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Dettes et première chasse [1622] PV Ivan De Cimitiero

Il y a le vent sur la plage, il y a les cris des mouettes sur les falaises. Et il y a les ronchonnements du tavernier. Je rumine devant mon verre plein. Je n’y ai pas touché depuis que je suis là. Une première en un an d’alcoolisme et de dépression. Je préfère me laisser envahir par les vapeurs sucrées qui s’en dégagent. Cette odeur me pénètre et je frissonne. Il y a seulement quelques semaines, je me battais aux côtés d’un homme. Oui, un homme. Et pourtant, j’étais réticente à cette idée. Mais la situation était bien trop complexe pour que je puisse m’en sortir seule. Le souvenir qui me restait de cette aventure était l’adrénaline qui m’avait emplie toute entière. Une sensation que je définirais comme la plus agréable au monde. Je ferais n’importe quoi juste pour revivre ça. Le poing du barman s’abattit lourdement sur la table et je sursautai en sortant de mes pensées. Mes yeux bruns se sont relevés sur son visage tordu par la colère. Jeff n’avait pas l’air de bonne humeur aujourd’hui. C’est rare. Il est d’un caractère jovial et enjoué en temps normal. Ses coups de sang se produisent seulement lorsque quelque chose le contrarie sérieusement.

-Maudits pirates… Ils ne font que profiter de la faiblesse de la Marine sur cette île !

-Ils te piquent toujours tes recettes ? Je croyais que la situation s’était arrangée depuis quelque temps…

Forbans des mers. Je ne les connaissais pas bien. On racontait d’eux la cruauté légendaire dont ils faisaient preuve. On disait aussi qu’ils étaient tous à la recherche de trésors fabuleux. Sur Las Camp, c’est la pauvreté fabuleuse qu’ils trouveront. Alors pourquoi continuer à persécuter des boutiquiers déjà endettés ?

Un sabre dans le dos et l’autre posé sur ma cuisse, j’étais la personne qui sortait du décor. Mon accoutrement n’est pas si familier à ces contrées. Etant donné que j’étais originaire du pays de Wa, il y avait de quoi être étonné.

-C’est vrai que je n’en avais pas revu depuis un petit moment mais… D’autres sont arrivés…

Le soupir exaspéré de l’homme me fendit le cœur. J’étais peut-être froide par moments mais je ne restais pas de marbre devant les malheurs des autres ! Cependant, j’ai compris au regard que m’a lancé le tavernier, que moi aussi j’avais ma part de responsabilité dans cette affaire… Gloups. C’est vrai que je promettais tout le temps de payer… Mais ma consommation en tonneaux était bien trop lourde pour ma bourse et la vérité ne sortait pas tout le temps de ma bouche…

-Je payerai bientôt… Ce n’est qu’une question de temps… répondis-je précipitamment.

-Tu me le répètes tout le temps. C’est bien joli les promesses ! Mais moi, j’attends toujours mon dû ! J’ai été généreux pendant un moment. Moi aussi j’ai mes problèmes. Une semaine. Je te laisse une semaine pour me rembourser.

J’ai senti ma gorger se nouer. Je comprenais soudainement ce que ces paroles voulaient dire. Argent, sinon justice. Qui dit justice, dit prison. Et moi, je n’avais pas envie de me retrouver en tôle juste pour une dette trop lourde à porter. J’ai repoussé mon verre. Non-consommation est égale à un remboursement. Mais j’étais trop inquiète, trop chamboulée, pour pouvoir m’enivrer du doux breuvage. Jeff attendait depuis bien trop longtemps.

Deux jours plus tard, au Comité d'Entraide des Chasseurs de Primes de Las Camp…


-Wahaha ! Tu as de l’humour à ce que je vois !

Première fois qu’on me dit que je suis drôle. Est-ce que j’ai une tête à rigoler ? Non. J’ai une tête de dépressive. Et cet imbécile aurait dû le remarquer bien plus tôt. Serrer les poings. Se mordre les lèvres. Mais garder un air impassible et distant. C’est que je me disais. Calme. Rester calme. Ces paroles mentales sont mes pilules contre la colère qui me ronge. Ce moustachu m’échauffait les oreilles. Je ne pouvais que me taire devant ses moqueries. Une femme. Il pensait que je n’étais qu’une femme. Fragile et inoffensive. Tss… Ces machos ! Qu’ils aillent voir chez le tarlapinpin si j’y suis…

Il me fallait trouver un travail qui rapporte. J’avais d’abord pensé à femme de chambre… J’ai fini par abandonner. Mon idéologie est bien trop différente de celle de ce pays. Et je n’étais vraiment pas à la hauteur des tâches domestiques demandées… Bref… Soit je n’étais pas un homme et je ne pouvais m’acquitter de leurs travaux, soit je n’étais pas assez féminine pour faire le ménage… Et voilà que j’étais tombée sur ce comité d’entraide entre chasseurs. Je m’étais prise à imaginer des personnes compréhensives. Mieux valait pour moi d’oublier ce qu’était la rêverie. Avachi sur sa chaise leur « président » avait ouvert des yeux ronds en entendant ma requête. Qu’ils m’aident à attraper un grand pirate. Cette demande entachait mon honneur évidemment, mais j’étais assez réaliste pour savoir que j’étais trop faible pour me confronter à un primé endurci. J’avais besoin d’argent. Et eux, ils me riaient au nez. Tellement charmant et poli.

-C’pas un travail pour les gonzesses, chasseur de primes ! C’est une vocation ! C’est un rêve ! Tes cure-dents ne t’aideront pas à arrêter un pirate ma poule !

Mes yeux se sont étrécis comme ceux d’un chat. Je gardais ma langue de vipère au fond de moi et ne put que foudroyer l’homme d’un air froid. Il allait commencer son baratin. Je n’avais aucune envie de l’écouter. Son rire, la larme qui perlait à son œil et la manière dont il me tournait en ridicule ne me plaisait guère. Alors je suis sortie sans un mot de plus, ignorant les derniers sarcasmes qu’il me lançait.

De retour dans la rue, assise sur un banc, je fixai avec un regard sombre ma bourse. Vide. Le néant complet. Je soupirai en baissant la tête. J’aurais dû m’arrêter bien avant que les dettes ne commencent. L’ivresse avait eu raison de moi. Je suis bonne pour la prison maintenant. Ah, que c’était beau d’être alcoolique…

Une feuille volait non loin de là. Elle tourbillonnait, emportée par les bourrasques de vent, puis, elle glissa doucement sous mes yeux. Je les écarquillai un instant. L’hésitation me prenait. Je n’étais même pas sûre qu’il soit sur l’île en ce moment. Le poids de ma bourse me revint en mémoire et je secouai la tête, fermement décidée à aller jusqu’au bout. Je pris l’avis de recherche en vitesse. J’allais devoir mener ma petite enquête. Et le meilleur endroit où j’allais trouver les informations, c’était le port !

Après avoir traversé la ville ; ce qui est une sacrée trotte si on est une asociale comme moi ; je me retrouvai donc à l’endroit donné, grouillant de son animation habituelle. Les marins, les marchands, et dans les coins reculés de ce lieu, les pirates. On les repérait facilement aux bandes qu’ils formaient au fond du port. Une boule s’était formée dans mon estomac. J’avais… Peur ?... Non. Je ne peux avoir peur… C’est… La chose la plus déshonorante au monde ! Un soupir passa à nouveau sur mes lèvres. Non, décidément, ce n’est pas seule que je pourrais effectuer une chasse digne de ce nom. J’observais les alentours, cherchant la personne qui voudrait bien m’aider dans ma besogne.


Dernière édition par Honaka Suzuke le Lun 2 Sep 2013 - 10:56, édité 1 fois
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Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Il se passe toujours quelque chose sur las camp. Si une zone se calme une autre s’embrase. C’est donc dans cette île qui possède un niveau de dangerosité extrême que roule un petit ange. Un petit être qui souhaite changer cette île. Mais de si grandes ambitions portées par un être aussi faible ne risquent pas de se réaliser. Ça ne restera probablement qu’un rêve… A la recherche d’une stratégie pour changer ce lieu, Ivan réfléchie et parcours l’ile. Il finit souvent avec le même constat. Futur échec. Arrêter un gang seul. Impossible. Alors même s’il est aidé, les rares personnes qui l’aideront risqueront de mourir. La marine, le gouvernement mondial aussi puissant soit il ne peut rien… C’est donc dans un lieu classique que se trouve notre handicapé toujours caché sous son tissu.

