Saloperie d'pirate. Il en fallait toujours un qui sort du lot pour montrer au heros qu'il ne peut pas tout faire simplement. Ce demi-géant m'avait envoyé sacrément loin. J'étais sur le point d'me fracasser la gueule sur le pont d'leur vaisseau. Les tires aux pigeons, tu connais? Bah là, j'étais le piaf et les criminels les chasseurs... Le monde à l'envers, j'te dis. Heureusement, malgré ma taille, rien ne semblait être concluant pour ces pirates, car ils étaient même pas foutus d'me tuer convenablement. Quel manque d'organisation... Faut dire que c'était quelque chose. M'voir arriver par la voie des airs était plutôt impressionnant. J'les entendais être paniqués. Vu qu'ils étaient occupés à repousser les Marines au sol à la base, ça les déstabilisait d'me voir en haut. Donc forcement, quand un soldat était subitement en haut... Voilà, quoi.
▬ Putain, d'où il sort celui-là?! Y'en a un qui tente de faire une percée là-haut, les gars! Regardez!!
▬ Hein? Comment il a fait?? Il faut l'empêcher de venir sur notre navire, les mecs!
Ces enflures allaient me trouer, finalement! Ces forbans m'tiraient sur moi sans sommation. À cause d'leur stress, ils me manquaient tous. Les boules de plombs sifflaient de tous les côtés. J'me sentais vraiment con de planer ainsi sans rien pouvoir faire. En me rapprochant dangereusement du sol, les pirates s'affolaient et ils cherchaient à m'éviter sauf un. Oui, un seul péquenot osait me défier. Décidément. T'y crois ça, p'tit? C'était marrant, car il m'visait proprement avec son canon-portatif, mais... C'était trop tard pour lui. Ayant chargé mon Impact Punch à nouveau, j'lui assénais le poing dans son crâne. Je sentais les os de tout son corps se briser. J'traversais alors le plancher du pont dans un fracas pas possible où morceaux d'bois et membres volaient sous la puissance du choc. Au revoir les tapettes. J'tombais alors dans l'entrepont avec la pointe d'mon arme sur le sol et un genou à terre, le dos légèrement courbé,. La salle était peu éclairée. Ou alors, je voyais trouble à cause du géant. Qu'importe, j'voyais des silhouettes tout autour de moi...
Gueule du loup. Voilà dans quoi je m'étais encore fourré. Comme s'il n'y avait pas assez d'ennemis dehors... Fallait encore que je me complique la tâche. Quoique, mes camardes avaient un avantage, maintenant. Mes potes avaient le champ libre pour foncer sur le navire, puisque plus personne à l'intérieur ne se concentrait sur eux avec leur canon. Ils étaient tous là, complètement surpris d'voir un Marine entrée par le haut.
Qu'est-ce que tu voulais que fasses? Je n'pouvais compter que sur mes compétences, là. L'instinct de survie, mec. Y'a qu'ça d'vrai. C'est à ça qu'on peut reconnaitre un homme, un vrai. Faut surmonter son endurance, pousser au maximum les limites de ton corps, sinon tu lâches avant et t'peux dire adieu à tout l'monde. J'n'éprouvais aucune peur, moi. Beaucoup d'mes collègues seraient partis en hurelant s'ils étaient dans la même situation que moi. J'devais foncer tout seul pour m'en sortir. Pas de camardes pour ça. Seul, mec. Capiche? Si je n'étais pas capable d'me débrouiller comme un grand, j'n'aurais pas ma place dans la Marine, tu vois?
Le géant m'avait sacrément amoché. J'ressemblais plus à rien. J'étais vraiment moche, maintenant. Avoir des bleus pour un bleu, c'était pas top. Sans vouloir me vanter gamin, j'pense que ma carrure et mon côté mécanique jouent beaucoup sur ma grande résistance, sinon, j'ne serais sûrement plus là. J'avais foutrement mal, fallait le reconnaitre. Pourtant, j'tenais bon. J'étais pas concentré depuis le début ou j'n'étais pas en forme. Y'avait un truc, quoi. Ouais, ça devait être sûrement ça... Trêve de rêvasserie, les gus de l'entrepont se ramenaient pour me tabasser. Y'avait une p'tite trentaine à vue d'nez, voir plus. Pour un vaisseau comme celui-ci, ça en faisait du monde. Chacun m'avait évalué du regard. Soudain, un des gigottos se rua sur moi en criant.
▬ Ne le laissez pas s'échapper!
