Sexy nurse

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Le Soleil frappait toujours Saint-Uréa de tout son éclat tandis que de grosses gouttes rouges tombaient sur le sol boueux depuis l'épaule gauche du blessé. Edward était toujours dans un beau merdier et il se tenait là, debout, perdant tout son sang, devant la porte de son ancienne maison. Les autres bâtisses immaculées le dévisagèrent de leurs regards vitreux. Le forban blessé fit quelques pas dans la rue en direction de la sortie de ce quartier. Il fallait qu'il trouve un médecin, mais plus important, qu'il s'éloigne du carnage dont il était le coupable. Ses yeux injectés de sang ne parvenaient plus à distinguer convenablement la terre du ciel, et un voile blanc tombait petit à petit devant eux. Les jambes tremblotantes, il tentait de fuir. Inutile, chaque pas était un périple, chaque contraction musculaire une série de spasmes. Le décor virevoltait de toute part, les foyers étaient à présent perchés dans le ciel et les nuages à porter de main. Ned s'effondra sur ses genoux et s'enfonça légèrement dans la boue. Impossible de résister davantage, ses pensées n'avaient plus aucun sens, son corps ne lui obéissait plus et la chaleur habituelle de celui-ci le quittait petit à petit. C'était la fin. Son visage carré vint s'échouer au sol tel un navire heurtant la côte.

***

Plus rien. Le noir total, sans cette fameuse lumière au bout du tunnel. Non, la seule chose qu'il voyait étaient des flammes. D'immenses flammes d'une dizaine de mètres se rapprochaient dangereusement de lui, consumant le décor ténébreux autour. Quatre épaisses mains attrapèrent le corps d'Edward par ses bras et ses jambes et l'immobilisaient tandis que la sanction brûlante se rapprochait. "Lâchez-moi !" criait-il, "Lâchez-moi" hurlait-il, rien n'y faisait. Le triste pirate sentait à présent la chaleur ardente tout près de son visage. Une bourrasque fit soudain voler les cheveux noirs qui se confondaient avec l'arrière-plan et vint éteindre les flammes dans un silence mortel. Les membres qui le tenaient le lâchèrent. Une main salvatrice, cette fois l'attrapa par l'épaule droite et le secoua avec force. Edward put s'évader de sa punition céleste et ouvrit les yeux, revenant à la vie. Il était à présent allongé sur un matelas confortable, une bougie sur une petite table de chevet. Le petit drap qui recouvrait son corps était trempé par la sueur tandis qu'une jeune femme le tenait par l'épaule, visiblement inquiète par le comportement de son patient. Où était-il tombé ? Il n'en avait aucune idée. À cet instant, il n'était sûr que d'une seule chose : la femme à son chevet venait de lui éviter l'enfer.

" Vous allez mieux ? Vous n'arrêtiez pas de crier pendant votre sommeil, c'était certainement dû à la fièvre. Au fait, mon nom est Catherine, mais appelez-moi Kate "

Les yeux noirs d'Edward fixaient la jeune femme qui se tenait à côté de lui. Il n'arrivait pas à décrocher un seul mot et cela était certainement dû au fait qu'il venait de revenir d'entre les morts. Peut-être avait-il simplement fait un cauchemar causé par la fièvre ; des hallucinations en somme. Non, c'était impossible. Il avait senti les flammes qui commençaient à lui brûler le visage et la douleur était bien réelle. Il était revenu de l'enfer, triste fournaise, où on l'avait envoyé sans jugement. La sentence des plus vils personnages de ce bas monde. Ned bascula son regard sur son épaule blessée. Celle-ci était recouverte d'un bandage et bizarrement, ne le faisait plus souffrir.

" J'ai pris la liberté d'ôter la balle logée dans votre bras et de vous recoudre comme j'ai pu " ajouta Kate qui attendait visiblement que l'homme lui réponde.

