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Sixième chapitre ; Nouvelles résolutions, nouveau départ ! [Solo]

    Premier jour ~


    Whiskey Peak : Aucun mort, aucun blessé, aucune disparition. Un passage tranquille.

    Little Garden : Une vingtaine de morts et une dizaine de soldats disparus.

    Drum : A peu près cinquante morts. Une bonne vingtaine de soldats disparus.

    Quelle déception. En seulement trois îles, j’avais perdu plus d’un quart de mon équipage. Plus d’un quart ! Des chiffres qui me faisaient beaucoup culpabiliser depuis notre départ de l’île enneigée de Drum. Une situation assez déplorable. Enfouissant ma tête dans mes bras, j’eus un soupir. Un long soupir. Le genre qui en disait long sur mes états d’âmes. La mort était certes l’un des nombreux risques de la vie d’un soldat, mais je ne pouvais pas m’empêcher de m’en vouloir. Contrairement à d’autres officiers de notre faction, j’étais loin de considérer mes hommes comme de la chair à canon. Les rhinos étaient plus que ça. Plus que des frères d’armes. Tout simplement une famille. Une vraie et une indivisible famille. En tant que haut gradé de la marine et soldat expérimenté, je savais à quoi m’en tenir, mais rien n’y faisait. Chaque perte m’affectait toujours autant. Je faisais un grand effort pour enfouir cette tristesse au fond de moi, mais elle était parfois tellement grande et envahissante, que mes éléments n’avaient aucun mal à me percer à jour. Après tout, ces mêmes personnes me suivaient depuis des années et avaient plus ou moins appris à me connaitre. Un avantage qui s’avérait être un inconvénient puisque mes sentiments influaient fortement sur les leurs.  

    Il me fallait donc changer. Impérativement. Rapidement. De la meilleure des manières, surtout. Il me fallait également devenir plus fort, plus décisif dans les grandes batailles. Ma prestation sur Drum avait été ridicule, insignifiante. J’avais encore en tête, ma lourde défaite face à cet enfoiré d’Ombre. Parfois même, ce combat me faisait faire des cauchemars et pas des moindres. Pas plus tard qu’avant-hier, je me revoyais me réveiller en hurlant comme un fou après un énième mauvais rêve. Ce même cri avait affolé la pauvre infirmière avec qui j’avais passé la nuit. Heureusement encore qu’elle avait les nerfs solides, sans quoi elle se serait sauvée en hurlant à son tour, un peu comme une mijaurée des hautes sphères face à une petite bestiole de rien du tout. Cette comparaison me fit sourire, mais au bout de quelques secondes, ce sourire s’effaça très rapidement. Il n’y avait pas de doutes possibles. Je m’étais reposé sur mes lauriers depuis un bon moment maintenant. Après avoir réussi à trancher le diamant comme du beurre, je n’avais plus cherché à affiner mes attaques, à les rendre plus dangereuses que jamais. Les décès que nous avions essuyés étaient le résultat de mon manque d’entrainement et d’initiatives. Rectifier le tir était impératif pour la suite de nos aventures.

    Mais bien avant de peaufiner mon art de l’escrime, il me fallait aiguiser mon nouveau talent. Ce don du ciel. Un pouvoir que seules les élites bénéficiaient dans ce bas monde. Le Haki ! La couleur du mien était celle de l’observation. En soi, ce n’était peut-être pas le plus incisif parmi tous les autres hakis, mais il n’en demeurait pas moins efficace. L’acquérir serait déjà un bon moyen de progresser, mais encore que pour le faire rapidement, il me fallait un maitre. Quelqu’un qui le maitriserait déjà sans trop de problèmes. Cependant et malheureusement, personne ne l’avait dans les environs. Manque de bol, Oswald et Lilou avaient des couleurs de haki assez différentes des miennes. Ils maitrisaient tous deux l’armement. Encore un don assez particulier. Utile contre les logias surtout. En parlant de logias, j’eus une pensée pour ce satané Rafaelo qui avait réussi à s’échapper avec l’autre pouffiasse de Céline. Encore un problème interne qui mettait en exergue les failles de la sécurité sur ce navire géant. Une difficulté récurrente qui commençait sérieusement à m’agacer. C’est dire que toutes les mesures que nous avions prises récemment étaient vaines. C’est dire que les mots qu’ils m’avaient adressé n’étaient point vide de sens. La révolution. Un poison dans tous les sens du terme, je vous jure.

