>> Physique
Avant toute chose, je pense qu'il est bon de vous préciser que Rastignac est un géant qui mesure 14 mètres de haut, ce qui est plutôt grand pour quelqu'un de sa race. Sa corpulence est plutôt correcte même si il doit faire attention et varier son alimentation si il ne veut pas finir "gras" comme lui rappelle souvent sa mère. Sinon pour un colosse, on peut dire qu'il est agréable à regarder, il prend soin de lui sans être trop excessif. Il a un certain succès auprès de la gente féminine mais ça l'embête qu'on parle de ça alors je vais changer de sujet.
Sa musculature est plutôt correct mais sans plus, il n'est pas vraiment costaud, enfin.. tout est relatif, c'est un géant quand même. Son visage est plutôt amical au premier regard, il évite de sourire tel un psychopathe, comme le font beaucoup de géant, afin d'éviter de terroriser ses interlocuteurs. Ses lunettes rondes lui donne un côté sensible et sérieux à la fois, chose importante pour un Toubib. Ses cheveux, et sa barbe son bien entretenues, il a prit l'habitude de les faire tondre par des jardiniers Humains sur Drum. Il a deux dents gâtées et une grosse carie mais n'est pas dentiste qui veut.
Sur le reste de son corps vous trouverez ici et là quelques cicatrices, liées à des rixes d'antan. Par contre sur ses tibias et genoux vous trouverez de jolies traces d'impact avec des maisons. Il faut dire que les maisons c'est un peu les tables basses pour vous les humains. Dans le même genre, les oiseaux aussi aime bien se poser sur vous, si vous avez le malheur de ne pas bouger, il vous prenne régulièrement pour un pigeonnier, pas très pratique du coup.
Niveau vestimentaire, il est plutôt bien habillé depuis qu'il est dans la marine mais on doit l'avouer, avant, ce n'était pas vraiment le grand luxe, il faut dire qu'acheter du tissu et surtout le faire faire à sa taille, coûte horriblement cher quand on est en dehors d'Erbaf. Du coup, pas souci d'économie, il faisait attention à ses vêtements et a réussi à les préserver en assez bon état.
>> Psychologie
Si vous décidez de ne lire que la première phrase de sa Psychologie, sachez que Rastignac est quelqu'un de bon, profondément. Ce n'est pas parce que l'on peut déterrer un arbre à mains nues qu'on n'est forcément violent. Bien au contraire, Rastignac est une force tranquille, il n'est pas du genre à s'emporter. Par contre, quand il s'énerve, on s'en souvient, heureusement ce n'est pas si souvent que ça arrive. Rastignac aime les humains et les animaux, il essaye de vivre en bon intelligence avec le monde qui l'entoure. D'un naturel joyeux, il n'est pas le dernier pour faire la fête ou se détendre. Cependant il sait se montrer sérieux et studieux quand il le faut. A force d'entrainement, il peut se concentrer fortement et faire fi des choses qui l'entoure, ce qui est vraiment utile quand on opère un humain à cœur ouvert.
Il est peu enclin à évoquer le passé, c'est une vraie tombe et pour cause, il ne jure que par le futur. Demandez lui à quoi ressemblait le Seigneur des Pirates, il vous répondra par une question sur la future identité du Seigneur des Pirates. Il était déjà comme ça avant même d'être médecin, surement son gout prononcé pour l'aventure, toujours aller de l'avant. Il y a surement un lien avec la mort de ses frères et sœur dont il ne parle jamais d'ailleurs.
A propos des femmes, il est très discret, voir trop, c'est presque un tabou de parler de ses relations amoureuses. Il ne se laisse jamais aller et reste toujours stoïque face à la gente féminine. Certain le dise homosexuel, d'autres eunuque mais il n'en est rien, il est simplement très pudique sur ses sentiments.
