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Kourkz : Piège en eaux claires


Près de deux semaines après les événements d’Impel down,
Quelque part sur Grand Line, 2ème voie.



Serpentant tel un immense dragon d’argent, voilà maintenant plus d’un jour que le convoi marchand avait quitté Helliday Island sous la protection de la marine, pour remonter à contre courant la plus dangereuse mer du monde jusqu’à sa destination : le Royaume d’Alabasta.

Transportant d’innombrables ressources en matières premières, nourriture de luxe, métaux et fournitures divers, les huit navires se suivaient donc en deux longues files, profitant du calme rassurant du nombre mais aussi des trois navires de guerre que la Marine avait daigné leur octroyer pour s’assurer la pérennité de leur commerce. L’escale depuis Marie Joa par Helliday s’était donc passée sans encombre malgré la réputation sulfureuse de l’île et de son exubérante maîtresse ; et jusque là nul pirate n’avait osé s’interposer sur leur route ou encore même les suivre. La loi du plus fort, voilà la seule chose que ces forbans comprenaient.

Voguant à une courte distance du convoi, le « Kourkz » veillait au grain.
Véritable fleuron de la Marine, ce petit destroyer compensait son apparence frêle au prime abord par une réputation d’invincibilité en combat maritime. Nombreux étaient les pirates à fuir l’affrontement contre les terribles chasseurs marins du commandant d’élite Fisherman. Nul navire n’était à l’abri de ses méthodes de combats, nul roi des mers de son redoutable arsenal sous marin. Jonas « Fisherman » veillait au grain et rien ne devait troubler la tranquillité du voyage.



Au cœur du « Kourkz », marins et officiers opèrent donc dans un calme et un silence rigoureux, conscient du devoir à accomplir ; et si jusqu’ici la vigie n’avait signalé aucune menace à l’horizon, cela n’empêchait en rien le quart de service de redoubler de prudence dans ces eaux si dangereuses.


Jonas lui-même battait le pont intérieur du centre de contrôle du destroyer, se faufilant d’un pas lent entre les consoles et les poutrelles dans un confinement et une pénombre que beaucoup auraient trouvé oppressant. Mais pour le vieil homme et son équipage, ni les étroites passerelles, ni les postes d’écoute étriqués ni même la moiteur du confinement ne révélaient de l’inconfort. Ils avaient tant vécu dans cette minuscule pièce, enfermés entre ces quelques planches de bois humides et seulement éclairés par une série de lucioles bleues sous verre. C’était leur foyer, leur lieu de travail… ils s’y sentaient sûrement bien mieux que sur le vaste pont extérieur d’un massif cuirassier ou même sur la terre ferme.

Jonas passa donc entre les divers hommes de service, s’assurant d’un simple regard et d’un hochement de tête que rien de devait arrêter la longue marche de la tranquillité. Il ignora donc le fin filet d’eau de mer qui passait entre deux planches, se glissa jusqu’au contrôle des communication, avant de continuer sa ronde silencieuse en direction de l’épaisse cabine d’escargo-sonar. Dans un silence quasi-religieux, il s’arrêta alors aux côtés du sous-officier en charge, à qui un relais d’escargo-sonar expérimentaux placés sous la coque du Kourkz offraient leurs oreilles et les joies du vacarme sous marin. Le clapotis des vagues sur les douze autres coques, le son lointain du chant des baleines, le frémissement des bancs de poissons environnant… rien n’échappait à la surveillance de ce qui avait fait du Kourkz la pièce maîtresse de la lutte anti-sous-marine. Entendez par là anti-tout ce qui a des écailles et qui se montre un peu trop hostile ou collant.
Sans un mot, Jonas attendit patiemment que son homme décroche ses oreilles des précieux écouteurs et lui fasse son rapport. Puis, tel un murmure, celui-ci lui souffla comme de peur d’éveiller un monstre proche :

-Rien à signaler.

Un hochement de tête approbateur, nulle parole, Jonas s’éloigna. Au sein de son navire, aucun bruit inutile n’était toléré et l’on vénérait le silence comme la meilleur des protections. En mer, un bruit de trop était souvent ce qui faisait la différence entre un équipage rentrant au port et une pile de lettres de condoléance aux veuves.

Le vieux commandant poursuivit sa ronde… c’était la troisième depuis moins d’une heure. Il se surprit ainsi à regarder ses mains s’agiter bien malgré lui, signe supplémentaire que quelque chose n’allait pas. Car depuis leur départ, son instinct de vieux baroudeur ne daignait pas lui accorder le moindre instant de repos, l’assaillant sans cesse de funestes impressions. Ses impressions amplifiant d’heure en heure, il se dit alors qu’il avait bien fait d’insister pour faire lui et son équipage partie du voyage, persuadé que sa présence ici serait tôt ou tard nécessaire. Et bien qu’il priait intérieurement pour ses hommes et les marins du convoi de se tromper, il était pour sa part de plus en plus sûr qu’un danger les guettait. Un grand danger s’il devait en croire les pointes relevées de sa moustache.

Il se dirigea donc vers le périscope sous marin qu’il rabaissa avant de plaquer ses yeux sur l’objectif, commençant ainsi à scruter les fonds marins de son œil expert… Lentement il tournis autour de l’arbre mécanique… mais seules l’obscurité des fonds marins les douze autres coques et leurs sillons d’embrun s’offraient à lui… Bien que peu convaincu, le commandant abandonna donc ce poste pour essayer de chasser ses sombres prédications en s’aérant sur le pont extérieur, avant que sa prudence maladive ne finisse par mettre son équipage sous trop de pression.



Lorsqu’il ouvrit la trappe du pont l’air frais du large le gifla, s’engouffrant dans ses narines et saisissant son visage alors couvert de sueur et d’humidité. L’homme huma alors à plein poumon, faisant ainsi le plein d’air pur et frais comme il remplirait les ballasts de son sous-marin personnel. L’air pur était une denrée rare dans la salle d’écoute et d’observation, et les nombreuses heures de surveillance ne lui laissaient que peu d’occasion d’aller se rafraîchir les sinus et les idées. Un instant le vieux marine ferma donc les yeux, profitant de cette fraîcheur comme d’une renaissance. Puis, il finit par se hisser entièrement sur le pont, avant d’aller s’accouder à la balustrade pour laisser son regard planer sur les autres navires. Nul marin n’était là pour lui tenir compagnie ; et cette solitude lui convenait parfaitement tant la promiscuité de l’entrepont pouvait être étouffante malgré les années d’accoutumance. Les minutes défilèrent donc sans un bruit autre que celui des vagues…

Puis, sans qu’il puisse jamais trop dire pourquoi, son regard s’attarda sur « l’invincible », fière frégate fermant la marche des colonnes marchandes. Une des pointes de ses moustaches remua légèrement… les poils gris de sa main se hérissèrent… et bien qu’aucun mouvement suspect ne puisse être visible d’aussi loin, le regard du vétéran des mers s’étrécit.



