À bord du "Flying Rabbit"
Entre deux îles, le ciel
Jour 3
Ω Et voilà! Chuis là où je le veux. Ouais mon gars. Loin d'mon paternel. En gros, c'est tout c'qui compte pour moi. Juste ça. C'est la première fois que j'voyage comme un grand hors d'mon pays, le début d'l'aventure, quoi. Excité, j'sais même pas c'que le monde me réserve, mais j'ai hâte d'y goûter. Découvrir des choses, faire la connaissance des humains. Non pas qu'les anges me dérangent, hein, mais disons que j'veux voir du pays, en fait. Trouver d'autres gueules. Rien d'plus.
On dit qu'la liberté a un prix. Et bah moi, j'ai renoncé aux attentes de mon père pour devenir c'que je souhaitais depuis mon enfance. Un vrai baroudeur, quoi. Hein? De quoi? Pourquoi chuis aussi distant d'mon géniteur, maintenant? Mais t'en poses des questions, toi! Pour faire simple, je fuis mon père. Ouais, j'me sens un peu oppressé par lui avec sa morale à deux balles, ses principes et ses devoirs à la con. T'vois le topo? J'en ai foutrement marre d'ses enseignements. Y'a rien d'mieux que s'foutre du plomb dans la tête. Mon père a dit que dans la vie on fait pas c'qu'on veut, y'a toujours des comptes à rendre, faut savoir faire des choix et tout. Des conneries, j'te dis. Franchement, avec un peu d'logique et de savoir-vire, y'a pas besoin d'se casser la tête sur peu d'chose et vivre en paix avec autrui. Et puis, avec un peu d'bon sens, n'importe quel guignol peut s'débrouiller dans la vie, quoi. Regarde-moi, chuis où là? Hein? En route vers une nouvelle vie. Et cela uniquement grâce à mes capacités d'me prendre en main. Niveau équité, j'te parle même pas d'ses discours. Fais pas justice toi-même, car cela peut se retourner contre toi, qui m'a dit. Ouais, ouais. Du blabla tout ça. T'es pas d'accord avec moi, p'tit? Peu importe, c'est pas toi qui m'feras changer d'avis, t'façon. Chuis assez grand pour vivre mon aventure tout seul, capiche? À 20 ans, chuis largement capable de m'assumer, chuis un vrai débrouillard, moi.
D'ailleurs, mon truc à moi, c'est l'bricolage. Chuis passionné par ça. J'aime bien bidouiller quelques objets mécaniques complexes ou utiles pour la vie de tous les jours. Ça peut toujours servir, crois-moi. Y'a rien d'plus facile. En rendant des services par-ci, par là, j'ai toujours de quoi faire pour gagner mon pain. Et puis, seul l'avenir me dira ce que je deviendrai...
Le "Flying Rabbit" est un superbe vaisseau aux aspects étranges. Mais fais gaffe, c'est dur d'y avoir accès. Alors un gus comme toi, ça m'étonnerait que le capt' t'accepte si tu tiens pas les voyages dangereux. Des bestiaux comme celui-ci, il n'y en a pas dix, crois moi. L'est unique, lui. Puis, faut dire qu'on en voit pas tous les quatre matins, tu vois l'genre? Tu l'as compris, j'étais à bord d'un bateau volant qui faisait une expédition dangereuse. Ouais, descendre sur Grand Line n'est pas une promenade de santé, gamin. Tu vois c'que j'veux dire? Traverser des orages, lutter contre le vent tumultueux et se battre contre des piafs féroces, ce n'est pas pour les peureux. Ouais, tout ça, c'est pour des durs, ceux qui ont des couilles. Si tu t'sens pas de cran à risquer ta vie, t'as rien à foutre là, mec. Et pour sûr, le premier jour a été difficile. Naviguer sur des mers de nuages c'est pas comme une mer des blues, tu vois?
En plus des marins qui s'occupent d'la gestion et des manœuvres, on trouve beaucoup de personnes qui n'sont pas des anges comme des Marines dans leur uniforme. Ces derniers n'sont pas en service et s'rendent aussi sur ce que les gens d'en bas nomment Grand Line. Le reste des clients veulent aller juste sur l'île céleste où le "Flying Rabbit" doit faire escale.
