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I've got my eye on you

[North Blue, quelques mois plus tôt]

L’âme des hommes est aisément corruptible. À vouloir changer les bases d’une société profondément gangrénée, il faut à affronter ses propres vices. Il était cependant aisé de se rendre compte que cela nécessitait une volonté à toute épreuve. Avoir prêté sa cause au bien du peuple tout entier ne pouvait qu’aider l’assassin. En effet, chacun de ses actes n’était guidé que par cette optique, et il ne s’écartait, ainsi, jamais de ce chemin tout tracé. C’était de cette manière qu’il entendait sa vie. De toute manière, dans les choix qui s’offraient à lui, il était souvent bien simple de percevoir le bon. Dans ce monde, cela se limitait souvent à deux alternatives : souffrir pour le peuple, ou le faire souffrir. Une vision quelque peu tirée par les cheveux, mais si l’on y réfléchissait bien, véridique. L’assassin fit tourner entre ses doigts deux dés avec une dextérité étonnante. Il portait une tunique de soie pourpre auréolée de fils d’or, assez ample pour ne pas lui coller à la peau. Le reste de son accoutrement disparaissait sous la table, mais il était aisé de deviner qu’il portait ses habituelles bottes noires, car il ne s’en séparait jamais. Ses cheveux étaient retenus par deux mèches tressées lui faisant le tour de la tête, lui donnant tout sauf un air implacable. Il ressemblait ainsi à n’importe quel jouvenceau issu d’une quelconque famille aisée. Tout, sauf un assassin. Il sourit à l’un de ses adversaires et se redressa sur sa chaise. Le pirate à la mine patibulaire lui rendit un sourire édenté du fond de sa barbe grise. Il lui manquait un œil, et n’était pas très beau à voir. Un tricorne miteux était vissé sur sa tête, tenant de masquer un début de calvitie. Il était parfois temps de laisser les jeunes prendre la relève. Si Rafaelo formula cette pensée dans sa tête, il prit cependant garde à ne pas la laisser s’échapper. Ils étaient huit attablés, et il n’était pas sûr qu’ils sachent apprécier ce trait d’humour.

Le jeune homme soupira et fit glisser les deux dés dans son autre main, un geste assez habile pour rester invisible à la plupart des pirates. Sa main droite était gantée de noir, et un bracelet d’armure remontait le long de son avant-bras. Il n’était donc pas sorti sans emporter avec lui quelques précautions. De même, une imposante cape grise reposait sur sa chaise, masquant un sac marron posé entre les pieds de l’assassin. Il avait emporté quelques bombes et dagues, en plus de son armure habituelle. On ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer, et il était de plus en plus précautionneux depuis l’incident de Tripoli. Un passage qu’il n’aimait pas tellement se rappeler non plus : il avait remporté une partie de poker aux dés sur le mauvais type. L’homme avait dégainé son mousquet et Rafaelo n’avait du sa survie qu’au simple fait de se trouver entouré de moult pirates heureux de trouver là une occasion pour massacrer tout ce qui pouvait se trouver à porter. Il avait du user de tous ses talents pour emporter son du et disparaître dans la foule de brigands. Ah … Tripoli ! Heureusement l’histoire ne s’arrêtait pas là, la nuit ne faisait alors que commencer. L’assassin sourit malicieusement puis lança ses dés sur la table. Il était plutôt amusant de remarquer que ce type de jeu aux dés était celui où il était plus aisé de tricher. En ramassant les dés à relancer, il était simple d’en bouger un discrètement. Rafaelo était un maître de l’art de la diversion, il s’amusait sans cesse à trouver de nouvelles astuces pour tricher en toute discrétion, si bien qu’il commençait à se faire un gentil petit pactole. Seulement, il ne trichait pas tout le temps, non, seulement lorsqu’il trouvait ses gros balourds d’adversaires trop hardis. C’était là le plus marrant du jeu, de voir leurs espoirs ruinés en quelques secondes, surtout par ces hommes qui vénéraient l’or au plus haut point. Ils étaient criminels, non ? Massacre faisait partie de leur quotidien, alors pourquoi avoir honte de leur voler ce que eux-mêmes avaient volé ?

« Ah, il me semble que je remporte encore cette partie, mes amis ! »
se moqua Rafaelo en tirant à lui la petite fortune trônant au milieu de la table.

« C’est étrange que tu dises ça, gamin, parce que j’aurais juré que tu avais une moins bonne figure que moi il y a quelques secondes ! »
répondit l’un des pirates, un sourire mesquin sur les lèvres.

Rafaelo haussa les épaules et ramassa les berrys et les pierreries avant de les ajouter à son propre tas. Il était peut être temps de tirer sa révérence, après tout. Les pirates semblaient avoir été dépouillés en bonne et due forme.

« Tu m’accuses de tricher alors que tu peines à trouver sur quelle face se trouve le six, et ce depuis quatre partie mon gars ? »
se moqua l’assassin, attendant patiemment la réaction des autres pirates.

L’accusateur devint écarlate, marmonna quelque chose dans sa barbe avant de jeter un regard inquiet à ses autres camarades de jeu. Entraîné à voir le maximum de choses en un simple coup d’œil Rafaelo passait rarement à côté de tels détails. Même si le pirate l’avait réellement vu, il était peu probable que qui que ce soit puisse porter crédit à ses paroles, à présent ! Le jeune homme soupira de nouveau, puis fit glisser l’ensemble de ses gains dans sa bourse.

« Bon, les mauvais perdant se font nombreux ces temps-ci. Si vous voulez m’excuser, je vais me retirer avant que d’autres accusations insensées ne viennent gâcher ma soirée. »
leur fit-il, vraisemblablement agacé.

Il attrapa sa cape d’une main et enfonça sa bourse dans son sac avant de se lever calmement de sa chaise. Il revêtit sa cape, la ferma à l’aide d’une attache puis passa son sac en bandoulière. Il savait ce qui allait alors se passer, mais il serait sur son terrain. Ah, puisse la nuit se finir aussi bien que la fois précédente !

« Pas si vite, mon p’tit gars. »
hurla un des pirates, armant son mousquet.

« Tu vas pas nous fausser compagnie si vite, non ? Tu ne voudrais pas embarquer notre or avec toi, ce serait malpoli … » menaça-t-il, se levant de sa chaise.

Le bruit ambiant de la taverne masquait encore la menace, mais elle était évidente pour tous ceux assis à cette table … et Rafaelo. Celui-ci s’arrêta, un sourire malicieux sur son visage. Bien entendu, aucun des pirates ne pouvaient le voir, ils purent même prendre cette pause pour de la peur. L’assassin leva alors un bras, et leur offrit un magnifique doigt d’honneur, avant de passer entre deux soûlards. Alors, que pensaient-ils faire à présent ? Les deux pirates qu’il venait de dépasser lui serviraient de bouclier un court laps de temps. Il posa sa main sur le fourreau de sa rapière et fit jouer le mécanisme de sa dague secrète. En combien de temps pourrait-il sortir de la taverne ? Soudain, un coup de feu retentit.
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Feu d'artifice

    Ce fût un vrai feu d'artifice d'explosions de fusils en tout genre. Moi, calmement, j'étais entré dans un bâtiment pour me rafraîchir. Fallait dire, il faisait chaud, et même pas qu'un peu, ça en devenait lassant de marcher. Il fallait donc s'occuper, faire quelque chose d'autre que de mettre un pied devant l'autre, il fallait réfléchir. Et ma première réflexion fut donc de m'abriter à l'ombre dans ce petit casino. Ni trop beau, ni trop chaud. Ça m'allait bien, espérons juste que le prix ne soit pas trop cher. Je devais garder de l'argent pour repartir. Bon, je m'approche du comptoir, je commande une boisson peu alcoolisée, je bois. Un verre, deux, trois. J'ai la tête qui tourne, j'ai bu trop vite. Merde, faut que je sorte d'ici, mais encore merde ! Je n'ai plus de quoi payer le bateau qui m'amènerait à ma prochaine destination voulue. Là, mon cerveau engourdi par quelques gouttes de flotte, une seule idée s'offre à moi. Celle de jouer, pour gagner l'argent qui me manque. Pourquoi pas, faut dire que je me trouvais vraiment au bon endroit pour ça... Je prends une chaise, prends mon air le plus convaincant et m'assoit. Maintenant, ils sont en pleine partie, regardons qui sont ces gars, et après, jouons.