-Bonjour, j’aimerais un verre de lait s’il vous plait. Merci. Puis-je avoir la bouteille ? Merci.

Une fois servi, il se dirige sur la table la plus au centre pour espérer entendre le maximum de conversation et trouver quelque chose à faire.

Tic tac tic tac.

Le temps passe. Les gorgés se suive à allure régulière mais lente. Quelque conversation sont entendue, mais rien d’intéressant pour notre justicier à roulette. Il remplit son verre et continue sa dégustation. Une mademoiselle prend place et commande un petit verre. Seule, elle reste au comptoir. Toujours rien d’intéressant pour Ivan qui termine sa bouteille et s’apprête à partir. Puis lorsqu’il entend maudit pirate. Il s’arrête immédiatement en se demandant sur quel genre d’histoire il va tomber cette fois.

Le dialogue continue et l’ange lui donne toute son attention.

*Une victime, puis une personne avec des problèmes. Je peux probablement faire une pierre deux coups. En l’aidant, elle pourra probablement rembourser l’homme et de ce fait j’aurais aidé deux personnes. C’est vrai que ce n’est pas grand-chose. Ce n’est probablement pas ça qui aidera à changer l’ile mais bon. Les plus grandes montagnes sont faites de petite pierre.*

Pendant qu’il réfléchit, il perdit de vu la fille. C’est l’heure de la bonne action d’après lui, alors il paye rapidement le barman et tente de la rattraper. Un regard à gauche, à droite. Elle a déjà disparu. Il ne reste plus qu’à s’occuper des pirates qui pose problème à cet honnête citoyen.


-Excusez moi. Je vous ai entendu dire que des pirates sont venu vous volez.


-C’est exact.

-Puis-je avoir une description de ces individus et un maximum de détails.

-T’es d’la marine ?

Les individus se trouvant dans le coin arrêtent leur action et attende ma réponse. Comme si celle-ci peut changer le cours de cette journée. Après tout il existe énormément de personne dans cette ile qui aimerait se farcir un marine.

-Non. Je ne suis qu’un simple citoyen qui souhaite aider un autre citoyen.

Le barman me regard. Il est assez perplexe. Pour lui c’est illogique. Une personne qui aide une autre personne comme ça, sans rien demander. On est à las camp. Tous se payent.

-Je sais pas trop ce que tu me veux. Puis j’ai pas d’argent pour payer un mercenaire.

-Je ne te demande rien. Je veux simplement t’aider.

A ce moment l’homme se dit qu’il a peut-être en face en homme qui a vécu certaines choses et qui tente de se racheter en effectuant une bonne action. Même si c’est un scénario assez étrange, c’est le seul qui lui semble logique.

-Je connais pas vraiment leur nom, en tout cas. C’est un équipage de tireur. Un groupe de lâche qui se bat à distance. Enfin ils ont quelque bretteur pour garder les gens à distance. Suffit d’aller enquêter au port sur les nouveaux pirates du coin. De toutes façons c’est qu’une question de temps avec qu’ils se fassent descendre ou recruter par un groupe.

-Je vous remercie, passez une bonne journée.

L’ange sort mener son enquête. Trouver les nouveaux fauteurs de troubles est assez rapide en fin de compte. Avec son fruit du démon, Ivan découvre rapidement si une personne ment ou dit la vérité sur la localisation des pirates. Mais même avec les informations qu’il possède, il ne peut rien faire seul. C’est bien trop risqué de s’en prendre à un équipage pirate seul. Alors il se met à chercher de l’aide. Des chasseurs de primes peuvent être une bonne aide. Mais après une courte discussion, il semblerait qu’un gang du coin a déjà l’intention de se charger de ces nouveaux. Les chasseurs de primes n’ont pas l’intention de se mêler de cette histoire surtout qu’il n’y a pas de primes intéressante à leurs yeux.

C’est donc le temps qui détruira ces pirates. Un monde bien dangereux. Las camp… L’handicapé reste au port deux jours et attend l’action. Selon les informations qu’il a pu recueillir avec quelque dialogue et en laissant trainer son oreille, c’est aujourd’hui que le gang agira. C’est dans cette attente qu’il aperçoit la fille vue il y a quelque jour. Elle semble mal à l’aise. Elle n’a probablement pas réussi à rembourser sa dette. L’ange roule jusqu’à elle et avec sa douce voix lui dit.

-Bonjour. Je me nomme Ivan De Cimitiero. Je vous ai croisée il y a quelque jour. J’ai cru comprendre que vous avez une dette envers un certain barman. Ces temps si je n’ai pas grand-chose à faire. Je peux vous aider à gagner la somme nécessaire pour rembourser cette dette. Qu’en dites vous ?
    Il y avait des grands gaillards, des hommes bien bâtis, sûrement forts... Il y avait beaucoup de personnes. Toutes étaient en bonne santé, toutes avaient l'air d'avoir une constitution pas trop faible. Et alors que j'allais me diriger vers LE mec de deux mètres avec des poings gros comme ceux d'un gorille, c'est un paralysé qui m'a interpelée. Oui, vous avez bien lu. Un homme en fauteuil roulant. Son visage était recouvert par une sorte de tissu, qui devait servir d'une pseudo-capuche. De telle sorte que, je ne pouvais voir son visage. Peut-être valait-il mieux. Pour en revenir à lui, il m'a fait une proposition qui m'a consternée. Je n'ai rien contre ceux qui sont paralysés, hein. Ce sont même des personnes que je respecte pour vivre avec ces soucis. Mais que voulez-vous qu'il fasse pour m'aider à attraper ces pirates ? Et puis, d'ailleurs, pourquoi proposer son aide à une inconnue ? Quelle raison avait-il de vouloir régler mes problèmes ?

    Certes, il avait dû me croiser il y a quelques jours, donc mon visage avait un petit côté « familier »... Je l'écoutais jusqu'au bout avant de répondre avec un ton respectueux. Quoi ? Vous n'arrivez pas à m'imaginer polie ? Il suffit de me rendre la pareille et je le serais aussi. Cet handicapé avait tout compris de la manière de se faire des alliés.

      -Votre proposition est respectable. J'ai déjà trouvé quelque chose qui me permettrait de rembourser tout et même plus. Cependant, je ne pense pas que vous pourriez m'aider dans ce cas.


    J'ai froncé mes sourcils avant de reprendre avec un ton légèrement sec :

      -Je vous demanderais juste de vous mêler de vos propres affaires. Vous n'avez aucune raison de m'aider. Ces soucis ne vous concernent pas le moins du monde.


    Et puis, que pourrait-il faire à des pirates armés jusqu'aux dents ? Leur rouler dessus avec son fauteuil ? J'esquissais un léger sourire à cette idée vexante que je me gardais bien de ne pas dire à voix haute. J'étais toujours à mon point de départ. Seule pour affronter ces loups de mer. Cependant, je ne pouvais pas être sûre que d'honnêtes marins acceptent de m'aider. Et même s'ils ressemblaient à des montagnes de muscles, peut-être qu'ils n'avaient rien dans le crâne. Et qu'ils méprisaient les femmes.

    Je fis la moue. Raaah. Décision très délicate. J'ai jeté un coup d'œil à l'homme en fauteuil roulant. Mouais. Pas vraiment le choix. Il proposait son aide en plus, pourquoi refuser ? J'ai retenu à moitié un soupir avant de lui demander :

      -Je ne vois pas vraiment comment régler mon travail en solo. Comment comptez-vous battre des pirates endurcis avec votre fauteuil ?


    Dernière édition par Honaka Suzuke le Lun 2 Sep 2013 - 14:07, édité 3 fois
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    La jeune femme répond clairement, sans hésiter. Vouloir régler ses affaires sans l’aide de personne c’est honorable. Mais une petite aide gratuite est souvent le bienvenu. Le petit sourire de l’inconnue mit un petit doute à Ivan. Ce moque-t-elle de lui ? Si c’est le cas, est-ce que ce genre de femme mérite l’aide de notre justicier à roulette. Il ne répond pas immédiatement. La main sur le tissu, il rabaisse celui-ci pour éviter que son visage soit visible. La sabreuse reprend et ses dernières paroles permettent à l’ange d’avoir deux issus possibles. Soit elle cache quelque chose, dans ce cas l’ange doit tirer le maximum d’informations pour éviter les problèmes. Soit elle a simplement besoin d’aide et voir l’homme le plus faible du coin proposé son aide, ça ne correspond pas vraiment à ses attentes. Ivan lui lance un petit sourire.

