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Randonnée à emmerdes.

On est suivi.
Je sais qu’on est suivi.
Je peux le tuer ?
Non.
Pourquoi ?
Parce qu’on peut pas tuer des gens comme ça, surtout plus maintenant.
Alors, je peux te tuer ?
Non.
C’est qui qui nous suit ?
Un guide.
Pourquoi ? T’es perdue ? On est perdue c’est ça ? Pourquoi on le laisse pas nous rattraper si on est perdu ?
Parce que ça me pompe jusqu’à la moelle d’avoir un putain de connard payé à se la toucher pour nous accompagner dans une expédition censée être en solitaire.
Alors, je peux le tuer ?
Bon, Anthrax, ta gueule.

Mes pas écrasent la terre humide, je pousse du bras les plantes grimpantes qui barrent le passage. Difficile d’avancer, mais je fonce tout droit sans m’arrêter, la tête un peu brumeuse faut dire à cause de la chaleur, mais décidée à pas ralentir. J’ai un peu les nerfs d’avoir dans mes pattes un type qu’est là pour me « guider ». J’ai l’air d’avoir b’soin de ça, moi ? J’suis une grande fille. C’pas parce que je me suis d’emblée gourée de direction que forcément, j’vais jamais rentrer. Bon, j’avoue, je sais déjà plus ou je suis, et Anthrax me pompe l’air comme il faut pour me mettre un peu plus sur les nerfs. J’entends le type derrière qui m’demande, j’présume, de ralentir et de l’attendre... Mais ça m’emmerde plus qu’autre chose. Finalement, j’abdique. A raison puisque y’a tellement d’branches et d’feuilles devant moi que j’dois avouer que j’suis déjà paumée.
L’autre, il me rattrape enfin. Un peu essoufflé par la poursuite, mais content d’me voir. Il va vite déchanter, j’vous l’dis. Bref, l’type, il ressemble à un guide sympa et sans histoire qu’est juste là pour faire son taff. L’genre qui vous raconte l’histoire d’un arbre en passant à côté parce qu’il la connait et qu’il a vécu au milieu des sauvages du coin, qu’c’était vraiment trop bien, voyez. Bref, nouveau sourire, il me cause un truc que j’pige pas :

Ha ha ! Ha, ce que vous allez vite, Mademoiselle Hope ! J’ai rarement eu des aventuriers de votre trempe capable de me distancer pendant aussi longtemps.

Anthrax me traduit. Brave Anthrax.

C’est-à-dire que je vous fuyais.
Ah ! Tout s’explique ! Bon ! Que désirez-vous voir ?
Une randonnée d’une journée, pas plus, c’est dans vos cordes ?
Bien sûr. Que diriez-vous de revenir sur nos pas et d’aller dans cette direction plutôt ?
Allons-y.

Anthrax tire un peu la gueule, il avait sans doute plus dans l’idée de le buter. On revient sur nos pas donc et je sens le singe s’agiter un peu plus sur mon épaule. Je comprends des insultes pendant que le guide comprend des p’tits cris de singe malpoli.

J’pose des questions à la con, histoire de poser une ambiance pas trop mauvaise : c’quoi l’histoire du coin, qu’est-ce qu’on peut voir de sympa ici, y’a des bestioles dangereuses, des pas dangereuses, peut-être des fruits qu’faut pas toucher, ou des fleurs empoisonnées ? Il me répond, il bronche pas, même content qu’on s’intéresse au coin, tout ça. Anthrax traduit en tirant la gueule toujours, se balançant d’avant en arrière en fixant notre guide avec des yeux de tueurs sanguinaires.

Finalement, le macaque me plante ses griffes dans l’épaule en hurlant toujours des grossièretés que j’préfère ne pas citer pour pas choquer des âmes sensibles. Il bondit ensuite sur une branche et se carapater vitesse grand V vers les hauteurs. J’m’arrête en essayant de le rattraper, mais Anthrax se contente de m’lever son majeur avant de balancer un fruit sur ma gueule. Le fruit, il explose et jute sur ma pomme. J’boue en ordonnant à l’autre troufion de se ramener ici presto s’il veut pas que j’lui colle mon 38 fillette dans le derrière. La menace fait pas effet, en haut, Anthrax se marre et canarde aussi le guide.

C’t’une première bonne journée qui commence…
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- « Voilà qui est fâcheux, Mademoiselle Hope. Votre compagnon vient de partir en direction du village des Malopotokotofé. Il n'est pas du tout conseiller d'aller à sa recherche. Pensez-vous qu'il rentrera de lui-même ? »
Non, il n'y a pas à dire, il est mignon, ce petite guide. Il s’essuie le visage avec un mouchoir qui ressemble plus à un essuie-main vu ses dimensions, et t'en tends un. C'est peut-être dû au fait que vous êtes tous fichés comme des clients « riches mais chiants »..

- « C'est que c'est dangereux, dans le coin. Bon, vous voulez visiter quoi, en particulier ? Vous semblez portée sur la nature, la faune et la flore. Je connais un beau coin avec des cascades. Sinon, niveau histoire, il y a un site pas loin. » Mignon, mais pas fute-fute. Quand il ne tire de toi que des bruits bizarres, il te regarde avec un quelque chose d'inquiet. Il commence par s'inquiéter de ta santé, avant de réaliser que oui, c'est bien comme ça que tu parles. Là, tu sens qu'il s'éloigne de toi,  à petit pas.  « Booon, ben... je suppose qu'on va du côté des Malopotokotofé... Alors, vous êtes silencieuse et vous n'allez pas ailleurs que derrière moi, hein ? »

Tu ne saisis que bien plus tard pourquoi il est anxieux comme ça. Quand par exemple, tu te retrouves avec des lances sous le nez, pendue à un arbre par un pied. Ton guide ? Bah, il est à terre et ne bouge plus.
- « Tuez le gars, gardez la dinde. Elle va peut-être servir. »

Et comme une dinde, tu te retrouves troussée, ligotée comme un gigot, portée comme un gigot, et déposé au sol comme un gigot. Pour ce que tu as suivi de l'affaire, tu es loin, très loin, dans les terres, dans un village pittoresque faite de huttes en branche et briques de boue. Ça fleure bon les fleurs sauvages et le feu de bois-en-crottin-de-chèvre.

