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Reverse Mountain ! Où ça ? Euh... Droit devant !

Est-ce que c'était vrai ? Est-ce que derrière ce mur, l'aventure et la fortune m'attendent ? Ou au moins un horizon à découvrir? Est-ce que l'espoir arriverait à me faire monter jusqu'en haut ? Est-ce que j'allais quitter West Blue ?

Désir irréalisable, n'est-ce pas ? Et pourquoi ça ? Cette mer ne m'amuse plus. Ou plutôt, j'ai eu assez de mon année de convalescence pour rester là. Toujours impulsive ? Bien sûr que oui. Et avide. Très impatiente de s'y rendre. « Là-bas ». Oui, mais où ? J'ai entendu parler de Grand Line et de ces hommes qui y naviguent. J'ai entendu les murmures qui traînent. Pirates, marines, chasseurs de têtes... Ils sont nombreux. Ils sont forts. Tout ce que je cherche.

Serais-je tombée sur la « mer du pauvre » en arrivant à West Blue 12 ans plus tôt ? Peut-être aurais-je mieux fait de rester sur North Blue. Il ne sert à rien de ressasser le passé. Ce qui est fait ne peut être modifié. Je ne peux aller que de l'avant. Toujours plus loin. M'imposer sur Grand Line ? Tss... Je suis peut-être fière, entêtée et anti-machos, je me rends bien compte de la barre qui est placée. Peu de chances que j'arrive à la cheville des grands qui parcourent déjà cette mer intrépide. Il y a certainement des bestioles bien plus pires que le scorpion géant d'Hinu Town.


    -Eh, v'm'avez écouté ou pas ? Je n'vais pas plus loin. Hors d'question que j'aille tenter l'diable ! Reverse Mountain... Pas pour rien qu'on trouve des restes de galions fracassés dans l'coin...


Je gardais le silence, fixant simplement le pêcheur qui avait bien voulu m'emmener jusqu'ici. Le convaincre n'avait pas été une mince affaire. J'avais essuyé plusieurs refus, sans me démonter. Des gros poissons m'attendaient de l'autre côté, et je comptais bien renflouer mes caisses... Ou plutôt, régler mes dettes toutes récentes... Bref, j'avais fini par trouver un « passeur » et me voilà devant le continent rouge, après plusieurs jours de voyage.

Le courant agitait le bateau. Les vagues frappaient la coque mouillant parfois nos têtes de leur écume blanche. Le ciel était d'un gris maussade mais rien ne présageait une soudaine averse. Temps gris, temps pourri comme on dit.


    -J'avais bien compris que vous ne vouliez pas passer par là ! Je ne suis pas encore sourde... Mais où est-ce que vous voulez me déposer ? En pleine mer peut-être ?

    -P'têt ben qu'oui


J'ai haussé un sourcil étonné, croyant qu'il plaisantait. Mais son air exaspéré disait tout le contraire et j'essayais de « rétablir la situation ». Je n'étais pas totalement enchantée par un bain salé sans aucune île à des kilomètres à la ronde.


    -On peut toujours trouver une solution... Pas la peine de prendre directement les grands moy-


Je m'étais tue en remarquant l'ombre qui nous avait recouvert. Un nuage ? Le ciel était gris, recouvert par cette couche de nuages, ne laissant passer aucun rayon chaleureux du soleil. J'ai levé la tête et je n'en ai pas cru mes yeux. Un... Machin ovale qui vole ? Il s'agit de ma définition personnelle la plus simple pour décrire ce truc. Déjà, ça ne ressemble pas à un oiseau. Mais, dans ce cas, comment peut-il flotter dans le ciel comme ça ? Ce n'est pas le genre d'engin que l'on croise au pays de Wa.

Je n'ai pu que murmurer :


    -Bon sang... Mais qu'est-ce que ça peut bien être ?


    -Si j'me trompe pas, y s'agit d'un dirigeable

    -Un dirigeable ?

    -Ben ouais. Un moyen de transport quoi. Ça s'déplace partout, ça passe n'importe où. Z'en aviez jamais vus ?


Je fixais l'engin sans être trop convaincue. Voyager sur toutes les mers sans problème ? Pardon de paraître sceptique ou pessimiste, mais je peine à le croire. Je ne pense pas qu'il puisse vraiment survoler Reverse Mountain pour arriver jusqu'à Grand Line... Un temps d'arrêt. J'ai esquissé un sourire avant de demander au pêcheur :


    -Il va se poser là ?


Il a froncé ses sourcils, plissé les yeux pour mieux voir, puis répondu avec son accent :


    -P'têt ben. Pourquoi ? Vous v'lez le prendre pour aller dans un endroit précis ?


Un temps à nouveau. J'ai repris d'une voix étrange :


    -Suivez-le. C'est la dernière chose que je vous demanderais.