    Pour me calmer et ne plus penser à ces soucis plus emmerdants les uns que les autres, j’allumai une clope, avant de me lever et me diriger vers le hublot de la pièce. Dehors, il faisait bon vivre. Le port d’Alabasta grouillait de monde et comme d’habitude, le soleil était haut dans le ciel. Un temps idéal pour sortir, pour s’amuser, pour vaquer à de saines occupations. Concrètement, je n’avais plus de paperasses à voir –Pour la première fois de ma vie. Il me restait seulement à régler deux trois petits détails concernant la sécurité sur le Léviathan et c’était bon. Tout en marchant dans les couloirs de cet immense navire, je nourrissais doucement l’envie de fouler le sol de cette île, mais mes responsabilités au sein du Léviathan m’obligeaient à rester à bord. Si Rafaelo avait été capable de s’enfuir sans problèmes, qui sait ce qui arriverait si jamais je quittais le bateau, même pour un petit moment. De plus, je songeais fortement à reprendre mes entrainements. Plus les secondes s’égrenaient, et plus l’obtention complète du haki m’obsédait. Une fois sur le pont, j’inspirai un grand coup, avant de prendre une décision qui ne plairait surement pas au staff médical : Dès demain, je recommencerai l’entrainement ! Avec ou sans maitre, il était plus que temps. Temps de dompter ce pouvoir.



Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 13 Aoû 2013 - 11:56, édité 1 fois

      Deuxième jour ~

      - H… Hé ! Depuis quand il est assis là-bas ?

      - J’en sais rien… Une heure peut-être…


      - Il est hyper matinal aujourd’hui…

      - Tu crois qu’il a un problème ?

      Les murmures allaient de bon train, entre les soldats qui défilaient çà et là sur le gigantesque pont du Léviathan. Et ces murmures-là, je les entendais très clairement. Distinctement même. Un peu comme si ces gens me parlaient ouvertement, alors qu’ils étaient à quelques mètres de moi et qu’ils chuchotaient entre eux. De ce fait, j’eus un sourire amusé au coin des lèvres. Ma présence et ma posture (Position du Lotus) sur la proue du navire les intriguait énormément, c’était clair comme de l’eau de roche. Sauf que ce qui s’apparentait à une méditation/relaxation était en fait un sérieux entrainement. Depuis Little Garden, il m’était possible d’entendre « les voix ». Dans le temps, mon champ d’action était limité, mais plus je me concentrais et plus j’arrivais à l’étendre selon mon bon vouloir. Tout était maintenant une question de pratique et de patience. Encore quelques jours et j’étais sûr que je maitriserais ce haki à peu près correctement. Après tout, cela faisait maintenant plus d’un an que je l’avais sous une forme brute. Mon but était maintenant de le polir, le tailler, l’aiguiser à ma convenance pour qu’il puisse me servir correctement. Un combattant de ma trempe avec le haki de l’observation, ne pourrait être que plus efficace sur le terrain.

      D’un autre point de vue, ce haki n’était pas utile qu’au combat. Là, il me permettait également de me tenir au courant de quelques ragots ou même certaines nouvelles. Je pouvais dorénavant m’approcher discrètement de l’infirmerie et écouter ce que les infirmières se racontaient ou ce qu’elles prévoyaient de faire. Un pouvoir excellentissime pour mener à bien mes habituelles opérations de séductions ! Eh oui ! C’était tout bénef’, comme on dit ! L’idée folle concernant mes plans de drague avait fini par me faire pouffer de rire, ce qui attira l’attention de certains de mes hommes, mais je fis vite de me reconcentrer pour percevoir ce qu’ils disaient. Lorsqu’ils étaient silencieux -Ce qui arrivait pendant quelques minutes-, je focalisais alors mon esprit vers les fonds marins. Enfin… Les fonds marins, c’était vite dit. Disons alors à la surface de l’eau. En suivant des yeux un banc de poissons, je m’amusais à lire sa trajectoire comme une vraie voyante lirait l’avenir d’un individu lambda. Leur parcours se traçait sous mes yeux, avant que les concernés finissent par emprunter la voie que j’avais deviné, que j’avais vu, un peu comme une forte prémonition. Seul dans mon coin, j’étais donc littéralement émerveillé par une telle puissance et c’était peu de le dire.