La pièce où te trouves est plongée dans une semi-pénombre, et tu as une vue partielle sur le campement ; tes ravisseurs ont trouvé que te laisser seule ligotée était suffisant, d'autant plus qu'à priori, tu n'as pas – plus, après une fouille en règle – d'armes.  Tu as l'impression qu'un garde est vaguement dans le coin. Sinon, tu peux compter les perles qui bordent le tapis sur lequel tu es posée. C'est un chouette tapis, ceci dit. De belles couleurs, et un motif psychédélique. Tu ne sais pas ce qu'ils fument dans le coin, mais ça semble efficace.
- « Coco !!! Coco veut un biscuiiiit ! Coco veut veut un coca ! »
- « T'as gueule, Coco. Tu sais ce que je t'ai dit sur parler pour ne rien dire ? Tu veux voir les plumes voler, peut-être ? »
- « Non, Marek, pas les plumes. Coco veut pas de coca.... »
- « C'est bien, Coco... »

Tout ce que tu sais, c'est que ça piou-piou dans le coin, avec un zeste d'accent italien...
    Psssst, Coco ?

    Quand on est dans ma situation, c’est-à-dire ligoté dans un endroit lugubre ou la seule fenêtre extérieur ne laisse l’accès qu’à un oiseau débile, à ne comprendre que ces foutus bestiaux et éloignée de toute civilisation, on tente le tout pour le tout.  A ce volatil, je lui donne son biscuit et son coca quand il veut, je le lui fais moi-même s’il le faut. L’animal en question pointe le bout de son bec en sautillant sur ses deux petites pattes. Il s’avance, virevolte, se pose sous l’œil vif de son patron à l’accent italien qui semble pas du tout en confiance. J’irai bien lui rassurer en lui disant qu’j’ai pas trop les moyens de bouffer son copain à pleine dents tout de suite, qu’y’a plus urgent. Mais y’a plus urgent que rassurer un dindon coloré, voyez.

    Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as quelque chose pour Coco ? Du coca ? Un biscuit ?
    Les deux, si tu me libères.
    Marek veut pas que coco ait du coca ou un biscuit.
    Si tu me libères, je plume Marek… J’en fais du Roti de ton Marek.
    Mais Marek a dit que non. Coco veut pas perdre ses plumes…
    Bon, ok, tu sais quoi, laisse tomber… Sinon, va me chercher Anthrax…
    Anthrax ?
    Oui. Un singe, débile, moche et très vulgaire.
    D’accord, Coco va chercher Anthrax. Un Anthrax débile, moche et très vulgaire.
    T’auras deux biscuits mon grand.

    L’animal redécolle comme il est venu, et disparait dans la forêt luxuriante d’où moi, je viens à la base. Donc, je tâtonne comme je peux pour essayer de me remettre debout. C’est un peu compliqué parce que j’ai tout l’air d’un ver de terre et je le vis pas très bien, faut avouer. J’me tortille et fini par pouvoir faire levier contre le mur en bambou le plus proche. Je sais ce qu’il y a dehors, j’ai pas besoin de regarder. Je sens les personnes qui bougent, je peux en estimer le nombre avec l’empathie. Je peux tenter le bluff aussi. Qu’est-ce qu’un garde pour me surveiller ? Ils me prennent vraiment pour une débutante. J’sautille, manque de me recasser la gueule et avise la porte la plus proche pour la défoncer. J’la pousse d’un coup d’fesses qui l’ouvre en grand et accueille le garde d’un vilain coup de tête qui le met à terre.

    Alors quoi ? elle est pas super dangereuse la Michaela, même saucissonnée ? Teh !

    Bien sûr, c’est là ou toute la joyeuse tribu se rameute et me menace d’armes primitives de mes couilles en pensant qu’ça va pas me foutre en rogne du tout. On recommence à me menacer, ou j’présume qu’on me menace, mais je m’en fou moi, je suis une folle, je gueule un bon coup pour pousser tout le monde à se la fermer. Genre, comme ça :

    AAAAAAAAAAAAAH !!!

    Les mecs reculent. Finalement, garder la dinde, c’était pas une si bonne idée qu’ils ont l’air de se dire. Ou peut-être qu’ils trouvent que c’est un putain de cri de guerre qu’a la classe. M’enfin, on s’en fout aussi, voilà .

    Bon, ok les connards, vous savez qui je suis ? Non, vous savez pas qui je suis, vous recevez p’t’être pas les journaux par ici ! Pour commencer, je tiens à vous dire que je vous emmerde, comme il faut les gars, mais comme il faut ! Ensuite, vous avez tout intérêt à me libérer ou je rase votre île, vous pigez ? Moi, raser ile à toi. Je suis la seconde des Saigneurs, bordel de merde, et on me traite pas comme ça bande d’enflures ! Vous savez ? Les Saigneurs, un équipage de gros connards psychopathes décapiteurs de sauvage qui font ça pour le plaisir. Si vous leurs donnez une seule raison de le faire, et bah ils viendront pour vous zigouillez sans broncher. Ils feront ça bien salement. Alors on pourrait rester pote, voyez, on pourrait en rester là : vous me libérez gentiment et vous me laissez rentrer dans ma chambre d’hôtel, et j’vous cause pas plus d’ennuis que ça. Sinon, je me libère de ces liens et je ne réponds plus de rien, hein ! J’suis une dingue, vous me connaissez pas !

    Et alors que l’un ose enfin essayer de me répondre, je le coupe net en m’appuyant contre le mur le plus proche :

    Bon, avant de l’ouvrir, tu me trouves un animal pour traduire ce que tu causes. Non, mais, c’est pas ça, rien d’méchant là-dedans, c’est que j’ai bouffé un légume qu’est très mal passé, depuis j’comprends plus aucun humain. Tiens, z’avez qu’à prendre Marek là-bas, il servira à quelque chose avec son accent italien !
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    Un homme te regarde et s'approche de toi, l'air calmement capable de te tripatouiller les entrailles sans coup flétrir. Il était roux et comme si ce n'était pas suffisamment voyant, il était affublé d'un pantalon en peau zèbre.
    Il te regarde bizarrement, surtout à l'écoute de ta dernière phrase. Un légume ? Un animal ? Bon, t'es une femme, t'es une touriste et t'es bientôt morte. On va te prêter des conséquences atténuantes. A moins que tu ne sois que totalement frappa-dingue.
    - « Des gros connards décapiteurs de sauvages ? On a ça tous les joueurs, la dinde. Des gens comme toi, qui viennent pour piller notre territoire et tuer les miens. En quoi tes menaces sont différentes de celles qu'on a reçu jusque là ? »

    Marek, qui avait tout entendu, voleta jusqu'à l'homme et se percha sur son bras. C'était un magnifique Quetzal, mais taille XL, style cygne. Il te regarde avec l'air chafouin, et il sautille jusqu'à une branche.
    - « Il dit qu'il s'en fout de toi. Avec des beaux mots, et des larmoyants dans la voix. Tu es cuite, poulette. Donc, tu causes comme nous, hein ? Héhéhé. »
    Tu ne sais pas pourquoi, mais tu n'aimes pas son « héhéhé ». Un piaf qui fait « héhéhé », c'est comme Anthrax qui te dit merci.

