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Sixième chapitre ; Révélations fracassantes [Solo]


    Vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures étaient passées après que Wallace m’ait annoncé la terrible nouvelle. Nouvelle selon laquelle j’étais dans le collimateur du Gouvernement mondial pour incompétence. Drum ne m’avait vraiment pas réussi en fin de compte, vu que les grandes pontes réfléchissaient à l’éventualité selon laquelle je pouvais être écarté du projet du Léviathan. A croire que ma récente montée en grade n’était que de la mise en scène. Une promotion sans fondements. Rien que du vide. Et d’une manière ou d’une autre, ça faisait mal. Vraiment mal. Mes craintes grandissaient de seconde en seconde et ma motivation récente avait fini par s’effondrer en un rien de temps seulement. Je brouillais du noir depuis hier et mon futur me semblait complètement incertain. J’avais même imaginé de loin la grande déception de mes parents et surtout de mon paternel. De quoi déprimer, en effet, puisque cet homme était presque tout pour moi. Cette nuit-là même, j’avais fini par fondre en larmes. J’avais craqué. Ketsuno qui m’avait surpris en train de me morfondre dans mon coin n’avait même pas pu me consoler. C’est vous dire à quel point j’avais perdu espoir. Et puis, le jour se leva à Alabasta, ce qui eut le don de m’apaiser un tant soit peu. J’avais pu dormir un peu, mais sitôt relevé, mon humeur morose avait encore pris le dessus, malheureusement.

    C’est dans cette optique des choses que j’avais décidé de m’éloigner du Léviathan. Plus je serai loin de ce navire et mieux ce serait. J’avais donc erré dans les rues de la ville portuaire de Nanohana pendant un long moment, sans véritable but. Mon air fantomatique en avait frappé plus d’un ou plutôt, plus d’une. Aucune de mes admiratrices qui me poursuivaient comme de vraies tarées habituellement, n’eut le courage de m’approcher en voyant ma mine désabusée qui en disait long sur mes états d’âmes. Je devais être vraiment pitoyable. Assez en tout cas pour que personne ne daigne m’approcher ou m’adresser la parole. D’une manière ou d’une autre cependant, c’était mieux ainsi. La solitude m’allait très bien aujourd’hui. Mon errance dura donc quelques heures. Sans trop m’en rendre compte, j’avais déambulé dans presque tous les recoins de la ville. Jusqu’à ce que le soleil me soit insupportable. De quoi me pousser à me réfugier dans la première boutique que je vis. Un petit café moderne qui avait de l’air conditionné et qui contrastait vraiment avec toutes les tavernes qu’on pouvait voir dans les environs. Une fois à l’intérieur, une maid très jolie (et bien gaulée) m’accueillit avec un immense sourire. J’eus un pâle et mince sourire à son égard, avant qu’elle ne m’installe à une table, près de la vitrine. Je commandai alors deux grosses glaces, avant de me perdre dans mes pensées…

    Une demi-heure plus tard, j’étais toujours dans mon coin, à rêvasser et à ne plus bouger. A travers la vitrine, j’observai la rue sans vraiment le faire. A vrai dire, mes pensées étaient ailleurs. Entre temps, mes boules de glace avaient fini par fondre ce qui inquiéta la belle maid qui m’avait accueillie et qui n’avait pas cessé de m’observer d’un air inquiet. Touchée par mon état, ou tout du moins par les sentiments que ma mine trahissait, celle-ci s’approcha de moi et me demanda si les glaces n’étaient pas à mon gout. Brusquement revenu à la réalité, je me dépêchai d’entamer mes glaces fondues avec un gros sourire factice aux lèvres. La jeune serveuse finit par sourire à son tour, apparemment satisfaite et s’en alla en chantonnant. Pour ne pas inquiéter cette inconnue davantage, je me dépêchai de régler ma note et de sortir du café. Mais à peine avais-je fait un pas dehors qu’une personne me bouscula violemment et continua son chemin au pas de course. Déséquilibré dans un premier temps, je réussis tout de même à ne pas tomber, quand j’entendis tout juste derrière moi des voix criardes qui sommaient à celui qui m’avait bousculé de s’arrêter. Calmement donc, je me mis à suivre du regard cette personne avant de constater qu’il s’agissait d’une femme. Sa longue chevelure noire de jais en disait long, et sa manière de courir aussi, bien que je devais avouer qu’elle était très rapide…

