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East of all hope, south of any insanity


    C'était encore le chaos à la base de Marie-Joie. Ce genre de chaos frénétique qui montrait toute la limite de la puissance du Gouvernement. A travers la Marine, les bureaucrates voulaient tout diriger, et pour contrer toute menace contestataire, opposaient une volonté de fer à tout savoir, tout connaître, pour agir avant d'avoir à réagir. Ici, aujourd'hui, le Gouvernement avait subi. Il avait pris de plein fouet l'inconnu, l'incompréhension. La machine infernale qui broyait le quotidien venait de hoqueter sur une broutille de pierre, un petit machin qui s'était insinué entre deux rouages.  Un détail nommé révolution.

    J'étais passée chez moi, mon vrai chez-moi, pour me changer. Fini Jade, je ne pouvais plus endosser ce rôle. Pas alors que je m'apprêtais à retourner le plan de Grand Bob contre la Marine. Mon seul regret immédiat : ne pas pouvoir me débarrasser de cette tignasse noire. Bon, puisque nous allions en expédition punitive, il y avait un intérêt à rester la plus discrète possible. L'espace d'un instant, je fus tentée de regarder dans ma cachette à escargophones, pour apaiser ce tourment dans mes entrailles. Mais alors que j'avais la main tendue, je me repris. Et si j'avais un message urgent ? Comment concilier mes priorités ? Sauver Sisa, ou Mosca de Torcy, ou quel que fut son nom, était un objectif primordial.
    Avec un soupir chargé de scrupules, je partis.

    Et dans la base, je donnai de la voix, pour me faire entendre au-delà des appels et des cris. La pluie s'était arrêtée, et je décidai d'y voir un bon signe du destin. Ce qui m'était nécessaire pour faire face au gradé qui se présenta après mes demandes autoritaires, et puisque j'avais cru bon de me « la jouer » dans leur cour, il répondit au tac-au-tac en m'interrogeant sur place. Comme si le regard de dizaines d'hommes allait me faire quelque chose. Je m'étonnai de la force que je puisais en moi. Il y a moins d'un an, je n'aurais jamais cru que j'avais en moi autant de... opiniâtreté.  Je n'aurais jamais pensé que je pourrais me tenir droite devant un lieutenant-colonel sans avoir à avoir recours à des ruses pour paraître son égale. Là ? J'étais persuadée d'être infiniment plus supérieure en tout que lui.
    -  « Bon, vous voulez quoi ? J'ai autre chose à faire que m'occuper des agent CP. »
    -  « Agent Raven-Cooper, Lieutenant-Colonel. Agent assermenté du Cinquième Bureau, détachée auprès d'un agent du Sixième Bureau, qui vous avez du voir dans le bureau de votre supérieur. Un grand type dans le genre costaud. » Parce que, toi, personne te parle. Je l'insultais, sans même craindre sa réaction. « Nous enquêtions sur une cellule révolutionnaire qui opérait ici, à Marie-Joie. Avec potentiellement une infiltration au cœur de la Marine. C'est pour cela que vous n'étiez au courant de rien. Un peu plus tôt cette nuit, un piège a été tendu pour ces révo. Mais apparemment, le traître s'est manifesté et l'attaque s'est retournée contre nous. L'agent du Sixième Bureau a été capturé. Il faut monter rapidement une expédition de sauvetage. »
    -  « Et pourquoi est-ce que nous obéirions à vos ordres ? Jusque là, vous avez été capables de nous tenir à l'écart ? Pour le résultat que ça a donné ? »
    -  « La Marine n'était pas tenue à l'écart. Le Lieutenant-Colonel Sisa était notre correspondant. Il est d'ailleurs parti avec une poignée d'hommes à la poursuite des révolutionnaires. »
    - « C'est vrai, chef. Je l'ai vu, plutôt, avant l'attaque. » objecta un clampin depuis la foule assemblée autour de nous.
    -  « Dans ce cas, pourquoi encore réclamer de l'aide ? »
    -  « Parce que nous n'avons pas de temps à perdre. Imaginez-vous si mon collègue se met à parler ? Il est spécialisé dans la lutte contre la révolution, il connaît le nom des agents infiltrés et des espions. C'est une perte que le Gouvernement ne peut encaisser. Et il est le seul à connaître les suspects pour le rôle de la taupe. De plus, croyez-vous vraiment que ce sont de simples révolutionnaires qui ont réussi à mettre à mal votre défense ? Non, bien sûr que non. » Et hop, un coup de briquette, pour caresser dans le sens du poil. « Le Bunker, ça vous dit quelque chose ? Apparemment, il aurait fait cause commune... »

    J'avais lancé ça, comme ça, pour voir si ça allait retomber, et où et comment ça allait retomber. Surprise totale, quand le lieutenant m'attrapa par le bras et me tira un peu à l'écart.
    -  « Le Bunker, pour de vrai ? »
    -  « Aucune idée, c'est une information de derrière minute qui m'est arrivée par mes canaux d'informateurs. Ce qui est étrange. Vous savez, les révo, le Bunker... Pas forcément le meilleur mélange. » Encore une fois, je tentais ma chance, en rebondissant sur cette histoire de 'traître'.
    -  « Le Bunker... C'est un pirate, mais peu primé. Parce qu'on arrive pas à mettre à son crédit la moitié des crimes qu'on suppose être de son cru. Et puis, son mode opératoire. Ça change une fois sur l'autre, et il agit de partout. »
    Pas étonnant, si le Chevalier avait endossé son identité.
    -  « Peut-être une flotte, avec différents capitaines ? Ou alors un coalition de pirates qui agissent sous le même nom ? »
    -  « Qu'importe. Ce qui nous intéresse, c'est que d'après nos informations, le Bunker s'en prend à des cibles révolutionnaires. »
    -  « Ah... » Autant dire que ça, ça ne m'arrangeait pas. « J'en conclus que vous ne désirez pas forcément son arrestation ? »
    -  « Vous plaisantez ? Un pirate qui fait notre boulot, au nez à la barbe de la Marine. On rêverait de lui mettre la main dessus, et de lui poser quelques questions.. » Ah... Autant dire que ça, ça ne m'arrangeait pas du tout, du tout... Encore une fois, j'allais devoir improviser sur le chemin. Finalement, c'était encore ce qui marchait le mieux. J'avais beau tout planifier, il y avait toujours un truc qui allait de travers. Éviter le danger, c'était finalement l'appeler de tous ses vœux.
    -  « Bien, nous sommes donc d'accord. Une force d'intervention rapide et réduite, pour mettre fin aux agissements de la cellule révolutionnaire et de ce Bunker. »
    - « Mon Colonel ? » un soldat nous interpella de loin.  « Il y a une troupe d'hommes-poissons à l'entrée, qui dit être ici pour aider la demoiselle. »
    -  « QUOI ? »
    -  « Alors, la demoiselle, c'est un Agent, et eux, ce sont mes informateurs, et des citoyens près à faire leur devoirs civiques. Ils viennent avec nous. »
    -  « Non, mais ne manquait plus que ça !!!? »
    -  « Ah, c'est vrai, vous n'étiez pas au courant. Les révolutionnaires ont tenté de discréditer les hommes-poissons, pour leur faire porter le chapeau, provoquer une attaque injustifiée sur les Ecailles et les faire passer pour des martyres. En plus bien entendu de faire perdre son temps à la Marine et avoir le temps de filer tranquillement. Donc, j'ai court-circuité ce complot et ils viennent nous aider. »
    -  « … Je n'aime pas ça, et je ne vous aime pas. Bon, ils sont partis où, vos révo ? »
    -  « Je n'ai pas à être aimée par un type comme vous. Et qu'est-ce que j'en sais ? Le Bunker, c'est votre rayon non ? »
    Nan mais oh.