    - « Nous en avons assez d'avoir nos terres spoliées par des étrangers. Nous en avons assez de voir nos frères tués pour votre plaisir.  »
    - « Ouin ouin ouin bouboubou, les autres sont méchants avec nous et on va être méchant avec toi, pour leur montrer. Ça, il ne l'a pas encore dit, mais il ne va pas tarder. Parce que bon, ici, ce sont des ploucs, à part se faire tirer dessus, ils ne sont bons à rien. Ils sont bientôt morts, tous morts. Du coup... si je te délivre... tu m'emmènes avec toi, poulette ? Je n'ai pas envie de finir empaillé, moi... »
    - « Donc l'étrangère, on va faire de toi un message clair, et ne cherche pas à faire des histoires...  » Des lances s'abattent sur ta gorge
    - « Hum, apparemment, tu vas mourir pour la cause. Et ne cherche pas à t'enfuir, ils savent se battre. Tu aurais eu un pistolet, tu aurais pu t'en sortir. Mais là... ils sont prêts à tous mourir pour te garder. Héhéhéhé.  »
      Snif, snif. J’vais pleurer, dis-voir.

      La moue triste qui suit s’transforme rapidement en un sourire moqueur :

      Excuse-moi mon gros, si tu crois que j’vais verser une p’tite larme pour ta pathétique petite vie d’type qu’est pas foutu de défendre ses terres et qui s’dit « j’vais m’venger en sacrifiant des touristes qu’ont rien demandé à personne », tu t’fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude. T’as juste pas les couilles pour porter ton peuple l’ami, et ça, c’pas à moi de le payer.

      J’me tourne vers l’assemblée en cherchant une solution à mon problème. J’avise Marek du coin de l’œil, regarde les lances qui se tendent vers moi pour me sacrifier dans pas longtemps. Mes yeux parcourent chaque guerrier qui m’entoure. J’peux en prévoir les mouvements. La p’tite voix dans ma tête se calle sur les respirations de la bande autour. Juste de la bande, parce qu’au-dessus, c’est un peu trop pour moi. Mais surtout, elle se concentre sur mon vis-à-vis, mon interlocuteur. Elle le garde en ligne de mire, parce qu’elle sait que je vais commencer à lui titiller gentiment l’égo :

      Désolée les mecs, on vous a collé une chiffe molle comme chef qui s’laisse marcher sur la gueule parce qu’il est pas foutu de gagner. Tu fais partie du camp des perdants, est-ce c’est d’ma faute ? Non, j’fais pas la pluie et le beau temps, moi.

      Mon sourire se fait arrogant. A force de trainer avec les Saigneurs, faut croire que je le suis devenue. J’pense juste que j’peux l’emporter. Oui, j’en suis capable.

      En fait, j’fais mieux que ça.

      Mais mon arrogance commence à taper sur le système de l’assemblée. C’est bien normal. Marek, lui, se fend la poire. P’t’être qu’il aime bien ma façon de faire, ou p’t’être qu’il se marre juste à l’idée que j’me fasse embrocher sous ses beaux yeux.

      Marek ? T’as d’jà été plus loin qu’c’te île pourrie ? J’ai vu des trucs qu’t’as jamais vu. Tu me libères, j’t’amène sur mon beau navire. J’t’ai dit que j’étais cuisinière ? Faut voyager pour manger bien.

      La lance avance vers mon cou, mais un mouvement souple plus tard, elle tranche simplement un des liens près de la clavicule et se desserre. J’ai qu’à forcer un poil pour me retrouver libérer de mes cordes. Démunie, mais libérée quand même. Et d’un mouvement habile plus tard, c’est un des guerriers qui se retrouve avec une lance raccourcie et sans lame. La lame, c’est moi qui la tiens.

      Tu savais, Marek, qu’un chef cuistot ça sait manier les lames courtes comme il faut ? Si j’lui taille la nuque, tu m’guides jusqu’à la sortie ?
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      - « Alors, si tu le tues, j'peux pas te sauver. J'suis un oiseau sacré. Faut pas chercher à comprendre. Mais c'est le chef qui l'a dit. Et si tu tues le chef, on l'a un peu dans le baba. Et puis, faut pas être comme ça. J'me rappelle d'un temps où c'était sympa dans le coin. Avant que les gens comme toi viennent ici et commencent à les trucider. C'était pas beau, héhéhéhé. »

      Pendant ce temps, en même temps que Marek faisait son debriefing de la situation, le chef – Bouba – avait considéré ta réponse.
      - « Des touristes qui n'ont rien demandé à personne ? Comme si tu venais ici pour la beauté des paysages, sale étrangère ?. »
      - « Hum, il n'a pas tort. Ah, je traduis ? En gros, tous les touristes, les dindes comme toi, viennent ici pour tuer du sauvage. Les autres, ils restent près des ruines et autres. Mais bon, je t'apprends rien, hein...  Bon, t'es prête pour le show, pépette ? »

      Et sans attendre la réponse, il te saute dessus. Alors, je ne sais pas si tu t'es déjà pris un cygne dans le torse, mais laisse-moi te dire que ça ne fait pas du bien. Sauf si tu es adepte des plaisirs qu'il ne nous appartient pas de discuter. Mais puisque tu fais partie des Saigneurs, on peut justement se questionner. Bref, tu te retrouves avec un Malek sur le ventre. Il étend ses ailes et coasse. Un Quetzal, c'est beau, mais tant que ça se la ferme. Sinon, ça a un quelque chose de pathétique.

      Il secoue ses ailes et attrape adroitement le soleil, pour faire comme s'il rayonnait, voleté autour de ta tête et se repose sur toi, l'air très satisfait de lui-même.
      - « Héhéhéhé. »
      Là, les humains se lancent dans des grands cris et gestes, que tu ne comprends pas et que Marek ne te traduit pas (le sale volatile).
      Puis tu es soudainement agrippée et portée à bouts de bras, et emmenée encore plus loin dans la forêt. Marek vole au dessus de toi quand tu te prends des branches dans la tronche, avant qu'il ne se repose sur toi.

      Vous débouchez finalement sur une sorte de clairière, avec une sorte de temple à l'intérieur et tu es en sorte déposée sur place, délivrée  de tes liens et posée devant un vieux plein de rides et à l'haleine de Dionysos.

