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Parce que je le vaux bien

Pulu pulu pulu !

-Ouais, Hermès ?
-Bonjour, capitaine. Tout s'est bien déroulé, la livraison a été récupérée. Joli coup de filet.
-Et les marines ?
-Nous nous en occupons, comme prévu. Et vous resterez notre principal partenaire commercial quand tout sera terminé.
-Vous ne pouvez pas les faire disparaître purement et simplement. Leur supérieure est en contact permanent avec une commandante basée je ne sais où. Elle doit déjà être au courant de l'arrivée du groupe à Bulgemore...
-Aucun besoin d'aller jusque là, voyons. Nous avons tout ce qu'il faut pour les accueillir et les persuader de corriger leur rapport dans un sens qui nous conviendra.
-Sauf votre respect, Hermès, je pense pas qu'ils soient du genre corruptibles. La cheftaine est du genre à bouffer la viande crue au petit déjeuner, et les autres...
-Hum ?
-... disons qu'ils ont sans doute des raisons très personnelles d'en vouloir à quelqu'un qui fabrique des cosmétiques de merde en les vendant pour de la qualité.
-Je vois. Mais ne vous en faites pas, qu'est-ce que vous croyez ? Que je torture mes hôtes ? Ça se fera tout en douceur.
-C'est que, quand on les a laissé, la lieutenante commençait déjà à se douter que quelque chose tournait pas rond. Je m'en suis débarrassé comme j'ai pu, mais...
-Du calme, capitaine. Tout va bien. Rentrez chez vous, le relais est déjà prévenu. Votre paye vous attend à l'auberge du centre, table en entrant sur la droite. Vous connaissez déjà l'intermédiaire, c'est le même qu'il y a deux ans. Le petit brun avec la cicatrice sur la tempe.
-Bon, bon. Et si jamais...
-Si jamais, personne ne pourra remonter votre trace, capitaine, exactement comme convenu. Vous êtes un mercenaire, il n'y a qu'un contrat tacite qui nous lie. Vous vous taisez, je me tais. De toutes façons, ça ira. Ce ne sont pas les premiers fouineurs qui débarquent, vous savez...
-Peut-être, mais c'est la première fois que j'en vois de mes propres yeux.
-Je comprends bien votre émoi. Mais faites moi confiance. Vous n'entendrez plus jamais parler d'eux.
-Bien.
-Bonsoir, capitaine.
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-Serena ! J'ai froid !
-Moi aussi !
-Fallait mieux vous couvrir. Fermez là, on est en terrain ennemi.
-Qu'on en finisse vite, alors !

On en rêve tous, caporal, d'en finir vite. C'est ce que je te dis en te balançant le genre de regard qui te donne pas envie d'en rajouter. Mais ça t'empêche pas de grogner dans la barbe que tu n'as pas eu le temps de raser aujourd'hui, et je sais que ça t'embête. Qu'on puisse confondre ton teint de pèche  avec le cuir poilu du premier Marcel venu, ça te rend malade. Pourtant, c'est ton nom de baptême, Marcel. Je l'sais, j'ai lu ton dossier. C'était plutôt marrant, sur le coup, quand on réfléchit pas. Petit bonhomme perdu dans un monde de brute cherche place vacante dans la société. Spécialité : le ménage et la cuisine. Et hop, qu'on te le cale à la cambuse, et qu'on se fout de sa gueule tant qu'on peut, parce qu'il préfère y rester plutôt que de s'entraîner comme une brute pour monter en grade. Puis on se met à l'appeler Gertrude, manière de le rabaisser et de le faire chialer un bon coup. Des instincts frustrés qui s'essuient sur sa carcasse comme ils peuvent, et vient que je mouche ma rage sur ton orgueil, connard. Au final, l'a tout gardé, même le nom.
« Fragilité psychologique, grande émotivité », ils mettent, sur la page médicale. C'est marrant, je crois bien que j'ai la même. Tout ce qui jure un peu sur le décor, de toutes façons, c'est la même aux yeux du cadre. Même si moi, je grimpe un peu, et même si Gertrude, ça sera toujours Caporal Gertrude. L'Okama en charge de la boutique de fringues à la mode de Navarone, et le conseiller esthétique de Barbie.

On avance dans la neige, avec Géraldine qui ouvre la voie. Elle a l'air toute gênée, comme si elle avait honte de sa carrure. Mais c'est pratique. On trace entre les bâtiments, malgré le froid, le vent et la nuit tombante. Seize heures seulement, les jours sont brefs à Bulgemore. Et y'a toujours pas un bruit pour venir bousculer le silence.

J'aime pas.

Des tonnes de graisse, d'huiles, de machins végétaux et de poudres qui sont mélangées, broyées, cuites, malaxées sans une fumée visible et sans un bruit. Ça fait pas usine. Ça fait décor de théâtre. Non, je suis pas tendue. Pas plus que ça. Mais ça reste une mission donnée par un officier de Grand Line. Et même si c'est Barbie, je sais que ça peut se mettre à puer n'importe quand.

On s'approche, et on est déjà sûr d'être grillé. Des petits yeux sortent de tous les coins, c'est bourré d'escargocaméra, l'air de rien. Pas besoin de se planquer, on va bientôt avoir le comité d'accueil sur le dos. De toutes façons, c'était ça, le plan. Venir en pleine lumière, mais à l'improviste, en étant sûr de prendre sur le fait pour pas se faire chier avec le directeur et son baratin.

D'ailleurs, y'a un projo' qui s'allume. Droit dans les yeux, ça dans l'obscurité, ça te brûle la rétine en une microseconde. On a tous le réflexe de lever un bras et de le plaquer juste au dessus des nos yeux plissés.
On s'attend à voir débarquer n'importe qui ou quoi, mais au bout d'un moment, la lumière s'éteint sans rien ajouter de nouveau au décor gelé. De plus en plus, ça fait bâtiment à l'abandon. Et pourtant, la graisse... à moins que Basaru n'ait préféré perdre un chargement et nous envoyer sur un site abandonné plutôt que de prendre le risque de paumer son fond de commerce ? Le connard.

Je divague un peu, on continue d'avancer. Jusqu'à la grande porte. Non, on la prendra pas. Suffit qu'on ait tout fait pour nous faire oublier la méfiance pour qu'on tombe dans un traquenard à la première facilité permise. Alors je dis : on escalade le toit, et on prend le conduit d'aération, comme de vrais héros que nous ne sommes certainement pas.

Les copines de Barbie y croient dur comme fer, à leur mission, et elles sont pas claustro. Mais moi, j'oublie pas que mon cœur est pas du côté des bonnes femmes qui souffrent à cause de la mauvaise qualité de ce qu'elles utilisent pour se cacher à leur propre vue et à celle des autres. Cacher leur âge, ce qui les fait sortir de la norme « belle et désirable », ce qui les rend sociable. Qu'elles en crèvent si ça les amuse. Si c'était convenable, d'ailleurs, de mourir pour être belle, elles le feraient. Y'en a qui le font déjà.

Mon cœur est mépris, et le souffle me manque tandis que je rampe en serrant les coudes et en me concentrant sur un point invisible, loin devant.