« L’invincible » explosa alors dans un gigantesque geyser d’eau et de bois, dont certains morceaux s’élevèrent à plusieurs dizaines de mètres dans le ciel ! Comme sous le choc, Jonas regarda sans un mot ni un geste retomber la pluie de débris dans les eaux, tandis que la proue et la poupe alors séparées de la frégate se laissaient avaler par l’écume.



A bord de tous les autres navires, marins et officiers se ruèrent alors sur leur bastingage pour observer la scène, alertés par le fracas du bois et des flots. L’incompréhension était de mise, tous s’exclamant dans la panique générales et cherchant à comprendre… mais pas Jonas.

Déjà l’homme s’était rué dans l’ouverture laissée disponible, glissant le long des barres d’échelles en hurlant avec force et détermination :

Branle-bas de combat ! Tous à vos postes !



Aussitôt, une alarme se mit à rugir et à résonner dans l’entre pont du Kourkz tandis que tout l’équipage s’activait dans un chaos indescriptible ! Effrayées par l’atmosphère électrique qui s’est saisit du navire, les lucioles d’éclairage virèrent alors instantanément au rouge, nimbant le lieu d’une lumière funeste. Matelots et officiers se bousculèrent en hâte, chacun tachant d’arriver à son poste avec un désordre trompeur mais avec une efficacité à ne plus prouver. Le marmiton et ses casseroles fut renversé, l’on criait de toutes parts, on se ruait sur les consoles et postes de tir !

En moins d’une minute le navire était paré au combat, et retombait alors aussitôt dans un silence ou rien ne perçait. Seul les pas hâtif de Jonas se ruant au poste d’écoute résonnèrent dans le navire où tous retenaient leur souffle, conscient de la gravité de la situation même si aucun mot ou explication ne leur était encore parvenu.



Le commandant se pencha d’un air grave sur son subordonné, qui la mine crispée par la concentration tendait l’oreille à ce que la mer pouvait lui révéler. Une goutte de sueur perla lentement sur son front…


Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 05 Oct 2013, 14:04, édité 3 fois
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-Craquement de coque… un navire sombre.
-…
-Sons de battements… cadence rapide.
-…

Les paroles tout juste murmurées de l’officier d’écoute se répandent dans l’habitacle, où tous attendent le souffle coupé les ordres de leur commandant. L’atmosphère en devient si épaisse qu’on pourrait la couper en moellon et en faire du matériel de construction de second choix.

-Il se déplace !
-Où ?
-Azimut 135.02. Profondeur… 3 mètres. Vitesse… environs dix nœuds.

Trop petit pour avoir échappé au sonar jusqu’ici, trop puissant pour n’être qu’un petit monstre, trop rapide pour être un roi des mers… L’inconnu noyait un peu plus l’équipage du kourkz dans le stress du combat. Mais quelle qu’en soit la nature de leur adversaire, une chose était sur : ils devaient réagir ; et vite.



-Manœuvre !
-Aye sir ?
-Barre à tribord toute, cap 136 ! Vitesse maximale.
-Aye sir !

Aussitôt, dans le tintement métallique de la barre de vitesse les deux gigantesques roues à aube qui parsèment les flancs du destroyer se mettent à rugir, poussées par des machinistes en nage qui s’affairent avec l’énergie de la lutte. Le Kourkz est alors poussé brutalement, se dirigeant sans hésitation vers le convoi afin de couper la route au mystérieux prédateur.

-Il a accéléré sir ! 16 nœuds !

Rapide…

-Azimut 138, il va arriver sur le « Neptune II » avant nous sir !
-Vigie ! Au rapport !
-Neptune en vue sir, il engage une manœuvre d’esquive.

Les imbéciles ! Sortir du convoi revenait à s’offrir à l’adversaire, surtout aussi rapide. Mais les pauvres marins à bords ne pouvaient savoir tout ceci, ils n’en avaient ni la carrure ni les nerfs. Il était donc tout naturel pour le navire de queue de chercher à se rapprocher au plus vite de son protecteur. Mais ils ne seront jamais assez rapi*…

-Sir, changement de cap, la cible passe derrière le Neptune, nouvel azimut 145.03.

Par les ressacs de Marine Ford… Abandonné ainsi sa proie pour se recentrer sur le convoi, quelle espèce de monstre était-ce donc là ? Jonas se rue sur le périscope sous marin, bien décidé à identifier leur agresseur de ses propres yeux… avant de rabattre le tout dans un juron ! La coque du « Neptune II » lui bouchait la vue ! Était-ce seulement voulu ? Non ; impossible qu’une bête soit assez maligne pour cela !

-Manœuvre de rapprochement, cap au 170 !
-Aye sir !
-Ordre à tous les vaisseaux : vitesse maximale au cap 91, formation dispersée !
-Aye sir,  je transmets !

-Commandant !
-… ?
-La cible arrive u niveau du convoi, impact avec le « Lutitania » imminent.

Tous tendent l’oreille…et seul le silence leur répond.

-Aucun impact… il est passé en dessous…
-Mais qu’est ce que…
-Il accélère encore ! 20 nœuds ! Directement vers le « mouette d’or »

Tous les regards se croisent dans une stupeur bien légitime… le second navire d’escorte de la marine… Il s’attaquait d’abord à l’escorte avant de s’en prendre aux navires de commerce. Aucun roi des mers ne pouvait le faire, aucun n’en aurait l’instinct ou le pouvoir. Leur ennemi savait reconnaître un navire de guerre d’un navire de commerce… il était malin… et visiblement méthodique. Doublement dangereux donc.

-Bruits nets de battements.
-De battements ?
-Aye sir, pas de nageoire.
-Une Marasque argenté alors ?
-Trop petit monsieur.
-Un crapaud marin de Féroa ?
-Trop rapide monsieur… Attendez, il accélère encore ! 23 nœuds ! Il leur fonce dessus !

L’ingénieur d’écoute ôte précipitamment ses écouteurs, comme de peur d’avoir les tympans éclaté par une trop forte décharge sonore. Quelques fractions de seconde plus tard, le son mat d’une explosion leur parvient sans mal malgré la distance, faisant alors vibrer toute la coque.

Aussitôt le crie de la vigie suit.

-Le « Mouette d’or » vient d’exploser Sir ! Presque coupé en deux d’un seul coup, comme par une torpille !

-Craquement de coque… j’entends la quille se fendre en deux. Le vaisseau coule.

Impuissant, trop loin du combat, Jonas serre des dents dans un crissement à vous en retourner les nerfs. Ses points se crispent, et dans son esprit de vieux combattant, la rage monte.

-Manœuvre ! Faites doubler les chaudières ! Je veux aussi toutes les voiles dehors !
-Aye sir !

Nouveau tintement métallique qui transmettent ainsi à la salle des machines les directives.

-Droit sur la cible matelots, quoique ce soit nous allons lui montrer que le Kourkz n’est pas du genre à se laisser faire.