    - A t'on besoin d'une raison pour aider quelqu'un ? Je ne pense pas. Vous savez… Je ne suis pas un combattant. Peut-être que cela vous inquiète. Mais ce n’est pas pour autant que je ne peux vous aider. Selon notre localisation, et la direction que vous empruntez, votre cible semble être la bande de pirates au fond du port. Cependant, je ne sais pas si vous avez fait le plein d’informations… Mais je sais qu’un gang va rejoindre les pirates dans la journée. Pour les recruter ou les détruire ? Aucune idée. Je vous conseille donc d’éviter une attaque actuellement et attendre la meilleure opportunité pour agir.

    Il semblerait que l’handicapé ne possède pas de muscle mais un cerveau. Un mode d’action obligatoire pour se faire un nom dans Las Camp. La force ne suffit pas pour survivre dans ce monde.

    -Nous devrions patienter quelque temps. Vous ne pensez pas ?


    Un leader. Voilà ce qu’est Ivan. Il a pris L’habitude de données des ordres, d’analyser et prendre son temps. Foncer dans le tas… Hors de question. Peu importe la décision de la femme, il ne risquera pas sa vie. Il ne sait pas encore à qui il a affaire. La suite du dialogue l’aidera peut-être à se forger une meilleure idée de la personne.
      Mystérieux cet homme... Comment être sûre qu'il n'allait pas se faire la malle quand on les aura capturés ? Le doute me rongeait sérieusement. A vrai dire, cette rencontre chamboula bien des choses. Par exemple, la manière dont il m'a parlé ensuite, a changé des détails chez moi. Tous petits. Mais pas négligeables.

      Il n'avait pas besoin de raison pour aider quelqu'un ? J'ai haussé un sourcil à cette première question. Je n'avais pas sérieusement réfléchi à ça, mais personnellement, oui, il me faudrait une raison pour rendre service. Et aussi, un maximum de confiance. Sinon, allez voir les gars de la Marine. Je ne ferais pas grand chose si vous êtes un inconnu. L'homme en fauteuil roulant continua sur sa lancée. Et peu à peu, toutes mes certitudes furent mis à mal, tellement que je finis par avoir honte de certaines de mes pensées. Cet homme ne pourrait peut-être pas combattre, mais au moins, il réfléchissait. Cela me changeait des imbéciles que l'on croise dans la rue et qui foutent le tsoin-tsoin à n'importe quelle occasion. Je réfléchissais à toutes les informations qu'il venait de me donner. Il avait d'ailleurs un bon esprit de déduction, trop bon même, que je finissais par me demander s'il ne voulait pas plutôt me faire tourner en bourrique. Je me mis une baffe mentale monumentale. Mais qu'est-ce que je venais de penser ? Un paralysé, me faire une mauvaise blague... Ahahah... Quoique... Ma conscience se permit de me donner la deuxième claque.

      Cette cogitation me donnait mal à la tête. Cependant, je ne pouvais qu'admettre qu'il avait raison. C'était légèrement déshonorant. Ma fierté en prenait un coup. Je préfère mener la barque moi-même en général. Seule. Avec mes sabres et mon caractère impulsif. Comme les grands samouraïs qui partent à la bataille un matin... Seulement, c'était la vie et pas une légende des temps anciens que l'on raconte aux enfants. La réalité était parfois bien dure : j'étais endettée, un homme nommé Ivan en fauteuil roulant me propose son aide et des tas d'informations.

        -Je... Je trouve votre analyse très... Intéressante... * Même si je n'en ai compris que la moitié... * Mais... Comment avez-vous pu apprendre autant d'informations sur ces pirates ? C'est une chose qui m'intrigue quelque peu... Non, décidément, je ne vois pas !


      Je soupirai. Il faut dire que je n'étais pas aussi douée que ça pour me renseigner. Soit je réagissais violemment devant des hommes qui se fichaient de moi, soit je ne posais pas les bonnes questions et on se méfiait de moi... Je n'étais pas parfaite. Et heureusement. La vie serait si ennuyante sans nos erreurs.

      Alors... Un gang qui viendrait pour détruire ou recruter les pirates dans la journée... Je n'étais peut-être pas douée question contact et les relations humaines, mais concernant la tactique, je sais quand même faire un semblant de stratégie.

      J'ai reposé mes yeux sur le mystérieux Ivan :

        -Concernant le plein d'informations, il est vrai que ce n'est pas ma tasse de thé. Cependant, j'ai peut-être deux plans à proposer : si le gang vient pour détruire, nous n'avons qu'à les laisser se taper dessus. S'ils viennent pour recruter, alors je pense qu'il faudra lâcher l'affaire ou réagir très rapidement... Franchement, qu'est-ce que vous croyez que je puisse faire face à cette bande de malfrats ? Je ne suis pas si forte que ça. Mais les chasseurs de primes se fichent complètement de ma demande. Retourne à tes fourneaux me disent-ils ! Je suis une bretteuse ! J'ai ma fierté et mon honneur ! Je ne pouvais pas non plus les laisser me parler comme ça !


      Je repris mon souffle après cette longue tirade. J'en avais peut-être trop dit. Cet homme m'avait expliqué ses intentions, quoique très floues encore, je me devais de répondre sur le même ton. En plus, il me parlait avec politesse. Je me devais de faire preuve d'une sagesse (presque) similaire. Je lui reposai une dernière question, parmi les nombreuses que j'avais dû énumérées depuis le début :

        -Je ne comprends pas très bien pourquoi vous souhaitez m'aider... Vous avez dit qu'il ne vous fallait pas de raison... Mais moi je serais bien embêtée si vous veniez à être blessé durant cette histoire ! Je devrais en prendre l'entière responsabilité.


      C'est alors qu'un sale type déposa un journal déchiré et mouillé par la pluie sur les genoux du paralysé. Il avait avec lui tous ses petits copains qui ricanèrent en voyant son geste. Je ne pouvais les laisser faire. Qu'auriez-vous fait à ma place ? Personnellement, je ne vois pas d'autre réaction possible. Comment faîtes-vous pour supporter ces hommes si arrogants ?

        -Hé ! Reviens reprendre ton papier dégoûtant et excuse-toi auprès de cet handicapé !


      Petites précisions. Le loubard est grand comme un bûcheron et est massif comme un taureau. Il a retourné vers moi des yeux et un regard dédaigneux. Je n'écoutais que ma colère et mon indignation. Il y a des choses devant lesquelles je reste silencieuse. Mais ça ! Non, je ne pouvais la fermer. Il m'a toisée de son mètre quatre-vingt dix :

        -Tu peux répéter poulette ?... Tu vois, j'suis un peu pressé avec mes hommes là... Donc, t'as intérêt à pas nous faire perdre du temps !

      ... Vous savez ce que ça veut dire ce qu'il me réplique ? Pour moi, c'est la goutte d'eau qui déborde du vase. Je m'énerve facilement. Ma main s'apprête à tirer un de mes deux sabres.


      Dernière édition par Honaka Suzuke le Lun 2 Sep 2013 - 14:13, édité 1 fois
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      Comment Ivan a pu apprendre tout cela.

      Flash Back

      Deux jours plus tôt.

      Après être sorti du bar. Ivan se dirige vers le port et commence son enquête. Il questionne les passants sur l’arrivée d’un nouvel équipage pirate dans le coin. Certain l’ignore, d’autres répond négativement alors qu’il connaisse la réponse, puis une personne finit par répondre positivement à sa demande sans mentir. Il lui indique le secteur où cette bande d’amateurs ont jeté l’ancre. Avec cette information qui n’a pas besoin d’être vérifié car avec son fruit du démon, l’handicapé sait que c’est la vérité. Ce dernier s’aventure au fond du port, dans le coin reculé. Une zone sinistre où un vieux navire est échoué. Les rats traine en bande, à croire qu’ils ont copié les gangs du coin. Observant attentivement les environs, l’ange ne voit personne. Il décide donc de se diriger vers le bar le plus proche.

      *Le bar qu’ils ont attaqués n’est pas très loin. Ils tentent surement de se faire tous les marchands du coin avant de lever l’ancre.*

      Avec cette idée, Ivan cherche l’auberge la plus proche et continue son enquête. Il questionne les responsables sur les actions des pirates. Les rumeurs circulent vite et l’information  et le gang qui contrôle la zone rassemble ses hommes. Le problème avec les rumeurs c’est qu’on ne sait pas si elles sont vrais ou non. Là le pouvoir d’Ivan est assez inutile. Un homme peut être convaincu que ce qu’il dit est vrai, pourtant ça peut être un mensonge. C’est une faille du fruit du démon de notre justicier à roulette. Mais à ce moment-là, il ne le sait pas. Alors lorsqu’il entend que le gang va pas se laisser faire et va agir mercredi. Pour lui c’est la vérité et probablement la fin de l’histoire. Pourtant, le lendemain, il s’informe de nouveau et les rumeurs sont autres. Pourtant d’après son pouvoir elles sont vraies. Une incompréhension totale. Le gang souhaite détruire ou recruter les pirates ? Aucune idée. Il n’en sert rien et ça le gêne assez.