    - ET MERDE ! HEY VOUS ! VOUS N’AURIEZ PAS PU L’ARR…

    Blanc. Alors que j’observai la fuyarde d’un air vague, j’eus l’ouïe d’une des voix des poursuivants. Et lorsque je m’étais retourné lentement vers eux, cette voix-là avait fini par s’évanouir aussitôt. L’imbécile qui gueulait m’avait sans doute reconnu, d’autant plus que j’avais mon manteau de haut-officier sur les épaules. C’est à ce moment précis que je reconnus moi aussi lesdits poursuivants. Il s’agissait de gouvernementaux étant donné l’emblème du Gouvernement Mondial cousu sur la poche de leurs vestes. Si certains ressemblaient clairement à des bureaucrates, d’autres avaient plutôt la gueule d’agents du Cipher Pol. Ces derniers semblaient ne pas être vraiment intimidés par moi, au contraire des premiers qui s’étaient mis à bafouiller des excuses bidons. « Qui poursuiviez-vous ? » Qu’avais-je tout d’un coup demandé, ce qui déconcerta légèrement l’un des bureaucrates, avant que celui-ci ne m’annonce clairement qu’il s’agissait d’une mission confidentielle et qu’ils devaient se dépêcher de retrouver la jeune femme. Je haussai alors mes épaules avant de prendre la direction opposée, tandis que les gouvernementaux se remirent à courir dans tous les sens. Les précieuses secondes qu’ils avaient perdues avec moi avaient sans doute permis à la jeune femme de prendre ses distances. Mais alors que j’empruntai une énième ruelle, je sentis que cette histoire commençait à m’intriguer…

    Pour m’en faire une propre opinion, je décidai de chercher cette inconnue de mon côté. Si c’était une fugitive dangereuse, je leur rendrai très certainement service, ce qui ne serait pas un mal. Par contre, l’affaire serait tout autre s’il s’agissait d’une innocente. Après tout, j’étais très bien placé pour savoir comment ce Gouvernement pouvait être très vicieux et persécuteur. Oui… Je les connaissais par cœur, puisque j’avais presque grandi parmi eux. Ma recherche dura donc des heures. Des heures à tourner çà et là. Des heures à éviter la même escouade de gouvernementaux grâce à mon haki de l’observation. Des heures à tourner en rond en gros… Jusqu’à ce qu’au détour d’une quelconque ruelle, je tombai nez à nez et comme par hasard sur la fuyarde. A la vue de mon manteau, celle-ci voulut se retourner et entamer une nouvelle fuite, mais malheureusement pour elle, nous étions dans un cul-de-sac. L’inconnue s’effondra au sol et se mit alors à pleurer, sans doute épuisée par son marathon d’aujourd’hui. Ébranlé par ces soudains pleurs, je m’approchai d’elle -Tout de même précautionneusement, sait-on jamais-, avant de la prendre dans mes bras. Mais au même moment, nous eûmes l’ouïe des poursuivants. Mon haki plutôt bien aiguisé m’indiqua qu’ils étaient à quelques pas de tomber dans l’impasse où nous étions. Une situation qui m’obligea à agir en conséquence !

    - Qu’est-ce que vous… ?