Son rêve, il en a un, en rapport avec son métier de médecin. C'est un homme accompli mais à ses yeux, il lui manque un élément. Il n'arrive pas à soigner les enfants et encore moins les bébés humains, car ils sont trop petits. Malgré son équipement de précision et son expérience, c'est impossible pour lui d'arriver sans mettre en péril la vie du patient. C'est son rêve et son plus grand désespoir, sa frustration première à force de voir ses petits êtres souffrir et ne pas pouvoir les opérer. Il travaille d'arrache pied à régler ce défaut mais ce n'est pas encore pour tout de suite.
Comme vous allez pouvoir le lire en dessous, sa personnalité est assez changeante, non pas qu'influençable, je dirais plutôt qu'il aime être inspiré par des personnes qu'il respecte. Il sait se remettre en question et retourner sur les bancs d'école quand le besoin se faire sentir. Voilà ce que je peux dire de lui...
>> Biographie
L'histoire de cet homme est plutôt bien remplie et pour cause, son âge déjà bien avancé. Pour notre race, il n'est qu'environ à la moitié de son espérance de vie mais pour vous, les humains, il a déjà eu l'équivalent de deux vies. Il nous serait impossible de faire une biographie précise de sa vie tant elle fut pleine, nous nous contenterons donc d'un aperçu mais nous nous arrêterons sur quelques moments clés de son histoire.
- Jeunesse à deux vitesses
Tout débute en 1490 sur Erbaf, l'île où vous humains, n'êtes pas plus grand que q'une souris. Sa mère tenait la demeure familiale tandis que son guérisseur de mari, pansait les guerriers d'Erbaf à l'aide de rites païens et de plantes. Issu d'une longue lignée d'enfant, Rastignac fut le petit dernier. Au total, la famille eut sept enfants, six garçons et une fille. De nos jours, il ne reste que trois enfants en vie; Deux périrent lors d'une tempête en mer (surement gobé par un monstre marin), un décéda lors d'un tournoi à la suite de ses blessures et la quatrième, puisqu'il s'agit de la fille, fut retrouvée, inanimée après l'annonce de la mort de son frère jumeau lors du tournoi. Malgré tout ces drames, la famille de Rastignac resta soudée et plus que jamais, sa mère le couva. Il était de loin son préféré et c'est elle qui insista auprès de son mari pour qu'il forme le jeune Rastignac à la médecine. Mais le jeune Rastignac ne l'entendait pas de la sorte, il faut dire qu'à ses dix ans, une annonce mondiale suite à l’exécution de Gold D Roger provoqua un engouement sans précédent pour la Piraterie. Beaucoup d'homme de notre peuple partirent en mer à cette période, dont les premiers frères de Rastignac. Lui, qui idolâtrait ses grands frères, ne pensait qu'à une chose. S’entraîner aux armes et partir à la conquête du trésor de Roger.
Sa mère finit par céder et autorisa son "petit géant" à prendre les mers mais à une condition, qu'il finisse d'apprendre les rudiments de la médecine avec son père. Sa mère n'était pas rassurée pour autant mais au moins, avec quelques notions de médecine, il aurait plus de chance de survivre ou de faire survivre ses amis. C'est ainsi que débuta la formation de guérisseur de Rastignac. Il s'appliqua et fut très studieux dans son apprentissage car il savait son père intransigeant et surtout, il savait que sa mère ne le laisserait pas quitter l'île avant de savoir recoudre une plaie les yeux fermés. Loin d'être sot, il savait très bien que ce n'était que du bon sens et que ces enseignements pourraient servir à bord.
Une fois les bases acquises, il s'embarqua sur un navire, composé uniquement de géants, au grand désespoir de sa mère. Rastignac vivait enfin son rêve d'aventure. Avec ses compagnons, il sillonna les mers à la recherche de trésors, d'exploration, de mystères, de rencontres improbables et de cuites monumentales. Sa mère avait eu le nez fin car ses notions de médecine furent utiles à plusieurs reprises. Cet équipage ne donnait pas dans le sanglant, ils étaient généralement bien accueilli par vous, les humains. Ils aidèrent même votre peuple à se débarrasser d'un tyran afin de lui piquer son or. Mais l'aventure prit fin pour Rastignac quand il apprit, par Den Den, la mort de son père.