-AYE SIR ! Crie un équipage à la détermination restauré par le charisme et la fermeté de son commandant.
-Coupons lui la route avant qu’il ne s’en prenne au convoi. Nous en avons juste le temps.
-Vos ordres sir ?
-Préparez les lance-mines 1 à 6, profondeur…
-5 mètres sir.
-… 5 mètres.
-Aye sir !




Maudit monstre, visiblement tu veux ensuite t’en prendre au « Neptune III »… mais grand mal te fasse, car juste avant nous surgiront de derrière la silhouette massive du « Gloria I » pour couper ta route et faire de l’océan un enfer. Tu vas voir que nous autres humains ne sommes pas à court de moyens, même sur les océans.

-Sonar ! Distance ?
-200 mètres sir !
-Manœuvre à bâbord, 15°.
-100 mètres sir…
-…
-50…
-…
-25…

L’équipage tout entier retient son souffle, les oreilles tendues à l’extrême et le regard braqué sur les cloisons comme s’ils espéraient pouvoir subitement regarder au travers.

-10 mètres…
-…
-Plus que 5…
-Lancez les barils !

Une vingtaine de barils remplis d’explosifs roulent sur le pont arrière du Kourkz, avant de finir leur route à la mer dans une grande gerbe d’écume pour finalement s’enfoncer lentement dans l’eau. La minuterie réglée avec précision fait alors son office… Et cinq mètres sous la surface se déclanche l’enfer !

BOOm !! BOOM !! BooM !!
BoOM !! BOOM !!

BOom !! BoOM !! BOom !!



Tout autant de geyser salins s’élèvent alors dans le ciel, tandis que l’eau en dessous est pris dans les terribles ondes des explosions. De quoi briser la colonne vertébrale de n’importe quel roi des mers. De quoi sublimer la roche.

Le Kourkz poursuit quant à lui sa route avant de manœuvrer pour un second passage, alors que l’officier d’écoute remet une fois de plus ses écouteurs à la recherche d’éventuels signes de vie. Tous attendent son verdict…

-Pas un son…
-…
-… rien…
-…
-Attendez… La cible se remet en marche !
-Second passage ! Rampes 7 à 12 !
-Aye sir !

Le Kourkz se faufile donc entre deux navires marchands avec une vitesse sidérante, afin de prendre en chasse le prédateur devenu un instant la proie. Les machines hurlent en crachant leur souffle noirâtre de charbon, l’équipage s’affaire, Et Jonas se concentre…

-Profondeur 4 mètres, en remontée.
-…
-Vitesse constante, cap 152.
-Damned ! Il va passer juste en dessous du Gloria, nous allons le perdre !
Manœuvre à tribord, 20° !

-Pas en dessous monsieur.
-Quoi ?!
-...
-Il remonte encore… 2 mètres… surface.

-Monsieur ! Le Gloria en communication.
-J’ai !
-…. A l’aide, il est là ! Il fonce sur nous, il …
-Gloria calmez vous, vous le voyez, vous le…
-…Il arrive ! Seigneur aidez nous par Pit*…. CRAAAAACK !
-Gloria que ce passe-t-il ? Répondez Gloria !
-Le Gloria vient d’être touché Sir ! Impact sur bâbord !
-Nous avons une voie d’eau ! Nous sombrons ! Bon dieu nous sombrons ! Abandonnez le navire !
-Gloria ?! Gloria ?!
-Crishhhhhhh….
-…
-Nous les avons perdu monsieur.
-Raaaah !


Un navire de plus. Et si facilement. Jonas ne pouvait le tolérer, il en allait de sa vie, de celle de ses hommes, de l’honneur de la marine. Ces navires avaient cru en lui, ils lui avaient accordé leur confiance et leur traversée… Il se devait donc de réagir au plus vite et de contrer la menace coûte que coûte. Dans la tête du commandant, un plan se met donc en place ; et sitôt les distances et les dispositions évaluées les ordres fusent à la suite. Le sonar lui indique d’ailleurs que c’est au tour du « Marina » d’être la cible de leur mystérieux ennemi.




-Cap au 118 ! Préparez les hérissons !

Sitôt fait, Le Kourkz se dirige à pleine vitesse pour couper la route menant au « Marina » alors en pleine panique, bien qu’ignorant être la prochaine victime sur la longue liste des épaves. Bien que trop loin pour miner une nouvelle fois la zone de barils explosif, Jonas est encore loin d’être à cour de moyen. Car voilà que son arme secrète anti menace sous-marine se met en marche : les « hérissons ». Mues par une douzaine d’hommes sur le pont, ces deux catapultes s’apprêtent ainsi à projeter vers la position calculée de leur adversaire avec un sens du timing redoutable deux gros hérissons géants.

-Feu !

Par le périscope de surface Jonas peut observer la courbe des deux bestioles alors en plein réveil, qui se demandent bien ce qui peut leur arriver. Et trouvant bien désagréables les joies du vol plané mais surtout de l’approche d’une eau dont elles sont hélas allergique, les pauvres bêtes de près de 100 kilos chacune réagissent comme face à tout danger : en projetant des centaines d’épines dures comme l’acier. La zone cible est ainsi lacérée par les projectiles qui filent dans l’eau tels d’innombrables harpons !

Et tandis que le Kourkz se rapproche de leur ennemi, toujours guidé par un sonar toujours plus efficace, une deuxième salve de mammifère épineux constelle l’eau de leurs piquants. Puis lorsque le destroyer passe par-dessus la zone supposée où vient de se réfugier leur ennemi harcelé par les tirs, une nouvelle série de barils se déverse dans la mer et la transforme en un gigantesque champ d’explosions sous marine !

Le Kourkz s’éloigne ensuite rapidement de la zone, avant d’enchaîner sur une manœuvre audacieuse pour revenir au plus tôt. A son bord, tout l’équipage retient son souffle…

-Alors ?...
- … Un grognement. Je l’entends grogner ! On l’a eu !
-HURRAY !!
-Attendez… autre chose…
-Quoi ?...
-...
-Je jurerais l’entendre… jurer ?
- …?

Dans la tête du vieux marine, les éléments se mettent en place ; et la conclusion vers lequel il dérive n’en est pas forcement plus joyeuse.

-Bruit de battement, plus rapides. 25 nœuds.
-Où ?
-Le « Marina » !

Bon sang ! Ce diable de monstre s’était débarrassé de l’escorte en premier, et pourtant voilà qu’il se refusait à attaquer directement le Kourkz. Pourtant il devait maintenant être clair pour lui que ce navire était la principale source de danger… En avait-il peur ? Non… il aurait pris la fuite sinon. Ne restait que la possibilité que… il jouait avec eux ? Un foutu jeu où il  semblait s’amuser à dispenser la destruction sans le moindre état d’âme tout en narguant le Kourkz. Aucune créature marine ne pouvait être aussi retorse, aussi cruelle ; car il y avait dans cette logique quelque chose d’effroyablement humain. Et les terribles impressions du commandant d’élite ne s’en trouvent alors que renforcées.

-Prenez le en chasse ! Nous devons lui couper la route coûte que coûte !
-Aye sir !


