuses dents.

"Bon Dieu, Lénine, un homme intéressant ? Il ne connaît même pas mes ouvrages. Quoi que, autant cocasse que ça puisse être, je jure par le nom de Dieu et je ne suis pas croyant. L'athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l'existence de l'homme." poursuivit le géant échevelé, se baissant à hauteur du Docteur.

Il le lorgna d'un oeil circonspect, étudiant cet étrange énergumène que son frère lui amenait là.


"Ainsi donc, c'est vous l'homme envoyé prêter main forte à Jenkins. Evidemment, il ne peut en être autrement : la Marine envoie un monstre de muscles et d'os pour affronter les géants." répliqua le penseur communiste, levant les épaules au ciel.

Monstre ? Même parmi les géants, cela continuait ! Wallace haussa une arcade, à défaut de pilosité sourcilière, puis ouvrit la bouche. Et la referma. Pour dire quoi au juste ? Il était au milieu de deux géants d'Erbaff, fort heureusement les moins téméraires des cinq colosses. Peut-être que ce dialogue instaurait déjà une existence de négociation, qu'ils pourraient arriver à une conclusion pacifique de tout cela. Le monstre se racla la gorge, deux fois.


"Pas exactement, monsieur Houdenlovth. Je suis le médecin de bord du Léviathan." osa-t-il, croisant derrière lui ses immenses pognes.

Encore une fois, on l'avait jugé sur son apparente brutalité. Il ne s'en formalisait plus, mais il s'était attendu à autre chose de la part de tels géants. Il pensait qu'ils voyaient tous les humains de la même manière, ces deux là en faisaient la preuve contraire. Intéressant, il lui faudrait consigner ces observations à son retour. Et si les géants s'identifiaient aux humains lorsqu'ils étaient isolés dans de tels groupes ? Une piste intéressante pour comprendre un peu plus la répartition des populations de géants parmi les humains de ce monde. Si leur brutalité était directement due à une stimulation provoquée par la présence de leurs congénères. Hum. Ah mais non, Lénine et Marx traînaient ensemble et ils ne semblaient pas si belliqueux que cela. Au moins une hypothèse de testée ! Peut-être qu'il fallait plus de géants pour un tel effet ? Ou cela suggérait une durée ? Ou c'était pas du tout ça ?


"Et spécialiste en psychologie humaine et non humaine, qui plus est : je suis le Docteur." se présenta-t-il, se courbant légèrement en avant.

Les deux géants se regardèrent, haussèrent les épaules. Seul Marx osa.


"Docteur qui ?" fit-il, perplexe.

"Docteur Wallace Johnson, enchanté." répondit Wallace, tendant sa main vers les géants.

La perspective de faire de nouvelles découvertes semblait tellement le griser qu'il lui poussait des ailes. Les géants tendirent deux doigts, tour à tour, se regardant de nouveau. Ils n'étaient pas habitués à un pareil comportement parmi les agents de la Marine. Plutôt des faucilles et des coups de marteaux, ainsi que quelques insultes à caractère coloré, rouge de préférence.


"Je suis venu ici pour essayer de trouver une issue pacifique à cette situation, voyez-vous ?" commença-t-il, avant que Lénine n'ouvre la bouche pour l'interrompre.

"Oui, oui, pardon. Je voulais venir ici, enfin par là. Vous rencontrer. Pas vous personnellement, non, mais les révolutionnaires. C'est un hasard fortuit. Oui, je sais que je suis dans la panade. Mais ... je me dois de vous donner le choix, vous comprenez ? Je ne veux ni sang, ni violence. Oui, je sers la Marine. Oui, on est pas dans le même camp. Oui, le sang est inévitable ... mais ... pas tout de suite, c'est possible ? Non, je ne vais pas vous aider avec vos armes. Je ... non, je ne suis pas fou ? Pourquoi tout le monde me demande ça, bon Dieu ? Non, je vous demande de vous rendre, et de ne pas acheter des armes à des bandits. Pourquoi ? Et bien, parce que des gens souffriront, c'est inévitable : je veux empêcher ça. Ah, pourquoi je me tais pas alors que votre canon est pointé sur ma tête ? Et bien ... heu ..." tenta-t-il d'expliquer, voyant bien que la supériorité évidente des Révolutionnaires ne penchait pas en sa faveur.

"Messieurs, calmons-nous, calmons-nous. Inutile d'en venir aux armes, je suis pacifique. Oui, je suis votre prisonnier ... mais ... heu ... pourparler ? Non ! Non non ! Oui, c'est pour les pirates ça ... heu ... négocions ? Je ne suis pas en position oui ... mais nous pouvons toujours parler ? Voyons ... ces armes, pourquoi faire ? Du sang, encore et toujours ... il faut vous armer contre nous, certes. En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur. Voyez-vous, la vie est un mystère qu'il faut vivre et non pas résoudre. Vous prônez le prolétariat, certes, mais donner un verre d'eau en échange d'un verre d'eau n'est rien ; la vraie grandeur consiste à rendre le bien pour le mal. Bai ... baissez votre arme, Lénine : Colère et intolérance sont les ennemis d'une bonne compréhension. Et vous voulez être compris, n'est-ce pas ?" poursuivit-il, tentant de composer avec les réactions diverses de son public gargantuesque.

Joli mot, gargantuesque. On voyait très bien ce que cela signifiait en le prononçant simplement. Dantesque aussi, était un joli mot. Dantesque, comme le marteau dont venait de se saisir Marx. Ah, peut-être un problème important à considérer, ça aussi.


"Mes ... amis ... du calme ..." fit Wallace, levant les mains en l'air "C'est une erreur de croire nécessairement faux ce que l'on ne comprend pas ..."

Marx se redressa, ricana doucement en lâchant son marteau. Euh ? C'était un test ? Il avait cherché à pousser Wallace dans ses derniers retranchements pour voir si c'était pas que de la comédie ? Bordel, heureusement qu'il était pacifiste dans l'âme, son coeur avait failli s'emporter la seconde fois qu'il avait croisé son reflet dans le miroir. Cataptophobie.

"Très intéressant, en effet, Lénine ! Première fois que je rencontre un Marine intéressant ! Ah ah, amène donc la petite eau ! J'ai envie de discuter avec lui autour d'un verre ..." tonna le géant, montrant le fond de la pièce, où trônaient diverses caisses.
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Continuant sa brûlante course, le cercle de feu fait s’allonger les ombres sur le sable infini. L’horizon laisse entrevoir les contours ondoyants sous la chaleur du cavalier solitaire, toujours courbé sur son ruminant du désert, donnant toujours l’impression de ployer sous le poids de la lumière harassante.

De sous son ample capuche, l’homme laisse paraître un nez à moitié noir, moitié blanc. Une partie semblant absorber la lumière ambiante, l’autre reflétant de son immaculée blancheur tout éclat du désert. D’un reniflement imperceptible, l’homme hume l’air. Un air chaud, sec, à chaleur d’épices et de poussières.

Un air aux fragrances lui renvoyant un indiscernable message, un murmure à peine compréhensible.

Quelqu’un, là, loin. Oui, il y a quelqu’un, plusieurs quelqu’uns.

Et l’un d’eux est en grand danger.

D’un seul tressaillement, Double Face talonne sa monture à pleine vitesse.

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Un ... verre ? Entre les doigts des deux géants, cela ressemblait à un simple shooter, mais là ... c'était une choppe entière remplie d'alcool. Vu l'odeur qu'il s'en dégageait, ce n'était pas le plus doux qu'ils avaient en réserve. Wallace resta bloqué sur son verre, à se demander ce qu'il y avait de plus cocasse dans la situation. Discuter avec des géants d'Erbaff, qui étaient des révolutionnaires aguerris et vindicatifs ou devoir avaler d'un trait cette liqueur nauséabonde pour leur faire plaisir ? À vrai dire, il n'avait aucune envie de contenter ces trafiquants d'armes, mais il n'avait pas le choix. Il regarda son propre reflet dans le verre, juste assez pour se donner le courage, ou la colère, de cesser de subir les évènements. Il soupira, alors que les géants levaient haut leurs verres. Il posa le sien, le repoussant vers le centre de la table. Il avait les jambes à une bonne hauteur du sol, et sa tête dépassait à peine le bois. Ces gars faisaient bien plus que le surclasser dans ce domaine, il devait le leur reconnaître. Depuis quand c'était une fierté, d'ailleurs ? Bah, depuis qu'il était devenu un monstre à vrai dire : il ne lui restait plus que ça. Les deux révolutionnaires haussèrent un sourcil de concert, enfin il supposait que Lénine l'avait fait sous son masque.