      Fin flash back

      -Vous savez, à Las camp chaque secteur et contrôlé par un groupe. Alors si quelqu’un vient faire du grabuge, les rumeurs circulent vite jusqu’à atteindre les oreilles des leaders locaux. Il suffit de tendre un peu l’oreille et tirer le vrai du faux.

      Puis la jeune dame reprend et énonce ces stratégies. Plutôt logique et classique. Mais pas assez poussé pour Ivan. Tandis qu’elle s’emporte, l’ange réfléchit à un moyen de savoir à qui il a affaire. Toujours pas l’intention de s’impliquer à cent pour cent dans cette histoire, il attend que la fin de la réplique et répond calmement avec sa douce voix.

      -Vous avez raison. Ne pas se laisser faire. L’honneur c’est quelque chose d’important. Ils vous ont probablement pris de haut. Ne vous en fait pas, ce genre d’individu pullulent sur ces terres. Il ne faut pas trop y prêter attention. Sinon niveau des stratégies… Je pense qu’il est préférable que nous attendions. Si nous agissons maintenant que le gang arrive en même temps avec l’intention de recruter, nous sommes foutus. Puis s’il s’allie réellement, nous trouverons une astuce, ne vous en fait pas.

      L’inconnue reprend de plus belle avec des paroles qui dévoile enfin quelque chose. « Mais moi je serais bien embêtée si vous veniez à être blessé durant cette histoire ! » Des mots… Pas une tentative de manipulation ou autres. C’est la vérité. L’handicapé détient enfin la pièce manquante. Cette personne en face de lui est une bonne personne. Il lui lance donc un sourire.

      Un objet tombe sur sa personne et un groupe se moque de l’handicapé. Cela énerve énormément la sabreuse à la grande surprise d’Ivan. Elle est prête à dégainer son arme et s’avance vers les hommes. Mais là, Ivan attrape le bras de la fille délicatement et lui chuchote.

      -Fait moi confiance.

      *Si je devais m’occuper de toutes les bactéries de ce monde, je ne changerais jamais celui-là. Au lieu de viser les fourmis, il faut attaquer les dinosaures.*

      -Je vous remercie pour le journal messieurs. Il semblerait que le temps se gâte. Nous n’avons que trop trainé ici. Bonne journée. Allons ‘y mademoiselle… Quel est votre prénom en fait ?

      L’ange prend la direction opposée des hommes et tire sa connaissance avec lui. Le groupe se moque d’eux et retour à leur occupation en se fendant bien la poire.

      -Nous n’avons pas le temps de nous mettre à dos tous les petits délinquants du coin. Je te remercie pour ton intervention et voilà une bonne raison de te venir en aide. Tu as défendu mon honneur. Maintenant attentons patiemment ce qui va se passer.



      Dernière édition par Ivan De Cimitiero le Mer 28 Aoû 2013 - 17:19, édité 1 fois
        Il ne faisait que répéter ce que je voyais depuis longtemps. La longue et lente descente aux enfers de Las Camp... Ralentie par la présence de la Marine, mais ça ne suffisait pas. C'était bien trop peu. Et tout dégringole. Et tout tourbillone. On continue son chemin. On voit chaque jour les nouvelles qui tombent, les murmures qui parcourent les rues, des tombes qui remplissent à nouveau le cimetière. Et on ne dit rien. Et on ne fait rien. Il n'y avait rien à faire. La chute avait commencé depuis longtemps, venant peut-être du fin fond des âges. On est spectateur de cette agonie éternelle. Ce râle qui agite l'île tout entière. On sait qu'un jour, un bain de sang maculera la terre à jamais, on sait qu'un jour, Paix n'aura plus de tête et Justice sera en cavale, échappant à ceux qui le chassent. On sait qu'un jour, la branche qui ploie sous le poids de l'horreur cassera. Tout changera alors. Oui, tout changera. C'est un renouveau qui n'a de cesse de se modifier.

        Je restai silencieuse. Mes iris, sombre tempête, reflétaient bien mon humeur. La colère. Ivan le mystérieux, voilà comment je l'appelais. Il avait cette étrange sagesse que je ne comprends pas bien tout le temps. Il m'avait dit que « l'honneur c'est quelque chose d'important ». Pourtant, il ne m'avait pas laissée régler le cas de ces hommes. Ces lourdauds ne me faisaient pas peur.

          -Vous m'auriez laissée faire, ces abrutis n'auraient même pas compris ce qui leur tombait dessus !


        Un grognement. J'étais douée pour grogner, râler, critiquer. Être sec ou être froide, j'étais multifonctions pour être désagréable. Je n'hésitais pas à dire ce que je pensais. Mes paroles étaient souvent blessantes. Au moins, j'avais le mérite d'être honnête et directe.

        Le rire de ces imbéciles me tourmentait encore. Je grinçais des dents à cette idée, serrait le poing de rage. Cela me frustrait de ne pas leur avoir fait leur fête. Cela aurait eu un plus grand mérite que de simples paroles. Chercher la bagarre ? Je ne fais que défendre mon honneur bafoué depuis longtemps... Les hommes des Blues sont les plus irrespectueux que je connaisse. Braillards, prenant les femmes pour des objets de plaisir... Enfin... A part cet homme paralysé. Il écoutait. Il discutait, argumentait. Remerciait. C'était un plaisir de parler avec lui. C'était un plaisir de le rencontrer. Mais c'était une grosse bêtise que d'avoir réfréné mes ardeurs.

        Je faisais la tronche, je ne laissais aucun sourire déformer mon visage. Je ne faisais que fixer le groupe d'en face. Ils causaient depuis un bon moment. Une heure ou deux. Et moi, je les détaillais avec un regard acéré. Si j'avais eu des mitraillettes à la place des yeux, quel massacre ce serait ! Cela n'existe que dans l'imagination des enfants... J'étais assise sur un tonneau, les bras croisés, la tête relevée et un air dédaigneux sur mon masque de craie. Qu'est-ce que j'aurais donné, juste pour aller donner une leçon à ces types... L'handicapé ne m'avait pas laissé le choix et m'avait tirée un peu plus tout en m'empêchant de brandir ma lame. Je ne lui avais dit que mon nom, d'un ton agacé.

        Des rires redoublèrent en face. Mes yeux étincelèrent à nouveau de cette rage qui emplit les veines des bafoués. Je brûlais d'envie d'y aller. Ce n'était peut-être pas trop réfléchi comme solution, mais ma patience avait atteint la limite. Je tapotais du pied, fronçais les sourcils. Il y avait du mouvement. Ça fourmillait. Ça grouillait. Et ça se préparait à ripailler.

        Je me suis levée automatiquement pour dégainer un de mes sabres. Le tintement métallique résonna quelques secondes. Et j'enchainais d'une voix qui ne faisait transparaître aucune émotion :

          -Alliance. Qu'est-ce que vous comptez faire à présent ?
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        On peut dire que l’ange est tombé sur un cas bien particulier. La patience elle ne semble pas connaitre. Cela est fort contraignant. Alors qu’elle se focalise sur le groupe d’hommes, Ivan regarde les environs et un groupe d’hommes armés jusqu’aux dents s’approche. Leur démarche de voyou montre bien qu’ils ne sont pas là pour aider le peuple.

        -Finalement, nous avons bien fait de patienter.


        Il semblerait que le grand homme est le chef de tout le groupe. Il accueille les autres en tendant les bras vers le ciel et en lâchant quelque injure qui fait marrer tout le monde. Les deux groupes ne forment plus qu’un et ils se mettent en direction du bateau pirate.

        -Si tu veux mon avis, on a eu de la chance. Bon, il que l’on fasse un détour. On est repéré et je pense pas qu’ils apprécieront d’être espionner.

        L’ange roule dans la direction opposée au malfrat et commence sont détour. Puis il lance un regard derrière lui. Hors que question de lâcher Honaka Suzuke de vu. La peur de la voir sauter dans le groupe. Est-elle inconsciente, ou possède-t-elle une force hors du commun ? Une question qui titille l’esprit de l’handicapé.