- Décès du Père
En 1523, le père de Rastignac décéda d'une faiblesse au cœur. Une grande cérémonie fut organisée pour l'occasion, pas mal d'invités venaient des quatre coin du monde. Il faut dire que cet homme avait lui même bourlingué dans sa jeunesse. Rastignac arriva le jour de la crémation. Les condoléances affluèrent de toutes part de l'île et des ses invités. Une personne parmi tant d'autres vint présenter ses condoléances à Rastignac. Sauf que celle ci était humaine, une femme, toute petite mais au grand savoir. Elle était membre de l'ordre des fameux Toubib 20 qui avait retrouvé leur liberté l'année précédente. Cette femme, quand elle apprit que le jeune géant suivait les pas de son père, proposa à Rastignac, si il le souhait, de venir en formation sur Drum à l'académie de médecine. Il refusa l'offre mais la remercia chaleureusement pour sa proposition.
Les premiers mois furent difficiles pour Rastignac et sa mère, mais le temps fit son affaire et la douleur s'estompa progressivement. Rastignac ne pensait qu'à repartir à l'aventure mais le chef du village lui avait presque ordonné de rester sur l'île afin de reprendre l'affaire de son père. Sa mère ne trouva rien à redire, elle préférait son fils auprès d'elle. Il resta environ un an sur Erbaf pour prendre le relais en douceur et ne pas surcharger les autres guérisseurs. Mais cette monotonie contrastait singulièrement avec ses précédentes aventures. Le seul événement palpitant qu'il eut à gérer fut un navire de marchandise humaine qui s'échoua sur nos côtes. Ses occupants avaient croisés la route de Pirates mais ils avaient réussi à les semer. Rastignac fut appelé car bon nombre d'entre eux étaient blessés ou mourant.
Il fit son maximum pour les sauver mais il fut incapable de soigner ceux qui avaient besoin d'une opération. Il n'avait pas les instruments adéquats et ses mains, trop énormes n'auraient fait qu'achever les patients. Cette expérience lui laissa un gout amer, le gout d'une défaite par son incompétence. Parfois, son subconscient lui remémore ce souvenir désagréable et lui donne des sueurs froides. Un mois après l'incident, le géant tournait en rond, il n'en pouvait plus de rester sur son île, la soif d'aventure débordait et il annonça son départ pour Drum. Il informa les siens qu'il quittait l'île afin de se perfectionner à l'académie médicale de Drum. Le chef de notre peuple le laissa partir en lui rappelant de ne pas oublier de revenir une fois la formation achevée.
- Formation sur Drum
Rastignac se présenta devant les portes de l'académie de Drum en 1524, il effraya la population qui le confondit avec un Yéti au premier abord. Une fois le malentendu passé, il demanda à revoir la Toubib qui était venue rendre hommage à son défunt père. Elle fut heureuse de revoir se "grand gaillard", qui plus est chez elle. Rastignac lui demanda si son offre tenait toujours, ce à quoi elle répondit par l'affirmative. Drum était sa seule possibilité de sortie d'Erbaf. Si il était parti sans l'accord du chef, on l'aurait banni d'Erbaf et traqué, sur Drum, il changeait radicalement d'horizon et n'était plus soumis à la pression morale du devoir familiale.
Ce n'est qu'une fois intégré à la formation qu'il prit conscience de la médiocrité de ses connaissances en médecine. Les Toubib 20 avaient fait de la médecine un art, un mode de vie. Leur altruisme et leur dévotion marqua profondément Rastignac qui se plongea corps et âme dans cette nouvelle aventure. La curiosité aida fortement Rastignac à progresser, encore et encore. Il combla rapidement ses lacunes et se fit beaucoup d'amis dans l'académie. Il était heureux, heureux d'être sur Drum, heureux d'étudier et d'apprendre du concret, des choses utiles et peut être même indispensables. Peu à peu, sa conception de la vie se modifia et lui qui était si prompt à jouer de la hache plus jeune, devint presque pacifiste. Son idéologie changea au fur et à mesure des connaissances et amitiés qu'il noua.