"C'est un peu trop pour moi, messieurs. Et à vrai dire ... je m'en veux de profiter autant de votre hospitalité, mais ..." commença Wallace.

"Tu n'est pas visiteurrr, Docteurrr, mais prrrisonnier. C'est déjà un honneurrr que d'êtrrre en vie." trancha Lénine, se raclant profondément la gorge.

"Il n'y aura pas d'issue pacifique, hein ? Vous ne vous rendrez pas en me concédant le fait que trafiquer avec une des ordures d'Alabasta nuit à votre crédit ? Oui ... oui, je sais pour Igor ou Charles peu importe son nom. Déjà un point de réglé, cela fait de moi un homme dangereux pour vous." poursuivit Wallace, se jetant à bas de son siège.

"Où vas-tu parrr-là, Docteurrr ?" tonna Lénine, attrapant son arme d'un geste assuré.

"Oui, très cher Wallace. Ce serait impoli de nous fausser compagnie en ce moment. Voyez-vous, très cher, notre but en vous accueillant ici n'est nullement lié avec vos quelconques investigations. Nous nous sommes simplement concertés pour envoyer un petit message à Oswald Jenkins. Celui qui a emprisonné notre frère sur Drum. Et Lénine a simplement attendu l'occasion de capturer le premier imprudent à oser traîner par ici. Vous êtes l'appât, Wallace. Vous êtes l'appât. Pourquoi pensez-vous qu'il y ait autant d'hommes ici, pour un simple échange d'armes ?" expliqua Marx, posant son verre sur la table, lorgnant le monstre d'un oeil qui se voulait tout sauf amical.

Le Docteur baissa la tête, secouant son horrible occiput de droite à gauche. Il lâcha un bref éclat de rire puis se ressaisit. Attendez, mais ...


"Vous ... vous ne savez pas ? C'est amusant ... Excusez-moi, mais du coup ..." fit-il, avant de faire apparaître un escgargophone de sa veste.

La réaction ne se fit pas attendre. Lénine arma son fusil, le dirigea vers Wallace tandis que Marx s'emparait de son marteau, renversant la table sous l'effet de la surprise. Le Docteur n'avait-il pas été fouillé à son entrée ici ? Ne lui avait-on pas enlevé ses armes ... armes qu'il n'avait pas. Hormis une boîte de pilules, et quelques feuilles d'ordonnance sans importance. On lui avait fouillé son imperméable, et ses effets. Comment avait-il pu dissimuler une telle chose, cela n'aurait pas du se passer ainsi ! Mais plus encore, qu'espérait-il faire en le sortant maintenant ? Demander des renforts, il mourrait dans l'instant ! Négocier ? C'était insensé. Il semblait avoir déjà composé l'identifiant, car une voix retentit à l'autre bout de l'escargophone.


"Ne viens pas à Erumalu, c'est à toi qu'ils en veulent." grogna Wallace.

PAN!
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Dans les ruines d'Erumalu, loin dans les faubourgs inhabités et ensevelis sous le sable, un seul hangar trône au centre de la désolation. Partout, des murs écroulés par les vents du désert, des ébauches de rues aux macadams disparus sous les dunes formées en pleine ville. Les maisons de pierres érodées se fondent dans l'ocre du désert qui ne semble pas avoir de fin. Seul le ciel de fin de journée, orangé, presque rosâtre, contraste quelque peu avec la terre asséchée de cette partie non-urbanisée de la ville renaissante.

Et toujours debout au centre de cette désolée et inhabitée, abandonnée de tous, un hangar de taules. Solitaire construction à ne points être construite à partir de pierre et de mortier. Seul bâtiment à résister aux assauts des vents secs et arides du désert.

Non loin de l'imposante bâtisse de tôles et de vis, une lourde botte de cuir s'évade de l'ombre allongée d'un mur toujours debout, seul vestige d'une probable habitation. Cette botte est suivie d'une deuxième, puis du pant d'une vaste cape. La cape recouvre complètement la silhouette déterminée d'un homme. Un bras complètement noir s'immisce de sous l'ample drap, puis abaisse la capuche occultant le visage du marcheur solitaire, couvert de poussière.
Un visage bigarré, d'un blanc immaculé, mais aussi d'un noir insondable.
D'un pas assuré, Double Face enclenche sa marche vers le hangar.


***


Spoiler:

Dans l'ombre d'un large container au rouge usé, Le Veilleur brûle le reste de sa cigarette d'un bouffée lasse. Une main calleuse vient lui frotter pensivement une joue tirée et mal rasée. Voilà un moment qu'il veille, voilà un moment qu'il regarde le désert dans toute sa morgue et son silence. Cette étendue vide de vie, il la connait, il la sent, la respire, bat au même rythme qu'elle. Voilà depuis le levé du jour qu'il accompagne de son regard sombre et morne cette demoiselle aride et impitoyable se mouvoir au rythme du climat.

Et rien en vue, toujours rien, personne ne vient jusqu'ici, personne n'ose s'aventurer hors d'Erumalu dont les murailles ondoyantes sous la chaleur disparaissent à l'horizon avec l'arrivée du soir. D'un geste de routine, d'une fatigante langueur, Le Veilleur resserre la crosse de son long calibre sous son bras. Il sait bien que rien n'est en mesure de l'effrayer, que rien n'est en mesure de le prendre par surprise, seul les scorpions et les serpents osent vivre dans cette partie du pays, un no mans land créé par la seule force de la nature.

Ici, dans le hangar, il est seul et ne craint rien, il est là pour protéger Le Passage. Caché au sein des nombreux containers poussiéreux, il guette les environs depuis la grande porte béante de l'endroit. Car si, certes, les lieux sont bien surveillés par les autres hommes postés dans les ruines, lui a la responsabilité de s'assurer que personne n'emprunte jamais Le Passage. C'est pourquoi il est Le Veilleur. Celui qui ne dort jamais. Oh, cela fait un moment qu'il a cessé de donner crédit au sommeil. Dormir reviendrait à jeter aux orties toute l'entreprise révolutionnaire, à s'accorder un répit, à démontrer aux autres jeunots en quête de rêve qu'un quinquagénaire ne fait pas l'affaire pour garder Le Passage. Alors il ne dort plus, il reste plutôt assit sur son vieux fauteuil de bois, toujours à moitié éveillé.

Et toujours il guette les ruines.

Il époussète distraitement sa chemise de lin poussiéreuse lorsque ses vieux yeux captent un mouvement dans les ruines. Aussitôt aux aguets, Le Veilleur se dresse, accote la crosse de son arme contre son épaule dans un mouvement fluide et mille fois pratiqué. Le Veilleur est peut-être vieux, peut-être que ses yeux ne sont plus ce qu'ils étaient, mais il ne rate jamais une cible.

Et lorsque Double Face surgit d'entre les rochers, dans une bourrasque de sable, à l'entrée du hangar, Le Veilleur n'hésite pas. Son œil droit se plisse alors que le gauche se penche vers l'objectif de son long calibre. Dans une détonation sonore, le sniper décoche un plomb effilé qui fend l'air plat du hangar garni de container…

…pour ricocher à quelques centimètres à peine du front de sa cible. Double Face s'arrête, pose son regard glauque vers Le Veilleur qui en tressaille de stupeur. Il était déjà au courant pour la cible des deux Colosses, il savait que celui-ci était un monstre dans son genre. Et pourtant, jamais Le Veilleur n'a si peur de sa vie. Son visage d'habitude patibulaire se tord dans un rictus terrifié. Empoignant son arme à deux mains, il vide le reste de son chargeur sur le monstre qui n'a pas bougé depuis son premier tir.

Chaque projectile est dévié de sa trajectoire par une force qui lui est complètement obscure. Qui aurait cru que la cible de Marx et de Lénine trouverait le moyen de retrouver leur repaire. Du moins, considérant que Double Face devait très certainement avoir déjoué les gardes des ruines et qu'il découvrirait probablement Le Passage, rien ne l'empêcherait de trouver le campement des géants.

Sauf si Le Veilleur peut les prévenir à temps. D'un bond surprenant pour son âge, le quinquagénaire se jette au bas du container sur lequel il est juché pour courir à travers le dédale de marchandises  du hangar. Il se doit d'échapper au monstre et de rallier le campement par les ruines, c'est sa seule chance.
Et pourtant, Double Face ne le pourchasse pas. Sans un regard en arrière, Le Veilleur s'enfonce à la course dans les ruines désertiques.