La coque du navire grinçait tandis que le pêcheur intimait un changement de cap grâce au gouvernail. Et je ne pouvais pas m'empêcher de regarder ce dirigeable. C'était grand, massif, un peu lent. C'était le seul moyen que j'avais pour me rendre de « l'autre côté ».

***

Nous n'avions pas échangé un seul mot. Il m'avait juste déposée sur cette plateforme, en plein milieu de la mer. Puis, il était reparti, ne me posant pas plus de questions. Le ballon ovale volant s'était arrêté et les voyageurs étaient sortis, prenant leurs bagages et partant aussi vite pour prendre un autre ticket afin d'embarquer sur un navire qui les mènerait autre part qu'ici. « Ici » était nulle part. Un petit point dans l'immense flotte qui nous entoure. Un petit pois parmi tant d'autres. Et une pancarte où il est inscrit « Translinéenne » sous mes yeux. Une compagnie de transports peut-être ?

Un sabre sur l'épaule, je me suis approchée d'une petite cabine qui devait être la billetterie. Le vendeur avait un air morne, très probablement ennuyé par ce qu'il faisait. Personnellement, je le comprenais. Vendre des billets toute la journée à des gens qui ne lui adressent parfois pas un seul regard... Pas très folichon comme emploi.


    -Excusez-moi... Où va ce dirigeable ?


Il a relevé sur moi des yeux fatigués et m'a répondu d'une voix peu enjouée :


    -Sur Grand Line, quelle question ! Vous êtes intéressée par une destination en particulier ? Le Cap des Jumeaux ? Drum ? Innocent Island ?


Perdue dans le flot d'informations. Je n'avais entendu parler d'aucun des trois. Toujours aussi mal organisée en ce qui concerne le rassemblement d'informations, comme vous pouvez le voir... J'aurais mieux fait de rester sur Hinu Town pour réfléchir encore un peu, tiens ! Je ne pouvais plus aller en arrière. Le mur était là, devant moi, infranchissable et massif. Il y avait sûrement d'autres îles. La navigation, ce n'est pas non plus ma tasse de thé. J'ai hésité un petit moment jusqu'à ce que le vendeur s'impatiente :


    -Le dirigeable va partir sans vous et vous devrez attendre le prochain qui arrive demain à midi. Un billet à 300.000 Berrys pour où ?


Faut pas pousser mémé dans les orties ! Cet homme était vraiment désagréable quand il s'y mettait. Je lui lançais simplement un regard noir sans rien dire, tout en continuant de réfléchir. Le principal, c'est que j'avais les moyens. Il ne me restait qu'à choisir une destination. Choisir au pif ?


    -Hé bien... Le Cap des Jumeaux ?


Et hop. Ni une, ni deux, le ticket arraché du rouleau posé sur le bureau et tamponné directement. Pam ! Un coup sec qui montre que l'homme a le coup de main depuis de longues années.

Il me tend une main vide. Et mon billet ? Ah oui... L'argent d'abord si je comprends bien... L'habitude de ne pas payer mes verres au bar revenait. J'allais devoir corriger ça. Les ristournes seront certainement des denrées rares que je ne verrais jamais apparaître, au grand damne de ma bourse déjà bien maigre. Je payais ma place et après avoir récupéré le ticket, je me dirigeais vers le petit ponton d'embarquement tout en soupirant. Et voilà. Ma bourse était encore plus vide que d'habitude...

J'étais tellement absorbée par mes pensées que je rentrais dans un grand type. J'ai marmonné un bref pardon, lui ai jeté un regard rapide. Je me suis arrêtée, l'ai fixé encore une fois avant de me rendre compte de ma bourde. Il s'agissait de monsieur le contrôleur.


Dernière édition par Honaka Suzuke le Mar 10 Déc 2013 - 19:42, édité 4 fois
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Lever la tête. C'est grand. C'est imposant. C'est le contrôleur. Et c'est roux ! Ça a l'air peu commode. Ça a l'air grognon. Je n'aurais pas pu tomber mieux. Des poings gros comme des masses, les sourcils froncés et les deux joues mangées par une barbe écarlate. Ridicule. Pour quelle raison ? Parce qu'il porte un costume beaucoup trop petit pour lui, voilà pourquoi.


    -Grumph


Grumph ? J'ai l'impression de m'entendre... En plus masculin. Et en moins... En moins « flamboyant ». Sa tignasse bouclée et rousse comme un renard se repère à des kilomètres à la ronde. C'est un phare qui ne se déplacerait pas si discrètement au pays de Wa. Vous imaginez un samouraï avec des cheveux comme ça ?... Niveau crédibilité, ça le fait tout de suite moins, n'est-ce pas ? Je ne suis pas raciste avec les poils de carotte. C'est un signe particulier qui m'a toujours intriguée, de part sa rareté, mais aussi du fait qu'ils ont toujours l'air d'être malheureux... Comme moi... Je ferme les yeux, me pince l'arête du nez. Moi et mes réflexions... Le venin du scorpion géant avait peut-être un autre effet que la paralysie... Ou alors, j'avais pété un plomb à force de rester clouée au lit. Un an. Trois-cent et quelques jours. Pas mal d'heures. Et encore plus de secondes.