" Merci pour tout. Où suis-je ? "

Edward jeta de rapides coups d’œil autour de lui afin de combler sa curiosité. La pièce était à priori une chambre des plus simples de cinq mètres sur cinq, faîte tout en bois. Aucun mobilier superflu n'était présent, simplement un lit au milieu de la pièce et une chaise où était assise la jeune femme. Seule la bougie posée sur la petite table près du plumard éclairait les deux protagonistes. L'apprentie infirmière devait avoir la trentaine au maximum et dégageait un calme impressionnant. Ses yeux bleus et sa longue chevelure blonde lui conféraient un air angélique et innocent qui ne pouvait que faire chavirer le cœur que notre pirate. Un être aussi joli lui avait sauvé la vie (et l'avait vu à poil) : ça partait plutôt bien !

" Chez moi. Vous n'avez rien à craindre. J'habite dans le quartier et j'ai malheureusement dû vous traîner sur cinquante mètres afin de vous ramener ici. Personne ne viendra vous chercher dans cette maison. "

" Vous m'avez sauvé la vie. Comment puis-je vous remercier ? "

" Et bien... Vous savez que les impôts dans cette ville sont très importants et que les temps sont de plus en plus durs. Alors, voilà, j'ai pris la liberté de garder l'argent que vous aviez dans vos poches, en compensation pour les risques que j'ai encouru et les soins que je vous ai administrés ! "

Elle conclut sa phrase avec un sourire radieux qui laissait entrevoir ses magnifiques dents blanches. Edward passa rapidement ses deux mains au niveau des poches de son pantalon : vides. Qu'importe l'argent, il était en vie et elle l'avait sauvé.

" Vous ne perdez pas le nord... Ça marche, gardez le pognon. "

Les deux personnages furent interrompus par un bruit sourd. Quelqu'un venait de frapper à la porte d'entrée de la maison et la minuscule chambre située à côté avait accompagné le son jusqu'aux oreilles des protagonistes. La jeune femme tourna la tête, affolée avant de regarder de nouveau Ned.

" Vous attendez quelqu'un ? "

Celle-ci hocha la tête en signe de négation.

" Allez ouvrir. "

Elle se leva, tremblant à moitié et se dirigea vers la sortie de la petite chambre, elle qui hébergeait un individu qui avait tué une douzaine d'hommes.

Depuis son lit, le patient Rackham pouvait entendre grincer la porte d'entrée et la conversation des individus dehors avec son infirmière personnelle.

" Bonjour ma dame, nous sommes de la Marine, 12e base affectée au Royaume de Saint-Uréa. Certains habitants de ce quartier très... pauvre, hum, nous ont confié que vous hébergiez un inconnu. Cet homme correspond aux signalements d'un criminel que nous recherchons activement pour le meurtre d'une douzaine d'innocents. "

Un long silence s'installa alors tandis que plus personne ne parlait. Était-elle en train de leur chuchoter qu'elle gardait le pirate dans sa chambre. Si c'était le cas, cette salope n'était pas gênée, merde, Edward lui avait quand même filé tout son argent. Les secondes ressemblaient à des heures et chacune d'elles étaient une vraie torture. Si les soldats débarquaient dans la chambre, Ned était foutu. Il lui était impossible de se battre vu l'état de son épaule meurtrie. La fuite alors ? Impossible de fuir avec si peu de forces, il allait tomber de fatigue dans dix mètres à peine.
Finalement, le supplice s'arrêta lorsque Kate se décida à parler :

" Non, je n'ai jamais vu cet homme et je suis seule chez moi. Vous pouvez entrer si vous voulez, mais cela ne serait pas très courtois de la part de gentlemen. Si j'aperçois ce meurtrier, je contacterai la Marine, je le jure " répondit-elle avec une voix mielleuse.

Elle leur faisait du charme et ça marchait ! Edward pouvait imaginer la posture et l'attitude qu'elle avait seulement grâce aux échos de la conversation. N'importe quel homme y aurait succombé. Quand une aussi belle femme vous parle, vous vous taisez et vous appréciez la Beauté. La porte d'entrée se referma tandis que celle de la chambre s'ouvrit. Kate entra un large sourire aux lèvres et s'approcha du lit de son malade avant de lui lancer d'un ton chaleureux :

" Je vais aller vous préparer quelque chose à manger, vous êtes tout blanc. "

Elle tourna les talons et sortit. Edward s'enfonça dans le matelas, soulagé d'avoir échappé aux soldats et ferma lentement ses yeux, attendant avec impatience l'arrivée de son repas.