Quand ils attaquèrent la partie chirurgicale de la formation, Rastignac angoissa fortement. L'expérience lui avait démontré ses limites, dues à son immense carcasse. Mais les Toubib 20 étaient pleins de ressources et firent fabriquer à sa taille des instruments spéciaux pour le "Plus Grand Docteur du Monde". Parmi ces instruments, une paire de lunettes à laquelle on avait greffé un télescope, récupéré dans l'observatoire. Avec son équipement, il put enfin voir la même chose que vous, les humains. Bien entendu, ses gestes étaient trop imprécis au début, il déchiquetait les mannequins avec son scalpel. Il faut dire qu'avoir travaillé sur des géants pas très regardant sur les finitions des sutures ne lui avait pas donné le bon exemple. Ce fut dur et long pour Rastignac mais pas un instant il ne manqua de soutien. Les Toubib 20 étaient vraiment d'excellents pédagogues et sans leur appui moral sans faille, jamais Rastignac n'aurait persévéré de la sorte.
La formation dura plus longtemps pour notre gentil géant que pour vous autres, médecins humains. Car maîtriser sa force et ses mouvements est une chose, manipuler des instruments de plusieurs mètres de long qui finisse en outil de quelques millimètres, n'est pas donné à tout le monde. Soigner un humain pour Rastignac est similaire à réparer les mécanismes d'une montre pour les humains. C'est un travail de précision et ici, vous n'avez pas le droit à l'erreur.
- Dispenser le Dispensaire
Il n'acheva sa formation qu'en 1530, après six années d'études intensives. Il reçut son diplôme le titularisant parmi d'ordre des Toubib 100. Il en informa sa mère (et le chef d'Erbaf) et lui expliqua qu'il ne reviendrait pas tout de suite sur Erbaf. Il prétexta une ligne du règlement de l'académie médicale qui stipulait "qu'un médecin formé en ce lieu se devait de dispenser à son tour, le savoir médicale aux autres pour le bien de l'humanité". En réalité, il aurait pu faire la même chose sur Erbaf mais sa soif d'aventure n'avait été que remise au placard le temps des études. Il s'embarqua donc à nouveau sur les mers du monde pour prodiguer les bons conseils de la médecine et surtout, vivre son rêve.
Cette petite escapade dura cette fois bien plus longtemps que la première tentative. Au final, il passa près de trente longues années à sillonner les mers. Il restait entre six mois et un an par île afin d'en faire le tour et d'être utile pour les habitants. La grosse différence c'est qu'il fit son aventure en solitaire, contrairement à la première expédition où il n'était qu'avec des géants de chez nous. Durant ses trente années de service, il noua des contacts précieux et enrichissants. Il mit en pratique son enseignement et dispensa les rudiments de la médecine à qui le voulait. Il le fit en toute humilité et n'hésitait pas à apprendre de nouvelles techniques de soin auprès des autochtones. La vie était paisible et malgré les maladies, les guerres, les conflits, les épidémies et indissociablement, les morts, il donna le meilleur de soi. Il vivait l'aventure, cherchant ici et là des mystères et apportant son aide quand il pouvait. Il était sur une petite île des Blues à soigner une recrudescence de tourista quand il reçut une lettre venant de Drum.
- Toubib 17 - Retour sur Drum
Cette lettre, émanant du responsable des Toubib 20, demandait à Rastignac de se rapprocher au plus vite de Drum afin d'être élevé au rang des Toubib 20 pour "dévotion implacable à l'esprit du corps médicale de Drum". Le géant en tomba sur les fesses, faisant vibrer le village dans lequel il se trouvait. Il était honoré d'être ainsi promu pour l'ensemble de son oeuvre. Il était désormais reconnu par ses pairs. Il termina de soigner cette épidémie de Tourista dans le petit village puis embarqua direction Drum.