        -En tout cas, j’ai bien l’impression que ça va être un joli massacre....

        En parlant de massacre, les hurlements commencent déjà leur symphonie. Les deux ont a peine le temps de faire le tour et de se trouver une planque que la représentation est finis. Le gang se pose sur le navire et sort le garde-manger. Il ne tarde pas à s’empiffrer.

        -Finalement c’est le meilleur scénario que nous avons. Hum ?

        L’ange qui n’a quitté du regard la sabreuse que quelque instant, se retrouve seul et l’on entend une lame se dégainé. La pointe de l’arme touche le dos de l’handicapé. On lui dit de lever les mains et c’est ce que fais Ivan. Lorsqu’il se retourne, il aperçoit un groupe d’une dizaine de personne. Trois sabreurs et sept tireurs.

        -Alors comme ça on a à peine le temps de faire un casse et des petites merdes viennent attaquer notre navire. Las camp fait honneur à sa réputation, pas vrai les gars.

        Les hommes se mettent à rire. Pourquoi ? Alors qu’ils viennent de perdre des hommes et probablement un navire. En tout cas la zone est assez déserte et pour eux, cet individu n’est que l’issu de secours du groupe qui a ravagé le navire et les hommes qui s’y trouvaient.

        -Ligotez moi ça, on va tenter un échange dans le calme et la bonne humeur. Mais non je plaisante. Sorter moi la mitrailleuse gatling. Le petit bijou que mon père m’a offert. On va faire le ménage et voler un nouveau navire.
          Je n'ai pas fait attention à ce que m'a dit l'homme en fauteuil roulant. A vrai dire, ma limité était dépassée depuis un bon bout de temps et je n'attendais plus qu'une chose : régler son compte à cet homme à la carrure de bûcheron qui avait l'air d'être le chef d'une de ses petites bandes qui troublent le calme d'un quartier. Poulette. S'il y a bien une chose qu'on ne fait pas, c'est m'appeler comme ça !

          Je ne cessais de fixer cette bande d'imbéciles qui rigolaient à gorge déployée et lançaient à tout va des blagues de très mauvais goût. N'ayant rien entendu à ce qu'il m'avait dit, je le vis partir dans la direction opposée au port. Mais... Est-ce qu'il voulait m'aider oui ou non ? Il se dégonflait ? J'ai grogné avant de dire tout haut pour moi-même :

            -Je savais bien que j'aurais dû aller voir le grand baraqué directement... Je n'aurais pas perdu autant de temps à discuter avec cet homme...


          Les bras toujours croisés, j'ai tourné la tête avec dignité en soupirant. Ça m'apprendra à être polie. Enfin... S'il partait maintenant, ça voulait dire que je pouvais faire ce que je voulais... Ça va vous paraître futile et stupide, mais j'ai toujours envie de faire la fête au zigoto macho et irrespectueux. Quoi ? Je n'abandonne aussi facilement mes griefs ! Un sabreur digne de ce nom ne peut pas se permettre de voir son honneur bafoué.

          Taptaptap. Mes pas résonnent sur le sol de pierre et de pavés. J'ai la main sur mes sabres. J'ai le cœur qui bat. Podom. Podom. Pourquoi ? Je suis nerveuse. Au fur et à mesure que je me rapproche du bateau des pirates, mes ardeurs et ma détermination de faire du grabuge s'évanouissent. Pourquoi ? Je me rappelais que je ne peux pas faire ça toute seule. Je m'arrêtais aussi brusquement que j'étais partie, tête en avant, sans regarder où j'allais. Je me mordis la lèvre inférieure avant de soupirer. Pourquoi il faut toujours que j'ai des regrets ? J'aurais mieux fait de rester avec le mystérieux Ivan. Drôle de type, mais très intelligent...

          Le grabuge commença alors sur le navire. Je ne m'étais pas tellement, mais je peux vous dire qu'en entendant le barouf qu'ils faisaient, je finissais par me dire que j'étais très bien sur le quai, moi... Un frisson me parcoure le dos. Un peu plus et je me serais retrouvée dans ce joyeux bordel. Une bataille régnait sur le bateau. Me... Serais-je trompée ? Le gang aurait tout simplement décidé de tromper les pirates pour piller leurs biens ? J'étais assez déstabilisée par ce retournement de situation. Du fait que je n'avais aucune expérience dans ce qui était de chasser des primés, je ne voyais pas bien comment m'en sortir dans ce cas. L'encapuchonné en fauteuil saurait lui... Gros malaise. Je regrettais d'un coup de ne pas l'avoir suivi.

          Il fallait donc que je retourne sur mes pas. Mes pensées n'allèrent pas plus loin car une arme à feu tempêta sur les voleurs à la petite semaine. Tatata. Je suis allée m'accroupir fissa derrière des caisses. Simple sécurité. Au cas où je devenais la cible de la mitraillette folle. Les coups continuaient et le port était devenu à présent un lieu de chaos total. Les cris résonnaient ici et là.

          Le gang s'était réfugié sur le navire, abandonnant par la même occasion leur butin sur le quai. Je cherchais du regard où se trouvait le tireur allumé qui ne s'arrêtait décidément pas. Une pluie de coups de feu régnait devant le navire pirate.

          Je finis par apercevoir un petit groupe qui était de l'autre côté de l'endroit où je me trouvais. Quand je suis tombé sur un type en fauteuil roulant parmi eux, j'ai d'abord levé un sourcil. Et j'ai reconnu Ivan. Avait-il été intercepté dans sa fuite ? Ou bien avait-il juste tenté un détour et s'était retrouvé en mauvaise compagnie ? Très bonne question qui méritait réponse selon moi.

          La mitraillette s'est arrêtée. Le silence est revenu. Je me rapprochais alors à pas de loups. Enfin, je tentais plutôt. Pas sûr qu'ils ne me remarquent pas avec mon kimono rose et mes sabres. Je me suis immobilisée quand une voix est sortie de l'ombre :

            -Hé ! Les petites frappes de Las Camp ! J'ai pas trop apprécié qu'vous veniez attaquer mon navire et mes hommes ! Vous avez intérêt à vous rendre... Sinon, c'est votre pote handicapé que je zigouille !


          J'ai senti ma mâchoire se décrocher sous la surprise. Ils étaient tous... Stupides ? Moui. Très probablement. Les journées en mer et l'avarice avaient fini par faire fermenter leurs neurones. Il fallait vers quelque chose et vite, sinon, c'est mon allié de chasse qui va être passé à tabac.

          Je fais discrètement des grands signes de bras à Ivan pour qu'il me repère. Une balle vient érafler mon épaule. Je refile directement faire profil bas derrière mes caisses.

            -Sors de ta cachette jolie nénette ! Faut vraiment être une gourde pour faire aussi tache dans ce décor !


          ...

          Nénette ?... NÉNETTE ?! Et gourde en plus ? Mais pour qui se prenait ce macho de première ?


          Dernière édition par Honaka Suzuke le Jeu 29 Aoû 2013 - 23:31, édité 1 fois
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          L’arme fatale… Pourquoi les êtres humains utilisent leur intelligence pour trouver le meilleur moyen de tué ? Cela est frustrant pour Ivan. Une telle machine sous ces yeux. Elle doit être détruite. Alors qu’il réfléchit à un moyen de faire cela, la bretteuse tente d’attirer son attention mais avec une maladresse ahurissante. Elle se fait remarquer et provoquer par la  même occasion. Avec le tempérament qu’elle a, ce n’est qu’une question de seconde avant qu’attaque et l’handicapé en est bien conscient.

          -Vous faites erreur. Je ne suis pas avec ce gang. Enfaite-je…

          Vlam. Il a le droit à une bonne claque qui fait marrer le groupe.

          -C’est bon tu peux parler. Mais non je plaisante… Ferme là à tout jamais.

          Il saisit le tissu de l’ange et le jette en l’air. Son visage apparait au grand jour. La moitié calcinée. Mais ce n’est pas la seule chose. Ce visage marqué est accompagné par deux petites ailes blanches. C’est sans doute cela qui cause le plus de réaction. Le boss tombe sur ses fesses.

          -P’tain c’est quoi ça ?

          Les yeux gros comme des ballons de football. C’est la première fois qu’ils voient un ange et ils sont bien surpris. Il devient limite une attraction pendant quelques instants. Les gars lui tournent autour et le touchent un peu partout pour voir s’il est normal. Ils tirent un peu sur les ailes pour voir si c’est des vrais. Puis un les caresse et aime ce qu’il a sous la main et incite les autres à faire de même. C’est ce qu’ils font puis le chef reprend ses esprits.