Plutôt sympa cette nana. Elle était tombée amoureuse du bandit, cela ne faisait aucun doute. D'un autre côté, comment pouvait-on résister à un aussi bel homme ? Non sans déconner, Edward savait pertinemment qu'elle ne pouvait que succomber à son charme et cela le désolait un peu, car il avait pris une décision majeure : quitter le quartier le plus rapidement possible. Une fois qu'il aura englouti sa soupe de fortune, il partira et rien ni personne ne pourra l'en empêcher. C'est malheureux, dire qu'une formidable histoire d'amour aurait pu se créer entre le patient et sa merveilleuse infirmière. M'enfin, que voulez-vous, le destin ne nous donne pas toujours ce que nous désirons. En parlant de destin, Neddy pensait réellement qu'il allait y passer lorsqu'il perdu connaissance. Il n'avait pas encore pris le temps de penser à la tournure des événements depuis qu'il s'était réveillé et à présent, il se rendait compte qu'il était aux portes de l'enfer. Était-ce son futur ? À vrai dire, il était normal qu'il y aille étant donner les nombreux péchés qu'il avait commis. Peut-être que ce bref aperçu était censé lui redonner la foi et modifier ses actions futures ? Aucune chance que cela n'arrive, Edward allait rester le même type de personnage, car au fond, c'est ce qu'il était. Comme on le dit souvent, il est impossible de renier le naturel.

Son court passage dans l'au-delà n'avait donc pas apporté le résultat escompté et au contraire, le pirate tatoué voulait à présent profiter davantage de sa vie minable et pour cela, il n'y avait qu'une seule option : prendre la mer le plus tôt possible. A lui les montagnes d'or, les femmes et la renommée ! Le voici qui fantasmait encore et un large sourire avait désormais pris place sur son visage.

Kate poussa la porte de son pied et entra, un bol de soupe entre ses deux mains. Elle vint s’asseoir sur la chaise chancelante puis tendit le repas chaud à son malade. Edward se redressa en position assise en s'appuyant sur son bras valide et se mit en face de sa bien-aimée avant de se saisir de son repas. Il avala deux cuillères de son infect remède tout en esquissant une grimace, puis un sourire pour ne pas vexé son hôte. Le jeune forban la regardait à présent droit dans les yeux, prêt à lui révéler son futur départ.

" Kate, je sais qu'il y a quelque chose entre nous, quelque chose de très fort... Et ça me fait mal au cœur de devoir vous dire cela mais.. je vais devoir partir. Je suis désolé, non, non, ne pleurez pas, nous nous reverrons, je vous le promets. Cette rencontre a croisé nos destins à tout jamais. "

" Parfait, bonne route. " répondit l'âme en peine avec un large sourire.

C'est tout ? Ned s'attendait plutôt à une série de sanglots de la part de la jeune femme. Il voyait déjà la scène : elle pleurant, lui la rassurant, elle l'implorant de ne pas partir. Toute cette affaire aurait due être conclue par un langoureux baiser et même plus sur le lit salvateur ! Mais il n'en fut rien, l'ange blond qui l'avait sauvé tournait à présent les talons et sortait de la chambre, laissant Edward dans ses fantasmes et avec sa soupe dégueulasse.

" Bon... Je m'attendais pas vraiment à ça, mais Neddy, il est temps que tu te tires ! "

Ni une, ni deux, il était à présent debout et observait le bandage blanc ornant son épaule gauche. Le protagoniste se dirigea en direction de la porte de la chambre qu'il ouvrit avant de tomber sur un petit salon classique où Kate était en train de compter les liasses qu'elle avait "durement" gagnées. Les femmes sont vraiment toutes les mêmes... Il se dirigea en direction de la sortie de la chaumière et atterrit dans la rue boueuse du bidonville. Le Soleil rayonnait toujours bien haut dans le ciel tandis que le célèbre Edward Rackham prenait la direction du centre-ville où il s'arrêterait dans la première taverne ! Un peu de rhum n'avait jamais tué personne, n'est-ce pas ?