      Randonnée à emmerdes. Magnacarta-wallpaperm_imagesia-com_6ncw_large

      - « Ainsi donc, c'est toi... Toi la salvatrice des écritures, toi qui vas guider notre peuple vers la juste vengeance ou pourra maudire nos ennemis jusqu'à la vingt-sixième génération ? Je m'attendais à un truc plus en chair. Plus musclé. Mais on verra avec toi.... »

      Marek resta là à se pavaner pendant un moment avant d'écoper d'un coup de pied rageur.
      - « Mais euuuh... Ah oui, te traduire. Tu es la salvatrice sacrée et tu dois mener le peuple sur le chemin de la victoire ou maudire les touristes. En tous les cas, te voilà libre.... A toi de jouer pour quitter le coin. Mais bon, tu as la lumière divine et tout, alors bon... Il est où, ton bateau ? »
        Attends Marek, t’es en train d’me dire que les touristes viennent ici pour faire d’la chasse à l’homme et qu’c’est organisé par la société installée sur l’île ? Bordel, on a trouvé pire qu’les Saigneurs à c’que j’vois. A côté, on fait vraiment p’tite nature.

        Voilà, se manger des branches dans la tronche, ça donne à réfléchir. Et maintenant qu je suis presque élue reine du village, j’ai à penser pour le bien de mon peuple. C’est fou ce que ce genre de truc, ça monte facilement à la tête. M’voilà sacré je sais pas quoi, et tout de suite, je m’inquiète du bien d’mes fidèles. Marek a l’air d’beaucoup s’amuser, moi aussi faut dire, mais j’en oublie pas ce que je dois faire avant tout : n’pas me lancer corps et âme dans la protection de ce village dont j’connais quedal et voir avec Jack c’qu’on doit faire, parce que mine de rien, « on », ça touche quand même l’équipage. Et avec son titre de Corsaire, ça risque d’être compliqué.

        Bon, bon, les copains, j’ai une super bonne idée. On va commencer par arrêter le trucidage de touriste gratuit, hein, parce que c’est vraiment un truc débile qu’attire pas du tout les faveurs du monde sur vous. Vous êtes peut-être de fiers guerriers, mais si vous vous attirez les foudres des gens en faisant des sacrifices, pas étonnant qu’on organise des chasses à l’homme. Il faut les apitoyer. Ils supporteront pas d’avoir les Droits des Hommes au cul, j’vous l’dis. C’qu’on va faire, enfin, ce que JE vais faire, c’est tâter le terrain de l’autre côté et voir si on peut pas trouver un accord sympa pour qu’on vous foute la paix dans un premier temps.

        Les gens ont pas l’air super emballé par mon idée. On laisse pas partir la nouvelle prêtresse facilement. Mais j’dois m’expliquer, j’suis leur meilleure chance depuis longtemps d’s’en sortir. Alors forcément, on doit l’faire à ma manière, avec mes méthodes (discutables).

        Disons que j’ai la chance d’avoir un pied dans votre merde, et l’autre dans la merde de vos ennemis. Et disons que j’ai une vue d’ensemble de votre boxon. J’trouverais une solution, promis. Mais avant ça, j’dois voir mon capitaine… Enfin, j’dis mon capitaine, en fait, c’est un peu mon Dieu, j’prêche à son école. Un dieu gorille avec deux gros pouces, un peu crasseux et une tête d’endive. Si je le convertis à votre cause, il s’pourrait bien qu’vous ayez un putain d’avantage. Alors, sur ces bons mots, Marek… Par ou c’est la mer ? Mon navire est là-bas avec le Dieu Gorille aux gros pouces. Près de l’hôtel même !

        J’me relève et perce la foule avec un Marek sur l’épaule qu’a l’air tout content. Il sautille d’une patte sur l’autre en s’disant qu’il part à l’aventure. Il me cause avec son accent italien, et j’dois avouer qu’sa compagnie m’ait plus agréable que celle d’Anthrax. J’aime pas les italiens en temps normal, mais maintenant qu’il m’a sauvé la mise, j’me dois de respecter ma parole.

        Ah ! Et si vous voyez une petite crasse du nom d’Anthrax, soyez sympa d’l’enfermer jusqu’à mon retour. C’est l’esclave du Dieu Gorille hein, il me l’a prêté et faut que j’le récupère. Oh ! Et si vous avez une offrande sympa à m’filer, j’suis partante hein. J’refuse rien.

        Et là, j'me barre en courant.
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        - « Pas tous les touristes viennent pour canarder Bouba. Certains viennent juste empiéter sur leur cimetière et autres ruines sacrées. Mais en général, ceux qui vont si loin dans les terres, et en petits groupes, ouais, c'est pour chasser les locaux. J'vais pas me plaindre, ça m'évite l'extinction. J'suis le seul survivant d'une portée de 4 bels œufs. Ah, mes frères et mes sœurs... Ah mes pauvres vieux. Papa avait une superbe queue... Héhéhéhéhé. »

        Le reste de ton discours est plutôt mal perçu. Déjà, petit un, ce n'est pas eux qu'ont commencé, c'est les autres, et eux font que se défendre. Donc si les touristes, ils continuent à venir, on va continuer à les tuer. Un bon touriste est un touriste mort... ça se mange, les touristes ? J'sais pas, peut-être avec beaucoup d'épices ?
        Ton blabla sur le Dieu Gorille passe encore moins. Eux, ce n'est pas un Dieu Gorille, qu'ils vénèrent. Ils ne savent pas quoi, mais pas un gorille. D'ailleurs, c'est quoi, un gorille ? Ça se mange, les gorilles ? Et donc, ton statut de « élue-prêtresse » commence à être mis à mal, puisque tu es une hérétique qui prie un Dieu Bizarre... Surtout que tu ne pries, tu parles d'aller lui parler !!! Et le temple sacré, c'est pour les cochons ? Et comment ça, tu dois le convertir ? Il est pas automatiquement de leur côté, le Dieu-machin ? Et comment ça, tu as un pieds dans l'hôtel ? Mais tu es censée être avec eux, jusqu'au bout. Mais c'est quoi, ce bordel !!!? Remboursez la prêtresse !!!

        - « Pépette, j'espère que tu cours vite.... »
        Parce que commence alors une partie de « loup, y es-tu » dans la jungle. Et les Malopotokotofé, ils ne sont peut-être pas ceux qui ont inventé le fils à couper le beurre, mais courir dans la jungle, ça, ils savent faire. Avec un certain brio, tu dois le reconnaître. Surtout que eux, ils savent où ils vont, ce qui n'est pas ton cas.
        Et si tu demandes à Marek, tu auras droit à une réponse du genre « ben comment veux-tu que je sache ? J'suis un oiseau sacré, moi, pas une boussole. Je n'ai jamais eu le droit de poser une patte en dehors du village ou du temple, bécasse !!! »

        La nuit tombe. Le coucher de soleil est magnifique. Enfin, c'est ce que tu aurais pu penser si tu avais vu le coucher de soleil, parce que la canopée est particulièrement dense, dans le coin. Et Marek refuse catégoriquement de s'envoler parce qu'il y a des serpents dans les frondaisons.
        Le truc qui est bien enquiquinant, avec la nuit, c'est déjà qu'il fait noir. Mais pire, c'est que ça fait sortir des tas de bestioles qu'on ne voit pas en temps journalier, des trucs comme des moustiques assoiffés de sang de touristes – à croire qu'ils ont été dressés – et des chauve-souris, et des crapauds buffles, et tous pleins de machins que Marek te conseille, dans ta grande gentillesse, d'éviter. Après, tu es grande, tu fais ce que tu veux.