Hier, on a été attaqué par des oiseaux assez balèzes. On a traversé leur territoire. Alors bon, normal que les piafs ont défendu leur zone. À mon avis, si on s'pointe chez toi sans ton autorisation, tu nous chasserais à grand coup d'pied aux fesses. Quoique, mauvais exemple. J'ai alors participé au combat contre ses volatiles. Le "Flying Rabbit" est bien foutu, quand même. Tout est basé sur l’électricité. 'Fin, presque tout. Entre les harpons, les filets et les canons qui balancent des éclairs, on a vite fait son choix. J'peux même te dire que je me suis bien amusé avec ces armes. En plus, ça nous a fait d'la bouffe. Tu connais le poulet rôti? Maintenant, oui. J'ai même réussi à foudroyer une créature ailée, alors qu'elle a attaquée un marin...
Tu veux savoir à quoi ressemble le navire sur lequel j'me trouve, hein? J'te vois impatient depuis tout à l'heure. Aller, ok. Un énorme ballon en longueur gonflé à l'hydrogène se trouve sur bâtiment. En gros, ça remplace les voiles d'un bateau qui vogue sur l'eau. Cela qui lui permet de descendre, d'monter et même de s'diriger sur les côtés. De plus, des machineries sont là pour assurer une meilleure performance, ce qui me plait le plus, d'ailleurs. D'après ce que j'ai pigé, le steamer capte des orages et rediffuse l’électricité dans ses turbines et autres composants divers trop long à t'expliquer. Bien sûr, l'habillage et la coque sont conçus pour éviter d'se prendre la foudre en pleine gueule. Seuls, les capteurs attirent l'électricité en toute sécurité. Grâce à ses hélices, le vaisseau se déplace sur les courants ascendants ou les vents latéraux. Ses capacités sont excellentes en terme de contenance, il peut accueillir plusieurs centaines de personnes et un nombre incroyable d'objets. Pour un vaisseau d’exploration/expédition, c'est plutôt la classe, faut avouer. Le pont est très large. Vraiment très large. Les côtés du bâtiment sont séparés par les chambres, le centre de restauration, la machinerie et enfin, le poste de contrôle, légèrement surélevé à l'arrière. Là, le bateau volant se rend sur une île céleste autre que mon pays d'origine, Skypéia. Après sa destination, il est prévu d'amorcer une descente sur les mers blues. Tant mieux, car je suis du genre impatient. J'veux voir le monde d'en bas, moi. C'est toujours le même paysage par ici. Monotone, crois-moi.
Pour gagner ma place dans c'navire volant, le capitaine m'avait accepté en tant que mousse. J'apprends l'métier. Direct. T'sais, faire les boulots ingrats, mastiquer le plancher, bidouiller deux ou trois petites choses, tout ça, quoi. Y'a du travail plaisant et d'autres moins. C'est comme ça. Genre, faire la vaisselle. Moi, j'veux tâter la salle des machines, mais l'accès ne m'est pas encore accordé. Mais bon, chuis sûr qu'on finirait pas me remarquer. Ouais mon gars, des comme moi, y'en a pas deux. Alors bon, j'aurai ma place un jour. Si y'a d'la méca' à faire, chuis là pour ça. Normal. En tout cas, là j'étais très heureux. Pourquoi, gamin? Parce que chuis dans mon élément, pardi! Aujourd'hui j'passe mon temps sur un engin complexe qui m'demande pas mal de concentration, faut avouer. J'me bricole un truc chiant à te décrire et à t’expliquer. La réparation, y'a que ça d'vrai! Même sans véritable atelier, chuis capable de faire mon job. T'façon, ma chambre pour le voyage est trop petite pour faire d'la mécanique. Du coup, bah j'étale sur le pont à la vue de tout le monde mes outils et toutes les pièces. Les marins me remarquent très vite. Alors forcément. Mais là, un homme m'observe un peu depuis hier...
D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'acier