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Partie précédente: Nile Fellah

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Sakhap Hatath et Sasse Tamoha

***

Le Nile Fellah, un des gros casinos du centre-ville de Rainbase, trône majestueusement dans sa rue, sa façade couverte de fresques resplendissant sous le soleil de plomb, dans un ensemble bien kitsch.

On retrouve monsieur Sakhap Hatath, propriétaire dudit casino, en train de faire les cent pas dans son bureau. Le petit homme était considéré par beaucoup comme quelqu’un de  chanceux ; globalement, lui aussi se considérait comme tel. Mais ses mêmes personnes ne se faisaient pas d’illusions à propos son talent ; en fait lui non plus. Il y a quelques années encore, Sakhap n’était qu’un simple paysan que rien ne prédestinait à devenir patron de casino. Travaillant dans les champs depuis qu’il était en âge de marcher, il avait appris le métier, hérité du lopin de son père, s’était bataillé avec son frère qui le voulait lui aussi ; puis il s’était marié, avait eu des enfants qui avaient grandi. Vivant dans un petit village au bord du fleuve, où tout le monde connaissait tout le monde, et où il valait mieux faire comme les autres, Sakhap Hatah avait développé une attitude craintive, un fatalisme maladif et une capacité stupéfiante à se prosterner devant les grands seigneurs du coin ; d’ailleurs, il n’avait pas beaucoup évolué sur ce point. En fait, Sakhap Hatath était un paysan. Un mauvais, d’ailleurs.

Mais la vie de Sakhap Hatah fut bouleversée le jour où, après des années d’essais infructueux, il gagna 500 millions de Berrys au Loto Pharaonique de Rainbase. La tête tournante de tant d’argent, son premier geste avait été un vieux réflexe en prévision des mauvais jours : il avait creusé un trou (un gros) et avait enterré son magot. C’était sans compter un ami qu’il croisait de temps en temps au bar, Sasse Tamoha. Avec insistance, il lui avait expliqué que ce n’était pas une bonne chose de laisser dormir tout cet or, qu’il valait mieux l’investir,… Tiens, dans un casino à Rainbase ! Il se chargerait de l’aider. Absolument convaincu, des pièces de berry dans les yeux, Sakhap Hatath avait emmené ses affaires, sa famille et son ami à Rainbase.

Et cet ami se trouvait en ce moment assis en face de lui. Et bien que l’on soit dans le bureau du patron, c’était Sasse Tamoha qui était installé sur le fauteuil derrière le bureau, tandis que Sakhap tournait en rond sur le tapis.
C’était un homme grand, pâle, avec un visage sur lequel il était pratiquement écrit en grosses lettres rouges "je suis un type malhonnête". Et autant Mr Hatath avait la mine soucieuse, autant le gérant avait l’air détendu sur de lui qu’affiche l’homme qui sait qu’il est en train de s’en mettre plein les poches sur le dos d’un autre. Car si cet homme détestait le travail, en revanche il adorait les gros sous !

***

Sasse avait écouté son ami et patron lui raconter la scène qui venait de se dérouler, et comment le "puissant seigneur aux dents en or" avait, après avoir éventré une des machines à sous, les avait accusés haut et fort d’utiliser des machines défectueuses. Scoop qu’un journaliste présent dans la salle s’était empressé de rapporter.

- Mh, c’est ennuyeux, en effet…

Le gérant du casino avait déjà eu un rapport des deux hommes qui faisaient office de gardes et d’hommes de main, et qui avaient été présents sur les lieux en même temps que Sakhap. Ces deux-là, des costauds touts en muscles et en débardeur blanc, que l’on appelait Bad et Stupid, lui avaient résumé la situation d’une façon un peu différente. Mais en combinant les deux versions, en supprimant les "Terrible corsaire doré" de son patron, et les "Lopette en chemise de plage" des ses hommes de main, il était arrivé à  ce qu’il estimait une version proche de la réalité. Ce type, Ange Del Flo, était venu semer la pagaille dans son casino. Alors que le frêle patron avait fait intervenir ses deux gardes pour arrêter le massacre, l’homme aux dents d’or s’était révélé être un corsaire –ou futur corsaire ; à en croire une information qui circulait ça pouvait être vrai-. Sakhap avait alors cédé à ses menaces, et la situation avait tourné en leur défaveur. Maintenant, ils se trouvaient avec une présomption de machines défectueuses –voire truquées- dans le casino. Pas brillant… D’autant qu’il avait fait vérifier : la machine éventrée par le perturbateur ne faisait même pas partie du lot des cinq appareils qu’il avait personnellement fait arranger pour qu’ils ne fassent jamais gagner !

Tout bien réfléchi, cette histoire l’agaçait. Décidément, la vie de gérant de casino était pleine d’évènements indésirables. Et puis… tout ça ressemblait trop à du travail ! Et le travail, ça n’était pas fait pour lui ! Le moment venu, il faudrait qu’il plante tout, et qu’il aille voir ailleurs. Quand il aurait assez d’argent,… voilà, quand il en aurait suffisamment de côté…
Dans l’immédiat, il avait un autre problème. A savoir son patron et ami, son pigeon, qui le regardait et s’adressait à lui comme à un messie.

- A… alors, Sasse mon ami, que doit-on faire ?

S’il était feignant et malhonnête, au moins il savait être efficace. Il fallait juste ne pas en exiger trop de lui. Et pas trop longtemps. Il soupira, puis, parla, accompagnant ses mots de grands gestes, sur un ton qui n’admettait pas la contradiction.