Il mit plusieurs mois à retourner sur l'île glacée, il arriva vers mi 1560 et peu de chose avaient changé depuis son départ, mise à part l'âge des Toubibs. Quelques uns manquaient à l'appel, le temps avait eu raison d'eux et on les avaient remplacé au fur et à mesure par de nouvelles têtes. C'est d'ailleurs pour cela que Rastignac était de nouveau sur Drum, pour remplacer un des Toubib 20 qui venait de passer l'arme médicale à gauche. Sa nomination avait été proposé par la même Toubib qui l'avait fait venir en ce lieu et suite à un vote de l'ensemble des Toubib 20, il avait était décidé d'octroyer une place en son sein à Rastignac. La cérémonie fut solennelle, la soirée qui suivit un peu moins par contre. Il fêta dignement son accession à ce qu'il qualifiait lui même de "Panthéon".
Une nouvelle fonction s'offrit à lui, celle d'un professeur. Il enseigna donc à Drum la médecine à des gens venus du monde entier afin de se former ou se perfectionner. Il fonctionna ainsi durant huit ans, sans jamais déprimer à l'idée de ne pas partir à l'aventure. Sa soif avait été plus ou moins étanché durant ses trente années de service. Il lui arrivait même de vouloir retourner à Erbaf, juste pour voir. Ce qui tomba très bien quand il reçut un appel sur un Den Den.
- Congés Sabbatique
Il s'en souvient comme ci c'était hier, pour cause, il a failli perdre une oreille quand le chef d'Erbaf, peu habitué à manipuler ce genre d'appareil hurla à l'autre bout de la ligne. Une fois le problème de volume passé, la discussion pu commencer. Le chef d'Erbaf avait compris que désormais, Rastignac était quelqu'un et qu'il ne pouvait plus, comme autrefois, simplement l'impressionner, siffler et le voir revenir la queue entre les jambes. Il le prit donc par les sentiments en lui demandant de revenir pour s'occuper de la situation sanitaire de l'île mais aussi et surtout pour revoir sa vieille mère qui le tannait chaque semaine pour revoir son fils, soit disant. Rastignac accéda à la requête du Chef d'Erbaf et prit un congés sabbatique à durée indéterminée de son poste d'enseignant sur Drum. Les Toubib 20 ne trouvèrent rien à redire mais lui demandèrent de rester en contact avec eux, de se tenir au courant de l'actualité et surtout de repasser pour les grandes occasions.
Et voilà qu'en 1568, soit près de 44 ans après son départ, Rastignac était de retour à la maison. Sa mère était heureuse et le pouponna avec amour, quant au chef d'Erbaf, il se montra magnanime envers le Doc. Rastignac reprit donc l'office de son père et forma plusieurs assistants aux nouvelles méthodes de soins. Elles passèrent pour révolutionnaires auprès de la population mais c'est simplement que les anciennes étaient désuètes et complètement obsolètes. La vie continua pour notre bon géant et le temps s'écoula lentement.
En 1619 un équipage de Marine fit une halte notre île. On cru d'abord à une attaque alors nous les avons quelques peu malmenés mais nous avions été un peu vifs et leur intention n'était que pacifique. Le Doc Rastignac nous aida à réparer notre erreur en soignant les blessés, ce qui le lia d'amitié avec le médecin de bord des humains. Par chance, on n'avait pas eu la main trop lourde et aucunes victimes ne fut à déplorer. Le médecin de la Marine discuta longuement avec Rastignac, ils parlèrent de la Division Géante de la Marine.
- Médecin de la Division Géante
Il faut dire que le médecin de la marine avait trouvé remarquable la dextérité avec laquelle le géant Rastignac avait soigné ses hommes. Il lui expliqua qu'il aurait aimé avoir la même dextérité pour soigner les gens de notre race mais que poser des pansements de plusieurs mètres et opérer des cœurs de la taille d'un petit voilier, n'était pas si facile. Rastignac se montra très intéressé par cette histoire de Division Géante de la Marine. Pas pour le côté militaire de la chose mais plus pour le côté médical. Le médecin lui fit une offre afin de le faire enrôler dans la marine. Avec ses capacités et les moyens de la Marine, ils pourraient monter une unité médicale mobile très efficace. De plus le suivi médical des géants serait enfin fait par quelqu'un de compétent en la matière.