-Tu crois être le plus malin sale monstre ? Sache que le vieux Fisherman est loin d’avoir abandonné la partie. Par ma quille et mon étendard, je t’arrêterais je te le jure !
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L’Invincible, la Mouette d’or, Gloria I,  Neptune III, Marina, Neptune II, L’audacieux, Lutitania, L’ondine… et maintenant l’Antalis. Trop de noms s’inscrivaient maintenant sur le registre des naufragés. Trop de noms en trop peu de temps… Car cela ne faisait maintenant pas plus d’un quart d’heure que la violence et la fureur régissaient les flots, ce qui n’avait cependant en rien empêcher leur assaillant de réduire à néant toute velléité de fuite ou de riposte de la part du malheureux convoi. Minutes après minutes, un navire sombrait corps et âmes dans la plainte déchirante du bois et des blessés.



Jonas Fisherman, Commandant d’élite excédé, regarda par le périscope de surface la proue de « l’Antalis » osciller lentement vers le ciel, tandis que ses marins se ruaient à la mer en hurlant. Où que son regard se portait, ce n’était que ruine et désolation. Ça et là, un bâtiment en fin de vie montrait progressivement son ventre, ou bien sombrait proue ou poupe la première. Les plus violemment touchés avaient déjà disparu de la surface, certains en emportant la plus grosse partie de leur équipage avec eux dans leur funeste descente. Nombre de marins dîneront ce soir à la table de Davy Jones… et nombreuses seront les veuves à pleurer leur mort. Pour le pauvre homme qui toujours suspendu à ses écouteurs ne perdait en rien les cris désespérés des hommes prisonniers de leur cercueil de bois et de fer, c’en était devenu un véritable supplice.

Pourtant, en rien cela n’avait entaché la détermination du Kourkz, qui à défaut de s’être montré un digne défenseur se ferait un devoir de devenir un implacable vengeur. Car nul doute que l’heure de l’ultime affrontement approchait.



D’un geste ferme, Jonas arrache des mains de son officier l’état des munitions qu’il vient de lui commander ; et ne peux alors empêcher une moue de faire frissonner ses moustaches. La lutte pour protéger leurs pairs a été rude et les réserves de l’équipage s’en sont retrouvées fortement affectées, laissant les marines d’élite sans plus un seul hérisson et avec seulement deux séries de barils pour toute défense. Et bien que nul membre de l’équipage ne soit inconscient de ce fait ou encore des signes flagrants d’inquiétude chez leurs officiers, en rien ils ne semblent montrer à leur tour que la situation est dramatique.
Sans munition, face à un adversaire visiblement bien trop rapide et trop fort pour eux, ils n’en demeurent pas moins les vaillants défenseurs du bien et de la moral sur toutes les mers, quoi que cela doivent leur coûter. De plus, une indéfectible foi en leur commandant les pousse sans cesse vers l’avant, se souvenant sans mal des innombrables situations désespérées où il a déjà su les tirer. Qui plus est, il y avait encore trop de marins à la dérive, attendant leur aide pour les tirer d’une noyade assurée. Ils se devaient d’en sauver le maximum ! Et pour cela il devaient encore avant tout détruire la menace, où tous seraient perdus.

-Commandant.
-Hm ?...
-Cible à 800 mètres. Derrière l’épave du Lutitania.
-Tu en es sûr ?
-Difficile à dire sir. Il semble se cacher derrière les bruits d’épave et de l’équipage, mais je crois l’entendre.
-Bravo mon garçon, ne le lâche pas.

Un plan… il leur fallait un plan. Et  à situation désespérée plan audacieux prévaut.

-Machines lentes, cap tribord 15°.
-Aye Sir.
-Laissons le croire que nous le cherchons encore, le temps de contourner les naufragés du Lutitania.
-Aye sir.

Le vacarme assourdissant des chaudières s’atténue peu à peu, offrant aux marins prisonniers du centre de contrôle une paix et un souffle de fraîcheur salvateur. Dans l’intérieur confiné du Kourkz, l’humidité et la température sont montées à leur sommet par tout un équipage que la peur et le stress du combat a mis en sueur. L’atmosphère y est insoutenable ; et pourtant ils la soutiennent.

Les minutes défilent ainsi lentement...

(...)

-Lutitania à tribord sir.
-Bien... à mon commandement barre à tribord toute, machines avant toutes.
-Aye sir.

Le Kourkz dépasse  petit à petit les restes martyrisés du navire en perdition, comme insensible aux appels à l'aide des marins tentant tant bien que mal de se raccrocher aux débris et aux canots de fortune. Trop tôt pour se montrer sentimental... la bête est là... aux aguets.

-Maintenant !
-Aye Sir !

Dans un bond le destroyer se rue en avant, traversant les vagues comme un fendoir pour se ruer subitement sur le flanc ouvert de l'épave, où sans aucun doute le monstre les attend en embuscade.

-Echo ?
-Un juron sir ! La cible plonge pour se cacher sous les débris !
-Lance-mines 1 à 6 : feu ! Profondeur 3 mètres, espacement minimal !
-Aye sir !

Bravant le danger d'une main experte, le navigateur du Kourkz glisse le long des restes de la coque du Lutitania tandis que derrière lui c'est un rideaux d'explosion et de geyser qui le suit !  La mer se démonte, éclate et se retourne sur le passage du destroyer ! Puis avec vitesse sans cesse grandissante le voilà déjà qui s'éloigne en manœuvre d'esquive, prêt à toute éventualité.

Et aussi vite que le chaos est apparut, le silence reprend ses droits... tous attendent...

(...)


-Râle plaintif... Nous l'avons eu sir !
-HURRAY !
-Bravo garçons ! Préparer un deuxième passage avec ce qu'il reste de munition, nous allons achever la bête.

La bête... où ce qui peut bien y ressembler. Dans un coin de son esprit, le vieux Jonas se surprend à sourire... et à espérer une fin heureuse pour son équipage et tous les rescapés qui attendent son secours.


-250 mètres sir. En descente lente. Il coule monsieur.
-Bien. Préparez la salve. Vitesse lente, espacement minimal.
-Aye sir.

Tintement de cloche, et le navire se prépare pour l'ultime coup de grâce.

-100 mètres sir.
-...
-50.
-...
-25.
-...
-15.. attendez ! Un ricanement. Je l'entends ricaner ! C'est un piège !
-Que ?! Machines avant toutes ! Lancez les mines !
-Aye sir !

Les machines rugissent ; et derrières elles les derniers barils se déversent en espérant que le Kourkz puisse prendre de vitesse leur adversaire et le dépasser à temps !

-Il remonte sir ! Droit vers nous !
-Plus vite boudiou, plus vite !
-Contact imminent sir !  Impact prévu dans 3...2…1 …

Tous tendent l'oreille en rentrant bien malgré eux la tête dans les épaules. Leurs vies défilent alors devant leurs yeux, composées d'innombrables séjours en mer, combats, permissions et parfois même familles aimantes... Dans ce genre de situation, vie et mort se jouent parfois sur quelques instants ; et ils ne le savent que trop bien...