      Le soleil finit par se lever, et il pointa rapidement très haut dans le ciel. Le brouhaha devint rapidement effectif. Tout comme l’ensemble du port dans lequel nous avions accosté, le Léviathan s’anima rapidement. La brise fraiche du matin avait laissé place à une chaleur insupportable aussi bien pour les locaux que pour les étrangers. Un lieu vivant, pour sûr. Sous ce soleil de plomb, je ne perdis point ma concentration, bien au contraire même. Toujours assis en taille, je n’avais fait qu’un avec la nature environnante et j’avais enfin réussi à avoir pour moi, cette part du haki. Mon entrainement ne manqua pas d’attirer le regard et l’attention de nombreuses personnes. Devant le Léviathan, une foule nombreuse s’était formée. Une foule composée en majorité de belles femmes qui n’arrêtaient pas de glousser et de crier mon nom comme des groupies prêtes à assiéger le Léviathan pour avoir mes faveurs. Des fans, -Notamment dans la gente féminine-, j’en avais énormément. Cependant, je demeurais imperturbable et immobile avec mes yeux clos et ma légère respiration. Encore un peu de temps et c’était bon. Mais bientôt, les rayons du soleil devinrent insupportables, sans compter que je ressentais des crampes, vu que je n’avais bougé depuis des heures…

      C’est à ce moment précis que je sentis une présence derrière-moi grâce au haki. Ma cousine était tout près. Sans me retourner, je la sentais grimper sur la proue et je devinais à l’avance, l’une de ses mains posée sur mon épaule droite. Lorsque mes prémonitions se concrétisèrent, j’eus un sourire. Maitriser cet aspect de mon haki était déjà un grand pas en avant qui me comblait de bonheur. Aux yeux de plusieurs personnes, cette performance pouvait s’avérer être encore médiocre, mais pour ma part, il m’en fallait peu pour heureux. « Tu as une minute ? » Sa voix m’obligea à ouvrir les yeux et à bouger ma tête pour l’observer. L’astre solaire agressa légèrement mes yeux, mais ce fut de courte durée. Lorsque mon regard fut net, j’aperçus la mine inquiète de ma cousine qui ne me dit rien qui vaille. Quand elle était autant soucieuse, c’est qu’il y avait un problème grave. « Allons à l’intérieur. On sera bien mieux pour discuter ». Sans piper mot, j’acquiesçai, fit un signe de main à l’assemblée devant le Léviathan et me levai dans le but de rentrer dans mes quartiers. Ce simple geste de la main que j’avais effectué, avait suffi à rendre les jeunes filles hystériques, puisqu’elles poussèrent des cris surpuissants qui me firent soupirer. C’était de pire en pire, je vous jure.


    Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 13 Aoû 2013 - 11:57, édité 1 fois

        Quelques instants plus tard...

        - Prison à vie ? Tu en es sûre ?

        - Oui. J’ai enregistré le procès. Assieds-toi, je te fais voir ça.

