Parce que reconnaître ses faiblesses est l’apanage des grands. Juché en haut d’une falaise, l’assassin observait paisiblement l’horizon. Le Soleil qui se couchait illuminait les cieux d’un panache sanglant aux ourlets violacés. C’était un magnifique spectacle, mais son esprit conditionné ne voyait là qu’une tâche de sang diaphane s’étalant sur du vélin vierge. Le gouffre que la sphère lumineuse laissait lui paraissait être l’impact d’une balle, comme s’il avait appliqué sa sentence au ciel entier. Orgueilleux, certes, mais n’était-ce aussi pas là l’apanage des grands ? Souriant à cette étendue aquatique comme à un ennemi, il écarta les bras. Il était simplement vêtu d’une tunique noire, dont les lassés relâchés laissaient apercevoir son torse glabre, sculpté par les efforts et le temps. Sa crinière brune était attachée en un catogan serré, savamment étudié, laissant échapper quelques mèches éparses. Dans la continuité, une légère barbe de quelques jours venait auréoler la beauté sauvage de l’Auditore. Il était pieds nu, mais le manque de sandales ne semblait pas lui avoir nuit lors de son escalade. Une fine pellicule de sueur apparaissait sur son front, mais le vent l’assécha en quelques secondes. Il était paisible et dominait de sa prestance l’ensemble des lieux. Il était pareil à un aigle, survolant les cieux, sa pupille ciblant chaque détails de la scène avec une acuité renforcée par l’expérience. Il se sentait apaisé en cet endroit, nulle suprématie, nul crime. Il était seul et avait pour unique rival l’immensité de ce monde. Il s’en trouvait à la fois grandis et diminué. Une sensation plutôt plaisante, malgré les apparences.
L’assassin inspira un grand coup, puis bascula le poids de son corps vers l’avant. Il glissa lentement dans le vide, sentant les battements de son cœur s’accélérer, les vents se disputer son corps. Il ferma les yeux, faisant preuve d’une foi absolu envers son acte de grâce, et se recroquevilla dans les airs. Il tourna sur lui-même puis en reprenant le contrôle sur son équilibre, il tendit les jambes et écarta de nouveau les bras, accueillant le vide avec un sourire enfantin. Il voyait la surface se rapprocher à une vitesse inimaginable, tandis que les roches de la falaise défilaient à ses côtés. L’assassin éclata de rire puis il tendit les bras, creusant l’eau de ses mains. Il fendit l’eau sans un bruit, et s’enfonça sous les flots sans douleur. Les vagues se refermèrent sur lui, et emportèrent son rire dans les abysses. Quelques mètres puis loin, l’assassin émergea, chassant l’eau de ses cheveux d’un geste de la tête. Quelques badauds s’étaient assemblés là, pour la plupart des enfants, et avaient admiré le saut de l’homme, exécuté à la perfection. Exécutant un crawl parfaitement maitrisé, Rafaelo rejoignit la grève et gagna la rue bordant le port en escaladant grâce aux quelques prises éparses le long du quai. Il s’assit sur le rebord d’un muret puis ôta sa chemise, profitant des derniers rayons de Soleil. Il étala son vêtement et fit jouer discrètement sa musculature, tirant quelques gloussements aux demoiselles qui le contemplaient. L’Auditore leur offrit un magnifique sourire, puis roula sa chemise avant de l’essorer. Il ne pouvait pas perdre de temps en frivolités, il devait rencontrer son frère un peu plus tard dans la soirée, afin de lui offrir une petite séance d’entraînement. Bien qu’il fût moins doué que lui dans certains aspects du combat au corps à corps, Rafaelo possédait quelques enseignements supplémentaires sur moult domaines. Césare était plus un stratège qu’un assassin, il maniait peut être à merveille la diplomatie du poignard, mais il n’apparaissait pas toujours comme la meilleur des dagues. Il fallait bien que le jumeau l’emporte sur quelques points contre son frère ! S’ajoutant à cela son fruit du démon. Ah, au moins il pourrait se targuer de lui en lui contant sa baignade.