Poc.


Pas d'explosion balayant l'habitacle d'une nouée d'écharde mortelles ? Pas de voie d'eau s'engouffrant dans les ponts inférieurs en noyant les pauvres hommes prisonniers des flots ? Visiblement pas.

-Il s'est accroché à notre quille monsieur. Je l'entends ramper le long de la coque.
-Raaah !
-Nous sommes perdu monsieur !
-Pas encore les enfants ! Machines avant toutes sur les débris du Gloria !
Nous allons le décrocher en le raclant comme le dernier des parasites !

-Aye sir !


Ne jamais abandonner, ne jamais faiblir, ne jamais montrer signe de fatalisme devant son équipage. Tous croient encore en lui, il ne peut pas se permettre de céder à la panique et au désespoir. Une fois mort seulement. Une fois mort...

Mais tandis que le Kourkz tranche les flots à pleine vitesse, le voilà secouer d'une formidable explosion qui secoue l'ensemble de ses occupants !

CRAAACK !


Hommes et cartes volent dans tous les sens ! Les ampoules éclatent sous la pression ! Des tuyaux et poutrelles se fendent et  se délogent, projetant alors d'innombrables fins filets d'eau sous pression dans l'habitacle en panique. Aussitôt, malgré le chaos et les ténèbres, tous s'activent pour palier au plus urgent, bien conscient qu'une seconde d'hésitation pourrait se révéler fatale. Les voilà qui s'accrochent ainsi à la vie avec une fougue exaltée par la peur, s'accrochant à leurs réflexes martiaux comme à autant de bouées de survie.

-Comblez cette voie d'eau !
Rapport des dégâts ?

-Roue tribord détruite sir ! Aucun incendie à déplorer en salle des machines, mais les machinistes luttent contre une voie d'eau majeur !
-Equipe B allez leur prêter main forte ! Sauver la chaudière ou nous sommes tous*/...
CRAAACK !

Nouvelle secousse qui renvoie les hommes à terre !

-Roue Bâbord détruite sir !
-Foutre roux ! Nous sommes faits !
-Vos ordres monsieur ?!
-Raaaaah...
-...
-Comblez les voies d'eau ! Préparez l'évacuation des blessées sur le pont. Tous les hommes valides préparez vous au combat. A vos harpons messieurs !
-AYE AYE SIR !

-Sir.
-Hm ?
-J'entends quelque chose... comme un code.
-Un code ?
-Oui... sur la coque... ça vient du monstre.


Intrigué par cet inespéré gain de temps, Jonas se saisit donc du morceau de papier où l'officier d'écoute vient d'écrire l'étendue du message ; et qu'il lui tend le visage blême et le front en sueur... Les yeux du commandant d'élite parcourent alors les quelques lignes sans savoir trop à quoi s'attendre... avant que son visage ne se ferme avec gravité. Longue inspiration...

-Une chance inespérée...
-Sir ?
-…
-Sir ?
-Hm ?...
-Ça va monsieur ?
-Ah oui. Ça va aller mon garçon, ne vous en faites pas pour moi. Poursuivez mes ordres.
-Aye sir. Mais vous ?

-Moi ? Je monte sur le pont.
-Sur le pont monsieur ?
-Oui garçon... Il doit m'y attendre.


Le visage grave, Jonas Fisherman rajuste son costume et ses moustaches... resserre son ceinturon... Avant de traverser les rangs de ses hommes qui l'observent avec respect pour se saisir de l'échelle et ainsi monter à la rencontre de son destin. Plus un bruit... seul les respirations silencieuses d'un équipage pendu au moindre de ses gestes.


Dernière édition par Toji Arashibourei le Jeu 03 Oct 2013, 22:28, édité 1 fois
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Tes deux mains ridées mais encore fortes te hissent d'une pénible secousse aux travers de l'écoutille, t'offrant alors les joies d'un air frais dans lequel tu perçois aisément de paradoxales odeurs de brulé, de sang, de fer... de guerre. Pourtant, nulle trace de peur sur ton visage ni dans le frémissement de tes majestueuses moustaches. Sans hésitation tu hisses ta vieille carcasse sur le pont de ton navire malmené, poussé par ton devoir et par la responsabilité de la vie de ton équipage plus surement que par la force ou la peur. Car tu sais que tout va se jouer maintenant... il est là.

Et tandis que tu finis tout juste de te redresser et que tu laisses un instant le vent frais du large te balayer le visage, tu le vois enfin. L'ennemi. Le Monstre. Se hissant en même temps par dessus le bastingage encore intact de ton fier vaisseau. Il est encore plus grand que ce que tu aurais pu l'imaginer, plus massif ; comme plus consistant. L'image du granit marin te vient étrangement en mémoire... cette même impression d'incroyable dureté... et d'une froideur toute marine. Pourtant, dans l’œil qui se braque sur toi, nulle froideur... Une flamme qui brule... inquiétant mélange de fureur et de plaisir.

Thunder Fish te fait ainsi face comme tu avais fini par le deviner depuis un petit moment déjà. Et tu te surprends à regretter d'avoir eu raison.


Un moment le marine renégat et toi vous observez en silence, comme imperméables aux bruits des épaves qui craquent encore de toutes parts, ou bien même de tes hommes qui montent avec toi et se déploient en masse telle un hérisson de harpons vengeurs. Tu  jauges la situation, réfléchis, te prépare... lui semble juste s'amuser de la chose et de ton air grave.
Pourtant,  tu peux voir avec satisfaction que votre lutte marine n'a pas été vaine. Costume à moitié déchiré, sang qui coule abondamment d'une plaie de son visage, multiples traces de brulure et éclats de métal ou de bois plantés dans son torse ; le Kourkz n'a pas à rougir de ses efforts. Mais malgré tout... c'est comme si l'homme poisson ne s'en apercevait même pas. Nulle trace de douleur ou de doute dans ses traits... Y serait il là encore imperméable ? Fureur et joie pour seules pensées ?

Derrière toi tu sens monter la pression chez tes hommes plus motivés que jamais mais chez qui la peur et la pression gagnent peu à peu du terrain... Il te faut agir. Alors tu agis , romps le silence et pose cette question qui te hante l'esprit :

-Pourquoi ne pas nous avoir coulé ?

Le silence te répond, juste rehaussé d'un sourire en coin où l'hybride semble savourer ton incompréhension.

-Tu aurais pu le faire dès le début , alors pourquoi ?
- ...
-Dis le moi.
-Parce que tu m'amuses humain.

La rage continue à monter en toi... Comme si elle s’efforçait à chaque seconde de prendre possession de l'ensemble de ton corps. On l'amusait ? Un jeu ?

-Toi et ta coque de noix m'avez surpris vois-tu ; et j'avoue avoir aimé ça huhuhu.
-krrrr...
-Et en l'honneur de votre vaillante résistance, j'ai donc décidé de vous laisser cette dernière chance.