        Alors que je me caressais le menton d’un air réfléchi, Ketsuno s’affairait à passer l’enregistrement du procès sur l’écran géant de la salle de réunion du Léviathan. Le contre-amiral Toji, condamné à la prison à vie ? Drôle de nouvelles, je puis vous l’assurer. Ce n’était pas que j’aimais spécialement ce personnage, mais savoir qu’un haut gradé de notre faction risquait la détention criminelle à perpétuité me faisait quelque chose. Le monde entier se rendait compte des failles de la marine, et les révolutionnaires étaient sans aucun doute en train de rigoler à l’heure actuelle. Oui. Ce procès n’était en aucun cas valorisant pour notre camp, quand on y regardait de plus près. Il me fallait donc suivre ce procès pour savoir de quoi on l’accusait, même si j’avais une petite idée des crasses qu’un tel être pouvait perpétrer. Après tout, ce salopard m’avait escroqué par le passé et d’une manière ou d’une autre, c’était bien fait pour sa gueule. Cependant, une partie de moi n’aimait pas cette situation. Toji avait beau être un criminel, mais il n’en demeurait pas moins qu’il m’avait sauvé la vie une fois. C’est dire que je n’aurai plus jamais l’occasion de lui rendre la pareille. La mouise, j’vous jure… Et c’est suite à cette pensée intérieure que le procès commença enfin…

        Quelques heures plus tard...

        - Qui l’aurait cru… ?

        La voix de Ketsuno avait fini par briser le silence qui s’était installé, une fois l’enregistrement terminé. Médusé par tous les chefs d’accusation énoncés contre le poiscaille, je n’avais pas réussi à articuler le moindre mot pour répondre à ma cousine. Je savais bien que ce type était un pourri mais pas à ce point…  Comme quoi, on ne finissait jamais d’apprendre à connaitre quelqu’un. Je finis par reprendre contenance en dénichant une cigarette dans l’une de mes poches. Ketsuno, elle, me regardait d’un air préoccupé. Elle devinait aisément mes pensées. Plus que le sort de Toji, c’était d’une autre personne dont je m’inquiétais dorénavant : Rachel… La seule. L’unique. Que devenait-elle dans toute cette histoire ? Il était clair que ce tapage médiatique la touchait également. L’équipage entier du poiscaille serait très certainement mis en examen, et nul doute qu’elle n’y ferait exception. Je savais pertinemment qu’elle n’était pas comme son chef, mais elle pouvait risquer gros, ce qui saignait mon cœur. Cependant, que pouvais-je bien faire de ma position géographique ? Rien du tout, hormis le fait de jouer de mes relations pour lui trouver rapidement un très bon avocat en cas de pépin. Dire que j’aurai tellement voulu la serrer dans mes bras et la consoler comme il se doit…

        - Je peux m’en occuper si tu veux. Je suis là pour ça, après tout. Je vais également voir si tu peux lui parler par escargophone, même si je doute que ce soit possible pour le moment, avec toute la ferveur qui y règne…

        - Merci Ketsuno. Tu es un ange.

        Derrière les volutes de fumée de ma cigarette, j’eus un sourire affable qui la fit rougir légèrement. Mais très rapidement, elle tira la tronche avant de sortir de la salle, me laissant une nouvelle fois seul. J’eus un petit rire, avant de recommencer à réfléchir à tous les évènements qui venaient de secouer le monde, et plus précisément la marine. Cela devait être un coup dur pour tous nos supérieurs. Toji était un combattant de choix. Une légende qui faisait parler de lui dans le monde entier. Réussir à se séparer de ses services comme ça, en un claquement de doigts, était un sacré coup de poker. Mais gare… Gare aux représailles de ce malabar. Pour avoir déjà combattu avec lui, je savais très bien de quoi il était capable. De ce fait, je me demandais vraiment si l’enfermer à Impel Down serait amplement suffisant pour un être de son envergure. Il frôlait de près la puissance d’un amiral, c’est vous dire. Une fois ma cigarette terminée, je m’évertuai à mettre un peu d’ordres dans mes pensées, avant de me lever et quitter la pièce. Je n’avais plus à attendre que Ketsuno puisse établir un contact avec ma petite fleur. Hormis cela, cette nouvelle me confortait dans l’idée qu’il me fallait évoluer pour le bien de ma faction et de mes proches. En soi, c’était le mieux que je puisse faire de mon côté.
          Troisième jour ~