Mon cœur est mépris, et le souffle me manque.
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Bulgemore, c’est un endroit qu’on pourrait qualifier d’inhospitalier. De la neige, encore de la neige, toujours de la neige, et lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore. Au milieu de cette neige et de ce froid qui te congèlerait les cheveux sur place sans aucun remède miracle de Barbie pour les ravoir, il y a des grandes bâtisses en dur, fort peu accueillante, mais qui ne sont, en général, pas fait pour accueillir qui que ce soit. En temps normal, un touriste perdu n’y trouverait pas refuge, s’il pouvait y avoir un touriste un jour dans le coin... On préfèrerait le laisser mourir de froid dehors que de le laisser pénétrer dans ces usines monstrueuses qui brassent un bruit infernale et exulte une fumée noire et terrifiante.  
Alors que vous avancez toujours péniblement dans cette chaleur étouffante, dans un conduit étrangement étroit lorsqu’on a avec soi le Caporal Gertrude, le fer se dérobe soudainement sous tes pieds. Comme une trappe. Qui s’ouvre. Sous toi, comme sous tes nouvelles copines qui ne peuvent s’empêcher de lâcher un cri strident à t’en vriller les oreilles. Mais vous ne tombez pas bien longtemps, en atterrissant sur un fauteuil étrangement bien rembourré, du genre à amortir la chute du caporal massif à tes côtés sans broncher.

Le temps de te remettre de tes émotions, tu constates que tu te trouves dans un bureau trop propre et trop bien ordonné. Par une feuille qui dépasse des dossiers, des dossiers rangés par taille et par couleur, des armoires impeccables, un bureau sur lequel tu pourrais manger sans assiette en te remaquillant tellement il est lustré… Et de l’autre côté du bureau, un homme filiforme, sec, te regardant derrière ses lunettes rectangulaires. Il porte un costume impeccable. Et lorsque tu tournes la tête, une grande vitre en verre doublé te montre la machinerie infernale de l’industrie Lore&Ale, industrie qu’il surveille d’un œil vif de son point d’observation.
Tu peux comprendre le fonctionnement des machines. Les produits arrivent au fond à droite, sont placés sur une un tapis roulant, des petites mains décortiques le tout, les appareils font le reste. Mais quand tu observes bien, les produits qui arrivent n’ont absolument pas l’air des dauphins que tu as plus ou moins pêchés toi-même.

Parce que je le vaux bien Jinnou10

Mesdames, bienvenue dans l’usine de fabrication de la firme Lore&Ale, mmmvoyez…

Est-ce qu’il t’attendait ? Il remonte ses lunettes sur son nez et confirme.

On m’a annoncé votre venu, mmvoyez… Je n’ai malheureusement guerre de temps à vous accorder, l’usine me demande tout mon temps et toute mon attention pour rendre ce monde plus beau, alors faisons vite et faisons bref mmvoyez. Je suis Nichols Barbamiton, gérant en fonction dans cette usine mmmvoyez...

Et je suis toute ouïe, mmmvoyez… Des questions ?
    On t'a annoncé notre venue ? Comment ça, et surtout, qui ça, connard ? Non, pas besoin de demander. C'est le pêcheur, le même qui disait ne pas avoir de contacts directs avec toi, ou un autre au-dessus de toi. Pas moyen de savoir si j'ai affaire à un chef ou à un sous-fifre.
    Mais y'a déjà une chose de sûre. Je respire pas mieux que dans le conduit. La chute m'a fait grimper le pouls à deux-cent battements à la minute, je sens mes hommes clairement déconcertés par les évènements. J'aurais du en laisser deux à l'extérieur. Mais si j'étais une stratège dans l'âme, ça se saurait.

    Mes galons, je les ai gagné uniquement à la force et à la rage. Jamais à la ruse. J'suis une montagne de lave, pas une renarde. Sinon, j'en serais pas là. C'est vrai.

    Et derrière lui, la grande machinerie, toute en clinquant et en rutilant. Pas d'hommes, que du matériel. P'têtre que ça vaut mieux. Mais je sens que c'est rien d'autre que de la poudre aux yeux, du décor de théâtre fait pour faire propre comme pour impressionner la galerie. Galerie qui se frotte les articulations endolories et qui montre les dents. Ils n'ont pas entendu les paroles formatées, calibrées et pré-conditionnées de l'industriel. Ils sentent l'échec et le danger, l'embobinement facile qui nous guette et la colère de Barbie. Pas le moindre mal dans tout ça.

    Et moi, aussi. Je savais déjà pas trop ce que je venais foutre là au départ. Sûr qu'il y a un truc louche, entre la graisse qu'a disparu de la circulation aussi vite qu'elle était arrivée, les liens entre Basaru et l'usine, la proximité entre la firme et les anciens labos de Vegapunk, tout ça.

    Mais ce que je sais, c'est que je m'en fous. Éperdument, je m'en fous. Même la mission débouche-chiottes dans la fosse septique du QG de South Blue, y'a des années de ça, je m'y sentais plus impliquée. Y'avait un révo' au bout, qui projetait de noyer l'île sous la merde, quoi. Pas juste un industriel pourri qui cherche à se faire des couilles en or sur le dos de quelques pouffiasses, manière de moins se les geler sur la banquise.

    Vie pas enviable, mesquinerie froide, mec frustré qui enrage au bout de sa chaîne.

    J'en ai vraiment rien à foutre. Des questions à te poser ? Non, ça, non. Pas pour que tu me fasses marcher sur la tête, pas pour que tu me fasses partir en ayant rien à caler dans mon rapport, pas pour que t'ais les moyens de te blanchir. T'es sur ton terrain. J'suis en terre étrangère. J'ai aucune conviction sur ce coup, j'fais qu'obéir.
    Et manque de bol pour toi, ma supérieure, elle a décidé que t'étais en faute.

    J'discute pas, j'attends pas, je frappe. Ça fait sursauter mes caporaux qui retrouvent du même coup un peu de vaillance et de confiance. Leur chef a choisi pour eux. Ils savent ce qu'ils doivent faire, quand je relève l'industriel d'une méchante poigne pas franchement pacifique.

    Pardon, Seigneur. Je crois pas que ce soit vraiment un mal nécessaire. Mais j'veux me sortir de là, et j'vois pas comment tourner les choses autrement. C'est plus raisonnable que viscéral, la colère, elle est là, mais c'est pas elle qui commande.

    -Essaye pas de jouer au con, mec. Tu sais que t'as déconné, tu sais que tu utilises de la graisse de dauphin. C'est même marqué sur l'emballage de tes saloperies.

    Sauf qu'il a jamais dit le contraire. Il remet sa chemise droite, je la lui refroisse en le choppant au col et en lui crachant ce que j'ai à craché au visage.

    -Ouais, ouais, tu peux dire que c'est pas interdit. Basaru m'a montré son permis de pêche, tout ça. Mais les dauphins, on se les ait baladé un moment en mer ! Ta graisse, elle est aussi dégueulasse et nocive qu'un tas de charognes en décomposition !

    Ça, j'en sais foutrement rien. Je répète ce qu'a dit Barbie avec mes mots à moi, c'est tout.

    -Puis écoute : j'ai pas d'mandé à venir ici. J'veux en finir vite, et bien. Donc, j'hésiterai pas à te cogner jusqu'à ce que tu t'mettes à table.

    Et là, j'vais pour le recoller dans son siège, mais la colère retombe. Mon pouls baisse un peu, j'écume moins. Normal, quand on a l'impression de dominer. Mais j'ai mal au poing. Très mal au poing. Je prends le risque de quitter des yeux mon vis-à-vis, j'vois que ça gonfle entre les jointures. Lui, il a pas changé d'expression, et il a rien.
    Je pige pas. J'ai pas fait semblant. Les autres captent pas, ils s'échauffent encore plus.

    Est-ce qu'il y a vraiment un seul être humain dans cette putain d'usine ?

    J'en suis là, quand mon escargophone se met à refaire des siennes. J'aurais pas cru que ça passerait, coup de bol. Barbie, si tu veux coincer ce trafic, j'ai vraiment besoin de toi.
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    Pulu pulu, pulu pulu ♥

    Passe-moi ce maquilleur de carnaval de bas étage !