        Au bout d'un moment, tu tombes sur une sorte de clairière, avec une sorte de demi-temple en ruine. Un machin hyper glauque,  Et là, Bouba et son pantalon sortent de l'obscurité.
        - « Je vous avais dit qu'elle trouverait le chemin. Elle est une vraie prêtresse. »
        - « Que la cérémonie commence ! »
        - « Et merde.... »
        - « SUSHI OUH AHAH. »

        Randonnée à emmerdes. Tumblr_m7f4btHiM11ruwi4no1_500
        Si tu pensais d'enfuir, là, c'est rapé. Ils sont des dizaines, des centaines, (enfin, façon de parler), à te regarder, à t'entraîner dans une danse autour du feu, à te tendre des coupes de liquides alcoolisés qui titilleraient bien un certain Jack. A un moment donné, te voilà vêtue à la mode locale, avec des bouts de peau tannées, des plumes, des coquillages et des peintures sur la tronche. Marek se bidonne.
        Et tu es intronisée grande prêtresse.

        En ton honneur, un sacrifice.
        Puisque tu pries le Dieu Gorille, et que Papy Mujo a lu dans les fumées (d'origine inconnue) qu'un gorille, c'est un singe, il est sur le point de sacrifier un singe.
        Un truc qui te rappelle un certain compagnon de voyage.
        - « Coco, il a trouvé Anthrax. Coco a son coca ? »
        - « Ta gueule, Coco... Et toi, fais gaffe, ne va pas nous les contrarier... »
          Jack va me tuer…

          J’dis ça en me tenant la tête entre mes mains, l’air dépité de celle qui comprend pas c’qu’il se passe. Pourquoi les choses prennent s’t’ampleur. Pourquoi ça lui arrive à elle. Qu’est-ce qu’elle a fait pour mériter ça. Quand je pensais fuir, j’me rapprochai un peu plus de ma prison d’bambou dorée. C’est la poisse. La chance est contre moi. Et en plus, je suis totalement bourrée. J’ai dépassé mon quota. D’hab j’tiens bien l’alcool mais là… J’sais pas comment ils le font, mais il est sévère. Il cogne dur. Jack aimerait.

          MIIIICHAAAA ! MICHAAAAA ! SAUVE MOI DE LA !!
          Je suis finie…
          Héhéhéhé.
          AAAAAAAAAAAAAIDE MOI ! C’EST DES BARGES ! ILS SONT TARES ! ILS VONT ME BOUFFER ! JE VEUX PAS ÊTRE MANGER PAR DES SAUVAAAAAGES !
          Mhhhh… Pourquoi moiii…
          Héhéhéhé, c’est toujours drôle les sacrifices…

          J’vois ma vie défiler d’vant mes yeux. J’crois pas qu’Jack l’aime tant que ça, son singe, mais j’préfère pas tenter le diable et finir décapiter. Puis, j’pourrais m’enfuir, mais Jack a dit que soit on partait les pieds d’vant, soit on partait pas du tout. Marek me dit qu’il vaut mieux que j’reste tranquille. Il vaut mieux, oui. Mais ça saurait si j’étais une fille tranquille :

          STOP ! Arrêtez tout de suite c’sacrifice ! Ce singe est une vraie crasse qu’on a enfermée dans c’corps pour le rendre impuissant…

          Tout le monde s’arrête. Là. Bam. Arrêt sur image. Et tout le monde me regarde avec l’air ébahi. Marek baisse la tête, déçu, me somme d’me taire. Mais c’que j’ai dit a attiré l’attention de tous. J’crois que j’ai une piste, et faut que j’la creuse à fond.

          Il est inoffensif dans son p’tit corps d’macaque, mais si vous le tuez, vous allez relâcher un monstre sur le monde ! Un monstre incontrôlable…
          T’es vraiment cool Micha, merci…
          Vraiment, c’est une sacrée teigne ! Le genre à amener la désolation et la mort partout où il passe !
          Ça me va droit au cœur…
          Il est assoiffé de sang et de meurtres, il hésitera pas à vous hanter et vous maudire pendant trente-six générations…
          On va vraiment pas le sacrifier ?!
          Toi, l’poulet, si j’suis libéré, j’te plume !
          Puis, ce singe est rachitique et idiot, en plus de renfermer le mal en lui.
          Mais ! J’t’emmerde ! J’vais te butter toi aussi !
          C’est pas un sacrifice génial, ni très bien vu par chez moi. J’veux pas vous attirer des ennuis, vous en avez déjà bien assez, vous pensez pas ?  

          Dans l’assemblée, on hausse les épaules. On regarde Anthrax rager en essayant de se libérer de ses liens, en hurlant à tout va des injures en tout genre. J’repousse une tresse de coquillage vers l’arrière et m’adresse encore à tout le monde. J’peux pousser encore plus loin. J’sens qu’c’est le moment où j’dois mener les troupes, ou j’peux faire quelque chose d’à peu près bien pour eux. Ils méritent du répit, et Anthrax d’être enfermer dans une cage jusqu’à c’qu’on retrouve Jack… En parlant de lui, j’espère qu’il m’attend nulle part, c’t’idiot, parce que j’crois que j’vais avoir du retard.

          Non, mais après, vous faites c’que vous voulez, hein. J’vous dis juste ça pour que vous le sachiez avant de faire que’que chose lourd de conséquences… Mais moi, j’serais vous, j’éviterai d’sacrifier des animaux. On sait jamais c’qu’ils peuvent renfermer, ces bestioles-là. J’le sais, hein, j’vis avec cette crasse esclave du Dieu Gorille depuis quelques années bientôt… Moi, j’propose qu’on arrête les sacrifices, j’aime pas verser l’sang des animaux. Sur terre, c’bien les dernières choses qui font l’mal, non ? Alors, on a qu’à continuer à s’amuser, voilà. On devrait oublier ces jours noirs et festoyer jusqu’au lendemain, lendemains qui seront plus durs que jamais. Parce qu’ils bougeront, parce qu’on agira pour vous libérer, tout ça. J’propose même qu’on profite de ces derniers instants de paix sans verser une seule goutte de sang sur ces terres qu’en ont déjà trop bu… qui sont rassasiées de tous ces morts !
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          - « A mort le Dieu Gorille !!!! Vive la Prêtresse !!! » gueule soudain Bouba, traversant l'épais silence qui s'était installé après ta déclaration, comme une épée cisaille des intestins.