    Je plantais le gars et allait à la rencontre des hommes-poissons. Un regard avec Caïus, et je sus que tout allait bien. Aussi bien que possible, en tous cas.
    -  « Hum, les gars, à tout hasard. Un navire, genre Conquistador, avec un certain Bunker dessus, ça vous dit ? »
    – « Je ne sais pas pour un Bunker, mais on m'a parlé d'un navire isolé plus loin sur Red Line, à l'embouchure de la rivière  du Grand Ligneray. » On avait décidément tort de sous-estimer les simples matelots. Ce dernier rougit et bégaya quelque chose sur la tour de contrôle et les rapports météo. Un truc qui ne m'intéressait pas.
    -  « Bon, ben voilà. Vous voyez, quand on veut, on peut. »
    -  « Vous... Bon, un bâtiment a été affrété pour vous. L'Exodus, vous connaissez ? »
    -  « Evitez-moi votre ironie, vous savez très bien que oui. Mon frère se joindra-t-il à notre mission ? »
    -  « Il a des ordres bien clairs : arrêter le Bunker. A vous la responsabilité de sauver votre coéquipier. Vous et vos... alliés devraient pouvoir faire ça ? »
    -  « Mais parfaitement. C'est une mission pour les experts, pas pour les amateurs, voyez-vous ? Mon rapport ne manquera pas de mentionner votre aide au combien inestimable... »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 27 Aoû 2013 - 20:58, édité 1 fois
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    Dans la lignée « karma pourri et mauvaise pioche », devoir faire équipe avec mon second frère se posait là. Ce n'était pas que je n'aimais pas Angus. Au contraire, je l'adorais. Mais justement, devoir m'arranger pour faire échouer sa mission me faisait mal, d'autant plus que je ne voyais mais vraiment pas comment j'allais faire. Arrêter Angus une fois qu'il était lancé ? Ah ! Laissez-moi rire. Comment j'allais faire ? Aucune idée. Est-ce que cela m'inquiétait ? Totalement, mais puisque je ne pouvais rien y faire, autant repousser à tout à l'heure cette réflexion à quand je n'aurais plus le choix.
    -  « Ainsi, soeurette, tu viens sur le terrain ? »
    -  « Pff, comme si je n'étais pas un agent. »
    -  « Bah, tu es plutôt du genre secrétaire, non ? »
    -  « Angus, tu es un crétin sexiste et tu vas finir vieux con célibataire. »
    -  « Et toi, itou, sale mégère. …. quoi, tu rougis ? Oh, P'pa est au courant que tu as un homme en vue. Pauvre type, tu lui passeras mes condoléances... »
    -  « Mon frère est un idiot. »
    -  « Et il va sauver ton p'tit cul. »
    -  « Je croyais que ta mission, c'était de capturer le Bunker ? »
    -  « Comme si j'avais une chance de survivre si Père et Mère apprennent que tu t'es cassée un ongle alors que j'étais dans le coin. »
    -  « Essaie déjà de ne pas te blesser toi. Je ne sais toujours pas faire les pansements, et j'ai autre chose à faire. Bon, on se retrouve plus tard ? »

    Une dernière accolade et nous étions déjà arrivés. L'Exodus était un de ses navires furtifs sortis très récemment des chantier navals de la Marine. Conçu pour la vitesse et la discrétion, l'Exodus fendait les flots sans un bruit et s'approcha des côtés de Red Line sans se faire repérer. Puis nous remontâmes le cours du Grand Ligneray, une rivière d'une taille raisonnable qui descendait depuis les entrailles de la terre.
    Un Dragon Céleste avait élu domicile là, il y a fort longtemps, avant qu'une fièvre venue des terres ne le poussa à revenir à la capitale. Depuis le domaine était tombé en désuétude.

    Du fortin de Bois-Noir, il restait un vieux pont de pierre, une muraille circulaire en assez bon état, quelques ruines presque rases et un donjon partiellement effondré dont la silhouette en biseau, une heure avant l'aube, se découpait sur fond de ciel incertain. Abandonné depuis longtemps, ces vestiges isolés se dressaient en bord du rivière sur une colline escarpée. Un sentier et une route permettaient d'y accéder. Etroit, dangereux, le sentier descendait en lacets vers la rive et un ponton auquel un bateau était amarré, des hommes-poissons s'affairant déjà à son bord. La route empruntait l'autre versant et montait en faisant une large boucle qui menait au vieux pont, lequel enjambait un fossé envahi de broussailles. En bas, au départ de la route, on avait bâti un enclos de fortune où vingt chevaux environ paissaient près d'une boucle de la rivière.

    -  « On investit par le bas, et toi, tu t'occupes du haut ? »
    -  « Oui. »
    -  « T'arriveras à monter ? »
    -  « Oui. »
    -  « T'es sûre ? »
    -  « Oui. »
    -  « T'es sûre que tu ne veux pas un ou deux de mes hommes ? »
    -  « Oui. »
    -  « Tu restes en vie ? »
    -  « Oui. »
    -  « Bon, ben, à l'assaut, les gars.. »
    -  « Hum, donne-moi un quart d'heure d'avance ? Histoire d'être discrète, hein... »
    -  « D'accord. Mais dans un quart d'heure, tu planques tes miches, soeurette. »
    -  « Dans un quart d'heure, mes miches seront revenues... »
    -  « Vantarde de CP !»
    -  « Bourrin de Marine... »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 27 Aoû 2013 - 21:00, édité 1 fois
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    -  « Bon, voici le plan. A partir du moment où nous partirons, on a moins de quinze minutes pour faire une---. »
    -  « Pourquoi je suis sous vous ordres ? »
    -  « Parce que je sais ce dont il s'agit et pas toi ? »
    -  « Je suis un Marine, et je n'ai pas à obéir aux ordres d'une Cipher Pol ! »
    -  « Tes états d'âme, je me fiche. Si tu as besoin d'autorité et d'une paire de couilles pour que tes neurones s'enclenchent, va voir mon frère. Tu sais, le gros baraqué qui dirige l'équipe d'assaut et tu lui expliques pourquoi une femme agent CP n'est pas, à tes yeux, capable de coordonner une équipe de Marines et de miliciens. »
    -  « C'est votre frère ? »
    -  « T'es toujours aussi con, ou c'est juste maintenant ? »
    -  « Ah... »
    -  « Quoi encore ? »
    -  « Non, c'est que mon frère fait partie de l'équipe de votre frère, et si je vais aller les voir... Bref.. »
    -  « Oui, bref, tu vas passer pour le merdeux qui ne veut pas travailler pour une femme, et une CP en plus. C'est bien, tu viens de bousiller ta carrière, je n'ai pas le temps de m'occuper de toi maintenant, mais à mon retour, tu peux dire au-revoir à la capitale. Va donc près des communications. Les autres, des remarques ? »