J'ai mon billet à la main. Silence. Un bref regard du contrôleur. Il prend délicatement le papier avec ses gros doigts. Un second coup d'œil vers moi. Plus si rapide que le premier. Et un troisième. Je ne dis rien. Je le regarde tout simplement. Pas de bruits. Pas de bruits depuis trop longtemps. Je le sens. Je le sais. Il se doute de quelque chose. Douter de quoi ? Une bretteuse honnête  comme moi... Je ne devrais pas avoir de problèmes pour embarquer. J'ai le ticket. J'ai payé. Clic clic. Clic clic ? Drôle de bruit. Je ne sais pas d'où ça venait non plus. J'ai décidé de ne pas me retourner et d'ignorer ça. Clic clic. Quel objet fait ce bruit ? Un stylo ? Non. Pas assez métallique. Une sorte... De mécanisme ? Déjà plus probable. Un pistolet ? Hum... Pas possible. Quoique... J'observe la plateforme. Personne. Le vide et le silence complet. Rassurée ? Non, pas du tout. Cet endroit a le charme et l'ambiance d'un livre policier dans lequel la jolie jeune femme sans histoires va se faire assassiner...

Un frisson. Cette drôle de sensation qui vous parcoure de la tête aux pieds. Cette drôle de sensation que les malades ont lorsque la fièvre monte. Cette drôle de sensation, quand on se rend compte que l'endroit n'est plus si accueillant. Un rouquin en costard, baraqué comme dix bûcherons, muet comme une carpe, un air de pas gentil tout grognon qui me regarde. C'est pas rassurant. Qui serait tranquille à ma place ? Je ne sais pas. Une année de convalescence, ça vous met les nerfs en pelote, ça vous rend nerveux, bref, vos réflexes sont rouillés et vous voyez le danger partout...

Clic clic

Le bruit retentit à nouveau. Ma main glisse doucement vers mon sabre. J'ai le bras entier démangé par l'angoisse. D'où vient ce bruit ? Qui s'amuse à me faire attendre aussi longtemps ? J'aimerais bien savoir. Et...

Clic clic


    -Grumph...


Poil de carotte s'écarte du passage. Et oui, il ne s'exprime que par des grognements... Je fixe sa tignasse, puis je descends jusqu'à sa grosse main où l'objet retentit à nouveau de ce son métallique.Clic clic. Trop de stress pour peu de choses à la fin. Un petit trou rond dans mon ticket. Et une foutue poinçonneuse qui m'a foutu les jetons. Est-ce que quelqu'un aurait remarqué mon trouble ? Ce serait le déshonneur complet. Un manieur de sabres, avoir peur d'une poinçonneuse ? J'essaie de reprendre contenance. Je me calme. Et j'embarque enfin, le cœur battant.

Il n'y a plus de retour possible. Et devant moi, s'étend l'aventure et l'inconnu. Un seul faux pas, une seule erreur et Grand Line sera sans pitié. Je serais forte. Il le faudra bien, si je veux survivre et prouver à ceux qui pensent que les femmes feraient mieux de rester à leurs fourneaux, que nous ne sommes pas faibles. C'est une promesse silencieuse, une promesse qui ne se remarque pas, une promesse qui ne sera peut-être pas être réalisée. Et c'est pour ça que je veux aller de l'avant, repousser encore plus les limites, rehausser le niveau. J'avais échappé de peu à la mort. J'étais en vie. Je respirais comme tout le monde. J'avais une tête, deux bras, deux jambes ; comme tout le monde. Et j'avais pourtant un autre regard. Plus sage ? Je ne crois pas. Je reste toujours la même. Je n'apprécie pas tellement les machos et les hommes en général. Mais un ange blond et vraiment stupide m'a appris autre chose. Qu'ils n'étaient pas tous pareils, et que c'était cela qui rendait une personne unique. Une sonnerie retentit au-dehors. La cabine est de taille moyenne, quelques voyageurs lisent ou discutent tranquillement sur leurs banquettes.


    « Départ de la plateforme de Reverse Mountain... Nous vous souhaitons un agréable voyage...


