[North Blue, quelques mois plus tôt]
L’âme des hommes est aisément corruptible. À vouloir changer les bases d’une société profondément gangrénée, il faut à affronter ses propres vices. Il était cependant aisé de se rendre compte que cela nécessitait une volonté à toute épreuve. Avoir prêté sa cause au bien du peuple tout entier ne pouvait qu’aider l’assassin. En effet, chacun de ses actes n’était guidé que par cette optique, et il ne s’écartait, ainsi, jamais de ce chemin tout tracé. C’était de cette manière qu’il entendait sa vie. De toute manière, dans les choix qui s’offraient à lui, il était souvent bien simple de percevoir le bon. Dans ce monde, cela se limitait souvent à deux alternatives : souffrir pour le peuple, ou le faire souffrir. Une vision quelque peu tirée par les cheveux, mais si l’on y réfléchissait bien, véridique. L’assassin fit tourner entre ses doigts deux dés avec une dextérité étonnante. Il portait une tunique de soie pourpre auréolée de fils d’or, assez ample pour ne pas lui coller à la peau. Le reste de son accoutrement disparaissait sous la table, mais il était aisé de deviner qu’il portait ses habituelles bottes noires, car il ne s’en séparait jamais. Ses cheveux étaient retenus par deux mèches tressées lui faisant le tour de la tête, lui donnant tout sauf un air implacable. Il ressemblait ainsi à n’importe quel jouvenceau issu d’une quelconque famille aisée. Tout, sauf un assassin. Il sourit à l’un de ses adversaires et se redressa sur sa chaise. Le pirate à la mine patibulaire lui rendit un sourire édenté du fond de sa barbe grise. Il lui manquait un œil, et n’était pas très beau à voir. Un tricorne miteux était vissé sur sa tête, tenant de masquer un début de calvitie. Il était parfois temps de laisser les jeunes prendre la relève. Si Rafaelo formula cette pensée dans sa tête, il prit cependant garde à ne pas la laisser s’échapper. Ils étaient huit attablés, et il n’était pas sûr qu’ils sachent apprécier ce trait d’humour.
Le jeune homme soupira et fit glisser les deux dés dans son autre main, un geste assez habile pour rester invisible à la plupart des pirates. Sa main droite était gantée de noir, et un bracelet d’armure remontait le long de son avant-bras. Il n’était donc pas sorti sans emporter avec lui quelques précautions. De même, une imposante cape grise reposait sur sa chaise, masquant un sac marron posé entre les pieds de l’assassin. Il avait emporté quelques bombes et dagues, en plus de son armure habituelle. On ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer, et il était de plus en plus précautionneux depuis l’incident de Tripoli. Un passage qu’il n’aimait pas tellement se rappeler non plus : il avait remporté une partie de poker aux dés sur le mauvais type. L’homme avait dégainé son mousquet et Rafaelo n’avait du sa survie qu’au simple fait de se trouver entouré de moult pirates heureux de trouver là une occasion pour massacrer tout ce qui pouvait se trouver à porter. Il avait du user de tous ses talents pour emporter son du et disparaître dans la foule de brigands. Ah … Tripoli ! Heureusement l’histoire ne s’arrêtait pas là, la nuit ne faisait alors que commencer. L’assassin sourit malicieusement puis lança ses dés sur la table. Il était plutôt amusant de remarquer que ce type de jeu aux dés était celui où il était plus aisé de tricher. En ramassant les dés à relancer, il était simple d’en bouger un discrètement. Rafaelo était un maître de l’art de la diversion, il s’amusait sans cesse à trouver de nouvelles astuces pour tricher en toute discrétion, si bien qu’il commençait à se faire un gentil petit pactole. Seulement, il ne trichait pas tout le temps, non, seulement lorsqu’il trouvait ses gros balourds d’adversaires trop hardis. C’était là le plus marrant du jeu, de voir leurs espoirs ruinés en quelques secondes, surtout par ces hommes qui vénéraient l’or au plus haut point. Ils étaient criminels, non ? Massacre faisait partie de leur quotidien, alors pourquoi avoir honte de leur voler ce que eux-mêmes avaient volé ?
« Ah, il me semble que je remporte encore cette partie, mes amis ! » se moqua Rafaelo en tirant à lui la petite fortune trônant au milieu de la table.
« C’est étrange que tu dises ça, gamin, parce que j’aurais juré que tu avais une moins bonne figure que moi il y a quelques secondes ! » répondit l’un des pirates, un sourire mesquin sur les lèvres.
Rafaelo haussa les épaules et ramassa les berrys et les pierreries avant de les ajouter à son propre tas. Il était peut être temps de tirer sa révérence, après tout. Les pirates semblaient avoir été dépouillés en bonne et due forme.
