[hrp : on arrive d'ici]
Jour 3 - nuit.
Le bal masqué du Prince Eirikr. Un vaste blague érigée en l'honneur de l'opulence et du stupre. Rafael n'y était invité à proprement dit, mais il avait trouvé les effets indiqués par le prince à l'endroit convenu. Une dalle non solidaire, non loin des remparts de High Town. Il n'avait eu qu'à revêtir le masque, retenir le mot de passe et se faufiler parmi les gardes durant la nuit. Usant de son fruit et de son mantra, l'entreprise ne fut pas difficile. Il arriva ainsi non loin du palais, marchant paisiblement jusqu'à faire face à deux gardes. Son masque bien en vue et le mot de passe en tête, il passa sans soucis, se faisant escorter par la suite jusqu'aux quartiers du prince, où la musique et les chants berçaient déjà l'assemblée. L'assassin passa la porte, pour se retrouver au milieu d'une fête glauque. La Noblesse de Goa. Les tentures étaient d'un ocre dépassé, les décorations d'un style gothique écoeurant. Mais ce n'était pas cela qui le perturbait le plus. Cette odeur moite et doucereuse, ces corps enchevêtrés dans une débauche insipide. Un feu, des tapis à n'en plus finir. Des trophées d'animaux de tous les côtés, des richesses à n'en plus pouvoir, à n'en plus vouloir. Un homme se fendit d'une révérence en l'accueillant, l'invitant à s'avancer vers la table centrale qui accueillait maints mets. L'assassin lui répondit d'un sourire, se sentant d'humeur particulièrement ... assassine. Il se dirigea vers le buffet, laissant sa main gantée, sa main de fumée, glisser sur le repas élaboré au détriment du peuple de Goa, qui se morfondait dans la fange et la vermine. Il passa sur les couverts, réprimant ces pulsions meurtrières qui le prenaient en de pareilles circonstances. Grim avait raison, ce n'était pas chose à laquelle on pouvait se soustraire. Les cinq ou dix premières fois, on regrettait. On prenait sur soi et redoutait la prochaine mise à mort. Mais après, il tuait en pensant à son repas du soir, il s'était détaché de ce monde de chair et de sang pour se fondre dans son rôle d'arme bien pensante. Un rictus amusé s'empara de ses traits, alors qu'il avisait le contenu des plats. Des mets raffinés s'il en était. Dire que cela ne l'attirait pas serait mentir. Mais il n'était pas homme à se repaître d'un tel luxe sans s'en sentir coupable.
Une femme s'approcha de lui, sous un masque rouge sang. Son opulente chevelure brune tombait sur ses épaules dénudées, auréolant à peine ses formes alléchantes. Un oeil sur la douce créature permis à l'assassin d'en saisir la pénible superficialité. Elle passa, posa une main sur ton torse avant de s'en aller en se frottant juste à peine contre lui. Un parfum alléchant. Celui de la mort promise. La musique était hypnotisante, n'ajoutant que du malaise à cet endroit déjà bouffi par les péchés de cette espèce décadente. Rafael soupira, réprimant un frisson glacé lui courant dans le dos. Des vapeur enivrantes émanaient des différents braséros disposés ça et là dans la pièce. Des drogues destinée à éveiller les sens et émousser l'esprit. D'un geste, il écarta le filet de fumée qui se dirigeait vers lui, le forçant à rester à côté des braises. Hors de question de se laisser distraire. La colère qui battait dans sa poitrine suffisait à le garder sur le droit chemin. Il s'avança vers les quelques fauteuils assemblés devant le feu, où Eirikr trônait, en compagnie de plusieurs jeunes demoiselles. Une esclave était à ses pieds, les larmes souillant son visage marqué par le fer. Un nouveau frisson de rage s'empara de l'assassin. Chaque chose en son temps. Il s'assit sans un bruit, juste au bord du champ de vision du prince. Celui-ci riait aux éclats, son pourpoint immaculé constellé de tâche carmines, du vin qu'il renversait en essayant de le boire. Les festivités étaient plus qu'entamées. Lorsqu'il s'aperçu enfin de sa présent, le prince le salua d'un rapide clin d'oeil. Puis il lui indiqua l'étage d'un signe de tête avant de reprendre son récit sur les aventures marines de son aïeul, semblant étrangement captiver la foule féminine. De jeunes nobles qui rêvaient de l'attention du Prince. Caste décadente. L'assassin soupira, puis se fondit dans le rôle.