***

Tout est petit en bas. Tout est miniscule. Tout rétrécit. On se sent immense. On se sent puissant. Alors, c'est ça voler ? C'est un peu lent. Mais c'est mieux que rien. Un hublot donnait sur du bleu. Un beau bleu céleste, profond, moucheté du blanc de l'écume. La mer était en-dessous. Si ça pétait, gare à la chute. Les corps seraient brisés sous l'impact et la mort nous emporterait tous d'un seul coup. Mes vieilles habitudes de voir en noir revenaient. C'était surtout la perspective d'un nouveau voyage qui me lassait. Où était-ce, au juste, le Cap des Jumeaux ? Loin ? Était-ce un endroit perdu, mal famé ou au contraire, grouillant de monde ? La fuite du pays de Wa... De biens mauvais souvenirs. La douleur, la faim creusant mon ventre quand j'étais au fond du trou et le froid de l'eau glacée des tempêtes, venant secouer mon corps frêle. Le temps n'efface pas certaines choses. Mille-neuf-cent-treize... Une année que je n'oublierais pas. Elle avait été inscrite dans ma chair, grâce aux coups de marteau que m'infligeaient ces temps d'errance.


    -Reste là choupinette !


Dernière édition par Honaka Suzuke le Mar 12 Nov 2013 - 19:43, édité 3 fois
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Une voix cassée par l'âge me tire de mes pensées. C'est une vieille dame qui est assise en face de moi. Quatre places au total et deux voisins. La grand-mère typique, avec le manteau rose, le petit sac en cuir violet, le petit chapeau pour ne pas attraper froid et les gants en velours. Elle a un visage bienveillant, des cheveux tous grisonnants, marqués par les printemps qu'elle a vus passer. Un superbe chat angora sur ses genoux, tout blanc, très poilu aussi, avec un air stupide sur les moustaches et un ronronnement digne d’une locomotive dans la gorge.

L'autre compagnon de voyage, c'est un homme. Un gars bien bâti comme on en voit partout sur la terre. Il roule des muscles, il trime sûrement dur dans sa vie. Quelle vie ? Quel boulot ? Bof. Qu’est-ce que ça m’apporterait de plus ? Pas grand-chose. Lui, il a le visage noir de suie et crasseux. Qu'est-ce qu'il peut bien faire pour se retrouver dans cet état ? Et où est-ce qu'il va ? Autant de questions que l'on se pose mais que l'on ne déclare pas à haute voix durant le voyage. Pourquoi ? On sait que ce sont des visages que l'on ne verra qu'une fois. P'têt aussi qu'on n'a pas envie de se dévoiler. Du coup, on fait la tronche dans les transports. Pourtant, eux, ils ont l'air de sacrés numéros. Mamie Gâteau roucoule des mots d'amours à sa minette, tandis que le grand gars s'apprête à sortir une clope. Il semble grimacer. Un soupir.

    -Z'allez faire quoi sur Grand Line mad’moiselle ? C'pas un coin pour les personnes fragiles...


Cette phrase m'est vraisemblablement destinée. A moins que «fragile» ne soit pour la grand-mère… Il vaut mieux pour lui en tout cas.

-Vous êtes bien gentil jeune homme, mais je ne vais pas très loin. Je rends visite à ma fille, que je n'ai pas vue depuis trois mois ! Et puis, j'ai déjà effectué le voyage plusieurs fois...

J'écoute d'une oreille. Peut-être parce que je ne me sens pas concernée. Ou plutôt, que je ne le suis pas. Y’a le ciel par le hublot. Ce ciel qui est bleu. Bleu parce qu’on ne sait pas pourquoi. Bleu parce que c’est comme ça. Tout le monde vit sa vie, tranquillement. Et moi, je suis là, je ne sais plus très bien pourquoi. C’est cette léthargie d’une année qui m’a ramolli la cervelle. C’est ce demi-sommeil qui m’a complètement déboussolée. Oh ! Elle est où, cette énergie, cette force de caractère, cette impulsivité qui me caractérisait ? On sait pas. On sait plus. C’est ce que répondent ma conscience et mon subconscient en cœur.

C’est quoi, ce serpent qui se tortille dans ma poitrine ? Démotivée ? Nan. J’ai toujours envie d’aller de l’autre côté du mur. Ces grands obstacles qui me barrent la route sur le chemin de la vie, je les évite, même si j’ai plus souvent envie de les abattre. Écrouler ces grands châteaux de cartes. Repousser ces grandes lignes lignes de dominos. Et dire merde à ceux qui n'ont toujours pas compris. Comprendre. Comprendre quoi au juste ? Tout et rien. La vie, le monde, l'univers, ce qu'ils font là, ce que je fais ici. Que la vie, au fond, c'est peut-être un immense numéro de cirque, qui fait bien rire ceux qui sont tranquilles. Peut-être. Je suppose. Une hypotèse, vous voyez le truc ? Ça fait étrange de l'entendre dans la bouche d'une femme colérique et désagréable pour un rien ? Persuadée qu'elle a tout le temps raison ? Je n'ai jamais tort. Mais je doute, pour la première fois et je remets tout en question.