- Tu dois déjà faire remplacer cette machine, et vite. Une machine en moins, c’est de l’argent perdu. Il va falloir faire venir un technicien. Ça coûtera de l’argent, bien sûr, mais on n’a pas le choix n’est-ce pas ?
- Euh… oui, oui. Tu as raison.
- Et puis, il y a ce journaliste dont tu m’as parlé. J’ai déjà envoyé Bad et Stupid pour l'arrêter, mais je ne crois pas que ces deux lourdauds réussiront à le rattraper. Tu vas devoir verser un pot de vin à son journal, pour éviter qu’un article gênant ne soit publié.
- Encore de l’argent ? Mais…
- Imagine un peu la réputation que tu aurais si l’affaire s’ébruitait ! Les clients nous fuiraient ! Ce serait la ruine ! Il faut à tout prix corriger ça !
- C’est vrai… tu dois avoir raison.
- Très bien. Puisque tu es d’accord, il faudrait…
-…Bien sûr. Je te donne la clé des coffres. Prends ce qu’il te faut ! Tu as toute ma confiance.

En regardant son ami partir, Mr.Hatath soupira. Que c’était dur, la vie de patron de casino ! Il avait bien de la chance d’avoir un ami comme Sasse à ses côtés !

***

Un sourire en coin, le gérant descendit jusqu’au sous-sol, où étaient les coffres. Son "ami" était bien naïf s’il croyait un seul instant qu’il allait donner de l’argent à de pauvres scribouillards ! Le pot-de-vin, il le garderait pour lui. Il méritait bien ça, vu tous les efforts qu’il déployait à réfléchir ! Et si ses prévisions à propos des effets de l’article se révélaient exactes, eh bien tant pis. D’ailleurs, ce serait une bonne occasion de prendre sa retraite !
Devant la grosse porte blindée qui protégeait le coffre-fort, Sasse eut la désagréable surprise de voir un inconnu, tranquillement adossé contre un mur, en train de prendre des notes sur un petit carnet. A son arrivée, c’est à peine si l’autre esquissa un regard dans sa direction. D’un ton agacé, le gérant véreux demanda :

- On peut savoir qui vous êtes, vous ?
- Moi ? Je me nomme Numérobis ! Je suis un grand mathématicien, un penseur, et aussi un membre de l’équipage des Tru… enfin, je suis un génie, quoi.
- Et… qu’est-ce que vous fichez ici ?! Ou sont les gardes ?
- Bad et Stupid ? Oh, ils doivent s’occuper de virer des intrus je suppose. Ou alors ils surveillent l’entrée, peut-être. C’était bien pratique pour passer ici. Quant à moi, je… me suis égaré. Tout à fait, je suis un client, et je me suis égaré.
- Vous êtes dans un accès privé, ici ! Alors déguerpissez, ou j’appelle la sécurité !

Avec le même ton calme et agaçant qui l'avait fait détester par tout son équipage, le pirate répondit :
- Très bien, mon bon monsieur. Inutile de vous énerver. J’avais fini, de toute façon.

Sasse Tamoha le regarda partir en fronçant les sourcils, puis effaça cet évènement de sa mémoire. Il avait bien plus important à faire pour le moment !
Le coffre-fort était vaste, mais son contenu était déjà bien entamé. En partie à cause des erreurs de gestion du patron, il était vrai, et des difficultés que pouvait connaitre un casino ; mais aussi et surtout en grande partie à cause de la rapacité de Sasse ! Celui-ci récupéra plusieurs liasses de billets qu’il rangea soigneusement dans une valisette, puis referma la porte blindée. Après une hésitation, il la rouvrit, et récupéra une liasse de plus. Puis il retourna à son bureau mettre les comptes à jour l’esprit tranquille.

En chemin, Bad & Stupid lui rapportèrent qu’effectivement le journaliste leur avait filé entre les doigts. Ils savaient cependant qu’il travaillait au Rainbase Soir, et demandaient des instructions. Sasse leur répondit de laisser tomber l’affaire, et d’aller plutôt surveiller le coffre-fort.
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    Ange (Capitaine)   //    Numérobis (Cerveau)   //    Bongo (Matelot ambitieux)    //   Jazz (Quartier maître)

***

La nuit était tombée sur Rainbase. Mais dans une ville comme celle-ci, c’était justement au moment où le soleil de couchait que tout commençait à réellement s’animer. D’ailleurs, une récente étude du "Rainbase soir" prétendait que 60% de la population de la ville vivait la nuit.

À l’écart de tout le tapage, l’équipage des Truands au complet était retourné au Lady Million, et l’on s’était réuni sur le pont, à la lumière de la lune et quelques verres d’alcool à portée de main, pour faire le point de la journée. Le tout dans la joie et la bonne humeur, avec une ambiance festive. Comme de vrais pirates !

Tout le reste de la journée, Ange, encouragé par son succès au casino, s’était pavané dans la ville, persuadé de rayonner de classe et d’illuminer chacun sur son passage. En réalité, tout cela se passait principalement dans sa tête, et tout ce qui rayonnait c’était sa propre dentition.
Toutefois, la donne avait changée avec la parution de l’édition du «Rainbase soir». Les journalistes avaient manqué de potins frais ce jour-là, si bien que c’étaient ses exactions au Nile Fellah qui avaient fait la une. Si l’article lui avait fait comprendre que les riches patrons comme Sakhap Hatath n’attiraient pas vraiment la sympathie du citoyen moyen (surtout si on les soupçonnait de malversations !),  les corsaires ou affiliés étaient encore plus mal vus ! Le journaliste dissertait longuement sur les possibles –et probables, selon lui- fraudes du patron du casino, dans laquelle Ange jouait un rôle plutôt honorable. En revanche, un second article exprimait l’inquiétude soi-disant éprouvée par de nombreux Alabastiens –ou en tout cas, s’ils ne les éprouvaient pas, ils seraient convaincus du contraire après lecture de l’article-, quant à la présence d’un corsaire ici. Les membres de cet ordre avaient toujours été de sinistre mémoire dans le pays.