    Un mec, chevelu, très chevelu, qui semble être à la fin de sa vie. Un autre, un jeune, le sourire aux lèvres, semble gagner par chance. Il me semble que je suis tombé sur une bonne table, il n'y a que des gens qui ne savent pas jouer. Il y a également un ivrogne, mais qui ne réfléchit déjà plus. Je décide de regarder droit dans les yeux le jeune, je veux lui montrer que je ne suis pas n'importe qui, qu'il à affaire à moi, un successeur du Santoryuu. Ils terminent, l'ivrogne tombe. Pas de problème. Ils ne seront donc que deux, je prends mes cartes. Paire. On me sort les nouvelles cartes. Le vin a maintenant quitté mes veines. C'est plus de la frénésie de gagner qui s'y est installée. Je sens que je veux le faire, que je vais le faire ! D'autres cartes, toujours rien de plus. Je continue à miser. Je ne connais pas les techniques des cartes, peut-être que cela me sera bénéfique... Celui qui semble finit, se couche. Il sort de table, il n'en peut plus, il se dirige vers les toilettes du casino, pour l'on ne sait quelle raison obscure... Enfin, je reviens à la partie.

    Le jeune est concentré. Il sait ce qu'il veut. Heureusement qu'il n'y a pas de limite de temps, il hésite. Il ne sait pas, je n'exprime aucune émotion sur mon visage. Et je me rappelle, je ne sais pourquoi, une phrase. Le corps exprime aussi les sentiments et les idées. Sa jambe gauche. Elle ne tremble pas, mais exprime un sentiment de va-et-vient. Rien de pervers, mais quelque chose qui va le faire perdre. Il bluff, et il hésite. Il n'étais pas contre des gars fûté avant, mais moi, je suis pas con ! Je mise, mise, et on arrive à la fin. Ouf, une troisième carte qui complète ma paire. Je suis déjà plus sûr de gagner. On retourne nos cartes. De la chance, en fait, il avait une paire, plus grande que mes cartes d'avant, mais avec mon triple... J'ai gagné. Je suis content, très content, j'ai réussi mon coup, et je sens que cela a vidé mon esprit. L'argent ne m'intéresse pas tellement, juste pour mes trajets et la bouffe, mais là, ce que j'ai aimé, c'était de gagner. Je me lève, lui aussi. Il me félicite. Je vais faire un endroit où il y a d'autres sortes de boissons, autant profiter de ma victoire... Je prends un verre, et suit quelqu'un d'autre qui va aller me chercher à manger.

    Mais What The FUCK ?

    Ce mec vient de faire tomber mon verre, sans le vouloir en plus. Tain, je vais le saigner ce salop. Je sors mon sabre, et le suis. Il va vite le con. Je le suis encore, mais là, un coup de feu retentit. Je saute en avant, par pur réflexe, et emporte avec moi le gars que je voulais buter. Nan mais ho, c'est moi qui le buterais ! Je sais pas pourquoi, mais là, me croyant super fort, je commence à gueuler tellement je me sens confiant, tout le monde m'écoute, après avoir vu le coup de feu et ma direction.

    -LE CON QUI VIENT DE FAIRE ÇA JE VAIS LE BUTER !

    Je sais pas pourquoi, mais l'air est tendu. Un nouveau coup de feu. Tout éclate, tout le monde se fout sur la tête, et c'est la merde, littéralement. Je regarde devant. Et merde ! Ce batard où il est ?

    -LE MEC QUE JE VIENS DE SAUVER, T'ES OU BORDEL ? Je veux juste te buter... héhéhé.

    Mais merde. Je m'arrête un instant. Je viens de foutre vraiment le con là. Je me calme, vite me calmer. Pas facile dans ce merdier. Je sors de la salle, personne ne s'approche de moi, j'ai dégainé mes sabres, c'est convaincant. Dehors, je respire l'air, je suis déjà mieux. Je sens une présence derrière moi. Je me retourne, d'un petit demi-tour rapide.
    Une forte odeur de vin imprégnait le sol. Le liquide s’était répandu dessus, et une flaque pourpre filtrait à travers les planches mal soudées du plancher. L’assassin percevait cette fragrance douce amère, mais plus encore le contact lisse du bois maintes fois parcouru par les bottes de soiffards non fréquentables. Il ne comprenait pas, en réalité, ce qu’il faisait par terre, seuls ces bras qui enserraient sa taille avec puissance le ramenèrent à la réalité. Il s’était cogné la tête contre le sol, et quelques gouttes de son sang vinrent se mêler au vint qui s’épanchait par terre. Il sentit que la poigne se relâchait, mais le monde tournait autour de lui. Une nausée vint ajouter une touche de floue à cette désagréable sensation, tandis qu’il peinait à se relever, un filet carmin dégoulinant le long de sa mâchoire. Il s’essuya d’un revers de manche, titubant et sourd au vacarme environnant. D’un geste, il amena un homme au sol, le tirant par sa chemise. Timidement, il s’approcha de la porte en éliminant ce qui pouvait se trouver entre la sortie et lui. Il s’assura de correctement masquer son visage par la capuche et dégaina sa lame secrète. Il était trop perturbé pour agir intelligemment, et se fraya un passage à travers les hommes qui voulurent l’en empêcher. Il en tua trois ainsi, par un seul coup bien placé : le premier au niveau de la jugulaire droite, le second du plexus solaire et le troisième sous le menton. Ils étaient trop saouls et trop orgueilleux pour comprendre qu’ils faisaient face à un assassin incapable de réfléchir efficacement, et qui laissait son instinct guider ses pas. Son esprit était embrumé par le coup qu’il avait reçu à la tempe. Il fallait dire qu’il ne comprenait pas réellement ce qu’il s’était passé. Il s’était levé de table et puis … le brouillard ! Peut être que tout reviendrait à son esprit une fois qu’il aurait pris l’air. L’assassin rengaina sa lame, personne ne l’avait vu. Sa manche était à présent maculée de sang, ainsi qu’une partie du capuchon de sa cape mais la sortie approchait de lui, comme un souffle d’air frais. Il se laissait guider par cette fenêtre d’obscurité comme s’il s’agissait là de son salut, les odeurs se mêlaient dans un tout oppressant, et les images s’entremêlaient de façon obsédante.