Vous n'avez toujours pas compris, vous non plus ? Je m'enferme. Je me protège. Je me défends. De la douleur. Pas n'importe laquelle. La morsure de la solitude. C'est le grand fantôme aux mains vides qui t'arrache tout ce que tu as.

Mais, en étant comme ça, est-ce que je ne suis pas plus seule que je ne l'étais déjà ? À la fin, je ne suis plus qu'une pauvre ombre, qui passe inaperçue et ne s'attache à personne, ni rien. Et rien, ni personne ne vient s'attacher à moi. Vice-versa.

Un clignement d'œil. Juste un. Les yeux qui brûlent et la gorge qui se noue. L'envie de se cogner la tête contre un mur, de tout changer, les lois du monde, de se changer soi-même, sa tronche, sa façon d'être. De partir loin au final, loin, très très loin dans le lointain, encore plus loin que celui qui s'est éloigné le premier.

Aller courir dans la forêt, une grande forêt, vieille et verte, où il n'y aura personne et où j'irais hurler ma colère, ma peine et ma tristesse. Mettre toutes ces sales bêtes dans un sac et les jeter dans la rivière, ce courant d'eau si clair, si pur, qu'il lavera tes fautes, tes peurs et tes regrets. Repartir de zéro.

    -Et vous ? Où est-ce que vous allez ?


Des questions. Que des questions. On m'en avait posées, des interrogations, dans le port du pays de Wa. Une gamine blessée, à l'air sombre et bien trop silencieuse, ça attire trop l'attention. C'est tellement plus simple de se cacher dans la foule, hein ? Tellement plus agréable quand les regards glissent sur vous, et repartent pour juger une autre personne. On est soulagé d'être normal. Mais est-ce que c'est vraiment toi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.

    -Au Cap des Jumeaux.


Pourquoi ? Ah, ça aussi, je l'ignore. C'est bien le principe du hasard. Et soit on a du bol, soit on n'en a pas.

    -C'est qu'c'est plutôt désert ! Et z'allez y faire quoi ? Un séjour en ermite ?


Solitaire et mélancolique, ha ! Heureuse d'être triste ou simplement déprimée ? Je sais qu'il y a une raison au fait que je pense à tout ça. À toutes ces blessures, que je pensais avoir soignées, mais qui sont sanguinolantes. Et ce nectar clair coule... Goutte... Une perle après l'autre... Rien n'est taché pourtant. La banquette de satin bleu est toujours aussi délavée, le plancher brillant et mes vêtements ne sont pas allourdis par le poids du liquide chaud et épais de la vie.

C'est mon âme qui souffre le martyr, parce que j'ai retrouvé les clés. Et j'ouvre les verrous de mes secrets et de mes souffrances. Clic, clac. Ça y est, c'est dit.

    -C’est ça. Une semaine en ermite. Seule, dans un coin du monde.


Et tout ça avec un drôle de sourire sur les lèvres.
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Rage au cœur et peine dans la poche.On avance en traînant ses chaînes, en tentant tant bien que mal, d’attraper ses rêves. Moi, je ne sais plus. En un an, douze mois, trois cent cinquante-cinq jours, beaucoup d’heures, autant de minutes et encore plus de secondes, j’ai oublié. Le temps nous joue bien des tours. Selon le sens dans lequel on l’utilise, soit il passe trop vite, soit il est mauvais. Dans le premier cas, il a fait défaut à ma mémoire et à mes certitudes. Qu’est-ce que je veux vraiment dans le fond ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai oublié. Ah, foutue mémoire. On devrait aller boire un verre, histoire de remettre les boyaux dans le bon ordre et de pouvoir se retrouver soi-même. Moi. Qui suis-je moi ? Faudrait que je sache qui je suis pour me retrouver, me souvenir. Comment on fait, quand on ne sait plus, à cause de scorpions géants et d'une dette accablante qui rend le fardeau encore plus lourd ?

C'est amusant, je me tais pour une fois. Pas de jérémiades, pas de cris indignés et surtout, pas de gueulantes comme je peux en tirer quand je suis en colère.

Silence. Et qui ne dit mot consent pourtant. Ah, je consens, je consens à tout ce qu'ils disent sur moi. Je sais que c'est faux, je sais qu'ils ont tort. Je serre les poings, me mords les lèvres. Non, pas de gémissements non plus. La douleur ne me fait presque plus rien. Et je me dois de rester digne, quoi qu'il arrive. Alors oui, j'admets, j'ai mal, mais il n'y a que vous qui le saurez. Les autres, ils ne seront pas dans le secret. Fidèle à moi-même, je me donne des apparences. Je reste la même dans le fond. Même physique, même caractère de cochon, caractère merdique ai-je entendu une fois.