"Désolé, l'ami. Personne ne passe, ordre de la Princesse." tonna le garde, barrant la route de sa lance.
"Oh, désolé, je pensais que tout le manoir était libre d'accès ... auriez-vous juste l'amabilité de m'indiquer les sanitaires ?" répliqua l'ivrogne, renversant un peu de son vin à terre.
Le soldat secoua la tête puis montra l'opposée du couloir, indiquant une direction que le pochtron s'efforça de suivre sans trop tanguer. Lorsqu'il s'en fut allé, il lâcha une blague graveleuse sur l'état de la noblesse à l'attention de son comparse. Les deux hommes rirent aux éclats, alors que l'ivrogne au masque d'argent tournait à l'angle du couloir. Derrière eux, une silhouette émergea des ombres, terminant sans bruit sa coupe de vin. L'assassin n'avait plus besoin de feintes aussi grossière depuis plusieurs années maintenant. Il sourit à la plaisanterie des gardes, estimant qu'ils avaient déjà assez de chance en cette soirée. Puis il se fondit de nouveau dans les ombres, se dirigeant vers la chambre de sa future victime. Il l'avait promise à l'homme-chien, mais il ne faisait pas grand cas de ce serment. Il aurait Anthony et la Reine, cela suffirait-il ? S'il mettait en place les évènements et qu'on accusait un noble, le bandit y croirait comme tous. Il ne lui avait pas réellement accordé les femmes. Et si celle-ci était jeune, elle était aussi victime de cette société. Non, ce n'était qu'un excuse aux yeux de Rafael. Le destin que leur accorderait l'homme-chien serait mille fois pire que la pire des morts. Cherchait-il à faire un acte de piété ? Peut-être. Ou alors la dague qu'il serrait fermement entre ses doigts réclamait le sang. Et il avait une envie monstrueuse de la satisfaire. Non, pas encore Rafael. Tu étais passé à travers ça, tu te dominais à présent. Lui, cette autre facette. Pff. Pathétique. Lui, l'autre. C'était du pareil au même. Il raffermit sa prise sur son arme et disparut dans les ombres, se faufilant à travers l'encadrement d'une porte.
Agenouillé dans l'ombre, il prit le temps de d'écouter ce qu'il se passait autour de lui. Ses sens étaient en alerte, son visage masqué par un tout autre apparat que celui qu'Eirikr lui avait remis. Histoire de ne pas tout faire capoter si cela virait au drame. Des râles réguliers se firent entendre à son oreille, quelques pièces plus loin. Un sourire amusé se dessina sur ses traits, alors qu'il se relevait. Il rangea la lame à sa ceinture, se fiant à la seule lumière de la Lune pour se diriger. D'une main, l'assassin étendit sa fumée. Des minuscules tentacules grisâtres émanèrent de lui pour aller palper les alentours, agissant comme un sonar étendu de sa conscience. Pas de pièges, personne de caché. Il l'aurait su de toute manière. Il passa sa main sur la table, poussant négligemment les vêtements épars, ça et là. Il se déplaçait sans bruit, fouillant les recoins sans que les amants n'osent même le remarquer. Il s'avança vers la porte entrouverte, où le frémissement d'une flamme trahissait le mouvement des deux nobles. L'assassin s'avança sans frémir, sûr de sa mission et plaça son oeil dans la fente. Il fronça les sourcils, dans un premier temps, puis un sourire mesquin se dessina sur ses traits.
"Anthony ..." gémit la Princesse.
