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Mannfred à la montagne.

Et vous vous venez, patron ?
Venir où ça… ?
Ben, skier…
Skier, dit-il… Skier…
Ben… comme du coup on l’a dans l’os côté carnage pour aujourd’hui… avec les gars… on s’était dit que ça pourrait être cool de faire une descente ou deux…
SKIER ?! Tu m’as vu quand t’as bu, matelot ?
P… Pardon…
Non.
PAAARRDDDDOOONNNN

Le petit nouveau se jette par-dessus le bastingage plutôt que d’affronter la colère de son maître. Son corps gelé avant d’avoir effleuré la surface s’enfonce droit dans la mer de glace où le terrible navire est au mouillage. Les ardeurs de ses compagnons balancent. Etre plus motivés encore pour quitter le navire et passer la journée loin d’ici dans la neige ? Rester paralysés en attendant que le boss reprenne un semblant de calme ? L’équipage se divise en deux groupes, ceux qui parlent et ceux qui rient, dans les deux cas c’est pour masquer leur angoisse. Un troisième tente une percée vers l’entrepont pour aller se dissimuler aux yeux de la rage aveugle, mais la jambe de bois, la fameuse prothèse qui empêche de skier, frappe le sol et c’est une vague meurtrière de pensées qui s’abat sur les fuyards. Touchés par une peur primale, profonde comme l’océan et noire comme les abysses, le cœur de certains s’arrête même. Pour d’autres, c’est le cerveau qui fond littéralement dans le crâne. Dans tous les cas, il y a de la couture de sac mortuaire dans l’air et les murènes auront à manger ce soir.

Khhkhhkhh, je viens d’avoir une idée... Ceux qui veulent skier aujourd’hui devront me passer sur le corps…

Un profond silence se fait sous les voiles. Depuis le départ de Flist pour Grand Line, l’empereur est d’une humeur encore plus massacrante que d’habitude. Comme si la dernière miette de sa conscience avait fait son parti de s’enfuir dans les valises du premier commandant pour les mers plus civilisées de Grand Line. Sans le bras gauche attitré du maître pour peut-être avec un peu de chance réussir à le canaliser en cas de pépin, tous se sentent et se savent vulnérables. Un mot qui ne lui reviendrait pas, un air qui ne lui conviendrait pas, un sabre trop propre ou une botte trop graissée, et ce serait la mort. Ou pire, la torture. Ou pire encore, il est des manières de faire mourir les gens en les gardant vivants et conscients. Le silence est d’or, dit-on d’ordinaire… Eh bien aujourd’hui il est de plomb et fracasse les têtes tel un gourdin invisible.

PERSONNE ?! COUARDS ! TOUS AUTANT QUE VOUS ÊTES ! PLEUTRES ! Vous mériteriez…

Mannfred, jambe de bois, langue de pute. Des exactions que seul son esprit torturé peut imaginer semblent passer devant les yeux du démon. La barbe rousse frétille sous son tricorne mordu par la vie mais là depuis toujours. Son autre plus fidèle compagnon, le crochet, vient caresser le menton d’un des plus proches marins, qui a au moins le mérite de ne pas se faire dessus. Un vieux de la vieille, qui a su gagner un début de respect. Rien n’est acquis ici, mais il a ses chances de survie. La pointe d’acier dessine un arc dans ses chairs et s’arrête sur sa nuque avant de s’écarter dans un brusque moulinet qui l’envoie se ficher dans le bois de la rambarde.

Sortez les chaloupes, boys…
Je… Je peux dire une connerie, patron ?
Vas-y…
C’est juste pour savoir, vous me tuez pas, hein ?
Pose ta question…
On… On va skier finalement ?
Mieux que ça…

Les mots tombent plus froids que l’eau qui les entoure, plus durs qu’un couperet. L’imprudent qui a bravé la mort et ignore quel sort lui réserve son chef retourne à son poste. Sur le navire voisin la manœuvre est identique et Maria la terrible est déjà montée dans sa barque pour rejoindre la côte elle aussi. Et tandis qu’ici les ordres sont relayés et les groupes constitués à la hâte, les hommes regrettent, amers. Dire que si le Seigneur d’Ivoire avait été là ç’aurait pu n’être qu’une simple journée de tuerie comme les autres…


TORESHKYYY !! P’TIT ZIZIIII !!