Dernière chance ? Dernier jeu veux tu dire ! Juste savourer un peu plus longtemps nos efforts, en rire, et les briser sur un simple geste ! Tes moustaches s'en hérissent et se pointent telles des lances ;  la rage est si forte , tant de vies gâchées ! Tu es sur le point de craquer... mais c'est tes hommes qui le font avant toi. Eux non plus ne supportent plus ce ton hautain ni cette inadmissible mépris de leurs vies ; et les voilà qui s'avancent tous à l'unisson en brandissant armes et convictions.

-Salaud ! Tu crois nous faire peur ! Nous sommes le Kourkz et nous allons te*/ !
-Silence.

Plus qu'un ordre, c'est l'implacable énoncé d'une volonté qui balaye le Kourkz dans son ensemble en une fraction de seconde. Seuls les sons mats d'une trentaine de corps inconscients qui s’étalent pelle-mêle peuvent encore y réponde, vite suivit par un pesant silence tout juste perturbé par ton souffle devenu irrégulier.
Une Bête. Tu l'as vu aussi bien que tu saurais voir les alizés, géante comme un gouffre, dangereuse comme une tempête, gourmande comme le plus terrible des typhons. Elle a glissé sur toi sans pour autant te faire de mal, t'épargnant que pour mieux se ruer sur tes hommes. Tu es seul désormais... seul face à L'homme-poisson et à la Bête qui le suit et l'habite.

-Seul, huhuhu.



Ton regard parcoure le champ de corps inconscient qui t'entoure... et à la place de la peur qui devrait naitre comme tu serais en droit de le faire, c'est une fois de plus la lourde responsabilité et de le devoir qui remonte à la surface. Car tu es un commandant de la marine ! Le bouclier de la justice et la main du juge sur toutes les mers ! Et jusqu'au tout dernier souffle de ta vie tu ne laisseras personne passer outre sans en payer le prix fort.
Ton pouce écrase rageusement le bouton rouge qui orne ta machette d'officier.

Derrière toi ce n'est alors rapidement plus que sifflements de vapeur et bruits d'engrenages huilés qui roulent et se déplacent dans une cascade de réactions. Le pont du Kourkz s'ouvre dans ton dos ; et tandis que tu écartes les bras sans lâcher du regards ton adversaire te voilà comme avalé par l'étrange créature d'acier et de verre qui a surgit des entrailles du destroyer à ton appel. Il a sa bête, mais toi aussi.

Kourkz : Piège en eaux claires 809158jonas_imagesia-com_bean_large

Le sourire de l'homme poisson ne diminue cependant pas pour autant, bien au contraire... Et dans tes yeux à toi se réveille la flamme de la combativité qui en trente ans de carrière ne t'a jamais fait défaut. Ton corps et un rempart, ta volonté leur bouclier.

-Si tu veux prendre la vie de mon équipage, viens. Je t'attends.

Dans un claquement sec de poignet se déploient armes et défenses, et voilà ta garde qui se brandit  avec détermination. Tu es prêt. Plus que jamais.

-Huhuhu, si tu y tiens.

Ton imposant adversaire commence ainsi à s'avancer lentement vers toi, garde baissée mais toujours avec cette incroyable sensation d'implacabilité, renforcée cette fois encore par son allure nonchalante et parfaitement sûr d'elle. Les mètres sont avalés un par un...

Dernier frisson de moustache, puis tu te lances corps et âme dans l'affrontement !
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La pince métallique s'enfonce dans ta gueule, froide, dure, inhumaine. Sous l'impact ta tête part alors en arrière, étirant ton cou qui suit et absorbe le choc tandis que sur le pont derrière toi eau de mer et sang viennent consteller de fines gouttelettes le bois lasuré. Ce n'est pas le premier, ni le plus faible d'ailleurs ; et ses comparses suivent et redoublent de violence, marquant ton buste tes flancs ton ventre et ton menton de toute leur hargne. Et malgré tout cela tes pas continuent sous toi à avancer, inéluctablement, les uns après les autres avec patience et méthode. Véritable rouleau compresseur contre lequel se jettent sang et acier, chair et devoir.
Un pas de plus, le droit. Et à chaque fois ta tête se redresse, darde et sourit de plus belle. Ton œil valide se plante encore et encore sur ton adversaire qui ne ménage ni les risques ni ta santé ; et devant tant d'efforts tu ne peux t’empêcher d'en rire, de ce petit ricanement insultant qu'ont les plus fort envers les faibles. Car oui, si l'homme-machine qui te fait face est digne d'éloge, ce n'est pas pour autant que tu arrives à le craindre, loin de là. Pourtant tu l'voudrais, promis juré, un adversaire à même de te faire frissonner ! Mais non... Alors au lieu de vibrer tu t'amuses. De lui, de la situation, de toute cette énergie qu'il t'envoie et que tu encaisses sans dommage. Oh tu as mal, c'est pas ça l'soucis ! Le vieux barbichu cogne dure il connait son affaire. Ta chair est meurtrie, tu te recouvres de bleus et d'ecchymoses... mais là n'est pas l'soucis. La douleur tu l'as depuis longtemps fait tienne, ce n'est plus ça qui te fait peur, ou qui t'inspire. Plus maintenant.
Un pas de plus, le gauche ; petit encore une fois, mais néanmoins suffisant pour obliger le vieux marine d'élite à reculer lui et sa machine pour pouvoir attaquer à nouveau et avec d'autant plus de motivation. Petit à petit te le repousses, pas après pas... Le droit. Une lame circulaire manque de peu de t'ouvrir le crâne, ne laissant qu'une simple cicatrice de plus sur une pommette tout juste reculée. Le gauche...



Tout en silence et en visage railleur tu ne peux t’empêcher de t'amuser de la situation. Mais pas forcement de Jonas tu remarqueras, ; non plutôt de toi. Ou pour être plus précis de l'image de toi que ces efforts remarquables mais vains te renvoient. Car pas plus tard qu'une quinzaine de jour en arrière tu étais à sa place. Oui toi le tout puissant Toji, luttant vainement contre un amiral invincible. A chaque coup que tu prends tu te revois frappant le loup vert. A chaque pas que tu fais tu le vois t'écrasant de sa force. Et tu t'en amuses, véritable satyre de tes propres efforts et de l'égo que tu affichais alors et que tu as appris à tourner en dérision depuis. Comme tu pouvais être bête.

Le droit. Nouveaux coups qui te stoppent que l'espace d'une demi seconde avant que ne recommencent la lente cadence de ta marche. Trop fier oui. A force tu as finis par te croire invincible, surpuissant, gros poisson dans une mare pas si grande que ça en fin de compte. Oh tu n'étais pas assez bête pour ne pas le sentir au fond de toi, c'est sûr... mais de là à l'admettre. Le gauche, esquive légère de buste qui t'évite d'avoir cinq doigts en moins sur qui compter. Diables que tu étais bête. Et naïf aussi dans un sens. Toi naïf ! C'est à en mourir de rire ! Rire jaune évidemment, les marbrures en bonus.