« Tu m’accuses de tricher alors que tu peines à trouver sur quelle face se trouve le six, et ce depuis quatre partie mon gars ? » se moqua l’assassin, attendant patiemment la réaction des autres pirates.
L’accusateur devint écarlate, marmonna quelque chose dans sa barbe avant de jeter un regard inquiet à ses autres camarades de jeu. Entraîné à voir le maximum de choses en un simple coup d’œil Rafaelo passait rarement à côté de tels détails. Même si le pirate l’avait réellement vu, il était peu probable que qui que ce soit puisse porter crédit à ses paroles, à présent ! Le jeune homme soupira de nouveau, puis fit glisser l’ensemble de ses gains dans sa bourse.
« Bon, les mauvais perdant se font nombreux ces temps-ci. Si vous voulez m’excuser, je vais me retirer avant que d’autres accusations insensées ne viennent gâcher ma soirée. » leur fit-il, vraisemblablement agacé.
Il attrapa sa cape d’une main et enfonça sa bourse dans son sac avant de se lever calmement de sa chaise. Il revêtit sa cape, la ferma à l’aide d’une attache puis passa son sac en bandoulière. Il savait ce qui allait alors se passer, mais il serait sur son terrain. Ah, puisse la nuit se finir aussi bien que la fois précédente !
« Pas si vite, mon p’tit gars. » hurla un des pirates, armant son mousquet.
« Tu vas pas nous fausser compagnie si vite, non ? Tu ne voudrais pas embarquer notre or avec toi, ce serait malpoli … » menaça-t-il, se levant de sa chaise.
Le bruit ambiant de la taverne masquait encore la menace, mais elle était évidente pour tous ceux assis à cette table … et Rafaelo. Celui-ci s’arrêta, un sourire malicieux sur son visage. Bien entendu, aucun des pirates ne pouvaient le voir, ils purent même prendre cette pause pour de la peur. L’assassin leva alors un bras, et leur offrit un magnifique doigt d’honneur, avant de passer entre deux soûlards. Alors, que pensaient-ils faire à présent ? Les deux pirates qu’il venait de dépasser lui serviraient de bouclier un court laps de temps. Il posa sa main sur le fourreau de sa rapière et fit jouer le mécanisme de sa dague secrète. En combien de temps pourrait-il sortir de la taverne ? Soudain, un coup de feu retentit.
L’âme des hommes est aisément corruptible. À vouloir changer les bases d’une société profondément gangrénée, il faut à affronter ses propres vices. Il était cependant aisé de se rendre compte que cela nécessitait une volonté à toute épreuve. Avoir prêté sa cause au bien du peuple tout entier ne pouvait qu’aider l’assassin. En effet, chacun de ses actes n’était guidé que par cette optique, et il ne s’écartait, ainsi, jamais de ce chemin tout tracé. C’était de cette manière qu’il entendait sa vie. De toute manière, dans les choix qui s’offraient à lui, il était souvent bien simple de percevoir le bon. Dans ce monde, cela se limitait souvent à deux alternatives : souffrir pour le peuple, ou le faire souffrir. Une vision quelque peu tirée par les cheveux, mais si l’on y réfléchissait bien, véridique. L’assassin fit tourner entre ses doigts deux dés avec une dextérité étonnante. Il portait une tunique de soie pourpre auréolée de fils d’or, assez ample pour ne pas lui coller à la peau. Le reste de son accoutrement disparaissait sous la table, mais il était aisé de deviner qu’il portait ses habituelles bottes noires, car il ne s’en séparait jamais. Ses cheveux étaient retenus par deux mèches tressées lui faisant le tour de la tête, lui donnant tout sauf un air implacable. Il ressemblait ainsi à n’importe quel jouvenceau issu d’une quelconque famille aisée. Tout, sauf un assassin. Il sourit à l’un de ses adversaires et se redressa sur sa chaise. Le pirate à la mine patibulaire lui rendit un sourire édenté du fond de sa barbe grise. Il lui manquait un œil, et n’était pas très beau à voir. Un tricorne miteux était vissé sur sa tête, tenant de masquer un début de calvitie. Il était parfois temps de laisser les jeunes prendre la relève. Si Rafaelo formula cette pensée dans sa tête, il prit cependant garde à ne pas la laisser s’échapper. Ils étaient huit attablés, et il n’était pas sûr qu’ils sachent apprécier ce trait d’humour.