          Les  Malopotokotofé sont un peu très superstitieux, comme tu as pu le remarquer. Ceci dit, l'île maléfique (maaaalééééfiqueuh!) ne s'appelle pas comme ça pour les beautés de son panorama. Y'a peut-être un lien de truc à effet, hein... En tous les cas, dire qu'un esprit maléfique est enfermé dans Anthrax a fait son effet, d'autant plus que l'équipe qui t'a attrapée plus tôt dans la journée se rappelle qu'il était avec toi... Wooo, la grande prêtresse qui sait envoûter le mal et le sceller dans un singe. Du coup, on te ressert de la bibine et tu as droit à un nouveau tour de piste, portée en triomphe.
          Et quand tu te rassoies, tu as une véritable ménagerie avec toi : Marek, Coco et Anthrax, qui en bave d'être encore enfermé, et Marek qui ne se prive pas pour le narguer et littéralement lui chier dessus. Coco, toujours très désireux de bien faire – et de garder ses plumes – l'imite avec joie et délectation. Autant dire que tu es dans la merde.

          Bouba s'approche de toi, avec Papy Mujo à ses côtés. Il a du boire autant que toi, mais lui, il se tient droit comme un « i ». Et son pantalon n'a pas une ride, pas une tache, même pas une feuille accrochée.  Respect. Il te parle, Papy Mujo en rajoute.
          - « En gros, lui il dit qu'il ne te fait pas spécialement confiance, et que t'es pas prêtresse, mais tu as intérêt à marcher dans le coup, sinon tu n'en as plus, de cou. Le vieux dit qu'il verra ça avec toi demain... Je te conseille d'être là, demain. En tous les cas, moi, je ne pars pas cette nuit... »
          - « Ta gueule, l'emplumé ! Micha, les écoute pas, ces piafs. Ils ont dit qu'ils allaient te violer et offrir ton cadavre à Jack. Allez libère-moi et on se casse..C'est pas une forêt qui nous fait peur, hein ? »
          - « Coco veut son coca !!! »
          Te voilà bien aidée.

          La fête touche à sa fin. On attend de toi que tu ailles dormir dans un coin des ruines où un tas de peau t'attend. Le reste de la plèbe dort sur place. Des gardes sont postés ici et là, mais tu connais leur niveau. Si tu arrives à maîtriser ton ivresse et tes acolytes animaliers, si tu ne réveilles pas Bouba, si tout ça, ouais, tu peux facilement partir du site... et te retrouver dans la jungle, alors que la nuit est au plus profond de son règne.
          Tu peux aussi attendre le matin et jouer le rôle de la grande-prêtresse. Si c'est le cas, nul doute que tu seras conduite dans une rivière pour te laver si tu en exprimes le besoin – mais tu seras de nouveau peinturlurée après, et puis Marek te collera au cul héhéhéhé – ou nourrie, et peignée et éventée et à peu près tout ce que tu demandes si tu joues le jeu.... Si c'est le cas, tu seras amenée (enfin, le club de 4) de nouveau au premier temple, et tu auras la conversation de ta vie. Ah, choisis ton interprète, ça pourra être utile...
            Mais où tu vas ?
            Je vais voir Jack, je rentrerais avant l’aube.
            Oooooh, chérie, il est trop tard pour ça, viens te coucher !
            Toi la ferme ! Je veux rentrer ! Ramène-nous Micha, ramène-nous !
            Coca ?
            Bon, les gars, fermez-la. TOUS.
            Pas la peine de s’énerver comme ça…
            Ouais, hein…
            Marek, tu restes ici avec Coco, et tu n’alertes personne, c’est pigé ? Si tu m’empêches d’aller voir Jack, t’peux dire adieu à tes rêves de voyage et de bonne bouffe. Il faut que j’lui parle, il faut qu’on monte un plan, il faut qu’on trouve un moyen d’se tirer sans tout perdre au passage. Alors, si jamais t’me balance, je t’fais rôtir, mon grand.
            Compris, prêtresse.
            Vraiment. Surveille Coco, aussi. Il ne doit alerter personne. Fais le dormir, menace le, fais ce que tu sais faire de mieux, en fait.
            Coco ?
            Héhéhé, avec plaisir.
            Anthrax, tu viens avec moi. T’as eu le temps de visiter la forêt, tu vas m’aider à retrouver notre chemin.
            Mais ? Hé, j’l’ai visité quelques heures !
            Anthrax… Si tu fais pas ce que j’te demande, c’est toi qu’je butte ici, pigé ? Arrête de faire ton Kiril immédiatement.
            Gngngn.
            On se retrouve ici à l’aube, ça va à tout le monde ?
            Mais tu vas réussir à marcher droit, poupée ?
            Marek, pour que je sois vraiment saoul, il m’en faut un petit peu plus… Bon, tout le monde sait ce qu’il doit faire ?
            Ouais !
            Compris !
            Coco veut du cocaaa…

            Anthrax grimpe sur mon épaule en tirant la langue aux deux autres oiseaux avec l’air moqueur. Il aurait sans doute bien aimé les bouffés, pour sûr. Mais il n’en aura pas eu le temps, ni l’occasion. La nuit est plus noire que moi, et j’ai la tenue qui faut pour m’y fondre. Je ferme les yeux pour sentir les quelques gardes autour, qui vont qui viennent et qui sont trop crevés pour vraiment être vigilants ou éveillés. De toute façon, rien d’insurmontable pour l’instant. La lisière de la forêt est pas loin, et j’ai pas du tout l’intention d’me faire prendre pour retourner à la case départ.
            Avançant à pas de chat, j’sors d’ma loge de prêtresse et dévale les quelques marches qui me mènent au terre-plein ou on a fait la belle soirée. Les sauvages sont doués pour l’accueil, ça, j’peux pas dire. Comme pour l’alcool d’ailleurs. Ma vue est un peu troublée, et l’fatigue s’fait sentir, mais m’en faut plus pour vraiment m’emmerder. Toutes ces beuveries chez les Saigneurs m’ont enfin servi à quelque chose, comme ces années d’passage à vide ou j’ai plongé dans la boisson à m’en noyer d’dans. J’enjambe les corps qui jonchent le sol en effleurant à peine le sol.
            Plaquant le doigt sur ma bouche, j’somme Anthrax de pas faire un bruit. Et pour la première fois d’sa putain d’vie crasse, il obéit. Vraiment. Il s’accroche à mes cheveux et les plumes dedans, les yeux exorbités avec la bouche pendante de celui qu’est en plein suspense.