    La jeune femme n’eut pas le temps de finir sa phrase, que je l’avais déjà prise dans mes bras avant d’effectuer un bond périlleux qui me permit de passer par-dessus l’impasse. Nous tombâmes sur un terrain désert et sablonneux. Sans doute l’une des limites de la ville, puisqu’à perte de vue, s’étendaient des dunes et des dunes de sables. Je plaquai ensuite ma main droite sur la bouche de ma compagne d’infortune pour qu’on ne l’entende pas parler ou gémir inutilement. Nous gardâmes alors cette position, tandis que nous entendîmes les pas et voix des poursuivants se rapprocher. Dieu merci, ces derniers ne tardèrent pas dans les environs et continuèrent leur recherche ailleurs. Nous les avions donc semés pour un bon moment. Je relâchai alors la demoiselle qui avança de deux pas et se courba vers l’avant en posant ses mains sur ses genoux. Elle avait l’air à bout de souffle. Qu’est-ce qu’une telle personne avait pu faire de grave pour qu’on la poursuive ainsi ? « M… Merci de m’avoir sauvé… » Malgré sa respiration saccadée, sa voix était douce, chaleureuse. J’aurai pu me réjouir, mais je préférai ne pas m’avancer, tant que je ne saurai pas la raison de sa fuite. Mais alors même que je comptais la questionner, la fuyarde se retourna vers moi et me fit un sourire chaleureux. Mais le sourire fut de très courte durée lorsqu’elle put enfin voir mon visage et me détailler sous toutes mes coutures…

    - S… Salem… P… Pas possible…

    La brune recula de quelques pas, perdit l’équilibre et tomba sur ses fesses, tandis que j’affichai la même mine désabusée qu’avait mon vis-à-vis…

    - Fiona…


    Oui. Sur le coup… C’était le seul mot que j’avais pu articuler. Autant dire que la surprise était partagée. Vraiment partagée.


      *Quelques temps plus tard…*

      - Aaaaaaah ! Ce bain m’a fait du bien ! Tu es sûr que tu ne veux pas en profiter, toi aussi ?

      Alors que Fiona sortait enfin de la salle de bain de la chambre d’hôtel que j’avais loué, je fis un non de la tête pour lui répondre. Mon corps était peut-être couvert de sueurs après toutes les courses folles que nous nous étions tapés, mais je n’avais pas le cœur à prendre un bain. Pas du tout. Et puis, telle que je la connaissais, cette femme pouvait en profiter pour s’enfuir. Ce n’était pas comme si elle ne m’avait pas fait le coup il y a quelques dizaines d’années en arrière. Ouais. Une époque difficile et amère pour moi. Au souvenir de cette période du passé d’ailleurs, je fronçai mes sourcils, mais continuai tout de même de fixer l’extérieur, depuis la fenêtre de notre chambre. Nous étions tranquilles dans cette zone, bien loin du tumulte habituel du grand marché et du port de la ville. Une aubaine. Il n’y avait donc pas moyen que ces sales gouvernementaux viennent nous déranger, sauf véritable malchance et encore. Je poussai alors un soupir de soulagement, avant de tirer les rideaux sur les fenêtres de notre hôtel. Nous étions peut-être au troisième étage, mais on n’était jamais à l’abri d’un Cipher pol curieux qui pourrait éventuellement user d’un Geppo pour nous prendre sur le fait… Bon… Ok… J’exagère un peu la situation, mais sait-on jamais avec ces personnes. D’autant plus que Fiona n’était certainement pas le genre de personnes à faire de mauvaises choses. M’enfin…

      - Tu es toujours aussi beau, toi ! Je craquerai presque !

      Avec malice, la jeune femme vint me bâillonner à l’aide de ses frêles bras, non sans plaquer son incroyable poitrine sur mon dos. J’eus alors un sursaut, avant de me mettre à rougir violemment, la mine presque serrée pour le contraste. Oui. Résister au charme de cette demoiselle était chose difficile, tout du moins pour ma part. Et puis, nous étions tombés amoureux l’un de l’autre par le passé, ce qui expliquait bien de choses, puisque habituellement, celui qui fait rougir, c’est bien moi. J’essayai de m’extirper de son emprise, mais rien à faire. Elle était pire qu’un chewing-gum quand elle s’y mettait. Je finis par lâcher prise, avant de soupirer lourdement, toujours rouge comme une tomate. Merde… Elle me faisait vraiment perdre mes moyens. Je pourrais presque la foutre dans ce lit, mais il y avait plus urgent à faire qu’une partie de jambes en l’air certainement sans lendemain. Houlà… Faut croire que le coup qu’elle m’avait fait, m’avait vraiment affecté pour que je vienne à penser plus loin que le sexe. Ouais… C’était une sorcière, cette femme. « On est bien comme ça, non ? » A peine avait-elle prononcé ses paroles que je finis par retirer ses bras avec force, avant de m’éloigner d’elle et d’aller m’assoir sur fauteuil tout près du lit. Cela ne décontenança point pour autant Fiona, puisqu’elle me suivit, avant de s’installer sur mes genoux, ce qui eut pour effet de m’irriter encore une nouvelle fois…

      - Descends de là.