***


Les bottes d'Oswald foulent le sol sec et rocailleux du hangar sombre. Toujours du même pas, il laisse derrière lui les douilles éparpillées du sniper. S'il se retrouve ici, c'est parce qu'il a sut retracer l'odeur de quelqu'un qu'il connait, l'odeur d'un allié, d'un ami.

De quelqu'un qui doit être sauvé.

Et jamais le lieutenant-colonel n'hésitera plus à sauver quelqu'un. Surtout lorsque l'odeur qu'il retrace est celle d'un ami.

Wallace. Le Doc.

Pourquoi Double Face progresse-t-il petit à petit jusqu'au fond du hangar? Même lui n'en est pas certain, mais l'instinct est parfois un précieux allié. Alors Oswald suit cet instinct, continue d'humer l'air, à la recherche des fragrances du psychologue. Et lorsqu'il touche le fond du hangar, Double Face tombe enfin sur ce que lui soufflait de trouver ce pressentiment altruiste.
Le Passage.

Un énorme tunnel. Un immense puits creusé à même le sol sec du désert. Un monstrueux escalier descendant sous les ruines d'Erumalu et permettant la progression secrète des révolutionnaires, mais aussi de leur deux leaders colossaux. À la vue des immenses marches descendant au cœur du désert, Oswald ne peut s'empêcher un sourire sec en réalisant le génie révolutionnaire.

Puis sans plus de cérémonies, Double Face s'engage à la course dans la pénombre du profond tunnel.
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Grognement. Ouais, je grogne. Un feulement de carnassier qui fait reculer d'un pas l'homme qui m'a abattu d'une balle à bout portant.

C'est du sang, mon sang. Je sais à quoi m'attendre. Il est rouge, comme le tien. Comme le votre. Je ... je vois rouge. Tout rouge. Le voile s'abat.


Argh.

Non. Tu tiens, Wallace. Tu est un monstre. UN MONSTRE. LES MONSTRES FONT RECULER LES GEANTS.

RUGIS.

MONTRE TES CROCS.

Relève-toi. Tu n'es pas à terre. Tu es un monstre.

Lutte. Pose ta main, arrache cette écharde de métal qui t'a enfoncé dans la roche. Oui. Cela ne t'a pas mis à terre, cela t'a fait reculer. LES MONSTRES NE RECULENT PAS.


Les monstres grognent.
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Qu'est-ce que tu m'avais dit, déjà, hein?

Pourquoi m'as-tu prévenu comme ça, hé?

C'était un défi que tu me lançais, c'est ça? Une bravade à ma justice lors de tes derniers instants de liberté? C'est ça?
Hein, Staline?

Trois fois. Trois fois que nous nous sommes affrontés. Trois fois où nous avons fait couler le sang de l'un ou de l'autre. Trois fois où je me suis senti plus libre et puissant que jamais. Trois chance que tu m'as offerte pour m'exalter dans la plénitude de violence que je devais apprivoiser en tant que Double Face. C'est pour ça le défi, la menace? Pour me permettre de vivre à nouveau cette euphorie que tu m'as averti de la vengeance fort probable de ta famille?
Oui, ce doit être pour ça.

J'ai changé, depuis Drum. J'ai changé, oui. J'ai rencontré Lilou, j'ai fais un pas en avant vers la lumière. Une partie de Double Face s'est effacée en moi, l'ombre a prit du recul. Tout ça grâce à elle, grâce à la fidélité que je lui porte, à l'amitié que je lui dévoue.

Héh, j'ai presque l'air gentil, comme ça.

Je donne quasiment l'impression que depuis l'asile, depuis ma déchéance, j'ai cessé d'être celui qu'on croyait que j'étais. L'horreur arrachée à l'asile par la Marine. L'arme mise aux profits du gouvernement en échange d'une liberté factice. C'est grâce aux Storms que je suis devenu meilleur, presque bon. J'en ai fais des efforts pour être apprécié.

Mais suis-je vraiment un gentil dans toute cette histoire? Ai-je vraiment le droit de clamer que je fais respecter une justice si malléable sur le monde? Ai-je changé de camp depuis toutes ces années?

Je suis un gentil? Non, non, je ne crois pas.

Sifflement imperceptible, murmure retord, haineux.

"Non, tu as toujours été le même, Oswald. Un monstre. Tu crois avoir dompté Le Fauve alors qu'il attend simplement que les barreaux de sa cage soient assez usés pour reconquérir son territoire."

Un poids au fond de ma gorge. Une sueur froide momentanée. Je me leurre, c'est évident. Ai-je simplement enterré cette partie de moi qui m'a possédé depuis tant d'années? Apparemment. Un gentil ne combat pas pour la loi, mais pour le bien. Un gentil n'écrase pas le crâne d'un pauvre révolutionnaire terrifié contre la paroi Du Passage sans un regard. Un gentil ne détruit pas les rêves des gens.

Non, décidément, jamais le monstre en moi ne mourra. Il est omniprésent en ma personne, c'est comme ça.
C'est comme ça Staline, et encore aujourd'hui je vais arroser la graine de mon mal pour ce que je crois être bon. Tout ça parce que tu m'as défié une nouvelle fois. Tout ça parce que je dois revivre ce sentiment de plénitude, parce que je ne peux me retenir de me frotter à un adversaire de ta trempe.

"Si tu ne fais ni bien, ni mal. Alors…"

-…Sois Double Face. Oui.

Frimas interne dans mon bras. Il s'affine, s'effile, s'aiguise. Puis il plonge, éviscère et ravage. Un autre jeune rêveur qui a mal choisit son camp. Combien mourront de par ma main? Combien sont morts déjà de par celle-ci?
Effroi, frisson, arrêt.

Je ne sais même plus à quel point j'ai pu tuer…

Dans les ténèbres du Passage, un écho remonte à la surface. Une plainte proférée par un homme qui oscille entre son ombre et sa lumière, répondant à celle d'un autre qui agonise. Non, plus qu'une plainte. Une réponse.
Un rugissement. Cri modulé, inextricable cocktail de détermination et de misère.

***

Le Veilleur enjambe plus vite que jamais un muret détruit d'une longue enjambée qu'on ne soupçonnerait pas à son âge. Son fusil rangé en bandoulière dans son dos soubresaute à chacun de ses longs pas. La sueur fait luire sont crâne chauve sous l'insoutenable soleil. À chacun de ses grands pas, des nuages de sables se soulèvent derrière lui.
Lancé à pleine vitesse, il aperçoit au loin dans les ruines l'immense établie des géants et le sommet des quelques tentes de toile.

Il fait presque nuit, Marx a quitté l'endroit pour se rendre au rendez-vous depuis un moment déjà. Le soleil achève justement sa course, laissant enfin le rosé et l'orangé du ciel pour un bleu allant vers des teintes graduellement plus foncées. L'air se rafraîchit aussi, mais ça, Le Veilleur n'en a cure, il est trop exténué par sa course pour vraiment s'en apercevoir.
Le doute pointe déjà à son esprit.

Qui de lui ou de Double Face a rallié le camp le premier? Lénine est-il en danger? Après tout, Double Face a vaincu Staline, il n'est pas à prendre à la légère.

Soudain, il est alerté par un cri.

Non, un rugissement. Monstrueux.

Ses vieux yeux ridés s'élargissent de stupeur à l'écoute d'un tel son. Le désert recouvre pourtant sa quiétude habituelle. Et c'est un silence lourd de sens qui répond au Veilleur qui cesse de courir.
A-t-il faillit? Seul lui peut s'offrir une réponse convenable.

À pas lent et calculé, Le Veilleur progresse vers le camp, plus silencieux qu'un fauve en pleine traque.


Dernière édition par Oswald Jenkins le Ven 16 Aoû 2013 - 22:46, édité 1 fois
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Les géants n'ont pas peur des monstres. Les géants n'ont pas peur des fourmis. Mais les géants devraient avoir peur de toi. Peur du sang sur tes mains, peur de ta force et de ta colère.

PEUR.

La douleur, la souffrance. Craquement. Epaule, sang. La pierre s'effrite, le monde s'effondre. Mais pas ta conscience, pas le monstre. Toi, porteur de paix et d'espoir tu as été lâchement assassiné. D'une balle à bout portant, perçant ta chair et ta tunique.

Ils oublient une chose. Marx, Lenine. Tu n'est pas Gandhi.