Et pourtant...

Qu'est-ce qui a changé ?

Qu'est-ce qui est remis en question ?

Et surtout, qui, oui, qui est l'imbécile qui me pose tant de doutes ?

Moi. Ça paraît stupide hein ? Je ne me retrouve plus. Je ne me reconnais plus. Et c'est effrayant. Il y a un monstre. Un monstre qu'on nomme l'Homme, oui, avec un grand h, car je parle de l'être humain en général. L'Homme. Raisonné, mais bestial en même temps. Et quand cette violence refait surface, je commence à avoir peur... Parce que je me rends compte à quel point ; déchaîner haine, colère et rancœur ; ne m'a apporté rien d'autre qu'un terrible ressentiment.

La raison. Où est Madame la raison ? Avec sa robe blanche et bleue. J’aimerais bien qu’elle me réponde parfois, quand je commence à m’essouffler, à force de soulever la voûte du ciel.

Hé ! Quand est-ce que je peux me reposer ? Bientôt ? D'accord, bientôt, dans pas longtemps, encore une seconde, s'il te plaît...

Et la seconde est passée. Une seconde qui a duré un an, le temps de m'endormir, puis de me réveiller. Une seconde. Un an. Pour tout recommencer, dérouiller la machine, faire la poussière et démarrer le moteur de l'Homme : la pensée.

Je suis juge de moi-même, ne pouvant ni être certaine de la véracité du fondement de mes pensées et de mes convictions, ni de la raison de mes doutes et culpabilités. Je dois faire la part des choses, trier au mieux afin d'en retirer une certaine richesse. Seule maîtresse de mes actes. Il fait si noir pourtant. Si sombre. Tout est si inquiétant. Est-ce que je dois continuer comme ça ? À prendre presque tous les hommes que je croise pour des lopettes o cervelles et méprisants ? À vouloir prouver que je suis la meilleure ? Y'a tout qui brûle, qui part en fumée, qui s'éparpille, qui part en vrille. C'est l'épreuve qui me semble insurmontable ?

Non.

Je ne suis pas capable d'accepter le fait que j'ai peur de moi-même et de mon ombre.

Mais, juré.

Je vais prendre tous les.morceaux du puzzle et les reconstituer. Je vais réfléchir à ce que je veux faire de cette vie qu'on m'a donnée, ainsi qu'à cette histoire, que je souhaite dérouler en entier.

J'arriverais de l'autre côté, grandie, réfléchie et portant un regard neuf sur les autres, comme sur moi-même.

Est-ce que j'ai fait plus de mal que je ne pensais en faire en me refermant comme ça ? Possible. Et maintenant ? J'aimerais faire autre chose. Peut-être. Ça reste à voir. Il y a encore trop d'incertitudes. Un jour, je donnerais ma clé, ma confiance, ma vie. Pas tout de suite. Je laisse le temps filer. Oui, un jour, je n'aurais plus de questions pour ce monde qui ne tourne pas rond.


    -Z'êtes souvent dans vos pensées comme ça ?

    -Qu'est-ce ça peut bien vous faire ? Vous pensez vraiment qu'on va se revoir un jour ou l'autre ? Ah ! Ça m'étonnerait, tiens...

    -Pas grand chose en effet... Z'avez juste l'air très soucieuse d'puis un bout d'temps. Et puis...


Je relève mes pupilles vers lui, le cheminot, qui est là depuis le début du voyage. Combien de questions ai-je dû laissées en suspens ?... Beaucoup. On cogite, on active sa cervelle et on en oublie monde extérieure. "Allez, crache-là ta pastille, qu'on en finisse au plus vite !". C''est ce que je dirais en temps normal. Mais j'ai la tête tellement parasitée par tout ça, que je ne sais plus trop qui dire, quoi faire en restant moi-même. Qu'est-ce que je peux lui répondre, il doit bien s'en ficher de mes soucis ! Alors pourquoi poser la question quand on sait que l'on ne se reverra pas ?

J'ai pas vraiment de réponses toutes faites. Et puis, y'a toujours ce drôle de sentiment. Joie et tristesse en même temps. Les yeux qui pétillent et qui s'éteignent, un sourire qui s'étire sur un visage plein de chagrin. Ah, c'est quoi, tout ça ? Le résultat du fil interrompu de mes débats intérieurs ?

Les mots résonnent, se soulèvent, apportent une réponse. L'orage passe, gronde et se tait de la manière, apportant les mêmes choses que la vérité.


    -...On est arrivés au plus haut point d'Reverse Moutain, et maint'nant, la descente va être entamée !