    La voix autoritaire de Barbie décoiffe un instant ton brushing aplati. Tu te dis que tu vas trouver une alliée de poids face à cet homme imperturbable tantôt face à tes menaces. Il tend négligemment la main vers ton escargophone que tu donnes sans hésiter, certaine de l’effet Barbie qui va suivre. L’animal prend une pose éloquente, les mains sur les hanches, la mine clairement fâchée, sous l’œil impassible de Nichols qui se contente de remonter ses lunettes sur son nez.

    VOUS ! Honte à VOUS !

    Voilà, la foudre se déchaine…

    A qui ai-je affaire ?
    BARBIE ! ♥ VOUS ÊTES MONSTRUEUX ! COGNEZ LE ! NON ! LAISSEZ MOI LE COGNEZ ! VIENS LA ESPECE DE #@ù^^*ù: !

    L’animal se débat sauvagement et tente de remonter le long du bras de Nichols pour l’engluer. Néanmoins l’homme ne se laisse pas faire et attrape l’escargot par sa coquille pour lui couper toutes répliques… Et là, le pire se produit : Nichols affiche un sourire avenant et terriblement convaincant. Ou terrifiant.

    Je vois, vous êtes l’une de nos plus fidèles clientes et admiratrices, comment oubliez votre nom, mmmmvoyez… Vous êtes l’une de nos modèles, nous suivons et appliquons régulièrement les conseils que vous glissez dans vos lettres…
    Ah oui ? C’est choupi ce que vous dites ♥ !

    Voilà. C’est fini. Pas de foudre, pas de tempête, pas de Nichols couvert de bave… Juste cet infâme sourire niais que l’escargot arbore sans gêne en papillonnant des yeux. Horrible.

    Que désirez-vous madame ?
    ♥ ? Ah ! Oui ! Moooooonstre ! Comment osez-vous faire ça à de si mignonnes petites créatures ?! Des dauphins ! Des dauphins ! Dans du maquillage pour les jeunes femmes ! C’est un criiiiiiiime !
    Mmmm… Au sujet de ses accusations, sachez madame que cela fait un moment que nous n’utilisons plus cette graisse pour nos cosmétiques, en raison du traité qui en interdit la chasse d’une part, mais aussi de la qualité de cette graisse… Nous voulons le meilleur pour nos clientes… Mmmvoyez… Nous n’avons rien à cacher… Comprenez bien que ces accusations sont calomnieuses. Nous avons en effet fabriqué il y a quelques années des produits à bases de graisse de dauphin, mmmvoyez, mais nous avons trouvé un compromis beaucoup plus rentable et respectueux pour la peau de nos clientes mmvoyez… Si vous avez trouvé des produits à base de Dauphin, nous n’en sommes en rien responsables, il vaut mieux vous renseigner auprès de vos commerçants qui ont peut-être des marchandises datant d’avant le traité et qui ont pu mettre à la vente ces produits illégaux mmmvoyez…
    PROUT ! ♥ Mon marchant est trop choupi pour faire ça ! C’est pas kawai c’que tu me dis là ! Je comprends même pas ce que tu dis ! Vilain !
    Je m’en excuse madame, mais n’hésitez pas à mener l’enquête de ce côté… Entre nous, il est certain que vous n’avez jamais eu affaire à ces bestioles mmmvoyez… Je suis vraiment désolée de vous contrarier, mais les dauphins sont de petites teignes psychopathes qui n’hésiteraient pas à manger un bébé tout cru s’ils en avaient l’occasion mmmvoyez…
    Mais ! Mais ! SERENA ! FRAPPE LE ! FRAPPE LE ! ♥ COGNE FORT !
    Avant de me faire « cogner fort », j’invite votre lieutenante à visiter les locaux pour vous certifier notre bonne foi. Et si cela peut calmer votre haine à notre encontre, nous vous offrons la nouvelle gamme de produit Lore&Ale en exclusivité, adapté à votre type de peau et à la couleur de vos cheveux mmmmvoyez…
    La nouvelle gamme ?... Celle aromatisé à la convenance de l’utilisatriiiiice ? ♥
    Celle-ci même mmmvoyez…
    Hihihi… YOUPI ! ♥ ♥ ♥

    Barbie K.O. Elle était foutue d’avance de toute façon.

    Serena, suis le monsieur et dès que tu auras fait la visite… ♥ Ramène moi mes produiiiiiits ♥ N’oublie pas d’être gentille et poli, et de mettre ton masque pour hydrater ta peau ! Bisous bisous ♥

    Gotcha !

    Hinhin… Suivez-moi pour la visite… Mmmmvoyez…
      Je sais pas trop à quoi je m'attendais. C'est con, mais je la préférais face au capitaine de tout à l'heure, finalement. Au moins, j'aurais pu en faire ce que je voulais que j'aurais pas été emmerdée, et que limite ça aurait pu être plus constructif que la visite d'usine que l'on se retrouve à se taper tous ensemble. Le mec, il a pas reparlé de ce que je lui ai mis dans la gueule. Même pas une allusion, un regard en biais, une petite nuance de colère dans la voix. Non, rien, rien de rien. Si j'étais un Joe, j'en serais à douter de ma droite et à cogner dans chaque mur pour vérifier.

      Mais je suis pas un Joe, et c'est bien ma seule chance dans l'univers. On m'a donné le goût et la force de toujours vouloir m'en sortir sans partir à la dérive et cette fois encore, je m'en sortirai. Je prouverai à la hiérarchie que je suis pas aussi tarée que mes compagnons d'arrivage. Je subirai cette visite de merde avec stoïcisme. Je ne dirai rien, je prendrai même la peine de m'excuser pour faire bien. Et puis après ça, on retournera l'île dans tous les sens. Ouais, mec, je partirai pas avant d'avoir trouvé de quoi blanchir mon casier psy sous l'action magique d'une médaille, et tu tomberas pour que je puisse mieux reprendre la piste de Joe.

      Je ne mourrai pas à Navarone, pas comme Andermann qu'aime trop ses hommes pour reprendre la mer. Et puis, il a fait sa vie, lui. Moi, je demande qu'à ce qu'on me laisse un peu faire la mienne. Voilà.

      Au moins, pendant que l'autre nous raconte ce qu'il veut sur les machines qui nous entourent, j'ai pas trop à l'ouvrir. Mes hommes lui font la conversation. Et de toutes façons, j'ai l'impression que l'on pourrait aussi bien tous se taire que ça l'indiffèrerait totalement. J'avais jamais vu un regard aussi vide, même chez les « vieux » du Grey T. Ceux qu'avaient passé trente ans, et qu'avaient jamais connu un matin sans odeur de pisse et de vieille ferraille chauffée par le soleil.

      -Et du coup, vous broyez tous les extraits végétaux sur place ?
      -Pourquoi sur Bulgemore ? Il fait tellement froid ! Ce n'est pas gênant pour travailler les produits ?
      -Et vous avez une cantine ici, pour vous ? Il faut bien que vous puissiez manger correctement, avec tout ce travail !

      Et bam. Bien vu, Gertrude. Tu l'as fait bloquer, l'espace de quelques secondes. Tu penses si j'en rajoute...

      -C'est vrai, ça. Vous faites comment pour vous nourrir au quotidien, si vous êtes vraiment le seul homme à gérer tout ça ?
      Eh bien, mmmvoyez... je n'ai jamais dit que j'étais un simple être humain. J'ai été l'un des derniers manœuvres de l'usine, avant qu'elle ne se mécanise. Mécanisation que nous avons entreprit pour des raisons de sécurité bien évidentes à l'époque. J'ai moi même été, mmmh... gravement accidenté. Assez pour qu'une cyborgisation soit justifiée. Je n'ai pas besoin de me nourrir comme vous le faites. Quelques bonbons à la menthe et du café suffisent. Mmmvoyez ? Je peux me concentrer sur mon travail à longueur de temps, pour mieux vous satisfaire. A propos. Voici, pour votre supérieure. Avec les compliments de la maison.

