- CAPITAINEEEEEE ! C’EST URGENT! IL Y A URGENCE !
Alors que j’étais en train de draguer deux jeunes danseuses, le garçon qui courait à vive allure vers moi, m’intriguait énormément. Une urgence ? Sur le Léviathan ? Que s’était-il encore passé ? Ne pouvait-on pas respirer ne serait-ce qu’une fois ? Rhaaaa ! Sans savoir ce qui se passait, ça me mettait déjà un peu en rogne. Dire que j’étais à deux doigts de me faire ses danseuses dans un hôtel Nanohana… A deux doigts ! La poisse, j’vous jure ! C’est donc la mine serrée que j’accueillis le sous-officier hors d’haleine. Celui-ci, légèrement courbé vers l’avant, les mains sur ses cuisses, essayait tant bien que mal de reprendre son souffle. En le voyant souffrir de la sorte, j’arborai une mine sérieuse, réfléchie. Il devait y avoir une grosse merde dans le navire. Les deux danseuses que je draguais initialement prirent peur. Lorsque je le remarquai, je dus leur faire mon plus beau sourire et les rassurer rapidement, pour qu’elles s’en aillent tranquillement. A n’en point douter, j’aurai certainement l’occasion de les revoir et de m’amuser avec elles, même si pour l’heure, j’avais d’autres chats à fouetter. Je finis par taper l’épaule du jeune soldat pour qu’il me fasse un rapport au plus vite. Si l’affaire urgeait, il n’y avait plus une seconde à perdre. C’est dès lors qu’il se redressa et prit enfin parole d’un air affolé :
- C’est le commandant Lazar, capitaine ! Alors qu’il recevait des soins à l’infirmerie, il s’est mis brutalement à attaquer tout le monde. Le colonel Ketsuno essaye de le contenir actuellement et le lieutenant Sarkozyzy m’a demandé de vous appeler !
L’infirmerie ? La mouise… Si ça se trouvait, il avait peut-être dégommé pas mal d’infirmières, ce qui ne manquerait pas de m’énerver. En y repensant calmement, je me suis dit que Ketsuno pouvait aisément le battre. Elle était bien plus forte que Lazar et son grade l’attestait amplement. Cependant, elle et Sarkozyzy avaient particulièrement le sang chaud. Si jamais cette histoire les lassait, nul doute qu’ils n’hésiteraient pas à le tuer, ce qui ne me plaisait pas du tout comme alternative. C’est dans cette optique des choses que j’avais commencé à courir comme un dératé dans les rues de Nanohana. Je ne voulais absolument pas de meurtres au sein de l’équipage. Nous étions déjà assez éprouvés comme ça, pour que le malheur ne s’acharne sur nous. Sur mon passage, je percutai bon nombre de personnes, non sans m’excuser au préalable. Il était plutôt difficile d’éviter tout le monde dans ce genre de situations, d’autant plus que les ruelles et avenues de la ville portuaire étaient plutôt bondées. Lorsque j’arrivai enfin au port, j’intensifiai ma cadence, tant et si bien que le sous-officier qui me suivait de près jusqu’alors, ne vit qu’une grosse trainée de poussières devant lui et pas une seule trace de son capitaine. Un exploit que le surprit, au point de le clouer sur place, bouche grande ouverte.
-OU SONT-ILS ?!
- ENCORE DANS L’INFIRMERIE, CAPITAINE !
J’avais déboulé comme une furie sur le pont, avant d’emprunter le couloir le plus proche de l’infirmerie, toujours au pas de course. Lors de mon sprint, je pouvais voir quelques infirmières encore en état de choc et plusieurs soldats sonnés voire même grièvement blessés. Qu’est-ce qui lui était donc passé par la tête ?! Je savais bien qu’il était un peu dérangé, mais au point de se rebeller contre sa propre faction ? Incroyable ! C’est bien pour ça que je voulais d’un équipage sain au tout début de notre périple. Bien sûr, il avait fallu que les grandes pontes organisent quelques transferts qui m’avaient totalement pris au dépourvu, parmi lesquels celui du commandant. Certes, Lazar s’était révélé décisif sur Drum, mais c’était à peu près tout. J’aurai dû suivre l’instinct de Lilou et le foutre à la porte. Notre ingénieure nationale ne l’avait jamais vraiment aimé. L’intuition féminine avait encore une fois fait ses preuves. J’aurai dû m’y fier, mais ce n’était pas une décision évidente à prendre dans une armée ; sans oublier que jusqu’à aujourd’hui, il n’avait jamais vraiment gaffé. En vitesse, je finis par emprunter un dernier couloir, avant de déboucher devant l’infirmerie, là même où trainait bon nombre de marines armés jusqu’aux dents. Et à en juger par le vacarme qu’on entendait, ça cognait sec dans l’infirmerie.
