La fumée te revient dans la gueule, chatouille tes sens et enveloppe la masse difforme de ton visage. Il est là, il te souffle dessus, tirant sur la fraise incandescente de son immonde cigarette. Il est assis sur tu-ne-sais-trop-quoi, mais il te regarde. Tu peux sentir ses petits yeux mesquins se river sur toi alors qu'il assiste à ton réveil difficile. C'est un sourire immaculé qui se dessine sur son faciès funeste. Des dents blanches, des dents de menteur. T'as envie de les casser, hein ? Pourtant, tu sens autre chose. Un parfum particulier peut-être. Tu sens que tes bras s'étirent encore et encore. Sans fin. Et lui, il est là à te regarder. À te sourire. Pourtant. Pourtant il est différent des autres. Cette fumée, elle est différente. Ce n'est pas celle que l'on te souffle au visage pour te rappeler ta captivité. Ce n'est pas celle, suave et poisseuse, qui s'échappe des gueules d'éclopés qui se pavanent devant la tienne. Alors tu remontes les yeux, tu vois son habit. Flou, mais de plus en plus distinct. La pénombre trône en maîtresse incontestée de ton royaume de souffrance. C'est l'odeur du sang qui frappe tes sens, bien avant les détails de son attirail. Du sang, ici ? Tu vois le liquide qui trempe ses bottes, qui s'épanche autour de lui, auréolant ce triste sire d'une aura sinistre. Une évidence, il n'est pas ici pour te torture. Mais par dessus tout ça, une fragrance trône. C'est mêlé à la fumée, tu le sens et le sais. C'est puissant, implacable. Tu l'as déjà senti, avant, tu te souviens ? Est-ce en vertu d'une ancienne querelle qu'il est là ? Est-il venu achever la raillerie de Igor, en mettant fin à tes jours ?
Probablement, il empeste la chair putréfiée. Tu le perçois ça aussi. Et puis tu tires sur tes chaînes, ça aide toujours. C'est lui qui ricane ? C'est lui qui se fout ouvertement de ta gueule. Il te toise et laisse tomber sa clope dans le sang. Un crépitement s'ensuit, alors que la seule lumière qui éclairait son visage disparaît, le rendant à la pénombre. Pourtant il reste là à te scruter. Pourquoi il est là ? Pourquoi il agit pas ? Sa seule réponse réside en la flamme qu'il tire de son briquet en acajou. Il fait apparaître une autre cigarette, l'allume. Cette fois, tu le vois. Sous la capuche, sous les vêtements noirs et argents. Ses armes luisent autant que ses pupilles. Moins que son sourire satisfait. Il attends que tu te réveilles, c'est ça. Il assiste à ton retour parmi les hommes et il rit. Il rit de te voir muselé, toi le dantesque. Pourquoi ne t'a-t-il pas tué ? Une ancienne histoire, peut-être te fait-elle sourire, peut-être l'homme qui est mort à tes pieds ce soir là te ramène à la réalité. Tu sais qui il est. Pourtant, ce soir il te montre son visage. Alors tu te souviens, de cette odeur. De l'odeur de sa fumée. De lui. Mais tu n'est pas le seul à te souvenir.
"Judas."
Ce n'est qu'un mot, mais il le profère avec une telle conviction que tu t'en souviens. De ton nom. L'assassin se lève, s'avance vers toi. Même en étant debout, il te surpasses difficilement. Pourtant, il tend la main. Le premier cliquetis libère ton bras d'une gaine de fer qui n'avait que trop tiré dessus. Puis il fait de même avec l'autre côté. Tu tombes. Tu passes à travers lui, à genoux. Sa cigarette lui borde la bouche, point incandescent aux abords de ta conscience. Il est là, l'assassin qui vient de te libérer.
"Dis moi, que fais-tu ici, Judas ?"
Ce n'est pas une question, c'est un ordre. Il sait les proférer avec un ton mielleux qui ne laisse aucune équivoque. Tu sais que c'est un tueur méthodique, implacable. Un homme avec qui tu as déjà travaillé, te souviens-tu ? Assurément. Lui aussi. Mais lui n'oublie pas, n'oublie rien. Ton visage, il l'a en mémoire depuis cette nuit. Comme tous ceux qui ont pu sombrer sous sa main. Peut-être ferais-tu mieux de lui répondre, il est ton sauveur après tout. Peut-être oserais-tu lui demander ce qu'un être de son acabit fait ici, dans les profondeurs de la plus glauque des caves de Goa ...
Probablement, il empeste la chair putréfiée. Tu le perçois ça aussi. Et puis tu tires sur tes chaînes, ça aide toujours. C'est lui qui ricane ? C'est lui qui se fout ouvertement de ta gueule. Il te toise et laisse tomber sa clope dans le sang. Un crépitement s'ensuit, alors que la seule lumière qui éclairait son visage disparaît, le rendant à la pénombre. Pourtant il reste là à te scruter. Pourquoi il est là ? Pourquoi il agit pas ? Sa seule réponse réside en la flamme qu'il tire de son briquet en acajou. Il fait apparaître une autre cigarette, l'allume. Cette fois, tu le vois. Sous la capuche, sous les vêtements noirs et argents. Ses armes luisent autant que ses pupilles. Moins que son sourire satisfait. Il attends que tu te réveilles, c'est ça. Il assiste à ton retour parmi les hommes et il rit. Il rit de te voir muselé, toi le dantesque. Pourquoi ne t'a-t-il pas tué ? Une ancienne histoire, peut-être te fait-elle sourire, peut-être l'homme qui est mort à tes pieds ce soir là te ramène à la réalité. Tu sais qui il est. Pourtant, ce soir il te montre son visage. Alors tu te souviens, de cette odeur. De l'odeur de sa fumée. De lui. Mais tu n'est pas le seul à te souvenir.
"Judas."
Ce n'est qu'un mot, mais il le profère avec une telle conviction que tu t'en souviens. De ton nom. L'assassin se lève, s'avance vers toi. Même en étant debout, il te surpasses difficilement. Pourtant, il tend la main. Le premier cliquetis libère ton bras d'une gaine de fer qui n'avait que trop tiré dessus. Puis il fait de même avec l'autre côté. Tu tombes. Tu passes à travers lui, à genoux. Sa cigarette lui borde la bouche, point incandescent aux abords de ta conscience. Il est là, l'assassin qui vient de te libérer.
"Dis moi, que fais-tu ici, Judas ?"
Ce n'est pas une question, c'est un ordre. Il sait les proférer avec un ton mielleux qui ne laisse aucune équivoque. Tu sais que c'est un tueur méthodique, implacable. Un homme avec qui tu as déjà travaillé, te souviens-tu ? Assurément. Lui aussi. Mais lui n'oublie pas, n'oublie rien. Ton visage, il l'a en mémoire depuis cette nuit. Comme tous ceux qui ont pu sombrer sous sa main. Peut-être ferais-tu mieux de lui répondre, il est ton sauveur après tout. Peut-être oserais-tu lui demander ce qu'un être de son acabit fait ici, dans les profondeurs de la plus glauque des caves de Goa ...