L’assassin jeta son vêtement essoré sur son épaule puis offrit un clin d’œil à la plus farouche des spectatrices avant de gagner les profondeurs de la ville. Il s’enfonça sans sourciller dans l’ombre, et gagna en quelques minutes sa planque de fortune. Il avait trouvé un petit local abandonné, passant à travers un cabanon, non loin de la caserne. Il y avait camouflé son matériel habituel pour pouvoir se promener librement en ville. Contrairement à Césare, il ne montrait jamais son visage sous l’identité d’un assassin. Bien qu’il fût jumeau de ce dernier, celui-ci possédait des traits physiques bien trop distincts pour pouvoir être assimilé à Rafaelo. Ce n’était que lorsqu’on les mettait côte à côte que l’on pouvait en effet imaginer leur parenté. Ainsi, à visage découvert, le jeune homme était libre comme l’air, bien qu’il se sente parfois obligé d’intervenir lors de quelques altercations, selon sa propre notion de justice. Mais ce n’étaient là que de rares exceptions. Il posa donc sa chemise sur une planche érodée par le temps, puis enfila à la hâte son attirail, prenant soin d’embarquer tout ce qui pourrait lui être utile. Les entraînements entre les deux frères prenaient souvent la forme d’un affrontement au cours duquel celui qui l’emportait rabâchait cet événement jusqu’à ce que la victoire change de camp. Mais quoi qu’il en soit, il leur permettait aussi de se jauger et de progresser ensemble, cet objectif n’étant que renforcé par la petite rivalité qui en ressortait. L’assassin sourit à cette idée, victoire ou pas, il n’en voulait jamais à son frère. Si celui-ci avait exigé, car c’était bien le terme, que Rafaelo lui fournisse quelques exercices aptes à palier ses défauts, c’est qu’il voulait tout simplement surmonter leur dernière mésaventure en s’entraînant d’arrache pied. Il fallait dire qu’Olid Amara s’était bien moqué d’eux, et ils avaient failli y passer. Enfin, plutôt Césare, mais ce fut lui la première cible, et il n’aurait très certainement pas encore tout à fait digéré le fait que son frère soit arrivé in extremis pour lui sauver la mise. Ne prévoyait-il pas tout avec un coup d’avance ? Se faire prendre de court devait lui en coûter. Quoi qu’il en soit, Rafaelo s’en moquait quelque peu. La rancœur de son frère ne ferait qu’ajouter un peu de piment à leurs combats. Il ne se réjouissait pas du malheur de son frère, mais plutôt du fait que cette mésaventure puisse le pousser à s’améliorer encore plus. À tout chose, malheur est bon.
La nuit était tombée depuis plus d’une heure lorsque l’assassin arriva au point de rendez-vous prévu. Il se dissimula dans un coin d’ombre, revêtu de sa tunique d’assassin noire, et attendit que son frère ne se manifeste pour sortir de sa gangue de ténèbres. Il posa une main calme sur le pommeau de sa rapière et ferma les yeux, faisant le vide en lui. Il calma les battements de son cœur et entraîna son ouïe à percevoir chaque son de l’endroit, se les appropriant. Une technique que son défunt Maestro lui avait appris. Il suffisait de se synchroniser avec l’atmosphère des lieux environnants et la première chose s’écartant de la normale s’imposerait à lui d’elle-même. Simple, du moins en théorie. Il fallait une concentration absolue et ne laisser aucune penser parasiter cette méditation. L’assassin était cependant rompu à ce genre d’exercices, mais il était toujours bon de revenir aux bases. On ne pouvait édifier une citadelle que sur de solides bases. Il en était de même pour un gouvernement, où le peuple faisait office de base. Que dire alors du gouvernement en vigueur ? Peut être était-ce là une des raisons pour lesquelles son frère voulait le rencontrer, aussi. Avait-il ne nouvelles informations ? Ou, peut être en avait-il appris un peu plus sur cette fameuse clef en argent, retrouvée à Tequila Wolf …
L’assassin inspira un grand coup, puis bascula le poids de son corps vers l’avant. Il glissa lentement dans le vide, sentant les battements de son cœur s’accélérer, les vents se disputer son corps. Il ferma les yeux, faisant preuve d’une foi absolu envers son acte de grâce, et se recroquevilla dans les airs. Il tourna sur lui-même puis en reprenant le contrôle sur son équilibre, il tendit les jambes et écarta de nouveau les bras, accueillant le vide avec un sourire enfantin. Il voyait la surface se rapprocher à une vitesse inimaginable, tandis que les roches de la falaise défilaient à ses côtés. L’assassin éclata de rire puis il tendit les bras, creusant l’eau de ses mains. Il fendit l’eau sans un bruit, et s’enfonça sous les flots sans douleur. Les vagues se refermèrent sur lui, et emportèrent son rire dans les abysses. Quelques mètres puis loin, l’assassin émergea, chassant l’eau de ses cheveux d’un geste de la tête. Quelques badauds s’étaient assemblés là, pour la plupart des enfants, et avaient admiré le saut de l’homme, exécuté à la perfection. Exécutant un crawl parfaitement maitrisé, Rafaelo rejoignit la grève et gagna la rue bordant le port en escaladant grâce aux quelques prises éparses le long du quai. Il s’assit sur le rebord d’un muret puis ôta sa chemise, profitant des derniers rayons de Soleil. Il étala son vêtement et fit jouer discrètement sa musculature, tirant quelques gloussements aux demoiselles qui le contemplaient. L’Auditore leur offrit un magnifique sourire, puis roula sa chemise avant de l’essorer. Il ne pouvait pas perdre de temps en frivolités, il devait rencontrer son frère un peu plus tard dans la soirée, afin de lui offrir une petite séance d’entraînement. Bien qu’il fût moins doué que lui dans certains aspects du combat au corps à corps, Rafaelo possédait quelques enseignements supplémentaires sur moult domaines. Césare était plus un stratège qu’un assassin, il maniait peut être à merveille la diplomatie du poignard, mais il n’apparaissait pas toujours comme la meilleur des dagues. Il fallait bien que le jumeau l’emporte sur quelques points contre son frère ! S’ajoutant à cela son fruit du démon. Ah, au moins il pourrait se targuer de lui en lui contant sa baignade.