Après quelques mois de réflexion, Rastignac céda une nouvelle fois à l'aventure et à la découverte de ses congénères expatriés depuis des lustres. Rastignac signa en 1620 son acte d'enrôlement dans la brigade scientifique de la Marine. Son intégration fut très facile, il fut accueilli chaleureusement par nos frères qui lui offrirent une hachette sculptée en guise de cadeau de bienvenue. La section scientifique se montra aussi très astucieuse et bienfaitrice en fabriquant un hôpital mobile haut de trois étages que Rastignac pourrait porter sur son dos. On y affecta un médecin et deux infirmières ainsi qu'une barge pour le transport. Et c'est ainsi que Rastignac reprit la mer, à la demande de la marine, il peut intervenir partout et rapidement pour soigner le personnel, civil comme militaire. Le reste du temps, basé auprès des géants, il assure leur suivi médical.
>> Test RP
- C'est pas la taille qui compte..
Parfois, nous sommes condamnés à revivre des situations difficiles, des situations qui sont insurmontables, ce genre de situation qui vous donne deux alternatives, fuir ou faire face. Dans mon cas, je dois avouer que le premier choix a été omniprésent durant cette épreuve mais je ne sais pourquoi, je suis resté là, immobile, le dos voûté à observer le sol. Enfin.. pas vraiment le sol mais les deux enfants que le destin avait mit entre mes mains géantes. Ironie de la situation, j'étais le mieux placé sur cette île pour soigner ce petit bonhomme mais paradoxalement, j'étais dans l'incapacité de le faire, un petit gros souci technique m'en empêchait.
Demandez moi de recoudre des Rois des mers, demandez moi de faire un quadruple pontage sur un Géant, demandez moi de panser des dinosaures ou des fauves sauvages, demandez moi de remettre une épaule démise sur un humain, demandez moi ce que vous voulez mais par pitié ! Ne me demandez pas d'opérer des enfants humains, ils sont trop minuscules !
Mettez vous à ma place, le cœur d'un humain bien constitué n'est pas plus grand qu'un ongle de petit doigt de pied pour vous ! Divisez ceci par deux et vous aurez la dimension d'un cœur d'enfant. Bref, vous avez compris le message, je ne peux pas opérer ce genre de patient. J'ai déjà essayé.. croyez le moi.. il ne vaut mieux pas que j'opère..
Sauf que là, ce jour là, devant ces deux enfants, il n'y avait pas moyen de reculer. Je ne me souviens plus de leurs noms mais c'était une sœur et un frère, le frère avait reçu une balle perdue durant une bataille entre Marine et Révolutionnaires, dommage collatéral comme le disent les rapports. La sœur, plutôt vif d'esprit pour son âge avait remarqué la grosse croix rouge sur mon épaule et elle m'avait apporté son frère agonisant. Le diagnostic vitale était engagé, l'hémorragie était importante. Lui, je l'ai tout de suite calmé par un puissant sédatif, il souffrait beaucoup, un peu moins après la piqûre.
J'ai failli faire de même avec la sœur qui commençait à péter les plombs, le choc, le contre coup, l'adrénaline, un dangereux cocktail. J'aurai fait une grosse boulette si je l'avais fait mais ne me demandez pas pourquoi, j'ai essayé de la raisonner, de la calmer et de la rassurer. Sur le coup, rien à faire, elle pleurait comme un robinet ouvert, c'était angoissant, mais pas prioritaire. J'ai enfilé mes lunettes et j'ai commencé à me pencher sérieusement sur le petit. J'ai beau avoir une concentration extrême, les pleurs de la fille arrivait à passer ma barrière et à m'envahir la tête. Après un rapide coup d’œil (merci le gros zoom) j'ai vu que la balle l'avait percé de part en part, comme dans du beurre. Le trou d'entrée était propre et net mais à l'arrière, c'était vraiment très moche. J'ai cherché des yeux un collègue, un infirmier, un soldat pour m'aider à soigner ce petit. Je suis grand, je vois loin et pourtant, ce jour là, je n'ai trouvé personne, personne à part sa sœur.