Le monstre feule, tu feules. Recharge, cliquetis. Les géants n'ont donc jamais vu homme à résister ? Normal. T'es un monstre. Ils hésitent donc, les fous. Pourquoi ouvrerait-il sa boîte de cachets ? Dernier plaisir terrestre. Non.

Acculé. Les monstres frappent. Le sang et la peur. Adrénaline. Croc'.


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Les monstres frappent, les monstres se lèvent, avancent, poursuivent toujours leurs besognes meurtrières.

Mais ce monstre-ci, parmi tant d'autres, lance un avertissement, un ultimatum. Une dernière menace, alors que dans un gargouillis étouffé, du sang s'échappe à petit bouillon de sa bouche garnie de crocs.

Le Doc a toujours cette même prestance, même dans l'agonie.


"J'en déduis que vous ne voulez pas vous rendre. Désolé."

-Effectivement, Docteurrrrr Wallace. répond Lénine. Le seul prrrroblème, c'est que c'est à moi d'êtrrrreuh désolé.

La bouche béante du fusil ouvre ses profondeurs face aux psychologue. Mais un monstre est rapide, et jamais un éléphant n'aura une souris du premier coup. Lénine s'en rend compte bien aisément lorsque Wallace, en grondant, lui fonce dessus et le désarçonne complètement en assénant un coup de poing de tous les diables sur sa botte.

Coup de poing auquel Lénine répond d'un revers de main à la force d'une charge d'éléphants. Ses jointures broient d'un coup le corps de Wallace et s'étampe sur toute sa large cage thoracique. En un instant, un monstre perdant de sa superbe s'efface à toute vitesse et s'encastre dans une ruine dont l'état se désagrège automatiquement dans un éclat de roches et de poussière.

Nouveau cliquetis d'arme, à nouveau le géant domine. À nouveau le monstre est au sol, se battant contre une défaite qui s'annonce inévitable.


-C'est terrrrrminé, trrrrraîtrrree de Docteurrr stupide.

Ça a déjà été dit. Et c'est même bien connu. Jamais dans les belles histoires les monstres ne gagnent.

-Meurrrrs.

PAN!

Sauf quand les monstres ont des amis.

L'obus enflammé et enfumé pulsant à l'extérieur du canon de Lénine fend l'air à toute vitesse… et dévie totalement de sa trajectoire lorsque un bras-lame complètement noir le frappe de toute ses forces.

Plusieurs mètres derrière, loin à la gauche d'un Wallace ensanglanté, il s'écrase dans une déflagration de feu, de sable et de poussière phénoménale. Et au travers de toute cette poussière qui envahit les lieux et tire de leurs occupations des révolutionnaires de plus en plus nombreux, on voit percer deux yeux glauques et jaunâtres à l'aspect colérique.


-Joli coup d'fil, Doc…

À travers le masque de Lénine, on peut sentir sa respiration courroucée alors qu'il recharge son fusil avec fébrilité.

Peu à peu, la poussière s'écarte, laisse un champ de vision plus large et dégagé à plus d'une vingtaine de révolutionnaires armés. Et sous les yeux de plus de vingt armes à feu, une tunique noire à droite, puis blanche à gauche, se révèle à leurs yeux. De lourdes bottes de cuir, une tignasse verte, poussiéreuse, des yeux brillants de colère et un rictus haineux déterminé.

-…Mais comme à Drum, j'ai rarement l'habitude de me rendre où on me demande d'aller.

Double Face, toujours seul. Toujours ce même monstre contenu dans un seul objectif inébranlable:  Protéger ses amis.

-Et tu t'es trompé sur une chose en particulier, Doc. Ce n'est pas moi, qu'ils veulent…

Une bourrasque du désert balaie définitivement la poussière sur l'endroit alors que Lénine, rageant intérieurement, braque son flingue sur Double Face. Les soldats autour, eux, offrent des visages oscillant entre la peur et l'incertitude.

-…C'est moi qui les veut.

Midnight Blast!

Comme un fauve ramassé sur lui-même, Double Face se propulse à pleine puissance vers Lénine avant même que ce dernier ne puisse esquisser un geste. Là où il se tenait un instant plutôt, le sol est craquelé et renfoncé par la force du décollage. Disparaissant pratiquement à la vue des spectateurs abasourdis, le lieutenant-colonel fonce directement vers le masque de Lénine. Masque qu'il fracasse d'un poing ardent de flammes et de d'étincelles causées par la friction entre l'air et son poing.

Dans une tempête de cuir, de verre et de métal, résultat de la destruction de sa visière, Treyga Hijiro est emporté avec violence vers le sol, sous la force de l'impact avec le coup de Double Face. Il s'affale de plein fouet au sol en soulevant de nouvelles vagues de poussière, puis il roule-boule sur une dizaine de mètres en renversant et écrasant de nombreuses infrastructures révolutionnaires.
Foudroyé sur place, les révolutionnaires ne disent mot et n'esquissent aucun mouvement devant l'épreuve de force déployée sous leurs yeux. Comment réagir à une telle frappe? Alors ils restent tous sur place, regardant avec de grands yeux ébahis le Colosse qui se relève difficilement.


***

Je ne sais peut-être plus à quel point j'ai pu tuer, à quel point j'ai pu répandre mort et tristesse. À quel point j'ai pu détruire des rêves et des objectifs. À quel point j'ai pu être un monstre.

Mais je ne peux plus me permettre de ressasser le passé, de revivre la période sombre qui a façonné Double Face.

Non. Désormais, je dois me sauver, combattre le mal qui me ronge.

Et quelle est la meilleure façon de se sauver, si ce n'est pas de commencer par les autres?

Une main salvatrice, complètement noire, se présente à un Wallace faible et hoquetant.

-Allez, debout, les monstres n'ont pas dit leur dernier mot.
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*croc*

*croc*


"Hm, je vois ça, Oswald. Merci bien, mon ami."
fit le monstre, un grand sourire sur les lèvres.

La plaie béante sur son torse saignait encore abondamment, mais il tendit la main vers Oswald comme si la douleur n'avait jamais existé. Il se releva sans grogner, les pupilles dilatées. Deux petites pilules à la réglisse et les endorphines avaient fait leur boulot, laissant les récepteur synaptiques inefficaces. De leur côté,  adrénaline et autres neurotransmetteurs agissaient toujours, gonflant la poitrine du Docteur d'une force animal décuplée.  La tente éventrée révèle le spectacle des deux Marines qui se tiennent au milieu des décombres. Les révolutionnaires prennent leurs armes, hésitent. Les deux monstres. Les deux créatures. L'une a mis leur leader à terre. L'autre a encaissé sa salve et se relève sans rien dire. Pire même, il semble tirer un fil de sa poche et suture le tout en à peine quelques secondes.


"Je peux ?" fit-il en attrapant le bras métallique encore fumant de Double Face.

Ce faisant, il l'appliqua sur les bords de la blessure, cautérisant la plaie. Un sourire monstrueusement heureux se dessina sur ses traits. Il était comme ressuscité, et béat comme jamais. Il ouvrit la bouche pour parler mais se mit à ricaner bêtement. Le monde était beau aujourd'hui. Le sang coulait, mais le monde était toujours beau ! Ah ah ah. Hum. Ah oui ... anti-dépresseur. Bon, il avait forcé la dose. Mais il connaissait les effets, alors peut-être qu'avec un peu de mental il arriverait à se contenir.


"Messieurs ... je vous propose de vous rendre sans discuter et nous pourrons tous nous en sortir avec de la chance." fit-il, toujours avec ce même sourire dérangeant.

Bon, il avait quoi, dix minutes devant lui ? Après quoi son corps reprendrait l'aval sur sa douleur. La blessure était suturée, cautérisée, mais les os étaient brisés derrière, les muscles atteints. Une chance qu'il fut assez solide pour que la balle se contenta de rebondir sur lui. Rebondir ... plus ou moins. En d'autres circonstances, il aurait pu y passer. Mais il était un monstre, les monstres ne mourraient pas aussi facilement. Le Docteur se racla la gorge. Le problème avec les fanatiques, c'était qu'ils n'écoutaient que rarement. Ainsi, une grande partie des Révolutionnaires baissèrent leurs armes, comprenant qu'un homme pouvant envoyer valser un géant n'était pas de leur stature. Les autres hurlèrent leur dépit et continuèrent à les braquer de leurs armes. Wallace grogna, et fut forcé de se mettre en position de combat. Même s'il était content, il sentait qu'il était un peu énervé au fond de lui. Comme si un truc sous-jacent remontait à travers les effets de la pilule. Peut-être était la vague de colère qu'il avait ressenti lorsqu'il avait été blessé. Autant pacifiste qu'il pouvait l'être, il connaissait des limites dans ce domaine. Le Docteur secoua la tête et leva une main.