          -Hum. Si on tue ça il se passera quoi ?

          -Moi je touche pas à ça. J’étais au catéchisme. Ça porte malheur chef, faite attention.


          Il place la lame sous la gorge d’Ivan tout en transpirant. Un être céleste. Il a peur de passer à l’action. Une goutte tombe de son front. Il avale sa salive.

          -Rendez-vous on a dit !

          Le gang se planque dans le navire et n’a pas l’intention de sortir. Ici c’est las camp. Même si l’on sort les mains en l’air on se fait descendre. Alors un moment de silence fait son apparition. Les pirates se regardent. Ne sachant pas trop quoi faire.

          -Bon allé troue moi tout ça.

          TA TA TA TA TA



          Il détruit leur navire sans la moindre hésitation. Celui-ci commence à prendre l’eau et les cris ne sont plus.

          Tic, Tic.

          -On a plus de munitions chef.

          -Pas grave ils ont tous du crever. Reste plus qu’à les achever.

          -On fait quoi de lui ?

          -J’sais pas trop. On va le vendre. Au moins on risque pas une malédiction et on se fait des sous en même temps.
              -Héhé. Gentille fille... Nan, en fait, sors de là pau- Ourgh !


            Je venais de mettre mon sabre non-dégainé dans la tête du gars qui venait me chercher. Il mit un temps infini à tomber en arrière. Je lui mis une légère pichenette sur le front et... Plaf. Je ne voyais pas le deuxième. Oui, un second. Ils n'étaient que deux à m'avoir vue. A croire que les autres avaient besoin de lunettes. Mon moment de tranquilité n'allait pas durer longtemps, je le crains. Ils finiraient bien par se rendre compte qu'il y avait un « témoin qui se trouve là par hasard ».

            Et voilà, c'était parti. Quoi ? Alors non ! Ne venez pas me rapprocher d'amener de l'action ! Que vouliez-vous que je fasse d'autre ? La princesse demeurée qui se fait capturer tout bêtement et se fait sauver par le prince ? Ce n'est pas mon genre de rester à ne rien faire et à attendre qu'on vienne me sauver la mise.

            Tatatata. Ils ont tiré une nouvelle salve sur leur propre navire, finissant leurs munitions par la même occasion et coulant leur moyen de transport.... Fallait vraiment être taré pour faire ça. Ils n'avaient pas réfléchi avant d'attaquer ? Bizarre quand même... Je pensais qu'ils seraient; ne serait-ce qu'un peu, intelligents pour être réputés sur les blues comme de terribles fripouilles.

            Une main a attrapé mon épaule. J'ai sursauté brusquement en me rendant compte qu'il s'agissait du deuxième zigoto. Il ne souriait pas, était mal rasé et semblait être ourdi de mauvaises intentions. Qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là ? J'ai d'abord tenté de l'assomer comme l'autre. Sauf qu'il a évité le coup, m'a agrippé le deuxième bras et me tirait vers son gentil groupe d'amis. Qu'est-ce qu'on fait quand on a les deux mains de prises ? On tape là où ça fait mal. Soyez rassurés, je ne le fais qu'en cas d'extrême urgence évidemment. La dernière fois que je l'avais utilisé, c'était sur un mec qui avait mélangé sa bibine avec un truc pas très net et folichon si vous voyez ce que je veux dire.

            Le malfrat s'est effondré à terre avec un couinement plaintif. En général, je n'utilisais pas ces techniques expédétives, mais c'est pour la bonne cause : j'ai un handicapé à emmener dans un périmètre de sécurité.

            Je grimaçais. Ce pirate m'avait tordu le poignet. Il avait une sacrée poigne. Ce qui laissait dire que son capitaine devait être sacrément balèze pour guider cet équipage.

            J'ai dégainé un des mes sabres avant de m'avancer vers le groupe. Je jetais un coup d'œil inquiet à Ivan. J'espérais qu'ils ne lui avaient pas fait de mal. D'une voix un peu mal assurée, je déclarais :

              -Relâchez cet homme !

              -Mais bien sûr ma jolie... Tu crois vraiment qu'on va laisser cet oiseau nous filer sous le nez ?


            Je ne compris pas tout de suite. Comment voulaient-ils se faire de l'argent avec un homme en fauteuil roulant ? Incompréhensible pour moi. C'était un simple mortel comme nous tous qui ne pouvait pas marcher sur ses deux jambes.

              -Relâchez-le, sinon, je me mets vraiment en colère !


            Ils se sont regardés. Et ils sont partis dans un fou rire mémorable. Ma menace avait peu de poids aussi. Je lançais un regard désespéré à Ivan qui voulait dire tout simplement « Et maintenant, je fais quoi ? ». Parce qu'avec mon inexpérience et notre sous-nombre évident, je ne pense pas qu'on ferait vite long feu.


            Dernière édition par Honaka Suzuke le Ven 30 Aoû 2013 - 11:45, édité 2 fois
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            Ce qui est sur c’est que l’ange n’est pas considéré comme une menace. Malgré la lame sous la gorge, l’attention des hommes se dirige vers la jeune sabreuse. Elle fait ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a. C’est admirable et maintenant c’est au tour d’Ivan d’agir. L’handicapé saisit le bras droit qui tient la lame avec sa main gauche. Il le tire devant lui tout en cherchant son gun qui se trouve dans son costume avec sa main droite. Sur la tempe, l’arme est prête à cracher le bout de métal aussi communément appelé balle. Bien évidemment tout ceci n’est que du bluff. Comment le gentil peut-il se résoudre à tuer ? En tout cas l’effet de surprise lui a permis cette action.

            -Changement de programme. Baisser vos armes. Non, plutôt jeter les ou je… tire une balle sur votre chef.

            Là, il ne ment pas. Il a bien utilisé le terme tiré et non tué. Mais ses adversaires ne connaissent pas cet inconnu et c’est un coup de chance. Pendant ce moment de flottement, il y a un contact physique entre l’handicapé et le pirate.

            -Ecoutez le, jeter vos armes j’veux pas crever… QUOI ! Qu’est-ce que ?


            En réalité, le pirate voulait tenter un coup de bluff en disant à ces hommes de mettre en joue la sabreuse ainsi que l’handicapé. Mais la vérité c’est qu’il a peur et veut sauver sa peau. Alors les hommes jettent leur arme. Le bruit de ceux-là heurtant le sol rassure le justicier à roulette qui lance un tendre sourire à Honaka.

            -Bien. Tu sais ce qu’il te reste à faire...

            Alors que des bouts de bois volent du côté du navire. Le chef sort avec deux hommes dans les mains. Il s’en est servi comme bouclier et les jette. Deux autres on fait de même. Il y a donc trois mastodontes sur le quai qui s’approche petit à petit.

            -Hey ! Allé flingue moi ce gars et vite fait.

            -Resté où vous êtes.


            Les trois ne semblent pas terrifier et avance sans la moindre hésitation jusqu’à se trouver à cinq mètres de l’handicapé. Ils croisent les bras et attendent l’exécution.

            -Tire.

            *Je dois vite trouver une solution. Allé réfléchit.*

            Pendant ce temps, Ivan ne sait pas trop quoi faire et malheureusement pour lui, le pirate le remarque en le regardant droit dans les yeux. Il prend donc sa chance en attrapant la main armée d’Ivan tandis qu’un coup part par maladresse.
              Il avait suffit d'une seconde. Il avait suffit d'un peu de temps. Il avait suffit d'un petit grain de sable qui glisse doucement du sablier. Et l'handicapé pointait une arme contre les tempes du capitaine. Je relâchai ma prise sur mon sabre. Soulagée. Finalement, il savait se défendre. Je l'avais sacrément sous-estimé. Être en fauteuil n'empêchait pas que l'intelligence prenne le dessus.

              Je ne le pensais pas capable de tenir en joue un homme comme ça. On ferait bien de se méfier de ceux qui ont l'air les plus faibles... Bon, au moins, la situation était tombé en faveur pour lui et moi. Les subordonnés du forban semblaient hésiter. Je me suis rapprochée d'eux, plutôt mençante avec mon sabre en main. Ils m'ont fixé et semblaient prêts à m'attaquer. Leur capitaine finit par leur ordonner de lâcher leurs armes. Je les regardais avec satisfaction lever leurs bras en l'air, laissant leurs sabres, leurs fusils et leurs pistolets tomber au sol dans un grand bruit de métal.