***

Passées les festivités, un compte rendu de la journée des différents groupes de recherche d’une cible digne d’être cambriolée pour les Truands avait amené la conclusion suivante : à l’exception du capitaine et de ses trois compagnons, personne n’avait rien trouvé, et en fait la plupart ne s’étaient même pas donné la peine de chercher. Mais finalement, s’ils y avaient un peu réfléchi, la plupart auraient pu se douter que c’était inutile de se donner cette peine puisqu’on ne se serait pas embêté à tartiner des pages sur le casino ou était allé l’homme aux dents d’or si c’était pour ne pas y retourner ensuite !  

Profitant de la diversion involontairement offerte par Ange lorsqu’il avait fait un scandale, Numérobis avait pu descendre dans les sous-sols du Nile Fellah, et en dresser une carte.
Tout l’équipage s’était empressé d’accepter le bâtiment comme cible, et il fallait maintenant décider d’un plan d’attaque, ce qui n’était pas une mince affaire puisque sur la trentaine de pirates réunis, chacun voulait y mettre son grain de sel, et le ton montait sans que personne n’écoute son voisin ! Certains voulaient que l’on attaque cette nuit, d’autres –sans doute avec plus de raison- voulaient prendre quelques jours, le temps de bien connaitre les habitudes de leur cible. Et personne n’était d’accord sur la manière de s’y prendre. A cela s’ajoutait les rivalités personnelles, principalement à l’encontre de Num’, mais aussi de la part de quelques fortes têtes de l’équipage comme Bongo le pirate à la coupe afro. Seul Jazz, le quartier maître, toujours fidèle par principe au capitaine du navire, appuyait (et même prenait la peine d’écouter !) ce que disait Ange.

Que c’est compliqué, un débat !
Quelle idée tu as eue, aussi, d’accepter que tout l’équipage donne son avis !
Oui, mais les gars étaient de plus en plus impatients.
C’est bien ce qui est inquiétant ! Plus le temps passe, et plus tu risques une mutinerie. Tu dois les occuper à des activités de pirates, et au plus vite.
Tu ne dois pas accepter que ton autorité soit remise en question !! Tu es le capitaine Ange, tout de même !
Oh, eh, l’autre ! Tu connais l’expression, se mêler de ses affaires ?!
Quoi ? Mais, je… euh… je décide quoi, alors ?
On doit attaquer dès demain.
Non ce soir.  Après il sera déjà trop tard !
Je…d’accord. Et pour le plan ?… je fais comment pour trancher chaque membre de l’équipage en propose un différent !
Tu ouvres une porte dans un mur, vous rentrez, vous videz le coffre, et vous partez ! Tu vois : pas très compliqué, facile à comprendre, et de fortes chances de succès !
Et la fuite ? Et si on ce fait voir ?
Laisse tes seconds s’occuper de ce genre de détails ! Ils sont là pour ça.


Après avoir laissé à son cerveau de temps de refroidir, le sauvage demanda le silence. Personne ne l’écouta. Usant alors de la méthode qu’il avait étrennée tout à l’heure au casino, il se leva et flanqua un coup de pied dans le tas de bouteilles d’alcool vides qui trainaient au milieu du pont le pont, qui allèrent valdinguer dans un vacarme épouvantable.

- Taisez-vous bande de nuls !!!

Ah, ça c’était bien !
J… j’vais me faire descendre…
Un peu de cran ! Tu es le capitaine !
Mouais… après ça, évite juste de trop tourner le dos à Bongo.
Pauvre de moi…


- Je vous ai écoutés, et… j’ai pris ma décision.
Rajoutes-en un peu !
… et elle n’est pas contestable !

***

L’équipage, à quelques heurts près, s’en était tenu à la décision simple mais facile à exécuter du sauvage. Il fallait avouer que la capacité de traverser les murs, combinée à la carte de Numérobis, simplifiait grandement la situation.

Arrivés en ville, les pirates eurent cependant une mauvaise surprise : comment faire un cambriolage nocturne discret si la ville est encore plus animée la nuit qu’en plein jour ?!
C’est alors que Bongo eut une idée de génie ; ce qui était normal, puisqu’elle venait de lui. Et Bongo, c’était le plus doué ! Qu’importe le nombre de personnes qui les verraient, toute la pagaille causée par leur attaque ferait grimper leurs primes ! On eut beaucoup de mal à lui faire admettre que ce n’était pas à l’ordre du jour. D’ailleurs, comme il ne pouvait pas se tromper puisqu’il était bien plus intelligent que les autres, il préféra bouder et les laisser se débrouiller. Et tant pis pour eux si ça finissait mal !

Finalement, on décida que l’on irait se mettre à l’abri dans une maison pas trop loin du casino (n’importe laquelle, Ange pourrait ouvrir la porte sans problème - et on se débarrasserait des occupants), et que l’on y resterait cachés jusqu’à l’aube. Là, probablement, serait le moment propice. Il fallait bien qu’ils dorment un jour, ces Rainbasiens !! … Rainbasois ! Euh … habitants de Rainbase !
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C’était l’heure !  Les pirates, freinés dans leurs instincts de pillage depuis trop longtemps, trépignaient d’impatience ! Ange aussi devait l’admettre : c’était probablement l’un des plus gros coups de sa carrière de voleur, où en tout cas celui réalisé avec le plus de complices !
Comme l’anonymat était de mise, on irait avec ce qu’on possédait de masques, de cagoules, de foulards, ou de sacs en papier que l’on se mettrait sur la tête. On avait aussi tiré au sort ceux qui devraient rester à l’extérieur pour faire le guet, et étrangement la plupart des membres qualifiés de "lâches" dans l’équipage en faisaient partie ; de toute manière, même si les rues étaient pratiquement désertes –enfin !- tout le monde ne pourrait pas rentrer dans le casino sans que cela ne se remarque.