La pince t'agrippe dans un geste la tête, la serrant alors tel un étau à même de broyer les plus durs charpentes. La mécanique grince, étincelle, lutte de toute sa chaudière ; un piston intégré recule alors avant de te marteler en cadence le visage prisonnier dans un bruit d'enfer ! Une fois, deux fois, dix fois ! Puis d'un revers las du poing tu disloques le bras mécanique et tous ses rouages qui volent dans les airs, libérant ton faciès indemne bien que marqué. Et ce sourire que tu n'arrives pas à chasser. Que tu ne VEUX plus chasser. Fini le temps des obligations ; place à la liberté, aux plaisirs, inconditionnels et absolus ! Le droit, qui se fige dans un tekkai sur lequel va s'écraser sans le moindre effet toute la masse du scaphandre qui repart alors en arrière en titubant. Face à ton "océan steamroller " il n'est rien.

Tsss ! Mauvaises pensées d'une suffisance d'un autre temps mais qui se refuse encore à partir sans se battre. Ton "océan steamroller" n'a pas suffit face à Tetsuda ; ton haki non plus. Tu n'as plus le droit à ce genre de pensée, elles sont indignes de ce que tu veux être, de ce que tu seras. Tu les chasses d'une pensée, reprenant par la même le contrôle d'une bête qui n'a de cesse de vouloir jaillir et finir la curée ! Mais non, là aussi tu t'y refuses. Tu croyais ton haki imperméable ? Tetsuda t'as prouvé le contraire. Tu croyais ta force invincible ?  Un simple humain t'as remis à ta place ! Tu ne peux pas te reposer sur tes lauriers Toji, tu ne l'as déjà que trop fait. Reforge ta force ! Refond ta vitesse, tes réflexes ! Puis domine cette bête ! Aiguise encore et encore ta volonté comme la plus dangereuse des lames, sans cesse et sans répits !
Ton adversaire du jour n'est pas à même de te faire révéler toute ta puissance ou ne serait-ce que ton haki ? Et alors ?! Savoure l'instant, profites-en, ré-accapare toi tes bases que tu n'as délaissé que trop.

Grande inspiration profonde... tes yeux se closent à moitié... Et les souvenirs ré-affluent en masse. Tes mains s’agitent lentement devant toi, comme sous la tutelle d'un marionnettiste surgit du passé... des gestes calculés, précis et conçus pour tuer avec finesse là où ta force et ton haki t'en avait écarté bien à tord. Tes pieds se posent alors puis glissent dans une garde qui avec fluidité pénètre dans la celle du marine. Comme un entrainement, tu renoues et te concentre sur chaque détail, au point d'en oublier presque que la mort ce joue devant toi. Une main qui se retourne, se tend tranquillement. Le scaphandre géant pointe son arme vers toi précipitamment... Deux manchettes ! Vives comme un crotale marin ! Elles fendent en deux la vitre de sécurité tout en déviant le coup qu'on te porte, avant que derrière une courte pose ne se fracasse ou plutôt ne se téléporte sur le front de la machine un coude ravageur ! Bruit de verre qui se répand au sol, et c'est tout le scaphandre qui s'ouvre comme un œuf.

Tu sens alors encore et encore la bête se tordre dans ton cœur, hurlant sa volonté de participer au carnage , trop habituée à ce que tu la sollicites sans cesse. Tu dois la sevrer, TE sevrer. Alors tu l'écartes elle aussi d'une pensée malgré ses cris déchirants et le vide que tu ressens. Mais tu passes outre, enfin.



Ta main plonge ensuite dans les ruines du scaphandre, en extirpant à bout de bras le vieux briscard qui t'a donné tant de fil à retordre sous l'eau. Un chef y a pas à dire, du genre que tu sais apprécier. Un gars qui connait son affaire comme pas deux et qui avait les tripes pour aller avec. Mais dans sa maitrise des mers tu y ressens aussi comme une insulte, comme une piqure de rappel qui te dit que les humains se croient partout chez eux. Lui aussi croyait pouvoir dompter les océans, comme tant d'autres. Fous qu'ils sont ! Tu le leur as prouvé, fous qu'ils sont ; et maintenant ils en tremblent ou en meurent.

Mais pas lui. Non lui ne tremble pas si ce n'est de rage, même avec les pieds à plusieurs dizaines de centimètres du sol. Vos regards se croisent une fois de plus... Et tu y lis le sens du devoir que tant auraient aimé voir dans le tien. Un instant intrigué tu t'y laisses hypnotiser... comme une bête curieuse. Aurais tu été plus heureux ainsi ? Auraient ils tous été plus heureux ? Difficile à dir*/...

Aaaargl ! Le produit que te vaporise directement en plein visage ton ennemi qui en profite alors pour se libérer t'arrache cris de douleur et jurons ! Mais plus que de la douleur -l'acide de Tetsuda pourrait faire comparer ce produit-ci à de l'eau plate- c'est une incroyable envie de t'enfuir qui te prend soudainement aux jambes ! Plus que de la véritable peur, c'est tout ton être qui veut ainsi  bondir par dessus la rambarde pour aller se cacher au plus profond des ténèbres. Une part de toi hurle à la mort, une part de toi vieille, instinctive et primaire.

-Alors Thunder F. ? Que penses tu de mon répulsif à monstre marin ? Efficace hein ?

Maudits humains, peste soient de de vous et de vos maudites inventions ! Tes jambes sont prises de fourmis, ton cœur s'active et panique. Et la Bête qui est tout ce qu'il y a de plus instinctif en toi te supplie de céder et de te blottir dans les récifs et dans les vagues ! Mais pas la part d'humain qui est aussi en toi ; non pas celle là. Tu est plus qu'instinct désormais, tu es bien plus que fureur et Bête. Tu t'es dominé, tu as dominé tes gènes et tu te bats encore et encore contre ce cœur qui t'étouffe et que tu voudrais réapprendre à aimer. Alors plus pour une victoire sur toi même que sur le marine qui te fait face et recule prudemment à l’abri, tu luttes. Tu détords tes nerfs à la force de ta seule volonté maitrisée, ton cœur se calme sous tes coups de semonce. Et finalement tu parviens lentement mais surement à te redresser face à celui qui comprend qui s'évanouissent peut être là ses dernières chances.



Sans plus attendre Jonas se rue donc sur toi en pointant du doigts la lame de son sabre vers ton cœur et un shigan complémentaire vers ta gorge, essayant de profiter dans un dernier espoir des effets de son élixir pourtant réputé à faire fuir les plus gros rois des mers ! Sauf que seuls un sourire renaissant et des gestes longtemps oubliés mais ressortis de leur tombes lui font face. La "parade offensive" suivie de la "roue karmique" glissent ainsi au cœur de son attaque comme deux anguilles géantes, détournant ses pointes mortelles pour venir ensuite s'impacter sur son plexus solaire et dans son aine dans une véritable onde de choc qui résonnera sur tout le pont ! Il ne t'aura même pas vu bouger.