    Rafaelo sortit de la taverne en trombe et manqua de s’écraser par terre. L’air frais lui fit l’effet d’une claque qui le ramena aussi tôt à ses esprits, avec un cuisant mal de tête en guise d’offrande. Il secoua la tête, pour chasser ce début de migraine puis s’enfuit dans une ruelle adjacente. Il balança sa cape au loin et ouvrit grand son sac. Il en sortit son second bracelet d’armure et quelques dagues, fixées à une ceinture. Il revêtit le tout et passa par-dessus ses épaules l’habituelle capuche de son habit d’assassin. Il fixa rapidement ses plaques d’armure, ainsi que les bourses contenant argent et bombes fumigènes à sa ceinture. Il attacha sa demi-cape à son épaule, geste maintes fois répété. Ses doigts tremblaient un peu, mais ce n’était là que le contre coup du choc. Il faisait confiance à ses mains pour ce qui était d’accomplir ce qui était son métier. De plus, fixer son attirail ne lui prenait que quelques secondes : les plaques d’armures étaient pré-agencées en un tout cohérent, ce qui facilitait l’action. Rafaelo retourna son sac pour que rien ne reste au fond, et attrapa, du coup, une dernière dague au vol puis fourra la cape grise dedans avant d’envoyer le tout au loin. Il inspira un grand coup avant de sortir de la zone d’ombre où il venait de changer d’apparence, en quelques secondes, et se trouva nez à nez, ou plutôt nez à dos, avec un grand type d’allure dégingandée et aux cheveux bleus … Du moins, c’était ce que les reflets des lanternes bordant la taverne laissaient voir. De nouveau synchronisé avec ce monde, l’assassin étudia le personnage d’un coup d’œil, tout en essuyant le flot de sang tari qui séchait sur sa joue. L’homme tenait ferment deux sabres, et sa posture avait une allure tout à fait martiale. De la taverne émanait un flot incessant d’injures, de bruits de batailles et de cris. C’était un réel chaos là dedans … Par contre, ce type lui disait vaguement quelques chose. Il le revoyait se jetant sur lui, au moment où il tournait la tête pour voir lequel des deux soiffards était mort. Un flash auréolé de brume, mais le visage de ce gars était bien clair, ainsi que son sabre. Il était celui qui l’avait fait tomber.

    L’homme se retourna au moment même où l’assassin parvenait à cette conclusion. Rafaelo recula d’un bond et dégaina son épée. Il plissa les yeux, masqué par sa capuche noire et se positionna aussi tôt, prêt à en découdre. Il émanait comme une aura de violence de ce type. Il en frémit d’avance.

    « Du calme. » ordonna-t-il, aux aguets.

    Un nouveau coup de feu retentit alors, inondant la taverne de nouveaux cris. La bataille fit de nouveau rage, et cette fois, ce fut une pluie de plomb qui l’y aida. De l’autre côté de la place, cependant, un groupe d’une trentaine d’hommes s’échappa d’une rue, et fonçait vers la taverne, arme au poing. L’insigne de la Marine trônait sur leur poitrine. L’assassin leva un sourcil, interloqué, puis voulu reculer d’un nouveau pas avant de se rendre compte que le danger était tout aussi conséquent de l’autre côté. Il fit signe au pirate de se retourner, bien que ce ne soit pas réellement la peine, au son du
    « Vous là-bas, rendez-vous, par ordre de la Marine ! » que leur adressa le plus gradé de la troupe. Rafaelo hésita un instant puis haussa les épaules. Il pointa l’homme du doigt, rengainant sa rapière de l’autre main.

    « Je m’occupe de toi après. » lui fit-il, un sourire mesquin sur la face.

    Il s’avança alors vers la troupe en courant, et expédia six dagues d’un seul geste. Quatre hommes tombèrent au sol, une écharde en acier plantée dans la poitrine, deux pour les plus malchanceux. L’assassin déclencha ses dagues secrètes tout en sautant à la gorge de ses adversaires et leur offrit un second sourire sous le menton. Deux nouvelles victimes. Il exécuta une roulade au sol et en tua deux en se relevant, les tailladant du pubis au menton. Il para une attaque timide d’un homme surpris que leur adversaire soit déjà là, et surtout qu’il soit aussi agressif, puis expédia ce pauvre soldat Ad Patres d’un tour de main, littéralement : un flot de tripes s’échappait de son abdomen. Se servant du mourant comme d’un bouclier, il le poussa vers trois autres Marins. Deux d’entre eux lâchèrent leur arme pour réceptionner leur camarade agonisant. L’assassin ricana, tout en passant sous la garde du pauvre soldat d’une roulade parfaitement exécutée. Il se releva dans le même mouvement, et lui ouvrit la gorge en passant derrière lui, de sa main gauche. Il se faufila alors derrière les deux ‘âmes charitables’ et leur enfonça ses dagues dans la colonne vertébrale. Les deux s’effondrèrent sans demander leur reste. Ce qu’il restait du corps de Marine se trouvait à présent devant Rafaelo, qui était passé à travers leurs rangs comme dans du beurre. Certains commençaient à se retourner, tandis que d’autres …


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      Encore une fois, c'était le merdier. Je n'avais pas réussi à calmer mon esprit, mais j'avais plutôt réussi à m'énerver, comme un imbécile, sur tout ce qui bouge. M'enfin, ce n'était pas si important. De toute façon, la marine était arrivée, il fallait que je me calme, reprenne mes esprits. Je devais être en mesure de pouvoir les tuer, et en profiter pour me faire connaître... Et ce gars là, qui est arrivé derrière moi, c'est lui que je veux buter, mais je vais d'abord voir de quoi il est capable. Il semble me dire quelques mots, il est déjà dans le combat. Il s'occupera de moi après donc. Ou ce sera l'inverse ? Peu importe. Regardons comment combat ce mec. A oui, quand même. Il est agile, rapide, et semble bien équipé. Il a des petites dagues un peu partout. Pas grave, j'ai mes sabres. Quand même, va falloir que je sois vigilant, un gars comme lui est puissant. Et la marine qui est devant, je fais quoi moi ? Je fuis ? nan. Je vais aller combattre, on va aller mettre à terre ces marines, tant qu'on peut s'amuser. Ils semblent déjà fuir, pendant que je pensais, l'autre en a tué quelques-uns, bon, à mon tour alors.

      Je dégaine mes sabres. Je sens en moi la frénésie monter, celle du combat. Ça va être drôle. Je n'entame pas de technique, je n'ai pris que deux sabres, et fonce en courant vers les ennemis. Ils vont en chier. Un coup de lame, au niveau du torse, il est à terre, il souffre. Deuxième marine, je m'approche. Il me fait face. Il croît peut-être pouvoir me vaincre ? Avec mon premier sabre, je fais un demi-cercle et envoie l'arme de mon ennemi à terre. Ensuite avec le deuxième, je le mets sous sa gorge. Et je tranche sa carotide. Ça doit faire mal. Un autre, lui, tout simplement, en deux coups, je tranche une partie de ses jambes. Faut croire que ça fait mal. Et de trois déjà, bon, là-bas, ils sont regroupés en trois, je vais faire une petite technique...
      Je sens que le souffle me manque, je ne respire plus, autour de moi, plus rien ne bouge, il n'y a plus rien. Je vais le faire... Quelques secondes, je relâche mes muscles... 鬼 - Oni Giri ! Je range mes sabres, pleins de sang. J'entends le bruit de l'acier qui se range doucement. Je me retourne, tous les trois, arrêtés dans le temps, semblent être en train de tomber.

      Ce n'est pas réel, mais ce qui est vrai, c'est qu'ils sont déjà morts. Un bruit sourd, leurs corps tombent. De l'autre côté, une trompette, ils battent sûrement en retraite, et reviendront plus tard avec des meilleurs renforts. Que faire maintenant. Pour une fois, je réfléchis vite. Je regarde l'autre. Je m'avance vers lui, je vais lui parler.