      - No waaaaay ! Je suis bien là où je suis !

      - On dirait pas que tu étais poursuivie et que tu pleurnichais tout à l’heure…

      - Heiiiiin ! T’es pas gentil Salem ! Et puis tu sais bien que j’adore t’embêter. On ne me soupçonne jamais ce côté-là, mais je suis toujours d’humeur taquine avec les gens que j’aime ! Et si tu partais te baigner ? Je pourrais même te frotter ton…

      - Non merci ! Coupais-je aussitôt.

      - Je voulais parler de ton dos tu sais. Petit coquin.

      - Et si tu me racontais plutôt pourquoi ces gens te poursuivent ?

      - …

      - T’as perdu ta langue ?

      - C… C’est délicat à dire tu sais…

      - Hein ?

      - En fait c’est que…

      - Crache le morceau !

      - J’ai refusé la demande en mariage d’un dragon céleste ! Et depuis, ils me poursuivent sans relâche !

      - T’as vraiment pas mieux comme mensonge ?

      - Je suis pas une menteuse Salem ! Ah ! Tu sens pas bon toi ! Viens te baigner !

      - Non mais lâ…

      Avais-je eu le temps de terminer ma réplique ? Non. Si bien qu’en quelques minutes seulement, j’avais fini par être complètement dévêtu par une furie, avant de me retrouver dans un bain sans rien comprendre. Là encore, gros soupir. C’est dire à quel point j’étais désarmé face aux femmes qui réussissaient à me faire grave craquer. C’était vraiment pas de bol. Vraiment pas. A peine avais-je fini de penser ainsi que Fiona pénétra dans le bain et commença à frotter mon dos en chantonnant une chanson pour enfant que je n’avais jamais entendu. J’aurai pu râler encore, mais je ne fis rien de tel. Sa douceur avait fini par remplacer son humeur taquine, ce qui eut pour effet de m’apaiser. Et puis, il fallait avouer que ce bain était complètement relaxant. De quoi faire disparaitre la fatigue et la mauvaise odeur que j’avais accumulée après tous mes efforts de cet après-midi. D’ailleurs, je m’étonnai d’avoir un peu oublié mes propres problèmes. Ceux qui concernaient le Léviathan et les dirigeants du Gouvernement Mondial qui songeaient à m’assigner à un autre poste, autre que celui que j’avais actuellement. La belle affaire ! « Qu’est ce qui se passe vraiment pour qu’on te traque comme un vulgaire animal ? » Pour oublier mes soucis, rien de mieux que de penser à ceux des autres. Notamment ceux de Fiona. C’était un peu méchant de raisonner ainsi, mais c’était comme ça et on n’y pouvait rien.

      - Je te l’ai dit non ? Le noble ! Le noble !
      Répondit-elle, avant de glisser et s’installer devant moi, entre mes pieds.

      - Déjà, un dragon céleste ne se fatigue pas à demander, Fiona…

      - Ah bon ? Je ne savais pas ! En tout cas, celui dont je te parle avait été très gentil avec moi !

      - Ouais ouais…

      - Mais… Je te jure mon doudou !

      - Doudou ?

      - Tu n’aimes pas ?

      - …

      - Salem… ?

      - Quoi encore ?!


      - Ça durcit…

      - QUOI ?!


      - Hem… Tu sais, ton… Je le sens sur mes fesses en fait…

      - TU M’ENERVEEEEEEEEEEEES !!!

      - Hihi ! Ton corps me dit le contraire, pourtant ! Et puis tu es tout rouge ! Fais-moi un bisou doudou !

      - VA EN ENFER !

      Et sur ces mots, je m’extirpai du bain dans un élan de gros rageur qui n’aimait pas être en tort. Tout ça sous le fou rire de madame qui n'en finissait plus de me troubler. Dur.


        - Tu es toujours fâché ?