J'étais bien dans la merde, là. Je n'avais aucune échappatoire, mais j'avais une chose en moi. L'instinct d'survie. Ce n'était pas la première situation difficile que j'éprouvais. Visiblement entouré de canonniers, je n'avais pas d'autres choix que d'me protéger et d'agir. J'donnais alors un coup au premier venu avec le Sombracier et dans la seconde suivante je choppais un autre avec ma main gauche. J'éjectais au mieux que j'pouvais ma prise après avoir fait un tour, histoire de lui faire prendre d'la vitesse et de baffer ses potes au passage. L'homme volait alors au travers d'la grande salle. Ça n'pouvait qu'énerver ses camardes encore plus. Ils étaient tous en rages et redoublaient d'effort. Les criminels se précipitaient avec de tout et de n'importe quoi. Une droite ici, une autre là, une frappe du pied pour pousser un homme sur ses potes. Rien d'plus classique, en fait. Tout ce p'tit monde avait le droit à sa part. Allez-y, y'en avait pour tous les goûts. Suffisait juste de demander. Toutefois, quelques imbéciles parvenaient à m'asséner des coups, mais c'était rien d'bien grave. En fait, je perdais juste du temps avec tous ces glandus. Et ça m'exaspérait. Soudain, un mec tira avec son fusil. Par pur réflexe, je bondis illico dans une zone libre, mais un couillon se jeta sur moi pour me pousser. On traversa alors instamment tous les deux une palissade en bois. Des copains à lui nous attendaient de l'autre côté...
▬ Bordel, mais laissez-moi tranquille!
Les salauds! Ils m'avaient tendu un piège ou quoi?! L'odeur de poudre m'indiquait que j'étais dans la Sainte-Barde. Tu sais, le genre d'endroit hy-per dangereux où si le moindre étincelle surgisse dans la salle, tu peux dire tchao à ta vie. Une pièce super cool, en somme. C'était mon salut! J'me relevais rapidement, guidé par l'espoir de survivre. Subitement, un type me frappa au torse, un autre au dos. Si je n'faisais rien maintenant, j'allais crever comme un chien. J'avais de plus en plus de mal à encaisser et mes blessures devenaient de plus en plus présents. Fallait partir tout d'suite et en vitesse! Et en beauté aussi. Tu as déjà vu des pirates au barbecue, mon gars? Maintenant, oui.
Avec ma savoir-faire, le Sombracier possèdait un lance-flamme d'assez longue portée. Et ouais petit, ça en jette, non? J'allais pouvoir les calmer comme ça. Car aussitôt, mon souffle de flammes intenses activés, j'étais capable d'incendier rapidement les éléments inflammables au point d'les faire fondres. Le feu jaillissait de mon arme, en plein dans d'la poudre et...
...Et moi j'me cassais prestement avant de devenir un flambeau...
Alors tu te demandes bien où ce que je pouvais être au moment de l'explosion, hein? J'avais juste foncé droit devant moi. J'percutais quelques clampins au passage. Un con s'était agrippé à moi dans mon dos dans l'espoir de rester vivant. Arrivé près des sabords, j'traversais la paroi du navire d'un coup d'épaule. J'sortais donc d'un des bords du bâtiment et par chance, j'étais du côté du port. En bas, il n'y avait plus qu'le capitaine, le géant et une poignée d'pirates. J'm’étalais pathétiquement sur le dock, car j'étais soufflé par la puissance de la détonnation. La déflagration était tellement colossale que cela déstabilisa les derniers pirates, complètement surpris par ce spéctacle. Merci qui? Oui, on dit merci Baal. Déconnes pas, gamin. Si ce n'était pas grâce à moi tout ça, ce serait de qui alors, hein? Eh, attention, j'te vois venir, tu vas me sortir tout d'suite que la Marine est un, que c'était grâce à tout le monde que ces forbans avaient été maîtrisés. Laisse béton, mec. Mon retour à l'extérieur pouvait remarquer les esprits dans tout le port. J'étais fière de mon coup. Être le seul homme sortir vivant d'un bateau qui allait pêter, ce n'était pas rien. À l'atterrissage, celui qui était sur moi manqua de peu l'écrasement. J'roulais au sol pour amortir la chute. J'tentais d'me relever, mais j'étais à bout d'souffle. J'voulais continuer à m'battre, mais je retombais à terre, complètement fatigué. Mon corps me lâchais. Putain...
Tu vois gamin, si j'ai pas ce potentiel en moi, j'aurai été mort dans c'bateau. J'me suis donné à fond, faut toujours être au max, tu suis? C'est c'que demande la Marine, rien d'plus. Alors si t'as pas assez d'couilles pour participer à c'genre d'bataille, n'y penses même pas.
Le reste d'la bande terminait leur job. Le capitaine, ainsi que son géant et quelques gus étaient en prison, maintenant. Les docks étaient nettoyés, les maisons réparées, les cadavres à la morgue... Hop, on tournait la page. On passait à autre chose.
D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'acier