          Alors que j’étais en plein entrainement sur la proue, je sentis un projectile foncer sur moi. Il m’avait donc suffit de pencher la tête vers mon épaule droite pour éviter l’objet qui menaçait de heurter ma nuque. Un sifflement admiratif s’en suivit, avant que je ne me retourne vers le pont pour voir qui avait eu l’audace de m’attaquer de la sorte. C’est dès lors que je vis Ketsuno, qui m’observait avec un gros sourire aux lèvres. Son regard plein de malice en disait long. Elle avait fini par savoir ce que je faisais ainsi dans cette posture ; posture qui avait l’art d’intriguer mes hommes depuis un bon moment maintenant. Alors que la brise matinale soufflait et ébouriffait mes cheveux déjà en pagaille, je haussai un sourcil. A en juger par la posture du colonel, il était évident pour moi qu’elle voulait un duel. Je ne la connaissais que trop bien. Souriant alors à mon tour, je finis par me lever et par quitter la proue d’un seul bond. Ketsuno claqua des doigts, avant que l’un des soldats qui se trouvait à proximité de la scène ne lui apporte deux épées en bois. Elle s’empara du premier et me lança le second. Je l’attrapai en plein vol, mais à peine avais-je eu le temps de me mettre en garde qu’elle fonçait déjà vers moi. Son soru était à l’œuvre. Rigolade mis à part, ma cousine s’avérait très rapide…

          - Dans le mil !

          Son sabre se fracassa impitoyablement sur mon flanc gauche. L’attaque m’arracha un faible râle, pendant que je m’évertuai à reculer pour m’éloigner d’elle. Son offensive surprise m’avait bien eu. En temps normal et dans un combat réel, l’ennemi m’aurait déjà infligé de sérieux dégâts. De quoi me troubler un moment. Il était vrai que depuis mon dernier combat (Qui remontait à ma défaite cuisante contre Ombre), je n’avais plus touché mon sabre pour diverses raisons. « ARRÊTE DE PENSER INUTILEMENT ET BATS-TOI ! » La voix criarde de ma cousine m’ébranla alors que j’étais en pleine réflexion. Le temps de bouger le moindre pouce et c’était encore une fois son sabre qui se logeait vers l’une de mes côtés. Encore la même zone. Encore la même douleur qui ne cessait de s’amplifier. Cette fois pourtant, mon sabre fendit l’air dans l’espoir de toucher mon adversaire du jour, mais cette dernière contra sans mal mon revers et me flanqua un coup de pied dans le bide. L’attaque me repoussa deux trois mètres en arrière, faillit me faire tomber, mais je tins bon puisque je me stabilisai in-extrémis. Par réflexe, je portai une main vers la partie touchée en grimaçant. Cette salope m’avait bien eu quand même. Mais depuis quand était-elle aussi forte ? Mystère et boule de gomme…

          - Ta défaite contre Ombre, la mort de Marone, l’évasion de Rafaelo et la situation de Rachel t’affectent tant que ton niveau a carrément baissé. Pas que ton niveau. Tes jugements aussi. Tu es tellement paranoïaque à l’idée de voir le Léviathan attaqué une nouvelle fois, que tu manques de couilles pour aller fouler les terres d’Alabasta. Les terres de ta propre mère ! Très franchement, tu comptes diriger ce navire avec cet état d’esprit pendant encore combien de temps ? Depuis un moment, j’ai la nette impression que l’armée n’est pas faite pour toi… Ta gentillesse et ton humanité t’encombrent trop dans certaines situations. De tous, tu es pourtant le mieux placé pour savoir que ce monde est cruel et sans pitié. Je ne suis pas devenue forte, Salem. C’est toi qui deviens faible…