Des gestes propres, calculés avec soin, Le vieux marine finit de se répandre sur toi dans un gargouillis de bave et de malédictions entremêlés. Sans bouger un seul muscle ni même un regard tu le laisses alors s’affaler lentement sur le sol, inconscient.
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Une voix... Celle de l'ennemi.

Elle te sort lentement des brumes où jusqu'ici tu te trouvais. Comme un bout de ficelle auquel tu t'agrippes aux prix d'incroyables efforts, t'y hisse et refait lentement surface.

Tes yeux s’entrouvrent légèrement, encore lourds de la léthargie où bien malgré toi la fureur de votre adversaire t'avait plongé. Encore cette impression glacée de crocs s'abattant sur ton esprit, puis plus rien ; comme si ton cerveau avait abdiqué de peur d'être dévoré. La voix encore, qui sans cesse parle dans un long monologue de question sans réponse et de raillerie. Et l'entendre refait monter en toi la force du devoir, la fougue de la fierté. Tu luttes et peu à peu des ombres se distinguent.

-Jonas c'est bien ça hein ?

Toujours affalé sur le pont du Kourkz où toi et tous tes frères d'armes avaient succombé dès l'arrivée du monstre. Le grain du bois sur ta joue... tes bras semblent de plomb, ta tête de coton... Une paupière se hisse péniblement.

-Ouais j'avais d'jà entendu parler d'toi par le passé.

Une silhouette massive assise nonchalamment sur les restes éventrés du scaphandre de combat de ton cher commandant. Véritable bloc d'ombre sur lequel se raccroche ta pensée et où tu trouves la force d'ouvrir un peu plus une deuxième paupière.

-... sacrée réput' que t'avais pour sûr. Ça j'dois te l'reconnaitre elle était pas usurpée huhuhu.



Tes oreilles viennent à la rescousse tandis que ton cerveau se démène.

-Nan sans dèc' j'te charie pas Jonas, juré craché Pftu ! Tu m'as donné du mal sous la flotte, chapeau.

Un doigt se lève... avant de retomber mollement, à bout de force. Un instant tu reperds le fil, sombre à nouveau dans les limbes..

-Moi qui pensait me faire une balade sympatoche, j'dois avouer que ta petite intervention m'a sacrément secoué ahahah. Pour sûr !

La voix aux accents de familiarité inacceptable. Comme si les horreurs qui l'entourent glissent sur elle sans qu'elle n'y fasse attention. Ta volonté surenchérir, et les brumes se dissipent à nouveaux.

-Enfin bon j'vais pas m'en plaindre t'auras remarqué, au final c'était pas désagréable loin de là. J'me serais ennuyé sinon. C'est si rare de trouver un mec capable de rivaliser sous l'eau d'nos jours.

Le contre jour de la silhouette diminue peu à peu tandis que tes pupilles se réveillent, laissant alors apparaitre l'uniforme blanc du l'ancien marine, trempé et déchiré de toutes parts mais pourtant reconnaissable entre milles. Des galons révoqués mais gardés en souvenir l'ornent encore, tandis que sur son épaule sont inscrits en grosses lettres un nom tant hais : Arashibourei Toji, Contre-amiral.

-Tu as rejoins le convoi seulement une fois sorti de Helliday non ? Ouais car avant d'me cramponner à la coque de "l'Invincible" j'vous avez pas vu. Pas con ça j'dois te l'reconnaitre.

Ta main tremble lorsque tu essayes de la lever... puis retombe dans un souffle tandis que tu abandonnes la lutte. Tu n'as plus assez de force pour bouger, spectateur impuissant à la scène qui se joue quelques mètres plus loin. Alors tu tends tes oreilles, essayes de voir...
-Nan mais c'bien. La prochaine fois j'f'rais gaffe à re-jetter un oeil avant l'attaque, c'ma faute.
Hop, une leçon de plus dans ma caboche, l'est pas belle la vie hein ? Huhuhu.
-Crève charognard...



Cette autre voix qui perce difficilement dans un souffle, comme elle même à bout de force mais pas d'acharnement. Une voix connue, familière, réconfortante... celle du commandant d'élite Jonas Fisherman, celle de ton commandant. Ainsi il est encore vie ? Tout n'est pas perdu ! Tu te surprends à le penser et à y croire. Tes forces reviennent à ce seul réconfort.

-Roah l'autre hey... tout d'suite les insultes. Pas sympa ça ; pas sympa du tout.

Tes yeux cherchent... parcourent le faible angle de vue qui est tient... Et finalement tu le retrouves enfin, étendu comme toi à même le pont. Sa tête reposée sur un débris comme pour pouvoir mieux conversé avec lui, il est là sur le dos, immobile mais avec encore une pointe d'énergie dans le regard. D'ici tu peux encore la voir, d'ici tu peux encore la sentir. Mais il semble maintenant si faible, si vieux face à la montagne de muscle et de puissance couvée qui le surplombe. Celle-ci contraste d'ailleurs tellement avec la forme immobile et brisée du marine tandis qu'elle semble s'affairer frénétiquement d'une main entre les jambes, directement dans les décombres de la machine qui lui sert de trône.

-Raaah mais où tu l'as foutu ce damné escargophone de mes trois couilles ?
Ouais non sinon j'te disais que c'était bien sympa de t'avoir croisé en tous cas. M'a fait bien plaisir, même si j'me doute que c'est pas forcement réciproque. Ah l'voilà !

-...
-Ça t'dérange pas si j'passe un coup d'fil là, vite fait bien fait ?
-...
-Merci t'es bien sympa. J'voudrais pas passer pour un malpoli tout d'même huhuhu.
-...
-Aloooors, le numéro d'marine Ford ? C'est quoi déjà... Ils ont du changé les codes après notre départ j'imagine hein ? Ah mais tu l'as déjà inscrit ? C'cool ça.
-Marine Ford ?...
-Ouais j'dois passer un petit message à nos couillions d'l'Amirauté. Enfin "nos"... j'devrais plutôt dire "tes" maint'nant huhuhu. Ça j'vais avoir du mal à m'y faire pour sûr.
-Un message ?...
-Ouais. Du genre qui va prendre des allures d'miséricorde ou d'condamnation pour toi et toute la clique de petit nageurs qui nous entoure, en fonction du ton et d'la politesse qui va m'arriver en retour si tu vois c'que j'veux dire.
-...
-Du genre qui va déterminer si le monde va bientôt être à feu à et sang, ou bien juste un peu plus sale et hypocrite qu'avant huhuhu.
-Thunder F. Qu'as tu donc prév*/...
-Chut ça sonne !...
-Mushi mushi ?
S'exclame avec une bonne humeur de mauvaise augure l'homme-poisson renégat.


Et toi tu sens les forces te fuir, s'échapper de ton corps inéluctablement... Tu luttes encore et encore ;  en vain. Alors dans une dernière pensée tu pries pour ton commandant, pour votre étendard et pour la justice qu'il représente.

Te réveilleras tu seulement un jour ? L'inconscience t'enveloppe une nouveau fois dans ses bras, toujours perdu dans le doute de cette seule question.


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