    Le silence accueillit ma question, et je décidai que le sujet était clos.
    -  « Bien, les Marines seront la ligne secondaire de commandement. Ils sont des professionnels, alors que vous, vous êtes des volontaires. Vous allez donc suivre le plan à la lettre, qui consiste à garder un chemin de sécurité entre la tour et cette position. » Je m'adressai aux hommes-poissons de Caïus, en espérant qu'ils n'allaient pas se hérisser à mon ton. Ici j'étais un agent, et eux, tous sauf des wanna-be-révolutionnaires.
    -  « Mais vous, vous allez faire quoi, si on ne vient pas avec vous ? »
    -  « Je vais faire ce que j'ai à faire : sauver un de mes collègues. Vous, vous êtes là pour faire appât, ou éliminer les guetteurs ou quoi que ce soit qui me permette de profiter de mon quart d'heure d'avance. C'est bon ? »
    Je savais qu'une fois l'assaut lancé, tout ne serait plus que chaos et que je n'aurais plus une chance d'escamoter Torcy.  J'avais quinze minutes pour berner la Marine par deux fois : la poignée de gars qu'on m'avait collé au train à Marie-Joie et l'équipe de mon frère. Deux mensonges différents, à monter en une seule vérité comme une crème chantilly. Sauf que ça serait beaucoup moins délicieux. Le goût aigre-doux de la victoire par défaut.
    Une chose était sûre, après ça, je prenais des vacances aux sources chaudes, pour guérir mon épaule, mes ampoules et mes racines.

    Lentement, profitant encore des derniers lambeaux de la nuit, chassés par une aube naissante, je grimpai dans la boue laissée par la tempête à flan de montagne. Dans moins d'une heure il ferait suffisamment jour pour voir à quelques mètres, et cette mascarade prendrait fin. Autour de moi, Caïus et deux de ses meilleurs hommes, les seuls habilités à nous accompagner jusqu'à mi-pente. Caïus irait jusqu'au rocher, dernier rempart avant le pied de ce qui restait de la tour. Entre les deux, une courte distance totalement à découvert.
    – « Dites... » me souffla soudain l'un des deux autres. « Votre frère, il a reçu des ordres sur le devenir des ennemis ? »
    -  « Il n'a rien précisé, donc c'est la procédure standard : tout ce qui bouge bougera moins avec un genou ou deux défoncés. Pourquoi ? »
    – « Mon frère... il a rejoint la bande de Keress... »
    -  « Toutes mes condoléances, dans ce cas. »
    Je savais que ce n'était pas la réponse qu'il attendait, mais je n'allais pas lui mentir.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 27 Aoû 2013 - 21:00, édité 2 fois
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    Quelque part à Marie-Joie, à quelques dizaines de kilomètres de Bois-Noir.

    - Bon, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
    - Le Bunker a tenté de nous doubler, on s'en doutait.
    - Mais à ce point...
    - En fait, nous ne pensions pas qu'il allait passer à l'attaque aussi vite. Du coup, notre embuscade a raté. Le révo et le pirate nous sont passés sous le nez.
    - Allons, allons, nous avons bien avancé. L'opération « claire fontaine » est un succès pour le moment. Et nous avons nos hommes en position exactement là où nous les voulions. Félicitations, Devett.
    - Et puis, il fallait s'en douter, à partir du moment où on lui avait donné l'info sur la présence de Torcy de Mosca entre nos murs....
    - Oui, mais c'était bien trop rapide...
    - Il a profité de la tempête. Pour lui, c'était une occasion en or.
    - Ça prouve bien qu'il avait une taupe parmi nous.
    - D'ailleurs, où en sont les réparations du mur ?
    - En cours. Elles devraient être finies au matin. Il faudra par contre limoger un ou deux ingénieurs des bâtiments pour justifier qu'une tempête ait pu détruire des parties même endommagées de la base.
    - Bah, de toutes les façons, tous les esprits seront tournés vers Ennies et le procès Arashibourei.
    - Hum, sale affaire que ce truc.
    - Des traîtres partout. C'est intolérable !
    - Au moins savons-nous que nous en avions un ici.
    - Et la suite des événements nous a bien donné raison sur les suspects.
    - De toutes les façons, nous le saurons bientôt, le salopard sera bientôt entre nos mains. L'équipe que nous avons envoyée sera à même de l’interpeller.
    - En espérant que le Bunker se laissera faire.
    - Notre agent est le meilleur.
    - Il faut dire qu'il sera occupé avec notre petite distraction, ce satané Bunker.
    - Hum, avoir envoyé son frère dans la même mission... vous ne pensez pas que ça va l'empêcher de mener à bien sa mission ?
    - Au pire, une perte collatérale. Ça renforcera sa volonté pour après. Etre espion n'est pas une sinécure non plus.
    - Perte collatérale... ça va s'appliquer aux autres agents aussi ?
    - Oui, bien entendu. On ne peut pas dire que nous avions des soupçons à leur encontre, n'est-ce pas ?
    - Et si  aucun n'était notre espion ?
    - Il y a un espion. Et nous allons les prendre à leur propre jeu.
    - Un sacrifice pour la Paix Mondiale.
    - On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.
    - C'est bon, l'omelette, ceci dit.
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    J'étais arrivée au rocher. A mes côtés, Caïus n'en menait pas large. C'était peut-être une ruine, mais vu de près, elle en imposait. Le donjon faisait trois étages, et le quatrième béait à ciel ouvert. Bois-Noir avait été un avant-poste Marine, avant que le domaine ne fut laissé à l'abandon. Du haut de la tour, une vue imprenable sur les alentours, sur les lacets de la rivière qui rejoignaient la côte. La grosse barque que certains hommes-poissons préparaient permettaient de faire le va-et-vient entre le Conquistador, à l'ancre, et déjà surveillé par une partie de la troupe Marine qui m'avait été confiée. Ou, pour être plus exacte, qui avait reçu mission de m'accompagner et de me surveiller.
    Donc, une partie de la troupe de Keress Karn était occupée en contre-bas et dans un instant serait aux prises avec mon frère.

    Mais il restait encore une autre partie de la troupe, plus Dédris et Keress, et le Bunker. Le tout dans cette tour. Où se trouvait Mosca. Et j'étais seule contre tout ça. Même pas peur ? Si, en fait, je crevais de peur, mais je n'avais pas le choix. J'allais devoir faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Me démerder, faire avec ce que j'avais, sur le moment.

    Un pas de côté pour contourner le rocher, encore un. Puis tout droit jusqu'au pied de la tour... mais au moment où j'allais m'élancer, j'eus comme une impression de déjà-vu. Une sensation écrasante de certitude absolue que si je bougeais, j'allais être vue par un guetteur, et que tout cela allait se finir dans une mare de sang. L'espace d'un instant, je paniquai. L'esprit à vide, les yeux fixés sur un point aveugle, je ne savais plus. Je me sentais comme un insecte sous la botte... insecte sous la botte... insecte...
    Je me transformai grâce à mon fruit, en forme animal. Je m'étais entraînée et cela ne me demanda qu'une seconde. Par contre, la question de savoir si Caïus m'avait vue me paralysa, avant que mon moi-papillon ne repoussât cette peur.  Et même s'il ne m'avait pas vu, il ne pourrait que constater ma disparition éclair, et rien que ça était plus que louche.