La vingtaine de Truands restants avaient atteint le mur arrière du Nile Fellah. Et vu de derrière, le casino était nettement moins impressionnant : finies, les grandes fresques murales et les lettres brillantes ; ce n’était plus qu’un bête mur en béton tout moche, destiné à ne pas être vu.
Un à un, les pirates passèrent dans l’ouverture pratiquée par leur capitaine-porte. Se dirigeant grâce au plan de Numérobis, ils réussirent assez facilement à s’orienter dans les sous-sols. Heureusement, car ceux-ci étaient un véritable labyrinthe de couloirs uniformes avec murs blancs et moquette verte, avec tellement peu de portes que l’on se demandait bien à quoi tout ça pouvait servir ! C’était le genre d’endroit sans personnalité que l’on imaginait très bien ne servir à rien d’autre qu’à égarer un peu le protagoniste qui s’y aventurait ; et, si l’on s’amusait à ouvrir une porte, on s’attendrait facilement à découvrir qu’il ne s’agit en réalité que de décors de cinéma en carton.

Et finalement, au détour d’un couloir, la porte blindée du coffre fut enfin sous leurs yeux ! C’était une belle grosse porte tout en acier, qui montait presque jusqu’au plafond, avec une grosse serrure compliquée doublée d’une série de manivelles servant à composer le code. Seulement, elle était gardée ! Inutile d’aller chercher bien loin pour savoir que les deux hommes en faction ici étaient Bad et Stupid. De véritables clichés de gardes du corps de la vieille école, avec leurs lunettes noires, leur mine patibulaire, et leur aptitude à se trouver toujours là où ils seraient gênants. Ils étaient les deux indispensables gardes de l’établissement, ceux-là mêmes qui avaient déjà failli empêcher Ange et ses complices de rentrer dans le casino plus tôt dans l’après-midi. Toujours les mêmes qui l’avaient menacé de l’éjecter à grands coups de pied lorsqu’il avait ouvert une des machines pour en récupérer le contenu ! Ange poussa un grognement en les reconnaissant : comment faisaient-ils pour se trouver toujours partout où on avait besoin d’eux ?! Et d’ailleurs, ils ne dormaient jamais ?! Le pire, c’était qu’ils n’avaient même pas l’air d’en avoir marre !

Toujours à l’abri derrière l’angle du couloir, le sauvage aux dents d’or fit quelques gestes aux autres Truands, leur répétant le signal convenu pour attaquer. Les autres ne se firent pas prier, et chargèrent joyeusement ! C’est alors qu’il se passa quelque chose d’inattendu : normalement, les deux gardes auraient dû prendre un air surpris, puis foncer tête baissée vers les attaquants, se faire mettre à terre par une prise de catch, et mourir en silence. Au lieu de ça, l’un des deux se tourna calmement, et tira sur un cordon qui pendait du plafond, à côté duquel était peinte en grosses lettres rouges sur le mur "ALARME". Cela fait, ils se tinrent prêts au combat.

La cloche d’alarme se mît à retentir à toute volée dans le bâtiment, emplissant la scène d’un "ding ding ding ding ding" très répétitif.

Spoiler:

Les premiers Truands étaient déjà sur les deux gardes. Quelle ne fut pas leur surprise lorsque ceux-ci, avec vitesse,  brutalité et maîtrise, les repoussèrent à coup de poings, en envoyant même un au tapis !
Où était-il, le bon vieux temps des gardes à moins de dix dorikis qui se laissent éliminer sans faire d’histoires ?...

On dirait que tu vas devoir t’en mêler.
Quoi ?! Mais ils ne sont que deux ! Contre tous mes pirates !
Le terrain joue en leur faveur : on manque de place. Et puis il n’y a pas de temps à perdre maintenant que l’alerte est donnée !
Je dois vraiment y aller ? Il… il faut bien que les gars se défoulent, non ?
Tu as peur, hein ? Gros nul.
Je ne peux tout de même pas prendre le risque d’être blessé !
Le grand capitaine-corsaire Ange ne peut pas avoir peur d’un combat ! Il doit galvaniser ses troupes, et leur montrer l’exemple !
Quand on aura besoin d’un avis inutile, on te fera signe !
Eh bien reste à faire ton gros lâche dans ton coin, alors ! Mais sache que…
Stop ! Je… non, non, bon, d’accord. Je vais y aller.


Le bruit assourdissant de la sonnerie était déjà suffisamment prometteur de maux de tête pour ne pas en rajouter.

Si l’intervention du capitaine n’aurait pas été indispensable (après tout, Jazz, Bongo, et quelques autres brutes de l’équipage auraient bien fini par venir à bout des deux gardes), elle allait bientôt le devenir. Alors que Bad et Stupid, forcés de recouler devant le nombre, se trouvaient le dos contre la porte du coffre-fort, un bruit de cavalcade se fit entendre par-dessus le tintamarre de la sonnerie d’alarme. Et soudain apparurent neuf hommes, tous taillés sur le même modèle que leurs collègues : de grands gaillards musclés, aux crânes rasés marqués de cicatrices, et un débardeur blanc où était inscrit leur nom (ou surnom. Ou, pourquoi pas, leur devise), et munis des indispensables lunettes noires des gardes du corps de compèt’.