Le plus haut point de la tempête, puis le calme qui revient Notre âme est troublée, les doutes surviennent, enfin, tout se tait. C'est la tranquillité. Passagère, mais présente quand il le faut. C'est ça, une montagne, un gros caillou,qu'on escalade et qu'on surmonte avec vaillance. On s'écorche les paumes, on rate une prise, on glisse, mais on ne lâchera pas les nuages qu'il y a tout en haut. C'est parti ? Oui. On va y aller. On tiendra la barre, autant de temps que l'on pourra tenir, puis on cassera sa pipe quand il faudra. jamais trop tard, ni trop tôt.
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Comment décrire ce que l'on ressent ?

Une explosion de joie, une clameur sourde qui se faufile dans la foule, comme l'annonce d'une nouvelle qui arrive.

Une peur aussi. Une angoisse sourde du futur, grand inconnu qui n'a rien à m'offrir. Serais-je déçue quand je verrais l'autre côté ? N'aurait-il pas valu mieux rester sur West Blue pour éviter les regrets ?

C'est un peu tard pour se le dire. Mais maintenant c'est fait. Plus de retour en arrière possible, plus le temps d'avoir des regrets. Il y a l'avenir qui s'étend devant moi. C'est un soulagement de se dire que le reste est derrière. Le pays de Wa, ma sœur, mes péripéties à North Blue, Las Camp, le vieux maître qui m'a trouvée là, puis mon départ, Hinu Town et un ange. Maintenant, la mer qui se trouve de l'autre côté de la montagne, elle m'ouvre un autre horizon, différent de tout ça.

Vu d'en bas, le mur avait l'air immense. Maintenant, vu d'en haut, ça a l'air plus petit. Même si dans l'idée générale, Reverse Mountain reste un sacré morceau de roche. D'ici, on aperçoit le pic, balayé par l'eau... Qui semble venir d'en bas ?

La navigation et moi. Ça a toujours fait deux. Vaguement intéressée par ces notions quand je suis partie de Las Camp, et c'est pas l'incident d'il y a un an qui changera quelque chose.

Si je n'ai pas de sens d'orientation. Et bien, je n'en ai pas. Qu'est-ce que voulez que je
fasse d'autre ? Pas très instruite sur le monde et ses légendes, comme son fonctionnement.

Quelqu'un a dit que les voyages formaient et donnaient des leçons aux hommes. Peut-être que ça m'aidera à m'ouvrir l'esprit, tiens.

La nature est incroyable. Tous ces litres d'eau... Qui grimpent une montagne d'une traite. Je crois bien qu'il va falloir qu'on m'explique comment ce prodige est possible. Mais Reverse Mountain est impressionante  aussi, par le fait que ce passage symbolise quelque chose de véritablement important pour moi : une sorte de nouveau départ vers l'inconnu. Et en plus, il y a une belle vue. Pas vraiment de quoi se plaindre.

    -AH !


Hm. Explication du cri catastrophé : une certaine Choupinette n'est plus sur les genoux de sa maîtresse.
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    -Qu’est-ce qui se passe ?

    -J’crois bien qu’le minet s’est fait la malle…


Choupinette a disparu. Il faut bien un incident de voyage, n'est-ce pas ? Un chat qui s'évapore, ça me convient tout à fait. Bon, la grand-mère est tombée dans les pommes quand elle s’en est aperçue. Le félin devrait pas tarder à réapparaître. Ces bêtes-là trouvent le moyen de se cacher dans des endroits improbables. Ils ont le don de se prendre pour des magiciens. Hop, je suis là, hop, je suis plus là ! À se demander combien de vieilles dames ont fait un malaise à cause de ces mauvais tours.

    -Elle d’vrait s’en remettre… Un chat qui disparaît, c'pas comme tous les évènements d’ces derniers temps...

    -Quel genre d'évènements ?


Faut dire que les dernières nouvelles ont pas vraiment étés ma préoccupation principale. Mais la mine grincheuse du cheminot est pas faite pour rassurer. Visage bien sombre, pas dû qu'à la crasse en plus. Les pirates ? Plus que probable. Toujours à chercher les embrouilles. Pourtant, j'ai l'impression qu'en un an, j'ai raté plus de trucs que ça. Pas banals même. Qu'est-ce qui a bien pu faire trembler le monde, la terre et le ciel, nuages et imposantes montagnes compris ?

Alors on me raconte.

***

Sans les détails. Mais ce ne sont que de brèves phrases d'une histoire bien plus longue et sombre que ce que j'imaginais.

Et quand on arrive au terme du conte ? Je râle.

    -Le joyeux bordel que ça dû être... Bien contente d'être restée dans les vappes tout ce temps, tiens !