            Devant la forêt, on entend tous les deux les bruits qui y proviennent. D’abord, un silence de plomb, parfois le vent qui frôle les plantes, et quelques sons bien louches qui donnent pas confiance. Anthrax me d’mande si j’suis sûre. Mais là, y’a pas plus sûre que moi. Alors, j’ferme les yeux, et j’fais un pas devant moi,…

            ... M’enfonçant corps et âme dans cette jungle qu’aura sans doute ma peau, ou au moins une partie.
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            Tu l'avais déjà remarqué : ici, la jungle, ce n'est pas de la gnognotte. Ça foisonne de tous les côtés, en dégueulis des branches, de feuilles, de fleurs, de racines, de sève et de trucs floraux qui puent, qui collent, qui suintent, qui grattent et en règle général, font chier.
            Mais le pire, c'est que la faune est tout aussi agressive. Anthrax est couvert de puces. Tu ne l'avais pas vu avant, mais maintenant qu'il est sur tout épaule, tu les sens bien, les p'tites saloperies, qui quittent le navire primate pour rejoindre ton corps de prêtresse. Faut pas oublier les pucerons non plus, qui semblent avoir une prédilection pour tes yeux, ta bouche, tes narines. Les moustiques sont beaucoup plus ouvert d'esprit : toi en général. Et les plumes et les peaux de bête, c'est peut-être tribal comme style, mais c'est surtout léger, et en gros, il y a marque « ouverture de la chasse » sur la peau de tes fesses.

            Ça croasse, ça hulule, ça bourdonne, ça glapit, ça jappe, ça grogne, ça gémit,, ça souffle, dans tous les coins.  Ça siffle aussi, comme tu peux le constater à un moment donné, lorsque tu tombes nez à nez avec un anaconda géant, capable de t'avaler toute entière. Capable et désireux, d'ailleurs. Ah, on ne peut pas dire que Marek ne t'avait pas dit qu'il y avait des serpents dans les arbres.

            Plus tard, si tu arrives à t'échapper des anneaux mortellement câlins de la bestiole, tu réaliseras qu'à ce moment-là, tu es perdue. Anthrax te l'avait dit. Il ne connaît pas l'île par cœur. Libre à toi de tâtonner dans le noir de moins en moins noir. L'aube approche.

            Le canyon aussi. Comme ça, en douce, en traître, au détour d'une pente. Bon, il n'est pas infiniment profond, mais tout de même. En plus, en bas, y'a des crocodiles, qui se ferait bien un petit-déj' en avance sur l'horaire. Après, tu sais peut-être sauté le 28 m en longueur, comme une pro.

            Imaginons que si...
            Tu continues à marcher, et soudain, Anthrax se réveille. Il se gratte furieusement les castagnettes et déclar d'un ton docte qu'il reconnaît le rocher, là. Et le voilà qu'il te guide, jusqu'à arriver sur une place – pas celle du Port, cependant, avec des sortes de bananiers... et des culottes et des soutifs et tout ça qui pendent et tapissent le sol.
            - « Hé, Pilou-Pilou ? J'te ramène une copine ! »
            Pilou-Pilou s'avère être un lémurien voleur de sous-vêtements. Puisqu'il les vole aux touristes du Port, c'est qu'il est capable de t'y conduire. Mais il ne le fera que contre ton soutien-gorge ou ta culotte. Et si tu le menaces, il s'en ira, parce qu'il ne te doit rien et qu'il n'aime pas les égoistes.
            Et l'aube arrive à grand-pas.
              Pilou-Pilou ? Mais qu’est-ce que t’as branlé pendant que je me faisais maltraiter par des sauvages ?
              Je me suis fait des relations, quoi !
              Bah bien sûr… Comprenez-ici que tu t’es roulé dans des sous-vêtements féminins avant de te faire chopper par mon nouveau peuple, c’est ça ?
              Oh… Pourquoi faut qu’tu casses toujours tout, hein ? T’es désagréable !
              Désagréable ? Alors, déjà, je t’emmerde. Ensuite, depuis quand tu connais ce mot ?
              J’ai toujours connu ce mot, figure toi ! Tu veux que je te frappe ou quoi !? Me fais pas passer pour un idiot devant mon pote !
              Anthrax, tu me parles meilleur tout de suite ou je t’imprime mon pied dans ta gueule tu piges ?
              Va te faire f-HI !
              Bon, nous disions ? Et ta relation, elle peut m’aider ?
              Ça dépend, je suis d’ordinaire dur en affaire mais t’as les prédispositions naturelles pour que j’sois un peu plus sympa… Bref, si t’as c’que j’recherche, poupée… On peut régler ça très rapidement…
              Des sous-vêtements, c’est ça ?…
              Exact, poupée…
              Rah putain… Anthrax, pourquoi t’es pas foutu de te faire des relations fréquentables, dis-moi ? Pourquoi faut que tu tombes sur un lémurien pervers ? T’as pas assez avec les membres de l’équipage, faut que t’en trouves ici aussi ?
              Pilou-Pilou est un gars sympa…
              J’en doute pas, il m’est presque sympathique.
              Héhé…
              Tu peux m’aider, donc ?
              En échange de ta culotte…
              C’est envisageable, ouais. Ecoute mec, je suis déjà méga en retard et j’vais au-devant de très gros problèmes, là. Donc, si tu me ramènes le plus vite possible au port, je t’en file même deux de plus. J’suis bonne âme. Tu piges ? Une maintenant, deux autres à l’arrivée. Tu sors pas perdant…
              Et puis ! T’auras qu’à faire accuser Joseph ou Ankoü de la disparition de tes culottes ! Hinhinhin ! Je suis un géni ! Hinhinhin ! On les pendra par les pieds en les tapant, comme des pignatas, en disant que c’est des gros pervers ! Hinhinhin ! T’auras toujours une très bonne raison de les frapper comme ça ! Je pourrais le faire aussi ? dis dis ! Je pourrais les tuer ? Hinhinhin !
              Hé ! Très bonne idée Anthrax ! On commence vraiment à être des bons potes, tu trouves pas ?
              C’parce qu’on s’comprend, toi et moi… On était fait pour s’entendre… Hinhinhin…
              Trois culottes… ça m’plait. Faut voir, ouais.
              Tu connais la condition, Pilou-pilou…
              Héhéhé…
              • https://www.onepiece-requiem.net/t3856-la-recette-de-la-reussite
              Il est peut-être lémurien, il est peut-être d'un trou paumé d'île, il est peut-être pervers, mais il n'est pas bête. On pourrait dire qu'il a le sens des affaires.
              Randonnée à emmerdes. Images?q=tbn:ANd9GcQp-W7ZjmvNegndlN-026ZggJp19vgP8coveOdz0vqZwKNRrOCBXFGkGqQsFQ

              Il se laisse tomber sur ton épaule, enroulant sa queue autour de ton cou pour assurer son équilibre et entreprend de te mesurer, pour savoir où il mettra les prochaines pièces de sa collection.
              - « Qu'on soit bien d'accord. C'est tes culottes que je veux. Pas celles d'un mec. Ou alors d'une fille bien roulée et mignonne. . »

              Et après avoir obtenu ta promesse, juré-craché, il accepte que tu le portes sur ton épaule, ce qui fait que tu retrouve avec le duo de zouaves sur le dos. Ils sont peut-être petits, mais ils pèsent leur poids, surtout que tu as pas mal bu la veille au soir, que la nuit n'a pas été de tout repos et qu'il commence à faire faim. Et puis, ils puent et ils ont des puces. Ça, pour l'odeur comme l'invasion, tu sens (justement, oui, tu sens) que ça ne va pas être une mince affaire pour s'en débarrasser.