    Je ne sais pas pour les autres zoans, mais moi, je trouvais qu'il y avait un gros inconvénient dans le fruit du papillon. Déjà en tant qu'humaine, je souffrais d'un problème de concentration. Mais en forme animale, tout était magnifié. Et puis, je ne voyais qu'à travers ces yeux à facettes, où les lumières et les odeurs se reflétaient. C'était totalement un autre monde, une façon de comprendre et d’interagir avec le macrocosme. Je n'avais qu'une envie, me laisser porter par le vent, aller voir au-delà de cette tour, pour le champ s'étendant jusqu'à la ligne d'arbres.

    Heureusement que c'était l'aube. Les hommes du Bunker étaient fatigués par une nuit bien agitée, entre prise d'assaut d'une base, retraite jusqu'à ce trou paumé et tour de garde. Sinon, un papillon rose fluo, ça les aurait alerté. Enfin, je crois. Je n'étais plus en mesure de réellement prendre en considération toutes les données du problème. Je DEVAIS retrouver Mosca. Après ? Aucune idée. Une chose à la fois.
    Je voletai ici et là, et je trouvai Keress dans une pièce au premier étage, Dédris dans la cour. Pas de Bunker. Faut dire que je ne savais pas à quoi il ressemblait. De toutes les façons, tout cela ne serait plus que des images dans quelques secondes, quand je repris forme humaine derrière la chaise où De Torcy était attaché. Il était seul dans la pièce, mais la porte inexistante donnait directement sur le couloir.
    -  « Psss... Tu es vie ? »
    – « Mais qu'est-ce... tu es folle ?! »
    -  « Sûrement. La Marine est venue sauver Grand Bob. Toi, tu dois partir, et rapidement. » A l'aide de mon Wakizashi, je coupai ses liens.
    – « Mais comment veux-tu partir ? »
    -  « Tu peux marcher ? »
    – « On va faire avec. Mais au moindre risque, laisse-moi. Tu n'es pas de taille face face à ces gars. »
    -  « Ecoutez le héros qui parle... Héros, ou traître ? » Je glissai son bras autour de mes épaules. Mon plan était simple : il passait par la fenêtre. Une jambe cassée valait mieux qu'un corps torturé. Caïus devrait intuïter et profiter du chaos que provoquera mon frère pour venir au plus près et récupérer le blessé.
    – « Mais de quoi tu parles ? »
    -  « J'ai appris des choses, et je sais encore additionner deux et deux. Tu vas devoir m'expliquer pas mal de trucs, après. »
    – « Oui, après. Tu as vraiment un sens des priorités pourris. »

    Et là, il y eut une explosion.
    Encore une.
    Décidément.



Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 27 Aoû 2013 - 21:01, édité 1 fois
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    Au début, je crus à un minutage raté de Angus. C'était bien de lui, de ne pas savoir compter. Ou de s'être planté, trop excité à l'idée d'aller au charbon. Mon frère me faisait peur parfois.

    Puis l'étage tangua, et là, je compris que ce n'était pas forcément ça. Puis il fut temps de faire une retraite précipitée vers la porte, puisque ce qui servait de plafond au troisième étage était en train de s'écrouler en une avalanche de pierres et bois pourris, accompagné par des nuages de poussières.
    Le problème, c'était qu'au deuxième, il y avait Keress Karn et un homme qui se trouva être le Bunker. Ce n'était pas forcément évident au premier coup d'oeil. Avec un tel nom, je m'imaginais un grand type genre armoire à glace normande. Mais non. Bon, il ne faisait pas crevette ascétique non plus. Mais pour le coup, je fus profondément déçue.


    Le truc, c'est qu'on débarqua en pleine dispute entre lui, et mon cher Freddy-les-Mimines. Enfin, Keress Karn.

    East of all hope, south of any insanity Pxpd
    Par Dormat commissionné par Runewinter ©
    – « Je ne suis pas un chien au service du gouvernement ! Si tu penses que je vais accepter... »

    On ne sera jamais ce qui allait suivre à ce « si », parce que voilà, il se tourna vers nous – De Torcy et moi – avec un sourire mauvais. J'avais déjà dit que j'avais eu un drôle de sentiment à son encontre. Là, je compris pourquoi. Et je mis le doigt sur le sentiment. Une bonne terreur. Je trouvais Angus flippant ? Ce type l'était encore plus. Il était fou, du genre psychopathe. Avait-il, gamin, manqué d'amour ou quoi ? Je ne savais pas, mais pas besoin d'être devin pour savoir que dans un moment, son bras serait dans mon ventre, et ses mimines en train de farfouiller dans mes entrailles.
    C'est bête... Si j'étais restée en haut, ils se seraient sûrement entre-tuer. Ou auraient été suffisamment occupés pour ne pas s'apercevoir que nous nous faufilons dans leur dos...
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    Je revins à moi avec un hoquet sifflé, avant de m'étouffer avec la poussière.
    -  « Keuf Keuf... qu'est-ce.... »
    – « Ah, tu es en vie. J'ai eu un doute. Allez, lève-toi, on va prendre les escaliers. »
    Et c'était Mosca, lui qui avait l'air très amoché, avec un œil déjà fermé par un coup et du sang coagulé partout, plus un genou tremblotant, lui qui me soulevait presque et m'incitait à continuer.
    Nous étions encore au troisième étage. Ou ce qu'il en restait.
    -  « NON !!!!. »
    – « Quoi encore ? »
    -  « Attends... encore un peu... je crois... »
    – « Attendre quoi ? »
    Il était excédé et je pouvais comprendre. Ça n'avait aucun sens, mais je savais, de la même manière que j'avais su que si je ne me faisais pas toute petite tout à l'heure, qu'il était trop tôt pour descendre. Encore quelques instants. Je savais, comme une intime évidence, comme si je l'avais déjà su, comme si une fée s'était penchée sur mon oreille pour me murmurer ce qui se passait quelques pas plus bas.

    Puis il y eu des éclats de voix qui montèrent jusqu'à nous, et des bruits de combat. Là, je poussais Mosca en avant, et il m'obéit, et en silence. Pour une fois.
    La salle du second étage était un chaos indescriptible. Difficile de croire qu'il n'y avait que deux hommes en train de se battre. Vu la puissance des coups qu'ils échangeaient, je compris qu'on leur devait les deux explosions. Celle de la base, et celle de la tour. Encore une fois, je restai figée par la puissance animale qui se dégageait d'eux.
    – « Viens... » me souffla Mosca. Pourtant, il titubait, et je dus lui prêter encore une fois mon épaule. Finalement, qui portait qui, dans l'histoire ? Nous faisions un bon duo, ne m'en déplaise. « Essaie d'ignorer leur haki. C'est pourquoi ça que je t'ai dit de partir. »
    -  « Ha-haki ? » Je connaissais le terme, j'avais lu sur cette technique-qui-n'était-pas-une-technique. Mais de la théorie à la pratique, il y avait un écart que je réalisais maintenant.
    Pendant ce temps, les deux se mettaient sur la tronche, et cela nous arrangeait bien. Nous passâmes sur la pointe des pieds, profitant des nuées de poussières qu'ils soulevaient, évitant de peu les bouts de chaise qui voltigeaient d'ici, de là. Nous arrivâmes à la porte, ou à l'embrasure de ce qui avait du être une porte sans être remarqués. Comment avions-nous fait ? Aucune idée. Je ne cherchais plus. Je me laissais porter par les événements.
    Sauf quand je décidai que non, nous ne continuerions pas notre descente. J'attrapai brusquement De Torcy par le col de sa chemise, un bout de tissu me restant dans la main, et je nous rapatriai dans un recoin du couloir. Deux secondes plus tard, un grand homme-poisson aux écailles noires passa en coup de vent dans la pièce, interrompant le combat :
    – « KARN, KARN, LA MARINE !!! ILS ATTAQUENT!!! »