L’assassin jeta son vêtement essoré sur son épaule puis offrit un clin d’œil à la plus farouche des spectatrices avant de gagner les profondeurs de la ville. Il s’enfonça sans sourciller dans l’ombre, et gagna en quelques minutes sa planque de fortune. Il avait trouvé un petit local abandonné, passant à travers un cabanon, non loin de la caserne. Il y avait camouflé son matériel habituel pour pouvoir se promener librement en ville. Contrairement à Césare, il ne montrait jamais son visage sous l’identité d’un assassin. Bien qu’il fût jumeau de ce dernier, celui-ci possédait des traits physiques bien trop distincts pour pouvoir être assimilé à Rafaelo. Ce n’était que lorsqu’on les mettait côte à côte que l’on pouvait en effet imaginer leur parenté. Ainsi, à visage découvert, le jeune homme était libre comme l’air, bien qu’il se sente parfois obligé d’intervenir lors de quelques altercations, selon sa propre notion de justice. Mais ce n’étaient là que de rares exceptions. Il posa donc sa chemise sur une planche érodée par le temps, puis enfila à la hâte son attirail, prenant soin d’embarquer tout ce qui pourrait lui être utile. Les entraînements entre les deux frères prenaient souvent la forme d’un affrontement au cours duquel celui qui l’emportait rabâchait cet événement jusqu’à ce que la victoire change de camp. Mais quoi qu’il en soit, il leur permettait aussi de se jauger et de progresser ensemble, cet objectif n’étant que renforcé par la petite rivalité qui en ressortait. L’assassin sourit à cette idée, victoire ou pas, il n’en voulait jamais à son frère. Si celui-ci avait exigé, car c’était bien le terme, que Rafaelo lui fournisse quelques exercices aptes à palier ses défauts, c’est qu’il voulait tout simplement surmonter leur dernière mésaventure en s’entraînant d’arrache pied. Il fallait dire qu’Olid Amara s’était bien moqué d’eux, et ils avaient failli y passer. Enfin, plutôt Césare, mais ce fut lui la première cible, et il n’aurait très certainement pas encore tout à fait digéré le fait que son frère soit arrivé in extremis pour lui sauver la mise. Ne prévoyait-il pas tout avec un coup d’avance ? Se faire prendre de court devait lui en coûter. Quoi qu’il en soit, Rafaelo s’en moquait quelque peu. La rancœur de son frère ne ferait qu’ajouter un peu de piment à leurs combats. Il ne se réjouissait pas du malheur de son frère, mais plutôt du fait que cette mésaventure puisse le pousser à s’améliorer encore plus. À tout chose, malheur est bon.
La nuit était tombée depuis plus d’une heure lorsque l’assassin arriva au point de rendez-vous prévu. Il se dissimula dans un coin d’ombre, revêtu de sa tunique d’assassin noire, et attendit que son frère ne se manifeste pour sortir de sa gangue de ténèbres. Il posa une main calme sur le pommeau de sa rapière et ferma les yeux, faisant le vide en lui. Il calma les battements de son cœur et entraîna son ouïe à percevoir chaque son de l’endroit, se les appropriant. Une technique que son défunt Maestro lui avait appris. Il suffisait de se synchroniser avec l’atmosphère des lieux environnants et la première chose s’écartant de la normale s’imposerait à lui d’elle-même. Simple, du moins en théorie. Il fallait une concentration absolue et ne laisser aucune penser parasiter cette méditation. L’assassin était cependant rompu à ce genre d’exercices, mais il était toujours bon de revenir aux bases. On ne pouvait édifier une citadelle que sur de solides bases. Il en était de même pour un gouvernement, où le peuple faisait office de base. Que dire alors du gouvernement en vigueur ? Peut être était-ce là une des raisons pour lesquelles son frère voulait le rencontrer, aussi. Avait-il ne nouvelles informations ? Ou, peut être en avait-il appris un peu plus sur cette fameuse clef en argent, retrouvée à Tequila Wolf …