              Le soleil est bien monté quand vous arrivés en bordure du Port. Purée, c'est beau, la modernité avec ses petites loupiotes – qui n'éclairent pas puisqu'on est le matin – et son odeur de café lavasse. La vision de ton navire se balançant au rythme creux du clapotis t'en mettrait presque les larmes aux yeux. Presque.

              Par contre, ce qui est certain, c'est que ton arrivée n'est pas passée inaperçue.
              Ben quoi ? Tu es habillée en peaux machin, avec des plumes et des bouts d'os partout, des peintures sur le corps, couverte de boue, de plaies et de bosses – la rencontre avec l'anaconda et les crocodiles n'ayant pas été de tout repos, vu que tu n'avais aucune arme à ta disposition – et tu as sur les épaules un singe et un lémurien.
              - « UNE SAUVAGE !!! ATTRAPEZ-LA !!!! BUTEZ-LA !!!! »

              L'alarme est donnée et la chasse lancée. Les hommes de Mac Manus sont des pros, et savent parfaitement ce qu'ils font. Leur tir est plutôt précis et leur stratégie bien huilée. Dans le Port, les quelques touristes déjà levés s'enfuient en beuglant qu'on les assassine et ceux qui ont vu sur la scène pressent leur museau contre la fenêtre, avides de votre l’aborigène assoiffée de sang que tu es se faire tuer par les valeureux défenseurs de la civilisation et des repas ultra-protéinés.

              - « Hééééé ! Mais c'est qu'ils nous viseraient !!! »
              - « Allez viens, Anthrax, on se barre. Montre-moi le placard à culottes de ta cousine. »
              - « Hum, c'est par ici, je crois... »
              Et voilà qu'Anthrax et Pilou-Pilou se carapatent. Ils n'ont aucune idée de là où sont tes bagages, puisque la villa Rubis, ils ne connaissent pas... Mais ce n'est pas ce genre de détail qui les arrête. Et puis, tu peux compter sur leur karma pour tomber exactement là où tu ne veux pas. Certains ont de la chance. Pas toi. Aujourd'hui, ce n'est pas ton jour. Les auspices, l'alignement des planètes, tout ça, quoi.

              En attendant, tu es seule face à la mitraille.
                Haki.

                Ma solution se pose en un mot. Un putain de mot qui f’rait froid dans le dos à n’importe qui quand on sait ce qu’il peut permettre. Le Lémurien et Anthrax partis, m’voilà en face d’une poignée d’homme décidés à me faire la peau parce que je suis une sauvage. C’est totalement raciste... Tout ça parce que je suis noire, c’est ça ? Quand je leurs aurais botté le cul, ils m’entendront gueuler. Je ferme simplement les yeux et j’écoute la voix dans ma tête qui me dit, avec quelques secondes d’avances, ou les balles viendront s’écraser, leurs directions, leurs vitesses… J’anticipe, mes mouvements sont souples, mes gestes précis, et la rapidité de mes gestes a l’air de les déstabilisés. Il me faut quelques minutes, sous le feu des armes, pour me ramener vers l’un des premiers types à ma droite et lui éclater le nez avant de l’attacher autour d’un parasol à l’aide de ma ceinture en liane. Le suivant se prend la rangée de transat, comme le prochain qui se retrouve enseveli.
                Non mais, j’veux bien être sympa, mais y’a des limites. C’est comme ça que je choppe le dernier pas son fusil et lui colle dans la bouche en me planquant derrière le bar en faux-bambou en sa compagnie. Le canon entre les dents, il a à peine le temps d’articuler quelque chose que je pige pas un pet. Il finit par simplement lever les mains en agitant dans l’une un mouchoir blanc en signe de paix. Les tirs s’arrêtent, je cause :

                Tu sais qui je suis ?

                De près, il a l’air de me remettre un peu mieux. Il comprend qu’on va frôler la catastrophe diplomatique. Qu'avec ces conneries, il risque plus gros encore que sa vie. Vrai aussi que sa vie à côté de comment sa boss va sans doute lui botter le cul, c’est terriblement désuet.

                Désuet. J’aime bien ce mot.

                Je suis Michaela Hope. Je suis la seconde des Saigneurs des Mers. Je suis le bras droit du Corsaire qui séjourne sur ta putain d’île. Je vaux cinquante-sept millions de berries… Je valais, maintenant que je suis sous la coupe de Jack Callughan. Et si y’a bien un truc à pas faire pour que ton île reste une île et qu’on frôle pas l’incident diplomatique, c’est me tirer dans les pattes, tu piges ? Alors ne me donne surtout pas une bonne raison de repeindre les murs avec ta cervelle !
                Mhmhmhmm…
                Oui, je comprends, tu veux dire que tu es désolé et que c’est dur de le dire avec un canon dans la bouche, alors je t’excuse.

                Je retire le canon d’entre ses incisives et me relève juste après lui. Les autres chasseurs/serveurs/barmans armés jusqu’aux dents baissent les armes en s’excusant platement quand mon nouveau copain leur explique l’énorme bourde qu’ils viennent de faire. Je comprends pas tout, mais je comprends quand même que la dame qui tient le volant de cette industrie va pas être très contente de la nouvelle. De quelle nouvelle ? Je sais pas encore. Mais elle va pas aimer de toute façon.

                Tiens, pour vraiment te faire pardonner, mon cher ami, tu vas m’amener immédiatement voir un des Saigneurs. Un de ceux pas partis vadrouiller je sais pas ou… Et tu diras à ta patronne que je suis rentrée, et qu’elle a tout intérêt à embaucher des guides compétents la prochaine fois !

                Ah, et toi, ramène moi Anthrax immédiatement, ou trouve moi un con d’animal pour me faire la traduction de vos conneries !

                Et il me faudrait un petit remontant, aussi !
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