          Plus que toute autre phrase, ce furent ses derniers mots qui m’affectèrent, au point que mes yeux se dilatèrent sans que je ne m’en rende vraiment compte. Je restai là, planté comme un piquet, à l’observer comme s’il s’agissait d’une étrangère. Puis, au bout de quelques secondes, je baissai ma tête et laissai tomber le bois de sabre qui était dans ma paume droite. Elle avait raison. Ketsuno avait raison sur toute la ligne. Ces derniers jours, j’avais recommencé à fournir des efforts pour dépasser ces évènements tragiques, mais il semblait bien que je les effectuais mal. Mes résolutions étaient également fragiles. Qui plus est, j’avais trop fondé mes espoirs sur ce haki que je développais au fur et à mesure, pensant qu’il serait la solution à tous mes problèmes. Cependant, cette petite prestation avec ma cousine venait de me démontrer que la réalité était tout autre. S’il m’avait servi pour éviter l’objet qu’elle avait balancé sur moi quelques minutes auparavant, pas une seule fois, il ne me fut utile pendant nos passes d’armes. Autant dire que la désillusion était au rendez-vous. J’avais encore du chemin à faire et pas que pour le haki. Mais alors que je pensais dans mon coin, Ketsuno s’approcha tranquillement vers moi et me prit dans ses bras, malgré sa taille plus petite que la mienne.  

          - Ressaisis-toi, il n’est pas encore trop tard, Salem. Je t’aiderai si tu veux. Je suis là pour ça après tout !

          Un sourire fendit mon visage, pendant que je passais mes mains autour de la taille de Ketsuno. Elle avait raison. Elle avait totalement raison. Il me fallait remonter la pente à tout prix. C’était primordial, autant pour mon équipage que pour moi-même. Néanmoins, mes mains se posèrent accidentellement sur le postérieur bien rebondi de ma cousine, ce qui me valut l’écrasement de mon pied droit par l’un de ses talons et un direct du droit bien placé, qui m’envoya valser contre le bastingage. La jeune femme à la chevelure rose voulut hurler toute sa colère, mais elle se retint brillamment, avant de se retourner et de s’en aller, les poings fermés. Sans le vouloir, elle avait un déhanché sexy qui ne manquait pas d’attirer l’attention des autres soldats et de les faire sourire comme des pervers. Si je n’eus pas compris son geste, j’eus tout de même un fou rire incontrôlable sur le moment. Voir ces sous-officiers attirés par sa beauté alors qu’elle passait la majeure partie de son temps à les insulter, me faisait marrer. C’est qu’ils étaient masos, ma parole ! Un constat drôle, mais tout de même véridique. Je restai là où elle m’avait envoyé bouler, en me tâtant le nez endoloris et légèrement ensanglanté. Ketsuno cognait fort, mais au moins, elle avait été d’une grande aide, ce matin.

          Quelques heures plus tard…

          - C… C’est quoi cette embrouille ?!

          Ketsuno tomba sur ses genoux, complètement à bout de souffle. Sa transpiration était abondante et les meurtrissures sur les parties de son corps montraient qu’il y avait eu un engagement rude. Elle demanda alors un temps mort et finit par poser son gros postérieur au sol, la respiration saccadée. Après deux bonnes heures d’entrainements sans aucune pause, clair qu’elle était physiquement éprouvée. Mais le problème n’était pas que physique, puisque la jeune femme était totalement confuse. Pendant tout le temps de ce duel, la jeune femme n’avait pas réussi à toucher son adversaire ne serait-ce qu’une seule fois. C’était comme si son vis-à-vis anticipait ses coups, prévoyait à l’avance ses parades les plus folles et profitait de son avantage pour l’éclater sans mal. D’ailleurs, ledit adversaire avait pris plaisir à déchiqueter ses vêtements, à un tel point que sa poitrine était presque nu. Et cet homme-là n’était nul autre que moi-même, Alheïri Salem, héritier des Fenyang. « On dirait que tu te réveilles enfin… Mais tu aurais quand même pu épargner mes vêtements, non ? » J’eus un sourire, avant de jeter le sabre en bois avec lequel je l’avais malmené pendant tout le long de mon entrainement. Entrainement qui m’avait réjoui puisque je ne dus mes nombreuses esquives qu’à mon haki.

          - Je t’achèterai tout ce que tu veux en descendant dans la ville. Tu surveilleras le navire à ma place ?