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***

Tandis qu’une mêlée sans merci s’engageait dans les sous-sols entre les pirates et les défenseurs du casino (dans leur bon droit, mais tout aussi peu avenants), le gérant Sasse Tamoha arpentait à grands pas les couloirs des étages. Il ouvrait la porte de chaque bureau, le trouvait vide, et la refermait en la claquant. Finalement, il trouva ce qu’il cherchait : son patron, Sakhap Hatath, vêtu de sa chemise de nuit, terrifié et caché dans un placard à balais, sous un tas de, de serpillères, de seaux, et de produits d’entretien. Il l’en tira sans ménagement.

- Allez, mon vieux ! Il faut prendre tes responsabilités ! Il n’est pas question que ces bandits s’emparent de tout mon or ! … Enfin, euh, ton or… De tout l’or du casino, quoi !

Sakhap ne répondit que par quelques gémissements incompréhensibles.

- J’ai déjà envoyé les gardes s’occuper d’eux. Et…

Malgré toute sa flegme, Sasse était inquiet. Comme il l’était, dès que l’on touchait de près ou de loin à son argent. Enfin à celui du casino. Mais c’était presque pareil… Il était tenté de demander des renforts à la police locale, mais c’était un risque à prendre. Et si, après avoir intervenu, ils fourraient leur nez là où il ne fallait pas ?

- Oh, Sasse, mon ami… que doit-on faire ?

L’autre crétin, pensa Sasse, trouvait encore le moyen d’avoir une totale confiance en lui ! Ce qu’il fallait faire, à son avis, c’était prendre tout l’argent que l’on avait, mettre la clé sous la porte, et prendre une retraite dorée à Alubarna ! Le problème, c’était que l’or, on se battait déjà juste devant ! Cependant, une autre idée germa dans sa tête.

- Je sais ! Donne-moi toutes les clés du bâtiment. Y compris celle des salles de jeu. Je m’occupe de tout. Toi… tu peux rester caché, si tu veux.

***

En possession de toutes les clés du casino, Sasse Tamoha passa à son bureau prendre un grand sac de voyage, après quoi il descendit en trombe au rez-de-chaussée, où étaient toutes les salles de jeu. Les voleurs auraient peut-être le contenu du coffre-fort, mais pas tout l’argent stocké dans les machines à sous ! Et au total, il y en avait pour une belle somme ! Si les bandits l’emportaient contre les Bad & Stupid’s, lui serait quand même riche. Et s’ils perdaient, eh bien il mettrait quand même la disparition de tout cet argent sur leur dos ! Dans les deux cas il serait gagnant. De toute manière, il en avait soupé de ce travail qui le maintenait debout à des heures indues, et dès l’aube il enverrait sa lettre de démission à Sakhap.
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En bas, devant le coffre fort, c’était une joyeuse mêlée ! Les Truands combattaient, avec un enthousiasme trop longtemps refoulé, les Bad & Stupid’s leur résistaient en se déchainant avec une froideur et un professionnalisme de machines. Ils se battaient principalement avec leurs poings, avec lesquels ils étaient d’ailleurs très efficaces, mais aussi avec tout ce qui leur passait sous la main : mobilier, armes de Truands hors combat, plante en pot, le lustre au plafond ! Mais ce qui était le plus impressionnant, et ce qui donnait le plus de difficultés aux pirates, c’était leur parfaite coordination. Sans échanger la moindre parole, ils intervertissaient leurs positions quand l’un était en difficulté, ou trouvaient le moyen de se mettre à deux sur un adversaire quand celui-ci posait problème.

Et au milieu de tout ça, Ange luttait comme il le pouvait. Il n’était pas nul au combat, loin de là, contrairement à ce qu’il essayait de se convaincre lui-même ! Mais il affectionnait plutôt les affrontements discrets –ou même, si possible, les bagarres que les autres faisaient à sa place ! La fatalité des combats attirant inévitablement les chefs des différents camps à s’affronter (ou alors les hommes les plus puissant, ce qui dans les histoires revient souvent au même), il faisait face à l’un des deux meneurs du groupe d’en face -celui qui avait marqué "Stupid" sur son t-shirt. C’était globalement pareil que de combattre n’importe quel autre, mais il était plus rapide, plus fort, plus méchant, et qu’il se battait pour le moment avec un lourd banc qu’il avait sorti d’on ne savait ou, puisque le couloir en était dépourvu avant leur arrivée.

C’est mauvais tout ça ! C’est peut-être le moment de fuir ?
Surement pas, idiot ! Pas sans l’argent !
Et puis tu passerais pour quoi devant tes hommes si tu t’échappais maintenant ?!
Mais… je m’en fiche, je veux juste survivre !
Gros naze !
Ouais, espèce de nul !


Le sauvage dut couper court à ses réflexions pour éviter une attaque particulièrement violente de son adversaire, qui fauchait l’air avec son banc, dans une attaque tournoyante tellement dévastatrice qu’elle laissa une longue trainée sur le mur ! Ange n’osa même pas imaginer à quoi ressemblerait sa tête s’il n’avait pas esquivé.

A un œuvre d’art moderne.
Quoi ?!
Si tu ne l’avais pas esquivée, tu ressemblerais à une œuvre d’art moderne.
Ah.
Si tu ne peux pas gagner la bataille à la loyale, il y a un autre moyen.
Lequel ? De me cacher en attendant que tout soit fini ?
Pas tout à fait. Mais ça devrait te plaire ! Si on continue comme ça, des renforts risquent d’arriver. D’autres armoires à glace en t-shirt blanc, mais aussi les forces de l’ordre.
Raison de plus pour partir, non ?
Non ! Tu vas prendre deux gars avec toi, et rentrer dans la salle des coffres. Là, ramasserez tout ce qu’il y a à voler, et alors seulement tu ordonneras le repli.