"Messieurs, je vous en prie. Je suis médecin, je peux vous aider." fit-il, alors que Lénine revenait vers eux arme en main.

Cela sembla leur redonner du coeur au ventre car plusieurs se joignirent à ceux qui levaient leurs armes. Wallace soupira et se retourna vers Oswald, baissant la main salvatrice qu'il levait vers eux. Bien, il lui restait neuf minutes. Il aurait essayé, c'était le moins qu'il pouvait faire : leur donner le choix.


"Bon. Je suis désolé, mais il va falloir que je me batte aussi." grogna-t-il, se retournant vers le géant.

Après tout, il s'était fait tirer dessus à bout portant par ce Révolutionnaire. Il se plaça à côté d'Oswald et le remercia d'un geste de la tête. Rah, il n'aimait pas se battre. Mais sa force était un atout non négligeable, alors il n'avait pas le choix. Il arracha ce qu'il restait de sa tunique et se présenta face à son adversaire le torse dénudé. Sa peau aux allures écailleuses luisait du sang du monstre. Avec ses dents, ses griffes le tableau faisait peur. Wallace gonfla ses muscles et laissa échapper un grognement rauque, un feulement de tigre aux allures de fin du monde. Le Docteur allait se battre. Pour neuf minutes.

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10 minutes.

Un silence tendu s'installe, d'un côté, plus de vingt révolutionnaires armés aux canons pointés sur nous. De l'autre côté, comme de fait, Wallace et moi, seuls.

-Fonce dans l'tas, j'te couvre Doc.

Soupire résigné du colosse à ma gauche, puis un pas lourd, belligérant. Et dans un puissant effort, le phénomène de muscle fonce à toute vitesse vers la horde de combattants qui n'attendent même pas l'ordre de tirer.

Blade Mode 1

Une salve de plombs fond directement vers Wallace qui continue son élan vers les troupes. Une salve de plusieurs balles ayant toutes une capacité meurtrière considérable…

Dark' Slash!

…Une salve complètement déviée par une puissante lame d'air ténébreuse qui se dissout à mi-parcours, une fois toutes les balles frappées.

Étonné, les révolutionnaires ne manquent pas de faire feu à nouveau vers le psychologue qui dévore la distance le séparant d'eux à une vitesse ahurissante. Et toujours nimbé de ce métal froid et mortel, je me jette à pleine puissance directement aux devants de mon compagnon en tournoyant avec véhémence.

Hell's and Heavens' Slash!

Dans une sifflement assourdissant, de mes bras s'échappent de puissantes lames d'air noires qui ont tôt fait de mettre en déroute la nouvelle salve de balles. Devenu éclair bigarré bougeant à toute vitesse dans le camp détruit, je suis partout à la fois, couvrant Wallace grâce aux pouvoirs de mon fruit.

Puis finalement, c'est l'impact. Toute la masse musculaire du Doc percute deux premiers hommes qu'il renverse de toute sa force. Un troisième tirant à peine un couteau de son fourreau se déguste une paluche grande comme sa tête en plein visage. De mon côté, mes bras toujours aiguisés et acérés fendent chair et tissu sans pouvoir être bloqué. En un instant, cinq hommes s'écroulent autour de moi, agonisants.

9 minutes.

Mais alors que Wallace continue d'imposer sa cadence monstrueuse aux autres combattants, je suis projeté une dizaine de mètres vers l'arrière lorsqu'un obus énorme s'écrase directement à côté de moi.

"Bordel, Lénine!"

À peine réceptionné, un deuxième projectile s'échappe du canon de l'énorme arme du géant et fond sur moi.
Mais cette fois, je suis prêt.

Ma volonté est prête. Indéfectible. Insurmontable. Indestructible.
La volonté de Double Face.

L'obus s'écrase devant une paroi imperceptible à quelques centimètres de mon visage, dans une tempête d'éclats de métal, de flammes et de fumée, il se désintègre dans une onde de choc contre le bouclier grésillant monté par mon esprit. Mon haki est bien plus puissant qu'un simple boulet.

Sourire narquois.
-C'est tout? Lénine?

Non, visiblement, ce n'est pas tout. Il y a un facteur qui n'avait as été pris en compte. Un facteur qui m'est soudainement très désagréable. Un tir solitaire, provenant du désert et des ruines. Un tir qui est apparemment le déclencheur d'une violente douleur qui me frappe à l'épaule et me fait perdre l'équilibre.

Je n'ai même pas le temps d'apposer la main sur la blessure cuisante que Lénine saute sur l'occasion de me voir affaibli pour foncer sur moi et m'asséner un coup de crosse phénoménale.

-STOOORRROOJEVOOIII!!!

Un coup de crosse assez puissant pour soulever un éléphant en pleine charge. Un assaut qui m'envoie voler à travers le camp pour me faire pirouetter dans le sable et les débris sur une trentaine de mètres.
Recouvert de poussière, blessé, engourdi, le sang affluant à mon visage et m'aveuglant momentanément, je me relève difficilement des débris.

-Haa...Haa… Un sniper…. et une vieille technique de Staline… que demander de plus?
"Un deuxième sniper?"
-C'était pas une question ouverte Dark…
"Et ben ferme ta gueule et tue alors!"
-…Si c'est tout c'qu'il te faut…

Au loin, à l'autre extrémité du camp, un éclat non loin d'un muret effondré attire mon attention. Mon regard aiguisé perce la poussière s'élevant du tracé que m'a fait parcourir Lénine, oui, l'éclat du métal. L'éclat d'un fusil. Le fusil qui a creusé ce trou douloureux dans mon épaule.

-Wallace! Là-bas! Un sniper! Dégomme-le!

7 minutes.

Et moi de quitter les ruines pour foncer à toute vitesse vers Lénine qui fait de même. Et les quelques révolutionnaires restant de se voir paralysés par le déploiement de force titanesque de leur leader.

Je saute de toute ma puissance, craquelant le sol et le creusant sous la force de mon décollage. Mon poing blanc s'arme et se recouvre de noir alors que le haki s'insinue dans chacune de mes jointures, de mes pores et de mes cellules.

Le gant de cuir de Treyga Hijiro se nimbe aussi de cette teinte typique du haki de l'armement. Et dans une fracas monstrueux, mon poing rencontre le sien, provoquant une colossale onde de choc qui creuse le sol en contrebas fait s'envoler poussière, pierres et sables dans une tourbillon effroyable.

Un instant, le monde semble s'arrêter, il n'y a que le regard haineux et ensanglanté de Lénine à travers son masque détruit. Que cette rivalité que je lui ressentais avant même de le rencontrer. Il est un Hijiro aussi, je dois le vaincre. Pour ma promesse faite à Staline.

Pour prouver que Double Face tient ses serments…
…Et que plus jamais on ne s'en prendra à ses amis.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!!
-RRRRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH!!!!
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Pas le temps de discuter, pauvres Révolutionnaires, le monstre a rendez-vous. Se basant sur ses connaissances médicinales, le Docteur envoya dans un sommeil sans rêves les premiers hommes qui osèrent s'interposer. Il s'excusa à demi-mot pour chacun des coups, faisant montre d'une force spectaculaire. Il écoutait les ordres de son supérieur hiérarchique. De son ami. Il ne pouvait laisser ces hommes le blesser, ni même le blesser à lui : il ne restait que neuf minutes. Un pas lent, régulier. Donc le rythme s'accentue et fait trembler la terre à chaque impact. Et plus il prend de vitesse, plus les révolutionnaires reculent d'un pas. Il était encore apte à se battre ? Sérieusement ? Entre l'un qui déviait les balles de ses mains nues et l'autre qui les encaissait pour se relever, ils étaient mal barrés. Autant leur laisser croire qu'ils n'avaient pas l'ombre d'une chance. Le monstre grogna, en souleva un par le col comme il l'aurait fait d'une fleur. Il se servit de son élan pour l'envoyer bouler dans ses camarades, les envoyant tous à terre de concert. Puis il s'arrêta devant eux, les toisant de sa taille. Il grogna un coup, souffla de l'air par les fentes qui lui servaient de nez. L'image de sa silhouette musclée et menaçante suffit à les calmer. Pour l'instant. Il en attrapa un qui essayait de lui passer derrière d'un geste négligent et le ramena à sa trogne, quelques centimètres à peine.

Grr.