      -Hey mon gars, je ne sais pas toi, mais moi je ne reste pas ici. Ça va se gâter. Qu'en penses-tu ? Si tu veux, on peut aller se battre plus loin. Moi ça me dérange pas, ou alors on peut simplement aller discuter, à toi de voir.

      Mais que ? Une explosion ! Les marines sont déjà là ! C'était un boulet de canon, pas loin. On entend une voix, amplifiée sûrement par un Den Den. On peut distinguer un gars avec un béret, c'est lui qui tiens le Den Den. C'est sûrement le chef, il a l'air costaud, enfin bref. Il parle donc.

      -Et les gars ! Vous vous rendez calmement, et ça ira peut-être pour vous. Allez, lâcher vos armes !

      L
      e problème, c'est que je les avais déjà rangés. Mais en fait, ce n'était pas le vrai problème. Heureusement, j'ai eu le temps d'analyser un peu l'endroit déjà. Là, sur cette fenêtre, je vais pouvoir accéder au toit de la maison, ensuite s'enfuir par là ne devrait pas être trop dur.

      -Suis-moi, j'ai un plan.

      E
      t sans me retourner, je cours, et saute. Les marines ne comprennent pas tout de suite, mais moi, si. Je vais assez vite, ils m'ont presque déjà perdu. Pas de vue, mais bon. Je sens le cuir de la fenêtre sur son côté, je marche dessus, prends une impulsion... Ça marche ! Je suis sur le toit. Bon, maintenant, courir. Espérons que l'autre m'ait suivi. J'arrive à un autre toit. Je saute, facile. Je suis déjà trop loin pour les marines, ils n'ont même pas essayés de me suivre. Je descends de mon toit, et j'arrive dans une petite ruelle. A double sens. Je regarde d'un côté. Non, il n'y est pas. Mais je sens comme une présence derrière mon dos. Est-ce lui ? Il n'aurait pas pris le même chemin que moi alors. Je vais dire quelque chose, ce sera mieux.

      -Je m'appelle Seiko Sanzashi, désolé de m'être emporté. Je vois que tu es doué au combat.

      Et je me retourne.



      L’odeur du sang est, parmi toute autre, celle qui est la plus marquante. Une fois qu’elle est entrée en nous, il ne faut même plus espérer l’oublier. Elle vous appose sa propre loi et fait de vous un monstre, à l’instar de tous ces guerriers avides d’hémoglobine. Le baptême du sang n’est qu’une étape dans la voie du massacre, et bien souvent, il était meurtrier. L’assassin accorda une courte pensée à ce pauvre Marins, nouveaux dans ce monde fait de chair fendue et d’os éclatés. Leur baptême fut fatal, mais à présent, ils ne devaient plus s’en soucier. Ils étaient vierges aux méandres malsains du gouvernement et de ces contrées, pour la plupart, et leur mort n’était pas pour réjouir Rafaelo. Ce n’était cependant qu’une simple histoire de camp, et il ne pouvait mourir, lui, pour leur simple plaisir. Il était l’assassin qui purgerait ce monde, à l’aide de ceux qui voudraient bien lui prêter main forte. Il était cependant regrettable que cette épuration doive se faire dans la mort, mais qu’un autre trouve un moyen plus séant, et il s’y emploierait. Vraiment ? Non. Le sang était son quotidien, et on ne pouvait éternellement nier sa nature. Il était un assassin, et le meurtre d’autrui lui procurait une satisfaction qu’il ne pourrait avoir autrement. Il canalisait simplement cette énergie négative l’animant à des fins plus nobles. Le jeune Auditore était manifestement un homme de violence, tout comme son frère jumeau. La vérité n’était pas qu’il eut pas seulement choisi cette voie parce qu’elle était juste, non. Elle lui correspondait : entachée d’ombre et de carnage, c’était le crédo de l’assassin.

      Il n’eut pas même le temps de voir comment son allié de fortune se débrouillait au combat que la retraite sonnait. Cela ne présageait rien de bon. Les Marines n’abandonnaient que rarement lorsqu’il s’agissait de criminels. Dans la majeure partie des cas, c’était pour cause de leur lâcheté, mais à proximité d’une caserne, ce n’était certainement pas le problème. La retraite avait été sonnée par un homme sensé, et il se préparait sûrement un mauvais coup. La suite des événements donna raison à l’assassin : alors qu’il se retournait pour essayer de déterminer ce qu’il pouvait se passer, une explosion retentit, suivit d’un sifflement assourdissant. Une partie de la taverne vola alors en éclat ! Une solution pour le moins expéditive ! Ces salauds ne devaient certainement attendre que ça : un peu de résistance, et ils tuaient tout ce qui bougeait ?! Et les civils, les innocents ? Une bouffée de rage emporta l’assassin, tandis qu’une voix puissamment amplifiée leur ordonnait de se rendre. Rafaelo darda un regard de braise sur celui qui semblait diriger la troupe. Il se tenait non loin du canon. Il portait un béret lui masquant une partie du visage, et plusieurs galons, inidentifiables d’aussi loin. Bien, il semblait les mener. Il rengaina ses deux lames secrètes et lui fit face. L’homme leva alors la main, ultime menace. L’assassin frémit un instant, mais tint bon. Il inspira un grand coup, tachant de réfréner sa colère. Tout sembla comme se ralentir autour de lui. Les flammes qui léchaient la taverne, à moitié éventrée, le gradé qui hurlait à travers un Den Den à s’en éclater les poumons, les cris … et cette odeur, des cendres. La chair carbonisée, ils n’étaient, pour la plupart, pas encore morts, et souffraient le martyre à cause de la chaleur. Un nouveau groupe de Marines se reformait, prêt à partir achever ce qu’il restait des blessés, on ne pouvait à présent plus rien faire pour eux. Rafaelo n’était pas de taille à lutter contre le nombre de soldats qui commençaient à se rassembler, ça et là. D’un coup d’œil, il se rendit compte que la retraite n’était pas fortuite : ils encerclaient à présent toute la place, et ils leur coupaient de ce fait toute retraite.

      -Suis-moi, j'ai un plan.


      L’assassin haussa un sourcil puis observa son allié de fortune s’enfuir. Et bien soit. Il saisit une bombe fumigène dans sa bourse puis se rua à sa suite. Il la frotta contre son armure et la lança au sol, juste devant quelques Marins désireux de lui barrer la route. Elle répandit ainsi un large nuage de fumée étouffant les impudents et offrant à l’assassin une dissimulation propice à sa fuite. Il entendit de loin le son des fusils claquant leurs balles dans le vide. Les quelques balles leur étant destinées se perdirent dans la brume, tandis que des cris de douleur et d’agonie accueillirent les autres. Rafaelo serra le poing, tout en escaladant un mur. Il fit trois pas sur celui-ci avant de s’accrocher à une balustrade. Il s’y hissa sans mal et continua son ascension , semblant glisser sur les obstacles. Il parvint ainsi au sommet d’un bâtiment bordant la place, au nez de la Marine. D’un coup d’œil, il aperçut son compagnon sur un autre toit, à quelques mètres de là. Observant les lieux, l’assassin se rua à l’assaut d’un nouvel édifice, afin de gagner de la hauteur. Plus ils s’éloignait, et plus le nombre de cris diminuait. Un second coup de canon vint faire taire ces ultimes suppliques, tandis que sa haine, décuplée, lui donnait la force de se dépasser. Sautant par-dessus la ruelle, l’assassin parvint ainsi à changer de côté, tout en exécutant un roulé boulé pour se rattraper. Il n’avait à présent plus qu’à rejoindre celui qu’il supposait être un pirate - quoi d’autre sinon ? – et à discuter de la suite des événements.