Le pirate aux dents pointues utilisa une porte d’air pour disparaitre de la vue de son adversaire, et rompre l’affrontement. Lorsqu’il réapparut quelques secondes plus tard à l’arrière de la mêlée, il empoigna par le col les deux premiers qui lui passèrent sous la main, deux pirates moins assoiffés de sang que les autres qui ne se pressaient pas trop pour participer :

- Euh… Flemme, Hector, venez avec moi !
- Hééé ! Et puis d’abord, moi c’est Flynn. Et lui, c’est Gaspari, pas Hector !
- Il est pourri ce cambriolage !
- On s’en fiche ! Par ici !

A cause du combat, plus personne ne se souciait de la porte blindée. Suivi de Flynn et de Gaspari le râleur, Ange la rejoint en rasant le mur. Il s’y appuya, et poussa : un passage en forme de sauvage à la coiffure bizarre s’ouvrit alors dans le métal épais. Vite, avant qu’on ne les remarque, les trois pirates se faufilèrent à l’intérieur et refermèrent l’ouverture.

L’intérieur était vaguement décevant. Il y avait de nombreuses liasses de billets, bien sûr, mais beaucoup moins que ce à quoi on aurait pu s’attendre en voyant la taille du coffre fort. Qu’importe ! Les pirates ouvrirent leurs sacs et les remplirent autant qu’ils le pouvaient. Le reste, ils le fourrèrent dans leurs poches, sous leurs vêtements, dans leurs chaussures,…

***

- Ok les gars, c’est bon, on à l’or ! Repli général !

Le capharnaüm de la bataille s’intensifia encore quand les Truands convergèrent vers la sortie pour obéir aux ordres. Et cela ne se fit pas sans protestations :

- On ne va pas les laisser s’en tirer comme ça ?!
- Il n’y a plus le temps, Bongo ! De toute façon, on a eu ce qu’on voulait.
- Ange ! Pourquoi son nom à lui, tu t’en souviens ?!
- Désolé Ange, mais ça ne va pas être possible : ils nous ont tenu tête, et ils vont le payer. Les gars, tous à l’étage ! On va saccager ce fichu casino !!
- Hé, non !

***

Sasse Tamoha venait tout juste de finir de remplir son sac lorsque la horde de pirate émergea au rez-de-chaussée dans un joyeux désordre. Sans perdre de temps en réflexions stériles, il prit son élan, sauta par la fenêtre, se réceptionna en roulé boulé sur le pavé, dans un tintement de milliers de pièces. Il se releva, et sans prendre le temps de s’épousseter détala en courant, plus vite qu’il ne l’avait jamais fait !

Les Truands prêtèrent à peine attention à ce drôle de personnage, qui venait de s’enfuir avec de quoi passer les dix prochaines années dans un hamac près d’une piscine. Arrivés dans les salles de jeux, ils déchaînèrent leur fureur de destruction sur le mobilier. Ils déchirèrent les tentures, fracassèrent les tables et les chaises, brisèrent les lampes, renversèrent les bassins ! Et derrière tout ça, les Bad & Stupid’s encore debout les poursuivaient, et, en essayant de les arrêter, achevaient de massacrer ce que les pirates avaient épargné !
Lorsque Ange arriva à l’étage, on aurait dit qu’une bombe avait explosé dans l’établissement !

Tout en poursuivant leur saccage, les Truands se dirigèrent vers la sortie. De l’aube, on était passé au matin. A peu près l’heure ou Mr. Qui-Ne-Travaille-Pas-La-Nuit finit de se brosser les dents, avant de partir au boulot en pressant le pas pour ne pas être en retard. Dans la rue, il n’y avait donc quelques passants, et de rares badauds attirés par le bruit. Dans l’ensemble, on était tout de même à une heure calme, et il n’y avait pas grand monde.

Toujours masqués, les voleurs se regroupèrent dans la maison qu’ils avaient investie dans la soirée, et qui leur servait de point de rendez vous. Ça n’avait pas d’importance qu’on les voit y aller, ils n’y resteraient pas longtemps. Ange n’en revenait pas de voir que tout le monde était là : certains baignaient dans leur sang, d’autres, inconscients, avaient du être trainés par leurs camarades, mais l’équipage était au complet !
Alors tous retirèrent leurs masques et poussèrent des cris de joie : opération réussie ! Empruntant une porte d’air formée par leur capitaine, tous les pirates purent évacuer la maison discrètement et sortir de la ville sans former d’attroupement suspect, avant d’aller rejoindre le bateau.
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Deux jours plus tard…

Les heures qui avaient suivi le cambriolage avaient été assez désagréables pour Sakhap Hatath, le patron. Il était resté seul à se morfondre au milieu de son casino dévasté, abandonné de tous. Le capitaine de la garde municipale était bien venu prendre sa déposition, mais l’on avait peu d’espoir de coincer les coupables, puisque ceux-ci n’avaient pas été identifiés, et qu’ils avaient tout bonnement disparu !
Tout son argent s’était envolé, une partie de son matériel était détruit, son casino était dans un état déplorable, et son gérant, son meilleur ami, son sauveur, Sasse Tamoha lui avait fait annoncer qu’il démissionnait ; depuis, il était introuvable. Celui que l’on croyait l’homme le plus chanceux de Rainbase n’avait plus rien : pour lui c’était la fin, la ruine !