Celui-là mettrait du temps à se réveiller. Le monstre l'attrapa par le coup, prétexte pour vérifier sa tension, puis le laissa tomber à côté de ses congénères. Il était passé de l'autre côté par le simple choc de l'avoir contemplé de trop près. Quant à savoir si c'était insultant ou pas ... Soudain, une gerbe de sable et de débris lui fouetta le dos, lui laissant deux petits châteaux sur les épaules et un sur le crâne. Il se retourna, arquant une arcade. Oswald jouait à l'autruche, ou bien il venait de ramasser. Wallace l'aida à se relever en tirant sur son bras. Il avisa son épaule, puis offrit un regard soucieux au géant. Fouillant dans sa poche, tout en écoutant ses directives, il sortit sa boîte de pilules.


"Hey, attends ! Prends ça." lui fit-il, envoyant deux pilules à la réglisse dans sa direction.

"Prends les deux d'un coup si jamais ça fait trop mal. Ne le tue pas." fit-il, avant de se retourner vers la direction que lui indiquait Double Face.

Hm. C'est parti. Le monstre s'avança au milieu du petit tas de révolutionnaires, entourés par leurs camarades effarés par la violence du combat. Il se craqua les jointures, marchant parmi eux sans les voir. Ce combat les dépassait : ils oeuvraient pour la révolution, pour améliorer les chose. Ils n'étaient pas préparés pour ça. Pas assez entraînés. Une épreuve de titan que voilà. Le monstre les dépassa, peinant à distinguer ce que Double Face lui avait indiqué. Il renifla, ne percevant rien pour l'instant. Soit. Il faisait confiance au flair de son partenaire. Huit minutes.

La créature se mit à courir à travers le camp révolutionnaire, soulevant un nuage de poussière de plus en plus conséquent à chacun de ses pas lourds. Il gagna rapidement le coin indiqué par le Lieutenant-Colonel. Il inspira profondément, percevant une forte fragrance d'eau de cologne. Le vent soufflait dans sa direction, une chance. Le monstre accéléra sa cadence, ignorant la douleur qui lui fusilla le bras droit au moment où une balle le perça. Un flot de sang jaillit derrière lui mais cette balle ajustée lui donna l'indice dont il avait besoin. Ses muscles saillants avaient protégé son cubitus, lui permettant de continuer le combat en ignorant ses blessures. Il grogna cependant, sachant pertinemment le retour de bâton dont il écoperait d'ici sept minutes. Et ...


"GRAAAAAAAA."

D'un bond colossal, le Docteur se projeta dans les airs, gagnant la distance le séparant du tireur en un rien de temps. Frappant de son poing, il fracassa les ruines et les éparpilla à la ronde. D'un simple poing, il défonça un mur, et envoya bouler l'homme qui se trouvait bien à l'abri derrière. Retirant son poing maculé de sang des gravats, Wallace se redressa avec à peine une couche de sueur. Qu'on ne s'y trompe pas, son épiderme était trop épais pour que la sueur n'y passe rapidement, mais cela avait son effet. Le tireur était sur le dos, surpris par la vitesse d'attaque de l'étrange monstre qui lui avait foncé dessus. D'autant plus qu'il avait assisté à la scène depuis le départ et il ne l'avait pas encore vu en action. Le Docteur mit un pied sur le tas de gravas, faisant face au tireur en costume qui se relevait sans perdre la face. Le sang coulait de par deux endroits de son adversaire, il avait cet avantage. De son côté, Wallace était plus à même de se battre au corps à corps. Pourtant il leva les mains en signe de paix.

"Rendez-vous, et je ne vous ferez aucun mal. Désolé de vous avoir frappé." lui fit-il, en hochant gravement de la tête.

Six minutes et trente secondes.

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Ce qui reste dommage, lorsqu'on combat un géant, c'est qu'il y a toujours un facteur supplémentaire à prendre en compte. Et ce facteur, malheureusement pour moi, je l'ai oublié; c'est la force brute nettement supérieure de Lénine.

Haki contre Haki, volonté contre volonté, puissance colossale contre Double Face. Mais Lénine est très certainement plus fort physiquement. Avec une vitesse dépassant facilement celle d'un boulet de canon, je suis propulsé directement contre les ruines irrégulières, rocailleuses et inconfortables qui m'accueillent dans une explosion terrible. Explosion qui creuse aisément un terrible cratère d'où émane des litres et des litres de sable.

Je n'ai même pas l'impression que je peux bouger à nouveau. Même pas l'impression que mon corps, noir comme blanc, sera à même de répondre lorsque je déciderai de me lever. Ce sang qui m'emplie la bouche et cette douleur paralysante qui me parcourt la colonne me font bien croire que, finalement, je resterai là lorsque Lénine viendra m'achever.

Lorsque le frère de mon ennemi juré viendra me montrer l'étendue de ma défaite face à lui et ses frères, je ne pourrai donc pas me relever? Non. Non. Ça ne se passera pas comme ça. Je le vaincrai, peu importe la douleur, peu importe sa taille, sa puissance ou son poids.

Dans mon poing droit qui se décrispe, deux petites pilules reposent tranquillement au creux de ma paume.

En tête, je revois le Numéro 4 et son indéchiffrable sourire. Numéro 4 et ses manies de docteur trop soucieux. Numéro 4, le vrai héros de Drum.

Puis cette bienfaisante silhouette s'estompe, gagne en taille, en musculature. Elle s'enlaidit, mais s'embellit à la fois.

Wallace, mon nouveau Numéro 4. Mon nouveau Doc.

Celui qui m'aidera à nouveau à étaler un géant comme Numéro 4 l'avait fait en me fournissant de quoi tenir le coup.

Au travers du nuage de poussière qui se disperse dans le ciel de plus en plus sombre, l'immense stature de Lénine se découpe. Il approche avec fatigue et lassitude, faisant trembler le sol à chaque pas.

-On dirrait bien que tu es tombé surrr plus forrrt que toi, Double Face. Je vais pouvoirrr venger mon frrrèrrre.
-Ah bon….. tu penses? répondis-je en un souffle.

Et dans un effort douloureux, j'engouffre les deux pilules dans ma bouche.

BAM!!

Jam:

Sous l'effet d'un terrible uppercut, Lénine quitte le sol à contre-vouloir et retombe pesamment au sol, complètement sonné. Et juste sous son nez, comme ressuscité, moi, un sourire narquois, un regard déterminé.

-Moi je crois pas… Double Face est éternel, non?

Midnight….

Il grogne, s'excite lorsqu'il me voit prendre un puissant élan de mon poing droit. Il tente de se relever, mais étourdi et sonné comme il est par le coup, il n'arrive qu'à difficilement s'extraire du sable et des ruines qui l'entravent.

…Blast!!

Et avec une fougue renouvelée, je fonce directement sur le géant et lui décoche une frappe enflammée terrible. Sous le seul choc, la tête de Staline est projetée vers l'arrière où elle se cogne durement contre le sol, soulevant une violente vague de vent.
Mais Double Face n'a pas terminé.

Midnight Blast…

Car aussi grand un géant puisse-t-il être. Aussi vigoureuses ses convictions peuvent-elles être. Aussi insatiable son sentiment de vengeance peut-il être, personne, mais personne…

-…ne vient à bout de Double Face!

…AVALANCHE!!

Et dans un terrible fracas, un premier poing incandescent s'abat sur le visage de Lénine, puis un deuxième, puis un troisième. Les Midnight Blasts s'enchaînent à une vitesse monstrueuse, foudroyante, martelant sans cesse le géant cloué au sol par la force de chaque coup. À travers le bruit terrible de chaque frappe qui se répercute à une centaine de mètre à la ronde, on ne perçoit que le lointain cri de guerre d'un monstre qui répond à son acolyte dans une dernière litanie guerrière.

-DAHDAHDAHDAHDAHDAHDAHDAHDAHDAHDAH!!!

Des ondes de choc toujours plus insoutenables et puissantes ravagent le camp, les ruines et le désert alors que Double Face ne semble plus pouvoir être arrêté tant l'enchaînement est violent, rapide et cruel de par sa véhémence.

Puis, finalement, un dernier claquement, résonnant contre le visage écrabouillé de Lénine dans un bruit mât, se fait entendre. Un dernier coup terrible qui signe la défaite du géant face à celui qu'il s'était juré de vaincre.

Face à moi. Contre à Double Face le chasseur de géants.

De mes deux poings s'échappe une épaisse fumée noire qui explique la couleur rougie de ces premiers. Par endroit, on remarque même de la suie se mélangeant au sang recouvrant mes jointures douloureuses et engourdies. Haletant, je jette un dernier regard aux révolutionnaires restant qui s'évanouissent dans la nature, la queue entre les jambes.