      Il se laissa doucement glisser le long d’un mur, s’aidant des quelques prises éparses afin de stabiliser sa chute. L’assassin atterrit avec douceur aux côtés du bretteur, et se releva tout en restant aux aguets. Sa peau arborait une fine pellicule de sueur, tandis qu’il restait légèrement essoufflé.

      « Et moi je ne suis qu’un homme du peuple. »
      répondit-il, peu désireux de révéler sa véritable identité au premier homme venu.

      « Depuis quand la Marine tire-t-elle dans le tas, maintenant ?! »
      grogna-t-il, plus pour lui-même que pour le dénommé Seiko.

      « Pas de problèmes, pas de mal. Et tu te débrouilles pas mal non plus, Seiko. »
      répondit-il, laissant un sourire amusé transparaître sous sa capuche.

      Une voix coupa soudainement court à leur présentation, émanant d’une ruelle non loin d’eux.

      « Ils ne peuvent pas être bien loin : la quartier est bouclé ! Cherchez les bon sang, on ne doit pas laisser un seul témoin ! » fit-elle, apparemment sur le qui-vive.

      « Heu pirate, vous voulez dire ? » demanda une autre personne, visiblement hésitante.

      « Ouais ouais, c’est ça, la joue pas comme ça avec moi, le bleu ! »
      répondit le premier interlocuteur, agacé.

      Il s'ensuivit alors plusieurs ricanements, ainsi qu'un coup étouffé. Ils se rapprochaient, et tout ceci sentait le roussi …
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      Qu'une seule solution, la manifestation !


      Encore une fois, tout était passé très vite, presque trop. La course avait été éffrenée, et je n'avais pas pris le temps de m'arrêter, pour observer quoi que ce soit. Je lève les yeux aux ciels et écoute mon interlocuteur. Je ne sais pas vraiment quoi faire d'autre, je n'ai pas beaucoup le choix. Je réfléchis, je sens le souffle du vent me parcourir l'échine. Un frisson, deux. Cet homme se présente comme un homme du peuple. Il semble bon au fond de lui. Et pourquoi pas... Pourquoi pas essayez d'apprendre de lui, de ce qu'il fait, il semble faire les choses à leur justes manière, dans l'intêret du peuple, et non le sien. Pourtant, moi, je suis plutôt du genre à combattre dans mes intêrets. Presque toujours même. Je suis comme ça, il est comme ça. Il ne faut pas se poser plus de questions. Ce gars, attaquera la marine qui sera mauvaise. Son chemin est tout tracé, c'est un révolutionnaire. Pour une fois, j'ai pris le temps de réfléchir, mais déjà, je reviens à moi-même. Réfléchir longuement n'est vraiment pas mon fort. Heureusement, je sais vite décrypter ce qu'il me dit ensuite, et ce que j'entends. Il me parle de la marine. Oui, il faut bien croire qu'elle n'est pas toujours mauvaise, comme mes idéaux. Même si moi, c'est plus détruire la marine en entier que je veux, pour ensuite pouvoir être enfin libre. Je marcherais toujours vers ce but. Et ça, ce sera ma façon d'avancer.

      Moi aussi. Moi aussi je serais plutôt pas mal. Il ne semble pas refermé sur lui-même, mais il pense trop à mon goût. Il semble quand même imposant, même s'il est à moitié caché, de près, je peux sentir qu'émane de lui une forte impression de calme, de quiétude, et de force à la fois. Ce gars, semble très sûr de lui. Il ne bouge presque pas quand nous entendons les bruits des marines, qui signifient qu'ils veulent nous arrêter. Pathétique. Moi et lui, on va s'occuper. Un petit plan serait une bonne idée je pense. Ils sont beaucoup, et nous allons jouer dessus. Nous n'allons pas tous les tuer, cela n'a aucune raison, juste tuer leur chef et quelques-uns permettra de les mettre à néant... Je décide de donner mon plan à mon nouvel interlocuteur, qui a décidé de ne pas me dire son nom. Il n'a pas confiance en moi, et je dois bien dire que moi non plus. Ce ne sont pas des choses qui se disent, mais il semble une personne de confiance. Il le sera avec les bonnes personnes. Il suffit que j'ai l'air d'une de ces personnes. Que je le sois ou pas, peu importe, je fais ce que je veux, je dis ce que je pense finalement. Je décide de lui dire quelques mots. Cela sera plus facile par après.

      -Aussi, je voulais te dire, je ne pense pas que la confiance règne entre nous deux. Essayons de l'instaurer, me donner ton prénom et ton nom serait un bon début. Sinon, je te laisse leur chef. Je m'occupe d'en buter quelques-uns, et on se barre.

      Et j'affiche un sourire. Pas un sourire idiot, plus un sourire fraternel, qui ouvrirait de nombreuses portes. J'aurais pu tout autant lui serrer la main, mais cela ne m'intéresse pas. Je veux voir son sentiment quand il me répondra, je veux voir si je peux voir de vrais sentiments apparaître dans ses yeux. Je le regarde fortement, même un peu trop. Une réaction. Je vois sa réaction. Est-elle bonne pour notre confiance commune ou mauvaise ? Je n'ai pas bien vu, mais ce que je sais, c'est que je viens d'entendre du bruit. Trois marines devant la ruelle, ils ont un Den Den. Nous sommes découverts. Notre plan de marchera pas si nous sommes déjà trouvés. Il faut qu'ils soient dispersés, et que nous les tuions un à un. Je décide de terminer de dire, en quelques mots brefs, mon plan à mon compagnon de fortune. Espérons qu'il fasse son boulot. Je pense avoir une âme de leader, pourquoi pas... M'enfin. Aucune importance, il faut vite intéragir avec ces deux autres, avant que ça tourne au vinaigre. Un mot d'encouragement, et je cours. Je cours vers mes ennemis. Je vais m'amuser, dommage, ils n'ont pas de chance, il fallait quelques morts. Ils ne comprennent pas tout de suite, et d'un coup, j'enfonce ma lame dans le ventre du premier, un cri, étouffé, car je lui saute dessus en enlevant ma lame. Il faut croire que j'ai touché ses voies respiratoires, car il ne sait plus parler...

      Il faut que je m'occupe des deux autres maintenant. Mais je vous rappelle mon deuxième but avant ça. C'est devenir connu, célèbre. Je décide d'un petit nouveau plan. Et j'utilise mon pouvoir : 操縦 - Soujuu Je lance des fils, presque invisibles. Personne ne comprend vraiment, sauf moi. Je contrôle tous les membres du marine, lui-même ne sait plus quoi faire. Il crie. Je décide de vite en finir. Je lève son bras, muni d'un sabre, et l'abat. Il vient de tuer son camarade. Quelle cruauté... Même un peu trop. Sûrement que l'autre est déjà partit. Espérons, la mauvais réputation que cela me ferait. Mais... Quel sentiment étrange. Utiliser mon fruit du démon à cette fin... J'ai aimé le contrôler, mais voir la souffrance que cela a procuré dans les yeux du marine qui a tué son camarade... Je ne sais le décrire, vraiment. Je me sens perdu même. Il faut que je revienne sur moi. Oui, voilà. Je parle, cela va me calmer. Je lui dis, au survivant marine qu'il peut partir, mais qu'il racontera comment je les ai tués. Et je le lâche. Il court, fuit. Sa vie en jeu, il le dira. C'est sûr.