Le "Rainbase Soir", s’était déchainé sur l’affaire (mais seulement en quatrième page, car l’affaire dans laquelle s’étaient bousculés un incendie, une arrestation de masse et quelques combats épiques, qui avait lieu au même moment à Nanohana, était bien plus intéressante), affirmant bien à qui voulait l’entendre que Sakhap et son entreprise étaient définitivement coulés. Ils avaient aussi largement commenté une des réponses du chef de la police de Rainbase à une rapide interview, où il affirmait qu’au cours de la nuit "à aucun moment, ils n’avaient reçu d’appel à l’aide de la part du Nile Fellah". De quoi, selon le journaliste, alimenter les rumeurs (lancées par le même journaliste), selon lesquelles il se tramait parfois des choses pas très nettes dans le casino.

Dans le monde des affaires, on arrive rarement au chiffre zéro. Si tout va bien, on peut avoir de l’argent, et un investissement qui rapporte ; mais dans le cas contraire, l’argent ne se contente pas de s’arrêter de descendre quand il atteint le state "plus rien". Parce que, même si le coffre avait été vidé, il y a toujours les salaires des employés à payer. Sans parler de la prime aux Bad & Stupid’s pour leur intervention ! D’ailleurs, dès que les croupiers, serveurs, réceptionnistes, et autres, avaient su ce qu’il s’était produit à leur lieu de travail, ils s’étaient précipités dans le bureau de leur patron pour réclamer leurs salaires, et lui annoncer qu’ils ne travailleraient pas gratis !

Alors que la veille encore, il se trouvait en possession d’une gentille réserve et d’affaires qui marchaient, en dépit de tout ce que l’on aura pu voir, voilà le pauvre "homme chanceux" avec des dettes de plusieurs dizaines de milliers de berrys et un casino ravagé, incapable de lui rapporter de quoi payer ses employés !

***

Ange avait pris son temps avant de retourner au Nile Fellah. Il fallait laisser le temps de voir comment tournaient les choses. Il en doutait, mais le casino pourrait faire mine de s’en remettre, auquel cas il devrait retourner avec ses hommes pour lui donner le coup de grâce ! De plus, en agissant trop vite, il aurait paru suspect.

La porte principale était fermée, mais il en fallait plus pour l’arrêter ! L’intérieur n’avait pas vraiment changé depuis l’avant-veille, puisque faute de paiement personne n’était venu ramasser les débris et tout remettre en ordre. Tranquillement, le capitaine des Truands se promena, les mains dans les poches, dans les salles de jeu désertes. Ce devait être plaisant, de posséder un tel endroit lorsque celui-ci était en état de marche !  Toujours calmement, il monta à l’étage, où n’eut aucun mal à trouver le bureau de Sakhap, puisque file de plaignants s’y bousculait. Pour le moment, c’était le chef de l’entretien qui, d’une voix forte, les deux mains à plat sur le bureau de son patron, et l’air pas commode, faisait valoir ses droits. Et le pauvre homme sans autorité, sans aucun esprit d’initiative, ni talent de gestion, qu’était Sakhap, se laissait complètement emporter par le torrent qui s’abattait sur lui. Il s’en doutait, mais il n’en prenait conscience que maintenant, que sans son ami qu’il avait engagé comme gérant, il était incapable de prendre une décision !

- Nous ne voulons pas de promesse, Mr Hatath, nous voulons de l’argent !
- Mais je…
- Nous savons bien que les salaires ne devraient être versés qu’à la fin du mois, mais dans la situation actuelle, vous ne semblez plus avoir de garanties à nous offrir !
- Mais…
- Nos salaires doivent être versés sans délai, Mr Hatath, vous comprenez ?! Sans délai !
- Mais je…
- C’est vrai, vous avez été un bon employeur, et les gens vous aiment plutôt bien en ville. Mais des dizaines d’autres patrons à Rainbase seraient prêts à engager sur-le-champ une équipe de techniciens expérimentée comme la nôtre !

Le sauvage écarta sans ménagement la file des rapaces qui, les un après les autres, viendraient tenir globalement le même discours. En dernier, il entra dans le bureau et posa sa main sur l’épaule du chef de l’entretien. Celui-ci sentit un fluide glacial lui traverser le bras. Chose rare en pleine journée dans le pays, il eut soudain la chair de poule ; pourtant, et tournant la tête vers le sauvage, il se mit à suer à grosses gouttes.

- Hm, tu me laisses passer ?
Grand sourire, assimilable à "je n’ai pas mangé ce matin, mais tu ferais très bien l’affaire ! …Et tu as vu comme mes dents brillent ?"
- Je, heu… j’attends dehors, hein ?
Puis, se reprenant, l’homme ajouta à l’intention de Sakhap Hatath :
- Vous ne perdez rien pour attendre !

***

L’entretien entre le sauvage et le patron de casino en ruines ne dura pas longtemps. D’une part parce que Sakhap ayant passé la matinée à bredouiller et à obéir aux récriminations de ses employés, et qu’il était cuit, et d’autre part parce que même si Ange avait répété et appris à l’avance son texte, il ne voulait pas prendre le risque de s’éterniser.

En reconnaissant l’homme à qui il avait affaire, Sakhap Hatath se recroquevilla dans son fauteuil, ce qui fit très plaisir au pirate. Aujourd’hui, il se sentait particulièrement puissant ! La, bien à l’abri, dominant de toute sa hauteur ce petit homme apeuré, il lui venait des envies de conquête du monde !
D’un air faussement compatissant, qui criait la mauvaise foi, il constata :

- Dures, les affaires, hein ?
- Mgftkshgl

Répondit avec éloquence son interlocuteur. Cherchant à écraser de toute sa présence son interlocuteur, le sauvage fit une chose qu’il détestait voir les autres faire, et qui était –il est vrai- particulièrement malpolie : il s’assit sur son bureau !!
Nouveau sourire éclatant, pour meubler le silence.

Euh… je devais dire quoi, ensuite ?
Tu prends un ton paternel, tu écartes les bras, et tu lui dis que tu es sa solution.
C’est, euh… "paternel" ?
Posé, sur de toi, et rassurant. Tu comprends, comme ça ?