Le jeune homme soupira et fit glisser les deux dés dans son autre main, un geste assez habile pour rester invisible à la plupart des pirates. Sa main droite était gantée de noir, et un bracelet d’armure remontait le long de son avant-bras. Il n’était donc pas sorti sans emporter avec lui quelques précautions. De même, une imposante cape grise reposait sur sa chaise, masquant un sac marron posé entre les pieds de l’assassin. Il avait emporté quelques bombes et dagues, en plus de son armure habituelle. On ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer, et il était de plus en plus précautionneux depuis l’incident de Tripoli. Un passage qu’il n’aimait pas tellement se rappeler non plus : il avait remporté une partie de poker aux dés sur le mauvais type. L’homme avait dégainé son mousquet et Rafaelo n’avait du sa survie qu’au simple fait de se trouver entouré de moult pirates heureux de trouver là une occasion pour massacrer tout ce qui pouvait se trouver à porter. Il avait du user de tous ses talents pour emporter son du et disparaître dans la foule de brigands. Ah … Tripoli ! Heureusement l’histoire ne s’arrêtait pas là, la nuit ne faisait alors que commencer. L’assassin sourit malicieusement puis lança ses dés sur la table. Il était plutôt amusant de remarquer que ce type de jeu aux dés était celui où il était plus aisé de tricher. En ramassant les dés à relancer, il était simple d’en bouger un discrètement. Rafaelo était un maître de l’art de la diversion, il s’amusait sans cesse à trouver de nouvelles astuces pour tricher en toute discrétion, si bien qu’il commençait à se faire un gentil petit pactole. Seulement, il ne trichait pas tout le temps, non, seulement lorsqu’il trouvait ses gros balourds d’adversaires trop hardis. C’était là le plus marrant du jeu, de voir leurs espoirs ruinés en quelques secondes, surtout par ces hommes qui vénéraient l’or au plus haut point. Ils étaient criminels, non ? Massacre faisait partie de leur quotidien, alors pourquoi avoir honte de leur voler ce que eux-mêmes avaient volé ?
« Ah, il me semble que je remporte encore cette partie, mes amis ! » se moqua Rafaelo en tirant à lui la petite fortune trônant au milieu de la table.
« C’est étrange que tu dises ça, gamin, parce que j’aurais juré que tu avais une moins bonne figure que moi il y a quelques secondes ! » répondit l’un des pirates, un sourire mesquin sur les lèvres.
Rafaelo haussa les épaules et ramassa les berrys et les pierreries avant de les ajouter à son propre tas. Il était peut être temps de tirer sa révérence, après tout. Les pirates semblaient avoir été dépouillés en bonne et due forme.
« Tu m’accuses de tricher alors que tu peines à trouver sur quelle face se trouve le six, et ce depuis quatre partie mon gars ? » se moqua l’assassin, attendant patiemment la réaction des autres pirates.
L’accusateur devint écarlate, marmonna quelque chose dans sa barbe avant de jeter un regard inquiet à ses autres camarades de jeu. Entraîné à voir le maximum de choses en un simple coup d’œil Rafaelo passait rarement à côté de tels détails. Même si le pirate l’avait réellement vu, il était peu probable que qui que ce soit puisse porter crédit à ses paroles, à présent ! Le jeune homme soupira de nouveau, puis fit glisser l’ensemble de ses gains dans sa bourse.
« Bon, les mauvais perdant se font nombreux ces temps-ci. Si vous voulez m’excuser, je vais me retirer avant que d’autres accusations insensées ne viennent gâcher ma soirée. » leur fit-il, vraisemblablement agacé.
Il attrapa sa cape d’une main et enfonça sa bourse dans son sac avant de se lever calmement de sa chaise. Il revêtit sa cape, la ferma à l’aide d’une attache puis passa son sac en bandoulière. Il savait ce qui allait alors se passer, mais il serait sur son terrain. Ah, puisse la nuit se finir aussi bien que la fois précédente !
« Pas si vite, mon p’tit gars. » hurla un des pirates, armant son mousquet.
« Tu vas pas nous fausser compagnie si vite, non ? Tu ne voudrais pas embarquer notre or avec toi, ce serait malpoli … » menaça-t-il, se levant de sa chaise.
Le bruit ambiant de la taverne masquait encore la menace, mais elle était évidente pour tous ceux assis à cette table … et Rafaelo. Celui-ci s’arrêta, un sourire malicieux sur son visage. Bien entendu, aucun des pirates ne pouvaient le voir, ils purent même prendre cette pause pour de la peur. L’assassin leva alors un bras, et leur offrit un magnifique doigt d’honneur, avant de passer entre deux soûlards. Alors, que pensaient-ils faire à présent ? Les deux pirates qu’il venait de dépasser lui serviraient de bouclier un court laps de temps. Il posa sa main sur le fourreau de sa rapière et fit jouer le mécanisme de sa dague secrète. En combien de temps pourrait-il sortir de la taverne ? Soudain, un coup de feu retentit.