Mannfred à la montagne. Yz81
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Eh, tu sais ce qu’on va faire, toi ?
Non, mais il paraît que c’est mieux que le ski…
Beaucoup mieux, khhkhhkhh…

Le cri d’effroi des deux rameurs de tête, surpris de ce que leur chef les ait entendus depuis l’arrière du long canot, sonne l’arrivée à bon port. En guise de port, une berge gelée et toute lisse, si lisse que trois solides gaillards y doivent tailler une bitte de leurs masses pour pouvoir y amarrer les embarcations. Mannfred qui pourrait être un père et Maria qui pourrait être une fille, parents d’ignominie, se retrouvent et la sabreuse rit à l’idée visiblement séduisante de son capitaine. Elle rit de son habituel rire démentiel qui fait résonner la neige vierge et frissonner les nuques et les bas du dos. Quand il s’agit de piller c’est lucratif et pour des désespérés comme eux ça vaut le coup, mais aujourd’hui qu’il n’y a pas de combat c’est différent. Aujourd’hui n’est sans doute pas un de ces jours où il aura fait bon travailler pour le Malvoulant. Et la lande toute blanche qui s’étend devant n’est pas promesse de village à razzier pour se venger une fois les épreuves terminées.

La première épreuve d’ailleurs commence quand le blizzard se lève et qu’il faut le défier pour se rendre au sommet des montagnes là-bas très loin et très haut. Un bon blizzard, pas un de ces petits vents frais des régions froides de la première partie de la route de tous les périls. Malgré la violence des éléments néanmoins, la barbe de Mannfred n’ose pas givrer qui aimerait pourtant bien, sa jambe de bois ne craque pas qui voudrait pourtant bien, et le crochet attire la foudre qui en perd ses effets. L’aura du démon fait peur à la pluie et, guidé par ses ricanements sardoniques, l’équipage suit son maître jusqu’au bout de la mort. Ils arrivent frigorifiés mais ils arrivent après un instant où le temps lui-même s’est fait discret. Peut-être ont-ils marché trois heures, peut-être cela a-t-il duré une pleine journée. Le soleil reparaît aussi soudainement qu’il avait disparu et la fonte des eaux s’entame. On entend Maria gémir, son maquillage glisse avec les gouttes sur sa peau ! Mais personne ne lui fait de réflexions et surtout personne n’ose relever sa laideur encore plus grande une fois nue. D’ailleurs peut-on encore bien parler de laideur pour un être comme elle, monstrueux au point d’en être asexué ?

Pas de pause pour les forts ! tonne l’empereur avant de poursuivre sans un répit pour ses hommes.

Flist m’a parlé d’une tradition qu’il a découverte dans le vieux monde… Ça viendrait du royaume de Drum…

Tous reprennent leur souffle, écoutent avec la dernière attention pour ne pas décevoir à l’heure venue.

Il me faut un type qui s’appellera Staline… Toi là, ça te dirait de t’appeler Staline ?
Moi patron ? Mais mon nom à moi c’est La…
Tu ne veux pas t’appeler Staline… ?
B… Bien patron, si patron.
Mets-toi sur le ventre, Staline.
Hein ?
Staline…
Bon d’accord.
Les autres, vous jouez les piquets en bord de piste !
Hein ?
Quoi ?
Mais !
Et si vous ne jouez pas vos cadavres joueront pour vous…
Euh l
Ouais !
Avec moi, Maria ?
Khikhikhi ! Merci Maître !

Forcés comme leurs rires les pirates maudissant la bonne vie des gens honnêtes vont se répartir en contrebas selon les indications de Maria et de Mannfred, restés seuls là-haut avec le baptisé Staline déjà à moitié gelé. Et pas de pitié pour les resquilleurs qui tentent de se cacher derrière les sapins ou dans un creux de la neige. On voit tout de là-haut. Le Malvoulant peut tout, et surtout il le peut bien. C’est pour ça qu’il est aussi bon à ce qu’il fait, c’est pour ça qu’il est si efficace. D’une fessée au haki royal fusant sur la neige, juste molle ce qu’il faut pour bien glisser sans pour autant s’enfoncer, les plus récalcitrants sont envoyés titubants là où ils doivent être sur le parcours. Parcours qui s’annonce relevé. Beaucoup de virages, rien de très encourageant pour eux…


TORESHKYYY !! P’TIT ZIZIIII !!

Mannfred à la montagne. Yz81
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TORESHKYYY !! P’TIT ZIZIIII !!
KHIIII !
ZIII !
HII !
II !
I !