- POUSSEZ-VOUS !
Ma voix criarde interpella tous les soldats qui s’écartèrent de mon chemin sans oser broncher. Une fois au seuil de l’infirmerie, un coup de poing suffit à faire voler la porte. Cette irruption attira alors l’attention des combattants au beau milieu d’un gros bordel. D’abord surpris par le fait que ma cousine soit la seule en train de tenir tête à la folie de Stark, je cherchai du regard Sarkozyzy, avant de le voir étalé sur le sol, quelques mètres plus loin, entre plusieurs décombres. Le pauvre lieutenant était inconscient et saignait abondamment. Alors que Stark entra en transe et commença à éclater de rire, je fis signe à Ketsuno de prendre avec elle le pistolero qui avait besoin de soins en urgence, et de sortir d’ici. En tant que capitaine, c’est à moi que revenait le devoir d’arrêter Stark. Ma cousine acquiesça sans rien dire, partit soulever le pauvre Sarkozyzy vaincu, avant de prendre la route de la sortie. Pendant ce temps-là, j’observais mon commandant avec tout de même une once de tristesse. La tournure que prenaient les évènements me saignait le cœur, mais je n’avais nul autre choix que de le vaincre et de l’emprisonner. Il était clair que cet homme avait besoin de soins psychiatriques, mais le staff médical du Léviathan n’oserait certainement plus l’approcher de peur de ce qu'il pourrait être tenté de faire, ce qui était compréhensible.
- Kiark-ark-ark-ark-ark ! J'adore cet endroit ! J'ai l'impression de revivre ! Observe un peu tout ce bordel autour de nous, capitaine ! C’est pile le cadre idéal pour nous mettre sur la gueule. D’ailleurs, j’ai toujours rêvé d’exploser vos tronches de macaques. Cette sale rouquine, cet imbécile de schizophrène qui se croit supérieur à moi et bien sur... Toi.
- …
- Ne t’inquiète pas, Fenyang ! Je vais faire en sorte de faire sauter ta tronche en un seul coup ! Chemical Juggling. Pluie d'Orbes Chimiques Explosives !
Soudain, mon instinct m’alerta d’un danger au-dessus de ma tête. Sans perdre de temps donc, j’effectuai une roulade sur le côté, tandis qu’une fine pluie commença à s’abattre là même où j’étais initialement debout. Cette substance sortie de nulle part sous la forme d’une averse, explosa tout bonnement le sol et fit un gigantesque trou. La fumée se répandit aussitôt dans la salle. A ce rythme, ce fou furieux allait complètement détruire toute l’infirmerie. La belle emmerde, vraiment. Alors que j’entendais son rire démoniaque, je dégainais mon sabre. Suivant une nouvelle fois mon intuition, ou plutôt mon haki qui s’aiguisait de jour en jour, je levai mon épée au-dessus de ma tête, avant de l’agiter comme s’il s’agissait d’une hélice d’un hélicoptère. Ce simple geste me permit de me protéger de sa « pluie chimique » ce qui eut le don de l’irriter avant qu’il ne stoppe son attaque. En lieu et place de l’attaque précédente, il mima deux revolvers avec les doigts de ses mains, non sans s’écrier : « CRÈVE, FENYANG ! » Comme un flingueur, Stark se mit à me mitrailler avec sa substance chimique explosive. Malheureusement pour lui, les trajectoires de ses projectiles sonnèrent comme une évidence pour moi, ce qui me permit de les éviter même en fermant les yeux ! Haki, quand tu nous tiens…
- Bwéhéhéhéhé ! C’est bien notre capitaine ! Mais regarde ça ! SUPRISED !