    Nous nous glissâmes dans son dos, en direction du premier étage. Mosca commençait à se faire de plus en plus lourd... peut-être parce qu'il commençait à tourner de l'oeil. Gé-ni-al. Tout ce dont j'avais rêvé. Et si j'en croyais les dires de Dédris, c'était parfaitement clair que là, si je descendais, j'allais me trouver nez-à-nez avec les troupes de mon frère.
    Au moment où j'allais perdre tout espoir, où j'étais arrivée à bout de solution, où je pouvais voir comment me sauver, ou sauver De Torcy, mais pas NOUS sauver, au moment où je me disais « bah, on va jouer le tout pour le tour et faire style j'ai trouvé Sisa », au moment où je fermai les yeux pour oublier l'espace d'une seconde le merdier total dans lequel j'avais été engluée depuis quelques semaines depuis le début de cette histoire, à ce moment, j'entendis comme des sons de clochettes. Des tintements, en écho, certains près, certains plus loin, d'autres en mouvements. Et lorsque j'ouvris les yeux, inquiète de ce nouveau phénomène – voilà que j'entendais des voix... enfin, même pas des voix... - je vis comme des boules de lumière, des auras qui pulsaient.
    Plus bas, près de la route, un cri, des déflagrations et une boule s'éteignit brusquement. Une autre vacilla lourdement, presque morte, simple braise. Ça n'avait aucun sens, sauf si je décidai d'y croire. Et en ce moment de sombres doutes, une espérance est toujours mieux que rien. En dépit de toute logique, je me laissais aller. N'avais-je pas dit que c'était précisément ce que je voulais faire ? Ne devais-je pas être censée avoir tiré leçon de ma tendance à tout vouloir contrôler ?

    -  « Mosca ou quel que soit ton nom, tu te remues les miches et tu viens avec moi. »
    Et de le traîner, de le bousculer, de nous cacher ou de sprinter, selon que les bulles s'éloignaient ou pas.
    La tour, déjà mise à mal par une première explosion - ou coup, en fait... je crois... - continuait de se désagréger suite au ramdam général. Les hommes-poissons de Keress et les hommes du Bunker ne travaillaient pas forcément ensemble, et la déferlante Marine n'aidait pas à une cohésion particulière. En un mot comme un autre, c'était du chacun pour soi, et si je dus abattre deux ou trois ennemis en douce au passage, je réussis à atteindre la zone de délimitation des combats. Mosca était à ce moment un poids mort sur mon épaule. Celle-là, elle n'était pas prête de guérir.

    Caïus apparut au détour d'un nuage de fumée poussiéreuse.
    – « Donnez-le. Le Matador n'est pas loin, et on va profiter de la marée. Par contre, impossible de prendre l'Exodus ou le Conquistador. On n'est pas assez, et on est surtout surclassé niveau armement. »
    -  « Ce n'est pas grave. C'était un coup à tenter. Vite, fuyez, et ne revenez pas. »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 27 Aoû 2013 - 21:07, édité 1 fois
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    Je regardai la petite troupe sélectionnée par Caïus s'éloigner, m'assurant que personne d'autre que moi n'assistait à ce spectacle. Bien entendu, c'était un vœux pieux, et comme j'étais tout sauf pieuse, je dus batailler contre un complice de Karn. Je mis en action mes fils d'acier pour le ralentir, mais le karaté aquatique donnait à ces gens une souplesse et une réactivité qui ne m'arrangeaient nullement. Je reculai, un pas, puis un deuxième, avant de prendre mon élan, et d'un coup de pas de lune, me déplaçai derrière lui, lui enfonçant ma lame courte à la base du cou. Le sang gicla, m'aspergeant à larges coulées. Le point d'orgue d'une journée qui commençait à peine.

    Je voulus rejoindre la bataille, ne serait-ce pour m'y montrer, mais un de « mes » hommes m'indiqua la position arrière. Pff, Angus. Protecteur jusqu'au bout. Techniquement, j'étais indépendante dans ma charge, et ne prenais d'ordre de personne. Mais maintenant que l'assaut était donné, et que ma mission un échec total – pas d'agent CP sauvé – quel mal y avait-il à laisser les professionnels à ce qu'ils savaient faire de mieux : tout détruire.

    Et ce fut à ce moment que tout explosa pour de bon.
    J'appris plus tard que le Bunker avait pris cette décision pour masquer leur fuite.
    Tout ce que je sus fut que je volai dix pas en arrière, heurtai le sol comme une pierre et vis trente-six chandelles.
    Si je trouvais qu'il y avait des ruines et de la poussière avant, je dus revoir mon opinion. Bois-Noir n'existait pas. C'était tout bonnement ahurissant : tout avait été rasé. A peine un cercle de pierre pour marquer des fondations. Finalement, là où les Raven-Cooper passent, tout trépasse.

    Le soleil se leva sur notre départ. Nous n'avions capturé qu'une poignée de malandrins, des humains pour la plupart. Seul un homme-poisson n'avait pu fuir, mais vu l'état de sa hanche... Il avait été abandonné, sans nul doute, et cela en disait long sur la mentalité du duo de tête.

    Angus ne décolérait pas. Ses proies, toutes ses proies, lui avaient filé entre les doigts. Même pas un « petit » Dédriss, le second couteau, pour mettre à son tableau de chasse. En tous les cas, le Bunker et Keress Karn allaient avoir un bull-dog au cul.
    - « Hey... J'suis désolé pour ton collègue. »
    - « Ce n'est rien. Il est peut-être en vie, après tout, nous n'avons pas trouvé son corps. »
    - « Shaï, tu sais... avec l'explosion... »
    - « Ang', je sais. Je m'en doute. Mais tu dirais pareil de tes hommes. »
    - « Oui. Finalement, nous ne sommes pas si différents, les CP, les Marines. N'en déplaise à certains... »
    -  « Ah, je n'ai rien dit. »
    -  « Pas besoin, tu as toujours été une gueuleuse. Un miracle que les autres ne t'aient pas entendue. »
    -  « N'empêche, je n'ai rien dit. »
    -  « Ce que tu peux être chieuse, par moment. Tu ne serais pas ma sœur, je te détesterai. »
    -  « Mais non, je suis trop adorable pour être détestée. Enfin, quand je suis convenablement vêtue et coiffée. »
    Il porta sa main à ma chevelure.
    - « Ouais, ça fait bizarre. Tu es bizarre, Shaï, tu le sais ? »
    - « Je sais, et je m'aime comme ça. Je n'ai pas l'intention de suivre le chemin des dindes. »
    -« C'est bon, la dinde, pourtant.. »
    - « … C'est déjà la pointe de Marie-Joie ? »
    - « Hé oui, l'Exodus file comme le vent ! »
    - « On dirait que c'est toi, le capitaine. »
    - « Presque. Lui et moi, on revient de lui. On a presque fait le tour des Blues, ensemble. »
    - « Hum, il a une coque en granit ? »
    - « Bien sûr !!! Tu imagines une force d'intervention rapide obligée de passer par Reverse ou la Flaque à chaque fois. T'es bien une fille toi... »
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    Le soleil avait chassé toute trace de l'orage dans le ciel, et en regardant les pans de bleus qui s'affichaient au-dessus de ma tête, constellés des cheminées et des toits de Marie-Joie, on pourrait facilement douter qu'il y avait eu une telle tempête la veille. Pourtant, les coulées de boues qui avaient parcourus les rues en pente des quartiers pauvres de la capitale restaient comme autant de témoins de la violence des éléments. Comme nous avions débarqués sur un quai militaire, au plus proche de la base, nous n'avions pas pu constater de visu les dégâts causés, mais c'était le sujet sur toutes les lèvres. A ma plus grande contrariété, je ne peux rien apprendre sur le devenir des Ecailles. J'avais très peur que la Marine n'eusse profité de l'occasion pour passer le ghetto au lance-flamme, pour ensuite blâmer la tempête. Ici, la populace ne s'était plus de rien, tellement gavée de mensonges jusqu'à la lie, que plus c'était gros, mieux ça passait.