- Halala ! Mais –euh-, vous savez, tout n’est pas perdu Mr.Ha…
Hatath.
- … Hatath…
Mais… son nom, s’est Sakhap ?
Oui, c’est ça. Et alors ?
Bah… Sac à … ils avaient vraiment un humour pourri, ses parents !!
Digne de "civilisés", quoi.

- … Vous voyez, je suis votre solution !
Resserre un peu les bras. Tu es sensé juste les écarter, pas faire l’oiseau !

Une lueur s’était allumée dans le désert de désespoir où errait le patron du Nile Fellah. Bien sûr, avec un peu de jugeote, il aurait pu soupçonner Ange, l’homme qui avait fait un scandale chez lui la veille de son cambriolage, d’être pour quelque chose dans ses malheurs. Mais Sakhap n’était pas réputé pour sa jugeote. L aurait pu aussi écouter son instinct qui lui criait que le sauvage, même avec sa nouvelle allure, n’inspirait aucune confiance ! Et d’ailleurs son passé n’aidait en rien. Mais après tout, Ange s’adressait à celui qui avait été assez crédule pour aller mettre son destin entre les mains de Sasse Tamoah !

- C’est vrai ? Vous… vous pourriez faire quelque chose ?!
- Maintenant que vous êtes au bord du gouffre, vous avez besoin d’argent. C’est pour ça que je vous conseille de revendre votre casino. D’ailleurs, ahem, si j’ai bien compris, vous avez besoin de fonds dans l’urgence !
Nouveau sourire encourageant, mais qui donne plutôt l’impression qu’Ange regarde les joues potelées de Sakhap comme son prochain quatre-heures.
- Mais, m... monseigneur le corsaire... si je fais ça… je n’aurai plus rien ! Et ma femme, qu’est-ce qu’elle va dire ?! Et…
- C’est là que j’interviens, monsieur, euh… Hatath. Je suis prêt à racheter votre casino, pour, -hum- un prix… raisonnable.
- Sauf que…
- Ensuite, je le ferai entièrement rénover à mes frais, et je vous engagerai ! Disons comme… directeur adjoint, par exemple… Responsable des relations.

Pourquoi est-ce que je devrais engager ce type ?!
Déjà, parce que ça peut aider à le convaincre. Et puis, tu ne crois quand même pas que les autorités vont fermer les yeux sur un casino dirigé par un pirate ?! Il te faut un homme de façade.
Mais ils croient tous que je suis un futur corsaire !
Pour combien de temps encore ?! A un moment, il faudra bien que le vrai se manifeste. Et alors tu pourras dire adieu à ta couverture, et à ton casino.
Bon…
Et continues de lui sourire !


- Je… ne me mangez pas, s’il vous plait… je… il faudrait que… monseigneur… que je demande conseil à mon ami… Ah, non, c’est vrai, il a démissionné…

Il traine trop. Je suis vraiment forcé de faire tout ça ?
Oui ! Pour une fois, tu dois rester dans la légalité. C’est ce que tu voulais, non, utiliser ton argent pour en avoir encore plus.
Pfff ! Quoi qu’il en soit grand Capitaine-Corsaire Ange Del Flo ne devrait pas attendre comme ça !!
Euh… c’est vrai ça…
N’importe quoi ! Bon, si tu veux vraiment, parle-lui de ses employés devant le bureau, qui attendent leur salaire !


- Vous savez, monsieur Hatath, je suis prêt à attendre autant que vous voulez. Je… je usis quelqu’un de… conciliant. Seulement… je ne crois pas que tous ces hommes qui attendent derrière la porte aient eux aussi envie de prendre leur temps.
Très bien.
C’était nul, tu hésites encore trop !
Mais… euh… ça à l’air de lui faire quand même effet, non ?

- Argh ! Eh bien je…

Sakhap Hatath était pris dans un tourbillon d’informations, et se sentait complètement perdu. Que devait-il faire ? Que devait-il répondre ? S’il acceptait, qu’allait-il se passer ?! Mais s’il refusait, et si l’homme se mettait en tête de le dévorer ? Et en plus de ça, il avait encore en tête, qui se bousculaient, toutes les discussions de ce patin, toutes les reconnaissances de dettes qu’il avait du signer. Par-dessus le tout, il y avait la lettre de démission de son meilleur ami, dont chaque mot était comme un coup de couteau dans le ventre pour lui ! C’est presque les larmes aux yeux qu’il reprit la parole, en évitant de croiser le regard de l’homme aux dents d’or.

- Eh bien… je…
- Vous vous êtes décidé ? Parfait !
- Oui, je… euh… -glups- … j’accepte… Merci de votre… enfin m…merci, monseigneur le corsaire.
- Haha ! C’est parfait !

En dépit de son air prétendument sur de lui, Ange ressentit un immense soulagement ! Même si son plan n’était pas trop mal ficelé, il y avait toujours eu le risque qu’il ne puisse pas racheter le casino. Et dans ce cas, il pouvait tout aussi bien oublier le secteur d’activités du jeu. Car à Rainbase, un casino qui n’était pas en centre ville n’avait aucun avenir. Sans parler de la main-d’œuvre qualifiée qu’il pourrait conserver.
Les deux hommes se levèrent et se serrèrent la main, avec un évident malaise de la part de Sakhap. Celui-ci sentait que quelque chose n'allait pas, sans réussir à mettre la main dessus. De toute façon, tout ça était trop compliqué pour lui...

- Vous recevrez votre argent très rapidement. En bientôt, je ferais commencer des travaux de remise à neuf de ce casino. On fera les choses en grand !
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