      Mais revenons à nos moutons. Je pense leur avoir fait assez peur. J'entends un bruit de combat. Je m'y dirige. Je cours, cela ne se trouve pas très loin. Peut-être mon allié ? Je ne sais pas, en tout cas, le bruit se rapproche. Non, ce n'est pas lui, ou quoique ? Je ne distingue pas beaucoup le formes dans ce combat, mais en me rapprochant, je distingue déjà mieux. Je sais déjà que c'est bien le chef des marines qui combat, mais avec qui ?
        Une chose que l’assassin ne voulait pas tourner à son avantage : être connu ? Non, pas réellement. Il voulait faire de sa présence une réalité intangible, un symbole qu’on ne pouvait que toucher du doigt. Quelque chose que l’on pouvait craindre dans la nuit, et qui nous terrifiait. Il ne voulait pas devenir un de ces petits meurtriers de bas étage qui répandaient le sang et la chair à tout bout de champ. Il n’était pas là pour se venger de manière aussi futile et provocatrice. Il désirait simplement que la Marine craigne son ombre, que la corruption et le vice tremble devant lui. Il n’était pas qu’un simple justicier, mais se réclamait comme la voix du peuple, ainsi que sa main gauche. Il était l’assassin des foules, pas un vulgaire pirate qui cherchait gloire et renommée à travers fortune et ripaille.

        « Mon nom … Tu peux m’appeler Assassin, car c’est ainsi que la Marine me craint. Je suis ... ‘Il Assassino’. » murmura-t-il, à l’adresse de son compagnon.

        Un sourire malicieux se dessina sur ses traits. Peu importe ce que son compagnon pouvait en penser, il ne se plierait pas à ses demandes. Il était un Révolutionnaire libre, et parfois même inconstant. De ce fait, lorsque celui-ci se rua à l’assaut des trois Marines, Rafaelo ne fit que s’éclipser dans l’ombre et regarder posément sa manière de combattre. Il était certain qu’il s’occuperait lui-même de l’homme à la tête de ce corps d’assaut, car c’en était un. Il lui ferait expier ses péchés dans la mort, et lui assurerait un pardon irrémédiable. Mais ce n’était pas encore le moment de rêver à pareil dénouement. L’assassin fronça les sourcils en observant le comportement étrange d’un des soldats. Il venait tout simplement de tuer son camarade ! Interloqué, l’assassin gagna les hauteurs et surplomba la scène. Personne en vue. Etait-ce là une capacité propre à Seiko ? L’avenir nous le dirait certainement, mais il avait d’autres chats à fouetter que de surveiller indéfiniment les actions de son compagnon de fortune. Mieux valait se préoccuper de ses propres affaires et répandre mort et terreur comme il savait si bien le faire … à commencer par le fuyard.

        « Désolé, Seiko, mais je n’ai jamais laissé fuir un Marine. » se murmura-t-il tout bas.

        Il exécuta un bond impressionnant entre deux bâtiments et se réceptionna d’une roulade. Courant sur les toits, il retrouva rapidement la trace du fuyard. L’assassin parut alors comme s’envoler et atterrit sur le dos du pauvre Marine. Celui-ci s’écroula sur le choc. L’impact lui ôta tout air des poumons, si bien qu’il ne put hurler lorsqu’une lame acérée vint s’insérer dans sa chair. Le pauvre soldat rendit l’âme avant même de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver. Rafaelo se releva lentement, tout en essuyant la lame maculée sur l’uniforme du cadavre. Il ramena sa demi cape sur son bras droit puis tourna les talons, mais à peine eut-il fait quelques mètres que …

        « Assassin ! »
        hurla un homme, à l’autre bout de la ruelle.

        L’Auditore fit volte face, et put ainsi apercevoir un homme qui le pointait du doigt, un uniforme de Marine flamboyant l’habillait. Cinq autres hommes surgirent alors derrière lui. C’était … problématique. Mais moins que …

        « À moi la garde ! » hurla-t-il de nouveau.

        Ce furent cette fois une demi-douzaine de soldats qui répondirent à son appel. Hum, seul contre douze hommes ? C’était … de la folie. Mais … ce béret ! C’était lui, l’homme qui avait ordonné les coups de canon ! C’était celui qui les dirigeait. Le sang de l’assassin ne fit qu’un tour. Fuir, ou appliquer la justice ? Son cœur vaillant emporta tous ses doutes dans la tombe. Il avait déjà survécu à pareil affrontement, il ne lui restait plus qu’à en sortir vainqueur. Il ne lui restait cependant plus que 9 dagues. Les autres trônaient encore sur les corps sans vie de Marins malchanceux. Rafaelo soupira. Si les dagues n’étaient là que ses seules armes … Il enfonça sa main droite dans la sacoche contenant ses bombes fumigènes, et soupesa les deux sphères métalliques. Qu’ils s’avancent : ils ne seraient pas déçus du résultat … Le jeune homme amassa trois dagues dans sa main gauche.

        « Ne lui laissez pas le temps de vous attaquer : abattez-le ! » commanda le chef.

        Cinq de ses sbires mirent alors un genou à terre et dégainèrent leur fusil. L’assassin expédia alors trois dagues, se prévenant de la majorité des tirs. Il n’était cependant distant que de quinze mètres seulement de ses adversaires, mais il n’était pas assez rapide pour éviter les tirs ! Il sortit sa main droite de la sacoches aux bombes, puis l’expédia en direction de ses adversaires, sans l’amorcer. De son annulaire et de son auriculaire, il s’empara de deux dagues qu’il fit remonter dans sa main avant de les expédier vers les deux derniers tireurs, entre les deux yeux. Ils s’effondrèrent sans un bruit, alors que Rafaelo tirait une nouvelle dague de sa ceinture. Il la fit glisser dans sa main gauche puis l’expédia droit devant lui. L’arme ricocha sur le sol avec un étrange tintement métallique. Quelques Marines avaient reculé d’un pas sous la peur de cette nouvelle attaque, mais leur chef ricana malicieusement.

        « Raté ! Tu as tiré là ta dernière carte, pirate. » se moqua-t-il de lui, tout en le menaçant de son arquebuse.

        Un léger pschitt retentit alors, inondant les Marines de fumée grisâtre et le coup destiné au criminel se perdit dans le vide. L’assassin recula d’un pas, prenant appui avant de s’élancer dans la fumée, épée au clair. Il enfonça son arme dans le premier corps à portée, puis continua sa danse macabre. Il entailla à la jugulaire deux soldats avant d’être lui-même aveuglé par la fumée. Il porta alors sa main à sa bouche puis, reconnaissant le béret de sa cible, il le tira par la chemise et l’éjecta de la zone de fumée, l’envoyant s’écraser face contre terre dans la ruelle. Tout autour de lui n’était qu’un concert de toussotements et de convulsion, mais abrité sous sa capuche, il y voyait encore à peu près clair et bénéficiait surtout de l’effet de surprise. À cette fin, il dégaina son épée courte et s’occupa des quatre restants. Ne prenant pas la peine de les achever proprement, il s’assura seulement que ses armes leur traversent le corps de part en part puis s’en retourna dans la ruelle. Ses deux armes au clair ruisselaient de sang, et laissaient derrière elles un sillon écarlate dans la poussière du sol. Le chef des Marines qui s’était relevait venait de tirer à grand peine son épée. La fumée de la bombe commençait à se dissiper peu à peu, s’écoulant dans la ruelle et donnant un aspect lugubre à l’assassin. Rafaelo leva son épée au dessus de sa cible.