"Héhéhéhé…"
-Pfioouu…

Merci, Wallace.  
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"Niet."

La réponse sonna comme un glas. Le monstre secoua la tête. Il lui avait donné le choix, à cet homme en costume noir. Le choix de ne pas passer par là. Déjà, il se relevait, armant son fusil dans sa direction. Malheureusement, le Docteur était un animal. Une bête qui ne désirait pas l'être. C'était ces instincts qui ressortaient de lui en pareille condition. Si les récepteurs de la douleur étaient inhibés et le message non transmis, la réponse immunitaire suivait toujours son cours. Wallace regardait son bras percé, dont le sang commençait à cesser de couler. La chair était rouge et boursouflée, il en imaginait déjà la douleur. Il soupira et secoua la tête sur le côté, laissant l'homme le pointer de son arme.

"Vous êtes sûr ? Je ne voudrais pas vous faire de mal. J'en serais vraiment désolé. Mais vous devez cesser ces trafics qui pèsent sur les victimes de la pègre. Alors je vais devoir vous arrêter, monsieur. Même si vous pensez que votre cause justifie ce sacrifice. Je n'ai pas envie de vous faire du mal." l'implora-t-il, alors que le Veilleur posait le canon de son fusil sur sa poitrine.

Il arma sa balle, regardant le colosse dans les yeux. La réponse était sans appel. Wallace secoua la tête, fronça les sourcils. Pourquoi ? Pourquoi toujours se battre ? La violence ne résolvait rien, elle empirait les choses. Le Veilleur lâcha un sourire mesquin, certain de sa suprématie sur le monstre. Son canon sur sa poitrine, son doigt sur la gâchette. Jamais proie n'avait été aussi facile à abattre, d'autant plus qu'il se rendait lui-même à la mort. Il n'y avait certes pas autant de plaisir à la traque que d'habitude ... mais le résultat était là. Un mort restait un mort. Il se lécha les lèvres et regarda la caricature d'homme qui se tenait face à lui. Caricature qui ne cillait pas face à l'inéluctable de sa mort, c'était au moins ça.


"On ne résonne pas le monde, mon gars. C'est le monde qui te fait à sa botte. Et souvent, tu finis entre elle et le sol." ricana le Veilleur, pressant son doigt sur la détente.

Le monstre était un animal. Force, vitesse. Endurance. Férocité. Seulement, il préférait l'oublier. Taire cette face de sa vie, demeurer un homme malgré tout. Envers et contre tout. Sa main droite vint pousser le canon du sniper vers le haut. La balle partir dans les airs, frôlant l'épaule de Wallace.  Le Veilleur resta une fraction de seconde interloqué, ne s'attendant pas à plus de résistance que cela. Le fait qu'il ne puisse pas comprendre le Docteur ne signifiait pas qu'il était de taille face à lui. Son désir de paix ne valait pas grand chose aux yeux de ce tueur, alors il pensait le surpasser. Être meilleur qu'un marine au caractère aussi mou. Il tenta d'arracher le canon de la poigne monstrueuse de Wallace. Il tira en arrière. Le Docteur maintint sa poigne. L'amplifia. Le métal grinça, alors que les muscles du bras monstrueux de la créature se contractaient. Puis la force de la bête l'emporta sur l'objet. Le canon se tordit et se plia, remontant en l'air. Comprenant son erreur, le Veilleur lâcha son arme fétiche et se recula d'un bond, sortant un couteau papillon d'une poche intérieure de sa veste. Il en joua devant son adversaire qui désirait soudainement se battre. Allons bon, il était un combattant d'élite, il n'allait pas se faire avoir par cette parodie d'être humain.


"Désolé. Vous ne ferez plus de mal à personne."
fit Wallace en lançant l'arme inutilisable à terre.

Se faisant, il s'avança vers le veilleur, écartant les mains, se mettant en position de combat.


Cinq minutes.

"Viens-y l'affreux, que je t'arrange un peu la face." l'insulta le Veilleur, cédant à la facilité.

Le monstre fronça les sourcils, l'air visiblement peiné. Il secoua la tête, chassa la phrase du révolutionnaire de sa tête. Il inspira profondément, alors que son rythme cardiaque augmentait petit à petit. Un son régulier et puissant qui lui donnait la force de se focaliser sur la suite des évènements. Il n'aimait pas se battra. Il n'avait pas aimé toucher ces révolutionnaires. Il n'aimait pas devoir casser des os et faire saigner. Il voulait simplement réparer, aider. Mais il ne pouvait pas mourir pour autant. Il l'avait traité d'affreux, c'était blessant. Même si l'insulte était vraie, cela faisait toujours mal de l'entendre. Un grondement sourd s'échappa de sa poitrine. Puis le Veilleur se jeta sur lui. Il frappa de son couteau, traçant un sillon sanglant sur la poitrine de Wallace, entamant à peine le cuir épais de la bête. Pour toute réplique, le colosse voulu lui asséner un revers de la main, mais son adversaire l'esquiva aisément. Ce n'était évidemment pas un amateur. Il faudrait cependant faire vite, et la défaite n'était pas une option. Le monstre se résigna à décemment passer à l'attaque, à donner de sa personne pour provoquer cette victoire.

Le Veilleur fondit sur lui, passant par dessous pour tenter de lui enfoncer son arme dans le ventre. Wallace balaya l'air de sa main gauche, claquant ses doigts sur le visage de son adversaire. Le coup n'était pas d'une précision franche, mais il et son effet. C'est à dire d'envoyer le Veilleur rebondir sur le sol jusqu'à s'enfoncer dans les gravats. Le monstre prit trois pas d'élan et bondit pour lui atterrir dessus. Il enfonça sa jambe droite dans les pierres. Le Veilleur n'était déjà plus là, roulant sur le côté il avait réussi à se placer dans le dos de Wallace. Profitant du fait qu'il était immobilisé, le révolutionnaire enfonça la lame de son couteau dans son flanc, réussissant à percer la chair. Un sang épais s'en écoula, sous le rire hautain de ce dernier. Alors qu'il pensait avoir gravement atteint son adversaire, une main énorme se referma sur son bras et sa lame. Il n'eut pas le temps de s dégager qu'un poing de la taille d'une cathédrale lui fracassa la pommette. Retenu par l'autre main du monstre, il ne put qu'hurler lorsque ce dernier réitéra son coup. Il essaya de le frapper de sa jambe, mais son coup s'arrêta sur ses abdominaux, ne laissant pas plus qu'une marque rouge dessus. Puis Wallace frappa une troisième fois, réduisant le visage du révolutionnaire en un tas de chair suintant de sang. Il le lâcha alors. Le Veilleur vacilla, étourdit par la violence des chocs. Tout s'était passé trop vite, bien qu'il fut persuadé d'avoir enfoncé sa lame dans le rein du monstre. Celui-ci ne semblait pas en être gêné, pas plus que de sa balle ou autre ... qu'était-ce donc que cette chose ? D'un revers colossal, le Docteur l'envoya s'enfoncer dans un autre mur. Le révolutionnaire s'y enfonça comme du beurre, à tel point que seul son séant et ses bottines noires en dépassaient.


"Oups ... peut-être trop fort ... mais ... enfin bon ... je suis sûr qu'il m'a fait mal." se justifia le médecin, se grattant la tête en allant tirer sa victime du tas dans lequel elle s'était enfoncé.

La hissant sur son dos, alors qu'elle parlait aux anges, il se dirigea vers Oswald qui semblait ressortir victorieux de son combat. Les révolutionnaires fuyaient à droite et à gauche. Faisaient demi-tour en le voyant. Il ne leur fit pas l'honneur de les arrêter, ces hommes pourraient peut-être se remettre dans le droit chemin après ça. Et puis ... ils ne l'avaient pas attaqué, tout ça. Ah, et aussi le fait qu'il lui restait moins d'une minute. Il arriva à côté de Double Face, posant sa prise à terre, l'adossant contre la botte du géant vaincu.


"Aïe, ça a du piquer." fit-il en observant Lénine.

Puis un petit picotement commença à se faire ressentir sur son épaule, descendant lentement le long de son échine, jusqu'à fourailler son flanc. Ainsi que son bras. Quelques petits picotements désagréables qui n'étaient l'augure que d'une chose encore plus délétère. Le monstre soupira, puis se rendit compte qu'il avait toujours le couteau du Veilleur enfoncé dans sa chair.