Mon expérience parlait pour moi, inconsciemment je checkais ce qu'il y avait à faire et dans quel ordre. Le petit gars changeait de couleur à vue d’œil, si je tergiversais plus longtemps, le seul accessoire dont j'aurai besoin pour m'occuper de lui allait être un sac mortuaire. Je n'ai même pas essayé d'intervenir directement sur lui, je connaissais d'avance le résultat, du coup, j'ai demandé à sa sœur de m'aider. Au début, elle pleurait, quand j'ai essayé de la choquer pour la faire redescendre avec des phrases du genre "si tu m'écoutes pas, ton frère va y rester" mais le résultat était encore pire, je ne pensais pas qu'on pouvait pleurer autant avec un si petit corps. Du coup j'ai tenté la méthode gentil, conciliateur, calme et rassurant, lui donnant espoir. Ça prend plus de temps mais ça semblait marcher, elle allait presque pouvoir faire quelque chose avec ses mains, autre que se racler le nez pour essuyer la morve j'entends.
Sur un cas comme ça, on aimerait une super salle stérile, des conditions d'hygiène excellente, trois assistants.. Moi, j'avais de l'alcool à désinfecter et une môme de 8 ans qui allait devoir clamper son frère et le stabiliser avant de le recoudre, tout un programme.
J'ai attrapé le gosse, fichu sur un lit de camp qui traînait dans ma sacoche, j'ai tenté de désinfecter les mains de sa sœur et les abords de la plaie. J'ai doublé la dose de sédatif et cette fois le petit est parti faire un long voyage au pays des rêves. La première chose à faire était d'élargir le trou d'entrée pour pouvoir clamper en toute sécurité l'artère qui ruisselait. On avait moins d'une minute, elle avait moins d'une minute, je lui ai demandé d’inciser son frère, elle m'a demandé ce que ça voulait dire, j'ai corrigé, je lui ai demandé de couper son frère de haut en bas avec cette petite lame. Vous savez ce quelle m'a répondu ?
Je sais pas me servir d'un couteau, c'est maman qui coupe ma viande.
Mignonne va. J'ai esquissé un sourire puis je lui ai montré rapidement comment faire sur moi, elle a demandé si il allait avoir mal, j'ai répondu qu'il ne sentait plus rien, quelle pouvait y aller. Elle a hésité, je voyais les secondes s'écouler à vitesse grand V, elle a fini par le faire. A peine ouvert, j'ai désigné le clamp, elle l'a pris et je lui ai dit quoi faire. Elle l'a fait, mal, mais elle l'a fait. On l'a replacé trois fois et durant tout ce temps, j'étais déjà entrain de perfuser le petit, je suis donneur universel, la chance non ?
J'ai écouté le cœur, son murmure vésiculaire, etc.. Tout semblait bien, néanmoins, c'était vraiment du provisoire, un clamp, c'est juste une pince qui empêche qu'on se vide, par contre, il y a une artère qui n'est plus irrigué et ça, c'est moyen. J'ai félicité sa frangine pour son courage, elle s'est remise à pleurer quand elle a vue le sang sur ses mains. J'ai abandonné l'idée de lui demander autre chose, je les ai agrippé tout les deux et je les ai conduis à l’hôpital de campagne. Des lits de camps avec des blessés dessus étaient stationnés tout autour, l'infirmière faisait le tour avec des calmants et autres médicaments. J'ai déposé le petit gars à mon collègue toubib qui l'a prit en charge et la fille à l'infirmière. Moi j'ai une bu une grosse gorgée d'alcool et je suis reparti en ville voir si ils avaient fini de s’entre tuer.
Le petit gars n'a pas survécu, malgré la transfusion et l'arrêt de hémorragie, il était trop gravement touché, la fille, je ne sais pas ce quelle est devenue. J'essaye de ne pas être triste, même quand on fait de notre mieux, parfois, ça ne suffit pas. Voilà pourquoi j'avance, pourquoi je ne regarde pas en arrière car je sais que si je me retourne, je verrais ce petit bonhomme et beaucoup d'autres...
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