        Fiona sortit enfin du bain, après plus ou moins dix minutes. A croire que le premier ne lui avait pas suffi. Je soupirai non sans lui porter un regard presque agacé. Elle me rendait non seulement confus, mais elle ne prenait même pas la peine de répondre correctement à mes interrogations. Pourquoi ne devrais-je pas faire de même ? Aussi avais-je fini par afficher une mine boudeuse en croisant les bras et en reportant mon regard ailleurs. De toute façon, dire que je ne suis pas en boules serait un mensonge, ce qu’elle savait pertinemment. Fiona se mit tout de même à sourire, avant de venir s’installer paisiblement sur le grand lit de la pièce, alors que j’étais assis sur le seul siège, un peu comme la dernière fois. Elle pouffa de rire et me porta un regard paisible. Je ne pus feindre le boudeur très longtemps, puisque j’avais fini par tourner mon faciès vers elle, ce qui la ravit à un point pas possible, vu les nombreuses étoiles qui apparurent dans son regard comme par magie. Je fronçai tout de même mes sourcils pour lui montrer à quel point elle était agaçante, mais cela n’effaça pas pour autant son sourire carrément moqueur. Comme d’habitude, je finis par soupirer avant de me prendre la tête dans les bras. Fiona était vraiment une énigme. Insaisissable. Et c’était peut-être ce qui faisait son charme et ce qui m’attirait chez elle en plus de sa beauté et sa bonté naturelle.

        - J’abandonne… T’es pas obligée de me raconter quoi que ce soit…

        - C’est bon, je vais tout t’avouer. Il serait incorrect de ma part de ne pas te raconter l’histoire après tout ce que tu as fait pour moi aujourd’hui.

        Je levai brusquement ma tête et portai un regard interrogatif à la demoiselle. Si sa phrase aurait pu paraitre suspicieuse, le ton de sa voix ne me trompait pas. Moins joyeux, plus sérieux. De quoi se poser des questions et être attentif à ses prochains mots. Fiona finit par se recroqueviller sur le lit. Elle ferma ses yeux et se mit à dodeliner de la tête comme si elle bougeait au rythme d’une douce musique qui ne sonnait que dans sa petite caboche. Intrigué, je me levai de mon siège pour aller également poser mes fesses sur le lit. Sentant ma présence à ses côtés, la belle brune vint se poser sur mon torse avant de soupirer d’aise. Légèrement surpris par son geste, je finis par me radoucir, avant de me mettre à caresser sa longue chevelure pour la mettre un peu plus en confiance. Mais plus les secondes passèrent et plus ma curiosité grandissait. Je n’allais plus pouvoir tenir longtemps ! Après cinq minutes de silence, je finis par approcher mon visage du sien, craignant qu’elle ne se soit endormie dans mes bras. Cependant, mon air inquiet se transforma vite en un air grognon quand je la vis sourire et rougir en même temps, le tout  donnant une sale expression qui me disait clairement : « Tu peux être mignon quand tu veux, en fait ! » Je balançai Fiona de l’autre côté du lit, avant que celle-ci se redresse et ne se mette à rire aux éclats. Rien à tirer de cette meuf…

        - Je suis une native d’Ohara !

        Hein ?

        - Je suis née à Ohara. O - HA - RA ! Tu ne connais pas cette île ?

        - Bien sûr que si, mais…

        - Alors, tu comprends maintenant, mon doudou ?

        - Hein ?


        - Je suis l’une des rares archéologues de ce monde.

        - Toi ?!