"Ah, oui ... mince ..." lâcha-t-il en l'ôtant et le jetant plus loin.

Il se toucha le dos, grimaçant légèrement. La lame avait touché son rein, c'était plutôt grave. Il lui faudrait retourner rapidement au Léviathan pour y être soigné par lui-même. Enfin, vous voyez l'idée. Il fouilla dans ses effets, tirant fil et aiguille. Les quelques secondes où la douleur gagnait de nouveau son organisme, il sutura ses plaies, sans piper mot à Oswald, puis s'assit à terre en attendant sa pénitence.


"Erch. Ouille. Argh. Oh ... hé hé. Non, mais pourquoi je ris ? Argh. Je m'y ferais jamais ... Ouch." laissa-t-il échapper, malgré lui.

"Je ... aïe. Je crois que ... ouf, saleté de géant. Je pense qu'on devrait rentrer. Aïe. J'ai un rein altéré, une hémorragie internet. Quelques côtes cassées. Certainement une fracture de la clavicule. Aïe." lâcha-t-il, levant les yeux vers Oswald.
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-Merci, faites vite.
Clac.

Mon den den bicéphale se ferme et retourne dans la poche de ma tunique bigarrée et empoussiérée. Je soupire en m'en retournant vers Wallace qui dodeline faiblement de la tête, adossé sur le géant. La dévastation des ruines d'Erumalu a atteint un tout autre niveau depuis mon combat contre Lénine qui gît inconsciemment au centre de son camp ravagé.

L'air se rafraîchit avec l'arrivée de la nuit, après une telle bataille, le tout est bienvenu. Je m'agenouille face au colosse qui faiblit.

-Écoute Wallace, je dois rejoindre Erumalu le plus vite possible. C'est là que Marx s'est rendu. Il faut absolument l'empêcher de procéder à l'échange d'arme avec les hommes de Gargarismov.

Silence, il lève des yeux fatigués mais compréhensifs vers moi.
Il sait que je vais devoir le laisser là.

-J'ai appelé le Léviathan Doc, une dizaine d'hommes et des montures arriveront avec le lieutenant Sarkozyzy. T'as rien à craindre.

Il est médecin, il connait ce genre de procédure, les secours arrivent, il ne lui reste qu'à faire de son mieux jusqu'à leur arrivée. Moi, j'ai toujours un chameau qui m'attend au travers des ruines, il me faut le rejoindre le plus vite possible. Avant de me relever, je pose ma main amicalement sur l'épaule du colosse en lui faisant un sourire confiant.

-Allez, ce n'est pas aujourd'hui que l'histoire se termine mal pour les monstres. Ceux-là ont encore une chance de devenir des héros avant la fin du conte. Et le héros, ce sera toi, Doc. Lilou est prisonnière de Charles Badwin à Rain Base -probablement dans la demeure des Badwin ou dans une prison quelconque de la place-, tu dois la retrouver et la secourir. Je lui ai promis de retrouver Marx et je ne pourrai agir avant. Tu es le seul sur qui je puisse compter Wallace.

Je fouille dans ma poche, en tire deux millions de berry, j'ouvre délicatement mais prestement la large paume du Doc et les y glisse.

-Dès que tu le peux, achètes-toi un canard de course avec ça et rejoins Rain Base à toute vitesse. C'est bien clair?

Et avant même qu'il n'acquiesce ou refuse, je fonce à travers les ruines pour retrouver Le Passage et mon chameau. L'effet des pilules s'est estompé et mon corps s'est assez remis du combat pour continuer à courir. Pour continuer à traquer les Colosses d'Erbaff.

Et dans la nuit et le désert, un éclair bigarré s'évanoui sans un bruit.

***

Dans mon cœur, une nouvelle conviction s'imprime et se grave. J'ai vaincu un géant seul et de mes propres mains. Non, pas seul, avec l'aide de Wallace. Mais de mes propres mains, certes.
Une conviction qui ne me pousse qu'à une résolution, une seule certitude écrasante qui me fait doubler de vitesse lorsque je cours dans les ténèbres du Passage.

" Marx ne perd rien pour attendre."
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Le Docteur tenta de trouver une position un peu plus avantageuse, palpant ses blessures. Il grimaçait puis arriva à surmonter la douleur. Le problème de sa pilule, c'était qu'elle renvoyait tout dans la figure au bout d'un moment, il n'y avait rien de graduel. Et comme on ne sentait pas la douleur revenir, on la vivait de manière décuplée. Lorsque Double Face fit mention d'aller affronter Marx seul, le médecin tenta de se relever mais il ne put qu'émettre un grognement rauque. Ses jambes le portaient à peine, et il sentait sa tête tourner un peu trop. Il s'agrippa à la botte de Lénine et se maintint debout. Il sentait son rein irradier son dos, c'était très mauvais signe. Il s'empara d'un pot dans sa besace et se tartina la blessure de crème. C'était censé apaiser et aider à la cicatrisation. Oswald avait raison, il ne pouvait pas encore rester assis : il y avait à faire. Lilou était prisonnière, il devrait aller l'aider. Il ne savait pas comment, ni de quelle manière mais il le ferait. Il toussa, s'essuya la bouche du sang qui en coulait. Le coup de pied du Veilleur avait du lui faire plus de mal qu'il ne le pensait. Bref.

"Je ... hurg. Bien, Lieutenant-Colonel." grommela-t-il, sachant qu'il ne ferait que le gêner.

Il prit l'argent que lui donnait Double Face sans discuter. C'était pour sauver une autre personne après tout, alors il ne discutait pas. Il acquiesça gravement. Puis il le regarda s'éloigner sans ciller. Un sourire s'épancha sur ses traits. Il avait bien changé depuis le temps. Nul doute que son évaluation serait positive, bien plus qu'il ne l'avait auguré dans un premier temps. Oswald était devenu un grand homme, mais il ne semblait pas encore le voir. Encore moins le savoir. Il y avait certes toujours des points d'ombre mais avec le temps, il l'aiderait à corriger cela. Tout le monde avait le droit à une autre chance. Le monstre se racla la gorge, pris sur lui de taire sa douleur. Il fronça les yeux et décida qu'elle n'existait plus pour lui. Enfin, c'était juste un effort de volonté pour se préparer à la suite, les monstres ne pouvaient pas faiblir. Il s'administra les premiers soins, vérifia ses blessures puis s'attela à aller s'occuper du géant. Ce n'était pas le premier qu'il rencontrait, ni le dernier. Bien que sa précédente rencontre fut plus axée sur l'échange de connaissances médicales qu'autre chose.

Le Docteur vérifia le pouls de Lénine, régulier, puis entreprit de lui ôter son masque. Cela devait le gêner pour la respiration, sans compter qu'il semblait présenter de graves lésions. Le Veilleur était hors d'état de nuire : Wallace était assez maître de ses coups pour ne pas s'inquiéter de son état. Il enleva le masque de Lénine puis l'ausculta d'un air perplexe. Un air inquiet se peignit sur ses traits, alors qu'il découpait le tissus. C'était une épreuve de taille qu'il faisait là, apporter des soins à un géant c'était autre chose qu'à un humain. Les blessures étaient bien plus dures à soigner et la moindre erreur était fatale. Ce fut ainsi que Sarkozyzy et son équipe le trouvèrent en pleine intervention sur le colosse, maculé de sang de la tête au pied, en train de lui sauver la vie. Même Sarkozyzy eut un mouvement de recul en apercevant le Docteur monstrueux, au milieu de la scène de chaos et de destruction. Wallace sauta à bas du géant en s'essuyant visage et mains avec un torchon sale.


"Vous pouvez les emmener, leurs pronostics vitaux ne sont pas engagés." fit-il en boitant.

Musique:

Il farfouilla dans sa boîte, en tirant deux pilules au cassis et les regarda avant de les y remettre. Il adressa un salut à Sarkozyzy, puis leur tourna le dos, se dirigeant vers la ville la plus proche.


"Où ... où allez-vous Wallace ?" demanda l'un des hommes.

"J'ai encore une personne à sauver." fit-il en croquant ses deux pilules.

Il se retourna avec un sourire puis se mit à courir, pendant que sa masse musculaire doublait quasiment. Ses pas se firent plus lourds et sa cadence plus élevée. Et rapidement, le monstre bondit par dessus les ruines, s'éloignant avec une détonation sourde à laquelle seul le son de son atterrissage répondit. Faisant trembler les ruines. Ils le virent bondir une nouvelle fois, puis il disparut à la recherche de la rouquine emprisonnée.

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