Une évasion à Impel Down, la trahison d'un grand officier de la Marine et d'un agent du Cipher Pole... C'est pas du joli joli. Du pas très beau même. Et à côté de ça, toujours plus de pirates. Est-ce que j'ai bien fait de me réveiller en des temps aussi agités ? J'ai l'impression de venir d'une autre époque, de débarquer d'un coup dans ce guêpier. Il m'a suffit de fermer les yeux deux secondes. Le temps m'a joué bien des tours, sacré farceur. Deux secondes qui ont duré un an. Comme une gueule de bois qui est mal passée, ou un magicien qui fait sortir le lapin de son chapeau.


Certains diront qu'il est plus simple de s'arrêter sur le bord de la route et d'attendre qu'une ombre passe. Je pourrais faire ça, oui. Patienter tranquillement parce que ce serait moins casse-tête et que le sommeil serait plus léger. Mais ce serait lâche d'abandonner la vie, alors que l'on vient tout juste de se rappeler pourquoi on l'aimait cette chienne qui courre dans une direction, sans aucun but ni sens. Oui, dans le fond, je l'aime bien, cette route qui n'a ni queue ni tête. Elle me donne une liberté précieuse. Un droit que tout le monde oublie. Pouvoir donner un sens à sa vie.

Encore faut-il que j'aie toutes les cartes en main. Je me suis donnée tant d'illusions, tant de poudre jetée aux yeux, que j'ai fini par m’effacer pour laisser place à la bête qui me gouverne. Hurler enfin au monde que j'existe. Je suis là. Je suis forte et je ne me laisserais pas marcher sur les pieds. Vous aurez beau me traîner dans la boue, me faire les coups les plus lâches, je ne ploierais pas. Tiens, par exemple, les scorpions. Dans dix ans, je repasse sur Hinu Town et je pourrais leur dire droit dans les yeux : "Tu vois ? T'étais p'têt le plus fort, mais moi, je suis devant toi. Debout. Sur mes deux jambes. En bonne santé".

Taptaptap. Décidément, rester des heures sur une banquette sans rien faire, ça rouille. Tellement plongée dans mes pensées que je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter quand un gars a débarqué du poste de commande en tenant par la peau du cou, une certaine boule de poils...

    -À QUI EST CE FOUTU MATOU ?!

    -Ah, on a r’trouvé l’félin…

    -CHOUPINETTE !


Le félin est tout tremblant et hérissé par la peur. Sa promenade n’aura pas duré bien longtemps au final. Celui qui semble être le commandant n’a pas l’air très content par contre. La fumée lui sortirait presque du nez, tiens. Sa moustache en brosse partait d’un côté de l’autre tandis qu’il ruminait des paroles inaudibles. J’observais la scène avec ennui. À vrai dire, ce n’était pas mes affaires et je m’en fichais au plus haut point. Le chat n’avait pas à se rendre dans la capitainerie. Ce qui est dommage, c’est que les félins de ce type, sont stupides, et qu’on ne peut les faire changer...


    -Qu’est-ce vous avez fait à Choupinette pour la mettre dans cet état ?!
    -Rien du tout, mais il va falloir payer une amende pour le tsoin-tsoin qu’il a causé !
    -C’est une pauvre créature sensible et fragile ! N’est-ce pas mademoiselle ?


Hein ? De quoi ? Pourquoi on me demande mon avis dans cette histoire ? Deux regards irrités sont dirigés vers moi. Ceux du pilote moustachu et de la grand-mère qui tente de rassurer son minet terrorisé. Du coin de l’oeil, je vois le cheminot qui ne peut s’empêcher de rire discrètement entre ses dents. La tête que je tire doit être particulièrelement magnifique. Un mélange d’incompréhension et de réflexion.

    -Euh…
    -Hé bien ?
    -Qu’est-ce que vous attendez pour lui dire qu’il a tort ?


«...Arrivée au Cap des Jumeaux, quinze minutes d’arrêt…»[/color]

Je n’ai jamais autant aimé cette voix soporifique et dénuée d’émotions qu’à ce moment précis.

[center]***

    -Hm…


Je suis descendue du dirigeable. Le voyage prend fin en quelque sorte.

...

Pas vraiment au fond. J’aurais pu très bien dire au commandant du dirigeable qu’il avait tort. J’aurais pu m’élancer dans un débat enflammé pour défendre le chat traumatisé. J’aurais pu, j’aurais pu… Mais c’est pas dans ma nature. Alors je l’ai pas fait. Mon départ s’est résumé à ça : “Au revoir, bye bye, gérez ça tous seuls, moi, je descends là !”. Et là ? Je suis assise en tailleur, à jouer avec un de mes sabres, la mine sombre et dépitée.


C’est vide.

C’est désert.

Y’a rien. Mais rien de rien. Pas une souris. Juste un caillou rouge… Et des cailloux autour. Pas de bateau. Pas âme qui vive. C’est…

    -... La merde…


Comment je fais pour aller sur Grand Line, hein ?
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