      Et pendant que je rumine déjà notre escapade future dans les anciens locaux de Vegapunk, il me tend ce qui s'apparente à un panier garni version pas franchement digeste que je cale aussi sec dans les gros bras poilus de Géraldine. Et on termine la visite en dix minutes qui me paraissent des heures, on sert la main froide et métallique de Nichols, et on fait mine de retourner sagement au navire.

      En fait, on appareille bel et bien, mais simplement pour faire le tour de Bulgemore et pour jeter l'ancre dans une petite crique rocailleuse qui nous tient à l'abri des regards. On a tous besoin de sommeil. Et on prend le temps de la nuit pour reprendre des forces avant de partir en croisade, avec option pillage et assaut sur forteresse bien gardée.

      Le labo' de Vegapunk...
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      Le Laboratoire de Végapunk est plutôt bien caché. Tu aurais bien pu passer à côté. Son entrée n’est réduite qu’à une vulgaire trappe en acier ensevelie sous la neige, et si Gertrude n’était pas passé dessus, vous auriez pu la louper. Pas compliqué ensuite de remarquer que l’acier à presque entièrement gelé et qu’il est impossible d’ouvrir le loquet. Le temps de faire foudre et bouillir de la neige pour déverrouiller l’endroit, vous vous enfoncez tous dans une pénombre terrifiante.
      Enfoncer, c’est le mot. Il y a des escaliers en colimaçon qui descendent jusque dans un local immense. Tellement immense… Avec le peu de lumière que vous arrivez à apporter, vous ne voyez pas le bout de la pièce. En fait, vous ne voyez pas grand-chose. Quelques pas à l’aveuglette et déjà, tes coéquipiers se plaignent…

      On ne voit vraiment rien, ici…
      Oui, ça fait peur, et il fait si froiiiiid…
      Un interrupteur !

      Un interrupteur ? Dans un ancien labo de Végapunk ? Pas le temps de te jeter corps et âme contre ton coéquipier pour lui rappeler les règles du bon sens à avoir dans un laboratoire conçu par un génie probablement paranoïaque qu’il a déjà appuyé dessus avec son gros doigt manucuré…

      Et soudainement, le labo s’éclaire avec des lumières fantastiques et colorés, glignotantes, vives, comme des immenses guirlandes de noël… Elles aveuglent un long moment avant que tu n’arrives à discerner du mouvement autour de toi… des murs qui s’élèvent d’autres qui s’abaissent, sur une pièce rectangulaire que tu découvres progressivement. Dans la confusion, toute ton équipe se retrouve dispersée… Tu n’entends que leurs cris de peur et d’admiration, des « ah non ! Je me suis cassée un ongle ! » ou encore « waouh, c’est choupi ici dis donc ! »… Et autour, un passage, des grosses bases cylindriques, une boule qui approche dangereusement…

      Attendez… Une boule ?

      Hihihi… Mauvaise idée…

      Tu entends cette voix en pensant halluciner. Mais un escargophone est perché sur un des piliers qui se dresse devant toi. Il te regarde, avec l’air satisfait… Mais plus urgent avant de comprendre ce que fais ce machin ici, la boule se dirige vers toi, descendant dans un fracas énorme…

      Pas dur de comprendre que tu te trouves sur un flipper gigantesque… Mais un flipper semé de piège mortel censé éviter toutes intrusions, conçu par un génie… A ton niveau, la boule se divise en plusieurs petites boules qui se dirigent d’elle-même vers tes amis piégés comme toi…

      Foutu génie.

      Spoiler:
        Y'a comme une odeur de tabac. Le genre d'odeur qui s'imprègne dans les murs, le tissu vert des billards et les plafonds bas des bars mal famés. J'ai juste le temps de voir l'escargophone fumer un gros cigare en souriant sournoisement que la boule, elle éclate devant moi. Ouais, ouais, le bon Dieu est avec moi, j'dirais pas le contraire. Quoique, j'avais déjà dit que l'interventionnisme, c'était ni ma tasse de thé, ni mon shot de vodka (ce qui est quand même foutrement mieux dit) ? Bon, ben je me répète.

        Tous mes hommes (ou ce qui y ressemble vu de loin) se dispersent comme s'ils avaient la mort aux trousses, c'qu'est pas loin d'être vrai. D'ailleurs, j'en mène pas large non plus. Y'a une boule qu'a heurté un obstacle fluo qui s'est allumé en sonnant, une sonnerie à percer les tympans d'un sourd de naissance. Et elle m'est revenue dessus, la garce, avec une sorte de grosse crête de punk version rangée de crocs bien affutés sur toute sa circonférence. Et elle me trace, en plus !

        Pas le temps de checker comment s'en sortent les autres, un roulé boulé et j'suis derrière les loquets du flipper. Qui se mettent aussi sec à battre frénétiquement tout en balançant un gaz qui me fait salement tourner la tête. Pfouah, chloroforme, j'ai reconnu. Mais il doit plus être de toute première jeunesse, sans quoi j'aurais été mise hors-circuit pour toute la nuit. Je me barre de là, en minimisant les gestes inutiles et en jouant des pieds et des mains pour survivre. Dans le fond, j'suis pas mécontente de l'aventure, même si y'a un caporal qui prendra mon pied au cul si on arrive à s'en sortir proprement. C'est comme un entraînement militaire, et ça, au moins, ça me connait.

        -Les gars, c'est comme quand vous avez fait vos classes ! Vous fatiguez pas et essayez de trouver un point de mire pour tirer, faut bousiller le mécanisme !
        -Ouiiiiiii, Serena !
        -L'interrupteur ? On sait même pas à quoi il ressemble !
        -Alors commencez par buter l'escargophone, ça sauvera les apparences !
        -Mais il est mignon... et c'est mal de s'en prendre aux petite bêtes ! ♥
        -Vous disiez la même à propos des dauphins, caporal. Maintenant, fermez-là et exécution !
        -... oui Serena !

        Pas que ça m'amuse de bousculer mon escadron d'élite spécialisé dans la manucure, mais je compte plus les fois où ils ont failli tout faire foirer. Lui et son goût pour les animaux... Mauricette. Un recalé de l'élite, d'ailleurs. Il a chié sa toute première mission à cause d'un chien qui lui aurait sauté à la gorge, et qu'il a jamais voulu déglinguer. On l'a retrouvé tout sanguinolent, avec le chien étranglé entre ses bras. Et lui, pleurant dessus en disant qu'il avait pas voulu faire ça. L'avait failli devenir fou, d'après son dossier, et c'est sa grande copine Barbie qui l'a tiré de la dépression. Pas un mauvais bougre, mais avec les bêtes, qu'est-ce qu'il peut être con...

        M'enfin, on a tous nos petites faiblesses. Je continue à batailler contre les boules. Après le gaz et les pointes, j'ai droit à une explosion qui me colle au sol, mais pas longtemps. J'ai anticipé la trappe qui s'ouvre sur un trou garni de pieux, j'suis debout, j'fais face au retour de la tête chercheuse. Là, je crains le pire. Y'a une niche qui s'ouvre dans sa paroi bien lisse, puis deux, puis trois. Et des tonnes d'armes à feu en tous genres qui pointent de tous les côté.

        -AU SOL !

        On s'y jette, à l'exception de Géraldine qui reste debout. Deuxième classe, putain, jamais promu pour cause d'indiscipline et d'incapacité à comprendre des ordres simples, malgré sa carrure de culturiste. Y'a au moins quinze canons braqués sur lui, la balle tourne sur elle-même, a l'air de prendre du recul, et...