        J’étais stupéfait. Vraiment. Je m’étais imaginé tous les scénarios possibles, sauf celui-là. C’était fou. Vraiment fou. Mais le pire, c’est que Fiona, elle ne perdait pas son sourire. Je restai bouche bée pendant un bon moment, tout en la fixant d’un air hébété. Pour une surprise, c’en fut une. Je passai ma main droite dans ma chevelure en soupirant lourdement. Toutes les informations que je venais d’accumuler me rendaient confus. Je finis par me laisser couler sur le lit, tandis que ma tête rebondissait sur les coussins. Fiona pouffa de rire, avant d’effectuer le quatre-pattes pour me rejoindre et pour s’installer à califourchon sur moi.  Je clignai plusieurs fois des yeux, avant qu’elle ne brise le silence de sa voix taquine : « Tu me hais ? » Je secouai la tête dans tous les sens, histoire de lui affirmer que je ne pouvais pas lui en vouloir pour cela. La tragédie qui datait d’un siècle à propos du Buster Call sur son ile m’avait même choqué lorsque j’étudiais l’histoire de la marine avec ma mère. Bien sûr, j’avais quelques informations sur le fameux siècle oublié, les phonéglyphes, les armes antiques, la dangerosité des archéologues… Mais je ne m’étais pas plus focalisé que cela sur ces histoires. Cependant, même si je ne détestais pas la brune à propos de son métier et de ses origines, j’avais néanmoins quelques questions en tête, tout de même. Plus importantes les unes que les autres.

        - Tu es révolutionnaire ?

        - Non. Simple civile, mister !

        - J’ai entendu parler de quelques phonéglyphes qui se trouveraient sur ces terres. C’est pour ça que tu es là et que ces chiens du gouvernement te poursuivent ?


        - On pourrait effectivement croire ça vu que je suis archéologue, mais non. Ce n’est pas la raison de ma venue ici. J’ai arrêté de courir après les phonéglyphes depuis belle lurette maintenant. J’aspire à autre chose. Ces gens qui me poursuivent ont tort, mais leur faire entendre raison serait certainement mission impossible. Tu les connais aussi bien que moi, doudou.


        - Et quelle est la raison pour laquelle tu te trouves ici ?

        - Heu… C’est une longue histoire en fait…

        Cette fois-là, il y avait clairement malaise du côté de Fiona. Cette dernière se mit à fuir mon regard, non sans rougir légèrement. Ses yeux trahissaient tout d’un coup une certaine mélancolie. Qu’avait-elle pour changer d’états d’âme ainsi ? Encore des problèmes ? Il fallait que le je le sache coûte que coûte. C’est dans cette optique des choses que j’avais redressé mon torse, avant de prendre son visage dans mes mains. Mon regard était intense, déterminé. J’étais prêt à l’aider, tout autant qu’elle l’avait fait pour moi par le passé, lorsque j’avais rompu avec ma femme et que je n’étais plus qu’une loque humaine se saoulant à longueur de journée. Mon visage on ne peut plus sérieux fit vite de motiver la jeune femme qui finit par me sourire, avant de quitter mes pieds. Je commençai à me poser des questions, lorsqu’elle se rapprocha de ses vêtements, se mit à les fouiller, avant de revenir vers moi avec un pendentif porte-photo. Une fois à mes côtés, elle me tendit le pendentif avec un sourire et des larmes aux yeux. Touché par son état, j’ouvris rapidement le pendentif, avant de voir une mère toute en sueurs, avec un nouveau-né dans ses bras. Une photo prise sans aucun doute après l’accouchement. Et cette mère-là n’était autre que Fiona elle-même. J’écarquillai les yeux un moment, avant de finir par lui sourire et faire une petite pichenette sur son front :

        - Alors quoi ? Tu es maman toi ? Mais c’est une merveilleuse nouvelle ! Hein… ? Mais pourquoi tu fais cette tête ?

        - Fut un moment où j’étais traquée par le gouvernement. Traquée non seulement parce que je suis une archéologue, mais aussi parce que je cherchais les emplacements de phonéglyphes. Comme tous mes ancêtres, je voulais les déchiffrer et percer le mystère du fameux siècle oublié. Il est évident que je ne pouvais pas imposer cette vie difficile à mon enfant. Alors j’ai eu l’idée de l’abandonner…

        - Tu as fait quoi… ?!


        - Oui je sais. C’est ignoble. Mais que voulais-tu que je fasse Salem ? Que pouvais-je faire ?!

        Alors que Fiona pleurait de plus belle, je préférai ne rien dire d’autre. De toute façon, étais-je bien placé pour savoir ce qui était bon pour un enfant, moi qui n’en avais pas un seul ?