        « Je ne rate jamais mon coup, misérable vermine. » le toisa-t-il.

        Des bruits de pas retentirent alors non loin de lui. L’assassin se risqua alors un léger coup d’œil et reconnut son allié de fortune. Il se détendit légèrement. Cette situation n’allait pas durer. Il avait déjà eu de la chance de tomber sur son adversaire se vite, et en pareille circonstances. Si tous les Marines des environs s’étaient rassemblés autour de lui, tout aurait été bien différent ! Il s’avança d’un pas vers l’homme au béret.

        « Que la mort puisse t’apporter le pardon de tes péchés. »
        gronda-t-il, ne cherchant pas même à savoir pour quelles raisons cet homme avait ordonné d’ouvrir le feu.

        La fumée arrivait à présent à mi mollet autour de Rafaelo. Il se tourna vers son allié de fortune, tandis que l’homme à ses pieds tremblait comme une feuille.

        « Tu m’as aidé, donc le choix de son châtiment te revient aussi. » lui fit-il, dans un élan de sympathie, si l’on pouvait ainsi dire.

        L’assassin s’était ravisé sur l’instant. Pourquoi ? Bonne question, mais son instinct lui soufflait qu’il aurait été sot d’agir autrement. Cet homme, ce pirate dénommé Seiko, peut être pourrait-il trouver en lui un allié de poids après tout. Et puis il n’avait toujours pas éclairci le mystère de son combat : le Marine en poignardant un autre …
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        J'étais vite arrivé à une conclusion. Les cris, provenaient bien d'hommes qui mourraient et qui combattaient. Et sur le chemin, j'avais eu le temps de me poser des questions. Une personne avait voulu m'arrêter. Même deux. La première personne n'eut pas beaucoup de chance de me croiser. Un marine, simple. Il courait vers l'endroit qui lui était destiné. Moi, je voulais être sûr de me faire connaître. Faire croire à la marine que j'étais partout, et que plusieurs marines racontent ensuite qu'un certain Seiko les aurait tous tués... C'était parfait. Mais en pensant à tout cela, je venais de le laisser filer, il était passé devant moi. Je courus en le suivant. Il fallait que je le retrouve pour lui dire ce que j'avais à dire. Je me trouvais juste derrière lui, il avait ralentit le pas. Je le sermonnais par un "Hé, toi !".

        Il se retournait. Il souriait il y a quelques secondes, mais en se retournant, il dut voir sur mon visage une expression qu'il connaissait. Le pouvoir. Il avait déjà peur, seulement par mon sourire et par mes idées, exprimées par mon corps avant même que je le dise. Mais plus personne ne disait rien. Tous les deux réfléchissaient. Moi, je ne savais pas quoi dire. Cet homme, devant moi, n'avait pas reculé. Il était presque "dégoûté" de voir cette expression sur mon visage, mais il essayait de prendre le contrôle de soi. Il n'avait pas l'air d'être un simple marine. Je dégaina ma lame. Lui montrant que le petit jeu du "je-te-regarde ; moi-aussi" était fini. Il me regardait, mais ne tremblait pas. Quel était ce sentiment ? Je pensais trop, et cela me coûta un bout de peau.

        Je n'avais pas eu le temps de le voir, mais un autre marine était apparu derrière moi. Je n'avais pas été attentif, j'avais juste regardé devant moi, sans penser au passé. Je ne devais pas oublier d'où je venais. Ce gars, devant moi maintenant, qui m'avait un peu écorché le bras, semblait être un sabreur, de la marine. Il prononça quelques mots à l'oreille du marine qui alla se mettre un peu plus loin. Derrière des tonneaux. Toute cette scène se passait très vite... Et moi, moi qui avait entendu ces cris... Je devais d'abord m'occuper de ce marin. Mais comment ? Maîtriser l'autre ? Je ne savais pas sa puissance, et son sentiment m'avait trop déstabilisé.

        -On ne va pas y passer la nuit, alors allons-y.

        J'avais prononcé ces mots, comme si je parlais d'aller au théâtre. Mais non, un combat allait commencer. Je sortis mes deux autres lames. Il m'avait touché au dos, je pouvais donc quand même combattre avec tous ms membres. Il allait voir qui j'étais. Il s'approcha, se pencha. Il allait charger, je connaissais cette posture. Je ne savais pas vraiment en fait... J'avais une technique pour contrer n'importe quel sabreur... "窮境 - Tourou Nagashi". Je n'avais pas pris beaucoup de temps pour la faire, mais tout d'abord, comme lui, je m'étais incliné. Lui, avait commencé à charger, mais avec son arme dans la main droite, comme s'il allait faire quelque chose d'anormal pour un sabreur. Moi, j'avais bien serré mes sabres.

        Ensuite, le temps s'était ralenti, comme chaque fois que j'utilise le Santoryuu. Et d'un coup d'un seul, ma respiration s'arrêtait. Au moment où je la reprenais, je frapperais. Un souffle. Mes sabres tournent, je passe derrière mon adversaire. Il n'a pas compris. Je me relève, me retourne. Il ne comprend pas. Lui, semble toujours debout. Mais il s'est arrêté. C'est le moment d'essayer une nouvelle technique, que j'ai eu le temps de lire dans mon livre. Une technique assez puissante, ma plus puissante, qui devrait me permettre de le tuer en un coup. Je me suis déjà entraîné, mais jamais contre une vraie personne. Je m'arrête. Ferme les yeux. Je ne plie pas les jambes pour une fois. Je place mes trois sabres devant moi. Ils forment un cercle, presque parfait.

        "境 - Senzen Sekai"

        Et mes trois sabres tournent. Et je frappe. Je sens le corps de mon adversaire qui s'est retourné, être presque déchiqueté par moi. Les coups que je lui ai porté forment trois grandes fissures de sang, qui "implosent". C'était sûrement un bon sabreur d'attaque, mais pas de défense. Et il n'avait pas eu de chance, il était du mauvais sens aussi. L'autre partit en courant. Il avait eu peur. Finalement, ça s'était bien passé. Il ne me restait plus qu'à faire une chose, aller voir l'auteur des cris, et il y en avait eu des nouveaux. Le combat, si s'en était un, n'était donc pas encore fini. Et je courrais. Je savais la direction, je n'étais vraiment pas loin. Quelques secondes encore, quelques pas. J'étais enfin arrivé à mon objectif premier. Un combat se déroulait là. Beaucoup de marines, dont leur chef. Il y avait également 'Il assassino'. Il s'appelait comme ça par lui-même...

        Quoi qu'il en soit, il semblait dans une mauvaise posture, et ses mots portés à mon encontre furent significatifs. L'aidé à le tuer ? Moi qui décide ? C'était tellement gentil. Je lui lançais un petit "C'est à toi de le tuer, je te rappelle". C'était vrai, et quelque soit la vie de quelqu'un, c'était une vie. La mienne était, et est évidemment plus importante. Mais celle des mes ennemis est égale. Peut-être ai-je plus de respect pour ce sabreur que je viens de tuer... Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que les marines entourent le gars que je dois aider. Devoir ? Non, mais pourquoi ne pas aller s'amuser à tuer des marines avec ce gars qui ne fait pas semblant en tuant. Hum. Je venais de ressentir un peu l'effet de la fatigue. Il ne fallait pas que ça arrive, il fallait que je me ressaisisse. Je ne pouvais être vraiment être fatigué par ce que je venais de faire...