        Clik clik clik clik !

        … deuxième coup de bol de la journée. La chance sourit aux imbéciles, t'as le cul bordé de nouille soldat.

        -PUTAIN DE BORDEL DE MERDE, GERALDINE ! QUAND JE DIS DE SE COUCHER, ON SE COUCHE !

        Et le v'là qui chiale. Teh, j'ai fait quoi pour mériter ça...
        Ouais, non, okay, j'vais pas me plaindre, je sais ce que j'ai fait, et je sais que je le mérite. J'arrête, j'agis. Je me lève et je balance mon pied dans la boule foireuse. Ça la refout en mouvement, droit dans les deux palettes au chloro' qu'arrête pas de les relancer. Mouvement pas prévu par la machine, ça en éclate une nette, tout en virant la saloperie. Plus qu'une... dizaine. Et le jeu s'accélère, comme si on avait piqué une bestiole au vif.

        -Ça fait que commencer, Wahah, ah !

        Con de mollusque, attend un peu qu'on te crame les yeux à la chevrotine, on verra si tu kiffes toujours autant le spectacle. Boule à lames sur la droite, boule à fléaux extensibles sur la gauche. Un massacre, celle là, elle a déjà bousillé le bras d'un de mes deux matelots, Bérangère de son petit nom d'artiste façon cage aux folles. Con, le seul qui soit vraiment à peu près clean et presque irréprochable. J'sais plus où donner d'la tête. J'pensais que ça allait être facile de se trouver un coin tranquille où tirer un peu partout jusqu'à ce que ça pète un truc important, mais en fait, le jeu s'accélère et ça sent de plus en plus la merde.

        Sur le coup de l'indécision et du doute, j'me fige un moment. C'est limite si j'arrête pas de respirer pour mieux réfléchir. Et là, y'a un truc un peu surnaturel qui se passe. La boule devant moi, celle avec la crête de punk... elle me passe largement à côté et elle explose au contact d'une balise qu'avait l'air d'avoir un poil trop vécu pour résister encore à ce genre de traitement.

        J'crois avoir compris le délire.

        -Arrêtez de bouger ! Elles tracent au mouvement ! TOI AUSSI GERALDINE, PUTAIN DE...

        Oui, mais non, gueuler, c'était pas une bonne idée en fait. Parce qu'autant les copines se sont figées, autant les boules, elles sont remontées vers le dernier repère qui leur restait : ma voix. Et là, plus bouger, c'est pas une bonne idée, j'en ai dix qui me viennent de tous les côtés ! Et la totale, hein ! Les lames, les masses d'armes, les fléaux, les explosifs intégrés, les piques, le poison qui suinte plus les trois autres trucs que j'saurais même pas identifier.

        J'recule, j'me roule en boule dans un coin en espérant qu'elles aient pas toutes la place de passer. Et j'dois dire que j'attends un peu le miracle.

        -GRENAAADE SURPRIIIISE ! ♥

        Une explosion du côté des boules, j'me ramasse des éclats, mais ça disperse les survivantes et moi, j'suis debout. Un peu tremblante et mal assurée, mais dans la confusion, j'prends le temps d'aligner l'escargot du bout du canon de mon vieux fusil.

        Et je tire.
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        Splosh.

        C’est le bruit que fait l’escargot lorsque tu le fusilles à sec. Un peu dégueulasse, nous sommes d’accord. Mais ça a le mérite de stopper tous les mouvements des petites boules rescapées, ainsi que ceux du flipper géant. Tout le monde est sauf, et c’est déjà une bonne nouvelle. Sauf toi peut-être, qu’a eu un peu mal, mais rien d’inquiétant pour l’instant.

        Au fond de la pièce, Gertrude entend un bruit de porte qui grince. Vous vous précipitez après vous êtes remis de vos émotions. Un de tes hommes passe la porte et pousse un cri strident, qui te fait te précipiter pour prévenir tout danger. Et là, c’est le drame !

        JE SUIS SI GROSSE QUE CA ?!

        Tu observes. Grosse ? Comment ça ? Tes yeux se posent sur un miroir qui renvoie votre reflet. Et faut dire que toi aussi, tu te trouves empâtée maintenant que tu y regardes. Lorsque tu te retournes, un autre miroir, qui cette fois si t’allonge et te maigris comme un bout de bois. Inutile de chercher plus loin, le temps d’expliquer que les cris de terreurs ne doivent être utilisé qu’en cas de mort imminente et que les miroirs posés tout le long de cet interminable couloir sont pour la majorité des miroirs déformant, vous vous mettez en route pour continuer l’exploration.

        Quelle drôle d’idée, des miroirs déformant. Mais c’est arrivé à une intersection que tu comprends la supercherie. Il y en a partout, tout le temps, à chaque endroit. Et le lieu ressemble étrangement à un labyrinthe. Tu continues, et tu remarques néanmoins que les couloirs s’enfoncent progressivement sous terre. Géraldine remarque elle de son côté en rencontrant un miroir de plein fouet que certains d’entre eux cachent des pièces et des laboratoires.

        Mystère.

        Et là, une voix d’outre-tombe te prévient :

        Maintenant que vous êtes ici, Lieutenante Porteflamme, vous n’êtes qu’un misérable insecte à ma merci, et moi le seul maitre à bord.

        Tu reconnais la voix de l’escargophone en te demandant d’où elle vient, mais Gertrude attire à nouveau ton attention :

        Regardez, c’est Nichols Barbamiton !
        Oh, qu’est-ce qu’il fait là ?
        Vous trouvez pas qu’il a l’air bizarre ?

        Oui, ça. Il a l’air. On ne le voit qu’à travers certain reflet de miroir, impossible de savoir d’où il vient vraiment, mais surtout… Il avance un peu comme un pantin, robotique, le regard particulièrement vite, à répéter sans cesse la même chose. Répétitions qui te parviennent d’assez loin, mais qui te parviennent quand même, d’une voix mécanique et profondément grave :

        Je dois vous arrêtez mmmhhvoyez…

        Mmmmhvoyez…
        Mmmmhvoyez…


        Trop bizarre.
          J'aime pas ça, pas du tout. J'serais bien incapable de savoir par où on est venu. Pourtant, faudrait. J'suis sensée avoir bossé là-dessus, orientation, cartographie et art de se repérer en milieu hostile. Et j'étais pas mauvaise en plus, aux entraînements, mais là... c'est plus la forêt du coin, ni une barrière de récifs planquée sous une falaise. Là, c'est fermé. On risque pas de voir le soleil et les étoiles pour se repérer. Et ça, j'suis pas habituée. J'ai pas fait beaucoup de mission en intérieur. On me calait souvent dans des commandos, ou des escouades de secours. Quand on décidait qu'il valait mieux que je dépense mon énergie contre des révo ou des pirates plutôt qu'à faire suer la hiérarchie.

          Même dans le Grey T., y'avait le soleil et les étoiles. Les murs de Goa et le mont Corbo en avalaient une partie, mais les soirs où c'était calme, on pouvait s'allonger et penser, les yeux rivés sur l'infini, qu'il y avait un ailleurs.

          J'me rend compte que ça me pèse, ce dédale à la con, ces miroirs qui me renvoient ma gueule, ma gueule émaciée ou affaissée. Ce plafond que j'distingue à peine dans la lumière palote, mais que j'devine bas. L'espace d'un instant, j'perds un peu pied. J'tourne sur moi même, j'reprends possession que lorsqu'on m'dit que l'autre connard endimanché façon boite en fer blanc est dans la zone.