        - Mais… Au fil des années, j’ai fini par regretter mon choix de vie. Ce siècle perdu était-il plus important que la chair de ma chair ? Bien sûr que non. Alors, j’ai réussi à me faire oublier de mes poursuivants en faisait profil bas et en devenant commerçante. Je n’avais plus qu’une idée en tête : Retrouver cet enfant que j’ai abandonné. Et puis, il y a deux ans, j’ai eu des nouvelles de lui. Ne me demande pas comment, mais toujours est-il que j’avais réussi à le retrouver et à le suivre de loin. Il s’appelle Uriko, il doit avoir 15 ans maintenant et il est devenu chasseur de primes. Dernièrement, son équipage s’est aventuré sur Grand Line et mon intuition de mère m’a conduite sur cette ile où je l’attends depuis un bon moment maintenant. Attends, j’ai une photo supplémentaire de lui. Elle date de deux ans, mais il ne devrait pas avoir trop changé…

        Fiona se dépêcha d’aller prendre une photo et de venir avec. Et lorsque je vis le fameux Uriko, j’eus un sentiment étrange. Une drôle de sensation…

        - Je veux me racheter du passé Salem. C’est la seule raison qui me motive à présent.

        - C’est tout de même bizarre. Tu n’aurais pas pu le laisser à son père ? Peut-être que ça aurait résolu bien de problèmes, non ?

        La brune se figea à mes dires. Sa mine en était toute déconfite. Comme si une évidence l’avait frappé.

        - N.. Non… Enfin, je veux dire que…


        - Tu ne connais pas son père ?

        - B… Bien sûr que si !

        - Mais… ?

        - C… C’est juste qu’il n’y a eu qu’un seul homme dans ma vie… Dit-elle en fuyant mon regard. Et cet homme-là… C’est toi Salem…

        La soirée prenait maintenant une toute autre tournure. Une tournure plutôt bouleversante...


          - Tu te fous de moi là… Dis-moi que tu rigoles…

          Fiona n’eut pas de mots. Cette fois-là, on était loin de la femme taquine qui s’évertuait à faire des blagues pour oublier sa propre détresse. Car maintenant que j’y pensais, c’était comme ça que je voyais les choses et pas autrement. La jeune femme finit par se recroqueviller encore une fois, tandis que je quittais le lit où nous étions tous les deux assis. Ce n’était pas possible ! Cela ne pouvait être vrai ! Ce gamin était mon fils ?! Non mais de qui elle se foutait, là ? Cependant, je dus avouer qu’en zyeutant une seconde fois la photo du gosse toujours dans ma main, je ressentis une seconde fois cette étrange sensation d’appartenance. De déjà-vu. Je détaillai encore une fois l’image avant d’écarquiller les yeux devant un fait indéniable : Ce petit avait la même chevelure que moi lorsque j’étais gosse. La même chevelure dont s’était vanté mon père lorsque j’étais moi-même petit. Un détail troublant, pour sûr. Je déglutis, avant de jeter la photo de cet enfant vers sa mère. Nous avions peut-être la même chevelure, mais ce n’était pas pour autant que j’allais accepter d’être son vieux. Je voulais peut-être un enfant, mais pas au point de me ruer sur cette grosse coïncidence, qui en fait, n’était qu’un tissu de mensonges ! Pas moyen ! Aussi avais-je retiré mon peignoir dans un élan de colère, avant d’enfiler mes habits initiaux et mon manteau de haut officier.

          - SALEM ? Où est-ce que tu pars ? Je sais bien que c’est difficile à croi…

          - LA FERME !! Non seulement je ne veux plus t’entendre, mais je ne veux plus te revoir. Tu viens de me décevoir, une seconde fois...


