Le Juge Couak siégeait dans l'intimité de son bureau. Intimité ne voulant pas dire austérité, et parce que quand on est juge, on a un certain standing à tenir. Et le Juge Couak est respectueux des protocoles, des us et des coutumes.
C'est donc une pièce aux lambris de noyer poli à la cire d'abeille, avec une grande table à la surface de marbre, un grand fauteuil bien rembourré, recouvert d'un cuir craquant. Une lampe de verre manufacturé envoie, en cette fin d'après-midi, des reflets sur les tableaux de maîtres qui ornent les murs.
De l'autre côté de son plateau, deux fauteuils à dos droit et une chaise genre tabouret amélioré. Tout juste. Il serait bancal que ça serait bien.
Entre Sperz. Depuis une semaine depuis son intervention, le Procureur est auréolé d'une gloire qu'il gère avec une modestie toute calculée. Ces deux là se regardent et échangent sans mot dire. Ceci pourrait être une belle image de complicité virile. Mais non. C'est juste l'habitude de l'esprit plus ou moins tortueux de l'autre.
Entre l'objet de cette réunion: le Commandant Lin Ayzami, en uniforme propre, non menottée, mais suivie à la culotte par deux gardes prêts à la mettre à terre à la moindre occasion. Il sont minimum trois fois plus gros que toi, et tu le sais bien.
Le tabouret est pour toi.
Sperz prend un des fauteuils.
- « Commandant Lin. Avez-vous fait appel à un conseiller juridique militaire, comme cela vous était possible? Pouvons-nous commencer l'audience préliminaire? »
Sperz s'éclaircit la gorge à ce moment.
- « Monsieur le Juge, je me permets de souligner qu'à la lumière des derniers éléments en cours, nous sommes prêts à revoir notre position envers le Commandant Lin. Tout dépend notamment de sa volonté à collaborer avec la Justice. En ce sens, nous pourrions, si tout le monde est d'accord, repenser cette réunion comme une audience de conciliation. »
Le Juge acquiesce et plonge son regard "spécial justice de la mort qui voit tout, jusqu'à la couleur de ton slip" dans le tien.
- « Je ne m'y oppose pas. Commandant Lin? Je précise que cette audience a lieu en huit clos et est couvert par le secret de l'instruction. Puisque vous êtes revenue sur votre témoignage, je voudrais savoir quel est votre véritable sentiment sur le condamné? Non pas le dégoût qu'il doit forcément vous évoquer. Nous voulons savoir si, en regardant en arrière, vous n'avez rien vu de particulièrement étrange ou laissant à penser que Arashibourei était autre chose qu'un Marine aux manières brutales. Je rappelle que si un officier doit être obéit, c'est aussi la règle première de tout soldat de pouvoir contester des ordres iniques. Commandant Lin, avez-vous été manipulée entièrement? Ou avez-vous agi malgré des doutes? »
C'est donc une pièce aux lambris de noyer poli à la cire d'abeille, avec une grande table à la surface de marbre, un grand fauteuil bien rembourré, recouvert d'un cuir craquant. Une lampe de verre manufacturé envoie, en cette fin d'après-midi, des reflets sur les tableaux de maîtres qui ornent les murs.
De l'autre côté de son plateau, deux fauteuils à dos droit et une chaise genre tabouret amélioré. Tout juste. Il serait bancal que ça serait bien.
Entre Sperz. Depuis une semaine depuis son intervention, le Procureur est auréolé d'une gloire qu'il gère avec une modestie toute calculée. Ces deux là se regardent et échangent sans mot dire. Ceci pourrait être une belle image de complicité virile. Mais non. C'est juste l'habitude de l'esprit plus ou moins tortueux de l'autre.
Entre l'objet de cette réunion: le Commandant Lin Ayzami, en uniforme propre, non menottée, mais suivie à la culotte par deux gardes prêts à la mettre à terre à la moindre occasion. Il sont minimum trois fois plus gros que toi, et tu le sais bien.
Le tabouret est pour toi.
Sperz prend un des fauteuils.
- « Commandant Lin. Avez-vous fait appel à un conseiller juridique militaire, comme cela vous était possible? Pouvons-nous commencer l'audience préliminaire? »
Sperz s'éclaircit la gorge à ce moment.
- « Monsieur le Juge, je me permets de souligner qu'à la lumière des derniers éléments en cours, nous sommes prêts à revoir notre position envers le Commandant Lin. Tout dépend notamment de sa volonté à collaborer avec la Justice. En ce sens, nous pourrions, si tout le monde est d'accord, repenser cette réunion comme une audience de conciliation. »
Le Juge acquiesce et plonge son regard "spécial justice de la mort qui voit tout, jusqu'à la couleur de ton slip" dans le tien.
- « Je ne m'y oppose pas. Commandant Lin? Je précise que cette audience a lieu en huit clos et est couvert par le secret de l'instruction. Puisque vous êtes revenue sur votre témoignage, je voudrais savoir quel est votre véritable sentiment sur le condamné? Non pas le dégoût qu'il doit forcément vous évoquer. Nous voulons savoir si, en regardant en arrière, vous n'avez rien vu de particulièrement étrange ou laissant à penser que Arashibourei était autre chose qu'un Marine aux manières brutales. Je rappelle que si un officier doit être obéit, c'est aussi la règle première de tout soldat de pouvoir contester des ordres iniques. Commandant Lin, avez-vous été manipulée entièrement? Ou avez-vous agi malgré des doutes? »