          -Serena... il me fait peur. On dirait... on dirait qu'il bave. Mais c'est bizarre, c'est noir...
          -Ouais... des pastilles à la menthe, hein ? Restez près de moi, les gars.
          -Les... gars ?
          -Oh, ouais, ça va, en faites pas une histoire caporal.

          Il avance, et c'est vrai qu'il a l'air de baver un truc pas très naturel. On dirait de la graisse de moteur. Ça suinte sur son menton, ça tombe sur sa veste plus si impeccable que ça. Ses pieds trainent, ça étale les gouttes noires qui tombent au sol. Flic, flic. Il a les deux mains tendues vers l'avant, il tâte les miroirs comme si ça pouvait l'aider à nous retrouver. J'aime vraiment pas ça. J'donne l'ordre d'avancer. Mais on s'est foutu dans un cul de sac. Alors, je prends la crosse de mon flingue, gentiment désamorcé, et vlam ! Je l'enfonce dans ce qui sert de mur...

          … pour mieux voir mon vieux fusil m'exploser littéralement dans les mains. Incrédule, j'recule. C'est comme si j'avais foutu les bras dans une friteuse. Des éclats métalliques chauffés à blanc ont percé mon treillis, j'ai des éclats de partout, et les cheveux qui brûlent. Je lâche l'arme, j'essaye d'éteindre tout ça comme je peux, pressée par mes hommes qu'ont eu peur. Ah, putain...

          Bordel, lâchez moi, faut que j'y vois clair. Ouais, Géraldine. Passe moi ton flingue, toi, t'as tes bras. Oh, ouais, mais non je vais pas te l'abimer, j'ai compris, qu'est-ce que tu crois... fait deux fois que je manque de m'arracher un membre à cause d'une explosion, je tiens pas à tenter le diable une troisième fois.

          -A droite... un peu plus... aller, tu y es presque.

          Quoi, il connait pas le chemin ? 'Tain, c'est pas bon. C'est plus du tout le mec mesuré d'hier. L'est monstrueux, dégueulasse, il dégouline de partout. On s'arrache, les copines. Aller.

          Sauf qu'on a pas fait deux pas qu'il nous arrive dessus. Il en a l'air tout surpris. Sa voix mécanique s'arrête sur un « Mmmmh » un peu plus long que les autres. On le regarde,  il nous regarde pas. Trop concentré sur tous les reflets difformes qui nous entourent, et dont il a l'air de prendre conscience rien que maintenant. Il a les yeux vides, en même temps. J'veux dire, plus qu'hier où ils étaient juste froids et calculateurs.

          Ça tombe bien. J'ai jamais eu d'pitié pour les mecs que j'suis sûre qu'ils ont définitivement coupé les ponts avec Dieu et l'univers. T'as pas d'âme. T'es rien qu'une création de Vegapunk, hein ? Ou d'un esprit un peu dégénéré du même genre.

          -Les g... hum, les filles ?
          -Oui Serenaaa ?
          -Il a la peau dure comme l'acier. J'doute que les balles de vos fusils de recrue lui fassent quoi que ce soit. On va tenter de le tracer. Géraldine, tu lui fauches les guibolles au passage et on s'arrache.
          -... euh, compris !

          Et on se jète sur lui, pour l'esquiver au dernier moment. Je m'retourne pas, quand j'entends un sale bruit bien mat. J'espère que c'est bien Nicholas, et pas le soldat. Barbie me le pardonnerai jamais. Et moi aussi, j'aurai du mal. Avoir la responsabilité de la vie de mes hommes... ou pourquoi j'ai jamais spécialement tenu à monter en grade.

          On court, sous les rires gras et les indications de la voix du flipper (tiens, c'est définitivement plus mon ami, lui). Pas d'escargot à buter, ce coup-ci. Plusieurs fois, on se tape des culs de sac. Une fois, même, on retourne presque au point de départ. Heureusement, y'a Bérangère qu'a sorti son rouge à lèvres pour en foutre sur tous les miroirs qu'on a longé. Du coup, on arrive à pas trop tourner en rond, et plus vite qu'on l'aurait espéré, on arrive à la salle suivante.

          … sauf que là, j'me rends compte qu'on a plus Géraldine avec nous.
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          Maintenant Lieutenante Porteflamme, nous pouvons discuter… De vous, et vos méthodes, de vous, et vos pensées, de vos jugements, ainsi que de vos faiblesses.

          Tu pénètres dans une salle sombre. Plongée dans le noir, même. Tu avances de quelques pas, tâtonnes à gauche à droite, mais ne reconnais rien de concret. Devant toi, tes mains rencontrent une surface lisse qui fait étrangement ressembler à du verre…

          Parce que faible, lieutenante, c’est ce que vous êtes. Depuis le début. Et face à moi, vous l’avez toujours été. Parce que vous n’avez jamais eu cette fibre qui me rendra toujours victorieux. Vous avez ce poids immonde que vous trainez derrière vous, dont moi, je me suis délesté. Et c’est justement parce que vous brandissez votre fierté à bout de bras que vous allez perdre, ici même, cette nuit, l’intégralité de votre équipe, en commençant par l’homme que vous avez osé retourner contre mon second ! Krahahahakrahaha !

          Tout d’un coup, lumière. Tu commences sans doute à en avoir marre de tous ses effets de lumière, d’ailleurs. Mais tu peux voir autour de toi une petite salle pleine de placard rempli de dossier, et en face de la porte, une grande baie vitrée. Derrière celle-ci, tu entends le bruit des machines qui s’affolent, s’agitent, dans un boucan d’enfer.

          Admirez maintenant ma puissance ! Admirez votre petitesse !

          Un immense endroit, plein de tube, de verre doseur géant, de main mécanique… Et au centre, une immense cuve ou tous plein de composant chimique arrive. Tu vois une sorte de gélatine bouillante dans la cuve (surement de la graisse de dauphin), gélatine qui prend une couleur verte, puis rose, puis violette, enfin rouge… Et en relevant les yeux, tu vois une corde pendre vers la cuve, avec au bout de cette corde Géraldine ligotée comme jamais, tête en bas, piquant doucement vers l’immonde préparation chimique…

          Euh… Lieutenante… ? Vous êtes là, pas vrai ? Je suis vraiment désolé… Je… J’ai pas fait exprès de me faire attraper !

          Furieuse, sans doute, tu vas pour ordonner à ton équipe de faire quelque chose de constructif pour une fois, et tu croises le regard d’un petit escargophone, de nouveau, là, fumant le cigare. Avant même que tu ne puisses le massacrer pour passer tes nerfs, il se met à hurler :

          VOUS ALLEZ ARRETER DE TUER TOUS LES ESCARGOTS QUE VOUS CROISEZ ! CA COUTE LA PEAU DES COUILLES !

          Passé l’air énervé, il met ses petits bras sur ses hanches et recommence son discours en se raclant la gorge :

          Bref… Je vais vous dire pourquoi vous perdrez toujours, Lieutenante Porteflamme… Parce que vous pensez que la fin ne justifie pas les moyens, parce que vous pensez que ce nous faisons ici est superficiel et dérisoire. Et c’est là que vous avez tort, parce que l’apparence est tout ce que nous avons de concret sur terre, alors que vous vous cachez derrière des grands maux qui régentent le monde… Je touche le réel, vous vous lovez dans un imaginaire puéril et pathétique en osant juger celles qui ne pensent pas comme vous. Mais soyons honnête, si la beauté extérieure n’était pas beaucoup plus importante, je ne serais pas milliardaire ! Et vous, une pathétique petite fille des rues qui pense pouvoir jouer à arme égale avec moi !

          Rire diabolique, mains levées vers le ciel comme s’il était omnipotent, tu n’as jamais eu envie d’étrangler autant un escargot… Même Barbie à côté est une sainte.