        Mon choix était fait, c'était repartit pour la mêlée, deux marines avaient sortit des flingues, je ne pouvais pas les laisser tirer, c'était mauvais, je serais obligé d'utiliser mon pouvoir, même si cela me fatiguerait encore plus...Je sentais les fils apparaîtrent, alors que les autres ne devaient comprendre. Je contrôlais ces fils. "限る - Kagiru" Mes fils foncèrent sur mes deux ennemis visés. Un tomba, un fil était arrivé entre ses yeux, j'avais eu de la chance, il tomba, presque inerte. Je levais mon fil, qui transperça sa tête. C'était un peu dégoûtant. En attendant, l'autre, n'avait été que touché partiellement à la main droite, alors qu'il tirait du gauche. Il allait tirer. J'étais mal. Mes fils venaient de disparaître, je lança un regard en direction de mon allié, il saurait quoi faire. C'était à son tour de tuer le marine armé. Ensuite, ils pourraient enfin partir.

        J'effectuais un roulé-boulé sur le sol, et me retrouvait près d'autres marines. Mes lames sortient, j'effectua quelques coups sur eux. Certains tombèrent, un autre fuit. Il n'aurait pas du, je le suivis, à en perdre haleine. Je le terminais, en lançant mon sabre sur lui. Je me relevais en reprenant mon sabre. Je n'étais plus du tout sur la place, pourquoi avais-je tant couru ? Il fallait que je revienne sur la place. Mais la fatigue, la vraie, se faisait bien sentir. Mes mouvements étaient maintenant moins rapides. Espérons qu'il s'en soit sortit pour le moment... Et s'il les avait déjà terminés ? Je ne savais pas, peut-être était-il encore une fois dans une mauvaise posture ? Je ne savais pas, j'espérais juste pouvoir lui dire adieu, après avoir fini ces marines... La lumière de la place m'aveugla, j'étais enfin revenu. Je regardais enfin devant moi, ce qui se passait sur la place...
          Leur chef se tenait là, à genoux, les yeux tournés vers le sol, acceptant avec humilité le châtiment, une fois qu’il se fut contrôlé. Rafaelo n’aurait pas cru un tel serpent capable d’honneur. S’il avait vécu toute sa vie dans l’opprobre, au moins il mourrait dans l’honneur. L’assassin hocha la tête en direction du pirate, lorsque celui-ci lui énonça son choix, avec simplicité. Il tira son épée courte et d’un geste tailla un sourire carmin dans la gorge du Marine. Il rengaina son épée en murmurant sa phrase rituelle, puis se tourna vers le nuage de fumée. Il se trouvait là, en plein milieu d’une rue envahie par une sorte de brouillard. Il trouvait ces quelques secondes de répit reposantes, et il ne lui vint pas à l’idée que ce temps puisse cesser aussi rapidement. L’assassin s’écarta de la flaque de sang qui s’épanchait à ses pieds puis il s’avança vers l’endroit d’où les Marines étaient venus. Il tira cette fois sa rapière, bien décidé à se tailler un chemin dans tous ceux qui lui barreraient la route.

          La fumée lui masqua alors son allié de fortune, et apporta un lot de nouveaux candidats. Sans chercher à se dérober, l’assassin avançait d’un pas régulier, et tranchait ses proies comme s’il ne s’agissait là que de simples mannequins. Il esquiva une attaque maladroite en reculant simplement son buste et enfonça sa rapière dans le cœur du malheureux. Un autre tenta de lui tirer dessus, mais l’assassin se rapprocha de lui trop vite pour qu’il ne le puisse, et ses tripes se répandirent sur le sol. De même, il tourna autour d’un autre homme et enfonça cette fois son épée courte dans sa poitrine, lui tirant un hoquet de douleur. La mort dansait avec lui, et un masque impassible s’était posé sur ses traits. Rien n’aurait pu lui tirer la moindre parcelle d’émotion. Il avançait, pareil à une machine, et exécutait ses proies sans sourciller. La fumée générée par ses bombes lui fournissait un couvert idéal, et n’arrêtait pas de vomir de nouvelles proies. Et l’assassin tuait sans répit. Il fit un moulinet de ses deux armes, chassant le sang qui s’y était accumulé. Il n’y avait pas la moindre trace d’organisation, ils n’avaient pas encore compris que leur chef gisait là, la gorge ouverte. Ainsi que la majorité de leur frères.

          Soudain, une légère brise se leva, venue du port. Elle apporta avec elle les embruns de la mer, mais chasse petit à petit la fumée, révélant le carnage. Plusieurs dizaine d’hommes se tenaient là, à terre. Tous, sans exception, morts. L’assassin avait été efficaces, mais l’action de Seiko l’avait néanmoins grandement aidé à commettre ces atrocités. Un autre Marine surgit alors d’une ruelle adjacente, épée au clair. Il resta un instant figé sur place et observa la scène avec horreur. La Lune éclairait au centre de la place un homme de blanc vêtu maculé de sang, maniant deux lames encore suintantes du sang de ses frères. De nombreuses formes inanimées trônaient à ses pieds, pantins désarticulés. L’assassin se tourna vers le nouvel arrivant le fixa droit dans les yeux. L’homme eut alors un hoquet de terreur et se retourna pour prendre ses jambes à son cou. L’assassin rengaina son arme et tira son ultime dague. Il replia son bras et lança l’objet avec une précision incroyable. Elle alla se ficher dans sa nuque, lui tirant un gargouillis d’agonie. Il ne tolérait pas qu’un Marine puisse s’enfuir.

          Un cri retentit alors, venant des volets d’une maison jouxtant la place. L’assassin soupira alors et fouetta l’air de sa rapière pour en chasser le sang qui s’y était accumulé. Il la nettoierait, elle et son fourreau, plus tard, afin d’éviter que le sang ne les abîme tous deux. Ce fut ce moment opportun que le pirate choisit pour revenir. Ils avaient opéré à eux deux un véritable massacre sur la place. Il salua son retour d’un simple signe de la tête. Les vagues de Marines s’étaient calmées pour l’instant, ce secteur devait à présent être désert, mieux valait en profiter rapidement.

          « On a un peu de répit, il faudrait en profiter. Je n’ai pas vraiment de moyen de m’enfuir, mis à part de me cacher et de prendre le prochain navire peu fréquentable. Si tu as quelque chose à me proposer, sinon, nos chemins se séparent ici, l’ami. » fit l’assassin, lui tendant la main et s’offrant enfin un sourire sincère.

          La migraine commençait à lui marteler les temps, contrecoup du choc qu’il avait reçu, certainement. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas du se battre ainsi, et être l’auteur d’un tel massacre lui déplaisait quelque peu, mais entre sa vie et celle des Marines … le choix était vite fait !

          « Tu n’es pas un soiffard avide de combats et de destruction. Si tu as besoin de moi, tu n’auras qu’à remonter la trace de mes dagues. Tu m’as sauvé la vie tout à l’heure, je te revaudrais ça. » lâcha-t-il.

          L’air de rien c’était un grand privilège qu’il lui faisait. Jamais pirate n’avait pu se vanter de gagner le respect d’Il Assassino. Une chose était cependant sûre, on risquait de beaucoup entre parler de ce meurtrier à la capuche blanche ces jours-ci, il avait donc tout intérêt à dégager d’ici en vitesse, il ne pouvait se résoudre à supprimer l’innocente qui l’avait vu commettre ses basses exactions.
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