Répugnant. Ecoeurant. Si peu surprenant. L'assassin se redressa, regarda autour de lui. Bien, il était temps de mettre en jeu les choses. Il réajusta le masque, gonfla sa silhouette, se plaça dans la lumière. Sous son poids, une latte craque. Durant une fraction de seconde, les amants cessèrent leurs ébats. Maelia ramena la couverture à sa gorge dénudée et le prince s'empara de sa lame. Il se retourna et aperçut le masque qui les observait dans la pénombre. Sans prendre le temps de se rhabiller correctement, il s'empara de ses chausses pour masquer sa virilité et se rua à l'assaut du témoin. Trop tard. Insaisissable. Un masque de loup, orné de paillettes ocres et argentées.
L'homme au masque d'or dégustait une coupe de vin en compagnie du Prince Eirikr. Aucune expression sur son visage, sinon un petit sourire amusé. Ses yeux océans se perdaient dans les flammes de l'âtre, concernés par on ne savait quelle pensée. Il revint à lui pour boire une gorgée de son vin. Il n'était parti que quelques minutes, minutes d'une importance cruciale. Au jeu des trônes il fallait vaincre ou périr. Et ce soir, il venait de remuer la fourmilière. Ne restait plus qu'à frapper en son coeur d'une poigne mortelle et implacable. Il n'était qu'un homme parmi les autres, sa voix ne faisant qu'une avec le murmure ambiant des soupirants du Prince bellâtre. Ce n'était que pour l'arranger. Personne n'avait remarqué leur promiscuité, leurs échanges entendus. Eirikr était comme ça, avec tout le monde. Soirée masqué, égalité parmi les nobles. Mais toujours ce parfum écoeurant de stupre et de décadence. Par dessus tout, il y avait une nuance qui trônait. Comme l'odeur de goudron mouillé au prémices d'un orage. Comme l'air poisseux et enivrant d'un orage d'été . La promesse d'un sang bleu et frais recouvrant le tapis de cette demeure. Avec son propre frère, sa propre chair. Péché n'est point mortel. Du moins celui-là. Mais les petits jeux de la vierge de fer n'avaient que trop durés. Manipulation, coucheries. En d'autres temps, il aurait admiré sa volonté et sa perfidie. Mais sa réputation la précédait. Et ce soir, cela suffirait à la condamner.
"Je vais devoir vous quitter." déclara-t-il, soudainement.
Personne ne sembla l'entendre. Mais le hochement de tête du Prince lui répondit. Il ne savait pas encore qu'il allait devoir se confronter à la mort de sa soeur, mais quelque chose au fond de Rafael lui disait qu'il n'avait pas organisé tout cela pour rien. Ce blond indolent n'était pas en reste question mesquinerie. Il savait mener son petit monde et avait su leur donner un personnage à gober, tout autre de ce qu'il était en profondeur. Diantre, manœuvrer avec de telles créatures de vice, c'était fascinant. Excitant. L'assassin se leva, s'esquiva d'une révérence devant le masque de Lion à l'allure amusée. Son frère, lion d'émeraude n'était étrangement pas là. À se demander pourquoi. Un léger sourire se dessina sur les traits de Rafael, alors qu'il gagnait la cuisine, au profit d'un autre coin d'ombre. On cria dans la nuit. Pas assez fort, ni assez longtemps. Une pauvre femme dont le sang n'était, en fin de compte, pas si bleu. Et l'assassin revint de la cuisine avec une assiette de condiments, qu'il posa négligemment sur la table, y ayant à peine touché.
Les portes s'ouvrirent. L'homme au masque d'or s'écarta face au Roi masqué de noir. Loup ocre et argenté. Leurs regards s'accrochèrent, une fraction de seconde. Un instant qui sembla durer une éternité. Eternité qui n'ébranla aucun des deux. L'assassin s'esquiva, gagnant la nuit. Tournant le dos au Roi venu rendre hommage à la fête de débauche et de stupre de son insidieux fils.
Les derniers mots qu'elle avait entendu. Resquiescat in pace.