    Après avoir pu reprendre figure humaine en nous débarrassant de la couche de boue, de poussière, de sang et autres particules extérieures qui tâcheraient le tapis des intérieurs coquets de l'amirauté, nous fumes tous – tous étant les responsables et chefs – conduits dans un couloir où nous attendîmes dans le plus grand silence, chacun entrant à son tour faire son rapport. Angus passa le premier et je restai là, à préparer le plus élaboré de mes mensonges.

    - « Agent Raven-Cooper, au rapport.

    Il y a à peu près trois semaines, j'ai été détachée du Cinquième Bureau pour assister un collègue du Sixième Bureau, afin de le seconder sur une enquête visant à identifier puis capturer un agent révolutionnaire plus haut rang, présent ici à Marie-Joie, et apparemment près à faire un coup d'éclat.

    Je fus choisie parce que lors d'une mission précédente, j'avais forgée l'identité d'une révolutionnaire « Jade ». Se servir de cette « personne » pouvait rassurer la cible qui se méfierait de la plupart des approches. Ainsi, mon collègue – dont je ne connais pas l'identité, et que j’appellerai Alpha dans mon rapport écrit  - il pensait donc que la meilleure solution était de le laisser venir à moi, attiré par l'annonce d'une révolutionnaire chez les Marines, ou d'une traitre chez les Marines. L'idée était de faire planer le doute en jouant sur le cloisonnement systématique des informations pratiqué par les rebelles, pour justifier le fait que la cible ne me connaissait ni de visu, ni de nom.

    N'étant pas du tout formée aux techniques propres au CP6, je ne fis qu'exécuter les ordres qui voulaient que je prenne contact selon une méthode bien précise aux Ecailles. Les renseignements d'Alpha voulaient que le révo profite de ses miséreux pour abuser de leur crédulité, se cachant peut-être chez eux, ou en faire de « la chair à canon » pour ses basses œuvres.

    Le contact fut pris et s'en suivit une série de... d'enlèvements, pourrait-on dire, qui se passaient la nuit et durant lesquels j'étais interrogée. Je gagnais petit à petit la confiance de ces révolutionnaires, bien qu'ils me demandèrent de faire la preuve de ma bonne foi en leur donnant des informations cruciales sur la base ou autre sujet sensible.

    Je devais attendre le retour de Alpha sur cette demande, mais je fus contrainte de prendre les devants, juste avant la tempête. En effet, je me savais suivie par ces révolutionnaires, et l'un d'eux m'a signalé qu'il voulait prendre contact avec moi, immédiatement. Je ne pouvais pas ne pas agir, sous peine de perdre toute crédibilité dans mon rôle. Sur ce point, je confirme que j'ai désobéi aux ordres de mon supérieur, mais conformément à mes enseignements CP et BAN. J'ai vu le danger immédiat, et j'y ai paré du mieux que je pouvais avec les informations à ma disposition à ce moment. »


    C'était là le seul point faible de mon argumentaire. Pourquoi ne pas avoir continué à obéir ? Seule l'explication du «risque immédiat » et non de « l'opportunité » pouvait me blanchir. A ce moment là, j'étais plus ou seule, sans surveillance de la part de Grand Bob – à moins que les gars qui creusaient la tranchée près de moi furent des agents, auquel cas je trouvais difficile de compatir à leur sort. Je ne savais pas ce que le CP6 avait pu mettre dans ses dossiers et transmettre à ses chefs. Je ne pouvais donc pas prendre trop de risques. En fait, je me retrouvais plutôt à gérer la casse.

    - « Suite à ma rencontre avec les révolutionnaires, un plan a été décidé par Alpha : on laisserait les insurgés mener une attaque sur la base, les laissant croire à leur succès, pour les prendre à revers. Je n'étais ps censée participer à ce scénario, mais j'ai reçu un message d'un groupe d'hommes-poissons qui voulaient dénoncer les activités séditieuses de certains de leurs voisins. Je ne pouvais les laisser aller à la base, au danger de les mettre dans les feux croisés du piège ou pire, les voir contrecarrer ces pièges. Je revins donc à la base, où je rencontrai le lieutenant-colonel Sisa. Il était au courant de la situation – en tous les cas, il me sembla au courant – et il alla avertir Alpha de ce nouvel élément.

    A ce moment, la base connut l'attaque menée par Le Bunker, un pirate dont les révolutionnaires avaient loués les services, si j'ai bien compris. Ce Bunker et les rebelles ont capturé Alpha, sans nul doute pour le questionner sur tout ce qui est espion implanté dans leur rang.
    Le Lieutenant-colonel Sisa, qui était sur place, est immédiatement parti sur la traces de ces criminels, et me laissa faire le lien ici. Mais je dus d'abord comprendre pourquoi les révo avaient changé de plans. C'est ainsi que je me rendis aux Ecailles pour interroger les hommes-poissons fidèles au gouvernement, qui ont dénoncé un certain Keress Karn. Ils se sont constitué milice et m'ont donné l'information clé sur la présence du Bunker, que les services de la Marine ont très rapidement identité et localisé.
    Suite à quoi une expédition de sauvetage a été menée en parallèle à une équipe d'investigation. Ma mission était alors de retrouver Alpha et de le secourir. Malheureusement, si nous avons retrouvé les coupables, je n'ai pas trouvé trace de Alpha. Peut-être était-il sur le Conquistador ? Les troupes ont surveillé le navire mais ne l'ont pas fouillés, pour ne pas disperser les effectifs. De plus, il semblait logique que les révo fussent en train d'interroger Alpha. En tous les cas, nous n'avons pas vu trace de lui, et n'avons pas trouvé son corps. L'espoir est mince, mais est possible. »


    Ce qui dans le cas de Grand Bob était une franche rigolade. Il n'y avait rien de mince ou de possible pour lui. Je savais exactement que le livrer à Mosca revenait à signer son arrêt de mort. J'avais sur la conscience la mort d'un homme peut-être marié et père de famille. Une bonne chose que je n'eusse pas de conscience, dans ce cas.

    Je subis les questions de la commission, certaines pertinentes, d'autres complètement débiles, et en sortant, je ne pus me débarrasser du sentiment que tout cela n'avait servi à rien, que le dossier serait classé sans suite. Que de nouveau et encore et toujours, je ne comptais pas plus qu'un fétu de paille. Aurais-je chanté un adagio à la place qu'ils auraient tous hoché la tête d'un air entendu.