              Je hochai la tête vers mon allié. Bien sûr que savais quoi faire maintenant. Les ligoter. Et sans attendre une parole de plus, j'ai commencé à chercher une corde, ou quoi que ce soit d'autre qui me permettrait de les immobiliser. J'en aperçus une pas si loin que ça. D'un pas tranquille, j'allais la chercher. Depuis que mon drôle d'allié avait repris la situation en main, j'étais beaucoup tendue.

              Je sursautai en chemin. Une plaque de bois venait de se détacher du navire qui penchait d'un côté. Je pensais que les pirates avaient réussi à se débarasser du gang. Pas vraiment en fait. Puisque ces imbéciles avaient utilisés leurs propres camarades pour se protéger des projectiles. Ils étaient trois grands gaillards et qui n'avaient pas l'air contents. Je pestais pour les pauvres gars qui avaient morflé à leur place :

                -Tss... Quels lâches...


              ...Eh mais... Y'a celui qui m'a appelée POULETTE ! J'ai froncé mes sourcils. La colère revenait, vague chaude et terriblement aveuglante. Je ne pouvais pas laisser quelqu'un m'insulter comme ça ! Mes yeux ont fait un aller-retour entre la corde et les trois types qui s'approchaient. Argent ou honneur. J'ai grogné, fait la moue. J'ai fini par soupirer avant de m'élancer vers eux.

              J'ai mon sabre en main. Ils font face aux pirates et à l'encapuchonné. Normalement, je dis bien « normalement », tout aurait pu très bien se passer. Si seulement ce capitaine n'avait pas tenté d'arracher le pistolet de mon acolyte pour un temps... Le coup est parti tout seul. Héhé. Devinez qui se l'est pris en plein de la cuisse ? Moi. Oui, la fille trop impulsive et énergique, qui a jugé bon de s'occuper des derniers membres du gang.

              J'ai poussé un cri avant de poser un genou à terre. La douleur était vive, brûlante et je ne pouvais que serrer les dents le temps que ça passe. Une goutte de sueur coula le long de mon front. J'aurais dû rester vigilante. Stupide erreur de débutante.

              Les pirates avaient profité de ce moment d'innatention pour récupérer leurs armes. Et les trois taureaux furieux sont rentrés dans le tas. Le grand fracas de la bataille. C'était la première fois que je l'entendais de si près. C'est le mistral qui souffle et t'emmène loin de ta cible. C'est la vague énorme qui t'emporte et se fracasse contre la falaise. C'est le poids des remords et de la tristesse qui t'éloignent de la lumière. C'était le chaos total. L'envie de vengeance était présente des deux côtés. Et les coups pleuvaient. Je cherchais du regard Ivan. Mais avec toute ces poussière, tous ces corps en mouvements...

              Un coup de pied m'est alors arrivé en pleine poire. Sans que je ne m'en rende compte, la bagarre s'était déplacée jusqu'à moi et je retrouvais en plein milieu. Quand je vous disais que je me retrouvais toujours dans de sales histoire... Résultat, j'avais la tête qui dodelinait, sonnée par des cloches retentissantes. J'ai mis un petit moment avant de m'en remettre, juste le temps de me traîner hors de cette mêlée violente. Je me massais le menton qui allait bientôt afficher un joli bleu. J'allais dégainer mon deuxième sabre, quand je me rendis compte qu'il n'était plus à ma ceinture. Personne, je dis bien personne ne pouvait toucher à ce cadeau de famille que ma mère m'avait fait passé avant sa mort ! Plutôt furieuse et de mauvais poil, j'ai cherché l'heureux élu qui allait goûter à mon courroux.

              Mauvaise pioche pour ma part : il s'agissait du capitaine pirate en personne. J'ai de nouveau soupiré de mécontentement avant de m'élancer, mon seul sabre à la main, vers ce forban qui allait tâter de ma colère. Évitant de justesse une massue qui fauchait tout sur son passage, je finis par me trouver un passage jusqu'à lui, tout en récoltant un nouveau coup au visage. Mon nez commençait à saigner et je dus ignorer la douleur cuisante qui parcourait ma cuisse. À cause de ça, je ne faisais que boîter.

                -Si vous vous rendez, je serais sympa... Nan, je rigole ! On va vous renvoyer chez vos mères, petits voleurs à la semaine !

                -Hé ! Personne ne t'a permis de prendre ce sabre ! T'as intérêt à me le rendre tout de suite, sinon...

                -Sinon quoi ?


              Je l'ai foudroyé du regard. S'il tenait tant que ça à me provoquer, j'étais prête à lui sauter dessus. Cependant, il semblait plutôt bien manier le sabre... Ce qui voulait dire que récupérer mon bien ne serait pas une mince affaire... Je l'ai attaqué avec un petit estoc qu'il para sans aucun problème... Le sourire qu'il affichait ne m'inspirait que du mépris. Je ne pouvais cependant pas aller à la parlotte et commencer mes critiques. Mes deux lames s'affrontaient. Laquelle serait l'outil de la mort ? Et la mort de l'un ou de l'autre ? Ce n'était qu'une question de force dans ce cas-là.
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              BANG

              Au départ, Ivan ne prête pas attention à l’endroit où c’est logé la balle. Il n’a pas le temps. Il lutte au corps à corps avec le pirate. Il ne veut pas lui lâcher l’arme. Mais même s’il y met toute sa force, le pirate le surclasse physiquement. Un homme qui combat régulièrement face à un simple handicapé … Il n’y a pas photo. Alors le pirate prend l’arme et les trois gaillards rentrent dans le tas. La chaise d’Ivan se renverse. Il se retrouve au sol. La poussière l’empêche de voir correctement. Un bon gros combat. Lui rampe et tente de s’extirper de là, mais le combat prend la même direction que lui. Certains marchent sur ses jambes et sont déstabilisés.

              La jeune sabreuse décide d’entrer en action et se prend un bon coup. L’ange ne sais pas trop quoi faire. Au sol… Il réfléchit.. Puis zut. Il s’approche petit à petit du capitaine pirate. Un duel est lancé. La sabreuse est en rogne et donne tout ce qu’elle a. L’handicapé arrive par derrière et mordille le mollet du criminel. Celui sans des petits picotements et se met à rire. Il bouge sa jambe pour faire partir la petite bête qui le perturbe. Mais il ne se doute pas que c’est une grosse bête. L’ange saisi correctement le mollet et finit par le mordre ! Une belle morsure. A croire qu’il a pris ça pour un bon steak bien juteux. Là le pirate pousse un cri de douleur et laisse une bonne ouverture à la sabreuse. Ivan profite de cela pour saisir la main de l’ennemi qui possède son arme et la reprend. Puis il vide son chargeur sur tous les ennemis encore debout. Il tire sur toutes les jambes.

              Finalement il ne reste que deux gaillards sur leurs jambes. Ceux du gang. Leur blessure ne semble pas les embêter plus que ça. Enfin si on ne prend pas en compte leur démarche désastreuse et le visage déformé. Ils ont dû en prendre de bien plus belle dans leur vie. Alors il s’approche de l’ange et choot la main qui détient l’arme. Puis un des colosses porte Ivan d’Une main. Il le jette en l’air et lui donne un coup de pied qui l’envoie plus loin.

              L’ange du jugement n’a pas l’habitude de recevoir des coups. Et quel coup ! Il roule sur quelque mètre et tiens son ventre. La douleur est grande. Il lance un petit regard vers les colosses qui sont assez épuisé. Après tout ils ont engagé un combat en infériorité et ils ont encaissé quelque balle. Leurs capacités sont amoindries. C’est au tour de la sabreuse de montrer son talent. L’handicapé a fait ce qu’il a pu et ne risque pas d’apporter autre chose. Il la supporte mentalement c’est déjà ça…

                  -Tu penses pouvoir continuer ?... Y'a pas photo, tu ne pourras pas aller bien loin dans cet état !


                Le genre de choses que je déteste. Me prendre pour une faible. Malgré tout, la situation était bien critique. Ce lâche venait de profiter d'une erreur de parade pour taillader légèrement ma jambe déjà blessée. Autant vous dire que j'avais un mal fou à me tenir debout. Il se débrouillait franchement et pointait sur mon cou, la lame qu'il avait réussi à me piquer quand j'étais au sol. Il n'y avait plus que quelques pirates qui peinaient à repousser les derniers membres du gang. Plus le capitaine, le paralysé et moi, cela devait faire à peu près sept personnes. Quelques voisins curieux nous observaient de leurs fenêtres, entrouvant un peu leurs rideaux.