- thème:
Le bal masqué du Prince Eirikr. Un vaste blague érigée en l'honneur de l'opulence et du stupre. Rafael n'y était invité à proprement dit, mais il avait trouvé les effets indiqués par le prince à l'endroit convenu. Une dalle non solidaire, non loin des remparts de High Town. Il n'avait eu qu'à revêtir le masque, retenir le mot de passe et se faufiler parmi les gardes durant la nuit. Usant de son fruit et de son mantra, l'entreprise ne fut pas difficile. Il arriva ainsi non loin du palais, marchant paisiblement jusqu'à faire face à deux gardes. Son masque bien en vue et le mot de passe en tête, il passa sans soucis, se faisant escorter par la suite jusqu'aux quartiers du prince, où la musique et les chants berçaient déjà l'assemblée. L'assassin passa la porte, pour se retrouver au milieu d'une fête glauque. La Noblesse de Goa. Les tentures étaient d'un ocre dépassé, les décorations d'un style gothique écoeurant. Mais ce n'était pas cela qui le perturbait le plus. Cette odeur moite et doucereuse, ces corps enchevêtrés dans une débauche insipide. Un feu, des tapis à n'en plus finir. Des trophées d'animaux de tous les côtés, des richesses à n'en plus pouvoir, à n'en plus vouloir. Un homme se fendit d'une révérence en l'accueillant, l'invitant à s'avancer vers la table centrale qui accueillait maints mets. L'assassin lui répondit d'un sourire, se sentant d'humeur particulièrement ... assassine. Il se dirigea vers le buffet, laissant sa main gantée, sa main de fumée, glisser sur le repas élaboré au détriment du peuple de Goa, qui se morfondait dans la fange et la vermine. Il passa sur les couverts, réprimant ces pulsions meurtrières qui le prenaient en de pareilles circonstances. Grim avait raison, ce n'était pas chose à laquelle on pouvait se soustraire. Les cinq ou dix premières fois, on regrettait. On prenait sur soi et redoutait la prochaine mise à mort. Mais après, il tuait en pensant à son repas du soir, il s'était détaché de ce monde de chair et de sang pour se fondre dans son rôle d'arme bien pensante. Un rictus amusé s'empara de ses traits, alors qu'il avisait le contenu des plats. Des mets raffinés s'il en était. Dire que cela ne l'attirait pas serait mentir. Mais il n'était pas homme à se repaître d'un tel luxe sans s'en sentir coupable.
Une femme s'approcha de lui, sous un masque rouge sang. Son opulente chevelure brune tombait sur ses épaules dénudées, auréolant à peine ses formes alléchantes. Un oeil sur la douce créature permis à l'assassin d'en saisir la pénible superficialité. Elle passa, posa une main sur ton torse avant de s'en aller en se frottant juste à peine contre lui. Un parfum alléchant. Celui de la mort promise. La musique était hypnotisante, n'ajoutant que du malaise à cet endroit déjà bouffi par les péchés de cette espèce décadente. Rafael soupira, réprimant un frisson glacé lui courant dans le dos. Des vapeur enivrantes émanaient des différents braséros disposés ça et là dans la pièce. Des drogues destinée à éveiller les sens et émousser l'esprit. D'un geste, il écarta le filet de fumée qui se dirigeait vers lui, le forçant à rester à côté des braises. Hors de question de se laisser distraire. La colère qui battait dans sa poitrine suffisait à le garder sur le droit chemin. Il s'avança vers les quelques fauteuils assemblés devant le feu, où Eirikr trônait, en compagnie de plusieurs jeunes demoiselles. Une esclave était à ses pieds, les larmes souillant son visage marqué par le fer. Un nouveau frisson de rage s'empara de l'assassin. Chaque chose en son temps. Il s'assit sans un bruit, juste au bord du champ de vision du prince. Celui-ci riait aux éclats, son pourpoint immaculé constellé de tâche carmines, du vin qu'il renversait en essayant de le boire. Les festivités étaient plus qu'entamées. Lorsqu'il s'aperçu enfin de sa présent, le prince le salua d'un rapide clin d'oeil. Puis il lui indiqua l'étage d'un signe de tête avant de reprendre son récit sur les aventures marines de son aïeul, semblant étrangement captiver la foule féminine. De jeunes nobles qui rêvaient de l'attention du Prince. Caste décadente. L'assassin soupira, puis se fondit dans le rôle.