Les cris des deux surfeurs de l’extrême sont renvoyés un long moment par les cimes avoisinantes et étouffent de leur joie de vivre les derniers râles de Staline, qui s’appelait en réalité Lafwyn, avait trente-deux ans, une gosse à Dead End (elle y tapine (croisement de la rue des Barbiers et de celle des Prairies en fleurs)), et des projets plein la tête. Et désormais il n’y a plus dans ses cheveux que des flocons de neige trop durs pour vraiment lui arranger le cuir, heureusement qu’il ne sent plus rien. Malheureusement pour sa dépouille cela dit, il n’est pas très maniable et les accidents de parcours sont nombreux. Comme un enfant qui ferait de la luge pour la première fois, le couple infernal ne prête guère attention à ces accrocs, ne s’en formalise pas du moins, et remonte dans l’allégresse innocente sur le véhicule de mort à chaque arrêt inopiné.

Tous les piquets humains n’en peuvent pas dire de même. Virer de bord avec pareil vaisseau est encore moins facile qu’avec un iceberg et un spectateur comprendrait mieux, en voyant cette scène, l’aversion profonde, fondamentale et instinctive, du Malvoulant pour un homme comme le Seigneur d’ivoire, seigneur des terres gelées et héros des neiges en détresse. Dans sa façon de guider le cadavre congelé sur lequel il est agenouillé, dans sa manière brusque et brutale de recentrer Maria qui s’accroche à son dos, il n’y a aucun amour, aucune fusion pour l’élément qu’il exploite. L’eau gelée n’est pas son amie plus que l’eau salée dont il fend les flots à longueur d’année habituellement. Il ne la respecte pas et elle ne le respecte pas. La montagne, elle n’a pas gagné Mannfred D. Teach. Et elle ne le gagnera jamais, pas plus que lui ne la gagnera elle.

Alors ça décoiffe, alors ça fait des sensations à nulle autre pareille, et celles qui s’en rapprocheraient le plus datent de bien quelques années, sinon quelques décennies. Peut-être bien quand il n’était qu’un simple rookie en train de faire ses armes sur Grand Line, peut-être bien quand il a gagné dans le sang et dans les larmes de son prédécesseur son titre actuel. Empereur. Quart à lui seul de la troisième grande puissance du monde et pied de nez continu à tous les rabat-joie. Garants du déséquilibre constant du monde vers le mal, explorateur de la nature humaine et protecteur (souvent bourreau, aussi) des âmes les plus viciées.

Khikhikhi ! Encore !
Vas-y si tu veux. Prends un survivant avec toi pour t’aider à remonter la Staline-Board jusque là-haut…
Vous ne venez pas Maître ?
Non… Flist avait raison, Ymiron aurait dû venir aussi, il aurait mieux résisté aux chocs…

Ça y est, le Mal est las. Le bas-monde n’est pas fait pour les puissants, il n’offre plus assez de divertissement. La seule chose qui puisse ramener sur lui cet affreux sourire déformé qu’il arborait au moment où la planche a entamé sa descente folle ? Lui-même l’ignore. Sûrement retenter l’expérience en foulant du pied le corps de Vladimir… Oui, sûrement ça. Ça ce serait bien. Et après : une nuit à apprendre ce qu’est la vraie sorcellerie à sa protégée Elize. Parfait tableau. Ou alors… Ou alors l’inverse. Qu’elle souffre dans son corps et qu’il souffre dans son esprit à la voir souffrir. Et qu’ensuite il souffre enfin dans son corps à se faire broyer les cervicales entre sa neige adorée et la sole des bottes de son pire ennemi. Mannfred D. Teach, enfin seul prétendant au trône de seigneur des pirates. Ce ne sont ni Ravrak cet imbécile solitaire ni cette peste de Kiyori qui l’en empêcheront…

Alors, j’étais bien ?
Tu étais… possible… Remballe ce qui reste, on repart.
Vous ne m’avez pas regardée ?

Il ne voit pas, jetant le morceau de tibia avec lequel il se curait les dents puis s’éloignant dans la neige à pas mesurés, la moue dépitée de la seule femme assez perturbée pour se sentir liée à lui. Mais de toute façon Maria ne s’arrête pas non plus à ce genre de sentimentalité et déjà elle houspille ceux qui ont la chance de n’avoir que quelques bras cassés. Enfin la chance… Ils souffriront à manœuvrer les cordages, pour sûr. Pas de repos pour les forts, les faibles par-dessus bord. Devant là-bas, un beuglement tout sauf étouffé…

¤$¨£$%% DE NEIGE DE %€/*= !! MARIA ! TA JAMBE ! DONNE-LA MOI !


TORESHKYYY !! P’TIT ZIZIIII !!

Mannfred à la montagne. Yz81
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