          Mais je vais m’abaisser à votre niveau, je vais vous laisser une chance de le sauver. Une chance qui n’en est pas vraiment une… Hinhinhin…

          Tu attends. Tu attends et la réponse vient brutalement :

          Dansez, pour lui. Dansez !

          Toi ? Danser ? La bonne blague !

          BAM BAM !

          Tes collègues se retournent et se plaquent contre la porte sans essayer de comprendre la suite. Toi, là. Il n’y a plus que toi avec les mains et les pieds libres pour sauver Géraldine, qui s’enfonce progressivement vers la cuve, et tes autres amis qui sont en proie avec un cyborg fou…

          Hiiiii ! Serena, je crois que le cyborg nous a trouvé !
          Oh mon dieu ! Oh mon dieu !
          C’est là le seul moyen de tous vous sauver !
          Serena je… Je vais sans doute finir en rouge à lèvres géant… Et je voulais te dire que tu es la meilleure lieutenante du monde hein ! Je t’en veux pas du tout ! Mais si tu pouvais me sauver… ça serait drôlement chouette…
          Serena ! Il… Il va ouvrir la porte !
          Viiiite, il faut bloquer !
          Ah ! Pousse, je ne veux pas voir sa tête !!
          Lieutenaaaante, il fait vraiment super peur !
          Krahahahahaha !


          Une lumière rose attire ton regard vers le sol. Tu as les deux pieds rivés sur un tapis de danse. Et le méchant t’explique que si tu réussis entièrement la chorégraphie, ton ami sera sauvé…

          Mais pour ça, il faut réussir.

          Voyons voir si tu le vaux bien.
            Discuter ? Il ose appeler ça « discuter », ce gros con ? Tu vas voir si ça coute la peau des couilles ! Et une vie humaine, hein ? Tu crois que tu pourras la rembourser avec les pelures de tes bourses, quand j'en aurais fini avec tes jeux de lumière et tes menaces ?

            Géraldine, putain. T'en fais pas, j'vais pas t'abandonner comme ça. Pas qu'on ait vécu des trucs fous ensemble, pas que je t'aime bien, pas que je sois sensible à c'qui pourrait bien être tes dernières paroles, pas que j'ai envie d'défendre la cause okama. Ouais, non, certainement pas, même. Mais j'suis responsable de toi. De ta survie pendant la mission. C'est à moi qu'on l'a confiée. De manière aveugle et sans savoir dans quoi on me fourrait, ça, c'est certain. Mais t'as pas à prendre pour moi. J'aurais été sage sur les Blues, j'aurais su me maîtriser, en un mot, j'aurais pas existé, t'en serais pas là.

            Être la cause indirecte de la mort de quelqu'un. Je connais. Et j'veux plus jamais revivre ça.

            Alors, j'essaye de pas entendre les cris de bataille des autres. Ils peuvent s'en tirer, ils ont le caporal avec eux, celui-là même qui a sorti la grenade pendant l'épreuve du flipper.

            -Barbie ? Commandante ? Répondez, bon sang !

            Répond pas, putain. J'suis seule face au nouveau défi du labo, et je kiffe pas. J'sais pas ce qui me retient de bousiller cet escargot, juste pour désobéir. Pas me soumettre. Mais non, faut pas que j'agisse comme ça, au moins pas quand j'suis pas la seule concernée par l'issue de l'action. Aucune chance de grimper les parois qui m'enferment sur cette piste de danse à la con. La lumière rose me fait mal aux yeux, en plus, j'vois mal.

            La musique se lance. Barbie kifferait. Et y'a aussi comme une ombre, une silhouette qui apparaît sur le mur. Elle tape du pied trois fois, comme pour prendre le rythme. Essayer de suivre ses gestes... comme avant la parade, quand le caporal nous faisait marcher dans ses pas. Ça va aller, je sais faire. J'vais gérer... j'crois.

            ...Bon, okay, c'est carrément autre chose que les gestes militaires. Plus dur aussi que les entraînements à main nue où fallait répéter un seul geste précis pendant des heures. Plus dur, parce que ça va vite et que c'est con, et qu'il y a les hommes qui gueulent de l'autre côté du mur... et moi, j'ai jamais dansé toute seule, quoi ! D'ailleurs, j'vois vraiment pas le délire de sortir le déhanché, la course sur place façon lapine pourchassée, le « 1, 2, 3, 4 ! » si c'est pour faire son truc dans son coin. Quel genre de garces peuvent inventer ça, puis pourquoi ? Hein, Seigneur ? Tu le sais, toi ? …

            Pulu pulu pulu... gotcha !

            Ah, bah voilà. Merci Seigneur. J'ai mes réponses. Ouais, j'suis d'accord, j'aurais pu deviner toute seule sur ce coup.

            -Pardon Serenaaaaa, j'étais à la salle de bains ! Qu'est-ce que tu f... Ooooooh ! Cette musique est trop super géniale ! ♥
            -J'suis dans la merde, commandante !

            Faut dire qu'heureusement qu'un escargot, ça colle, et que celui-là est particulièrement réceptif. Il s'est foutu sur mon épaule, j'peux continuer à suivre les mouvements, même si c'est de plus en plus laborieux. Surtout avec toute mon escouade qui hurle et que je devine mal en point, derrière moi... d'y penser, j'ai envie de tout plaquer et de faire péter le labo entier. Mais c'est pas réaliste. Ma seule alternative... réussir l'épreuve en espérant que ça servira à quelque chose. Ou la rater. Et espérer que ça soit pas trop grave.

            J'résume la situation en deux mots et trois jurons. Heureusement, Barbie est compétente quand il s'agit de briefer sur ce qu'elle connait. Y'a des croix rouges qui clignotent en haut de la silhouette. Petit à petit, j'me mets à en collectionner moins. Mes mouvements sont un peu plus fluides. Heureusement, c'est presque toujours la même chose. Putain, dire qu'en vrai, j'aime bien danser... mais c'est un truc du passé. Et j'aime pas avoir à m'en rappeler.

            J'fais un faux mouvement. Nouvelle croix rouge.

            -Ooooh...

            Regard en l'air, encore une croix. J'vois avec horreur que Géraldine perd en altitude à chacune de mes erreurs. J'vais l'tuer ! J'vais les lui faire bouffer, ses escargophones, et avec ce que ça lui a coûté ! J'vais m'en sortir, on va tous s'en sortir ! Faut tenir !

            -LACHEZ RIEN, LES FILLES ! POUR GERALDINE !

            Croix rouge. Ouvrir ma gueule, c'était pas dans la chorégraphie. J'lève à peine les yeux. Pas de croix. La tignasse de Géraldine trempe dans la graisse. J'ai la connerie de me demander ce qui lui passe dans la tête à ce propos. Est-ce qu'elle kiffe les propriétés nourrissantes ou pas ? J'me barbirise. Fou comme ça ressemble à barbarisme. Putain. A gauche ! L'escargot me dit de rester zen et de sentir l'esprit du groove en moi. J'sens que ma colère. Plus haut, les mains ! J'vais jamais le passer correctement, ce « oohoooohooooohoooh », et si le soldat en meurt, sûr qu'il me hantera toute ma vie. Le « ooohoooohooooohoooh », pas le soldat. L'a dit qu'j'faisais une bonne lieutenante, qu'il m'en voudrait pas...

            Ultime croix rouge. On arrive à la fin de la chanson, j'manque de continuer. Comme une boule de pétanque emportée par son propre poids, limite j'me casse la gueule. J'suis hors d'haleine. Barbie dit des conneries. J'pense plus. J'regarde juste l'escargot avec la rage qui déborde de partout. J'chiale à moitié, mais j'me rassure en récupérant mon arme qui traîne au sol. Celle de Géraldine, en fait.