~~~
"Désolé, l'ami. Personne ne passe, ordre de la Princesse." tonna le garde, barrant la route de sa lance.
"Oh, désolé, je pensais que tout le manoir était libre d'accès ... auriez-vous juste l'amabilité de m'indiquer les sanitaires ?" répliqua l'ivrogne, renversant un peu de son vin à terre.
Le soldat secoua la tête puis montra l'opposée du couloir, indiquant une direction que le pochtron s'efforça de suivre sans trop tanguer. Lorsqu'il s'en fut allé, il lâcha une blague graveleuse sur l'état de la noblesse à l'attention de son comparse. Les deux hommes rirent aux éclats, alors que l'ivrogne au masque d'argent tournait à l'angle du couloir. Derrière eux, une silhouette émergea des ombres, terminant sans bruit sa coupe de vin. L'assassin n'avait plus besoin de feintes aussi grossière depuis plusieurs années maintenant. Il sourit à la plaisanterie des gardes, estimant qu'ils avaient déjà assez de chance en cette soirée. Puis il se fondit de nouveau dans les ombres, se dirigeant vers la chambre de sa future victime. Il l'avait promise à l'homme-chien, mais il ne faisait pas grand cas de ce serment. Il aurait Anthony et la Reine, cela suffirait-il ? S'il mettait en place les évènements et qu'on accusait un noble, le bandit y croirait comme tous. Il ne lui avait pas réellement accordé les femmes. Et si celle-ci était jeune, elle était aussi victime de cette société. Non, ce n'était qu'un excuse aux yeux de Rafael. Le destin que leur accorderait l'homme-chien serait mille fois pire que la pire des morts. Cherchait-il à faire un acte de piété ? Peut-être. Ou alors la dague qu'il serrait fermement entre ses doigts réclamait le sang. Et il avait une envie monstrueuse de la satisfaire. Non, pas encore Rafael. Tu étais passé à travers ça, tu te dominais à présent. Lui, cette autre facette. Pff. Pathétique. Lui, l'autre. C'était du pareil au même. Il raffermit sa prise sur son arme et disparut dans les ombres, se faufilant à travers l'encadrement d'une porte.
Agenouillé dans l'ombre, il prit le temps de d'écouter ce qu'il se passait autour de lui. Ses sens étaient en alerte, son visage masqué par un tout autre apparat que celui qu'Eirikr lui avait remis. Histoire de ne pas tout faire capoter si cela virait au drame. Des râles réguliers se firent entendre à son oreille, quelques pièces plus loin. Un sourire amusé se dessina sur ses traits, alors qu'il se relevait. Il rangea la lame à sa ceinture, se fiant à la seule lumière de la Lune pour se diriger. D'une main, l'assassin étendit sa fumée. Des minuscules tentacules grisâtres émanèrent de lui pour aller palper les alentours, agissant comme un sonar étendu de sa conscience. Pas de pièges, personne de caché. Il l'aurait su de toute manière. Il passa sa main sur la table, poussant négligemment les vêtements épars, ça et là. Il se déplaçait sans bruit, fouillant les recoins sans que les amants n'osent même le remarquer. Il s'avança vers la porte entrouverte, où le frémissement d'une flamme trahissait le mouvement des deux nobles. L'assassin s'avança sans frémir, sûr de sa mission et plaça son oeil dans la fente. Il fronça les sourcils, dans un premier temps, puis un sourire mesquin se dessina sur ses traits.
"Anthony ..." gémit la Princesse.