Lorsque je rouvris les yeux, je vis mon adversaire du jour matérialiser une sorte de caisse devant lui, faite à partir de sa substance explosive. Elle ne tarda pas à s’ouvrir et laissa place à un gigantesque taureau gluant. S’il me touchait, j’allais être dans de beaux draps là. Mais à peine avais-je pensé aux conséquences d’une telle attaque, que l’animal se rua vers moi. Je m’abaissai pour l’éviter, avant de m’éloigner de lui suite à plusieurs bonds. Le taureau grogna et reprit son offensive de plus belle. Cette fois, je vis d’avance ses mouvements, ce qui me permit d’anticiper sa charge. Dès lors et grâce à mon empathie, je m’amusais à jouer au torero, tout en me demandant comment est-ce que j’allais me débarrasser de cette chose. Ça n’aurait pas été drôle, si Stark n’avait pas sorti ses pistolets à silex, tout en essayant de m’abattre lui aussi. Mon esquive devenait de plus en plus efficace grâce au haki, ce qui médusait l’assistance qui regardait la scène depuis le seuil de l’infirmerie. Mais à trop jouer les malins, on finissait par s’y perdre, puisque mon haki avait encore ses limites. Le taureau gluant profita donc d’une perte de vitesse de ma part, pour s’étirer et toucher mon bras gauche. Ce simple contact suffit à produire explosion plus ou moins conséquente qui alarma mes hommes pendant que Stark s’extasiait. Cependant…
- Arrête de brailler. J’ai encore été plus rapide que l’explosion, là…
Ma phrase respirait la désinvolture. Une désinvolture insolente qui surprit tout le monde. Alors que la fumée se dissipait une nouvelle fois, l’on pouvait observer mon bras gauche qui pissait le sang, mais qui était toujours en place. J’avais juste de grosses plaies, mais elles allaient être facilement soignées par notre nouveau médecin Wallace. Je n’avais donc pas de soucis à me faire. Je bougeai tout de même mon bras pour voir s’il n’avait pas endommagé mes nerfs, mais à part les plaies douloureuses, tout allait comme sur des roulettes. Ma vitesse avait parlé pour moi. Le taureau m’avait certes touché, mais vu que j’étais en plein mouvement, je m’étais éloigné d’un bon mètre, juste avant l’explosion. Alors que je m’assurais de l’état de mon bras ensanglanté, mon ennemi s’évertuait à créer une gigantesque boule explosive. Néanmoins, il venait ainsi de signer sa défaite, car d’un geste nonchalamment, j’agitai mon meitou en sa direction. Le geste engendra une petite lame de vent qui fila vers l’orbe et rentra en contact avec elle. Pendant ce temps-là, (Des secondes, pour être plus précis) j’étais sorti de l’infirmerie saccagé en courant, provoquant ainsi la fuite de mes autres hommes qui avaient compris ce qui allait se passer. Lazar eut tout juste le temps de retirer ses paluches de l’orbe géant et de se planquer derrière une grande armoire, qu’une forte explosion retentit…
L’infirmerie venait d’être définitivement dévastée.
Quelques minutes plus tard, mes hommes et moi investirent le champ de bataille. Dans l’immense pièce, il ne restait plus rien, si ce n’est des décombres. La fouille dura plus ou moins cinq minutes, lorsqu’on retrouva le corps de Stark. Le pauvre était sonné et pissait le sang. Miraculeusement pourtant, il était encore en vie. Je pouvais donner l’ordre de le laisser mourir comme tout autre officier intransigeant l’aurait fait, mais j’ordonnai qu’on envoie son corps auprès de notre Wallace national. Lorsque son corps fut transporté sous mes yeux, j’eus un long soupir. Il avait réussi à me blesser, à mettre Ketsuno en difficulté pendant quelques minutes avant mon arrivée et à dégommer tout bonnement Sarkozyzy. N’est pas commandant qui veut. Néanmoins, je m’avouais à moi-même que j’aurai pu le tabasser ou le buter sans qu’il ne puisse bouger le petit doigt. Sans un aucun doute un problème d’hésitation devant un ex-frère d’armes. Cette mésaventure me rappela un peu le procès de Toji qui s’était déroulée il y a de cela quelques jours. Ce n’était pas pour dire, mais la marine allait de mal en pis. Une période déprimante, je vous jure. Alors que quelques infirmières couraient vers moi pour s’occuper de ma blessure, je donnai quelques directives fermes aux médecins et à mes hommes. Dorénavant, Stark ne devait plus être considéré comme un commandant, mais comme un criminel.
Plus qu’un rapport à envoyer à Marijoa et l’affaire serait classée.