          Ketsuno eut un sourire en acquiesçant. L’homme qu’elle admirait semblait être de retour.
            Le soir même ~

            Me promener dans la ville de Nanohana m’avait fait un bien fou. J’avais profité de la marche, du paysage et des senteurs de la ville, sans stresser ne serait-ce qu’une seconde à propos de la sécurité du Léviathan. Une très belle journée en somme, qui me fut offerte par ma cousine que je remerciai de tout mon cœur. D’ailleurs, pour lui rembourser son haut que je m’étais amusé à déchiqueter pendant notre combat, j’étais rentré comme par hasard dans une boutique. Malheureusement, j’avais commis une erreur monumentale, car ladite boutique grouillait de femmes ! De groupies, plus spécialement. Inutile de vous décrire comment ces dernières s’étaient jetées sur moi. On aurait dit des chiens affamés sur un simple bout de viande. Il m’avait donc fallut coltiner toutes ces femmes tout le restant de la journée sans aucune échappatoire possible. La mouise, j’vous assure. Lorsque j’étais revenu sur le Léviathan, ma galère continua de plus belle avec mes officiers qui se foutaient ouvertement de moi, à cause de ma gueule recouverte de traces de rouge à lèvres en tout genre. Néanmoins, je devais avouer que j’avais aussi profité à ma manière. Je n’avais jamais peloté autant de femmes en l’espace d’une seule journée. Le rêve !

            Ce jour m’avait redonné gout à la vie. J’avais repris des couleurs. De quoi me rafraichir les idées, somme toute. Accoudé au bastingage du Léviathan et fumant une clope, je pris alors moult décisions : La première était celle de ne plus faire transparaitre mes émotions devant mes hommes. Leur rendement dépendait du mien et il était impératif pour moi d’être ferme sur le terrain, lors des différentes batailles à venir. La deuxième résolution était celle de ne plus pleurer les morts de ma faction. Je n’avais plus le droit de salir leur mémoire. En me mettant un instant à la place de mes subordonnés, j’en vins à me dire qu’il n’y aurait pas plus grand honneur pour le combattant que je suis, de mourir en ayant combattu auprès de l’un de mes supérieurs que j’admire. La troisième résolution était de ne plus me reposer sur mes lauriers. Pour la justice, pour la paix dans ce monde et pour mon propre bonheur, je n’avais nul autre choix que de faire des efforts et de gravir les échelons de ma faction. Mon importance allait dépendre de ma puissance. Etant conscient de ce fait, je me fis alors la promesse d’atteindre au minimum l’avant dernier grade de l’amirauté pour contribuer à ma façon au bien-être du monde. Le changer radicalement était chose impossible…

            Mais participer à son amélioration était largement réalisable.

            Lorsque je finis de griller ma clope, j’eus un sourire aux lèvres. Les jeux de lumière de la ville étaient carrément fabuleux. Il faut dire que je n’avais jamais vraiment profité du spectacle depuis notre arrivée. Une première donc. Etre sur le pont d’un gigantesque navire comme le Léviathan, offrait une vue panoramique que bien de personnes envieraient, pour sûr. Au bout d’un moment néanmoins, je finis par m’étirer et par bailler. Cette journée m’avait particulièrement exténué, entre mes entrainements et ma petite sortie détente. Et c’est sur ce constat que je me dépêchai de rentrer dans la cabine. La température dans le désert retombait d’une manière étonnante et le combo avec la brise maritime délivrait un froid digne de Drum. En me dirigeant vers ma cabine, je vis diverses personnes. Lilou occupée à dessiner des plans, Oswald à rigoler avec un bon nombre de marines et Ketsuno proie à un sommeil profond. Rien que pour ces gens-là, je me devais d’aller à fond dans tout ce que j’allais entreprendre. Les côtoyer chaque jour était un immense bonheur, tout compte fait. Et nous avions encore tant d’aventures à vivre ensemble, qu’il était inconcevable que j’échoue une énième fois en tant que capitaine. Pour moi, plus de doutes à avoir : L’avenir nous souriait.