            Mais la crosse est glacée et j'me sens comme la môme qui pense se cacher en mettant ses mains devant ses yeux. Vulnérable et incapable d'y voir clair. Et un peu conne, aussi.
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            Hiiiii !
            Il va rentrer !
            Nan !
            AAAAAH !
            Il est trop moche ! Je vais pleurer !
            Tiens le coup, il ne peut pas !
            Ah !
            Non !
            Serenaaaaaa !
            Je veux pas mourir !

            Ce n’est qu’un échantillon de la conversation derrière toi, pendant que tu t’emmerdes à faire cette chorégraphie qui te pourrie déjà la vie. Tu fais, certes, un score qui casse pas trois pattes à un canard, mais ton ami est sauf, même si sa chevelure trempe dans cette graisse dégueulasse. Il souffle un bon coup, rassuré, en te remerciant de tout son cœur de lui avoir sauvé la vie…

            Pourtant, derrière, ça fait toujours un boucan d’enfer, et l’escargophone ne peut s’empêcher de rire diaboliquement. L’escargot de Barbie jette un coup d’œil pour vérifier d'ou ça vient et sent que tu es au bord de la crise de nerf. Et les mots de l’interlocuteur ont de quoi déstabiliser…

            J’ai menti… Tu n’avais aucune chance de le sauver… Hahahahaha !

            Ni une ni deux, L’escargoBarbie se met en route vers l’autre, et c’est en arrivant à son niveau qu’elle commence à l’étrangler farouchement et à le tabasser à coup de petits bras gluants…

            Il te pose un problème Serena ? Je m’en occupe ! HAYAAAAAAA !
            Mais enfin, mais qu’est-ce qu’elle fait celle-là ?! Aie ! Mais !
            NYAAAAAAAAH !
            Ouille !
            TOUCHE PAS A MA LIEUTENANTE ! ♥
            Je suis aveuuugle ! Oh mon dieu, je ne vois plus rien !
            SERENAAAAA !
            AU SECOURS !
            HI !
            J’EN AI MARRE !
            Mmmmhh voyez… !
            AAAAAAAAAAH ! AAAAAAAAAAAAH !

            BIM ! CRACK ! FIOUUU ! Mmmmvoyeeez… Plouf blup blup blup…

            Et là, l’improbable se produit. Tes comparses en ont eu marre de retenir le cyborg derrière, et prise d’une folie passagère se sont décidés à prendre les choses en main. Tu vois le cyborg traversé la pièce, portés par les okamas qui le balancent à travers la vitre, droit dans le bassin de graisse.
            Essouflés, ils te regardent avec une volonté neuve et te tapent sur les épaules comme pour te rassurer et te soutenir :

            Allez lieutenante, sauvons Géraldine et tirons nous d’ici !
            Ouais ! On en a trop marre, plus jamais on mettra du maquillage !
            La beauté est naturelle !
            Ce qui compte, c’est ce qu’on est, pas ce qu’on met !
            Bien dit les copines ! ♥

            Et une lumière scintillante suivit d’un cri rauque attire ton regard : la salle de contrôle de tout ce bordel infâme est de l’autre côté…

            Une chanson pour t’encourager ? https://www.youtube.com/watch?v=zvO2IvL0sBM
              Putain, qu'on aille plus jamais me dire que l'armée fait pas de miracles, après ça... j'm'essuie les yeux d'un revers de manche, avec mes hommes qui me tiennent par les épaules,  s'efforcent de me remettre debout. C'est bon, ça va aller Serena. C'est presque fini, t'as réussi. Bérangère aussi. Sûr que j'lui assure sa promotion direct en rentrant à la base... et même Barbie a réussi. On a triomphé de cette affaire de merde. Bon, ça fait trois semaines qu'on y est, mais y'a la distance... Grand Line, c'est définitivement autre chose que les Blues. Dire que déjà, ça me paraissait immense par-rapport au Grey T. Et le Grey T., immense par-rapport à la petite zone à laquelle on se cantonnait avec le frangin. R'garde, Vaillant, t'es pas mort pour rien. T'es parti du côté de l'infini souterrain, mais j'te ferai voir l'infini marin. On sera les seigneurs du Dehors, exactement comme dans notre plan.

              Et la première étape de tout ça, ça sera de péter ses dents à ce connard qui essaye de reprendre les commandes tandis qu'on libère Géraldine et que je me bande les poings. Ça peut avoir l'air con, mais ça m'aide surtout à reprendre contenance. Et puis, mon escouade de la mort gère, maintenant. Le cyborg gargouille dans la graisse, Bérangère prend la tête, Barbiscargot est de retour sur mon épaule et on va tout bousiller. Parole de Porteflamme.


              On a pas fait deux pas dans le cœur de l'embrouille (non sans dégonder la porte à la seule force d'une Géraldine en colère) qu'on le voit, le patron. Sale gueule, il colle vraiment nickel à l'emploi. Il a l'air d'avoir lâché précipitamment une tasse de café qui tâche son costume. D'où le hurlement. A part ça, il joue les bêtes acculées qui recherche un ultime atout caché dans les boutons de ses machines infernales dont certaines ont l'air plus qu'hors d'usage. Squatteur d'usine désaffectée sans aucune compétence d'ingénieur, hein ? J'vais t'en faire voir, moi, de la compétence.

              -Les filles, j'vous laisse prendre des notes et j'vous confie Barbie.
              -Qu... Serena ? Un problème ? ♥
              -Aucun, commandante. J'essaye juste d'éviter de casser le matériel.
              -Oh, mais fais-toi plaisir, enfin ! Il l'a bien cherché !
              -Je parlais de l'escargot. Tiens, Géraldine.

              Le colosse s'en empare avec précautions, comme s'il craignait de broyer sa meilleure amie entre ses grosses mains encore toutes tremblantes d'émotion. J'ai pas quitté le chef des yeux. Il recule en essayant à peine de garder un restant de contenance. Sales idées, discours de mec puissant qu'a oublié ce que ça voulait dire d'avoir des couilles envers et contre tout. Les couilles, métaphoriques ou non, ça vient aussi avec les convictions, connard. Et c'est pas avec tes petites réflexions minables sur l'apparence que tu vas t'en sentir pousser de sitôt. J'lui montre mes poings protégés, prêts à cogner. Il tente de se tenir un peu plus droit, d'anticiper le premier coup. Mais j'vois tout de suite que c'est pas un combattant. J'frappe au plexus, il tombe à genoux. Pas qu'j'ai pas envie de continuer, de déchaîner toute ma frustration sur lui, mais j'suis sensée me contrôler. Respect du cadre. Partir de Navarone. Andermann accepterait pas que je massacre un mec sans compétences martiales en position de faiblesse... mais Barbie m'a donné sa bénédiction...

              J'me répète tout ça quand le directeur me donne l'argument qu'il fallait pas me donner. Il sort un flingue modèle réduit de sa manche. Manque de bol, j'l'ai vu et anticipé. Exercice 10b, formation des premières classes. J'lui écrase la main et j'lui enfonce un péchon droit dans la tempe, puis un autre, et encore un autre, un autre, encore, encore, encore.

              J'ai les poings couverts de sang.

              J'me redresse, j'me retourne vers mes hommes, qui me regardent sans rien dire. J'crois qu'ils auraient bien eu envie d'mettre la main à la patte eux aussi, y'a pas de condamnation dans leur regard. Y'a  même Gertrude qui se contente de sortir une paire de menottes, et de s'occuper du maître des lieux.

              -Vous témoignerez pour moi, hein, les filles ?
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              • https://www.onepiece-requiem.net/t7342-serena-porteflamme