Le soleil tapait de manière désagréable. Sous ses pieds, Suiji sentit le sable crisser tandis qu'il quittait la modeste embarcation avec laquelle il s'était rendu sur l'île d'Inari. Il avait mis par-dessus sa chemise une sorte de poncho marron, récupéré au fond des cales du Big Bang Joe. Vu l'odeur, ce vieux morceau de tissu avait sans doute servi de sac à patates pendant pas mal de temps, et pour un homme tel que Saru O. Suiji, porter une telle immondice représentait un sacrifice hors du commun. C'eut été comme de demander à Sanji de raser sa mèche de cheveu ! Il faisait néanmoins cet effort inhumain pour qu'on ne le regarde pas. Vous pensez bien, un homme élégant, ça attire l'attention dans ce monde de pirate, alors qu'un pouilleux puant, ça donne plutôt envie de fuir ! Au moins, il serait tranquille pour réaliser sa besogne.
Cette fois-ci, son sac ne contenait pas ses instruments de cuisine : eux avaient été mis en sécurité avec le Joe. Il n'avait pris qu'un couteau à moitié rouillé, et son fusil à aiguiser. Il avait besoin d'autres ingrédients pour faire son coup, cette fois. Il n'avait pas non plus pris avec lui Yaen, le pauvre lémurien ne méritait pas de finir au fond d'une geôle avec les autres membres des Gun and Gun's. Il courrait même plus de danger puisqu'il serait peut-être directement envoyé dans la casserole du cuisinier de la Marine, alors mieux valait le laisser dans la cale du Joe, à la place du vieux poncho puant, en priant pour que Yaen ne devienne pas remplaçant du poncho en tant que porteur de pommes de terre.
Quelques tintements sonnaient dans le sac qui pesait lourdement sur l'épaule et la nuque de Suiji. Il avait hâte que ceci soit terminé. Il devait se faire capturer par un membre du gouvernement, et être envoyé au quartier général de la Marine. Il était donc forcé de faire un coup d'éclat suffisamment grandiose pour être traité en homme dangereux – suffisamment pour mériter le QG. Il inspira, avançant d'un pas posé, calme. Il ne voulait pas se précipiter et risquer d'attirer l'attention sur lui trop tôt. Il avait pris la direction de l'école récemment créée par un capitaine pirate dont il avait oublié le nom. Les gens l'ignorèrent, ne voyant en ce jeune homme qu'un raté de plus dans cette société pourrie, peut-être même une victime de ces sanguinaires pirates que la Marine ne parvenait pas toujours à contenir.
Arrivé devant le bâtiment scolaire, le nez du cuisinier se plissa, comme si une odeur nauséabonde venait lui chatouiller les narines. Pouah ! Une école. Rien de pire pour éduquer des enfants que de les coller le derrière sur un siège et de les gaver de connaissances toutes plus inutiles que les autres. Et en plus, c'était un pirate qui avait fait construire ça, pensant faire un acte de bienveillance certainement. Tandis que personne ne semblait se soucier de ce que le jeune pirate pouvait bien faire là en plein milieu de l'après-midi, celui-ci en profita pour sortir de son sac une bouteille d'alcool qu'il déboucha, avant de commencer à asperger les murs d'eau de vie. Bien entendu, il prenait garde à ce qu'on ne le voit pas par les fenêtres, il n'était complètement stupide. Maintenant, les choses intéressantes allaient commencer.
Une fois encore, la main de Suiji se perdit dans son sac, et il en sortit une bombe, sur laquelle on pouvait voir une minuterie conçue par les soins de l'ingénieur en explosif des Gun and Gun's. Il mit en marche le compte à rebours, entra dans l'école en toute discrétion. Bien entendu, comme les cours se déroulaient en ce moment même, personne ne traînait en dehors des salles de classe, et il put donc décoller une latte du parquet avec son couteau, placer la bombe en dessous, et replacer la latte comme si de rien n'était. Maintenant, il n'avait plus que vingt minutes pour trouver comment attirer l'attention.
Il rentra dans la première salle de classe, l'air de rien, et tandis que l'instituteur s'interrompait dans son cours, Suiji saisit l'enfant le plus proche de lui, et lui plaqua la lame de son couteau contre la gorge, sans hésitation ni pitié. Même rouillé, l'arme était menaçante et coupante. Personne n'essaierait de risquer la mort d'un petit de six ans.
« Je veux que tout le monde se réunisse dans le hall de cette école, sauf vous, Sensei. Vous avez très exactement trois minutes pour trouver un Marine, et le faire venir ici. J'ai des exigences qui ne peuvent être exaucées que par le gouvernement. »
Les enfants obéirent, tout comme l'enseignant, qui partit en courant, tandis que Suiji réunissant consciencieusement tous les autres présents, informant soigneusement les adultes présents qu'il y avait quelque part une bombe qui allait prochainement exploser – il ne dit pas le temps – et que l'alcool sur les murs empêcherait les survivants de s'enfuir.
Rapidement, il entendit des voix à l'extérieur, et il s'approcha de la porte, tenant toujours l'enfant sous son joug, et put apercevoir le sensei qui ne revenait pas seul à l'école. That's where the fun begins.
Dernière édition par Saru O. Suiji le Ven 4 Mar 2011 - 8:14, édité 1 fois