          - SALEM ! JE T’EN CONJURE ECOUT…


          VLAN ! La porte s’était refermée derrière moi dans un fracas assourdissant, coupant court à la discussion que j’avais avec cette grosse menteuse. Alors que cette dernière s’effondrait sur le lit, totalement en pleurs, je dévalais les escaliers de l’hôtel pour ma part. J’étais tellement furieux, que mon visage retranscrivait clairement mes états d’âmes. Et un tel faciès déformé par la colère ne manqua point d’effrayer tous les passants qui s’étaient trouvés sur mon chemin. Les pauvres en me voyant débouler comme une furie s’étaient aussitôt écartés de mon chemin. Et c’est ainsi que je quittai l’hôtel dans lequel nous logions en pleine nuit. Pus questions de m’approcher d’une manipulatrice pareille ! Profiter de notre rencontre providentielle pour me vomir une telle information ? Ouais, elle faisait fort quand même ! Putain ! J’avais la rage là. Tellement, qu’arrivé dans une ruelle, je donnai un sacré coup de poing à un grand arbre, qui ne manqua point de tomber dans un vacarme assourdissant. Ce geste effraya les quelques personnes qui se trouvaient à proximité, avant que celles-ci ne se raidissent sans broncher lorsque je mis à passer mon chemin. Pourquoi ma vie était-elle aussi pourrie ? On m’annonce en coulisses que je suis dans le collimateur des gouvernementaux, mais on vient également m’annoncer que j’ai un gosse de treize piges en vie. Génial !

          Maintenant que je m’étais défoulé sur quelque chose, il me fallait oublier. Et quoi de mieux pour oublier ce mauvais épisode que l’alcool ? Très bonne question qui avait déjà une réponse dans ma caboche. Aussi m’étais-je activement mis à la recherche d’une taverne. N’importe laquelle ferait l’affaire qu’elle soit miteuse ou non. Et bientôt, je tombai sur la pépite que je cherchais. Un petit bar à au moins huit rues de l’hôtel que j’avais quitté et tout aussi éloigné du Léviathan. L’endroit parfait pour m’isoler. L’endroit parfait pour m’enivrer à souhait. L’endroit parfait pour m’évader de ce monde trop cruel. Comme quoi, la beauté la force et l’argent ne faisaient pas tout dans une vie. C’est dire que j’étais l’exemple. L’exemple parfait de l’échec. Une fois sur place donc, je remarquai que l’endroit était limite désert. Un constat auquel je ne m’attendais pas alors que nous étions en pleine nuit. Je partis donc m’installer au comptoir vide, avant de commander un whisky. Une fois assis, la pression s’envola et mon cœur un peu trop chaud se refroidit instantanément. Je m’enfilai un verre. Puis deux. Ainsi de suite jusqu’au cinquième. Et c’est à ce moment précis que je me mis à nourrir des regrets, d’un seul coup. Et si ? Et si Fiona ne mentait pas ? Et si ce gosse était le mien ? N’avais-je pas frissonné à la vue de sa photo ? N’avais-je pas remarqué sa chevelure semblable à la mienne ?

          Et si j’avais merdé sous l’effet d’une trop forte émotion ?

          Ah, que je n’aimais pas ça ! Cette soudaine sensation d’être passé à côté de quelque chose. Comme si au lieu de m’aider à oublier, l’alcool m’avait remis les idées en place. Comme si j’avais compris qu’il me fallait une sérieuse discussion avec elle. La belle situation merdique. Aussi avais-je balancé un billet au barman en le remerciant et en le rassurant sur la monnaie qu’il pouvait se garder, avant de me mettre à courir. Courir vers cet hôtel que j’avais quitté sous l’effet d’une colère presque injustifiée. Presque je dis bien. Car une telle coïncidence ne pouvait qu’être difficile à avaler. J’arrivai trois minutes plus tard sur l’hôtel, avant de constater qu’il y avait une foule au rez-de-chaussée. Et lorsque je demandai ce qui s’était passé, le gérant de l’établissement m’avoua, paniqué, que des hommes en noirs avaient enlevé la femme qui se trouvait avec moi. Celle-ci avait voulu me poursuivre, avant de se faire violemment accoster par ces types. A cet instant-là, mon cœur ne fit qu’un bond. Je n’entendis plus le type qui me renseignait puisque je sus automatiquement de qui il s’agissait : Ces sales gouvernementaux ! Ils avaient finalement mis la main sur elle. N’écoutant plus que mon courage et ma volonté d’en savoir plus sur celui qui pouvait être mon potentiel gosse, je demandai la direction qu’ils avaient prise, avant de m’y aventurer au pas de course, une fois l’info acquise !

          Attends-moi, Fiona !