Je n'ai pas envie de lui répondre. Pourquoi devrais-je m'ennuyer à parler avec un stupide robot ? En temps normal, je ne le ferais pas, mais bon, je vais faire une exception. Après tout, il a quelque chose que je convoite et vice-versa …
« Ylvikel Strauer. »
« Suis-moi. »
Sur ces mots, je me mets à suivre le robot. Je suis excité, car je sais que maintenant ce n'est plus qu'une question de temps. Les passants me fixent avec admiration, sont-ils en train de reconnaître ma toute divine puissance ? Je commence fortement à le penser, puisque certains osent m'applaudir à mon passage. Suis-je en train de devenir leur idole ? Ce n'est pas vraiment ce que j'espérais. Je ne cherche pas leur compassion ni même leur amour. Non, bien au contraire ! Père m'a envoyé ici pour les punir et les châtier. Je ne dois pas perdre mon objectif de vue.
Cependant quelle est cette drôle sensation qui commence à m'envahir ? Je pose ma main sur mon cœur, et il s'accélère. Suis-je en train d'apprécier ça ? Me sentir aimer des autres ? Non, impossible. Je suis l'être élu. Comment l'amour des vermines pourrait-il me faire plaisir ? Je ne veux pas le croire et pourtant … J'aime ça ! Ils applaudissent et scandent mon nom. Un frisson parcourt tout mon être et j'ose même esquisser un sourire. Je n'aurais jamais pensé faire une telle chose ! J'essaye d'arrêter de sourire, mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi. Leur joie me remplit de bonheur et d'un pur geste de folie, je me mets à les saluer de la main. Que m'arrive-t-il ? Est-ce normal que je ressente une telle chose ? Dois-je vraiment purifier cette race ou dois-je les aimer ? Je ne sais pas, je ne sais plus …
« Nous so-mm-es a-rri-vés. »
La voix du maire me fait sortir de mes pensées. Nous voilà donc devant l'hôtel de ville, je m'attendais à quelque chose de plus métallique à l'image de la boite de conserve, mais il n'en est rien. C'est une petite bâtisse de bois plutôt sobre. Il n'y a pas grand-chose à dire dessus, ce dernier m'invite à rentrer et je m’exécute. À l'intérieur, deux chaises et une table en bois, mais très vite mon regard se fige sur cette table. L'objet de toutes mes convoitises se trouve là, juste devant moi. Je me mets à sourire, je suis excité. Je vais pouvoir accomplir les désirs de père, détruire l'humani … Soudain, mon sourire s'efface et je me remets à penser à ce sentiment qui m'a envahi tout à l'heure. Cette joie qu'ils ont réussi à me procurer et ce plaisir qu'ils m'ont donné. Je pose mes mains dans mes cheveux et me tiens la tête, je ne dois pas me laisser corrompre !
« Mon-trez moi le mor-ceau du mo-no-li-the, s'il vous plait. »
Une nouvelle fois, il me fait redescendre sur terre. Je sors le bout de roche de ma poche et le pose sur la table. HAL le fixe, il sait que ce n'est pas un faux. Puis, il finit par le prendre dans sa main et sans raison apparente, le broie. C'est une blague ? Je me suis emmerdé à le détruire juste pour qu'il s'amuse à l'écraser ?
« Je dois vous pré-ve-nir. Si vous a-vez été tou-ché par une va-gue d'é-ner-gie, il se pe-ut que vo-tre corps su-bis-se des chan-ge-ments ou vo-tre per-son-na-li-té. Est-ce le cas ? »
Posté Lun 7 Oct 2013 - 0:53 par Ylvikel Strauer
Soudain, l'atmosphère devint lourde. Ma réponse allait déterminer mon avenir, et mieux vaut éviter de se tromper. Dans mon état actuel, je ne pense pas pouvoir le vaincre. J'ai bien été touché par la vague d'énergie et non pas une fois, mais deux fois … D'après lui, elle a les capacités de modifier un corps ou une personnalité. Puisque mon corps n'a subi aucune transformation, c'est donc mon esprit qui a été touché. Tsss, fais chier ! Je ne peux pas me soigner de cette chose. Tout ce qu'il me reste à faire c'est de la subir. Je fixe HAL. Je sais qu'il est tendu, malgré qu'il soit un robot. Je peux sentir la frustration émaner de son être. Comment une boite de conserve pourrait exprimer de tel ressenti ? C'est intéressant et ça me donne envie d'en savoir plus. J'ai envie de le connaître et de le mettre en pièce détachée pour le comprendre.
Cependant, quelque chose m'en empêche. Je ne sais pas quoi, mais je n'arrive pas à me saisir de mon arme. Je le trouve si fascinant, si vivant, que je ne peux me résoudre de détruire une telle création. Suis-je en train de subir les effets de ces vagues d'énergie ? Je n'en ai aucune idée. Je me mets alors à lui sourire.
« En aucun cas. »
Les secondes passent, et me paraissent durer des heures. La tension est à son comble. J'ai l'impression qu'il peut me détruire en un instant. L'impression de n'être rien à ses yeux, un insecte qu'il peut écraser dans le creux de sa main s'il le désire. Pourquoi moi l'élu vois en lui un adversaire insurmontable ? Lui, qui quelques heures auparavant ne m'inspirait aucune peur et aucune crainte. Suis-je finalement l'être élu ? Suis-je unique ? Tant de questions me perturbent, des questions que je ne me serais jamais posées si je n'avais pas été frappé par cette onde. Bordel ! Tout à coup, HAL pousse de sa main métallique le fruit.
« Tu es di-gne de ce fr-uit. »
Il m'a cru ! Je me mets à sourire. J'ai réussi là où tant ont échoué. Ça me réconforte dans l'idée que je suis unique. Dans l'idée que seul moi en suis digne et HAL lui-même vient de l'avouer. Je le remercie d'un simple geste de la tête et admire le résultat de mon dur labeur. Il ressemble exactement au fruit de l'affiche. Il est rond et violet avec des spirales incrustées sur sa peau Une véritable œuvre d'art. Je me mets alors à l'éplucher et commence à le savourer. Il a une saveur particulière, une saveur unique pour un être unique. La première bouchée vient d'être engloutie puis la seconde et ainsi de suite afin de ne rien y laisser.
Soudain, ma vision commence à se troubler. Je vois double et je n'arrive plus à rester droit. Je sens que je perds le contrôle de mon corps.