    Je ne fus pas plus inquiétée que ça. Apparemment, aucune charge n'avait été retenue à mon encontre, ce qui n'était pas pour apaiser mon sentiment d'insécurité. Soit j'étais belle et bien soupçonnée.... mais dans ce cas, ne devaient-ils pas se douter que cette conclusion éveillerait mes propres craintes. Hum, serais-je moi-aussi la victime de ce nouveau jeu à la mode ? Ou alors étais-je considérée comme totalement insignifiante dans la réalisation du grand tout ?
    Pour le moment, je repoussai toutes ces questions, alors que je réintégrai mon vrai chez moi, pour me vautrer dans un bain. Plus tard, j'irais voir le médecin pour mon épaule.
    Et je partirai en vacances, pour oublier.
    Et me faire oublier.
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    Ce fut donc le surlendemain que je pus tourner cette page du livre de ma vie.
    Comme prévu, j'étais allée consultée et mon docteur m'avait copieusement engueulé. Résultat des courses, j'allais pouvoir faire ma propre miss météo. J'essayais de voir le bon côté des choses : au moins n'avais-je pas besoin de me faire opérer et en plus pourrais-je désormais éviter tout dégât à mon brushing en ayant toujours sur moi un parapluie les jours d'averse.

    J'entretenais ces pensées pendant que je sortais du QG, traversant la place d'armes extérieure pour rejoindre mon appartement et faire mes valises pour les vacances que je venais de poser. Plongée dans mes considérations, je ne remarquai pas immédiatement la scène qui se déroulait devant moi : un homme-poisson, menotté à travers un pilori mobile, à genoux sur les pavés, courbé par le poids des chaînes qui entravaient ses mains et pieds. Une escouade l'entourait, l’œil méchamment aux aguets, pendant qu'un sous-officier déclamait le discours qu'il devrait répété à travers Marie-Joie. Voici comment le Gouvernement taclait les contestations : par l'exposition publique à l'infamie collective, manipulée bien entendu par les communications officielles.

    -  « Cet individu est condamné --- entrave à la justice --- rébellion --- manque de sens civique. »
    La foule qui se faisait compacte de seconde en seconde – ah quelle est belle, l'humanité avec ce côté de curiosité presque morbide – m'empêchait de saisir l'ensemble de l'allocution, mais le peu que j'entendais confirmait mes peurs.

    -  « Il est hors de question que l'individu fasse justice par lui-même, quelque soit le préjudice commis. Le Gouvernement Mondial est là pour veiller sur le bien-être général, et empêcher les actions manquants de discernement, axées uniquement sur la connaissance de soi et du monde autour. Si tout le monde cherchait à imposer sa vision du « bon » et du « devoir », nous ne vivrions pas cet âge de paix durable, acquis par les efforts de nos pères, nos maris, nos frères et nos fils... »
    Et les femmes dans tout ça ? Bah, éloquence n'est pas synonyme de galanterie après tout. Mais tout de même.

    -  « --- Nous regrettons tous les dégâts causés par la tempête sur les habitations des braves citoyens. Les quartiers Ouest ont été durement touchés, en dépit des actions menées pour prévenir tout débordement. Même le Gouvernement Mondial ne peut arrêter le vent et la mer ; en serait-il capable qu'il se refuserait à imposer une dictature inique à l'ordre naturel des choses.... Ordre naturel qui ne peut être placé que sous le signe de la coordination et de la collaboration entre nous tous. C'est pourquoi le Gouvernement lance dès à présent un appel à la altruisme et la générosité de ses citoyens, pour un vaste programme de réhabilitation et d'embellissement de Marie-Joie, la Capitale de la Justice et de la Paix !! »

    Des vivats saluèrent cette déclaration et je me contentai de ricaner en m'éloignant. Nul doute que les Ecailles seraient démolies dans le cadre de cet ambitieux développement urbain, le marais enfin asséché et un bâtiment public bâti à la place. Les hommes-poissons seraient repoussés encore plus loin, cachés de la vue des braves et honnêtes Marie-Joiiens et Marie-Joiiennes. Nul doute que personne n'ira s'inquiéter du devenir de ce malheureux qui s'était introduit dans la base pour « y exercer sa vengeance contre un laxisme patenté envers son quartier ». Comme si quelqu'un allait croire à des accusations de racisme à l'encontre du Beau et Grand Gouvernement. Cet homme, c'était sûrement une victime collatérale de l'affrontement entre le Bunker et Keress d'un côté, et le Chevalier des Embrumes et Mosca de l'autre. Avait-il été un Caïus, aveuglé par ses convictions, donc jugé comme inutile, poids lourd ? Ou avait-il été juste abandonné à son triste sort par des pirates peu scrupuleux ? A mon avis, il allait finir à Tequila Wolf, le gars, et personne d'autre que sa mère ne le pleurera jamais encore.

    Tout s'emboîtait tellement bien que j'en vins à me demander si le Gouvernement n'avait pas provoqué cette tempête arrivée si fort à propos.
    Je m'arrêtai dans mes pas, aussi nettement que si on avait débranché un robot. La terreur qui empoignait mon cœur dans une étreinte glacée me fit presque tourner de l'oeil. Après tout, c'était plausible. Avec les fruits du démon, ou les inventions de la section scientifique. Nami la voleuse était connue pour avoir appris à contrôler le temps, alors pourquoi pas la Marine, cent ans après ?
    Se pourrait-il que cette tempête ne soit absolument pas une circonstance naturelle ? Mais une autre carte mise en jeu, à côté du fou et de la reine de pique ? Le Gouvernement aurait-il autant de pouvoir ?
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    Je marchais comme un zombi. J'aurais pu rentrer chez moi sans même m'en rendre compte, si je n'avais été interpellée par une marchande du marché près de chez moi. Ce même marché où tout avait commencé, il y a près de trois semaines, peut-être quatre.
    -  « Achetez, achetez mon poisson !!! » me disait-elle en m'agitant sous le nez une corbeille de crustacée. C'était une femme homme-poisson, une des rares à tenir régulièrement un stand dans ce coin de la ville.
    - « Hum, désolée, mais en ce moment, le poisson est bien la dernière chose qui me fait envie. »
    -  « Allons ma petite, il ne faut pas dire ça. Le poisson, c'est bon pour la santé. Certains diront qu'il le faut pas faire la gamine, M'zlle.. »
    Ce qui ne manqua pas d'attirer mon attention, retrouvant dans sa bouche certaines intonations que j'avais entendu chez Mosca de Torcy ou Caïus. L'espace d'un moment, je crus qu'il s'agissait même de Mosca, déguisé en poissonnière, avant que l'évidence de ma stupidité ne me frappa. Mais je m'approchais et examinais la vendeuse, qui continua son boniment comme si je n'étais pas.
    -  « Et voilà pour la demoiselle !! »
    Et de me filer un sac alors que je n'avais rien demandé.