                J'avais toujours mon sabre, mais je n'aurais aucune possibilité de répliquer. Il se tenait prêt à couper les fils de la vie au moindre mouvement suspect. Il continuait toujours avec cette voix amusée et victorieuse :

                  -Tu ferais d'a- OUCH !


                Il poussa un cri de douleur retentissant, qui me surprit autant que les autres. Par réflexe, mon adversaire venait de baisser son arme. Il y avait une ouverture magnifique que je ne pouvais décidément pas laisser passer. J'en ai profité pour tenter d'en finir une bonne fois pour toutes. Ni une, ni deux, j'envoyais alors une pluie d'estocs. Se rendant compte de son erreur, il tenta maladroitement de parer mes coups. Cependant, je n'avais pas prévu que l'un des deux loubards vienne lui porter un coup sur la tête. Et vu la taille des poings du gaillard, le capitaine pirate allait faire un gros roupillon. Il a titubé un peu, les yeux soudainement dans le vague, avant de s'effondrer sur le sol, lâchant au passage la « lame empruntée » que je récupérais avec satisfaction. Je commençais à être sérieusement essoufflée. Tenir ce rythme trépidant était véritablement épuisant. Je comprenais mieux ce que voulait dire le chasseur de têtes...

                Les deux lascars tentèrent de me prendre en sandwich. Je devais surveiller deux côtés à la fois. Je peux vous dire que ce n'est pas forcément évident lorsqu'on est blessé à la jambe et qu'on n'est pas sûr de pouvoir esquiver des coups dignes d'un taureau en colère. Ils ont chargé en même temps, poussant une gueulante à faire pâlir un ours. Et ils s'approchaient... Et je me suis jetée sur le côté au dernier moment. BAM. Ils se sont rentrés dedans avant de retomber par terre, knock out. Mon grand « jeté » m'avait permis de me rétamer encore une fois sur le sol. Comment pouvait-on définir on agilité et ma souplesse aujourd'hui ? Digne d'un ours unijambiste.

                J'ai traîné ma pauvre jambe pour chercher le mystérieux Ivan. Problème, son fauteuil était vide.

                  -C'est lui que tu cherches ?


                J'ai senti le sang quitter mon visage en entendant la voix du capitaine pirate. Je me suis retournée. Debout, l'air pas très content... Il avait la tête dure dis donc ! Seul bémol. Il tenait en joue le paralysé avec l'un des pistolets de ses hommes.
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                Le combat touche à sa fin. Il ne reste qu’un être debout, le capitaine pirate. Cette personne est vraiment étrange. Au lieu d’achever les personnes au potentiel dangereux, il vise l’être le plus faible des environs. Peut-être n’a-t-il pas supporté la morsure qu’il la mise en mauvaise posture, ou encore l’humiliation de s’être fait prendre en otage. Nous ne savons pas réellement, mais nous supposons que c’est un ensemble de toutes ces petites actions.

                -Je pense qu’on peut s’arrêter là. Tout le monde sait que j’ai gagné. Non je rigole. Crever. On commence par toi l’ange. De toute façon je crois pas en dieu alors les conneries que j’serrais maudit j’y crois pas trop ! J’vais t’enlever ce sourire qui me donne envie de gerber. Adieu être mystique.

                BANG !


                Pourquoi Ivan souriez ? La raison est toute simple. Un visage amical s’est présenté. Avec le vacarme qu’à causer la mitrailleuse gatling, localiser les pirates fut facile. C’est donc le barman qui vient de tirer cette balle. Mais il n’est pas seul. Tous les commerçants du coin semblent s’être donné le mot. En principe ils n’ont pas tellement de problèmes. Ils doivent simplement payer une taxe au gang du coin. Mais avec les pillages qui se multiplient, le gang est débordé et les commerçants ont décidé de ne plus se laisser faire. Nous sommes à las camp pardi ! Même un gosse sait qu’on ne survie pas dans ces lieux sans montrer qu’on a du répondant.

                Le pirate ne comprend pas ce qui se passe. Il n’a pourtant pas tiré. Il regarde son arme et finis pars s’écroulaient. Une belle piqure dans le dos semble être la cause de cela. Alors le pirate se met sur son dos pour voir qui a osé lui tirer dessus. C’est alors qu’il se rappelle de tous ces visages. Il les connait tous. Certain braqué, d’autres qu’il compté braquer. Vaincu par des victimes… C’est une honte pour lui.

                Les commerçants aident les rescapés du gang et laissent pourrir les autres. Le barman de cette histoire apporte la chaise au justicier sans roulette actuellement, et l’aide à s’assoir. Puis pars aider Honaka.

                -Les gars, avec cette mitrailleuse on n’aura plus jamais de problème.

                YEAAH !


                Bon, mission accomplie pour l’ange. Il a fait sa bonne action et espère qu’elle a amélioré légèrement ce monde. Alors que tout le monde pars dans un sens, celui-ci fait route à pars. Ce n’est pas parce qu’il n’apprécie pas la compagnie ou la gloire. Il a tellement de choses à faire alors fêter une si minuscule victoire ne l’intéresse pas. Aussi mystérieux soit-il, cet homme qui vit dans le passé souhaite changer le présent…
                  Je ferme les yeux. Un grand vide m'emplit. Je ne peux empêcher une larme de couler le long de mes joues. Pourquoi est-ce que je n'avais rien pu faire ? Parce que j'étais encore trop faible. C'était une réponse tout à fait logique pour moi. Peut-être essayera-t-on de me raisonner et de me dire que ce n'est pas de ma faute, que c'était trop tard. Je suis certaine que j'aurais pu faire quelque chose au dernier moment. Et maintenant, le pirate avait tiré sur le paralysé qui ne pouvait pas s'enfuir pitoyable.

                    -Hé ! Tu t'es battu comme une lionne et les pirates sont défaits. Tout est bien qui finit bien, non ?


                  Je sursaute en entendant la voix du barman tout près de mon oreille. Je rouvre mes yeux sans comprendre. Il passa son bras en dessous de mes épaules pour m'aider à marcher. Qu'est-ce qu'il fait là ? Qu'est-ce que font tous les commerçants à regarder la scène d'ailleurs ? Ça les amuse de voir un homme sans défense se faire descendre ? Je me rends compte alors que le capitaine pirate est à terre, ligoté soigneusement par des marchands venus à la rescousse. Plus de trace du mystérieux Ivan, ni de son fauteuil. Je fronce mes sourcils en demandant :

                    -Mais... Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai raté un épisode, simplement pour éviter de voir une mort si terrible ?

                    -Ouvre tes yeux au lieu de croire que tout est fini... On a réussi à le sauver de justesse ! Par contre, j'ignore où il est parti... Enfin ! Merci à toi d'avoir capturé ce forban ! Ça va être la tournée générale pour toi ce soir !


                  Ah. Problème pour moi. Je ne l'ai pas capturé. Techniquement, je me suis juste battue contre lui et encore ! Je n'ai même pas réussi à le mettre à terre... J'ai soupiré. Je n'allais y gagner aucun mérite. Quelle histoire alors... Mes dettes, un type étrange en fauteuil roulant que le forban avait traité « d'être mystique » et un gang de bûcherons qui croyaient pouvoir détrousser les criminels des mers facilement. J'ai répliqué d'un ton neutre :

                    -C'est plutôt à toi que les honneurs s'adressent, tu nous as sauvés tous les deux... Et la prime est pour toi !


                  Je me demandais où était passé le dénommé Ivan. Il avait mérité sa part lui aussi et je devais vraiment le remercier pour tout ce qu'il avait fait. J'avais dit les derniers mots avec un sourire honnête. Jeff a éclaté de rire. J'étais plutôt vexée. Je lui donnais toute la récompense et lui, il se moquait de moi. Et il riait sans pouvoir s'arrêter. Au bout d'un moment, je finis par montrer mon agacement en me aâclant la gorge. Après son fou rire, il finit par m'expliquer ma bourde :

                    -Celui-là, il n'est pas encore primé ! La prochaine fois que tu te mets aux trousses d'un pirate et que tu veux empocher l'argent, vérifie s'il a un avis de recherche !


                  Nan. Ce n'est pas possible. Je me suis blessée, je me suis pris des coups, j'ai supporté les sarcasmes de chasseurs de primes qui n'ont aucun courage, j'ai dû faire face à de grands gaillards qui faisaient deux fois ma taille. Tout ça pour rien ?!
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