Répugnant. Ecoeurant. Si peu surprenant. L'assassin se redressa, regarda autour de lui. Bien, il était temps de mettre en jeu les choses. Il réajusta le masque, gonfla sa silhouette, se plaça dans la lumière. Sous son poids, une latte craque. Durant une fraction de seconde, les amants cessèrent leurs ébats. Maelia ramena la couverture à sa gorge dénudée et le prince s'empara de sa lame. Il se retourna et aperçut le masque qui les observait dans la pénombre. Sans prendre le temps de se rhabiller correctement, il s'empara de ses chausses pour masquer sa virilité et se rua à l'assaut du témoin. Trop tard. Insaisissable. Un masque de loup, orné de paillettes ocres et argentées.
~~~
L'homme au masque d'or dégustait une coupe de vin en compagnie du Prince Eirikr. Aucune expression sur son visage, sinon un petit sourire amusé. Ses yeux océans se perdaient dans les flammes de l'âtre, concernés par on ne savait quelle pensée. Il revint à lui pour boire une gorgée de son vin. Il n'était parti que quelques minutes, minutes d'une importance cruciale. Au jeu des trônes il fallait vaincre ou périr. Et ce soir, il venait de remuer la fourmilière. Ne restait plus qu'à frapper en son coeur d'une poigne mortelle et implacable. Il n'était qu'un homme parmi les autres, sa voix ne faisant qu'une avec le murmure ambiant des soupirants du Prince bellâtre. Ce n'était que pour l'arranger. Personne n'avait remarqué leur promiscuité, leurs échanges entendus. Eirikr était comme ça, avec tout le monde. Soirée masqué, égalité parmi les nobles. Mais toujours ce parfum écoeurant de stupre et de décadence. Par dessus tout, il y avait une nuance qui trônait. Comme l'odeur de goudron mouillé au prémices d'un orage. Comme l'air poisseux et enivrant d'un orage d'été . La promesse d'un sang bleu et frais recouvrant le tapis de cette demeure. Avec son propre frère, sa propre chair. Péché n'est point mortel. Du moins celui-là. Mais les petits jeux de la vierge de fer n'avaient que trop durés. Manipulation, coucheries. En d'autres temps, il aurait admiré sa volonté et sa perfidie. Mais sa réputation la précédait. Et ce soir, cela suffirait à la condamner.
"Je vais devoir vous quitter." déclara-t-il, soudainement.
Personne ne sembla l'entendre. Mais le hochement de tête du Prince lui répondit. Il ne savait pas encore qu'il allait devoir se confronter à la mort de sa soeur, mais quelque chose au fond de Rafael lui disait qu'il n'avait pas organisé tout cela pour rien. Ce blond indolent n'était pas en reste question mesquinerie. Il savait mener son petit monde et avait su leur donner un personnage à gober, tout autre de ce qu'il était en profondeur. Diantre, manœuvrer avec de telles créatures de vice, c'était fascinant. Excitant. L'assassin se leva, s'esquiva d'une révérence devant le masque de Lion à l'allure amusée. Son frère, lion d'émeraude n'était étrangement pas là. À se demander pourquoi. Un léger sourire se dessina sur les traits de Rafael, alors qu'il gagnait la cuisine, au profit d'un autre coin d'ombre. On cria dans la nuit. Pas assez fort, ni assez longtemps. Une pauvre femme dont le sang n'était, en fin de compte, pas si bleu. Et l'assassin revint de la cuisine avec une assiette de condiments, qu'il posa négligemment sur la table, y ayant à peine touché.
Les portes s'ouvrirent. L'homme au masque d'or s'écarta face au Roi masqué de noir. Loup ocre et argenté. Leurs regards s'accrochèrent, une fraction de seconde. Un instant qui sembla durer une éternité. Eternité qui n'ébranla aucun des deux. L'assassin s'esquiva, gagnant la nuit. Tournant le dos au Roi venu rendre hommage à la fête de débauche et de stupre de son insidieux fils.
Les derniers mots qu'elle avait entendu. Resquiescat in pace.