    Le cœur battant, je regagnai mon appartement, me forçant à flâner comme je le faisais d'habitude. Ce ne fut qu'une fois à l'abri des rideaux continuellement tirés que je déballais l'escargophone blanc dont j'avais deviné la forme à travers l'emballage.
    – « Alors petite, encore en vie ? »
    - « C'est plutôt à moi de demander ça. »
    – « Ah, mais je suis mort. Adieu le lieutenant-colonel Sisa. »
    - « Bah, tu n'espères tout de même pas que je vais verser des larmes ? »
    – « Pff, avec un tel caractère, tu finiras vieille fille avec les seins qui pendent. »
    - « Mieux vaut ça que mort. Du coup, Mosca de Torcy reprend du service ? »
    – « Mais qui est ce Mosca de Torcy, dis-moi donc ? » Je pouvais sentir l'ironie dans sa voix, et je roulai des yeux. Oui, il avait raison, Mosca de Torcy n'avait aucune existence, c'était un miroir aux alouettes.
    -  « D'accord... Quels sont vos plans ? »
    – « Mais continuez la légende, bien entendu. »
    -  « Quoi ? Espionner de nouveau ? Tu es grillé et à moins de faire de la chirurgie esthétique, la Marine, c'est mort pour toi. »
    – « Je te parle du Chevalier des Embrumes. Jamais ne meurt l'écume. »
    -  « Tu vas devenir le Chevalier des Embrumes ? »
    – « Cela a un certain cachet, j'avoue. Et le Matador est un bon bâtiment. Caïus fera un bon révolutionnaire, et je dois les former. »
    -  « Vous partez pour les Blues ? »
    – « Nenni, ma chère ! Nenni ! »
    -  « Je préférai l'ancien Chevalier. Beaucoup moins pédant. »
    – « C'est pourtant là que se trouve la clé du personnage. Non, nous allons rester dans le coin, nos amis ont perdu un précieux allié avec Sisa, et je dois continuer à fournir de l'info, de quelle que manière que possible. »
    -  « Faites attention, c'est dangereux --- »
    – « Oh, nous allons passer faire quelques petites modifications sur le Matador avant. »
    -  « Non, je parlais du Bunker. Il a tué l'ancien Chevalier. S'il apprend qu'il est toujours en vie, il fera rapidement le lien avec toi. »
    – « Oh, mais j'espère bien. »
    -  « … je ne comprends pas. Pourquoi vouloir attirer son attention ainsi ? »
    – « Une fois qu'il aura compris que j'ai imité le Chevalier – en me faisant passer pour quelqu'un d'autre – il faudra absolument ma peau. Ça l'empêchera de faire autre chose pendant ce temps. »
    -  « Pourquoi veut-il ta peau, au point d'aller jusqu'à attaquer la Marine ? »
    – « … … il fut un révolutionnaire, et un des meilleurs... avant d'être attrapé. Tu l'as vu, non ? Tu imagines ce qu'il a vécu. »
    -  « Et ? »
    – « Il pense que je suis responsable de sa capture, que je l'ai vendu au Gouvernement. »
    -  « Est-ce le cas ? »
    – « Non. Il a trahi avant, il est devenu incontrôlable, et la Marine était sur ses traces. Je ne pouvais pas mettre en danger ma couverture pour le prévenir. Même si nous le cherchions de notre côté pour l'empêcher de nuire à la cause. Il me pense responsable...  »
    -  « Et tu te penses responsable ? »
    – « Gamine, si tu veux survivre à ton rôle, il va falloir que tu apprennes à mettre tes cas de conscience au placard. Je n'ai pas le luxe de me sentir responsable. »
    -  « Pourtant, tu es prêt à te sacrifier pour attirer son attention. »
    – « J'ai mes ordres et mes raisons. »
    -  « Dis plutôt que tu ne veux pas m'expliquer... ça n'a aucun sens, de garder ces noms de Matador et de Chevaliers des Embrumes ! C'est comme si tu mettais une grande lumière clignotante sur ta tête. »
    – « Tu sais, la révo vit dans l'ombre, par l'ombre. Or, pour créer de l'ombre, il faut d'abord faire de la lumière. J'ai été dans l'ombre pendant près de vingt ans. Je crois que j'ai droit à un peu lumière. »
    -  « Au prix d'un mensonge ? »
    – « Si ce n'était qu'un... »
    -  « Pourquoi ne pas m'avoir dit dès le départ que tu craignais d'avoir un traître révo aux trousses ? »
    – « Parce que ça aurait changé quelque chose ? Tu aurais été capable d'agir plus efficacement? »
    -  « Non, peut-être pas. Mais j'aurais agis autrement. »
    – « On dit que le savoir, c'est le pouvoir, mais je dis que l'ignorance est béatitude. »
    -  « … finalement, tu étais fait pour être le Chevalier des Embrumes. Pfff... »
    – « Quoi encore ? »
    -  « Mosca de Torcy ou Chevalier des Embrumes, c'est une manie chez toi ? Tu ne peux pas être juste Pierre Dupont ? »
    – « Et rater une occasion de te faire râler ? Bon, tu sais où nous contacter si tu as besoin de nous. »
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    Finalement, je n'ai jamais su son nom. Anonyme éternel, pourtant, j'y pense souvent. Tout ce qu'un nom était ou aurait pu être. Comment il change une vie, ce nom.

    Grand Bob
    Baryton
    Sisa
    Mosca de Torcy
    Chevalier des Embrumes
    Jade
    Scarlett

    Comme il peut nous enchaîner aussi. N'avais-je pas fui le mien, ce Raven-Cooper, pendant des années, à cause de ce qu'il imposait. Comment quelques petites lettres pouvaient avoir un tel passé, une telle influence ? Finalement, est-ce que l'individu ne compte jamais, ou ne sommes-nous que des enveloppes de chair et de sang soumis à un destin dont nous ignorons tout ?
    Nous ne sommes rien d'autre que des poussières, pris un par un. Finalement, rien ne nous distingue à la naissance. Prenez un fils de noble et fier héros, confiez-le à des gens mauvais, et il deviendra mauvais.
    Mais si un nom peut décider de tant de choses, juste parce que nous sommes nés de nos parents, pourquoi nos actions n'auraient-elles pas autant d'effets ? Ça serait tellement... injuste, frustrant, que de vivre en étant persuadé que rien de nous n'a d'importance.
    Mosc---non, le Chevalier n'avait-il pas dit que l'ignorance était béatitude. En tant que fourmi, n'avais-je pas été bien moins angoissée avant de me mettre à réfléchir à cette question de ô combien est vaste le ciel au-dessus de ma tête ? En tant que fourmi, qu'avais-je besoin de connaître la vie du pachyderme pour être heureuse ? Mais le contraire n'était-il pas vrai : le pachyderme ne se souciait que peu de la fourmi... jusqu'au moment où l'une commence à piquer et à attirer l'attention ou provoquer chez le pachyderme un faux mouvement, un hoquet.

    Est-ce que mes actions avait provoqué un hoquet chez les pontes du Gouvernement ? Est-ce que j'avais mis à mal leurs grandes stratégies savamment élaborées, minutieusement préparées, peut-être depuis des années. Il me plaisait de penser que oui. Finalement, qui est la proie de qui, dans cette histoire ?
    C'est peut-être ça, ce qu'on appelle le grand secret de la vie.... Qu'il n'y a pas de place, pas de destin, pas d'autre chose que la vanité humaine, qui vague après vague, construit sa tour de Babel, chute, s'éparpille au vent et recommence encore, mais avec d'autres aspirations, d'autres mains, et toujours aussi peu de succès.
    Faut-il peut-être juste se dire qu'on est né perdant, et que notre destin est de faire ce qu'on peut... Comme ça, la chute est moins haute. Ou faire comme moi, et aller se faire un masque au concombre, parce qu'on sait que ça va effacer des poches, et qu'il ne faut pas en demander plus.
    Mais qu'on peut rêver.


- FIN -
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